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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les bandes dessinées : entre l'expression artistique et les représentations des élèves

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Academic year: 2021

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LES BANDES DESSINÉES : ENTRE L'EXPRESSION

ARTISTIQUE ET LES REPRÉSENTATIONS DES ÉLÈVES

José MARTiN, Rafael PORLAN Universidad de Sevilla

MOTS-CLÉS: BANDE DESSINÉE - EXPRESSION - REPRÉSENTATION - ALIMENTS

RÉSUMÉ: L'élaboration de petites histoires (bandes dessinées) peut être presentées comme une activité des élèves qui pennet de développer

r

expression artistique et de recueillir des infonnations sur leurs idées, leurs conceptions des phénomènes et des situations sujets d 'étudeàl'école.

Nous présentons dans cette étude quelques-unes des conclusions élaborées àpartir de leur utilisation dans une expérience où on a demandé aux élèves de représenter. à travers des petites histoires, leurs idées sur les procédés de l'éelaboration d'un aliment: le pain.

SUMMARY:

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1. INTRODUCTION: images et mots

Nous partageons tous probablement l'idée qu'enseigner et apprendre sont des processus en relation directe avec le monde des expériences et des signifiés personnels des élèves, mais il est possible que nous partagions l'idée que l'école est une institution qui produit souvent l'effet contraire, c'est-à-dire qu'elle enseigne à masquer, cacher et même à oublier certains signifiés. Ce processus de camouflage est le résultat de "l'autoritarisme épistémologique" qui est présent dans d'innombrables moments de la vie scolaire et qui se manifeste fondamentalement à travers deux principes de caractère fonctionnel, à savoir :

a) les~que l'on met en valeur à l'école sont ceux que possèdent les adultes (professeurs, manuel scolaire, moyens de communication, etc.)

b) les signifiés s'expriment formellement à travers le langage verbal et écrit detypeacadémique (prise de notes, classes magistrales, examens, manuels scolaires, etc.)

Cela est sivraique le processus de scolarisation des élèves se transforme, en grande partie, en un processus de "hiérarchisation" où les signifiés personnels (en partie significats produits de l'expérience ou évolutifs, et en partie simplificateurs et "pro-totypiques") occupent une place secondaire, et où les signifiés traditionnels (insignificants, formels et véritables) occupent une place d'ordre supérieur. Ce qui pourrait et devrait être un processus complexe et posé d'élargissement et de construction progressive du monde des signifiés personnels des élèves et de leurs formes d'expression les plus spontanées (langages) de façon à ce que, sans perdre un brin de leurs capacités "narratives", imaginatives, "d'expression corporelle" ou "picturales", ils en incorporent d'autres comme"lire","écrire", "comparer", "conceptualiser", "analyser", etc., et d'autres encore qui seraient la résultante de l'utilisation créative et simultanée des deux premières, comme par exemple "imaginer des modèles", "écrire des récits", dessiner des concepts", etc. Ce qui, comme nous l'avons dit, devrait être un processus de construction progressive, se transforme beaucoup trop souvent en un simple abandon des façons les plus primitives de penser et de communiquer, lesquelles se trouvent remplacées, de manière mimetique et superficielle, par d'autres façons de penser plus caractéristiques des adultes quand ils agissent comme personnes "qui savent" et "qui enseignent". Dit en termes plus courts et plus simples, l'image est avant la parole, et cette dernière surgit de la première pour la transcender. Mais, si les mots perdent leur sens le plus authentique, c'est-à-dire, s'ils annulent l'image profonde qu'ils portent en leur intérieur, n'étant plus que "formes vides" servant à l'échange académique, est-ce qu'ils ne sont pas non plus en train d'annuler les sujets qu'ils utilisent en pensant qu'avec eux ils démontrent une certaine connaissance?

2. LA BANDE DESSINÉE UNE RESSOURCE DIDACTIQUE COMPLEXE ET

INTÉGRATRICE

Dans notre travail comme chercheurs scolaires et comme enseignants, un des problèmes quotidiens qui attire notre attention est celui de savoir comme rendre plus facile l'expression, la communication et l'amélioration des "signifiés" des élèves, (et aussi de leurs professeurs), en cohérence avec ce que nous avons dit auparavant.

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qu'elle possède un ensemble de caractéristiques qui permettent une intégration enrichissante de l'image et du mot, de l'expression artistique et de l'expression conceptuelle, de la description temporelle et de la représentation spatiale. Concrètement, et faisant réference à ce que dit Aparici, quelques-unes de ces caractéristiques de base sont les suivantes:

a) Dans la BD., chaque dessin est accompagné d'un texte, de telle sorte "que les dessins sans texte ont un sens trés flou et le texte sans dessin ne signifie rien".

b) La B.D. implique une séquence d'images et de textes qui forment un récit ou une argumentation.

c) La B.D. ne reproduit pas une histoire complexe, ce qu'elle fait c'est sélectionner les moments les plus significatifs de l'histoire, tant dans leur dimension spatiale que dans leur dimension temporelle, en évitant la redondance et les temps morts. "C'est le lecteur qui reconstruit dans son imagination l'action dans sa totalité."

LaB.D., en conséquence, en tant que synthèse intégratrice et "complexe" d'images et de mots se référant aux mêmes signifiés, peut nous permettre d'établir des relations et des comparaisons entre la qualité des représentations - dans le sens où les représentations sont seulement indicatrices partielles et contextualisées du monde des signifiés personnels, "la réponse à un contexte de demande" comme l'indique Astolfi - et l'information que l'on utilise dans un processus éducatif.

3. COMMENTFAIRE DU PAIN?

Dans le cadre du Projet I.R.E.S. (voirLettre Cecsi,8) qui est caractérisé fondamentalement par le travail en équipes mixtes de chercheurs scolaires et d'enseignants, nous développons une ligne de recherche autour de tout ce qui concerne l'alimentation humaine. Dans le cas que nous allons décrire, nous avons décidé, conjointement avec l'équipe de professeurs d'un petite village de la province de Séville (Espagne), de proposer aux élèves (8-10 ans) l'élUde d'un aliment: le pain.

Lapremière activité qu'on leur a proposée a été d'élaborer une BD. où ils exprimeraient "tout ce qu'ils savaient à ce moment-là sur ce qui arrive avant que le pain ne soit fait". Pour leur faciliter la tâche, nous leur avons distribué des "feuilles guides" avec l'espace réservé au texte et au dessin.

L'information recueillie de cette façon, une fois analysée, nous l'avons rendue aux élèves pour qu'elle soit mise en contrast avec les autres réalisations des camarades et d'autres sources d'informations: textes, flims video, la propre réalité, etc. Avec tout cela, nous avons développé dans la classe un programme d'activités (debats, lectures, visites, ete) visantà recueillir des informations sur le processus d'élaboration du pain. Finalement nous avons demandé aux élèves de refaire la B.D., dans les mêmes conditions qu'au début, comme activité de récapitulation du processus d'enseignement suivi.

Pour continuer, nous analysons un cas qui nous paraît significatif de l'usage de la B.D. comme moyen d'expression des élèves et comme instrument valable pour que le professeur connaisse, analyse et améliore leurs niveaux de représentations artistiques et conceptuelles.

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4. ANALYSE D'UN CAS CONCRET

Pour le présenter nous avons sélectionné le cas d'une élève. 11 n'est pas possible reproduire ici toute la B.D. Nous avons seulement sélectionné les vignettes qui nous paraissent les plus significatives, et nous les avons organisées en relation avec les différents moments ou différents phases de production du pain, en analysant séparément les représentations du premier moment (avant la réalisation des activités) et celles du deuxième moment (une fois realisées toutes les activités de recueil d'informations).

4.1 La production du blé

a)Premier moment: Comme nous pouvons l'observer sur le dessin (fig. 1), elle utilise un

personnage pour exprimer ses idées. Elle montre un plan général où le personnage, dans un champ de blé, nous dit qu'il va le moissonner et le transporter dans un camion qui apparaît dans la partie supérieure de l'image.Lecadre est frontal, bien qu'elle mélange deux plans distincts de la réalité, sans arriver à produire une sensation de profondeur. Un exemple, le dessin de la route n'est pas bien fait. Cependant elle fait un bon usage de la bulle et en utilise deux superposées pour exprimer deux idées différentes. Soulignons, dans ce sens, l'intégration de l'image et du texte qui joue un rôle d'introduction et de présentation, tandis que l'image raconte l'action.

Au niveau conceptuel, on peut déduire qu'elle sait que le blé se sème et qu'à partir de cette plante on fait le pain, que l'endroit où on fait le pain est différent de celui où on récolte le blé. Elle a aussi une petite idée du blé, comme nous le montre le dessin. Mais comme elle n'en dessine que quatre pieds, on peut imaginer qu'elle le considère comme une plante, qui pousse spontanément dans la campagne et qu'il n'y a qu'à récolter.

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b) Deuxième moment (fig. 2) : Elle continueàutiliser un personnage. Cependant on peut observer comment elle a ajouté le moment des semences, qu'elle situe dans un espace temporel concret: l'automme. L'image paraît plus simple que l'antérieure quant en nombre des éléments qui apparaissent. Elle fait ressortir la figure du personnage qui apparaît à deux moments différents. Comme indicateurs de cette succession temporelle, on peut observer des détails commme la croissance de la plante ou la façon de s'habiller du personnage.Letransport vers l'usine n'apparaît pas à ce moment-là.

L'idée de semence apparaît, ainsi que celle de la croissance et du développement de la plante.Le fait que soit la même personne qui sème et qui récolte, et qu'on peut voir un champ de blé (pas seulement quelques pieds) paraît plus liéeàl'idée de système de production.

4.2 Le blé se transforme en farine

a)Premier moment: Apparaissent deux personages qui nous montrent les ingrédients nécessaires à la

fabrication du pain (fig. 3).Lecadre du plan est plus proche que le précédent, bien que l'angle de vision soit le même. Elle croit que les ingrédients nécessairesàla fabrication du pain sont le blé, l'eau et le lait. Ces ingrédients s'emmagasinent dans la fabrique à pain et c'est de cette fabrique (la boulangerie) que l'on emporte le blé vers le moulin, pour le rapporterànouveauàla boulangerie. b) Deuxième moment: Sur la B.D. apparaît à nouveau le premier personnage et on peut voir le premier plan d'un moulin avec le texte suivant: "Ici, sur le troisième dessin, ils sont en train de moudre le blé avec le moulin". Sur la suivante, la farine est transportée en camion.Le processus de transformation du blé en farine est plus clair. C'est un moment séparé du processus de fabrication du pain. Il est renforcé par le fait que sur le dessin suivant la farine est transportée en camionàla boulangerire.

4.3La fabrication du pain

4.3.1 Les ingrédients et la fabrication de la pâte

a)Premier moment:

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Alice et Anne préparent la pâte à pain. Les ingrédients qu'elles utilisent sont: de l'eau, de la farine et du lait. La pâte est préparée dans une marmite. Les deux personnages restent au second plan (voir les proportions de grandeur en comparaison avec la manrute), car ce qui est le plus important, c'est de raconter quels sont les ingrédients et où se fait la pâte. Elle utilise des encadrés pour faire ressortir quels sont les ingrédients. Observez comment elle utilise l'analogie avec la cuisine familiale pour expliquer comment on élabore n'importe quel aliment

à

partir de quelques ingrédients: si l'on mélange des choses de nature différente, il apparaît une autre substance. Une autre donnée curieuse est la confusion sur ce qui est necessaire pour faire du pain: du lait au lieu du sel et du levain.

b)Deuxième moment:Au premier plan (fig.5) apparaît un pétrin qui remplace la mannite, quelques

détails du pétrin montrent certaines techniques cinétiques propres à la bande dessinée pour donner la sensation de mouvement, et, dans ce cas le mouvement de la pâte. Sur la suivante (fig. 6), on peut voir le plan detaillé d'une machine à raffiner, qui est introduite dans un plan général où le personnage raconte ce qu'il est en train de faire: amincir la pâte obtenue avec le mélange des ingrédients. Dans le texte de soutien elle explique ce que fait cette nouvelle machine: "amincir la pâte".

Figure 5 Figure 6

À ce moment apparaissent les processus industriels, les machines. Déjà, les ingrédients nécessaires ne sont pas seulement la farine et l'eau, elle signale aussi le sel et le levain. Elle explicite ce qui se passe, sur l'image et dans le texte, quand on met ensemble plusieurs ingrédients: l'idée de mélange apparaît.

4.3.2 On donne forme àla pâte

a)Premier moment: Anne donne forme à la pâte. Les pains ont des formes et des grandeurs

différentes. Elle utilise à nouveau des bulles en superposé pour exprimer des idées différentes. Bien qu'ils n'apparaissent pas, le lecteur imagine les personnages absents de la scène. Le langage est familier et direct. Donner sa forme au pain continue d'être un processus artisanal.

b)Deuxième moment:Nouveau plan de détail d'une machine à couper et à peser. Il ya quelques

détails dans le dessin qui donnent une sensation de profondeur. On donne forme aux pains déjà coupés en morceaux. Bien que cette image ressemble à celle du premier moment, ily a quelques

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différences:iln'est pas arbitraire de donner une forme au pain, on utilise le critère de donner le même poids à tous les morceaux de pain et cela peut être fait grâce à une machine.

4.3.3 La fermentation de la pâte

a) Premier moment: Premier plan d'un rayon plein de pains de fonnes et de grandeurs différentes. Le texte explique que les pains reposent.

b) Deuxième moment: Image très ressemblanteàla précédente.Àla différence de cette dernière, le rayon présente une certaine perspective, ce qui peut indiquer une meilleure maîtrise de la représentation de l'espace. Elle ajoute le temps de repos dont doit disposer la pâte avant d'être introduite dans le four. Cependant, dans aucun des cas, elle ne fait référence au processus de cuisson et de fermentation, et elle n'utilise le mot "griller" que pour indiquer simplement qu'il s'agit de donner un certain gout au pain.

4.4 Distribution et commercialisation du pain

Dans les deux cas on observe l'idée de distribution (transport du pain) mais les idées de commercialisation et vente du produit sont absents.

5. CONCLUSIONS

En général, nous pouvonsdireque la première B.D., dans la majorité des cas analysés, est une représentation plus spontanée de la réalité. Les processus sont artisanaux et on utilise souvent des analogies pour les expliquer.fiy a des absences significatives d'éléments explicatifs de ces processus qui parfois semblent persister, comme le cas des relations économiques et commerciales, oùil semblerait que les choses ni ne s'achètent, ni ne se vendent. Au deuxième moment, il y a une augmentation des informations conceptuelles, fruit des activités de recherche d'infonnations et qui se retrouvent aussi dans la richesse des détails et des nuances que l'on peut observer dans les dessins.

Nous observons, aussi, une prédominance des éléments narratifs dans le premier moment. Cependant l'utilisation de quelques personnages nous semble une ressource très appropriée pour assurer l'unité du récit. Nous ferons ressortir enfin comment, sur un même dessin, se mélangent souvent des plans différents de la réalité, ce qui, en plus, a l'intérêt de mettre en évidence un problème technique de maîtrise de la planification, et peut aussi être interprétécommel'absence de capacité à établir des relations entre les différents aspects de la realité, fruit d'une conception "additive" de celle-ci, puisqu'étant perçue comme une addition d'éléments superposés.

BIBLIOGRAPHIE

ACEVEDO(J.),Parahacerhistorietas,Madrid:Ed.Popular,1987.

APARICI(R.),El eamieylafotOlwvela en el aula,Madrid: Consejeria deEd.de la Comunidad de Madrid, 1989.

GARCIA (5.), MARTIN(J.),PORLAN(R.),Ambitode Investigaeion eseolar :LaAlimentacion humana,5evilla : Diada, 1992.

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