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Habitats spontanés dans la Caraïbe française. Volume 1. Architecture et anthropologie de l'habitat. Concepts - Méthodes

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Architecture et anthropologie de l’habitat. Concepts

-Méthodes

Anne Hublin

To cite this version:

Anne Hublin. Habitats spontanés dans la Caraïbe française. Volume 1. Architecture et anthropologie de l’habitat. Concepts - Méthodes. [Rapport de recherche] 671/90, Ministère de l’équipement, du logement, des transports et de la mer / Bureau de la recherche architecturale (BRA); Ministère de la recherche et de la technologie; Ecole d’architecture de Paris-Villemin. 1990. �hal-01909579�

(2)

* - " ■ ?*** « * w * & * * s œ m i w w m m m

6 ri

M.E.L.T.M. DIRECTION DE L'URBANISME BUREAU DE LA RECHERCHE ARCHITECTURALE

RAPPORT FINAL DE RECHERCHE 1986-1989 HABITATS SPONTANÉS

DANS LA CARAÏBE FRANÇAISE

VOLUME I.

ARCHITECTURE ET ANTHROPOLOGIE DE L'HABITAT

CONCEPTS-MÉTHODES

Septembre 1990 Contrat N°89 01 202 notifié le 9.8.1989 A. HUBLIN Sociologue-Urbaniste ECOLE D’ARCHITECTURE PARIS VILLEMIN

(3)

de v i l l e ; Ils n o u s t n c l t e n t è é t u d i e r les f a i t s u r b a i n s d a n s l e u r s a s p e c t s f o n d a m e n t a u x . Pa r a s p e c t s f o n d a m e n t a u x , j ' e n t e n d s la n é c e s s i t é de p o s e r les b a s e s d ' u n e é t u d e de s f a i t s u r b a i n s , la c o n n a i s s a n c e d ' u n n o m b r e t o u j o u r s p l u s g r a n d de f a i t s u r b a i n s et l ' I n t é g r a t i o n de c e s f a i t s d a n s le t e m p s e t d a n s l ' e s p a c e . A u t r e m e n t d i t l ' I d e n t i f i c a t i o n d e s f o r c e s qui I n t e r v i e n n e n t de f a ç o n p e r m a n e n t e et u n i v e r s e l l e d a n s t o u s les f a I t s u r b a l n s . " A l d o ROSSI I l l u s t r a t i o n s d e la p a g e de c o u v e r t u r e : . A n t h r o p o m o r p h i s m e de l ' e n c l o s . F a i t , C a m e r o u n d ' a p r è s " L ' h a b i t a t d e s F a l l " d e J. P. L e b e u f • F i c h e d e r e l e v é a r c h i t e c t u r a l d ' a p r è s " l l l u s t r a t e d H a n d b o o k of V e r n a c u l a r A r c h i t e c t u r e " de R.U. B r u n s k t I I . P l a n du h o g a n d e M a n y S h e e p , . C o m p o s i t i o n d e la m a i s o n n é e d ' a p r è s " A n a l y z l n g A c t l v l t l e s A r e a s " d e S. K e n t

(4)

RAPPORT FINAL DE RECHERCHE 1986 - 1989 HABITATS SPONTANES

DANS LA CARAÏBE FRANÇAISE

PLAN DU VOLUME I.

ARCHITECTURE ET ANTHROPOLOGIE DE L'HABITAT CONCEPTS - METHODES

INTRODUCTION

ARCHITECTURE ET ANTHROPLOGIE ... p. 1 Notes et références bibliographiques ...

p.

5

I. ANALYSE ARCHITECTURALE ET DOMAINE VERNACULAIRE ... p. 6

1.1. Le Mouvement Vernaculaire et l'identification des types

architecturaux ... p. 7 1.2. Le concept "d'aire culturelle" et les typologies

vernaculaires ...

p.

n

1.3. Sauvegarde du patrimoine architectural et domaine

vernaculaire... p. 15 1.4. Vers une architecture comparée des habitats traditionnels p. 15 1.5. Archéologie, muséographie et architecture ... p. 17 Notes et références bibliographiques ... p. 21

II. LES LIEUX DE L'ANTHROPOLOGIE... p. 24

2.1. Technologie comparée et ethnographie de l'habitat ... p. 25 2.2. Le déplacement anthropologique et l'espace du sujet ... p. 26 2.3. L'espace comme lieu de sens et les modes interprétatifs .. p. 27 2.3.1. Le mode systémique...p. 27 2.3.2. Le mode structural ... p. 29 2.3.3. Le mode endogène... p. 35 Notes et références bibliographiques ... p. 38

III. METHODES DE LA DESCRIPTION SPATIALE... p. 40 2.1. Le marquage territorial, évolution des méthodes

d'analyse spatiale ... p. 42 2.2. Morphologie du groupement d'habitat et analyse urbaine ... p. 45 2.3. Echelle domestique et modes d'analyse de l'espace ... p. 48 2.4. Vers un "ethno-urbanisme" - L'approche globale des

structures d'habitat ... p. 52 Notes et références bibliographiques

... p.

59

(5)

3.1. Les "sociétés territoriales", un espace culturel

"transparent" ? ... p, 62 3.2. Résidence urbaine et dépendance culturelle aux

sociétés globales ... p. 65 3.3. Les "habitats spontanés", une forme culturelle

spécifique ? ...p. 67 Notes et références bibliographiques ... p. 69

Liste des figures ... p, jy

(6)
(7)

INTRODUCTION

ARCHITECTURE ET ANTHROPOLOGIE

La rencontre, sur les mêmes terrains d'étude, de l'analyse architecturale

et de la recherche anthropologique est relativement récente. En 1971,

Sophie Charpentier et Pierre Clément proposaient un bilan bibliographique, édité en 1974 pour le Séminaire de Lucien Bernot (1), qui mettait en évidence la faible articulation des disciplines architecturale et anthropologique dans le champ des études sur l'habitation. Mais, depuis une quinzaine d'années, les travaux d'analyse architecturale portant sur le domaine de l'habitat traditionnel se sont multipliés. A titre d'exemple, mentionnons la recherche menée sur la ville de Panauti au Népal, par une

équipe pluri-disciplinaire composée d'un ethnologue et de trois

architectes-urbanistes (2). Force est cependant de constater que les chercheurs travaillant sur l'espace architectural dans une perspective anthropologique opèrent encore de façon relativement empirique les indispensables transferts de savoir nécessaires au développement de leurs recherches. Les architectes adaptent des protocoles techniques issus de leur formation initiale à leurs études de terrain ou de corpus documentaires, sans disposer, a priori, des problématiques interprétatives d'ordre anthropologique.

Inversement, les anthropologues de formation, lorsqu'ils abordent des questions de description architecturale et urbanistique, s'ils disposent de

références conceptuelles, manquent par contre des connaissances

méthodologiques de base qui leur permettraient d' appréhender les

phénomènes qui les intéressent.

Il existe une séparation marquée entre le corps théorique élaboré par

l'anthropologie, discipline universitaire, et la production des architectes engagés dans des travaux d'analyse des habitats traditionnels par exemple, domaine qui relève aussi de l'ethnographie classique. Cette discontinuité des approches nous semble profondément préjudiciable à l'évolution de la connaissance et c'est pourquoi nous avons souhaité, en dépit de la faiblesse de nos moyens d'investigation, aborder néanmoins cette question des fondements théoriques et méthodologiques de l'analyse architecturale de l'espace appliquée à l'anthropologie de l'habitat. Ce clivage peut s'expliquer, en France, par l'isolement institutionnel de l'Université d'une part, et des Ecoles d'Architecture d'autre part. Mais la rupture des problématiques anthropologique et architecturale est en fait peut-être encore plus forte en Italie, ou dans les Universités américaines, où Départements d'Anthropologie et Départements d'Architecture, tout en participant d'institutions unifiées, semblent avoir établi encore moins de communication scientifique entre disciplines que ne l'ont fait les chercheurs français, institutionnellement séparés de leurs collègues universitaires...

L'intégration des savoirs s'effectue cependant, par transgression de compétence. L'architecte devient ethnologue, l'ethnologue se familiarise avec le vocabulaire et les outils d'analyse de l'espace et du bâti. Au-delà de l'accumulation des études locales ainsi produites, il semble aujourd'hui nécessaire de se référer à des perspectives fondamentales d'ordre conceptuel et méthodologique pour poursuivre ces recherches. A terme, la possibilité d'élaborer des approches comparatives pertinentes pour décrire la relation entre cultures et espace architectural dépendra de l'existence

(8)

3

d'un tel langage théorique, en partie fondé par la réflexion

anthropologique, mais instruit également par les progrès de la recherche architecturale appliquée au domaine de la production vernaculaire traditionnelle ou contemporaine.

Ce sont des savoirs techniques très précis, comme la capacité à décrire des systèmes constructifs, à identifier des typologies stylistiques, ou à répertorier des modes opératifs qui ont permis la reconnaissance de la compétence de l'architecte dans le champ de la recherche archéologique tout

d'abord, puis dans celui de la recherche anthropologique. Par exemple,

dans l'anthologie consacrée à la description de l'habitat au Népal, c'est à un spécialiste de la charpente qu'a été confiée l'analyse de la construction traditionnelle, Marcel Le Port, Compagnon charpentier, de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France (3.), (Fig.1).

Il peut sembler bien restrictif de limiter à cette dimension instrumentale le rôle de la discipline architecturale en l'opposant au primat conceptuel et théorique des sciences sociales. Dans sa présentation de l'ouvrage

"L'homme et la maison en Himalaya", qui associe précisément analyses

architecturales et analyses ethnologiques de l'habitat, Gérard Toffin justifie le primat de l'ethnologie de la façon suivante (4):

"Il est un point d'ordre théorique et méthodologique qu'il nous faut préciser d'emblée pour éviter toute équivoque. Entre les facteurs proprement écologiques et culturels, il semble bien que ce soient le plus souvent les derniers qui l'emportent et qui donnent à la maison son

originalité propre. /.../ Primat donc des facteurs culturels,

l'environnement physique fournissant un éventail de possibilités parmi lesquelles la culture choisit toujours sa propre voie ou modifie après coup les formes primaires. C'est pourquoi nous considérons qu'une étude approfondie de la maison, surtout s'il s'agit d'un pays différent de celui de l'observateur, relève d'une anthropologie très large, intégrant l'apport

de plusieurs spécialistes, à commencer par ceux qui ont pour tâche de

construire et dans les sociétés occidentales de construire et de concevoir les maisons, mais en accordant en dernier ressort à l'ethnologie une place décisive."

Sans préjuger de l'évolution possible de ce partage léonin des tâches entre architecture et anthropologie, nous tenterons de reconnaître le plus objectivement possible la part respective de l'une et l'autre discipline a pu prendre dans le développement effectif des recherches sur l'espace vernaculaire d'habitat.

(9)

F i g. 1. C o u p e de p r i n c i p e s u r u n e a a l s o n d ' h a b i t a t i o n

D o c u a e n t e x t r a i t de: " L e s c o n s t r u c t i o n s t r a d i t i o n n e l l e s n é v a r de la v a l l é e de K a t h a a n d o u " p a r M. L e P o r t , In " L ' h o a a e e t la a a l s o n en H l a a l a y a - E c o l o g i e du N é p a l " , s o u s la d i r e c t i o n de 6. T o f f l n , p . 1 0 9 .

(10)

5 N O T E S ET R E F E R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. C H A R P E N T I E R S., C L E M E N T P., B i b l i o g r a p h i e p o u r s e r v i r à l ' é t u d e de I ' h a b i t a t i o n , Pa r i s - E . P . H . E . 6. / I n s t i t u t de l ' E n v i r o n n e m e n t / 1 974 . 2 . B A R R E V., B E R G E R P., F E V E I L E L., T O F F I N G., P a n a u t l , une v i l l e au N é p a l , Paris, B e r g e r L e v r a u l t , 1981. 3. LE P O R T M a r c e l , C o n s t r u c t i o n s t r a d i t i o n n e l l e s n é w a r d a ns la v a l l é e d e K a t h m a n d o u , In " L ' h o m m e et la m a i s o n en H i m a l a y a - E c o l o g i e du N é p a l " , sous la d i r e c t i o n de G. TO FF I N , P a ri s, E d i t i o n s du CNRS, 1981. 4. In " L ' h o m m e et la m a i s o n en H i m a l a y a - E c o l o g i e du N é p a l " , sous la d i r e c t i o n de G. T O F F I N , Pa ri s, E d i t i o n s du CNRS, 1981, pp. 8-9.

(11)
(12)

I. ANALYSE ARCHITECTURALE ET DOMAINE VERNACULAIRE

Le savoir architectural transmis par l'ancienne Ecole des Beaux Arts se fondait essentiellement sur les figures emblématiques de la construction

savante. Dans la perspective académique française, le petit bâti

vernaculaire et les constructions artisanales traditionnelles n'étaient considérées que comme un domaine dit d' "architecture mineure" relevant plutôt de la muséographie ethnographique .

A l'inverse, en Angleterre, le mouvement "Arts and Crafts" (1) avait, dès la fin du dix-neuvième siècle, largement contribué à la connaissance des architectures populaires traditionnelles, qui ne cessèrent jamais de constituer un thème légitime d'étude pour les architectes britanniques. Si les études architecturales des constructions vernaculaires se sont multipliées à partir des années cinquante en Angleterre, il convient de souligner la permanence de l'intérêt des auteurs britanniques pour les styles régionaux et la petite architecture domestique (2).

De même, aux Etats Unis, le domaine de la production vernaculaire, ne semble pas avoir été exclu des références de l'architecture savante. Dans un article consacré aux sources vernaculaires de l'architecture savante américaine, Richard Guy Wilson suggère que les oeuvres d'Henry Hobson Richardson, Charles Mac Kim et Frank Lloyd Wright n'ont pas négligé l'apport de la tradition de la construction populaire américaine (3). Aujourd'hui, à l'échelle internationale, le "Mouvement Vernaculaire" représente un courant d'étude important, probablement suscité en partie à l'origine par la diffusion des travaux des architectes anglais. Ce domaine de recherche semble s'être constitué depuis les années soixante, et est à l'origine de travaux nombreux et fondamentaux dans le domaine de l'analyse architecturale des architectures populaires régionales. Un bilan des travaux récents menés sur les constructions vernaculaires est proposé par Camille Wells, "Perspectives in Vernacular Architecture", publié durant la dernière décade (4),(5).

1.1. Le Mouvement Vernaculaire et l'identification des types architecturaux Le "Vernacular Architecture Group"(6), fondé en Angleterre en 1956,

poursuivait un courant d'étude enraciné dans la théorie architecturale

britannique, mais son originalité résidait dans la défense active du patrimoine assumée par les fondateurs de ce mouvement, qui déplacèrent l'enjeu des recherches des cénacles savants à la scène publique, voire politique.

Les travaux issus du Mouvement Vernaculaire britannique se caractérisent à la fois par l'élaboration de méthodologies d'inventaire patrimonial accessibles au grand public, et par l'association de nouvelles disciplines,

l'histoire et l'archéologie, aux recherches sur le domaine des

architectures populaires traditionnelles. L'identification des "types"

d'architecture vernaculaire s'effectue sur la base de la reconnaissance

des modes constructifs et des matériaux d'une part, et de la morphologie des édifices d'autre part. Il ne s'agit pas simplement d'une adaptation au corpus des constructions artisanales traditionnelles des méthodes du relevé d'architecture telles qu'elles sont utilisées d'ordinaire par l'homme de l 'art.

(13)

Architecture", illustre plusieurs aspects du modèle d'analyse architecturale diffusé par les travaux issus du Mouvement Vernaculaire.

. Un modèle d'analyse architecturale: la typologie des habitats vernaculaires selon R.W. Brunskill (7)

Les fiches proposées par l'auteur pour le repérage des unités de bâti sont constituées comme des "questionnaires" qui permettent à un "enquêteur" non spécialisé d'enregistrer correctement et exhaustivement un certain nombre d'informations relatives à la description d'une construction. (Fig.2). Des diagrammes doivent lui permettre de discriminer les différents items de ce "questionnaire architectural" (Fig.3).

"L'enquêteur" constitue également, sur certains édifices, des dossiers de dessins descriptifs qui se présentent sous la forme usuelle des plans de niveaux cotés, dessins des façades en élévation, coupes du volume principal, dessins cotés des détails techniques. Fiches de repérage et dossiers de relevés d'édifices sont, certes, destinés à constituer un "fichier d'identification" des constructions vernaculaires anciennes, mais aussi à permettre l'élaboration de typologies. Chaque bâtiment inventorié pourra ainsi, en fonction de ses caractéristiques, être identifié par rapport à un "type" répertorié.

La projection cartographique des informations recueillies par l'inventaire permet ensuite d'établir avec précision les aires de diffusion des différents types constitués d'architecture vernaculaire. Ces données permettent aussi d'élaborer des cartographies et des chronologies repérant

l'emploi de matériaux particuliers, comme le galet ou l'argile, ou de

techniques spécifiques de construction, comme le colombage ou certaines

formes de charpente.

Le protocole d'enquête prévoit aussi la collecte des dossiers d'archives

susceptibles de contenir des informations sur l'historique des

constructions, comme les actes notariés, les registres paroissiaux, les

plans-terriers, les registres d'imposition...

Ce cadre d'investigation exemplaire montre bien que, pour les architectes du Mouvement Vernaculaire, c'est la caractérisation de l'unité de bâti qui fonde le modèle d'analyse. "La maison" est privilégiée comme unité d'observation, ce qui, dans un sens, n'est pas sans prolonger la tradition académique consistant à étudier l'édifice monumental en soi, comme modèle. C'est ici un petit bâti populaire ordinaire qui a été substitué à l'édifice savant, mais la méthode de lecture persiste à considérer le bâtiment isolé comme seul niveau pertinent de description. L'empreinte d'un enseignement centré sur le "savoir-construire-1'édifice" semble avoir structuré la perception des formes chez l'architecte, au point de lui faire négliger, ou considérer comme secondaire toute information relevant d'une autre échelle que celle du "bâtiment-type".

Cependant, travaillant sur la production des architectures populaires locales, l'architecte-analyste ne peut plus ici classer les édifices par rapport au répertoire de la production savante. Aussi lui substitue-t-il un cadre périodique et géographique plus ou moins systématisé: la notion de "style local" remplaçant celle des "Ecoles" historiques en usage pour la production savante.

(14)

9

B R t n f r i n * r

. MB • " ’ ' {Ht

VI

Initial Example

This suggests items to be observed in sequence in analysing an example of vernacular architecture.

a. walling material, shape, coursing, jointing, finish b. roofing shape

c. detail at verge, d. detail at eaves,

e. material, method of laying

/• ridge,

g. chimney position, h. water tabling, etc.

i. dormers, position, shape, roofing, walling material

j. plan form k. sectional form, /. staircase provision m. window shape, n. window frames, o. door shape, p. door details,

q. relationship between farm buildings and farm-house,

r. use of farm buildings.

Fig. 2. F i c h e d ' o b s e r v a t i o n d ' u n e c o n s t r u c t i o n v e r n a c u l a i r e

D o c u m e n t e x t r a i t de: " l l l u s t r a t e d H a n b b o o k of V e r n a c u l a r A r c h i t e c t u r e " pa r R . V. B r u n s k l l l , p. 3 2 - 3 3 .

(15)

« E * cf T3 "TT « e e v I « e JCc

•q u art haod d«coro&cd linbel fcwo it o r t y two^jnib and F i g. 3. D l a g r a a a e s de c o d a g e d e s é l é m e n t s d e s c r i p t i f s d e s c o n s t r u c t i o n s D o c u m e n t e x t r a i t d e ï ■ I I I u s t r a t e d tlandbook of V e r n a c u l a r A r c h i t e c t u r e " R. U. B r u n s k I I I , p. 1 9 8 - 1 9 9 pa r

(16)

I I

1.2. Le concept "d'aire culturelle" et les typologies vernaculaires

En fait, les études de typologie des architectures vernaculaires,

aujourd'hui comme hier, sont contraintes de conclure leurs descriptions par une théorie de la localisation des types, ou des styles. Ce faisant, elles recourent, implicitement ou explicitement, à la notion "d'aire culturelle". C'est à Friedrich Ratzel, anthropo-géographe allemand de la seconde moitié du XIXe siècle, que l'on doit la première conceptualisation de la diffusion géographique des types culturels. Il s'agissait alors d'instituer un système explicatif universel pour justifier la différenciation des cultures et leur mode de constitution dans l'espace et dans le temps (8). Léo Frobenius, partant de l'enseignement de F. Ratzel, appliqua très largement la notion "d'aires culturelles" (kulturkreise) pour caractériser les grands types de civilisations africaines (9)... Si de telles constructions

schématiques et conjecturales sont aujourd'hui considérées comme

insuffisantes, le concept "d'aire de civilisation" ou "d'aire culturelle" fait au contraire partie des notions banalisées dans le domaine de la pratique anthropologique moderne.

L'Ecole de Géographie Française qui s'est développée dans les années 1920, contribua également à fixer le concept de "culture régionale" notamment en instituant la "monographie d'habitat régional" comme modèle de travail universitaire. Les études de Dean Bruhnes ou Albert Demangeon sur "les types régionaux de maisons" ou "l'habitation rurale en France" initièrent ainsi une problématique d'investigation qui fut appliquée tant aux régions métropolitaines françaises qu'aux études sur "l'outre-mer" (10). La frontière entre anthropologie et géographie est ici assez mince, et la monographie d'habitat régional, jusqu'aujourd'hui, constitue un lieu de

recouvrement des investigations de terrain dans l'une et l'autre

discipline (11).

L'inventaire des architectures rurales françaises, entrepris sous l'égide du Musée des Arts et Traditions Populaires (12), constitue un exemple d'intégration, dans une perspective anthropologique commune, de l'apport des méthodes de l'analyse ethnographique, de l'acquis théorique de l'Ecole de Géographie Française, et de la précision des techniques d'analyse et de représentation architecturales (Fig.4, Fig.5).

Cependant, les architectes férus de "régionalisme", comme le furent A. Laprade (13), (Fig.6), ou les auteurs du manuel de "l'architecture populaire et bourgeoise en France", G. Doyon et R. Hubrecht, (14), ne se réclamaient pas des recherches universitaires sur les cultures populaires, géographiques ou anthropologiques. Leurs travaux semblaient s'inscrire tout au contraire dans la continuité d'un héritage théorique de référence purement architecturale, plus proche il est vrai de Viollet Le Duc que d'Alberti, mais ignorant néanmoins toute conceptualisation qui eut débordé l'analyse constructive et le commentaire stylistique. La consistance des identités culturelles locales se limitait pour eux aux cohérences observées dans la production de modèles architecturaux identifiés par des méthodes classiques d'analyse.

Les travaux récents effectués par des architectes sur les typologies des

habitats traditionnels témoignent au contraire d'un recours presque

constant à ce concept anthropologique de localisation des modèles

culturels (15). De nombreux travaux de terrain ne renvoient d'ailleurs à aucune autre problématique que celle de cette identification des modèles d'habitat par "aires" spécifiques.

(17)
(18)
(19)

F i g. 6. M a i s o n s o u v r i è r e s et a r t i s a n a l e s a n c i e n n e s è A a l e n s

(20)

15

1.3. Sauvegarde du patrimoine architectural et domaine vernaculaire

La fonction d'inventaire et de sauvegarde des ouvrages bâtis est indissociable du savoir architectural classique qu'elle a constamment contribué à fonder en théorie (16). Mais la notion de "patrimoine architectural" était à l'origine bien éloignée de celle de "patrimoine ethnologique". Dominée par la référence aux seuls "Monuments Historiques", la conservation patrimoniale architecturale ne portait que sur des oeuvres exemplaires et isolées.

En France, l'ouverture du domaine patrimonial aux "architectures mineures" a suivi, en France, l'application des nouvelles procédures d'inventaire patrimonial des biens culturels établies en 1962 à l'initiative d'André Malraux, alors ministre de la Culture. Progressivement, les Centres de Documentation du Patrimoine ont élargi leurs critères de définition de ces "biens culturels" à des productions à la fois plus récentes et plus diversifiées, comme par exemple le bâti industriel du début du vingtième siècle, devenu objet d'une "archéologie industrielle". De ce fait, le travail d'inventaire et de conservation patrimonial architectural recouvre en partie le domaine de l'archivage ethnographique.

Mais c'est aujourd'hui à l'échelle internationale que la préservation Patrimoniale d'ensembles de constructions populaires traditionnelles est envisagée. La signature de la Charte Internationale de Venise en 1964 sous le patronage de 1 'UNESCO marqua le début d'un mouvement mondial en faveur de la protection des patrimoines culturels. Les Conférences Culturelles Internationales qui se sont tenues successivement à Venise, puis à Helsinki, Yogjakarta, Acra, Bogota,... sous le patronage de l 'UNESCO, Poursuivirent une réflexion fondamentale sur la protection et la mise en valeur des biens culturels, à l'échelle mondiale (17).

Les grands édifices monumentaux furent les premiers éléments concernés par ]e déploiement de la solidarité internationale. Parmi les grandes campagnes Internationales de sauvegarde du Patrimoine International, menées sous l'égide de 1 'UNESCO, signalons, de 1964 à 1968, le sauvetage des monuments d'Abu Simbel en Egypte, condamnés par le barrage d'Assouan, puis la restauration du temple de Borobudur à Gava, de 1972 à 1983.

Mais les ensembles d'architecture populaire furent ensuite également l'objet de campagnes de préservation du "Patrimoine Mondial" (18). L'importance accordée au développement de la campagne pour la restauration de la ville yéménite de Sana'a, lancée en 1984, montre que les grands édifices historiques ne sont plus les seuls biens patrimoniaux à faire aujourd'hui l'objet de ces mesures exceptionnelles d'aide, qui sont Maintenant appliquées de même à des ensembles d'architecture populaire ancienne (19).

1.4. Vers une architecture comparée des habitats traditionnels

Sous l'influence des thèses vernaculaires et régionalistes, le petit bâti traditionnel est donc devenu aujourd'hui, pour l'architecte, un objet ïégitime d'étude, au même titre que les édifices savants. Cette reconnaissance esthétique des formes les plus populaires de l'architecture ancienne peut-elle, d'une certaine façon, rencontrer le projet anthropologique développé par le domaine spécifique de l'ethnographie de l'habitat ?

(21)

Il est probable que, jusqu'aux années cinquante environ, les sciences sociales et l'architecture, si elles travaillèrent parfois sur le même objet, l'architecture populaire traditionnelle, le firent de façon

disjointe, chaque discipline apparaissant comme cloisonnée dans sa

démarche, et limitée aux techniques d'étude propres à son domaine de connai ssance.

La constitution d'équipes de recherche intégrant au contraire diverses disciplines semble avoir profondément renouvelé le mode d'approche de l'anthropologie contemporaine. Mais encore faut-il examiner les termes de cette intégration, purement instrumentale dans bien des cas. La "pluri­ disciplinarité" en anthropologie renvoie plus souvent à la juxtaposition de chercheurs très spécialisés menant des investigations parallèles sur un terrain commun, ou encore à l'assimilation, par un même chercheur, d'une double compétence, par exemple "ethnologie et botanique" ou "ethnologie et

linguistique"... Ainsi architecture et anthropologie peuvent-elles être

amenées à s'associer sans pour autant que cette coopération génère une conception réellement originale de l'analyse de l'espace architectural et des cultures locales. Mais s'il est un domaine où des problématiques

d'étude et de recherche intégrées peuvent se développer rapidement

associant effectivement les deux disciplines, c'est probablement dans celui de l'archivage et de la classification des constructions vernaculaires.

L'inventaire des constructions vernaculaires a, depuis les premières

campagnes militantes britanniques, connu un développement international

considérable. Monographies et répertoires des architectures locales

traditionnelles se multiplient, dans une perspective de sauvegarde patrimoniale ou de simple repérage des formes, et l'accumulation de ces données descriptives pose le problème de l'élaboration de cadres pertinents de classification.

Pour l'architecte, de même que l'histoire des architectures savantes a

permis d'instituer une classification des styles, le domaine des

constructions archaïques et traditionnelles est également susceptible d'être traité en termes d'inventaire des genres. Ce sont précisément d'ailleurs des architectes italiens, rompus par leur culture à l'analyse

architecturale historique classique, qui ont récemment entrepris les

projets les plus exhaustifs de classification des architectures archaïques et traditionnelles.

Enrico Guidoni présente un catalogue des architectures "primitives" d'une précision documentaire rigoureuse, mais sans lui associer de véritable classement des formes répertoriées (20). A l'inverse tout le travail de

repérage des architectures "originelles" effectué par Giancarlo Cataldi

est motivé par l'application d'un système complexe de grilles analytiques conceptualisant à l'extrême les critères et les formes de classification typologique, dans le but de rendre compte de façon exhaustive des mécanismes de formation des habitats archaïques et traditionnels (21). Ces entreprises comparatistes très fondamentales se limitent cependant à la dimension de l'analyse architecturale, morphologique et constructive, sans traiter la relation des habitats étudiés aux cultures de référence. Mais cette nouvelle "architecture comparée" appliquée au domaine ethnographique, peut, à terme, rejoindre le domaine de l'analyse de la culture matérielle qui constitue un secteur essentiel de la recherche en anthropologie.

(22)

1.5. Archéologie, muséographie et architecture

L'analyse architecturale a constitué de longue date un aspect essentiel du

travail des équipes de recherche archéologique. Un domaine scientifique

s'est ainsi établi, sous l'égide du CNRS, suscitant de nombreux travaux dont certains se rattachent plus au champ historique, comme les étude des U. Revault sur Tunis (22). Du relevé d'architecture monumentale historique, objet des premiers travaux des missions coloniales, l'étude s'est étendue à

l'ensemble des patrimoines archéologiques. Aujourd'hui encore, les

"Missions Françaises d'Archéologie" dans le monde apparaissent comme les héritières directes de cette action coloniale initiale, quand bien même leur développement scientifique a depuis longtemps déplacé leur fonction vers un rôle reconnu d'intérêt international.

L'existence de cette recherche fondamentale sur les structures de l'espace est essentielle dans la mesure où elle constitue un référent épistémologique pour les travaux descriptifs concernant les formations anciennes d'habitat et les modes constructifs des cultures non européennes. Cependant, ce domaine de la recherche architecturale scientifique, institué et dominé par la discipline archéologique, n'inclut les compétences d'analyse architecturale que de façon indirecte; le préhistorien ou l'archéologue, voire l'anthropologue, effectuent souvent directement eux- mêmes les études techniques, et les architectes de formation sont peu nombreux à être intégrés aux équipes institutionnelles de recherche fondamentale.

La classification d'objets et leur archivage muséographique semblent l'une

des dimensions les plus constantes du travail ethnographique. Si

l'artisanat domestique et les techniques de production des subsistances ont constitué le domaine d'élection de l'étude de la culture matérielle, les modes de construction des édifices font aussi à l'évidence partie du domaine de l'analyse technologique et de la muséographie.

Les travaux de l'architecte Georges Henri Rivière, fondateur avec Paul Rivet du Musée de l'Homme ainsi que du Musée des Arts et Traditions

Populaires, et directeur de l'ICOM UNESCO, illustrent l'étroite

complémentarité qui a pu s'établir entre analyse architecturale de l'habitat et muséographie (23).

Mais l'évolution actuelle des techniques de traitement et d'archivage des données ainsi que des modes de conservation des objets "ethnographiés" permet d'envisager une intégration de plus en plus systématique de l'étude architecturale d'habitat au domaine muséographique.

Dans le domaine de la recherche archéologique, le recours au traitement informatique des données a transformé les techniques typologiques. De même, en ethnographie, le classement des objets peut bénéficier de la généralisation de ces méthodes de classement automatique. La transposition des critères de dimension, de forme, de décor, employés dans l'inventaire muséographique traditionnel à des modèles de reconnaissance mathématique des types ouvre un champ nouveau aux études sur la chronologie des styles d'objets ou sur la répartition des sites de fabrication.

Ces méthodes, appliquées à la qualification des constructions, peuvent permettre de préciser les imputations stylistiques, de de discriminer les Périodes, ou de construire des modèles plus complexes de typologie architecturale. Les possibilités de représentation automatique des formes

Permettent également de traiter plus rapidement un plus grand nombre de

(23)

La conservation et la présentation des objets ethnographiques a également évolué, et une réflexion très ouverte caractérise le travail contemporain sur la muséographie de l'habitat en particulier. Elargir l'archivage et la mise en situation spectaculaire de l'objet de culture matérielle à des sites complexes constitue l'une des missions du Service du Patrimoine Archéologique en France. La lecture "en situation" des édifices comme des

technologies, à l'exemple de l 'Eco-Musée du Creusot, permet d'éviter

d'arracher l'objet à son contexte. Il s'agit ici de constituer une mémoire totale de l'espace, sous l'aspect le moins réducteur possible (Fig.7). La muséographie moderne de l'habitat rejoindrait ainsi, d'une part le projet théorique de constitution de l'architecture comparée, et d'autre part la mission de conservation des sites relevant de la compétence traditionnelle de l'architecte.

Cependant, archéologie et muséographie de l'habitat, qui se donnent pour objectifs de constituer les "Archives Matérielles" des sociétés ne se saisissent de l'espace architectural qu'à son niveau le plus résistant, celui de l'édifice constitué en objet. Il est bien évident que la

muséographie, si innovante soit-elle, travaille nécessairement à la

valorisation de "types idéaux" ayant une forte capacité démonstrative: le corps solide de l'habitat, c'est à dire la maison et son mobilier domestique seront, de fait, plus valorisés que les marquages territoriaux ou les effets de groupement qui ne peuvent qu'à grand peine constituer de "bons" objets muséographiques, c'est à dire des éléments spectaculaires. De même que l'architecte, par le fait de son apprentissage, valorise la "maison-type" comme objet d'étude, de même la muséographie crée un artefact en isolant aussi "l'objet-maison" de son contexte pour les besoins de l'archivage patrimonial (Fig.8).

C'est pourquoi, même si l'analyse architecturale des constructions vernaculaires a évolué de l'inventaire des formes régionales vers la constitution de classifications plus vastes et plus savantes, il demeure nécessaire de recourir à d'autre grilles interprétatives que celles proposées d'ordinaire par le savoir architectural pour appréhender dans toute leur complexité les processus de formation de l'espace d'habitat archaïque ou traditionnel. L'approche anthropologique permet assurément de relier l'analyse typologique matérielle des habitats archaïques ou traditionnels à des structures culturelles spécifiques et identifiées. Mais ne faut-il pas aussi, pour leur description spatiale, envisager de recourir à des méthodes d'étude de l'espace plus discriminantes que celles issues directement de l'analyse architecturale classique, pour saisir les multiples niveaux d'expression de la pratique résidentielle, de l'échelle territoriale jusqu'à celle de l'activité domestique ?

(24)

19

1. La aaI son d a n u b i e n n e (ca 6 0 0 0 ans av. J . C . ) , a o d è l e r e c o n s t i t u é d ' a p r è s le s i t e de C h a u d a r d e s ( A i s n e ) , p h o t o P.A. de S a a a r a

2. L ' e s p a c e I n t é r i e u r f o y e r d ' u n e a i r e d o m e s t i q u e , p h o t o P . A. de S a a a r a

F i g . 7. R e c o n s t i t u t i o n d ' u n e a a l s o n d a n u b i e n n e P a r c a r c h é o l o g i q u e de S a a a r a ( S o a a e ) .

(25)
(26)

N O T E S ET R E F E R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S

1. Le m o u v e m e n t b r i t a n n i q u e "A rt s and C r a f t s " p o u r s u i v i t l ' o e u v r e de p r o p a g a n d i s t e de W i l l i a m M o r r i s ( 1 8 3 4 - 1 8 9 6 ) en f a v e u r de la r e n a i s s a n c e de l ’a r t i s a n a t p o p u l a i r e . La p r e m i è r e e x p o s i t i o n des " A r t s an d C r a f t s " eu t H e u en 1 888.

2. Par e x e m p l e " The E v o l u t i o n of the E n g l l s h H o u s e ", p u b l i é en 1 898 par S.O. Addy, fu t r é v i s é et r é - é d l t é en 1933 par Sir John S u m m e r s o n . L ' o u v r a g e de r é f é r e n c e de N. L l o y d , " A H I s t o r y of E n g l l s h B r l c k w o r k ", é c r i t en 1925, I n c l u a i t l ' a n a l y s e des c o n s t r u c t i o n s v e r n a c u l a i r e s . 3. W I L S O N G . R . , L e a r n l n g fr om t h e A m e r i c a n V e r n a c u l a r , in "The A r c h i t e c t u r a l R e v i e w " No 1077, nov. 1986, p p . 77 - 8 4 . 4. W E L L S C. ( e d l t e d by). P e r s p e c t i v e s In V e r n a c u l a r A r c h i t e c t u r e , T.1. C o l u m b i a , U n l v e r s i t y of M i s s o u r i P r es s, 1987, (e d . o r I g In aI e 1982 ), T . 2. C o l u m b i a , U n l v e r s i t y of M i s s o u r i P r e s s , 1986

5. Parmi les t e x t e s a m é r i c a i n s les p l u s c o n n u s t r a i t a n t du d o m a i n e de l ' a r c h i t e c t u r e v e r n a c u I a 1re. Il f a u t m e n t i o n n e r l ' é t u d e de H e n r y G l a s s l e qui p r o p o s e un e m é t h o d e d ' a n a l y s e m o r p h o l o g i q u e I n s p i r é e des p r i n c i p e s de la l i n g u i s t i q u e s t r u c t u r a l e p o u r r é s o u d r e la c o m p l e x i t é des d é r i v a t i o n s à P a r t i r d ' un t y p e é l é m e n t a i r e d ' h a b i t a t v e r n a c u I a I r e : C L A S S I E H., F o l k H o u s l n g In M l d d l e V i r g i n i a - A s t r u c t u r a l A n a l y s i s of h i s t o r i é A r t e f a c t s , K n o x v l l l e , U n l v e r s i t y of T e n e s s e e P r e s s , 1975. 6. Le t e r m e " v e r n a c u l a r " e s t c o u r a m m e n t e m p l o y é en a n g l a i s , t a n d i s q u e son é q u i v a l e n t f r a n ç a i s , " v e r n a c u l a i r e " e s t m o i n s u s i t é . D a n s l' un e et l ' a u t r e langue, le s e n s a t t r i b u é à c e t t e q u a l i f i c a t i o n en a r c h i t e c t u r e e s t d é r i v é de son a c c e p t i o n l i n g u i s t i q u e , où la l a n g u e " v e r n a c u l a i r e e s t o p p o s é e à la la ngue " v é h i c u l a i r e " , s o i t l ' I d i o m e local à la l a n g u e n a t i o n a l e . De môme, la f o r c e de c e r t a i n e s e x p r e s s i o n s c o m m e " V e r n a c u l a r R e v l v a l " , ou " D o m e s t l c ^ a v i v a i " , n ' e s t q u ' I m p a r f a 1t e m e n t r e n d u e pa r le t e r m e f r a n ç a i s de " R e n o u v e a u V e r n a c u l a i r e " pa r e x e m p l e . Il c o n v i e n t d o n c p a r f o i s de c o n s e r v e r l ' e x p r e s s i o n a n g l a i s e s a n s la t r a d u i r e . B R U N S K I L L R .W . , I I I u s t r a t e d H a n d b o o k of V e r n a c u l a r A r c h i t e c t u r e , L o n d r e s , R a b e r and F a b e r Ltd, 1970. C® ma n u e l e x e m p l a i r e a ét é p r é c é d é et suivi de n o m b r e u s e s p u b l i c a t i o n s b a t t a n t de la v u l g a r i s a t i o n des m é t h o d e s d ' é t u d e des c o n s t r u c t i o n s ve r n a c u l a l r e s , ai ns i qu e de n o m b r e u x o p u s c u l e s t e c h n i q u e s c o n c e r n a n t la re s t a u r a t I o n du p e t i t bôti a n c i e n et d é t a i l l a n t les p r é c a u t i o n s à p r e n d r e ® n m a t i è r e de m a t é r i a u x , de c o u l e u r s , de t e c h n i q u e s de c o n s o l i d a t i o n , à l' us a g e du g r a n d p u b l i c . R A T Z E L F. A n t h r o p o g e o g r a p h l e , S t u t t g a r t , J. E n g e l m a n , 2 vol., 1 8 8 2 - 1 8 9 1 ®lnsl que Les f o n d e m e n t s de la g é o g r a p h i e p o l i t i q u e , P a r i s / G e n è v e , r é ­ é d i t i o n A n t h r o p o s / E . R . E . S . A . , 1986. R R O B E N I US L. D i e U r s p r u n g der a f r I k a n 1s c h e n K u l t u r , 1898

Les t e x t e s " f o n d a t e u r s " qui o n t I n s p i r é ce c o u r a n t des é t u d e s g é o g r a p h I q u e s r é g t o n a l e s d ' h a b i t a t s e r a i e n t :

(27)

p r i n c i p a u x t y p e s . In " A n n a l e s de G é o g r a p h i e , X X I X e an n é e . No 161, sept. 1920. 1 1 . Parmi les e x e m p l e s de " m o n o g r a p h i e s d ' h a b i t a t r é g i o n a l " n o us r e l e v o n s par e x e m p l e , c i t é e s par P i e r r e D e f f o n t a I nés, In L ' h o m m e et sa m a i s o n , Pa ris, E d i t i o n s G a l l i m a r d , 1972: A L G O U D H . , Mas et b a s t i d e s de P r o v e n c e , M a r s e i l l e , 1937. J E A N T O N G. L ' h a b i t a t i o n r u s t i q u e en p a y s m S c o n n a l s , T o u r n u s , 1932

M O R A L P. La m a i s o n r u r a l e en HaTtl ,ln "Les C a h i e r s d 'O u t r e - M e r ", avril 1957, pp. 1 1 7 - 1 3 0 .

P E L I S S I E R P. Les D l o l a s , é t u d e sur l ' h a b i t a t i o n des r l z l c u l t e u r s de B a s s e - C a s a m a n c e , In "Les C a h i e r s d ' O u t r e - M e r ", oc t. 1958, pp. 3 3 4 - 3 8 8 .

12. C U I S E N I E R J. (s ou s la d i r e c t i o n de ...), L ' a r c h i t e c t u r e r u r a l e f r a n ç a i s e - C o r p u s des g e n r e s , des t y p e s et des v a r i a n t e s , Pa r i s , B e r g e r L e v r a u l t , ( é d i t i o n p a r T o m e R é g i o n a l )

13. L A P R A D E A., C r o q u i s , (F r a n c e du N o r d à la L o i r e - F r a n c e , r é g i o n de J ' E s t - F r a n c e , le Midi - F r a n c e , le C e n t r e - F r a n c e l ' O u e s t . P a r i s , le M a r a i s - E s p a g n e - P o r t u g a l - M a r o c ) r é - é d l t l o n . P a r t s , J. F r é a l , 1974.

14. D 0 Y 0 N G., H U B R E C H T R., L ' a r c h i t e c t u r e r u r a l e et b o u r g e o i s e en F r a n c e , Paris, V i n c e n t Fréal et Cle, 1969, (ed. or., P a r i s , C. M a s s l n et Cle, 1941) 15. S o i t l ' e x e m p l e s u i v a n t , où l ' a n a l y s e a r c h i t e c t u r a l e e s t u t i l i s é e en c o m p l é m e n t de d o n n é e s l i n g u i s t i q u e s p o u r é l a b o r e r un e d y n a m i q u e des a i r e s c u l t u r e l l e s l o c a l e s :

C H A R P E N T I E R S., C L E M E N T P., E l é m e n t s c o m p a r a t i f s sur les h a b i t a t i o n s des e t h n i e s de l a n g u e t h a ï , Pa r i s , C . E . R . A . / C .E .D .R .A .S .E .M . I., 1978 16. En F r a n c e , dès 1548, le c o n é t a b l e de M o n t m o r e n c y é d i c t a i t un d é c r e t de P r o t e c t i o n des A n t i q u i t é s de M o n t p e l l i e r . La p é r i o d e r é v o l u t i o n n a i r e ne m é c o n n u t pas l ' I m p o r t a n c e des t î c h e s de c o n s e r v a t i o n , p u i s q u ' o n 1 7 9 3 - 1 7 9 4 , le M u s é e des M o n u m e n t s F r a n ç a i s é t a i t c r é é pa r G e o r g e s L e n o l r , et qu e l' Ab bé G r é g o i r e d i c t a i t un e I n s t r u c t i o n aux a dm I n 1 s t r a t e u r s de la Pé pu bI I q u e . . . " s u r la m a n i è r e d ' i n v e n t o r i e r et de c o n s e r v e r " . . , La C o m m i s s i o n des M o n u m e n t s H i s t o r i q u e s fu t c r é é e en 1837. En 1840, V I o l l e t Le °uc, a l o r s 8 g é de v l n g t - s l x ans, é t a i t c h o i s i p o u r a s s u r e r la r e s t a u r a t i o n de l ' é g l i s e de V é z e l a y , t a n d i s q u ' é t a i t p u b l i é e u n e p r e m i è r e l i s t e de 1 034 M o n u m e n t s . . . " p o u r l e s q u e l s des s e c o u r s o n t ét é d e m a n d é s " . . . 17. D i v e r s o r g a n i s m e s à c o m p é t e n c e I n t e r n a t i o n a l e s e r v e n t d ' a p p u i t e c h n i q u e au d é v e l o p p e m e n t d ' a c t i o n s l o c a l e s s o u t e n u e s p a r des p r o g r a m m e s I n t e r n a t i o n a u x co m m e : • l' I C O M C o n s e i l I n t e r n a t i o n a l des M u s é e s • l ' I C O M O S C o n s e i l I n t e r n a t i o n a l des M o n u m e n t s et des S i t e s • l ' I C C R O M C o n s e i l I n t e r n a t i o n a l d ' E t u d e p o u r la C o n s e r v a t i o n ®t la R e s t a u r a t i o n . 18. La " L i s t e du P a t r i m o i n e M o n d i a l " e s t é t a b l i e en r é f é r e n c e à la i n v e n t i o n c o n c e r n a n t la p r o t e c t i o n du P a t r i m o i n e M o n d i a l C u l t u r e l et

(28)

N a t u r e l , r a t i f i é e par la C o n f é r e n c e G é n é r a l e de l ' U N E S C O du 16 n o v e m b r e 1972, En 1988, 108 p a y s é t a l e n t s i g n a t a i r e s de la C o n v e n t i o n et 315 s i t e s I n s c r i t s su r la L i s t e du P a t r i m o i n e M o n d i a l . Parmi ces s i t e s , c e r t a i n s s o n t d é s i g n é s c o m m e "en p é r i l " , et r e l è v e n t des d i s p o s i t i o n s d ' a i d e s t i p u l é e s Par la C o n v e n t I o n . 19. L E W C O C K R., T h e Old W a l l e d C i t y of S a n a ' a , Pa r i s , U N E S C O , 1986 B O N N E N F A N T Paul, Les m a i s o n s t o u r s de S a n a ' a , Pa r i s , P r e s s e s du CN RS , 1989

20. GU I DON I E., A r c h i t e c t u r e p r i m i t i v e , P a r i s , B e r g e r L e v r a u l t , 1 9 80 (ed. or, Italie, E l e c t a E d i t r i c e , 19 75). 21. C A T A L D I G., " T l p o l o g l e p r i m i t i v e - I tlpl " r a d l c e ", F I r e n z e , U n i v e r s i t é degll s t u d l , 1 982, A l l ' o r l g l n e de I I 'a b 1 t a r e , F I r e n z e - U n i v e r s i t é degll st udl, 1986. G l a n c a r l o C a t a l d l , p r o f e s s e u r au D é p a r t e m e n t d 'A r c h J t e c t u r e de l ' U n i v e r s i t é de F l o r e n c e , p r é p a r e la r é a l i s a t i o n d ' un A t l a s en c i n q v o l u m e s de l ' a r c h i t e c t u r e p r i m i t i v e . L ' o u v r a g e " A l l ' o r l g l n e de I I 'a b I t a r e " c o r r e s p o n d ô u ne e x p o s i t i o n c o n ç u e en c o o p é r a t i o n a v e c le M u s é e N a t i o n a l d 'A n t h r o p o I o g I e e t d ' E t h n o l o g l e sur ce t h è m e . Un n o m b r e c o n s i d é r a b l e d ' e x e m p l e s d ' h a b i t a t i o n s t r a d i t i o n n e l l e s a é t é r é p e r t o r i é pa r les é t u d i a n t s de F l o r e n c e s o u s la d i r e c t i o n de G J a n c a r l o C a t a l d l , et un t r a v a i l d e s c r i p t i f t r ès é t e n d u a ét é a c c o m p l i , s o u s f o r m e de pl a n s , d e s s i n s , m a q u e t t e s , d o n t une p a r t i e s e u l e m e n t e s t p r é s e n t é e d a n s le c a d r e de c e t t e e x p o s i t i o n . 22. R E V A U L T J., P a l a i s et d e m e u r e s de T u n i s XVI I le et X I X e s i è c l e s , P a ri s, E d i t i o n s du CN RS , 1984. 23. R I V I E R E G. H. , F o r m e s , n o t e s , sur les c a r a c t è r e s e s t h é t i q u e s de la R a i s o n r u r a l e f r a n ç a i s e . In " T e c h n i q u e s et A r c h i t e c t u r e , 1947, Vol. VII, No 1*2. , p p .25-35 C I V I E R E G. H. , M A G E T M., H a b i t a t rural et t r a d i t i o n p a y s a n n e . In " J o u r n é e s d ' E t u d e s de l ' H a b i t a t R u r a l " , P a r i s , C h a n t i e r s I n t e l l e c t u e l s et A r t i s t i q u e s , C h a n t i e r "1 42 5" , c l r c a 1 9 4 1 - 9 4 5 , d o c u m e n t s d é p o s é s au M u s é e des A r t s et T r a d t t l o n s P o p u l a i r e s ( d o s s i e r s c i t é s d a n s la b i b l i o g r a p h i e de S» C h a r p e n t i e r et P. C l é m e n t ) ^E lS S H. / A s s o c i a t i o n des A m i s de G e o r g e s Henri R i v i è r e , ( s o u s la d i r e c t i o n de .) , La m u s é o l o g i e s e l o n G e o r g e s Henri R i v i è r e - C o u r s de M u s é o l o g i e , t e x t e s et t é m o i g n a g e s , Pa r i s , D u n o d , 1989.

(29)
(30)

25 II. LES LIEUX DE L'ANTHROPOLOGIE

L'inventaire bibliographique des textes ethnologiques consacrés à l'espace, établi par Françoise Paul-Lévy et Marion Segaud (1), démontre l'extrême

diversité des approches adoptées et souligne, paradoxalement, que

"l'espace" ne constitue pas une catégorie d'investigation comparable dans sa consistance à "la parenté" ou à "la religion". Postuler l'existence d'une "anthropologie de l'espace" impliquerait la saisie de phénomènes multiples: "espace de la production", "espace du rite", "espace du geste",

"espace de la représentation", "espace du statut"... Il semble que la plupart des actions sociales et des institutions puissent s'inscrire en des lieux, des figures, des parcours, structurés par la coutume. Explicitement ou implicitement, l'analyse anthropologique ne peut donc que renvoyer à l'écriture spatiale du fait social.

Il serait vain de rechercher dans les textes anthropologiques l'expression d'une "théorie de l'espace". L'attention que l'ethnologue porte à l'espace, la description qu'il en donne éventuellement, la signification qu'il lui accorde ne renvoient à aucun protocole établi ni aucun appareil conceptuel constitué comme tel. Son analyse, privilégiant tantôt la matériel linguistique, tantôt l'objet domestique, tantôt l'élément symbolique, traduit plus son système interprétatif anthropologique général qu'il ne dérive d'une appréhension spécifique de l'objet "espace".

Cette étude est a priori circonscrite au domaine de "l'habitat". La production ethnographique est riche de monographies établies sur ce thème, Nais la plupart d'entre elles n'ont qu'une valeur descriptive locale. C'est Pourquoi, au-delà de cette ethnographie de l'habitat, il est souhaitable de se reporter aussi à des études anthropologiques portant par exemple sur l'espace rituel ou l'espace pictural, dont l'analyse peut illustrer un rapport exemplaire entre "espace et culture".

Sans prétendre rendre compte dans toute leur richesse de ces divers points de vue interprétatifs, nous en avons retenu quelques uns, qui illustrent de

façon particulièrement prégnante des positions épistémologiques

différentes, appliquées à l'espace.

2.1. Technologie comparée et ethnographie de l'habitat

La technologie comparée a connu un grand développement au sein de l'Ecole Française d'Ethnologie, sous l'impulsion de chercheurs éminents. La Parution, en 1943-45, de l'ouvrage d'André Leroi-Gourhan, "Evolution et technique", composé des deux tomes "L'homme et la matière" et "Milieu et technique" est à l'origine de la reconnaissance de la portée internationale des travaux de technologie comparée menés en France (2). L'ouvrage encyclopédique de Georges André Haudricourt, "L'homme et la charrue à

travers le monde", paru en 1955, symbolise l'apogée des recherches

inspirées par ce courant matérialiste en ethnologie (3). Les travaux d'Hélène Balfet ont également marqué la progression des méthodes de la recherche technologique en ethnologie (4).

La forme construite imprime à la matière une configuration si durable que, même réduite à l'état de trace archéologique, elle permet encore de témoigner de la vie matérielle d'une société disparue depuis des millénaires, (5). A fortiori, l'observation de sites habités apparait comme

(31)

pour le développement de la technologie comparée en ethnographie.

L'approche résolument concrète d'une société par l'inventaire de son outillage, de ses savoir-faire et de la typologie de son artisanat semblait, lorsqu'elle s'est imposée à l'ethnographie, constituer un progrès scientifique décisif par rapport à des travaux antérieurs fondés sur une approche plus littéraire ou idéologique du donné social. Aujourd'hui, les thèses positivistes impliquées par la technologie comparée nous semblent

probablement moins convaincantes, et nous saisissons les limites

épistémologiques d'une approche fondée sur un modèle d'investigation issu de l'archéologie et de la muséographie.

Mais, quelles que soient les réserves que l'on peut émettre sur la valeur explicative d'un recours trop exclusif à la seule dimension de la culture matérielle en anthropologie, cette approche demeure, dans le domaine de l'analyse de l'habitat, le modèle d'interprétation le plus voisin des analyses produites par le savoir architectural appliqué à la description des architectures vernaculaires.

Il en va tout autrement des dimensions de l'analyse anthropologique qui renvoient aux modes d'expression non matériels de la culture et qui apparaissent comme des modes abstraits et théoriques d'intégration de la connaissance produite par le travail ethnographique.

2.2. Le déplacement anthropologique et l'espace du sujet

L'architecte ou l'urbaniste qui applique des techniques d'analyse

morphologique à des types d'habitat relevant de sa propre culture ne rencontre pas de problèmes fondamentaux d'interprétation: les formes analysées correspondent, de façon immédiate, à un vocabulaire historique connu et défini. Il n'en est pas de même lorsque ces techniques sont utilisées pour rendre compte de formations spatiales étrangères à la culture de l'observateur, alors confronté, souvent de façon abrupte, à la distance culturelle.

Au contraire, la relation ethnologique s'est constituée historiquement à Partir du postulat du déplacement. L'existence d'un "donné à voir" (6)

s'est ainsi établie dans l'extériorité spatiale. La différence entre le

lieu d'origine de l'observant et le déploiement de l'observable, situé "aiHeurs"...a fondé le travail ethnographique comme consistant à faire coïncider un lieu avec l'autre, ou plutôt à tenter de réduire la distanciation culturelle fondamentale symbolisée par l'éloignement spatial initial. Il est constamment question d'espace, ou plus souvent encore, de Parcours, dans la relation ethnographique. L'importance du spatial ne se révèle-t-elle pas dans la terminologie elle-même ? Le "terrain" désigne à la fois le lieu et la population, confondant en une même entité site spatial et site social. La forme du "journal de bord" est l'un des genres classiques du texte ethnographique, sous l'aspect purement documentaire et Positiviste de la relation de voyage, comme sous la forme d'un journal littéraire ou d'un retour philosophique sur la trajectoire de l'auteur. Même lorsque l'observateur abolit volontairement l'exotisme pour faire l'ethnologie du quotidien, il n'échappe pas à cette nécessité du "regard éloigné" pour fonder sa capacité d'analyse. "L'Afrique fantôme" de Michel Leiris, relatant la traversée de Dakar à Djibouti effectuée en 1933, sur un

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mode aussi littéraire et intimiste qu'ethnographique, demeure la référence inégalée du "CJournal de voyage" ethnologique (7). A l'opposé, le texte, récent, de Marc Augé, "La traversée du Luxembourg", prend position pour une "ethnologie du quotidien" où le parcours recouperait le trajet ordinaire (8). Mais encore faut-il, pour décrire ce quotidien, fonder la relation

d'observation sur cette distance du regard constituée par une longue

pratique du donné lointain... (9).

La description de lieux tient une large place dans les récits d'ethnologie. On doit ainsi à la littérature ethnographique la plus personnaliste les informations les plus sensibles sur le sens de l'espace domestique par exemple, perçu et expliqué au travers de la scène quotidienne. L'espace de "l'autre" ou "l'espace autre" y est décrit à partir du lieu propre à l'observant, c'est à dire sa conscience du déplacement des choses. Mais, paradoxalement, c'est précisément de cette complaisance, à la limite narcissique, de l'observateur pour sa propre sensibilité qu'émerge la reconnaissance la plus efficace du statut de sujet d'un autrui transformé en objet et "lieu" d'étude. Par exemple, la description de l'espace du "bohio" Bari par Robert Daulin (10) (Fig.9) n'est pas de l'ordre d'un

"relevé d'enquête". Cette description s'inscrit dans le récit d'une

expérience qui confronte tous les niveaux de l'espace du parcours de l'ethnologue, depuis le vécu le plus immédiat, comme ces remarques sur le "bohio", jusqu'aux profondeurs de la mémoire des conquêtes coloniales. L'ensemble des notations sporadiques de l'auteur n'en constitue pas moins, au fil de l'ouvrage, une description extrêmement précise et surtout explicative de l'habitat des Bari.

2.3. L'espace comme lieu de sens et les modes interprétatifs du symbolisme

L'analyse du sens des figures et des lieux s'est développée selon des modes interprétatifs différents au fur et à mesure de l'évolution de la pensée anthropologique en général. Nous proposons, quelque peu arbitrairement, d'en distinguer trois modes qui correspondraient à des "moments théoriques" particuliers:

• le mode "systémique", largement illustré par les études de mythologie comparée qui prirent naissance à la fin du XIXe siècle,

• le mode "structural", qui correspond à l'influence du courant structuraliste dominant la scène anthropologique à partir de 1950 environ, • le mode "endogène", terme par lequel nous qualifierons des travaux divers et récents, issus des méthodes de la "nouvelle histoire", mais également de nouvelles problématiques anthropologiques.

2.3.1. Le mode systémique

par "lecture systémique" du signifié symbolique, nous désignons ici les travaux reposant sur l'hypothèse qu'il existe un système symbolique dans chaque culture, système plus ou moins explicité et déployé par le discours

Mythologique, la production iconique, l'organisation spatiale, et

T ordonnance des lieux rituels. L'oeuvre de Georges Dumézil (11), celle de Marcel Granet (12), comme les travaux de Dames G. Frazer (13), ont démontré ]a pertinence de cette approche analytique où l'objet est utilisé comme indice à partir duquel s'opère une patiente reconstruction interprétative des systèmes symboliques globaux d'une société.

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