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Le modèle nordique

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Le modèle social français Cahiers français n° 330 Les modèles de l'État-providence et le système français 1

Les modèles

de l’État-providence

et le système

français

Le modèle

nordique

Malgré certaines différences, le

Danemark, la Finlande et la Suède se

retrouvent pour illustrer le modèle

social-démocrate de l’État-providence. Alain

Lefèbvre et Dominique Méda expliquent

ici comment ce modèle s’est renouvelé

par rapport aux années 80.

Après avoir présenté son organisation et

ses principes de fonctionnement – fondés

notamment sur le dialogue, une assez

grande égalité, une fiscalité élevée, un

effort prononcé pour la formation et la

recherche, la « flexicurité » en matière de

politique de l’emploi –, ils en évaluent les

résultats.

Ceux-ci – en termes de croissance, de

niveau d’activité, d’écart entre les

revenus, de comparaison des modes de

vie femmes/hommes ou d’équilibre des

finances – pourraient être de nature à

ériger les pays nordiques en exemples à

suivre pour les autres États de l’Union

européenne.

C. F.

fondée sur les idéologies qui les soutiennent, en distinguant le modèle libéral, le modèle conservateur corporatiste et le modèle social-démocrate. Ces analyses ont été complétées ultérieurement, mais globalement les caractéristiques de l’État-providence nordique se retrouvent dans l’analyse proposée récemment par Peter Abrahamson (2) : la population accède à des droits fondamentaux, parfois garantis par la Constitution, sur une base universelle, non liée au versement de cotisations ou à la mise en évidence de besoins à satisfaire ; l’institution dominante pour la protection sociale est l’État ; la portée des dispositifs est globale et donc coûteuse ; le financement est assuré par l’impôt et tous les citoyens en bénéficient. D’autres analystes (3) précisent que le champ des politiques sociales publiques est étendu, l’intervention de l’État importante dans toutes les politiques, la part des dépenses sociales dans le PIB élevée ; avec une forte part de redistribution, la démocratie locale apparaît très développée, avec des services sanitaires et sociaux gérés par les collectivités locales ; la distribution des revenus est relativement égale, les inégalités sont plus réduites qu’ailleurs, la pauvreté est peu fréquente. En outre, l’égalité entre hommes et femmes représente un principe de base, toutes les mesures sociales sont destinées à l’individu et non à la famille, ce qui rend les femmes plus indépendantes. D’autres notions telles qu’une certaine homogénéité de la société, la continuité des politiques, un niveau élevé d’organisation, la tradition du consensus et un faible niveau de corruption sont notamment retenues.

Même si ces principes continuent d’inspirer le fonctionnement des différents pays composant le modèle scandinave, les modèles nordiques de 2006 ne correspondent pourtant plus totalement à l’image traditionnelle de la social-démocratie des années 80. Certaines caractéristiques demeurent (pression fiscale, redistribution, dialogue social…), mais les évolutions sont importantes et le modèle social a été modernisé.

L’organisation et les

principes de fonctionnement

Un haut niveau de dépenses

publiques, avec une pression fiscale élevée

La Suède et le Danemark étaient en 2004 les pays de l’Union européenne où les dépenses des administrations publiques étaient les plus élevées, avec respectivement

(1) Gösta Esping-Andersen (1990), Les trois mondes de l’État-providence, coll. « Le Lien social », Paris, PUF.

(2) « La fin du modèle scandinave ? La réforme de la protection sociale dans les pays nordiques », Peter Abrahamson, chef du dé-partement de sociologie de l´université de Copenhague, Revue fran-çaise des affaires sociales, juillet-septembre 2005.

(3) Mikko Kautto et Matti Heikkilä, de STAKES (Centre national finlandais de recherche et de développement pour le bien-être social et la santé).

L

es modèles sociaux des pays nordiques de

l’Union européenne (Danemark, Finlande, Suède) présentent un certain nombre de caractéristiques qui justifient une analyse commune, malgré les différences dues à l’histoire de chaque pays. La définition des typologies de modèles de protection sociale et la mention d’un modèle scandinave remontent aux années 50. Gösta Esping-Andersen a présenté, en 1990, dans son ouvrage intitulé « Les trois mondes de l´État-providence » (1), une nouvelle typologie,

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Le modèle social français Cahiers français n° 330 Les modèles de l'État-providence et le système français 2

57,2% et 56,3 % du PIB, la Finlande se situant un peu en deçà avec 50,7 %. Sur ce point, les pays nordiques sont proches de la France (53,8 %) et très éloignés du modèle britannique.

Un dialogue social très développé

Une grande partie de ce qui est défini par la loi en France relève dans les pays nordiques des conventions collectives, dans lesquelles l’État n’intervient pas. Ainsi, il n’existe pas de salaire minimum en Suède, et la loi se limite à la lutte contre les discriminations. Le taux de syndicalisation élevé (plus de 85 %) s’explique par le fait qu’il s’agit d’un syndicalisme de services (assurance chômage, négociation des salaires individuels, banque et assurance parfois) et aussi par le fait que l’État ne se substitue pas aux partenaires sociaux, ce qui leur confère une crédibilité auprès de l’opinion publique (laquelle peut exercer aussi une pression pour qu’un accord soit conclu).

La liberté d’organisation de l’entreprise est le résultat de compromis historiques remontant à la première partie du XXe siècle, ainsi notamment des accords de

Saltsjöbaden en Suède (1938) où, après un conflit mémorable, les partenaires sociaux ont renoncé à une position d’affrontement en échange pour les syndicats d’une participation importante aux décisions. On a pu observer un scénario comparable au Danemark, ce qui a contribué à faire perdre de son acuité au concept de lutte des classes. À la liberté donnée aux syndicats de se structurer et à leur droit à la négociation collective qui fonde les modèles nordiques, a répondu la liberté pour l’entrepreneur de s’organiser à sa guise : cette liberté inclue la possibilité de se séparer d’une partie de la main-d’œuvre pour améliorer les profits de l’entreprise, une telle souplesse étant considérée comme bénéfique pour l’emploi futur. En contrepartie, les salariés ont droit à une négociation sur la question des reclassements, et, lors de licenciements collectifs, on a vu des opérations tout à fait remarquables : les salariés d’Ericsson en Suède, par exemple, ont bénéficié pendant un an, dans le cadre d’un accord collectif, de formations et d’aides à la recherche d’emploi cofinancées par l’entreprise et par l’État. Plus de 80 % des salariés avaient ainsi retrouvé un emploi ou engagé une formation longue au bout de douze mois. D’une manière générale, dans tous les pays nordiques, les restructurations sont bien anticipées (en Finlande surtout), bien préparées et font l’objet d’un bon accompagnement social.

Au Danemark comme en Finlande, les services de l’emploi sont responsables de la plupart des opérations. La Finlande a même développé des services régionaux de l’État en matière économique et sociale, qui regroupent dans une même administration les services régionaux de l’emploi, ceux de l’ économie, de l’industrie, de l’agriculture et de la pêche pour préparer les reclassements des salariés des secteurs appelés à subir des mutations dans les prochaines années. Ces centres régionaux assurent les fonctions emploi et développement économique et dispensent donc à la fois de la formation en entreprise et des conseils pour la formation, du conseil de développement de produits,

de l’aide au développement de nouvelles technologies, du soutien à l’export… Ils permettent d’assurer au mieux la reconversion en fusionnant les deux phases d’anticipation et de traitement : avant que ne se mette en place un plan de restructuration, qui obligera les salariés à rompre leur contrat de travail et passer par la case chômage, le centre pose un diagnostic suffisamment en amont pour examiner comment relancer l’activité de l’entreprise, analyser son marché, sa stratégie, son organisation. La stratégie et les besoins de main-d’œuvre à long terme sont discutés, anticipés, ainsi que les pyramides des âges et les types de compétences nécessaires.

L’importance des dépenses sociales

Les dépenses totales de protection sociale des pays nordiques sont proches de celles de la France (entre 26,4 % et 32,5 % du PIB contre 30,6 % en France et 27,6 % au Royaume-Uni). Les prestations se situent à un niveau très élevé, y compris pour ce qui concerne le filet de sauvegarde social existant dans les trois pays : les allocations de subsistance, analogues au revenu minimum français, lui sont très supérieures. La Finlande a revu son système social et fiscal pour rendre financièrement plus incitative la reprise d’un emploi, et le Danemark a fait évoluer ses prestations sociales au rythme des prix et non des salaires, ce qui a permis en dix ans d’améliorer sensiblement l’incitation financière à travailler.

L’égalité entre hommes et femmes

Ce principe d’égalité, probablement plus important en Suède et en Finlande, n’a pas seulement une portée éthique. Il participe aussi d’une approche efficiente de la société et de l’économie. Comme Esping-Andersen l’a amplement développé dans ses travaux, contrairement aux États-providence familialistes, pour lesquels la famille est le centre normal des responsabilités en ce qui concerne les besoins sociaux de ses membres, le modèle social-démocrate est hautement « défamilialisant », grâce à son puissant engagement en faveur de l’égalité des sexes, au développement d’un vaste système d’accueil des jeunes enfants qui libère les mères, et à une politique généreuse et adaptée de congés parentaux (congés partageables à la naissance de l’enfant, congés pour enfants malades, possibilité de fractionner le congé parental sous forme de réductions journalières du temps de travail…). C’est ainsi que les taux d’activité féminins des pays nordiques sont non seulement les plus élevés d’Europe mais aussi très proches des taux masculins, qu’il s’agisse des femmes sans enfants ou avec enfants. Même si ce modèle n’est pas exempt de défauts (les pères ne prennent pas la totalité des jours de congé auxquels ils ont droit, le partage des tâches domestiques est encore déséquilibré, la ségrégation horizontale forte), les pays nordiques semblent avoir poussé l’égalité hommes/ femmes plus loin que partout ailleurs dans le reste du monde.

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Des systèmes sociaux universels et très complets financés

essentiellement par l’impôt

Tous les résidents ont un accès égal à un système sanitaire et social très protecteur. La part des systèmes d’assurance est faible (à l’exception notamment de l’assurance-chômage). Le financement se fait donc par l’impôt, avec des taux de TVA supérieurs à ceux pratiqués en France (25 % au Danemark et en Suède, 22 % en Finlande) et un impôt sur le revenu beaucoup plus élevé. Les cotisations sociales et le coût du travail s’en trouvent d’autant allégés : les cotisations sociales des employeurs et des employés ne représentent que 2,7 % du PIB au Danemark, 12,1 % en Finlande et 14,8 % en Suède, contre 18 % en France (et 8,1 % au Royaume-Uni). Le système d’assurance français, complété par des filets de sauvegarde, paraît inutilement complexe et économiquement peu viable aux analystes nordiques, qui soulignent les performances des programmes sociaux des pays scandinaves en matière de gestion. Ces coûts de gestion représentent en effet, selon Eurostat, environ 4 % des dépenses en France, contre 2,9 % au Danemark.

Des systèmes sociaux réformés, simplifiés et décentralisés pour rechercher l’efficacité

La crise des modèles nordiques à la fin des années 80 et au début des années 90 a conduit à rechercher l’efficacité dans la mise en place d’une décentralisation parfois extrêmement poussée : en Finlande les hôpitaux sont gérés par les municipalités, et dans tous les pays nordiques l’ensemble du système sanitaire et social est confié aux municipalités et aux comtés/conseils généraux.

Le Danemark a récemment poussé la réforme jusqu’à revoir le nombre de ses municipalités, de sorte qu’elles comprennent plus de 30 000 habitants (cela équivaudrait chez nous à fusionner les municipalités pour arriver à la taille d’un bassin d’emploi) et qu’elles puissent assurer la gestion de la plupart des politiques. De son côté, la Finlande élabore, à l’instar du Danemark, un projet de regroupement ou de diminution du nombre de municipalités, lesquelles sont les seules collectivités locales du pays.

Une tradition de réformes continues en négociation avec les partenaires sociaux et les collectivités locales

Depuis le début du XXe siècle, le système social est

régulièrement réformé, sur la base de travaux menés dans des comités qui associent en général les partenaires sociaux et les associations de collectivités locales, ainsi que des universitaires indépendants. Le gouvernement s’approprie ensuite ces travaux : les administrations centrales nordiques sont moins présentes qu’en France dans l’élaboration des réformes depuis le lancement

de celles des années 90. Une autre différence avec la France tient à la durée de leur préparation : la réforme des retraites en Suède a ainsi demandé dix ans, et elle s’est poursuivie malgré des changements de majorité.

Une politique active de l’emploi

La Suède a inventé dans les années 50 la politique active de l’emploi, qui constitue maintenant aussi un point fort du Danemark et de la Finlande. En 2003, le Danemark consacrait 1,529 % de son PIB aux mesures actives de l’emploi, la Suède 1,042 % et la Finlande 0,748 % ( la France : 0,822 %). Une telle politique est au centre des interventions sur le marché du travail dans les trois pays (cf. encadré sur le modèle danois de « flexicurité »).

La priorité donnée à l’éducation, à la formation et à la recherche

Les pays nordiques figurent actuellement parmi les pays européens qui dépensent le plus en matière d’éducation. Le Danemark y consacrait en 2001, selon l’OCDE, 7,14 % du PIB, la Suède 6,5 % et la Finlande 5,8 %, contre 6 % en France et 5,5 % au Royaume-Uni. Les enquêtes sur la formation professionnelle réalisées par Eurostat montrent régulièrement que plus du quart des salariés danois et finlandais et plus du tiers des salariés suédois faisant l’objet d’une enquête ont suivi une formation au cours des quatre semaines précédentes, contre moins de 8 % des salariés français (21 % au Royaume-Uni). En matière de dépenses de recherche rapportées au PIB, les pays nordiques arrivent en tête de tous les classements avec, en 2002, 4,50 % pour la Suède, 3,46% pour la Finlande et 2,6 % pour le Danemark, contre 2,3% en France et 1,9 % au Royaume-Uni. Les pays nordiques, en incluant la Norvège et l’Islande, ont déposé en 2002 plus de brevets que la France ou le Royaume-Uni, avec une population inférieure à 25 millions d’habitants. L’ensemble de ces caractéristiques repose en partie sur un contrat de société qui pourrait se résumer de la manière suivante : le secteur privé productif bénéficie d’une assez grande liberté de fonctionnement, avec une législation du travail minimale (on notera toutefois que la Suède présente plus de rigidités que ses voisins tandis que le Danemark apparaît de loin comme le plus souple). En contrepartie, ce secteur productif accepte de payer des hauts salaires qui permettent, par prélèvement fiscal, de garantir que personne ne sera exclu de la société. Le modèle danois de la « flexicurité » illustre l’ensemble de ces points (et leur grande cohérence).

Les résultats

Les nouveaux modèles nordiques ont réussi à renouer avec les résultats des années 70.

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Le modèle social français Cahiers français n° 330 Les modèles de l'État-providence et le système français 4

Ce modèle repose sur une sorte de triangle d’or :

- Une grande flexibilité du marché

du travail : embauche et licencie-ment sont peu réglelicencie-mentés.

Le fait que le licenciement soit libre résulte du « compromis de septem-bre » 1899 (1). Néanmoins, ce prin-cipe est aménagé par les contrats individuels, des accords collectifs ou des lois spécifiques. La « loi sur les cols blancs » prévoit ainsi une période de préavis pouvant attein-dre six mois. Des accords collectifs prévoient des préavis, diversifiés selon les secteurs, pour les cols bleus. Les règles figurant dans la « loi sur les cols blancs » et dans l’accord de base entre patronat et syndicats protègent également les salariés contre un licenciement abusif. La loi générale ne prévoit pas d’indemnités de licenciement payées par l’employeur. La « loi sur les cols blancs » prévoit pour les personnes qui ont été employées dans la même entreprise pendant douze, quinze ou dix-huit ans une indemnité égale à un, deux ou trois mois de salaire. Il existe aussi des accords collectifs qui prévoient le redéploiement sur d’autres postes des salariés touchés par l’introduc-tion de nouvelles technologies ou la possibilité pour ceux-ci de béné-ficier de formations rémunérées leur permettant d’obtenir un autre emploi en dehors de l’entreprise. Au total le régime de licenciement est relativement libéral. La mobilité de l’emploi est importante : 30% des travailleurs, appartenant à toutes les catégories, changent d’emploi chaque année ; la durée moyenne d’emploi est une des plus faibles du monde ; et néanmoins, le senti-ment de sécurité des salariés da-nois se classe parmi les plus éle-vés de tous les pays.

- Une protection généreuse des

revenus en cas de chômage

L’assurance chômage est un sys-tème facultatif administré par trente-cinq caisses de chômage privées, agréées par l’État et proches des organisations syndicales. Elles cou-vrent 80% des actifs danois. Les personnes au chômage reçoivent des allocations qui représentent 90% de leurs revenus précédents, sous plafond (19 400 euros par an).

Le taux de compensation de la perte de salaire est élevé, surtout pour les bas salaires. Ces alloca-tions sont versées pour un maxi-mum de quatre ans incluant les périodes d’activation. Le relais est pris en fin de droits par une aide sociale municipale également con-sidérée comme généreuse. L’inci-tation négative qui pourrait résulter de ce niveau d’indemnisation est corrigée par l’obligation de recher-cher activement un emploi et de participer, conformément aux plans individuels pour l’emploi, à des mesures d’activation à plein temps. - Une politique d’activation très

développée

La politique d’activation est fondée sur la conviction largement parta-gée que les chômeurs ont des droits mais aussi des devoirs. Depuis 2002, il n’y a plus de distinction entre la période « passive » où les personnes reçevaient des alloca-tions et pouvaient, si elles le sou-haitaient, demander à participer à des mesures d’activation, et une période « active » où les personnes devaient participer aux mesures d’activation à plein temps : toutes les personnes doivent désormais faire l’objet de mesures d’activation obligatoires dans les six premiers mois de chômage. Celles-ci doivent viser un travail clairement identifié. Elles sont mises en œuvre locale-ment, sur proposition des conseils régionaux de l’emploi et compor-tent des aides à la recherche d’em-ploi, des stages rémunérés bénéfi-ciant d’une aide financière pour les employeurs publics et privés parti-cipant à ces actions, des travaux d’intérêt collectif dans le secteur public, dans le domaine de la pro-tection de l’environnement, de la culture, de l’énergie, des transports publics, de la santé, de la garde d’enfants, de la garde de person-nes âgées…, de la formation. Cette dernière est extrêmement dévelop-pée : la formation professionnelle est une responsabilité publique ; les partenaires sociaux sont impliqués dans l’identification des besoins et dans le choix du contenu des for-mations ; la formation tout au long de la vie est un principe, toute per-sonne devant pouvoir en bénéficier à tout moment de sa carrière. Les formations relevant du ministère du

Travail et du ministère de l’Éduca-tion s’adressent aussi bien aux chômeurs qu’aux actifs, et sont sanctionnées par des titres ou di-plômes formellement reconnus par les partenaires sociaux et considé-rés comme des diplômes natio-naux. Les cours de formation pro-fessionnelle sont caractérisés par leur organisation par modules qui se combinent selon les besoins. Ils offrent un large éventail de cours qui, soit permettent d’obtenir une qualification professionnelle, soit constituent des parcours d’études cohérents à l’adresse aussi bien des chômeurs que des personnes employées, ou bien encore qui vi-sent à satisfaire les besoins des entreprises. Les formations profes-sionnelles continues reposent, comme l’ensemble des mesures concernant le marché du travail, sur une collaboration étendue avec les partenaires sociaux. Ceux-ci con-tribuent ainsi au contrôle général des formations, ce qui permet d’as-surer, d’une part une cohérence étroite avec les besoins de qualifi-cation des entreprises, et d’autre part un contrôle permanent de la qualité des formations profession-nelles dispensées.

Alain Lefebvre, Domique méda

Le modèle danois de la « flexicurité »

Le modèle danois de la « flexicurité »

Le modèle danois de la « flexicurité »

Le modèle danois de la « flexicurité »

Le modèle danois de la « flexicurité »

(1) Le règlement amiable de 1899 est un texte dans lequel employeurs et sa-lariés reconnaissent leur commune lé-gitimité et définissent respectivement leurs obligations et droits mutuels fon-damentaux. Il a été complété par la Norme pour le règlement d’un conflit du travail en 1908 et l’accord sur la boration de 1947, selon lequel la colla-boration entre employeurs et salariés améliore à la fois la compétitivité et la satisfaction des travailleurs.

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Une croissance plus élevée que la moyenne européenne

Alors que la croissance a été de 10,05 % dans l’UE à Quinze sur 2000-2004, elle a été en Finlande de 15 %, en Suède de 12,3 % ; avec 7,9 % la France et le Danemark ont connu une croissance inférieure.

Une situation de l’emploi

relativement satisfaisante dans tous les pays

Après avoir connu des niveaux élevés de chômage (9,1 % en Suède, 9,6 % au Danemark et 16,3 % en Finlande en 1993), les pays nordiques se situent au dessous de la moyenne européenne en juin 2005 (8,7 %), avec 4,8 % de chômeurs pour le Danemark, 6,3 % pour la Suède et 8,2 % pour la Finlande. En ce qui concerne l’emploi des seniors, les trois pays occupent respectivement la première, la deuxième et la quatrième places dans l’UE, le Royaume-Uni la troisième. La France est à la quinzième place.

Des inégalités de revenus limitées et une pauvreté réduite

Pour 2001 (dernière année du panel européen des ménages), les inégalités de revenus étaient inférieures dans les pays nordiques aux inégalités en France, et très inférieures à celles constatées au Royaume-Uni. En ce qui concerne la pauvreté, les derniers résultats de 2001 montrent un taux de risque de pauvreté à 9 % en Suède (après transfert sociaux), 10 % au Danemark, 11 % en Finlande, 13 % en France et 19 % au Royaume-Uni.

De faibles inégalités de mode de vie entre hommes et femmes

Les taux d’emploi des hommes et des femmes sont proches. Ils sont les plus élevés de l’Europe : 71,5 % des Suédoises de 15 à 64 ans, 70,5 % des Danoises, 65,7 % des Finlandaises travaillent, contre 55 % des Européennes et 56,7 % des Françaises. Les écarts de salaires sont plus limités que dans le reste de l’Union européenne, notamment en Suède.

Des comptes publics en excédent et une forte diminution de la dette publique

En 2004, la Suède, la Finlande et le Danemark présentaient un excédent des comptes publics (respectivement de 1,2 %, 1,9 % et 2,6 % du PIB), alors que la France affichait un déficit de 3,7 % et le Royaume-Uni un déficit de 3,1 %. La dette publique avait évolué de la manière suivante sur dix ans :

Des réformes réussies

Le modèle nordique a permis de mener des réformes importantes, reposant sur la transparence et la simplification de l’organisation sociale. Certaines réformes servent souvent de référence au plan international : celle de l’administration qui a été menée dans les trois pays a permis de remplacer le statut des fonctionnaires par des conventions collectives, et d’alléger substantiellement les administrations centrales ; les systèmes de santé ont été réformés, et ils ont bénéficié dans leur fonctionnement d’une généralisation des nouvelles technologies ; les régimes de retraite ont eux aussi été réformés, le régime suédois constituant désormais peut-être le seul régime qui, sauf accident majeur, peut fonctionner sans qu’il ait besoin d’être modifié dans un futur même lointain. L’ensemble des transformations accomplies explique que ces pays soient passés d’une situation de déficit à un excédent des comptes publics.

Bien entendu, ce bilan doit être relativisé. Les municipalités, sur qui repose la charge de la mise en place des services et du financement, se plaignent dans les trois pays d’un manque de moyens pour respecter le haut niveau de protection sociale souhaité par les législateurs nationaux. Le système de santé connaît des files d’attente dans chacun des trois États, mais il est vrai qu’il coûte moins cher qu’en France (entre 6,8 % et 9,3 % du PIB selon les pays) et que les résultats sanitaires sont bons, au moins en Finlande et en Suède. Quelques réformes enfin prennent du retard, ainsi celle des préretraites au Danemark.

Conclusion

Pour alimenter les discussions sur un éventuel ou un futur modèle social européen, il est intéressant de regarder dans quelle mesure les pays nordiques ont atteint les objectifs fixés au Conseil de Lisbonne. La Commission européenne a publié, le 20 février 2004, un rapport intitulé « Réalisons Lisbonne : réformes pour une Union élargie », qui fait le point sur l’état d’avancement de la stratégie de Lisbonne arrêtée lors du Conseil européen de mars 2000. Sur la plupart des points relevant des États membres, les pays nordiques apparaissent particulièrement bien placés :

Évolution de la dette publique (1994-2004)

(en %) du PIB 4 9 9 1 e t t e D Dette2004 k r a m e n a D 77,4 42,7 e d n a l n i F 58 45,1 e d è u S 73,9 51,2 e c n a r F 48,4 65,6 i n U -e m u a y o R 48,6 41,6 Source : ?????

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Le modèle social français Cahiers français n° 330 Les modèles de l'État-providence et le système français 6

- s’agissant de l’amélioration des investissements dans les réseaux et la connaissance, ils connaissent un niveau et une qualité des investissements dans la recherche, l’éducation et la formation parmi les plus élevés d’Europe ;

- en ce qui concerne le renforcement de la compétitivité des entreprises, ils sont moins en pointe, notamment sur la déréglementation, mais leur marché du travail bénéficie d’une souplesse appréciable ;

- les réformes se sont succédé dans les trois pays nordiques pour promouvoir le vieillissement actif, et les progrès en matière de taux d’emploi des seniors sont manifestes, plaçant les trois États en très bonne position (cf. supra) ;

- quant à l'emploi des femmes, ils remplissent déjà l´objectif de Lisbonne (taux d'emploi supérieur à 60 %), la Suède et le Danemark (première et deuxième au sein de l’UE) dépassant le taux de 70 % et la Finlande (quatrième) atteignant 65 %. La France se situe en quinzième position, juste derrière la Lettonie, et n'a pas encore atteint les 60 %.

La Suède et le Danemark figurent au premier rang du classement des pays de l’UE à l’occasion de la revue à mi-parcours de la Stratégie de Lisbonne (quatorze critères socio-économiques). Ces deux pays se fixent

désormais des objectifs plus ambitieux afin de conserver une avance sur les États membres qui progressent vers ces objectifs. Pour autant, la Suède ne se situe qu’au dixième rang du classement concernant la progression effectuée depuis 1999 au regard de ces mêmes indicateurs. Cela confirme que les efforts suédois en matière de modernisation et d’amélioration de la compétitivité, fruits de politiques volontaristes et incitatives, s’inscrivaient sur le long terme et avaient été entamés bien avant l’agenda fixé à Lisbonne. Les pays nordiques soutiennent donc la stratégie de Lisbonne. Leurs dirigeants, notamment les Suédois, estiment qu’il existe en Europe une convergence progressive des pays vers un modèle nordique. Nous ne disposons pas des éléments pour valider un tel jugement, mais il s’agit là d’une hypothèse intéressante, qui ouvre non seulement un vaste champ de négociation mais également de recherches. ■

Alain Lefèbvre, conseiller pour les affaires sociales pour les pays nordiques Dominique Méda, chercheur au Centre d’Études de l’Emploi

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