• Aucun résultat trouvé

La Roumanie, terre d’émigration et de dépopulation

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "La Roumanie, terre d’émigration et de dépopulation"

Copied!
4
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: halshs-00770363

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00770363

Submitted on 15 Nov 2013

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of

sci-entific research documents, whether they are

pub-lished or not. The documents may come from

teaching and research institutions in France or

abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est

destinée au dépôt et à la diffusion de documents

scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,

émanant des établissements d’enseignement et de

recherche français ou étrangers, des laboratoires

publics ou privés.

La Roumanie, terre d’émigration et de dépopulation

Gérard-François Dumont, Régis Flamand

To cite this version:

Gérard-François Dumont, Régis Flamand. La Roumanie, terre d’émigration et de dépopulation.

Pop-ulation et avenir, Association PopPop-ulation et Avenir 2006, pp.15-17. �10.3917/popav.680.0015�.

�halshs-00770363�

(2)

15

P o p u l a t i o n & A v e n i r • n ° 6 8 0 • N o v e m b r e - d é c e m b r e 2 0 0 6

LE POINT SUR…

L’héritage d’une

répartition planifiée

de la population

a répartition de la population roumaine demeure fortement marquée par le caractère planifié du développement socio-économique du pays de la période de l’après-guerre. Le processus d’industrialisation étant alors considéré comme la clé du développement, l’in-dustrie lourde est privilégiée avec un déplacement des populations des campagnes. La réforme administrative du territoire de 1968, remplaçant une structure en grandes régions par un maillage de plus petites unités, les départements, susceptibles de stimuler la croissan-ce de villes moyennes et ainsi de diffuser plus efficacroissan-ce- efficace-ment le développeefficace-ment, est un autre facteur de chan-gement. Ainsi dans la période 1966-1977, les nouveaux pôles affichent des taux plus élevés que les anciennes capitales régionales, certaines villes étant bénéfi-ciaires de l’encouragement unilatéral à l’industrie, alors que le secteur des services est pratiquement lais-sé à l’abandon.

L’armature urbaine

Ainsi, entre les recensements de 1977, en plein règne d’un système économique à planification centralisée, et celui de 1992, soit au commencement de la transi-tion vers l’économie de marché, la populatransi-tion roumai-ne connaît d’importantes redistributions

géogra-phiques3. Entre les villes chefs-lieux de départements

(en général la ville la plus peuplée) et les villes qui sui-vent, les différences de poids démographique sont importantes, résultat du centralisme encouragé, sinon imposé, par l’ancien régime.

Après l’effondrement du système communiste, les grandes villes enregistrent une forte croissance démo-graphique due à la levée des limitations des migrations

intérieures, à la réduction du nombre des migrations ponctuelles liées au travail et, partiellement, à la ten-tative de revitaliser les relations au bénéfice des villes

anciennes auparavant délaissées4.

Dans les années 2000, du fait d’une natalité très basse, d’une forte émigration internationale et du départ de minorités (notamment allemande), la population de 166 agglomérations (sur 204) est en baisse, souvent dans des proportions importantes. Parallèlement, 8 agglomérations n’atteignent plus les 10 000 habitants, tandis qu’une seule a franchi ce seuil dans l’autre sens. L’agglomération de Bucarest (1,9 million d’habitants) est six fois plus peuplée que la deuxième aggloméra-tion du pays. Concernant les « grandes villes secon-daires », 7 agglomérations se tiennent entre 328 000 et 303 000 habitants, de sorte qu’il n’y a pas « une » deuxième agglomération de Roumanie, mais potentiel-lement « 7 deuxièmes agglomérations » qui occupent cette place changeante au gré des recensements. 25 agglomérations dépassent les 100 000 habitants.

La dépopulation

5

roumaine

La Roumanie totalise 21,6 millions d’habitants en 2006

sur 239 000 km2, soit une densité moyenne de

popu-lation de 90 habitants/km2 6. À la fin du communisme,

dans un premier temps, en 1990-1991, la décroissance de la population est exclusivement due à l’émigration, car le solde migratoire négatif est supérieur à

La Roumanie,

terre d’émigration et de dépopulation

L

Cluj-Napoca Timiçoara Oradea Baia Mare Arad Satu Mare Reçifia Zalåu Bistrifia Deva Sighetul Marmafiiei Lugoj Turda Hunedoara Dej Cîmpia Turzii Caransebeç Craiova

Tîrgu Jiu Rîmnicu Vîlcea Sibiu Tîrgu Mureç Alba Iulia Drobeta-Turnu Severin Mediaç Petroçani Tîrnåveni Cugir Petrila Vulcan Lupeni Botoçani Suceava Fålticeni Dorohoi Rådåufii Braçov Bacåu Piteçti Piatra-Neamfi Slatina Oneçti Cålineçti Curtea de Argeç Caracal Cîmpulung Fågåras Odorheiu Secuiesc Miercurea-Ciuc Constanfia BUCUREÇTI (Bucharest) Ploieçti Focçani Buzåu Tîrgoviçte Cålåraçi Giurgiu Alexandria Roçiori de Vede Oltenifia Medgidia Nåvodari Mangalia Turnu Mågurele Galafii Iaçi Bråila Tulcea Vaslui Bîrlad Tecuci Huçi Paçcani Slobozia Sfîntu Gheorghe

Le sixième élargissement

1

de l’Union

européenne concerne la Roumanie et la

Bulgarie

2

. Dans ces deux pays, avec une

évolution géodémographique résultant de

l’héritage du régime communiste, la baisse de

la population est le trait majeur des années

2000. Examinons d’abord les particularités de

la répartition spatiale de la population

roumaine, puis les évolutions en cours.

1. Au 1erjanvier 2007.

Sur les effets du cinquiè-me, cf. « L’élargisse-ment démographique de l’Union européenne », Population & Avenir, n° 661, janv.-févr. 2003. 2. Cf. Dumont Gérard-François., Sougareva, « La Bulgarie en crise démographique », Popu-lation & Avenir, n° 671, janvier février 2005. 3. Le 3 mars 1978, le gouvernement roumain décide de détruire 7 000 villages sur les 13 000 que compte le pays (5 000 le seront) et déplace les populations rurales vers 600 « agro villages » sous le prétex-te officiel de gagner 300 000 hectares de terres cultivables pour l’agriculture. Mais il s’agit de mieux contrôler les populations rurales en les déracinant.

Gérard-François

Dumont

et Régis Flamand

Source : www2.unil.ch/igul/RECHERCHE/Roumanie

1 . L a r é pa rt i t i o n d e s c o m m u n e s

d e plu s d e 3 0 0 0 0 h a b i ta n ts e n r o um a n i e

2 037 278 400 000 30 000 Population au 1.07.1996

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 82.120.241.211 - 09/08/2013 10h12. © Association Population et Avenir

(3)

16

P o p u l a t i o n & A v e n i r • n ° 6 8 0 • N o v e m b r e - d é c e m b r e 2 0 0 6

LE POINT SUR…

La chute de la natalité

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en Rou-manie comme dans les autres pays communistes

euro-péens7, les comportements démographiques se

modi-fient. Après 1956, date de la libéralisation de l’avortement, la natalité diminue fortement. En 1965, la Roumanie est en avant-dernière position en Europe pour le taux de natalité, devant la Hongrie. Ce résultat s’ex-plique par le fait que les salaires demeurent bas, mais suffisants à condition de ne pas avoir d’enfants, ou un seul au maximum, même si le gouvernement apporte un soutien financier pour les familles nombreuses (soutien loin de compenser les coûts engendrés). Il peut s’expli-quer aussi par l’entrée massive des femmes sur le mar-ché du travail, et par la crise du logement.

Alors, comme les autres pays communistes, le gouver-nement cherche à remonter sa natalité et ce, d’une manière unique. Il prend brutalement des mesures d’ex-ception : interdiction de l’avortement et de l’usage de moyens contraceptifs, allocations pour les mères de familles nombreuses… Mécaniquement, la natalité aug-mente brutalement, mais très temporairement, pour finir par retomber progressivement. La fin du commu-nisme s’accompagne d’une nouvelle baisse de la natali-té, jusqu’à seulement 220 000 naissances en 2005.

Une mortalité

particulièrement élevée

L’année 2005 enregistre 265 000 décès. Le taux brut de mortalité est donc de 12,3 pour mille habitants, un niveau élevé en Europe, puisque le taux moyen de mortalité dans l’Union européenne à 25 est de 9,7 pour mille.

Le phénomène de « surmortalité masculine » s’obser-ve dans tous les groupes d’âges. Chez les 15-64 ans, le taux brut de mortalité de la gent masculine est plus de deux fois plus important que celui des femmes. L’écart entre l’espérance de vie masculine et féminine est supérieur de 7,2 ans en défaveur des hommes. Mais, au début des années 2000, l’espérance de vie des femmes à la naissance atteint 75 ans, le niveau le plus élevé depuis la guerre. Après une tendance en diminu-tion entre 1976 et 1997, l’espérance de vie des hommes est en amélioration depuis 1998, mais à seulement 67-68 ans, donc bien inférieure à l’Europe de l’Ouest. Une certaine variation des probabilités de survie des hommes peut être attribuée au stress, au niveau de vie, aux conditions de sécurité sur le lieu de travail, à une mauvaise alimentation, à la pollution ambiante, et à la consommation d’alcool et de tabac.

Une importante émigration

comprenant une part

importante de minorités

À compter de 1989, les réformes politiques et sociales déclenchent la levée des restrictions à la libre circula-tion des personnes d’un pays à l’autre, et des flux migratoires internationaux inconnus jusque-là. Le l’accroissement naturel encore positif. Puis, depuis

1992, la Roumanie additionne chaque année un solde migratoire négatif, et une décroissance naturelle, les décès étant supérieur aux naissances.

Entre 2006 et 2025, donc en 20 ans, selon la projection moyenne, la population diminuerait à nouveau, d’envi-ron 3,5 millions d’habitants. Dans le même temps, le vieillissement de la population s’accélèrerait, tandis que, depuis 2005, la population active diminue. La situation de dépopulation des années 2000 se situe dans une évolution heurtée de la natalité depuis plus d’un demi-siècle. 15 000 000 16 000 000 17 000 000 18 000 000 19 000 000 20 000 000 21 000 000 22 000 000 23 000 000 24 000 000

2 . L a p o p u l a t i o n e n R o u m a n i e

-100 000 0 100 000 200 000 300 000 400 000 500 000 600 000 Naissances Décès Accroissement naturel

3 . L e m o u v e m e n t n a t u r e l e n R o u m a n i e

1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 © Gérard-François Dumont - chiffres Conseil de l'Europe et Eurostat. © Gérard-François Dumont - chiffres Conseil de l'Europe et Eurostat. Nombre d’habitants

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 82.120.241.211 - 09/08/2013 10h12. © Association Population et Avenir

(4)

LE POINT SUR…

solde migratoire s’affiche constamment néga-tif, notamment en raison des minorités, qui interviennent sur la composante migra-toire, surtout dans le cas de petites régions.

En effet, après 1989, le départ massif de la population d’origine allemande affecte tout particu-lièrement certaines petites régions du Banat et de Transyl-vanie. Des communes sont presque totalement délaissées et des villes moyennes de la Transylvanie méridionale très touchées. À l’opposé, les zones où la population tsigane est importan-te ont une croissance démogra-phique spécifiquement due au compor-tement très nataliste de ce groupe.

La minorité Allemande

Les Allemands de Roumanie descendent des colons

(Saxons) venus d’Allemagne au XIIesiècle pour

s’ins-taller en Transylvanie où ils fondèrent des villes comme Brasov. Au lendemain de la fin du rideau de fer en 1989, une grande partie revendiquent le droit du sang afin d’émigrer vers l’Allemagne, laissant derrière eux de véritables no man’s land.

La minorité Hongroise

La minorité Hongroise (ou Magyare) représente envi-ron deux millions des habitants de la Roumanie (soit près de 9 %), principalement regroupée en Transylva-nie centrale. Une petite partie de cette minorité a émi-gré vers la Hongrie. Mais, depuis que la Hongrie a inté-gré l’Union européenne, les territoires roumains proches de la frontière hongroise et majoritairement peuplés par la minorité magyare sont devenus plus dynamiques d’un point de vue économique.

La minorité Roms

Les Roms (appelés également Tsiganes ou Gitans) représentent près d’un mil-lion d’habitants. Ils se démarquent du reste des Roumains par leur comportement démographique à natalité élevée et ceci pour des raisons traditionnelles, mais

aussi pour des raisons

sociales. La pauvreté, associée à la marginalisation sociale de

ce groupe8, a engendré, face à

une politique nataliste très inci-tative sous Ceausescu, une atti-tude d’abandon de toute tentati-ve de contrôle de la natalité. De plus, leur situation sociale les conduisent à un mode de vie adapté à la pauvreté et à une natalité élevée. Mais, désormais, un nombre important d’entre eux quitte la Roumanie pour s’installer « à l’Ouest ». La croissance démographique roumaine est derrière elle. La politique coercitive de stimulation forcée par Ceausescu ne fut qu’un feu de paille. La Roumanie se dépeuple en raison de son faible taux de natalité et par l’émigration des Roumains, en particulier des Roms, marginalisés. Ainsi, dans les années à venir, la Rouma-nie sera davantage confrontée au vieillissement

généra-lisé9(par le haut et par le bas) de sa population. Comme

le montre l’analyse démographique de la Roumanie et sachant que l’évolution en Bulgarie est comparable, le sixième élargissement de l’Union européenne concourt à modifier la moyenne des indicateurs du mouvement naturel dans le sens d’une moindre vitalité de l’Union. D’un côté, cette moyenne s’abaisse pour le taux de natalité, l’indice de fécondité ou l’espérance de vie. De l’autre, elle augmente pour le taux de mortalité.

4. Les villes du Sud de la Transylvanie et du Banat, suite à l’émigra-tion massive des popu-lations allemandes, constituaient un cas spécial.

5. La « dépopulation » se définit comme un excédent des décès sur les naissances. Cf. Wackermann, Gabriel (direction), Dictionnaire de Géographie, Paris, Ellipses, 2005. 6. Donc inférieure d’un sixième à celle de la France métropolitaine. 7. Dumont, Gérard-Fran-çois, Les populations du monde, Paris, Éditions Armand Colin, deuxième édition, 2004. 8. La majorité des Rou-mains reproche aux Roms d’avoir trop d’en-fants par rapport à leurs possibilités de les élever correctement et d’utili-ser la natalité élevée comme moyen d’obtenir les prestations sociales. 9. Dumont, Gérard-Fran-çois et alii, Les territoires face au vieillissement en France et en Europe, Paris, Ellipses, 2006.

Allemands

0,4 %

88

Roumains

84,5 %

La structure ethnique

en Roumanie

P A 3 8 0

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 82.120.241.211 - 09/08/2013 10h12. © Association Population et Avenir

Références

Documents relatifs

[r]

Et les rapports qu'ils feront apparaître entre les collectivités considérées seront également faussés : car selon la répartition par âges adoptée, les avantages ou

S'il se produit une modification dans le taux de mortalité infantile, le nombre de nais- sances doit être évidemment modifié si la reproductivité reste constante, et le nombre N',

L’analyse des taux de mortalité pour une cause de décès donnée selon les modalités conjointes de plusieurs facteurs ne peut pas être effectuée par les

Prolongement géométrique vers exponentiel - Exercices Décembre 2020.. 3 Taux

Danièle, Petite Puce, et j’en perds la raison, Et le sommeil et plus, j’oublierais plus Ton Nom, Que voulais-je te dire, que la vie est si Belle, Quand je suis à t’écrire, et

Cette étude prospective avait pour objectif d’acquérir des références, pour les élevages allaitants du Massif Central, sur le taux et les causes de mortalité des agneaux ainsi

L a mortalité due au cancer est estimée par le taux de mortalité en excès, calculé à partir de la mortalité observée dans les registres (durées de vie individuelles), à