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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Conclusion des XXVIes Journées : Quelques remarques conclusives sur le thème : le corps, objet scientifique/objet technologique dans l'éducation et la culture

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XXVI, 2004 1

Conclusion des XXVIes Journées

QUELQUES REMARQUES CONCLUSIVES SUR LE THÈME : LE CORPS, OBJET SCIENTIFIQUE – OBJET TECHNOLOGIQUE

DANS L’ÉDUCATION ET LA CULTURE

Jean-Louis MARTINAND, Président des JIES

Le thème de ces XXVIes Journées touchait au « corps ». Il ne s’agissait pas « du corps dans l’éducation et la culture », ce qui aurait pu constituer un sujet intéressant, mais si vaste que nous n’aurions pu tenir aucune de ses promesses. « Le corps, objet scientifique - objet technologique dans l’éducation et la culture » est un thème qui concerne quant à lui le public habituel des Journée et qui sollicite sa réflexion.

Certes, il y avait un risque que certains dans ce public lisent seulement « le corps », et interprètent l’offre comme une invite à parler du corps comme on le fait habituellement dans leur discipline ; il y avait le risque aussi que d’autres se sentent dissuadés par un sujet réservé, et il n’y a pas eu autant de participants physiciens, chimistes, technologues, ergonomes, psychologues, sociologues ou historiens qu’on aurait pu l’espérer. Mais finalement ont été bien représentées les sciences de la vie, l’éducation physique et sportive et les sciences et techniques des activités physiques et sportives, de la médecine, la médiation et la recherche sur la médiation, la philosophie…

Que retenir de ces journées très diverses ? Peut-être avons-nous plus échangé et avancé sur les « images et usages » du corps dans l’éducation et la culture que sur « le corps objet scientifique – objet technologique », même si chacun a pu progresser dans sa réflexion personnelle sur le thème précis des Journées.

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Je pense que les journées ont bien reflété les changements, très rapides à l’échelle d’une génération, et marqués de reculs, des conceptions du corps dans les cultures. Il résulte de ces changements des écarts extrêmes ; pratiques, modèles et normes, ne coexistent pas pacifiquement. Ils se manifestent par des expressions, des pressions, tensions, génératrices d’enrichissements et aussi de violences et même de crimes.

Les points de vue et découvertes scientifiques, les inventions technologiques ont eu des impacts profonds, pas toujours acceptés car ils délégitiment des représentations et des modèles, des pratiques au profit d’autres. Avec la scolarisation de masse, les savoirs scientifiques et technologiques du corps, des usages publics du corps, peuvent se heurter à l’école même aux normes et interdits des cultures familiales et communautaires. Il importe donc bien, en urgence, de nous interroger nous-même sur le corps comme objet des disciplines scientifiques ,ou comme objet et moyen dans les disciplines technologiques à l’école, comme y invitait le thème des Journées. Il n’est pas évident que les réponses d’aujourd’hui se trouvent dans le patrimoine philosophique ou l’anthropologie récente.

Parmi les éléments de mutation, j’aimerais en souligner deux, qui justifieraient bien des retours ultérieurs à Chamonix. Le premier est celui du traitement du corps sexué, ou plutôt des relations entre corps et genres dans nos disciplines : pas seulement la question de la fonction de reproduction, mais tout ce qui, pouvant dépendre du sexe, est pris par la « culture » et produit des différences de genre le plus souvent occultées dans nos enseignements ou la médiation, comme si le genre était soit une différence absolue, soit un paramètre additionnel. Le second est celui des relations entre corps et culture dans les nouvelles civilisations urbaines, dans les pays développés comme dans les pays « en développement » du « Sud ». Il nous faut prendre mieux la mesure « anthropologique » des conséquences des nouvelles urbanités et de leur généralisation, en place des civilisations rurales.

Nous avons tous apprécié les apports de faits et d’idées que les contributions aux Journées nous ont offerts. Cependant, nous avons aussi pu noter à diverses reprises les difficultés et même les obstacles à l’échange et à l’élaboration nécessaires sur le thème du corps envisagé comme objet scientifique ou objet technologique :

- la première séance plénière a révélé le pouvoir de déstabilisation dont le thème du corps est porteur ; l’accepter même le temps dune séance n’a pas été facile pour chacun ;

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- pour de nombreux médiateurs et des enseignants, expliciter ce qui est connu d’expérience sans le rapporter immédiatement à des catégories ou connaissances bien formalisées, se révèle difficile ; n’est-ce pas paradoxal, si leur métier est un métier de « communication » ?

- engager des spécialistes de disciplines académiques dans une posture épistémologique et éthique, pour expliciter et interpréter eux-mêmes ce qu’ils font, comme lors de la deuxième séance plénière, est manifestement inhabituel pour beaucoup ;

- réfléchir au fond sur les principes constitutifs d’autres disciplines, sur les différences essentielles entre disciplines (par exemple entre sciences de la vie et de la terre et éducation physique et sportive), sur les contributions spécifiques des disciplines ou de leurs enseignants dans des actions éducatives non-disciplinaires ou interdisciplinaires, apparaît comme tout aussi inhabituel ; l’intérêt pour les « bonnes pratiques » éventuelles du partenaire est de ce point de vue manifestement insuffisant ;

- approcher sérieusement, et j’oserais dire « respectueusement », les points de vue et les outillages conceptuels des disciplines technologiques pour élaborer questionnements et repères, certes avec une distance critique, mais sans les rabattre sur des traitements philosophiques critiques plus ou moins récents et pertinents, se révèle aussi difficile ; est-ce un reste de l’opinion qu’en technologie il n’y a pas de pensée ?

- aborder les aspects qui relèvent du politique est habituellement évité, peut-être par confusion avec des formes criticables de la politique ; mais ne pas poser l’éducation à la santé comme une composante d’une action politique de santé publique, que ce soit au sein d’une collectivité, d’une communauté ou d’une société, pour ne mettre l’accent que les problèmes de santé individuelle est peut-être plus facile, mais tout aussi dangereux que de penser que la présence ou l’absence d’une éducation scientifique ou technologique à l’école n’est pas une affaire politique .

J’aimerais enfin dire un certain malaise personnel, et peut-être très subjectif. J’ai assez souvent eu l’impression que, du point de vue des élaborations conceptuelles, beaucoup de ce que j’ai entendu aurait pu être dit dans des termes très voisins il y a vingt ans, si à l’époque le thème « corps, éducation et médiation » avait été proposé. Comme responsable d’une

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formation doctorale depuis plus de vingt ans, je m’interroge donc : n’y a-t-il pas évitement, chez nombre de chercheur en didactique des sciences et des techniques, à opérer eux-mêmes les conceptualisations nécessaires pour problématiser concrètement, à partir de leurs préoccupations et d’une culture scientifique ou technologique, philosophique, et bien sûr didactique ?

Certes, les Journées de Chamonix ne sont pas aujourd’hui des journées de colloque purement scientifique pour chercheurs. Elles ont longtemps été reconnues comme des colloques thématiques de recherche et d’innovation et comptaient pour l’évaluation des chercheurs. Que sont-elles devenues, ou plutôt, que voulons-nous qu’elles soient ? Ni purement scientifiques , ni purement « professionnelles, elles sont d’abord une offre annuelles de rencontre entre catégories diverses (enseignants et formateurs, médiateurs, innovateurs, chercheurs), sur un thème original qui anticipe des préoccupations à venir dans la recherche, l’innovation, la société, au moment où il n’existe pas de message disponible et pertinent sur le thème, ni de questionnement élaboré. Leur fonction est donc de faire émerger les besoins et les préoccupations, de recueillir les expériences et les idées, d’aider à construire les problématiques d’action et de recherche.

Aux participants de prolonger ce moment d’échange et d’effort commun, et de transformer en projets et programmes d’innovation, d’intervention et de recherche la récolte qu’ils auront effectuée ! C’est à ces fruits que l’intérêt des Journées doit être évalué. Grâce aux participants, les XXVIes Journées s’inscrivent bien dans cette perspective.

Quelques suggestions de lecture

DURING B. (2000). Histoire culturelle des activités physiques. Paris : Vigot. FAURE S. (2000). Apprendre par corps. Paris : La dispute.

VIGARELLO G. (dir.) (2001). Anthologie commentée des textes historiques de l’éducation

physique et du sport. Paris : Ed. Revue EPS.

SOURNIA J.-C. (1997). « Du corps humain ». Toulouse : Privat.

Références

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