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Octovien de Saint-Gelais : le livre des Epistres de Ovide

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Texte intégral

(1)

l'

c

(

!

\ ' OCTaVIEN DB SAINT-GlUAIS: . ~

C Le livre des Bpistres ,de OVide »~

by

Maryse DESCHAMPS

.

,

A thesis submitted to the

,

Faculty of Graduate Studies and Research

in partial fulfillment of the reqûirements

for the degree of

Master of Arts->

(

'\

Department of

Frenc~

Language and

Li

terature

\

McGill University, Montreal

June 1988' (

(§)

Maryse D~schamps, 1988

(2)

, «

Le livre des !pistres de Ovide )

,

(3)

.,-C

_

..

c

Cette étude porte sur Octovien de Saint-Gelais

(14u8-1502) et s'en· tient presque exclusl.vement à la restitution

d' une traduction du poète, Le livre des Epistres de Ovide

( 1499-15(2) . Nous édl. tons un texte-manuscrit selon la

méthode phi lologique employée par Joseph Bédier en matière

d' édi tion crl. tique de textes anciens. Celui -ci doit être collationné à un texte-incunable (1525), en quelques huit mille cinq cent-hul.t vers décasyllabiques, tous traités en alternance des rl.mes. Il semble d'ailleurs qu'elle «fut ml.se à la mod~ par Octovien de Sal.nt-Gelal.s» en poé~l.e

française, à l'aube du siècle des Ronsard et des Du Bellay.

Pour faire connaissance avec le moyen-français, savoir ce qui obligeait en quelque sorte le poète de Cour qu'est le Grand Rhetoriqueur a

",

, son mécène souvent a , quelque personnalité rO:fale il ne s'agit pas de s'intéresser aux dl.fférentes tournures que prend la «tqlnslation' du

"

latin en françois}), par moment, pas plus ue d'être en mesure de commenter quoi que ce soit. es non. Les se ... limiter reproduire, le texte traduction latinismes «médiévalisants», pages qui sui vent ne peuvent

le plus fidèlement possible, en vers français enrichis de et où i l est question d' un

Il ,

sujet de tradition littéraire typiquement ovidienne:

façon soutenue

à

une

l'amour. Le démonstration

tout se compare de de Grande Rhétorique par excellence, sel~n laquelle les notion$ de form, et de contenu convergent en une uni t·é indisso~':lble. \

-

"',

/:~

~

(4)

o

Octovien de Saint-Gelais:

..

«Le livre des Epistres de Ovide'

.

.

.

This thesis concerns Octovien' de Saint-Gelais (1468-1502) and more particu1arly 0 the restitution of his translation of the poet Ovid from Le jlivre des Epistres de Ovide (1499-1502). In" accordance W'ith Joseph Bédier's method of publishing a text, we shall consider on the one

;-o 1

hand, a hand wr i t ten text and text (15m and, furthermore,

compare thi s to, a pr i n ted sorne eight thousand five hundred and "€ight verses

decasyllabicâÎy ' by al teroate This style has been made

aIl of which are L arranged

feminine and masculine rhymes. fashionable by Octavien de Saint-Gelais in French poetry, at the dawn of Ronsard and Du Bellay century.

In order ta better understand "middlè-french" or wha t the Court poet had to deal with as 1 l~kely, the polished

>,.

speaker for his patron often sorne member of roya l ty r

- the point i5 not to concentra te on the d1fferent twists which the translation from Latin ta French undertakes, nor ta be able to make whatever comments thereon: The

f0110wing pages are limited to the best possible reproduction of a text of a translation in French verses, the topic of which is a typical ovidian 1iterary subject: love. The whole of which is compared in

an examp1e of "Grande Rhetorique", the content merge as a single entity •

unflagging manner ta by which the form and

(5)

c

(

,

)

1

TABLE DES MATlbES

,

Il

\ '"1 _ Introduction . . . _ . . . ~ . . . r 1. Notes biographiques... 1

1 1. L' au t e ure t 1 '--11 i st 0 ire l i t f é rai r e . • . • • • • • III

III. La production de Saint-Gelais et la place des Epistres de Ovide ••••••••••••.•.••••• ., VI

IV. Caractéristiques de la traduction... IX

V. Principes d'édition et toilette du texte. XVJ

Le livre des Epistres de Ovide.(.~ •.••••.•••••

pro logue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

1.

II.

- cumul

~ III.

PENELOPE A ULIXÉS .•••••..••

liM.

ye.r~l • Q2JiQ • 4

PHILIS A DEMOPHON .• ~ •••.•••

f2a6.

ye.r~l • Q5Ji~. 15

BRISEIS A ACHILÉS ..••••. _ •• (3c.4. ye.nl • Q92Q. 27

PHEDRA A YPOLITE •••.••••••• [g!i2. y~r~l .13]13. 42

ZENONE A PARIS. •••••.••••••• [g1,.4. y~r~l.

vn..

61

YSIPH1LE A JASON •••••••..•• f368.y~r~l.~lJiO. 78

D1DO A ENEE .••••••••••••.•• ~l4.ye.r~1.~5~4. 93

HERM YONNE A HORRESTBS ••.•••

12<\2.

y~r~l • ~8;3Q • 1~1

DEYANYRA A HE~ULÉS ••••...• ba4. y~r~l • J220 • 121

ADR YANE A THESE'1JS .••••••.•• 1308. y~rü • J52& .,137

CANACE A MACAIRE •••••••....

bl.P.

y~r~l • J8ft4 • 150

MEDEE A JASON •••••••••.••• • fSl.P. y~r~1.43JiQ. 163

LAODOMYE A PROTHESILAUS ••.•

r4Q8.

yenl • 47Ji13 • 184

HYPERMESTRA A LYNUS •••••.•• rz8ll .. y~r~1.50!iQ. 201

PARIS A 'HELAYNE., ••••••••••• ~8p. y~r~1.~6;3&. 213

HELAYNE A PARI S •••••••••••• ~9.6. y~r~l • Q2;3~ • 237

LEANDER AERO •••••••••••••• 1§3.2. y~r~l • Q7Ji,4 • 261

ERO A LEANDER •••••••••••••• IF.4. y~r~l .l2;313 • 283

ACONCIUS A CYDIPPE •••••••.• @3.o. y~r~1.l6'p& • 302

CYDIPPE A ACONCIUS ••••••••. 1308. y~rü • ,9]& • 320

SAPHO A PHAON •••••••••••••• ~3..2. y~r~l • 85.oa • 333

. ~IV. V. VI. VII. VIII. IX.

X.

XI. XII. XIII. ,XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. XXI. " Glossaire . . . 355

Index des noms propres •••••••••••••••••••••••• 360

Bibliographie . . . _,_ . . . 369

,

.

,

(6)

..

,

).

,

:

,

o

.

INTRODUCTION

"

(7)

c

-• 1. Notes Juriste de formation

biogra2hiqu~~

parisienne, Octovien (Octavien) çle Saint-Gelais est originaire de Cognac,. Élevé au sein d' une famille noble protégée par le roi Louis XI, i l est

, introduit dans le milieu curial très jeune par le truchement d'un frère ainé[l]. Si son talent de poète de Cour lui assure la réalisation d'une oeuvre poétique considérable, en même temps que sa qUnlité de juriste, Octovien n'en est pas moin~ appelé

à

obtenir un bénéfice ecclésiastique

à

Angoulême en 1495.

tcrire pour des nobles, poèmes de circonstances ainsi

<

sinon pour le roi,

/

-\

r \

plusieurs

\

'

que se faire le traducteur

1

des Hérofdes, de l' tnéide, du traité de Symonetta sur les persécutions des chrétiens, des comédies de Térence et

r

de l'Historia Euryali et Lucretiae d'Eneas Picco1omini, voilà ce qui atteste encore aujourd'hui son art et sa renommée l' La traduction des Epistres de Ovide (Hérofdes)

consiste, pour sa part, en une véritable institution de , la .pratique d'alternance de! rimes en poésie française .

..

[1] Guy (Henri). Histoire de la poésie française

au XVIe siècle., Tome 1: «L'École des grands Rh~tori­ queurs» [consulter rubrique "Octovien de Saint-Gelais" en particulier] , Librairie Champion, Paris, 1910,

r~im~ession de 1968.

135-157.

C'est à l'ouvrage d'Henri Guy que nous devons l'apport biographique sur Saint-Gelais.

(8)

1

,

(

o

/ II •

Il s'agit pour le poète-traducteur de" tenter non seulement

d'égaler la valeur littéraire du texte

.

ma~riciel, maiS'

davantage, pour nous, de se rattache:t;:-, à la grande famille

.des rhétoriqueurs qui " selon l'expression de Paul Zumthor,

"( ... )apparaissent, collectivement, comme' obsédés par la

'" If

recherche d'un mode d'écrjre qui permett~ de repersonnaliser

o le rapport de ~'écrivant

à

l'écritureH[ll . . Ainsi donc

la célébration de l'amour comme thème littéraire et

.

comme sujet de densité po-étique et rhétorique - n'échappe

4

ni au grand rhétoriqueur, ni au clerc cultivant la poésie

~

,. ~.

erotlque: elle se veut une des. 4ernière~ réalisations

de Saint-Gelais, avant de mourir prématurément en 1502

à

l'âge de trente-quat~e ans .

(1)

"

"

Zumthor) (Paul).' - Le

masqud et la lumière.

La

poétirué

des Grand Rhétoriqueurs.,

Coll.

Poétique, Paris, Seu

1,

1978"p.54."

\

(9)

(

c

,.~ .. .;.

,1

..

Le texte des Epistres de Ovide est inédit. Une édition

«moderne» permettra non seulement l'accès au texte médiéval, mais également une connaissance plus approfondie de la création poétique du temps des Grands Rhétoriqueurs. Il

.;

faut se rappeler qu'un double aspect . cri tique sanctionne l'étude des Grands Rhétoriqueurs. D'un côté, si nous nous , en tenons

à

ce qui a été formulé par Henri Guy[ 1], nous serions presque enclins, comme lui, à condamner en bloc toute la productlon littéraire issue de la «Grande Rhétor ique». r Guy reproche

à

ce Ile-ci, en ef f et, son

caractèfe contraignant et dl obscure portée. S'il n'hésite pas

à

souligner .le grand mérite de- Saint-Gelais

de ses contemporains

,~il

ne fait aucun doute

aux yeux qu'il lui reproche par ailleurs la recherche formelle parfois très poussée de sa poési.e et qui, souvent, ne s'opère qu t au . profi t dl une· rhétorique sans émotion. De plus, nous pensons qu' il

convi~ndrai

t plutôt de proposer un retour au texte __ médiéval en tant que tel que de st attacher au personnage et aux détails biographiques concernant Saint-Gelais, car

(10)

,

o

celui-ci semble répondre pleinement, quant

à

nous,

à

cette conscience pratique du ~raitement poétique de l·écritur~.

J

Paul Zumthor a en effet contribué ces dernières années

, \ '\

.-A cette ré-évaluation critique de 1~ po'sie dite des Gr~nds Rhétoriqueurs, en insistant d'abord) et avant tout sur les origines de leur appellation: Il Ainsi du collecti f

à

quoi

semble référer ce «rhétoriqueur», abusivement extrait par

,

d'Héricault, en 1861, d'une tirade moqueuse de Coquillart en appelant, dans la satire des Droits nouveaux )( v

..

1481) .,

~ aux «sophistiqueurs)~, «topiqueurs», «décliquéurs» et autres classes fantasmagoriques, dont les «rhétoriqueurs», tous cauteleux

Îtbavardage)

brasseurs de et rhétorique,

sophisme, topique, déclique c' est-A-dire, semble-t- il, les_~

gens' de just,ice; ( ... ) l'on ne saurait ( ... ) t,eni r p,?ur la désignation d'un objet déterminable, encore ffi,oins pour " une autodésignation ( .... 1 le prétendu' «nom que se donnèrent un certain nombre de poètes . . .

»

(Robert, après d'autresl:"[l] j

Nous tenons donc A attirer l'attention sur le fai t· que, d'une part, notre édition s'ajout~ra à deux autres éditions critiquès assez récentes du poète[2] et que, d'autre

[1] Zumthor, (Paul), 1978. Op.Cit. p. 9.

~ 2] Winn (Mary Beth). - tdition critique du poème La Chasse

d'Amours, (1984) .

James (Joseph A.). tdition

critiqu~

du texta

Le Sejour d'Honneur, (1977). L'édition est malencon-treusement très fautive~ (Cf. "Moyen-Français" 3, 1980, pp~ 168-170).

(11)

c

part, cette

"

contribution pourra aider la rééval"9ation critique de l'écriture poétique de l'école des

G~ands

Rhdto-riqueurs. Vu l'essor actuel des études sur la langue des XIVe et XVe siècles, le texte des Epistres de OVide ajoutera

,

à

une meilleure connaissance du «moyen français».

c

f

)

c

-..

(12)

o

/ VI

III. La production de Saint-Gelais et la place

des

Epi~reS~de

Ovide

Cerner la poésie à l'intérieur 1

de sa fabrication ~

techl1Jque, et donc, en général, de la connaissance et du maniement des ressour~esJexpressives d'une langue française

• q ~

essor t en plei e évolution par rapport au latin:

en plein

tel semble être, à première vue, le dessein de toute lecture attentive de la production littéraire des Grands

Rhétori-~

1-queurs. de façon

Chez Octovien de Saint-Gelai s, cela se traduit caractéristlque, par l'accès a , une tout aussi

poésie dont "le fonctionnement inter'ne et les richesses

significatrlces~[l] méritent d'itre considérés, parallèlement

.;

à l'idée que celle-Cl ne semble pas devoIr r-ester «figée» dans son cadre formel, c'est-à-dire dénuée d'émotion sensible.

Deux oeuvres poétiques majeures, ainsi que quelques traductions - ou même «adaptations» 1 devrions-nous préciser

- comptent parmi la production de Saint-Gelais. Il s'agit des textes Le Sejour d'Honneur,

.

et La Chasse d'Amours . À cela ;iennent s'ajouter une série de rondeaux, de ballades,

[1] Zurnthor (Paul). - 1978. Op. Cit., p. 20 .

..

(13)

c

(

( .

c

~

d'épîtres, des débats et ouvrages de diverses inspirations,

"

/ .

trai tés

à

partir du jeu de la cour. Il s' agi t donc, en effet,' 1'une oeuvre élaborée, du moins si nous replaçons , en contexte sa conception et son é\aboration, vu la double

v

occupation (juridique et littéraire; puis ecclésiastique et littéraire) du poète.

,

Posons que la traduction des Epistres de 'Ovide (1502) est une écriture sur commande, ou plus

traduction 'devant

~-produire

en quelque

exactement une

.-sorte un Ovide en langue française. Il est donc probable que tous les

o

clichés de modestie employés dans le prologue ne consistent

.

qu'en une pure' formalité dûment respectée. pas que les "carrières [sont]

~

Patrons et protecteurs ont parfois ~l'humeur

N'oublions , rt _ tourmentee,~~ , _ ~ -; -versatile : un caprice vous condamne

à

la famine; ils. passent, comme toute chose, et leur mort ruine son homme du soir au matin.u[l] Saint-G~lais semble avoir été relativement

bien traité en ce sens.

Certes, sa traduction 1 tel que nous l ' édi tons ici 1

doit fair~ appel à l'idée de «fabrièationY, et de «~oncen"

tration» sur la forme. En un sens,-il n'Èm tient qu'à

l1l

"Zurnthor (Paul). 1978. 'o~'" Cit., p. 47.

,

(14)

...

o

o

nous, 1ecteuFs modernes, de pouvoit faire la part des choses, entre les exigences de rigueur formelle rencontrées, d'une part,' et ce que le texte rendu à partir du 'latin peut posséder d'original, d'autre part. 1 l n ' · appartierft pas

~

cependant au présent mémoire de pouvoir procéder à i'analyse spécifique de l'aspect rhétorique du poème, pas plùs d'ailleurs qu'il ne peut s'étendre sur certaines

considé-rat~ons d'ordre littéraire, tel l'intérêt des Epistres en rapport avec la naissance du genre épistolaire .

Une étude ultérieure devrait ainsi (-ouvrir

1 _

la voie , à des recherches f ructuelses . I l faudrait l'enrichir par

"-la .connaissance et l'analyse du corpus poétique de Saint-Gelf\s. Cela permettrait de mieux considérer - dans le , but de ré-évaluer l'écriture poétique issue de la production des Grands Rhétoriqueurs.

(15)

c

c

c

/ IX

IV. caractéristiques de la traduction

Peu avant Du Bellay et ses émules de la Pléiade, -'

dont i l est le porte":"'parole, un grand rhétoriqueur (et

'-- . l . . /

non moins un juriste) tèl Sa1nt-Ge a1S contribuait, en effet,

à

illustrer, cultiver et enrichir une langue française prête à s'assumer par rapport au , latin. Le texte des Epi!.tres de Ovide en est un exemple intéressant, en tant

"

que traduction

à

partir du latin.

Quel que S01t le point de vue que l'on pourrait adopter

,

pour tenter d'éclairer le contexte de cette traduction, on y retrouverait très certainement une forme d' originali té

'I!

au carrefour. Il est aisé de rencontrer dans le texte une telle manifestation. Celle-ci se doit d'être comparée cepenqant au texte matriciel, de façon

à

pouvoir restituer

à Ovide et

à

Saint-Gelais ce qui leur est propre. Ainsi:

A- L'incipit de la septième épître de Didon

à

~nêe :

r11

t ex e t 1 at1n. . • VII : 1-4 (p. 104) _ [11

"Accipe, Dardanide, moriturae carmen Elissae; quae 1egis a nobis ultima verba 1egi.

ua8

Henricu.

D~rri. hannoveranus ad

Berolini ' et

~ cette êdi tiotl au latin.

~.

(16)

B-o

" , ,

Sic ubi fata vocant, udis abiectus in herbis ad vada Maeandri concinit albus olor." -" ,

chez Saint-Gelais: VII: 1-6 (p.93)

"

"Comme le cygne quant mort luy est prochaine

Doulcement chante et a voix tres seraine, Pareillement je, Dido, peur' tout voir, Qui ne te puys par pryere esmouvoir Et qui plus n'ay en ta veuhe esperance, Ores te fai tz sçavoir ma doleance."

La description d' Hippolyte vu par P h è d r ? '

texte latin: IV: 71-74 (p. 76)

"Candida vvestis erat, praecincti flore capilli, flava verecundus tinxerat ora rubor;

quernque vocant aliae vultum rigidurnque trucemque, pro rigido Phaedra iudice fortis erat.

chez St-Ge)ais : IV: 183-190 (p. 49)

"Ce jour te vey, robbe de blanche soye, Cheveulx espar~ et couvers a montiPye

De doulces fleurs do~t l'odeur fut duysant,

1

x

(17)

, ,

g'

(

c

• C-l

Entremeslé d'une couleur vermeille

Avec blancheur qui n'a point de pareille; - R~gard rassis, maintien bien asseuré

Ayant le port d' homme délibéré; ( ... )"

La figure poétique insérée dans la réponse de Hélène

à

pâris quant au constat d'échec anticipé par e l l e :

~-e lafi'n XVIII: 141-142 (p. 223) ~

"Quid bibulum curvo proscindere li tus aratro spemque sequi coner, quam locus ipse negat?"

chez Saint~Gélais XVI: 331-316 ( p. 249)

'''Ce serait chose inutile et trop vaine, De labourer le gravier et l'arayne

Ou tous les jours eau se vient acueillir: On n'en sçaroit grant proffit recueillir, Car le lieu'mesmes trop peu fertil repune Qu'on en tyrast de la semence aucune!"

,

~

C-2

La

figure poétique illustrant la trajectoire du nageur amoureux qu'est Léandre, de conni vence avec les dauphins :

(18)

texte latin: XVIII: 131-134 (p.238)

J

Il Iam nostros curvi norunt delphines amores

ignotum nec me piscibus esse reor.

Iam patet attritus solitarum limes aquarum, non aliter multa quam via, pressa rota."

"l

chez Saint-Ge : '~VII: 343-350 ( .274) "Par tant e foiz j'ay la mer traversee Que les.. poissons cognoissent ma pensee, Et tant ay fait d'allees et de tours

Que les daulphins cognoissent mes amoursi

o

Tant ay nagé pour toy, ma plus aimee, Que la voye est dedans l'eau Imprimee Tout ainsi certes comme les chemins sont

\ Par ou souvent les grans cheriotz vont!"

C-3

La figure poétique de la rose à cueillir :

texte latin: IV :29-30 (p. 74)

"Est a1iquid plenis pomaria carpere ramis et tenui primam deligere ungue rosam."

(19)

,(

0-"Ceulx s'esjoyssent qui cueillent les premiers En leurs jardins les fruitz de leurs pommiers, Et moult est ayse, ainsi le presuppose,

Qui du rosier a la premiere rose!"

/ '

, L'emploi du refrain, dans

~ \ l'épître de Déjanire

à·

Hercule:

~texte latin: IX: 146/152/158/164 (pp. l36-ll7) "Impia quid dubitas Oeianira mari?"

...

~

chez Saint-Gelais IX: 335/336;349/350;355/356:375/376 ( pp . 134 -13 6 )

"Doyz tu donc craindre, 0 Deyanyra,

De t:a fortune comment il en yra?"

~

Il semble

à

peu près impossible de dissocier le phéno-mène. de la traduction des Epistres de Ovide à celui de sa «re-création». Après tout, le lecteur noble à qui le texte est dédié n'est pas tenu de connaître préalablement le texte la tin. L'auteur-traducteur bénéficie donc d'une certaine marge de manoeuvre, dans' la mesure où i l peut

(20)

o

o

o

""'

re-créer, sinon repersonnaliser le texte d'une langue

à '

une autre.

""

C'est du reste ce qui ressort de l'utilisation de certains procédés qui produisent, ni plus ni moins, par amplification du texte, un second texte. L'emprunt, au latin, caractérisé' par \ l'emploi de latinismes ou encore de calques stylistiques, s' avère être la solution naturelle au problème posé par la traduction. Mai s si l'adaptation au français doit être forgée par dérivation et composition

à partir de racines latines, i l ne faut pourtant pas oublier que la traduction. du-'atin vers le françal.s ne peut être, en effet, qu'une «approximation» du texte originel.

\

Il ne fait aucun doute que le poète procède

,

à

cette tentati ve de re-créer les Hérofdes. Sa tradu9tion pourrait donc être comparée à un des lustres les plus marquants de la langue française, en tant que re-production orl.g~nale.

Enfin i l n'est peut-être pas douteux que nous p~issions

retrouver certaines figures de style ainsi que certaines expressions poétiques propres à Saint-Gelais, et: non attribuées à Ovide. Ainsi dans l'ép.ytre XI l, i l s ' ag irai t de se demander jusqu'à q~l point les figures de style

(21)

c

".

ou les poétiques rendues par Saint-Gelais, telles "les maritins dangiers" (i.e. les dangers de la

"'1"

mer: Cf. p. 174, vers 294), "eussons payé la dixme" (Le. eussions payé la dîme, le prix: Cf. ~. 174, vers 300), ne consti turaient pas, en elles-mêmes, des traits d' origi-nalité de

l'auteur-traducte~r.

Dans le même ordre d'idées, nous pensons également à ce que peut suggérer la métaphore "chasser l'umbre de l'obsour vespertin" en français (parlant de l'étoile du matin: Cf. p. 272, XVII: 300).

Bien que ces exemples issus de la plume de Saint-Gelais l1e peuvent absolument pas restreindre la valeur du texte poétique originel, il n'en demeure pas moins qu'à force

.

de relire L~ livre des Epistres di Ovide, nous ser~ons sans doute appelés à découvrir ce que le texte dl un Ovide a pu exercer comme inf luence sur la poésie française, chez Saint-Gelais précisément.

D'autres ouvrages de traduction des textes latins chez Saint-Gelais l.'&iéide nous obligerait très certainement à mieux évaluer les réels progrès de notre connaissance du texte médiéval. Ainsi l'exercice de traduction, du temps des Grands Rhétoriqueurs, nous éclairerait-il davantage sur ce mystérieux «mécanisme de transmission du texte» par voie de traduction .

(22)

o

\

o

lr

v.

Principes d'édition et toilette du texte

~

..

( ' ~

Nous reproduisons le texte d'après la collation de deux témoins, séparés de vingt-cin~ ans environ. Le choix du ms' français 875 de la Bibliothèque Nationale de Paris comme texte de base s'impose par la qualité de sa rédaction • Il est a

..

souligner que l'apport d'un prologue ne figure que dans l'incunable de 1525. On peut d'ailleurs noter que l'orthographe de certains *mos.s s' est:l1nodif iée passable-ment entre les deux textes. Comme i l faut s'y attendre, plusieurs modif ications doivent être apportées à la seule f in de f acili ter la lecture. Nous complétons les abrévia-tions; nous corrigeons et mettons entre crochets

<>

les mots qui semblent incertains ou fautif s, signalant chacune des corrections au bas de la page, de \façon à pouvoir permettre au lecteur de s'en remettre à la version originale du manuscrit. Lorsque des mots ou des partl.es de phrases sont effac.és ou oubliés, nous les restituons

à

l'aide de l'incu.nable. Nous respectons autant que possible l'

ortho-g~raphe du texte de base, sans chercher

à

normaliser les variantes graphiques d'un même moti nous introduisons l'apos-trophe, la cédille et l'accent aigu relativement. au

é

tonique

(23)

c

c

f i n a l vers.

Nous con-servons les majuscules au début de chaque

Au plan méthodologique, notre édition se fonde essen-tiellement sur le manuscrit, en accord avec les conventions

génér~lement admises en philologie romane: passages de «i»

à

«j» et de «u» à «v», etc. Nous modernisons lég~rement

le texte en le dotant d'une ponctuation 4d'habitude actuelle. Comme il y a toujours une marge d'hésitation dans la resti-tution du

.

texte ancien, tous les cas d'interventj.on de

//"

l 'édi teur doivent être signalés au lecteur, là ou , des retouches semblent évidentes ou probables. C'est ce qui nous a amenés d'ailleurs a , respecter la graphie un peu particulière de certains mots, tels: 1) pour tant (pourtant); 2) a lors (alors); 3) si non (sinon); 4) pour quoy tpourquoi); 5) ce pendant (cependant); 6) ja soit (jaçoit); 7) plus tost (plutôt): 8~ or endroit (or en d~oit):

9)

aussi tost (aus si tôt); 10) pour ce (pource

y;

Il) maintes foiz ([ seul exemple

vour

maintesfois] maintes

passe temps (passe~mps); 13) voy la (voilà).

fois) ; 12)

Il est également important de souligner qu'à l ' inté-rieur du vers décasyllabique, la scansion exige, par moment,

(24)

o

D

l

certaines corrections. Nous complétons la scansion lors-qu'elle paraît l'exiger,

à

l'aide des mots figurant sur

~

11 incunable et qui, le plus souvent, se trouvent en parfait accord avec l'alternance des rimes.

Il convient dans l'ensemble,

également d'insister sur nous avons dû procéder a ,

le fait que,

une certaine uniformisation quant à la présentation du texte. À titre indicatif, le choix de la restitution du mot «Epistre»

\ l ,

o

plutôt que «Espitre» s'explique-t-il en ce sens, malgré l'4dée que cet emploi reten~ Si avère purement arbi traire .

.

. Dans tous les cas dl édi tion de texte ancien, nous croyons qu 1 il est recorrunandable d'informer le lecteur relativement

à

ce fait.

Enf in i l faut not_er qu'en basant cette édi tion sur la méthode de Joseph BédieJ;, notre reconstitution du texte ne prétend aucunement qu'il n'en existe pas d'autres, seule-ment devons-nous admettre que la réalité de ce texte a

sans doute pu

~tre mult~ple.[l]

(1] Guy (alnri). - 1910. Op. Cit. En effet, Guy a attiré notre attentio(l sur le fait que c1e texte, ayant connu un certain succès

à

l'époque, a eu plusieurs manuscrits.

(25)

(

c

..

Le prologue de ce present livre nomme les epistres de Ovide adressant au roy nostre sire.

l

1) Toute tres humble recommandation presupposee, voire telle comme ( par droi t appartient et est deue a souveraine majesté de si tres hault et tres illustre prince, plaise vous sçavoir, sire, que j' ay toute ma vie esté desireux

à'

executer et perf aire, 5) selon l'estudie d . i e n povoir, aucune chose., qui donnast plaisir a vostre oeil et recreation de cueur, refrigere, depense pour la descharge du fais de vostre sollicitude et des soigneux

-affaires, que par office royal gisent et reposent soubz vostre sceptre, ensuivant ma premlere intention a vous, non a ~ul tJ;e

10) vouee et desdie<e>, j ' ay esté semons poursuivre par instigation de bonne voullenté le premier labeur de ma plume.

..

Jaçoyt que ,trop <est> elle rude" rurable et agreste pour culti~r en si sumptueux et faconde territoire chose dont fruit louable se puisse rapporter, et que par peu sçavoir et beaucoup ignorer,

o

15) crainte et doubte ayent souventesfois voulu retirer les pas legiers du mien voluntaire desir a non emprendre chose de si hauîte poursuite, comme non digne de parvenir jusques a y employer l'usaige de vostre veue. Neantmoint, aprés ce divers <comoat etre> ma paour et bon voulloir, raison a faict l'accord

20) et mis fin a cest estrif, determinant et concluant que loyal service ne doibt estre epairgné~ ne vray subject estre reçeu, de desirer par tous moyens possibles, bons et honnestes, rendre Ion se~gneur a 1 uy propice" ains employer sens, temps et biens

25 )

• 0

a te monstrer serviteur, tel comme bon maistre le desire.

Et pour ce, je, trop heureux, me reputant d'estre comprins

12 ms:

19 ms:

en sic •

(26)

o

J

o

o

au nombre de voz serviteurs tres humble, v~ire quant a excusatlon de vertus et de <valeur> de tous le moindre, aprés avoir tournoy6 la petite lybrayrie de mon entendement et visité les anglet. de mon gazophille, un jour entre les aultrea, assez curieux

JÔ) et embesongné de sç~voir ne en quel endroit dresser mon oeuvre, je trouvay parmy le nombre des aultres vollumes les

1 epiatrea

SeroIdes par le tres eloquent ct renommé poete Ovide, jadis compilees en forme latine doulce et melifue. Et pour ce que la m.aniere et son art me semble telle, langue de detracteur 35) ne peult terir ou attaindre contre l'eseu de sa <valeur>.

J'entens quant a reprouver le merite de telle personne,

congn18-,...'

sant aussi que la l~nge de luy avoi t èsté perseveree en la bouche des hommes depuis l~s Olimpiades, lors -nombrez jusques aux modernes celendes. Cela, tout autre cause regrettee, me

40) ddnna hardiment et force de aguiser la pointe de ma plume a la pierre fine de son sçavoir, pour en ti,rer ce que pour raye , et pour manl.fester a vous, seigneur, en vulgaire stille, ce que langue tant de bien dl.re coustuml.ere daigna nous laisser par escript en tres ouernee et parfaicte eloquence. Et pour

45) ce, vous ay voulu ce present volume dlriger par translation faicte, selon que

..

pouvoir de tres humble subgeet se monte, lequel vous plaira doulcement et a gré recepvoir ainsi que l'intention mienne est et sera tous jours encline, preste et deliberee de me faire demourer soubz l'escabelle de voz piedz,

50) vostre tres obeissant serviteur.

27 ms: 35 ms:

Cy finist le prologu~ de ce present livre.

vale valoe

(27)

c

(

.

.

)

Î

Cy

commence la translation des epistres d'Ovide

\

que les darnes escrivoyent a leurs rnaryz et amans,>

et premierement celle de,Penelope a

Ulix~s

qui

se commence.

j

..

(28)

o

\

) ~ - PENELOPE a ULlxts

-•

(29)

le

l 5 10

(

15 ·r 20 25

c

1 - NELOPE a ULIXÉS -1

Puis que tu es du retour paresseux, O.Ulixés, de cuer trop angoesseux, Penelope ceste epistre te envoye

, Affin que tost tu te mettes en voye.

1

.,>

Ne m'escrips rien, mais pense de venir, Seule a toy suis: ayes en souvenlr;

Troye gist bas et remise en foi blesse

,

,

Tant haye des pucelles de Grece, Pas ne valoit ne Priam son grant roy Que tant de gens y tinssent leur arroy

Si longuement pour faire vivre en crainte

Les nobles grecques dont en est morte mainte.

o

pleust a Dieu que le tres'faulx Paris

Luy et ses gens feussent mors et periz Quant i l passa la mer par grant alayne Pour en tollir la gracieuse Helayne!

Car se ainsl feust, froide dedans mon l i t Ne feusse pas et seule sans delit

Et je qui suis d'espoir destituee Ne feusse ores de desplaisir tuee. " Ja ne fauldroit les jours soliciter Qui sont tardiz a mon vueil inciter, Ja ne feroye quenoille ne fussee

Mon passetemps qui vieulx comme abussee

-En ce labeur passer les longues nuyt~

)

(30)

o

Pour abreger mes langoureulx ennuytz. Las! que j1ay craint dommaige t'advenir' Par le rapport de ceulx que ay veu venir Et quantesfois je me suis informee

30 De ta santé en mon cuer tant fermee!

Saiches pour vray que amour est une chose

Ou toute p~ur et grant crainte est enclose.

Gisante au l i t mes doubtes me disoyent Que les Troyens a toy tuer visoyent

35 Et quant de Hector je oyoye le hault nom,

Palle gisoye, blen asscu~ee non,

.

Souvent pensoye qu'aussi le dict Hector

o

Avoit occis le beau filz de Nestor

Anthilocus dont du cuer et de l'ueil 40

• Larmes faisoye et miserable dueil,

Puis on disoit que Meneaculés Dict Patroclus es armes d'Achilés

Gisoit la mort dont tendrement plouroye En attendant quelz nouvelles j'auroye;

45 Lors me fu~~dlt que le roy Serpedon

~.

Avoit occis sans en avoir guerdon Thepolemus que tant, las! cherissoye Car icelluy d'enfance congnoissoye Et que son sang par mortelle licqueur

50 Avoit mouillé la lance du vaincqueur.

(31)

c

·55 i

\

60 65 70 75

c

#

\

Pour abreger,

toutes~ qUantesf~

C'omme disoit qu'aucuns de noz Gregeoys Avoyent esté occis dedans sa tante; Considere comme je, pouvre amante, Avoye cuer et le corps reffroidy: Plus que nul glaz verité je te dy!

Mais pour certain Dieu, juste et'debonnai~e,

A bien~pourveu a mon tres chaste affaire -Car la cité de Troye glst envers

Arse et bruslee par tourbillons divers Et mon espoux que tant cheris et ame Est eschappé de celle forte flame.

Ja de retour sont les Grecz et les ducz Qui aux tantes de noz dieux ont penduz Les grans escuz et despouilles troyennes Et desja font festes quotidie~s,

Esbatz plaisans, et partout feux nouveaulx, Sacrifiant aux dieux vaches et veaulx

En remembrance et louable memoire

De leur triumphe et si grande victoire. Ja commancent a faire oblacions,

Rendre graces, faire processions Jeunes dame( et femmes et pucelles , Et mesmement sur toutes aultres celles Qui voyent,vifz retourner leurs mariz

,

(32)

-o

Que tant elles ont regretez et cheriz. 0, le plaisi~r que maintenant reçoyvent Et la joye que ores elles conçoyvent Quant par eulx est compté et recité 80 Le cas piteu~ de Troye la grant cité

a:

le dangier que sans mort ou grevance Ont eschevé par proesse et vaillance! Dont les enfans, pucelles et gens vieu lx S'esbahyssent d'oyr compter faltz tieulx

85 Et blen souvent la femme qui escoute Au beau giron de son mary se boute En le baisant et pU1S, le festoyant,

o

Ainsi qu'elle est ce piteux falt oyant. Et maintenant quant sont assis a table 90 Leur recite le cas espoventable

Et si descript et par semblans et par ditz Toute Troye co~e elle fut jadis,

Les batallles, les champs et les pourprises Et les secretz de toutes leurs emprlses 95 Si que plusieurs en sont tous esbahys.

Par cy, dit i l , le flèuve Symoys

,

Faisoit son cours en la terre figee, Estoit de~za par ou fut assiegee

La grant maison qu'on nommoit Ylion

~

100 Qui d'or costa plus que d'ung milion:

(33)

c

105 110

c

115 120 125

c

~

Par cy faisait ces beaulx faitz Achilés Et de deçza se tenait U!lxés;

En ce droit lieu donna Hector la chasse A Achillés sur ses chevaulx de passe. Ainsi chas'cun a sa femme comptoi t, La verité, te~e comme elle estoit, Mais rnoy, lasse, de mary despourveue N1avoye qui mon oye ou ma veue

Reconfortast des oeuvres que tu feiz Fors seulement Thelemacus, ton filz, Que devers toy j'ay envoyé grant erre, Auquel Nestor tout le fait de la guerre Avoit compté, qu~ puis m'en advertit, Qui me donna de joye bien petit.

Cestuy me dist que Resus , roy de Trace, Et Dolona furent occis en place,

L'ung en dormant en sa tante de nuyt

.

Et l'autre fut par cautelle seduyt. Ce fut par toy certes, 0 Ulixés,

Acompaigné du seul Dyomedés,

Qui parfeistes ce malefice ensemble

Dont de paour mon cuer fremist et tremble.

o

oublieux et des tiens et de toy, Comme as tu les pavillons du roy Ozé prendre par cautelle nocturne

(34)

o

130 135

o

140 145 150

o

Et tant de gens en la nuyt taciturne Occire et mettre en ung est~t commun Quant tu n'estoyes acompaigné que d'ungl Las! je ne sçay quel advis te menoit -Et peu pour vray de moy te souvenoit

Quant tu mettoyes en tel peril ta vie Ayant tous jours de dominer envie!

Mes membres lors estoyent languissans, Foibles de peur, recreuz et non puissans Jusques a tant qu'on me dist qu'a grant joye Ga1gné avoyes les chevaulx et la proye

Du dit Resus, et qu'en faiz non secretz • On t'avo1t veu a cler en l'ost des Grecz

Acquerir bruyt, louange et renommee, Dont ma douleur fut ung peu consummee. Mais que me vault, si par voz grans effors Troye est destruycte et les Troyens tous mors, Si je remains seule comme souloye

Pour lors qu'estoit en pompe la grant Troye? Toutes autres ont ores le plaisir

De leu~s maryzi seule me fault gesir: Pour toutes est la grant Troye destruycte Fors pour moy seule qui meurs a la poursuite; Si cuyde moy que tu as entrepris

Aprés avoir gaigné le loz et pris!

(35)

(

155

160

(

165

170 175

c

.

La demourer loing de moy et de1ivre Et labourer la terre pour y vivre,

Ja s0l'\.t les bledz grans et creuz sans faillir ~

Ou Troye fut et tous prestz a cueillir Et si y est la terre forte et grasse

"

Du sang humain la respandu en grace Et maintesfoiz les laboureurs, lassez, Treuvent les os des pouvres trespassez, Et les herbes grandes et plantureuses Cachent les murs des maisons ruyneuses. Las! toy qui fus illec victorleux

Ores es loings, et ne sçay en quelz lieux Querir te puisse, ou en quel monde habites! Bien sont vers moy tes pêns~es petites; Bien a le cuer plus dur que aspre rochier Quant tu, de moy, ne daignes approchier!

~

Et si ne puis sçavoir raison ou canse Pourquoy tu faiz une si longue pause; Si par Fortune en ce lieu ou je suis Passe uneÎ1ef; je m'enquiers et poursuys Au eort de mer ou j'apparçoy le voile, Au nautonnier je demande nouvelle.

De ton absent, mai~ riens n'en puis sçavoir; Si prens papier et ancre pour tout voir, Lors je t'escrips et adresse ma lettre

(.

{

(36)

\

180 1'85

o

190 195 200

o

Baignee de pleurs, et puis la baille au maistre De celle nef, bien fort le requerant

Que s ' i l te voit en aucun lieu errant

••

Que de par moy, humblement te salue. Mais tout~ce m'est une pouvre value

#

Et quant j'ay veu que de toy le retour Est incertain, en maint lieu et des tour J'ay envoyé, cher amy, pour te querre, Mais pour cela n'ay sceu en quelle terrel Ores te tlens dont trop myeulx me vouldroit Quant Fortune ne me veult faire droit

Que encores feust la grande Troye entiere, Par ce moyen n'auroye au moins matiere De si grant soing, car je seroye seure

/

Qu'en ce droit lieu feroyes ta demeure Et ne craindroye a l'heure seulement Fors la bataille et ton encombrement,

Et mes douleurs, m~s regretz et mes plaintes, Seroyent lors acompaignez de maintes.

Or ne sçay, folle, que je doye craindre, Et si crains tant que ne me puis re~aindre

Si que pour vray soing et dueil sans rapp~aulx

M'ont amaisgrye, desseiché les peaulx, Tous les perilz que mer ou terre porte

.

(

.

Je les calcule, et puis je me transporte,

~

.

/11

<

(37)

c

Pensant en l'ung puis en l~autre dangier

Pour myeulx sçavoir qui te fut estrangier, Et quant j'ay bien ces choses pourpensees Doubte me mayne en plus folles pensees. 205 Considerant que tu soyes espris

D'amour nouvelle ou maintz hommes sont pris

}

Et bien peult_estre, ainsi le presuppose,

,

Qu'ores de moy, qui suis la tienne espouse, Te vays macquant a celle que tu tiens,

210 Que layde suis et que ne vaulx a riens Fors a filer et desmesler layne,

Trop mal acointe, desplaisante et villaine.

c

Si par toy suis en cest estat deceue, Aux dieux en soit, mais que de ta veue 215 Tu soyes franc quant bon te semblera

~

Car ja mon cuer aultre n'assemblera!

Mon pere veult, me contrainct et parforce Que mon lit vefve l'abandonne par force •

Et pour certain reprouche maintesfoiz 220 La demeure si longue que tu faiz,

"'

/

Mais non pourtant a son vueil, cry ou blasme, Tant ne fera qu'aultre fors toy seul ame! J'ay esté tienne et tienne je seray:

Aultre mary jamais n'espouseray!

(38)

o

Mes pryeres, ma voix doulce et pudicque

Souventesfoiz motz 1reux pere appaise<nt> Si que mes faiz en riens ne luy desplaisent. Las! moult souvent pour ce je remains

230 Seulle sans toy: vers moy viennent gens maints Pour me cuyder par leurs beaulx motz actraire

.

Pour acomplir leur desir voluntaire Et diffamer ta salle et ta maison,

Mais je leur dis que ce n'est pas raison 235 Et d~ tes biens font prodigue despence

Car nul n'y a qui face resistance. Pour tout secours je n'ay avecques moy

\

o

Fors Laertes, homme vieulx, plain d'esmoy, Et nostre filz, Thelemacus,'~s doubte.

)

J

-'

240 Si je crains beaucop qu'on le me robe ou oste Ainsi qu'Il va çza et la esbatant,

Si prye aux dieux que vivre puisse ~ant,

Que toy et moy selon cours de nature 'Puisse passer et mettre en sepulture

245 Tous noz deux corps quant mort nous aura pris, Car Laertes, qui est d'aage seurpris

Et affoibly par grant espace'd'ans

Ne peult chasser trestous les malveillans; Thelemacus, plain de noble couraige,

250 ' S'il plaist aux dieux viendra a plus grant aage.

o

(39)

(

255 F 260

(

265

(

"

pourquoy doncques es tu ores absent?

Qui deusses estre garde de ton enfant?

"

Quant est de moy, force n'ay ne audace

Pour deschasser tes ennemys de place; Pour ce doncques, cher amy, a coup viens: Tu es l'espoir et le salut des tiens!

Viens veoir ~n fil?, qui t'attent et te guette, Et sa mere'qui si fort te regrette!

Avance toy si tu as or envie

De jamais veoir plus Laertes en vie Car Atropos appreste sans sejour

Luy faire offre de sah der renier jour!

Cert~inement je, qui fuz gente et belle Quant tu partiz, et de poignant mamelle, Te ~embleray vieille et laide au retour: Toute chose fault qu'el face son tour!

f

Cy finist la premiere epistre de PENELOPE a ULIXÉS.

1

(40)

II - PHI LIS A DEMOPHON

-o

l

o

Demophon, ton hostesse Phi lis,

Dont a present l'escripture tu lis t

A toy se plaint de ta longue demeure Et dont tu as sans cause faulse heure

5 De ton retour oultre le temps promis,

Si qu'en grief deul mon triste cuer as mys. Dedans ung moys ta nef devoit reprendre Chemin vers moy et seure terre prendre

~

Par foy promise en mes prochains quartiers

10 Mais ja escheuz sont quatre moys entiers

-~t si ne voiz en mer ne nef ne voile

Qui tienne soit, et si n'en ay nouvelle;

o

Si tu comptois les jours et les saisons

Ainsi que nous tristes amans faisons

15 Tu cognolstroys a coup et sans sejour

.

Que nostre deul nous vient devant son jour.

,

Mon esperance a esté tarde et lente Et trop ay creu, je, chestive et dolente Ce que par trop ou croyre ou presumer

20 Blesee les cuers et les fait consumer.

Ainsi me nuyst oultre mon gré contraincte Amour a qui suis subgecte et abstraincte:

Souvente~fois pour toy, las! j'ay ment y

Et moult souvent j'ay cuydé et sent y

25 Que le doulx vent que les voiles envoye

(41)

c

30 35

c

40 (

45

50

c

Tournast ta nef a moy par droite voye, Mais les longs jours ne t'ont peu avancer

- ,

Dont moult deceue je suis en mon penser. Aux dieux vouhay Thesee et sa mesgnye

~

En presumant qu'il te feist compaignye Mais peult estre que sa nef ne les siens N'ont pas tenu le chemin que tu tiens: Souvent j'ay crains que pery tu ne feusses Dedans Ebron le fleuve et que ne peusses Tirer ta nef de ce perilleux pas

MalS pour certaln ce ne t'arreste pas! Souvent ay fait humble pryere\aux dieux Affin certes qu'il t'en adviensist myeulx Et maintesfolz ay dit en grant esmoy: S'il est en vie, i l viendra devers moy! Finablement Amour qui maint abuse

Faisoit de toy a mon laz cuer excuse Et me comptoit l'ennuy, l'empeschement, Que peult avoir tout bon loyal amant. Ainsi moy mesmes excusoye ton absence

Comme si j'eusse certaine cognoissance

De la cause "de ton esloignement,

Mais j'apparçoy que mon cuer fault et ment Car sans cause tu quiers de moy esloigne Comme ta fuyte' par paresse tesmoigne.

."

,

\

\

(42)

55 60

o

65 70 75

Ja ne te pennes de retour esmouvoir

Les grans sermens que ~e feiz pour tout voir Quant lors de ~oy tu feiz ta deppartie

Ne aussi l'amour que je t'avoye partie.

o

Demophon, tu as doresenavant

Tes promesses et voiles mises au vent:

. Tes voiles blasmes pour leur trop lo~gue absence

Et les promesses pour leur grant decepvance! Dy,moy qu'ay fait, 0 desloyal amant,

Si non que pas n'ay aymé saigement? Dont quelqlte mal que aye peu comme.ttre Si deust au moins lealle amour permettre Que toy et moy feussions ~ien alyez, Pour ung jamais et reconsiliez.

Bien sçay pour vray que grant vice ay commys Quant en mon euer si avant je te mys!

,

Mais neantmoins ce mal qu'ay voulu faire Veult et requiert avoir quelque salaire. Ou <sont> ores! desloyal, inhuma1n,

Les promesses que tu feiz en ma main?

~

'Ou sont les droitz? ou est foy promise, Les blaphemes que faisoyes par faintise De non jamais aultre femme esposer? Ce t'ay je veu aultresfoiz proposer, Voire jurer par la mer et ses undes,~

(43)

c

80 85

(

90 95 100

c

Par Nept~nus et ses ,oeuvres parfondes, Par Cupido et pqr Dame Venus

Qui maints amans ont en leurs laz tenuz, Et par Juno la tres noble deesse

Que me tiendroyes loyaulté et promesse. Si chascun doncques d'iceulx dieux offensez Te veult pugnir, certes tu n'as assez

Ne corps ne biens pour porter sans mort prendre Ce que verras des maulx sur toy espandre.

~ais fuz je bien a l'heure sans raison Quant lors tu vins premier a ma maison: Je, de ton mal craintive, trop soigneuse, Feiz abllier d'entente curieuse

Ta nef rompue et trop mal ordonnee, Par laquelle SU1S or habandonnee~

Et te baillay voilles et avirons Fuyant ma veuhe et tous les environs Dont ores ay doleur et playe extreme

Par le grief dart que j'ay forgé moy mesme. Las! trop j'ay creu en tes doulces parolles Dont tu es plain, qui ne sont que frivolles! Trop ay donné d'asseurance et de foy

A ta noblesse dont deceue me voy:

Trop ay chery tes plaintes et tes lermes, Tes grans souspirs et tes doulcereux termes,

(44)

o

105 110 .. -115 ~-~ 120 125

Lesquelz sont plains de toute decevance Pour mettre cuers de dames en souffrance! Trop ay donné creance a tes sermens,

Foy a ton dire et a tes juremens!

Ainsi doncques sans avoir aultre gaige,

Tu m'as peu prendre et' mettre a ton serva ige: Pas ne te veulx reprocher toutcsfoiz

Les grans plaisirs que t'ay faiz autresfoiz: L'erbergement et ta nef reparee

Qui de secours estolt desemparee

'-M~is ce bien fait et l'euffre non petite Devoit estre pleige de mon merite.

Dont a bon droit me repens et me deulz De l'acointance et amour de nous deux Et dont jamais receuz ta compaignye Dedans mon lit dont ores suis honnye. Certaibement j'eusse voulu trop myeulx Que feust esté le bon plaisir des dieux M'occire lors~ la nuyt de devant ~elle

Qu'encore estoye chaste, entiere et pucelle, Que vivre aprés ton faulx atouchement

Car morte feusse au moins honnestementl J'ay myeulx cuydé qu'il ne m'est advenu Car bien pen soye que feusses ~etenu

(45)

c

130 135

c

140 145 150

c

Mais esperance est de moy tost partie. Certes ce n'est gloire chevaleureuse De decevoir jeune pucelle honteuse, Et si je t'ay aymé sans reffuser, Ma simplc5se blen me doit excuser.

Tu as vaincu: malS quoy! j'estoye femme Et surprise de l'amoureuse flamme!

Si prye aux dieux que tant ilz veulent faire Que cecy SOlt de ton loz le sommaire

Et qu'au mylieu d'Athenes la clté Soit ton barat et fraulde reclté

Et qu'en ce lieu l'on pose ung hault ymaige Semblable a toy et de pareil visaige

,

Et qu'au plus pres soit mise en pourtraicture De Thezeus, ton pere, la figure,

Qui tant fut preux et noble conquerant, Proesse et loz en tous lieux acqueranti

~ Et soubz ses piedz soit sa louenge escripte,

Ses faitz narrez et sa vie descripte Si que chascun ses vertus prisera

,

Et ton vice cruel de~prisera!

Quant on lira soubz la semblance painte Ceste epitaphe ou seras mys. sans fainte: Cy est celluy tres faulx et decevant Qui abusa jadis en son vivant

(46)

155 160

165 170 175

Par sa cautelle une lealle amante,

Trop prompte a croire, en amour vehemente, Lequel aussi c'est de meurs forligné

Et de vertu paternelle esloigné.

o

Demophon, des beaulx faitz que feit oncques Ton feu pere, n'as retenu quelconques

Fors decevoir les dames par tes ditz Si comme il feit Adlyane jadiz.

Ainsi tu es de fraulde et de finesse Son heritler non mye de noblesse,

Mais pour certain plus que moy est heureuse Celle Adriane dont ne SUlS enVleuse

Car posé ores que Theseu~ la ravit, Ce neôntmolns maintenant elle vit Joyeusement et acheve son aaige En seureté~e leal mariaige

Et a chevaulx~ cheriotz et destriers Ou elle prent tous ses plaisirs entiers; Et je, par toy or ay perdu la grace

Des plus nobles et renommez de Trace Si que tous ceulx dont tant aymee fuz Devant ta veue font or de moy reffuz Et reprennent ma legiere inconstance Dont je les mys du tout en nonchalance Pour si a coup choisir et herberger

(47)

180 185

(

190

..

195 200

La trouvera pemophon son amant

Qui d'elle aura tout le gouvernement. Maint en y a qui aussi dlt et compte: Ores voyez que la fln fait le compte! Certes Philis trop a ung se tenoit, C'est a bon droit si pis luy advenoit! Ainsi chascun la fin de moy regarde Mais si ta nef trop paresseuse et tarde Faisoit ores vers moy son appareil,

Chascun dirait qu'ay usé de conseil Et que ne feiz sans advis mon emprise Quant si a coup je fuz de toy esprise. Mais je n'ay pas si sagement pensé Car du retour, tu ne t'es avancé! Ja ne sera ta blanche chalr baignee

De l'eaue ou suis car tu m'as esloignee. Incessament je voy devant mes yeulx

Ton ymaige fuytive de ses lieux

Et si ramenle sans cesse en mon couraige

L'ad~eu piteux que ~u feiz au rivaige; Mais dy moy, las! comment ozas tu lors Tant m'embracer et estraindre le corps,

(48)

205 210/

o

215 220 225

o

Si

fort baisier par ta fainte maniere Faisant de pleurs une droite riviere, Grosses larmes assembler et mesler

Avec les myennes quant te convint aller? Et si pryoye aux dieux qu'ilz te donassent Vent agreable et tost te ramen)ssent,

En me disant a ta derriere voix:

Certes Philis, a grant regret m'en vais, Mais \ttens moy car par la foy juree Tost revlendray sans longue demeuree.

Mais attendray je celluy qui pour tout voir S'en est allé sans jamals me reVOlr,

De qui les nefz et les voiles tendues Sont aultre part qu'en ce lieu attendues? Si attendray je, tourne donc ceste part,

~

Jaçoyt pour tant que ce sera a tard,

o

miserable, et que vaiz je requerre

Quant tu ~s prins peult estre en autre terre

~onde femme et nouvelles amours

Qui te feront sourd pour oyr mes clamours? Ainsi suis hors de ta pensee toute

Et de Philis plus ne te chault sans doubte! Plus n'as de rnoy souvenance ne soing,

Si je suis pres de toy ou se je suis loing! Mais si tu fais de rnoy demande

a~,

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c

230 235

(

240 245 250

c

Je suis Philis qui a ta def~ortune

Fuz aydant et a ton grant dangier

Jaçoyt pour tant que tu feus ses estrangier Et te donnay asseurance et passaige,

Voire logeis dont je ne fuz pas saige, Et tant te feiz de mon amour acolnte Que tu obtins de mes richesse<s> mainte. Je te livray tresors en habandon

Et t'eusse fait encore ung plus grant don Car du royaume dont je suis heritiere T'eusse fait part et porcion entierej Toy qui as eu sans l'avolr merité Le cher joyau de ma virginité! En la nuyt dolente par main mise, Tu dechiras ma pudicque chemise:

Bien furent lors en ce piteux presaige . Les dieux d'enfer au fait de cest ouvraige Et bien chanta l'oyseau triste et meschant En celle nuyt son tres doloreux chant! Mais posé ors <que> fortune est adverse, Incessament je chemine et traverse

Par boys, par plains, par desers, par rochiers, Si je pourray tes avirons tant chers

Apparcevoir nageant sur la marine Mais je n'y voy apparence ne signe,

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o

255 260

o

..

265 270 275

o

Et jour et nuyt je regarde souvent

Droit sur la mer de quel part vient le vent Et quant je voy aucunes nefz ou voiles

Je pense avoir tous jours de toy nouvelles, Lors prens mon cours au rivaige de mer Pour recueillir ce que ne deus se amer Et ja ne crains en l'eaue faire entree Si que souvent je tumbe et suis oultree De desplaisir; lors mes femmes y acourent

\

Qui doulcement leur maistresse secourent. Ung lieu y a secret et hault assis,

Droit sur la mer ou de sens non rass~s

Par maintesfoiz 'voulant fuyr le monde, Me suis voulu gecter en l'eaue parfonde. En brief, voyant tant faulce cruauté, J'acompliray ma dure voulenté;

Au moins alors les undes porteront

Mon corps vers toy et certain te feront De ma piteuse et doulente aventure

Quant me verras ainsi sans sepulture! Lors tu diras, ayant le cuer d'aymant Voyre et plus dur que n'est nul ferrement: Certes Philis tu ne fuz oncques digne

De parvenir jusqu'a mon sens <ruyne>. Souvent ay eu grant soif et propos tel

(51)

c

280 285

(

290 295 ;; ....

De m'occire par ung venin mortel

..

Ou bien percer d'ung glayve ma poictraine . Affin que mort te fist de moy estraine .

Souvent je vueil et le desire assez Que mes membres que tu as embrassez Soyent au vent a la commune veue Aung hault arbre ou je soye pendue. Mais a la fin j'ay pense , et conclus Que je useray de mes jours le surplus Tout a part moy pour amender ma vie Et tost aprés, comme triste et ravie, Je choisiray l'espee de ma m~

Dont le dangier en riens ne me remord: Et si feray cest' epitaphe mectre

Sur mon sepulcre pour myeulx faire apparoistre Ta cruaulté et faulce trahison:

Cy gist Philis, laquelle Demophon A fait mourir en piteuse

çestresse,--Q

Trop le cherist comme soigneuse hostesse Dont de ce crime et mal qu'elle porta

Bailla l'oeuvre et elle excecuta. '

Cy finist la II epistre de PHILIS a DEMOPUON.

l

(52)

III - BRISEIS a ACHILtS

-1 Ceste lettre que maintenant tu lis

S'adresse a toy de par moy, Briseis, Laquelle j'ay a peine en grec tissue

Pour ce que suis d'estrange langue yssue.

5 Tu trouveras l'escripture en maintz lieux

/

. /

Effacee, mais ce ont fait mes yeulx Qui mon papier ont arrousé de lermes. Dont te seront incogneuz plusieurs termes Mais toutesfois les taches qui seront,

10 Mon aspre deul au moins t'exprimeront

Autant ou plus que la seule escripture Et te feront de mon vueil ouverture.

o

Si j'ouze doncques de toy, le myen seigneur,

Me complaindre pour ta grande rigueur,

15 Raison permect qu~ deul et plain te face

\

\

Pour convertir a mes regretz la face.

~f

1

Ce ne fut pas pourtant ta coulpe, non,

)

Quant fuz livree au roy Agamenon

Et toutesfois par ta faulte ou paresse,

20 Menee fuz aux p3v1l1ons de Greee. 1

Euribates et Talthibius lors, D'Agamenon serviteurs et confors,

Furen~ tremis pour me mener et rendre

En l'ost des Greez sans avoir loy d'atendre.

25

A ces deux doncques ainsi baillee fuz

(53)

(

c

30

Dont j'euz ~e cuer tris~, mat et confuz,

~, .--Y'

" >

Et quant au l~ing nous fusmes en la voye Chascun .... d

'iceul~ense

pourquoy avoye

• Esté livree

st tt·es legierement,

Et

l'un~ l'autre\~~r

esbahissement

souv~~

sf'ois a

p~rt

se regardoy-ént

Et puis entr'eulx moult souveot enqueroyent Qui povoit estre celluy que amoye tant

Car trop estoit mon las euer fegrettant. 35 0 Achillés, ~ fust ta negllgenee

'J Tu eusse peu ditferer mon absence

Et pour certaln quelque retardement Eust amoindry mon deul ,

.

entlerp.m~nt.

Ha malheureuse! j'en auray le reprouche 40 Qu'au dire adieu je baisasse ta bouche!

Assez gectay de lermes a foison,

Et dessiray mes cheveulx sans raison! Souventesfols depuis, comme troublee, J'ay essayé m'en retourner d'emblee

4S

Et les gardes tromper et decevoir,

Mais trop y eut d'ennemys pour tout voir,

/

""

Si que mçult fort leur rencontre eraignoye ,

Si devers toy de nuyt je m'en alloye.

, .t . ,

Mais que me vault lè deul que je poursuys • 50 Quant en leurs mairls ores livree suys?

1

\

(54)

55 60 65 1 70 75

9

r-Ores me tienn$nt, ainsi devoit i l estre, Combien que, se-tu le veulx recognoistre, Je passe en deul mes langoureulx ennuyz Et de toy suis separee tant de nuytz, Mais toutesfois tu ne te meitz en peine De me ravoir, de ce suis bien certaine. Trop cesse a coup t'amour et ton talent: A toy venger tu es oyseux et lent!

Si Petrocius, dont j'euz triste livrce, Me disoit lors quant je fuz delivree< Souventesfois a l'oreille tout bas:

o

Brise1s, pourquoy ploure ou combas, Ja ne seras ou tu vas longtemps close,

Mais le tres faulx pensoit bten aultre chose.

o

Achilés, que diz tu ne que fais?

Batailles tu, ou faiz tu nulz beaulx faiz A celle fin que je soye rendue?

,

Si ma pryere est de toy entendue, Va mainte~ant) acquiers prochainement

Bruyt, lo~ et pris de convoiteux amant, Mais garde toy de telle chose emprendre Pour nulle rie~ qui te donne a entendre. Vers toy venuz sont Ajax et Phenix

.

Et Ulixés, de grans joyaulx garpyz Qu'Agamenon par eulx te presentoit

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