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Des chapitres sibyllins pour des pathologies « malignes »

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Academic year: 2021

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Titre auteur Hypothese Debat

médecine/sciences

588 m/s n° 5, vol. 30, mai 2014 DOI : 10.1051/medsci/20143005024

médecine/sciences 2014 ; 30 : 588

Le titre de l’ouvrage de S. Mukherjee, L’empereur de toutes

les maladies, une biographie du cancer, illustre le

chan-gement de paradigme récent dans la lutte contre cette pathologie par l’avènement de la « médecine personnali-sée ». Ce manuscrit a obtenu le prix Pulitzer en 2011 (The

emperor of all maladies; a biography of cancer). Nous

assistons à la carrière meurtrière de cette maladie singu-lière, parfois plurielle dans les diverses formes de cancers. Nous la voyons débuter en Égypte et entendons Imhotep annoncer l’absence de thérapie. Nous apprenons ses noms grecs : karkinos (crabe) et onkos (charge ou masse). Nous sommes les témoins des grandes découvertes de Galien et Vésale et de leur diagnostic de « bile noire »1.

Son funeste curriculum vitae s’enrichit des innovations chirurgicales, anesthésie et antisepsie, de la révolution de la radiothérapie. Mais « la chaleur des rayons et le

froid de la lame » n’arrêtent pas son ascension.

L’ironie de l’Histoire veut que les grandes guerres soient à l’origine des premiers produits chimiques théra-peutiques issus du gaz moutarde, et que le père de la chimiothérapie S. Farber ait traité et obtenu les rémis-sions initiales d’enfants atteints de leucémie dans une salle surnommée « boucherie » par ses détracteurs. Les protocoles et les associations thérapeutiques rendent le chemin plus escarpé dans son parcours assassin mais n’y mettent pas fin.

La découverte des causes du cancer, virus, pro-duits chimiques exogènes, et gènes sèment d’autres embûches sur son passage. L’auteur, oncologue amé-ricain, souligne l’espoir apporté par les nouvelles thé-rapies ciblées, moins toxiques pour les patients, liées à la carcinogenèse et à l’essor de la biologie moléculaire. Au fil des pages, le cancer peut prendre les traits d’un

« jumeau désespéré et malveillant », et la cellule

cancéreuse être présentée comme le « détournement

de l’âme d’une cellule ». Certains paragraphes

tech-niques ne rendent pas toujours ce livre suffisamment accessible aux profanes. Ailleurs, une simplification parfois abusive dramatise. La bibliographie cependant, 1 À la façon de Lewis Caroll dans Alice au pays des merveilles auquel Mukherjee se réfère fréquemment dans ce livre.

très précise et détaillée sur une centaine de pages, peut constituer à elle seule un chapitre de l’ouvrage. Mais là n’est pas sa seule force.

L’ouvrage se distingue aussi dans l’éclairage sur l’impact du cancer dans nos sociétés, quelles que soient les époques : évolutions médicales, statistiques, épidémiologiques mais aussi politiques voire géopolitiques2, économiques, socio-logiques. Le questionnement de Mukherjee sur les défis que nous lance cette pathologie est d’une profonde acuité. Sa constatation selon laquelle il nous faut « nous confronter

à nos habitudes, nos rites et à notre comportement », sa

redéfinition de la causalité sont à la fois sociologiques et philosophiques. Son interrogation sur la normalité, le sens des limites3 est évidente : le cancer ferait-il partie de notre normalité vieillissante ?

À la manière de la tyrannique Reine Rouge de Lewis Caroll, dernière référence du livre de Mukherjee, le cancer nous oblige à courir derrière lui. Et si la recherche contre le can-cer veut arriver, elle aussi, en dépit de sa charge onkos, à une destination qui reste par ailleurs à définir, il nous fau-dra courir, courir encore et sans doute… courir toujours.‡

Sybillins chapters for malignant pathologies LIENS D’INTÉRÊT

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

2 Voir l’histoire d’Atossa, princesse Perse.

3 Basé sur l’exploit de Roger Bannister, un athlète britannique, qui courut 1 mile en moins de 4 minutes en 1954.

Des chapitres

sibyllins

1

pour

des pathologies

« malignes »

Marie-Anne Degoit-Cloiseau médecine/sciences

Gustave Roussy, Direction des soins, 114, rue Edouard Vaillant, 94805 Villejuif, France ; Laboratoire SPHERE

(sciences, philosophie, histoire), UMR 7219, université Paris 7, Paris, France. marie-anne.cloiseau@gustaveroussy.fr TIRÉS À PART M.A. Degoit-Cloiseau Degoit_AnalyseLivre.indd 588 Degoit_AnalyseLivre.indd 588 5/27/2014 11:34:54 AM5/27/2014 11:34:54 AM

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