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Identification des processus qui sous-tendent l'anomie des personnes avec un trouble cognitif léger comparativement aux personnes avec la maladie d'Alzheimer et un vieillissement cognitif normal

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Academic year: 2021

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Identification des processus qui sous-tendent l'anomie

des personnes avec un trouble cognitif léger

comparativement aux personnes avec la maladie

d'Alzheimer et un vieillissement cognitif normal

Mémoire

Mélanie Gallant

Doctorat en psychologie (D. Psy.)

Docteure en psychologie (D. Psy.)

(2)

Identification des processus qui sous-tendent

l’anomie des personnes avec un trouble cognitif

léger comparativement aux personnes

avec la maladie d’Alzheimer et un

vieillissement cognitif normal

Mémoire doctoral

Mélanie Gallant

Sous la direction de :

Carol Hudon, directeur de recherche

Laura Monetta, codirectrice de recherche

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Résumé

L’objectif du présent mémoire doctoral était de préciser l’origine fonctionnelle de l’anomie observée dans le trouble cognitif léger (TCL) comparativement aux individus souffrant de la maladie d’Alzheimer (MA) et présentant un vieillissement cognitif normal (CTRL) par le biais de l’analyse quantitative et qualitative d’une tâche de dénomination orale de 260 mots communs. Cette étude inclut 20 individus présentant un TCL, 15 participants du groupe CTRL et 5 individus souffrant de la MA, lesquels ont été comparés quant aux pourcentages totaux et les types d’erreurs de dénomination commises. L’influence des paramètres psycholinguistiques des mots communs dénommés sur la probabilité de commettre une erreur a été calculée au même titre que le pourcentage de bonnes réponses lors de la dénomination après les indices sémantiques et phonologiques. Si l’anomie découle d’un profil de difficultés lexicales, elle sera associée à la prédominance de paraphasies sémantiques coordonnées et de circonlocutions précises, avec un effet significatif (> 50%) de l’indiçage phonologique sur la dénomination. Par ailleurs, si l’anomie découle de difficultés sémantiques, il y aura alors une prédominance de non-réponses, de paraphasies sémantiques coordonnées et superordonnées ainsi que des circonlocutions vagues, sans effet significatif de l’indiçage phonologique. Quantitativement, une différence significative est présente entre les trois groupes : les individus souffrant de la MA ayant commis un plus grand nombre d’erreurs de dénomination que les individus présentant un TCL et les participants du groupe CTRL. Qualitativement, l’absence de différence significative entre les groupes pointe vers un patron similaire d’erreurs de dénomination composé principalement de paraphasies sémantiques coordonnées. La probabilité de commettre une erreur de dénomination était plus grande pour les mots peu familiers. Dans l’ensemble, les individus présentant un TCL commettent peu d’erreurs de dénomination malgré que l’anomie fasse partie intégrante de leur plainte cognitive. De plus, deux profils de difficultés expliquent l’anomie dans le TCL, soit un profil dominé par des difficultés d’origine sémantique et l’autre dominé par des difficultés d’origine lexicale. Dans la MA, par contre, l’anomie semble d’origine principalement sémantique, soit une dégradation des traits sémantiques fins et distinctifs.

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Abstract

The objective of this doctoral dissertation was to clarify the functional origin of anomia observed in mild cognitive impairment (MCI) compared to individuals with Alzheimer's disease (AD) and individuals with healthy cognitive aging (HC) through the quantitative and qualitative analysis of an oral naming task of 260 common words’ images. This study included 20 individuals with MCI, 15 HC and 5 individuals with AD, which were compared on the total percentages of denomination errors committed and the types of denomination errors produced. The psycholinguistic parameters’ impact on error probability and the efficacy of semantic and phonological cueing were also calculated. In the case of a lexical origin of anomia, a predominance of coordinate semantic paraphasias and precise circumlocutions, as well as good efficacy of phonological cueing (> 50%), will be observed. If anomia is explained by semantic difficulties, a predominance of non-responses, coordinate and superordinate semantic paraphasias, and vague circumlocutions, along with a poor efficacy of phonological cueing, should be observed. Quantitatively, there was a significant difference between the three groups regarding the mean of naming errors: individuals with AD committed more errors than individuals with MCI and HC. Qualitatively, the lack of significant difference between groups points to a similar pattern of naming errors, which was composed mainly of coordinated semantic paraphasia. Less familiar words were associated with greater error probability in all groups. Overall, individuals with MCI made few naming errors despite the fact that anomia is an important part of their cognitive complaint. In addition, two distinct profiles of difficulties were found to explain the anomia in MCI, a profile dominated by semantic difficulties and the other dominated by lexical difficulties. In AD, the origin of anomia seemed mainly semantic, more specifically a degradation of the fine and distinctive semantic traits.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Liste des tableaux ... ix

Liste des abréviations ... x

Remerciements ... xi

Avant-propos ... xii

Chapitre I. Cadre théorique et conceptuel ... 1

Préambule ... 1

Trouble cognitif léger ... 2

Critères diagnostiques ... 2

Symptomatologie... 2

Difficultés langagières ... 3

Modèle lexico-sémantique de la production orale d’un mot : notions théoriques ... 4

Composantes du modèle lexico-sémantique ... 4

Erreurs de dénomination ... 5

Paramètres psycholinguistiques ... 6

Niveaux de traitement altérés et erreurs reliées ... 7

Déficits au niveau de la reconnaissance visuelle ... 8

Déficits au niveau du système sémantique ... 8

Déficits au niveau du lexique phonologique de sortie et de son accès... 8

Déficits de la mémoire tampon phonologique ... 9

Caractéristiques spécifiques de l’anomie des personnes présentant un TCL et origine fonctionnelle des difficultés ... 9

(6)

Analyse du patron d’erreurs de dénomination ... 12

Synthèse ... 15

Objectif et hypothèse ... 15

Chapitre II.Analysis of naming errors in healthy aging, mild cognitive impairment, and Alzheimer’s disease ... 17

Résumé ... 18

Abstract ... 19

Methods ... 24

Participants ... 24

Material and procedures ... 25

Clinical and neuropsychological assessment ... 25

Anomia assessment ... 26

Data analysis ... 27

Error analysi ... 27

Individual’s profile ... 28

Results ... 28

Number of errors – Differences between the groups ... 29

Errors patterns – Differences between the groups ... 29

Efficacy of semantic and phonological cueing... 29

Influence of psycholinguistic parameters ... 30

Individual profiles ... 30

Discussion ... 30

Quantitative and qualitative analysis of naming errors ... 31

(7)

Strengths and limitations of the study ... 34

Clinical implications and future perspectives ... 36

Acknowledgement ... 37

Funding ... 37

Declaration of conflicting interests ... 37

References ... 42

Chapitre III. Discussion générale ... 49

Résumé des principaux résultats ... 49

Anomie dans la MA, le TCL et le vieillissement cognitif normal ... 50

Origine fonctionnelle de l’anomie dans la MA, le TCL et le vieillissement cognitif normal ... 51

Types d’erreurs de dénomination ... 51

Paramètres psycholinguistiques ... 52

Indices sémantiques et phonologiques ... 52

Profils individuels et origine fonctionnelle de l’anomie ... 53

Forces et limites de l’étude ... 54

Implications des résultats pour la clinique et avenues de recherche futures ... 56

Caractérisation des profils de difficultés sous-tendant l’anomie dans le TCL ... 57

Évaluation de l’anomie pré-traitement ... 58

Interventions orthophoniques, pharmacologiques et psychologiques ... 59

Conclusion générale ... 63

Bibliographie générale ... 64

Annexe A. Modèle lexico-sémantique de Caramazza et Hillis (1990) ... 73

(8)

Annexe C.Indices sémantiques et phonologiques des mots-cibles de la tâche de

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Liste des tableaux

Tableau

1. Sociodemographic and clinical data of the participants (mean and standard

deviation) ... 38 2. Total number (standard deviation) of each type of naming errors committed by

all participants ... 40 3. Mean (standard deviation) of naming errors committed by all participants

according to the psycholinguistic parameters of the words ... 41 4.

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Liste des abréviations

AD : Alzheimer’s disease

ATS : Analyse des traits sémantiques BNT : Boston Naming Test

BORB : Birmingham Object Recognition Battery CSB : Cambridge Semantic Battery

CTRL : Participants avec un vieillissement cognitif normal DS : Démence sémantique

GDS : Geriatric Depression Scale HC : Healthy cognitive aging MA : Maladie d’Alzheimer MCI : Mild cognitive impairment MoCA : Montral Cognitive Assessment

PAL : Psycholinguistic Assessment of Language PPTT : Pyramids and Palm Trees Test

QPC : Questionnaire de plainte cognitive

SAP : Séquences d’approximations phonologiques

SAS : Statistical Analysis System – Système d’analyse statistique TCL : Trouble cognitif léger

TCS : Trouble cognitif subjectif

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Remerciements

Ce mémoire doctoral est l’aboutissement d’efforts soutenus et l’implication de plusieurs personnes mérite d’être soulignée. D’abord, je remercie mon directeur et ma codirectrice de recherche, monsieur Carol Hudon, Ph.D., et madame Laura Monetta, Ph.D., sans qui le présent mémoire doctoral n’aurait pu voir le jour. Votre expertise, votre rigueur et votre amour de la recherche dans vos domaines respectifs m’ont permis de dépasser mes limites et d’élever ce projet au stade actuel. Je tiens également à remercier madame Martine Simard, Ph.D., pour son rôle au sein de mon comité d’encadrement ainsi que messieurs Géatan Daigle, Ph.D., et Hans Ivers Ph.D., pour leur aide précieuse au plan des analyses statistiques. Il m’importe aussi de souligner l’implication de l’ensemble des membres de l’équipe de laboratoire de monsieur Hudon dans ce projet, ainsi que madame Monica Lavoie pour sa générosité et ses connaissances en orthophonie. Finalement, un merci spécial à mes collègues et amis ainsi qu’à ma famille. Vous avez su, chacun à votre manière, m’apporter force et protection, encouragements et motivation.

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Avant-propos

Le présent mémoire doctoral a été réalisé conformément aux exigences du programme de doctorat en psychologie (D.Psy) de l’École de psychologie de l’Université Laval et sous la supervision de monsieur Carol Hudon (Ph.D.) et de madame Laura Monetta (Ph.D.), tous deux professeurs titulaires de l’Université Laval, respectivement à l’École de psychologie et au Département de réadaptation. Sa réalisation s’est effectuée dans le Laboratoire de neuropsychologie du vieillissement situé au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (CRIUSMQ).

Le premier chapitre de ce mémoire doctoral est une introduction abordant l’état des connaissances sur l’anomie dans le TCL et divers concepts relatifs à la dénomination orale à partir d’un support visuel afin d’énoncer les objectifs et hypothèses de cette étude. Le deuxième chapitre constitue le corps de ce mémoire doctoral et est présenté sous forme d’un article scientifique rédigé en anglais, intitulé : « Analysis of naming errors in healthy aging, mild cognitive impairment, and Alzheimer’s disease ». Le troisième et dernier chapitre est une conclusion générale où il est question d’un retour sur les objectifs et hypothèses, des principaux résultats de recherche, des forces et limites de ce mémoire ainsi que l’implication clinique des résultats et les avenues de recherche futures.

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Chapitre I.

Cadre théorique et conceptuel

Préambule

Le vieillissement de la population canadienne est de plus en plus marqué et rapide. Le nombre de Canadiens âgés de 65 ans et plus était estimé à 5 millions en 2011. Des prévisions suggèrent que ce nombre atteindra 10 millions en 2036 et qu’un Canadien sur quatre fera partie de cette tranche d’âge en 2051 (Statistique Canada, 2009). Ce vieillissement de la population, en plus de l’amélioration de l’espérance de vie, a entrainé l’augmentation de la prévalence et de l’incidence des démences dans la population générale au cours des dernières années. En 2011, les coûts financiers des maladies cognitives s’élevaient à 8,3 milliards de dollars annuellement et devraient doubler d’ici 2031 (Raz-de-marée : Impact de la maladie d’Alzheimer et des affections connexes au Canada; Société Alzheimer du Canada, 2016).

Parmi les différentes formes de démence, la maladie d’Alzheimer (MA) est la plus commune (Société d’Alzheimer du Canada, 2016). Il s’agit d’une maladie neurodégénérative entrainant un déclin cognitif et fonctionnel graduel dû à une atteinte neuropathologique se présentant sous forme de lésions extracellulaires1 et de lésions intracellulaires2. Ce déclin doit être objectivé par des mesures neuropsychologiques ainsi qu’une évaluation fonctionnelle. Par ailleurs, les autres causes médicales (p. ex., traumatisme crânien, diabète, hypothyroïdie, etc.) ou psychiatriques (p. ex., dépression) doivent être exclues. Le plus fréquemment la MA se caractérise sous une forme amnésique, soit une atteinte au niveau de la mémoire et d’au moins une autre fonction cognitive : fonctions exécutives, attention, habiletés visuo-spatiales, praxies, gnosies ou langage (McKhann et al., 2011). Toutefois, il existe trois formes non amnésiques de la MA caractérisées par un profil de difficultés 1) langagières ; 2) visuo-spatiales ; et 3) exécutives (McKhann et al., 2011).

1 Lésions extracellulaires causées par des dépôts de peptides beta-amyloïdes retrouvés au cœur des plaques

séniles.

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L’existence d’une phase prodromique de la MA, c’est-à-dire un stade se situant entre le vieillissement cognitif normal et la démence, fait de plus en plus consensus dans la littérature. Ce stade est connu sous le nom du trouble cognitif léger amnésique (TCL), soità domaine unique (difficultés mnésiques) ou à domaines multiples (difficultés exécutives, attentionnelles, visuo-spatiales, praxiques, gnosiques ou langagières). Le TCL correspond à une période où des changements cognitifs s’apparentant à la MA sont notables sans toutefois atteindre la sévérité des symptômes et les atteintes fonctionnelles y étant associées (Albert et al., 2011; Petersen, 2004).

Trouble cognitif léger Critères diagnostiques

Le TCL est caractérisé par un déclin cognitif surpassant ce qui est normalement attendu pour un individu de même âge et niveau de scolarité, sans qu’il y ait d’altération significative de l’autonomie fonctionnelle dans les activités de la vie quotidienne et domestique (Albert et al., 2011). Albert et ses collaborateurs proposent les critères centraux suivants pour le diagnostic clinique du TCL : (a) un changement au niveau cognitif entrainant une inquiétude chez le patient, un proche ou le clinicien, (b) un trouble objectivé dans un ou plusieurs domaines cognitifs, incluant la mémoire, les fonctions exécutives, l’attention, le langage ou les habiletés visuo-spatiales, (c) une préservation de l’autonomie fonctionnelle, et (d) une absence de démence. L’exclusion de causes vasculaires, traumatiques et médicales est nécessaire pour poser un diagnostic de TCL.

Symptomatologie

Les personnes souffrant d’un TCL présentent fréquemment des troubles de la mémoire épisodique qui concernent à la fois l’encodage et la récupération des informations (Hudon, Belleville, & Gauthier, 2008), quoique les troubles d’encodage soient plus sévères que les déficits de récupération (Wang & Zhou, 2002). Par ailleurs, une proportion importante d’individus présentant un TCL a également des troubles de la mémoire sémantique (Salmon, 2012), des fonctions exécutives (Johns et al., 2012) et du langage (voir Taler & Phillips, 2008; Tsantali, Economidis, & Tsolaki, 2013 pour revues). En plus de présenter

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symptômes neuropsychiatriques. Les plus prévalents sont l’apathie, l’anxiété, la dépression, l’irritabilité et les troubles de sommeil, alors que les moins prévalents sont l’euphorie, la désinhibition et les hallucinations (Apostolova & Cummings, 2008; Beaulieu-Bonneau & Hudon, 2009; Yates, Clare, & Woods, 2013).

Difficultés langagières

Lors d’évaluations neuropsychologiques auprès des individus présentant un TCL, des difficultés au niveau du langage sont souvent objectivées (Taler & Phillips, 2008). Une recension systématique de ces difficultés, effectuée en 2008, a répertorié que les personnes présentant un TCL ont principalement des lacunes lors de tâches de fluence verbale et de dénomination (Taler & Phillips, 2008), faisant écho aux difficultés langagières retrouvées dans la phase initiale de la MA (Verma & Howard, 2012). Plus spécifiquement, la fluence verbale est évaluée par l’énumération du plus de mots possible d’une même catégorie (p. ex., animaux) ou débutant par une lettre donnée (p. ex., T) en l’espace d’un temps fixe. Ces deux conditions engendrent une demande au niveau des fonctions exécutives et de l’accès aux représentations lexicales et sémantiques (Henry, Crawford, & Phillips, 2004; St-Hilaire et al., 2016). Les individus souffrant d’un TCL présentent une diminution du nombre total de mots et de changement de catégorie produit lors des tâches de fluence verbale (Weakley, Schmitter-Edgecombe, & Anderson, 2013). Ces diminutions sont même présentes plusieurs années avant que les individus ne satisfassent les critères diagnostiques d’un TCL (Bäckman, Jones, Berger, Laukka, & Small, 2005). Pour sa part, la dénomination, souvent évaluée en demandant de nommer oralement le concept représenté par une image, permet de mettre en évidence la présence ou l’absence d’anomie (Courrier, Lederle, Masy, & Brin, 2004, p. 70). L’anomie se caractérise par l’incapacité à récupérer le nom d’un objet au moment précis où l’individu veut dénommer l’objet en question. Cette condition s’accompagne généralement de plaintes subjectives s’exprimant par une difficulté auto-rapportée à trouver les mots dans le langage expressif (Goodglass & Wingfield, 1997). Malgré que l’anomie soit partie intégrante de la plainte formulée d’emblée par les individus présentant un TCL, leurs performances lors de tâches de dénomination sont plus variables et instables que celles en fluence verbale (Ritchie, Artero, & Touchon, 2001) et l’origine fonctionnelle de l’anomie demeure imprécise dans la littérature. Il serait donc pertinent de

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préciser les difficultés de dénomination et de mieux comprendre l’origine fonctionnelle de l’anomie présente dans le TCL. Pour cette raison, la prochaine section s’attardera à développer les notions théoriques entourant la dénomination orale.

Modèle lexico-sémantique de la production orale d’un mot : notions théoriques Composantes du modèle lexico-sémantique

Ce mémoire doctoral s’appuie sur le modèle lexico-sémantique de Caramazza et Hillis (voir Annexe A), datant de 1990, pour expliquer les mécanismes qui sous-tendent la dénomination orale à l’aide d’un support visuel. Il s’agit d’un modèle sériel décomposant les étapes du traitement de l’information en plusieurs systèmes et lexiques dont l’activation s’effectue en séquence. De manière simplifiée, le modèle peut se résumer à six composantes principales : 1) l’analyse pictographique, 2) le lexique des représentations structurales, 3) le système sémantique, 4) le lexique phonologique de sortie, 5) la mémoire tampon phonologique et 6) le système articulatoire.

Compte tenu du fait que ce mémoire doctoral s’intéresse à la dénomination orale d’un mot à l’aide d’un support visuel, la première composante du modèle est l’analyse

pictographique de l’image présentée, suivie du lexique des représentations structurales.

Ces deux composantes permettent la reconnaissance visuelle de l’image suite à l’extraction et l’analyse de ses caractéristiques perceptuelles. Cette étape s’avère donc exclusivement gnosique. La composante centrale du modèle est le système sémantique, parfois aussi appelé mémoire sémantique. Ce système contient la totalité des connaissances conceptuelles d’une personne. Le système sémantique renferme des connaissances relatives à la catégorie, la fonction, les caractéristiques physiques et sensorielles ainsi que les connaissances encyclopédiques y étant associées. Par exemple, le concept « pomme » peut être associé aux traits suivants : « fruit », « pelure rouge/verte/jaune », « chair blanche », « goût sucré ou acidulé », « utilisée pour faire des tartes ou de la compote », « pousse dans un arbre », etc.). L’activation des différentes combinaisons de traits permet l’activation de concepts spécifiques (p. ex., pomme plutôt que cerise ou pêche; Chomel-Guillaume, Leloup, Bernard, Riva, & François-Guinaud, 2010). Le lexique phonologique de sortie

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production des formes phonologiques qui seront activées au moment de la production orale d’un mot. La mémoire tampon phonologique permet de maintenir temporairement les séquences phonologiques et de les organiser pour permettre la production orale d’un mot (Comblain, 2000), laquelle est prise en charge par le système articulatoire.

Erreurs de dénomination

Lors d’une tâche de dénomination orale d’images, les erreurs commises peuvent être classées en plusieurs types (Bogliotti, 2012). Les erreurs visuelles correspondent à une substitution de mots basée sur des erreurs perceptuelles sans présence de lien sémantique entre la réponse et le mot-cible (p. ex., ciseaux ➣ lunettes). Les paraphasies sémantiques correspondent à la substitution d’un mot par un autre en conservant un lien au niveau du sens. Elles se divisent en deux types d’erreurs sémantiques, c’est-à-dire les erreurs de type catégoriel et de type associatif (Coltheart, 1980). Les erreurs sémantiques de type

catégoriel correspondent à des substitutions de mots respectant la classe grammaticale.

Cette étude n’inclura que deux des différentes erreurs sémantiques catégorielles soient : 1) les erreurs catégorielles superordonnées, et 2) les erreurs catégorielles coordonnées. Les premières consistent à nommer la catégorie générale d’un mot, plutôt que le mot-cible (p. ex., animal ➣ vache), alors que les deuxièmes consistent à nommer un mot de la même catégorie que le mot-cible (p. ex., pour des animaux de la ferme : poule ➣ vache). Pour leur part, les erreurs sémantiques de type associatif correspondent à une substitution du mot-cible par un mot avec lequel il entretient un lien associatif et pour lequel la classe grammaticale n’est pas toujours respectée (p. ex., traire ➣ vache). Dans certains cas, il peut être difficile de départager si une erreur est d’origine visuelle ou sémantique (par ex. : pomme ➣ orange) lorsque la réponse est sémantiquement liée au mot-cible (par ex. : pomme et orange sont tous deux des fruits) et partage des caractéristiques visuelles communes (par ex. : pomme et orange sont toutes deux de forme ronde et de grandeur similaire). Dans ces cas, on parle alors d’erreurs visuo-sémantiques, soit une substitution de mots basée sur des erreurs perceptuelles en conservant un lien sémantique entre la réponse et le mot-cible. Au même titre que les paraphasies sémantiques, il existe des

paraphasies phonologiques soient des erreurs segmentales dans la forme phonologique du

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cravate), de substitution (p. ex., cravame ➣ cravate) ou de déplacement de phonèmes (p. ex., cavrate ➣ cravate). Dans un autre ordre d’idée, plutôt que de substituer un mot en réponse au cible, une description plus ou moins détaillée peut être fournie du mot-cible. Ces descriptions sont appelées circonlocutions ou périphrases, soit la manifestation de l’anomie qu’une personne cherche à compenser. Une distinction est habituellement faite entre les circonlocutions vagues (p. ex., c’est pour construire ➣ marteau) et celles plus

précises (p. ex., outil utilisé pour enfoncer des clous dans le bois ➣ marteau). Outre les

substitutions et les descriptions de mots, des séquences d’approximations phonologiques

(SAP), aussi appelées conduites d’approches, sont parfois produites. Elles correspondent à

des tentatives successives de prononciation du mot produisant des variations phonologiques se rapprochant ou non du mot-cible (p. ex., pa, par, para, paraplou, paraplu, parapluie ➣ parapluie). Certains types d’erreurs de dénomination s’éloignent significativement du mot-cible. C’est le cas, notamment, des néologismes, lesquels constituent une substitution du mot-cible par un mot n’appartenant pas au lexique de la langue parlée et pour lequel minimalement 50% des phonèmes sont différents (p. ex., kivos ➣ chameau). Il en va de même pour les persévérations, soit une production répétitive d’un même mot en réponse à des mots-cibles différents lors d’une même tâche ou dans deux tâches successives (p. ex., pain ➣ chameau et subséquemment pain ➣ bouteille) et les stéréotypies, soit la répétition compulsive d’une syllabe, d’un mot ou d’une expression figée lors des tentatives de verbalisation. Finalement, lorsqu’un individu connait le mot-cible et a l’impression qu’il est sur le point de le retrouver, mais qu’il est temporairement dans l’incapacité de le nommer, l’erreur est répertoriée sous la catégorie mot sur le bout de la langue ou

Tip-Of-The-Tongue (TOT) dans la littérature anglaise (p. ex., je le sais, ça commence par l... ➣ lit),

soit lorsque le premier phonème du mot-cible est produit sans toutefois que la suite soit complétée.

Paramètres psycholinguistiques

L’occurrence des erreurs de dénomination décrites précédemment peut être modulée par certaines caractéristiques psycholinguistiques du mot-cible à dénommer (Whitworth, Webster, & Howard, 2013). Il est donc important de considérer l’influence de ces

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paramètres psycholinguistiques, ce mémoire s’attardera à la fréquence, la fréquence subjective et la catégorie des mots. Plus précisément, la fréquence correspond à l’occurrence d’un mot dans le langage parlé ou à l’écrit (New, Pallier, Ferrand, & Matos, 2001). Un mot ayant une fréquence élevée est un mot dont les probabilités d’occurrence sont élevées. L’effet de la fréquence est vraisemblablement localisé au niveau du lexique phonologique de sortie et de son accès puisque le temps d’activation de la représentation phonologique d’un mot d’une fréquence élevée est plus court que celui d’un mot de faible fréquence. La fréquence subjective d’un mot est propre à chaque individu puisqu’il s’agit de la fréquence à laquelle une personne estime avoir été en contact avec l’objet représenté par l’image (Bonin, 2013). L’accès et la recherche dans le contenu du système sémantique sont influencés par ce paramètre, un mot très familier facilite l’accès et la recherche dans le système sémantique. Finalement, la catégorie sémantique d'un mot réfère habituellement à la classe à laquelle appartient le mot (p. ex., biologique ou manufacturé). Ce paramètre influence l’activation des traits sémantiques dans le système sémantique. Le degré d’imagerie et la longueur des mots ne seront pas considérés dans ce mémoire en raison de la nature de la tâche employée et des hypothèses posées. En effet, l’utilisation d’une tâche de dénomination orale de stimuli visuels implique typiquement un degré d’imagerie élevé des mots, alors que l’effet de la longueur des mots se situe principalement au niveau de la mémoire tampon phonologique, laquelle ne fait pas partie des niveaux de traitement de l’information altérés selon les hypothèses de ce mémoire.

Niveaux de traitement altérés et erreurs reliées

Comme mentionné préalablement, le modèle lexico-sémantique de Camarazza et Hillis (1990) permet d’identifier l’origine fonctionnelle de l’anomie dans le TCL par le biais de l’analyse des erreurs de dénomination et des paramètres psycholinguistiques des mots-cibles n’ayant pu être dénommés correctement. Chomel-Guillaume et ses collaborateurs (2010) résument les diverses altérations susceptibles d’entrainer une anomie, en détaillant plus spécifiquement les erreurs observables découlant d’une atteinte des principales composantes du modèle de Camarazza et Hillis (1990).

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Déficits au niveau de la reconnaissance visuelle

Une altération de la reconnaissance visuelle, tant au niveau de l’analyse pictographique que du lexique des représentations structurales, peut se manifester en dénomination par la production d’erreurs visuelles. Lors de l’utilisation d’une tâche de dénomination imagée, il est pertinent d’évaluer la présence d’agnosie visuelle chez les participants afin de s’assurer de l’intégrité de leur reconnaissance visuelle. La présence d’agnosie visuelle peut être détectée, notamment par une tâche de décision d’objets3 ou d’association d’images.

Déficits au niveau du système sémantique

Les erreurs caractéristiques d’une dégradation du système sémantique sont les non-réponses, circonlocutions vagues et les paraphasies sémantiques. Un déficit à ce niveau est également associé à l’amélioration de la performance après l’indiçage sémantique ainsi qu’à un effet de fréquence subjective et de catégorie sur la dénomination.

Déficits au niveau du lexique phonologique de sortie et de son accès

Une dégradation des représentations phonologiques est à l’origine d’un déficit au niveau du lexique phonologique de sortie ce qui entraine principalement la production de paraphasies phonologiques ou de néologismes, alors qu’un déficit d’accès au lexique phonologique de sortie se caractérise par une altération de la transmission des informations du système sémantique au lexique phonologique de sortie provoquant généralement des circonlocutions précises et des TOT. Tant pour un déficit au niveau du lexique phonologique de sortie que de son accès, des paraphasies sémantiques peuvent être observées dans le cas où la représentation phonologique du mot cible est inaccessible et celle d’un mot sémantiquement proche est activée. Un déficit à ce niveau est également associé à l’amélioration de la performance après l’indiçage phonologique et à un effet de fréquence sur la dénomination.

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Déficits de la mémoire tampon phonologique

Les déficits de la mémoire tampon phonologique entrainent habituellement des SAP, lesquelles ne correspondent plus à de l’anomie. En fait, la production d’information phonologique reliée au mot cible (premier phonème ou première syllabe, rime, etc.) donne un indice de la préservation de la représentation phonologique sans toutefois être en mesure de maintenir l’information suffisamment longtemps en mémoire tampon pour permettre la dénomination du mot. Un déficit à ce niveau est associé à un effet de la longueur sur la dénomination.

Caractéristiques spécifiques de l’anomie des personnes présentant un TCL et origine fonctionnelle des difficultés

La présence de différences significatives quant aux performances de dénomination entre les individus souffrant de la MA et d’un TCL ainsi qu’entre les individus présentant la MA et un vieillissement cognitif normal (contrôles) est bien établie dans la littérature; les individus souffrant de la MA présentant plus d’erreurs de dénomination (Balthazar, Cendes, & Damesceno, 2008; Willers, Feldman, & Allegri, 2008). Pour ce qui est de la différence entre les individus présentant un TCL et les contrôles (CTRL), certaines études révèlent une différence significative entre les deux groupes, le premier présentant une plus faible performance de dénomination (Adlam, Bozeat, Arnold, Watson, & Hodges, 2006; Balthazar et al., 2008; Balthazar, Yasuda, Cendes, & Damasceno, 2010; Dudas, Clague, Thompson, Graham, & Hodges, 2005), alors que certaines études soutiennent l’absence de différence significative entre les deux groupes (Beinhoff, Hilbert, Bittner, Grön, & Riepe, 2005; Willers et al., 2008). Cette divergence dans la littérature peut s’expliquer par des différences méthodologiques entre les études comparant la performance de dénomination des individus présentant un TCL et un vieillissement cognitif normal, plus précisément par des variations quant aux tailles des échantillons et aux tests utilisés pour évaluer l’anomie (Taler & Phillips, 2008).

L’anomie observée dans le TCL est plus marquée pour les objets biologiques que pour les objets manufacturés (Callahan et al., 2014; Duong, Whitehead, Hanratty, & Chertkow, 2006; Taler, Voronchikhina, Gorfine, & Lukasik, 2016), ce qui est également le cas dans la

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MA (Duong et al., 2006; Fung et al., 2001; Macoir, Laforce, Monetta, & Wilson, 2014; Whatmough et al., 2003). Certaines études concluent toutefois à l’absence d’effet de la catégorie sur la dénomination (Laws, Adlington, Gale, Moreno-Martínez, & Sartori, 2007; Lockyer, 2015). Des difficultés de dénomination sont également rapportées pour les objets divers, mais seraient plus prononcées pour les visages et les bâtiments connus (Ahmed, Arnold, Thompson, Graham, & Hodges, 2008; Estevez-Gonzalez et al., 2004; Joubert et al., 2010). Ahmed et ses collaborateurs suggèrent que ce résultat s’explique par le fait que les représentations sémantiques d’entités uniques, comme une personne ou un bâtiment célèbre, sont plus vulnérables que les représentations plus générales d’objets communs, puisqu’elles ne partagent généralement que peu de traits sémantiques avec d’autres concepts.

Adlam et ses collaborateurs (2006) se sont intéressés à l’intégrité du système sémantique dans le TCL en utilisant : 1) trois sous-tests de la Cambridge Semantic Battery (CSB; Hodges & Patterson, 1995), soient les fluences verbales, la dénomination (64 dessins) et l’association mot-image (64 items) ; 2) le test des synonymes : mots concrets, mots abstraits (Warrington et al., 1998) ; et 3) le Pyramids and Palm Trees Test (PPTT; Howard & Patterson, 1992). Ils ont également utilisé une batterie composée de différents tests visant à évaluer l’information associative, les connaissances fonctionnelles et l’utilisation de 36 objets ménagers. Les auteurs ont conclu à un déficit de nature sémantique chez les individus présentant un TCL. En 2010, Joubert et ses collaborateurs ont investigué l’intégrité du système sémantique chez des participants présentant un TCL en les comparant aux participants souffrant de la MA et les participants du groupe CTRL, par le biais d’une tâche de dénomination orale composée de 40 photographies d’objets communs et de 30 personnes célèbres. Les auteurs concluent que les difficultés sémantiques dans le TCL s’apparentent à celles retrouvées dans les débuts de la MA. Ils expliquent les difficultés de dénomination de personnages célèbres et d’objets communs dans le TCL par une dégradation des représentations sémantiques combinées à des difficultés de sélection, de manipulation et de récupération de l’information sémantique. Les résultats de trois autres études soutiennent que les difficultés de dénomination ne découleraient pas seulement d’une atteinte du système sémantique. En effet, les résultats de l’étude de Duong et ses

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collaborateurs (2006) suggèrent que les déficits de dénomination dans le TCL sont d’origine lexico-sémantique, soient découlant de difficultés d’accès aux représentations du système sémantique et du lexique phonologique de sortie. Les auteurs rapportent des difficultés lors de tâches demandant un accès intentionnel à la mémoire sémantique chez les individus présentant un TCL, notamment la dénomination. Ils établissent également un lien entre ces difficultés d’accès intentionnel au système sémantique et des déficits au niveau des fonctions exécutives, plus précisément des difficultés d’inhibition lors de la recherche d’une information dans le système sémantique. Une revue systématique effectuée en 2008, recensant les performances des individus présentant un TCL lors de diverses tâches langagières, conclut également à la présence de difficultés de dénomination d’origine lexico-sémantique (Taler & Phillips, 2008). Une étude effectuée en 2015 conclut, elle aussi, que les déficits sémantiques observés chez un échantillon de 10 individus présentant un TCL de type amnésique seraient dus à un déficit d’accès lexical-sémantique (Guidi, Paciaroni, Paolini, Scarpino, & Burn, 2015).

Bien qu’ayant permis d’en apprendre beaucoup sur l’anomie dans le TCL, les conclusions des études présentées précédemment sont vraisemblablement limitées par des lacunes au plan méthodologique. En effet, le nombre restreint de stimuli employés dans les tâches de dénomination et l’analyse exclusivement quantitative des performances de dénomination, c’est-à-dire le nombre total de bonnes réponses, limitent la portée des résultats permettant difficilement de conclure sur l’origine fonctionnelle de l’anomie. Une analyse qualitative des erreurs de dénomination commises est nécessaire afin d’avoir une meilleure compréhension de la nature de l’anomie dans le TCL, c’est-à-dire s’il s’agit davantage de difficultés d’origine lexicale ou sémantique. À cet effet, une étude récente effectuée auprès d’une population aphasique soutient qu’il est primordial de tenir compte de l’analyse des types d’erreurs de dénomination pour distinguer une personne avec des atteintes entrainant des difficultés de dénomination de celle produisant des erreurs de dénomination malgré un vieillissement cognitif normal, le profil d’erreurs de dénomination permettant d’identifier l’origine des difficultés (Grima & Franklin, 2016).

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Analyse du patron d’erreurs de dénomination

Bien que relativement peu nombreuses, la majorité des études effectuant une analyse qualitative des types d’erreurs de dénomination a été effectuée auprès d’individus souffrant de la MA (Barbarotto, Capitani, Jori, Laiacona, & Molinari, 1998; Cuetos, Gonzalez-Nosti, & Martínez, 2005; Gonnerman, Aronoff, Almor, Kempler, & Andersen, 2004; Lin et al., 2013; Silagi, Bertulucci, & Ortiz, 2015). Une partie de ces études documente l’évolution du patron d’erreurs de dénomination en lien avec la progression de la MA (Barbarotto et al., 1998; Cuetos et al., 2005; Gonnerman et al., 2004; Silagi et al., 2015). Globalement, les résultats révèlent la prédominance d’erreurs sémantiques ou lexico-sémantiques au début de la MA et éventuellement l’importance grandissante des omissions et réponses non reliées au mot-cible avec la progression de la maladie. Ces résultats pourraient s’expliquer par la préservation partielle du système sémantique dans les débuts de la MA, avec un appauvrissement des réponses lié à la dégradation progressive du système sémantique lorsque la sévérité de la MA augmente. L’étude de Lin et ses collaborateurs (2013) s'est attardée à préciser l’origine de l’anomie chez 104 individus souffrant de la MA en analysant le patron d’erreurs produites lors de la passation de la version chinoise à 30 items du Boston Naming Test (BNT; Cheung, Cheung, & Chan, 2004). Les erreurs ont été classifiées en sept catégories : 1) les non-réponses, 2) les erreurs visuelles, 3) les erreurs phonologiques, 4) les autres types d’erreurs, incluant les persévérations et les erreurs non reliées à la cible; les erreurs sémantiques qui incluent 5) les erreurs coordonnées, 6) les erreurs superordonnées, et 7) les circonlocutions. Les résultats indiquent que les participants du groupe CTRL ont commis significativement moins d’erreurs de dénomination que les individus souffrant de la MA, mais que le patron d’erreurs demeure similaire entre les deux groupes, c’est-à-dire majoritairement des non-réponses, suivies des erreurs sémantiques de type coordonné, alors que les erreurs de type phonologique sont peu fréquentes. Les auteurs concluent que ces résultats pointent vers une dégradation progressive du système sémantique comme explication possible de l’anomie dans la MA (Lin et al., 2013).

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dénomination dans le TCL. La première est l’étude conduite par Balthazar et ses collaborateurs (2008), lesquels ont examiné et comparé la performance de 16 individus présentant un TCL à celle de 16 individus souffrant de la MA et 16 participants du groupe CTRL lors de la passation du BNT (Goodglass, Kaplan, & Weintraub, 1983); une tâche de dénomination composée de 60 images. Les trois groupes diffèrent significativement entre eux quant au nombre de bonnes réponses spontanées, mais présentent le même patron d’erreurs de dénomination, soit majoritairement des erreurs de type sémantique (plus précisément en ordre décroissant des erreurs coordonnées, superordonnées et des circonlocutions), suivi des erreurs visuelles et des non-réponses. La performance des individus présentant un TCL et des participants du groupe CTRL a été améliorée par l’indiçage sémantique comparativement à la performance des individus souffrant de la MA. Il n’y a toutefois pas de différence significative entre la performance des trois groupes après l’indiçage phonologique. Les auteurs suggèrent donc que la faible performance en dénomination des individus souffrant de la MA ne peut être expliquée entièrement par une dégradation du système sémantique. Ainsi, ils concluent que les difficultés de dénomination observées chez les individus avec la MA ou un TCL découlent possiblement d’une combinaison entre une détérioration du système sémantique et une difficulté d’accès au lexique phonologique de sortie.

La deuxième étude est celle de Willers et ses collaborateurs (2008). Cette dernière s’attardait aux erreurs de dénomination commises lors de la passation de la version espagnole du BNT (Allegri et al., 1997) auprès de 20 individus présentant un TCL dans le but de les comparer à celles retrouvées chez les participants du groupe CTRL (n = 21) et dans la MA (n = 20). Les erreurs de dénomination ont été séparées comme suit : 1) les erreurs sémantiques, lesquelles incluent : les erreurs sémantiques coordonnées, les erreurs sémantiques superordonnées, les circonlocutions vagues et les circonlocutions précises, 2) les erreurs visuelles, 3) les erreurs phonologiques, 4) les non-réponses, et 5) les erreurs non reliées au mot-cible (autres). Les résultats obtenus indiquent que la performance des individus présentant un TCL est semblable aux participants du groupe CTRL en ce qui a trait au nombre de bonnes réponses spontanées, mais supérieure à celle des individus souffrant de la MA. Les résultats mettent en évidence une distribution similaire des erreurs

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de dénomination chez les individus souffrant de la MA et d’un TCL, soient majoritairement des erreurs sémantiques, suivi des non-réponses, des erreurs visuelles, des erreurs classées dans la catégorie « autres » et des paraphasies phonologiques. Les participants du groupe CTRL ont, quant à eux, commis significativement moins d’erreurs sémantiques. L’influence des indices sémantiques et phonologiques a également été pris en compte et les résultats démontrent un très léger bénéfice suite aux indices phonologiques sans toutefois que cela soit significatif. Les auteurs concluent que les difficultés de dénomination observées peuvent être liées à des difficultés au niveau du système sémantique.

La divergence des conclusions des deux études (Balthazar et al., 2008; Willers et al., 2008) décrites précédemment s’explique vraisemblablement par certaines faiblesses au plan méthodologique limitant la portée des résultats. Tout d’abord, la classification des erreurs de dénomination utilisée lors des deux études est peu exhaustive. En effet, l’omission d’une distinction entre les circonlocutions précises (expressions précises incluant des traits sémantiques spécifiques et généralement associées à un déficit d’origine lexicale) et les circonlocutions vagues (expressions approximatives ou imprécises sans traits sémantiques spécifiques et généralement associées à un déficit du système sémantique; voir Chomel-Guillaume, 2010; Whitworth et al., 2013) limite l’identification de l’origine de l’anomie. Au même titre, l’absence de prise en compte des paramètres psycholinguistiques des mots à dénommer (fréquence, catégorie sémantique, fréquence subjective) réduit la précision des conclusions quant à l’origine de l’anomie. Finalement, l’omission d’une évaluation de l’intégrité de la reconnaissance visuelle (p. ex., une tâche de décision d’objet) et du système sémantique (p. ex., une tâche évaluant la compréhension sémantique) à l’aide de mesures objectives entache la précision de l’analyse des erreurs de dénomination surtout lors d’une tâche de dénomination orale de stimuli visuels. En effet, avec ce type de tâche de dénomination, il est important de s’assurer que les participants ne présentent pas d’agnosie visuelle puisqu’en présence d’agnosie il est difficile d’identifier l’origine des erreurs visuo-sémantiques. L’évaluation de la compréhension sémantique, conjointement avec l’analyse qualitative des erreurs de dénomination, permet de préciser l’origine sémantique ou lexicale de l’anomie.

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Synthèse

En somme, afin de mieux comprendre l’origine de l’anomie chez les individus présentant un TCL, il est impératif de procéder à l’analyse qualitative complète des types d’erreurs commises lors d’une tâche de dénomination afin de lier les erreurs produites au niveau de traitement altéré. Il semble également de mise d’utiliser des mesures objectives permettant d’évaluer certaines des composantes du modèle lexico-sémantique conjointement à l’analyse qualitative du type d’erreurs afin de raffiner la compréhension de l’origine fonctionnelle de l’anomie dans le TCL. La précision de l’origine fonctionnelle de l’anomie dans le TCL constitue l’étape préliminaire au développement d’interventions ciblant les difficultés à trouver les mots au sein de cette population. Cela permettrait éventuellement d’améliorer la qualité de vie des individus présentant un TCL et ralentir l’aggravation de ce déficit lors du déclin menant vers la MA.

Objectif et hypothèse

L’objectif général de ce mémoire doctoral est de documenter la nature des déficits qui sous-tendent l’anomie des individus présentant un TCL comparativement aux individus souffrant de la MA et avec vieillissement cognitif normal. Plus spécifiquement, ce mémoire vise, dans un premier temps, à statuer sur la présence et la sévérité de l’anomie des individus présentant un TCL, la MA et un vieillissement cognitif normal par l’analyse quantitative de leur performance lors d’une tâche de dénomination orale à l’aide de stimuli visuels. Il est attendu de retrouver une différence significative entre les trois groupes quant au nombre total de mots manqués lors d’une tâche de dénomination, soit un continuum de sévérité quant aux difficultés de dénomination (CTRL < TCL < MA). Dans un deuxième temps, ce mémoire vise à préciser l’origine fonctionnelle de l’anomie dans le TCL par le biais de l’analyse qualitative des erreurs de dénomination, l’influence des paramètres psycholinguistiques et des indices sémantiques et phonologiques sur la dénomination ainsi que par les résultats obtenus à un test objectif évaluant l’intégrité du système sémantique et de la reconnaissance visuelle. Il est attendu que cette analyse pointe vers un déficit de dénomination d’origine lexico-sémantique chez les participants des groupes TCL et MA (Balthazar et al., 2008; Duong et al., 2006; Guidi et al., 2015; Taler & Phillips, 2008). Plus précisément, les résultats devraient révéler une majorité d’erreurs de dénomination de type

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non-réponses, circonlocutions vagues et paraphasies sémantiques liées à une atteinte du système sémantique ainsi que des circonlocutions précises, des TOT et des paraphasies sémantiques cette fois liées à une difficulté d’accès au lexique phonologique de sortie. Il est également attendu que la dénomination soit facilitée par les indices sémantiques et phonologiques. Aussi, la dénomination devrait être influencée par les paramètres psycholinguistiques associés au système sémantique : 1) catégorie et 2) fréquence subjective ainsi qu’à l’accès au lexique phonologique de sortie soit la fréquence. Ainsi, les mots correspondant à des objets manufacturés devraient être plus facilement dénommés que les mots correspondant à des objets biologiques, les mots de fréquence moyenne ou élevée devraient être plus facilement dénommés que les mots de faible fréquence et les mots de fréquence subjective moyenne ou élevée devraient être plus facilement dénommés que les mots de faible fréquence subjective.

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Chapitre II.

Analysis of naming errors in healthy aging, mild

cognitive impairment, and Alzheimer’s disease

Analysis of naming errors in healthy aging, mild cognitive impairment,

and Alzheimer’s disease

Mélanie Gallant, Monica Lavoie, Carol Hudon, & Laura Monetta

Université Laval, Québec (QC), Canada

CERVO Brain Research Centre, Québec (QC), Canada

Corresponding author:

Laura Monetta, Ph.D.

CERVO Brain Research Centre

2601 de la Canardière (F-2400) Québec (Québec) CANADA G1J 2G3 Phone: +1 418-656-2131, ext. 6393

Fax: 418-6565476

Email: laura.monetta@rea.ulaval.ca

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Résumé

L’objectif de cette étude était de documenter l’origine fonctionnelle de l’anomie observée dans le trouble cognitive léger (TCL) comparativement aux individus souffrant de la maladie d’Alzheimer (MA) et présentant un vieillissement cognitive normal (CTRL). Une tâche de dénomination orale de 260 mots communs a été administrée à 20 individus présentant un TCL, 5 individus souffrant de la MA et 15 participants du groupe CTRL. Le total moyen et les types d’erreurs de dénomination ont été comparés entre les groupes. L’influence des paramètres psycholinguistiques des mots communs dénommés et l’efficacité des indices sémantiques et phonologiques ont aussi été calculées. Les résultats indiquent une différence significative entre les trois groupes quant au total d’erreurs de dénomination (MA>TCL>CTRL). Un patron similaire d’erreurs de dénomination, composé principalement de paraphasies sémantiques coordonnées, a été retrouvé parmi les groupes Les mots peu familiers ont été associés à une plus grande probabilité de commettre une erreur de dénomination dans les trois groupes. Finalement, en se basant sur les types d’erreurs de dénomination, les paramètres psycholinguistiques et l’efficacité des indices sémantiques et phonologiques, l’origine fonctionnelle de l’anomie a été déterminée pour chaque participant et des différences ont été observées entre les trois groupes. Chez les individus présentant un vieillissement cognitif normal, des difficultés d’accès lexical expliquent l’anomie lorsqu’elle est présente. Chez les individus présentant un TCL, l’origine de l’anomie est lexicale pour 60% des participants et sémantique pour 40% des participants. Dans la MA, une dégradation des traits sémantiques fins et distinctifs semble être la cause principale de l’anomie. Bien que les présents résultats soient limités en raison de la petite taille de l’échantillon, ils demeurent utiles dans le développement d’interventions appropriées visant à réduire l’anomie chez les aînés.

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Abstract

The aim of this study was to document the functional origin of anomia in mild cognitive impairment (MCI) in comparison to Alzheimer’s disease (AD) and healthy cognitive aging. An oral naming task of 260 pictures was administered to 20 individuals with MCI, 5 with mild AD, and 15 healthy controls (HC). The mean total number of errors and types of naming errors were compared across the groups. The effect of psycholinguistic parameters and the efficacy of semantic and phonological cueing were also calculated. Results showed a significant difference between the three groups’ total number of naming errors (AD>MCI>HC). A similar error pattern was found among the groups, consisting mainly of coordinate semantic paraphasias. Less familiar words were associated with greater error probability in all groups. Finally, based on error types, psycholinguistic parameters, and efficacy of cueing, the main origin of anomia was determined for each participant and different patterns were observed between the three groups. In HC, lexical access explained word-finding difficulties when they happened. In MCI, the origin of anomia was lexical for 60% and semantic for 40% of participants. In AD, a degradation of fine and distinctive semantic features seems to be the main cause of anomia. Although the present data are limited due to small sample size, they will be useful in the development of appropriate interventions aiming to reduce anomia in the elderly.

Keywords: Anomia, Mild cognitive impairment, Naming, Alzheimer’s disease, Cognitive

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Alzheimer’s disease (AD) is a neurodegenerative disorder leading to a progressive cognitive and functional decline. AD is typically preceded by a prodromal phase, the most frequent being mild cognitive impairment (MCI; Albert et al., 2011). Various cognitive symptoms can be found in MCI, but when it is associated with an underlying AD, a deficit in episodic memory is the core feature (Belleville, Sylvain-Roy, de Boysson, & Ménard, 2008; Hudon, Villeneuve, & Belleville, 2011). Impairments in other cognitive functions can also be observed, such as semantic memory (Belleville et al., 2008; Callahan et al., 2015; Joubert et al., 2008; Salmon, 2012), executive functions (Johns et al., 2012), visuo-spatial functions (Mitolo et al., 2013), and language (for reviews, see Taler & Phillips, 2008; Tsantali, Economidis, & Tsolaki, 2013).

Compared to other cognitive functions, fewer studies have investigated language impairment in MCI. Yet, anomia (word-finding difficulties) is one of the most frequent complaints of people with MCI (Taler & Phillips, 2008). Anomia is usually assessed using a naming task where the subject has to produce the specific word corresponding to an object or an image. According to the cognitive model proposed by Caramazza and Hillis (1990), oral naming of pictures involves the serial activation of several components including: (a) pictographic analysis, (b) structural representations lexicon, (c) semantic system, (d) phonological ouput lexicon, (e) phonological buffer, and (f) articulatory system. The number of naming errors determines the presence of anomia, while the types of errors are essential to determine the functional origin of the impairment (Grima & Franklin, 2016).

In an oral picture naming task (e.g. “apple”), errors can be classified into several types (Bogliotti, 2012) : (a) visual error, a perceptual error without a semantic link to the target word (i.e., “ball”); (b) superordinate categorical semantic paraphasia, naming the general category of the target word (i.e., “fruit”); (c) coordinate categorical semantic paraphasia, naming an object in the same category of the target word (i.e., “pear”); (d) associative semantic paraphasia, the production of a word with a semantic association to the target word, without regard to the grammatical class (i.e., “juice”); (e) visuo-semantic error, an error that could be classified as perceptual but also as semantic (i.e., “peach”); (f) phonological paraphasia, a segmental error within the phonological form of the word (i.e., “papple”); (g) vague circumlocution, a summary description of the word that does not

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include any distinctive features of the object (i.e., “fruit with peel”) and that is used as a compensatory strategy for anomia; (h) precise circumlocution, which is a more detailed description of the object (i.e., “fruit with peel, it could be red or green and it is used to make juice or pie”) and that is also used as a compensatory strategy for anomia; (i) sequences of phonemic approximation, successive attempts to produce the target word (i.e., “an a, an ap, an apple”); and (j) neologism, the production of a word that does not belong to the lexicon of a specific language (i.e., “kivos”). It is also possible to have other types of manifestations like: perseveration, the repetition of the same word in response to different target words (i.e., “bread” for several consecutive items); stereotypy, the repetition of a syllable, a word or a fixed expression (i.e., “p, p, p” or fixed expression in the naming attempts); Tip-Of-The-Tongue (TOT), the feeling that retrieval is imminent (i.e., “I know what it is, but I can’t find the exact word”) and non-responses, that is when no answer is attempted (i.e., “I don’t know”).

According to the Caramazza and Hillis model, an impairment of pictographic analysis or structural representations lexicon could lead to the production of visual errors. An impairment at the semantic level (difficulty to access or retrieve the semantic feature of the target) could result in the production of non-responses, vague circumlocutions, or semantic paraphasias. An impairment at the lexical level (difficulty in the access or within the phonological output lexicon) could result in TOT, production of precise circumlocutions and phonological or semantic paraphasias (Chomel-Guillaume et al., 2010). Finally, an impairment of the phonological buffer usually causes successive attempts to produce the target word through sequences of phonemic approximations.

In addition to the analysis of the error types, the analysis of the efficacy of semantic and phonological cues in a naming task helps to the understanding of the functional origin of anomia (Nickels, 2001; Whitworth et al., 2013). Indeed, when naming is facilitated by the production of the first sound of the target word (phonological cue), this leads to a probably lexical origin of anomia. Contrariwise, when naming is facilitated by the production of semantic features associated to the target word (semantic cue), the origin of anomia seems to be more likely semantic. Psycholinguistic parameters such as frequency, subjective frequency, and semantic category can also have a notable influence on naming performance (Whitworth et al., 2013). Indeed, retrieval of the semantic features within

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semantic memory is influenced by subjective frequency (the frequency modulated by individuals experience) and category (e.g., biological vs manufactured), while retrieval of the phonological representations within the phonological output lexicon is influenced mainly by frequency (occurrence of a word, compared to other words in a specific language). Even if imageability (the ease with which a word evokes a visual or auditory picture) also influences the production of words, its impact is minimized in oral naming tasks (because all visual stimuli typically imply a high level of imageability). Finally, word length has also an impact in oral naming performance, since the more sounds a word contains, the more it is difficult to maintain it in short-term memory (for more information see Chomel-Guillaume et al., 2010 and Whitworth et al., 2013).

According to the current body of research exploring anomia in MCI, biological items are more impaired than manufactured ones (Callahan et al., 2015; Duong, Whitehead, Hanratty, & Chertkow, 2006; Taler, Voronchikhina, Gorfine, & Lukasik, 2016), even if some authors found no impact of semantic category on performance (Laws, Adlington, Gale, Moreno-Martínez, & Sartori, 2007; Lockyer, Sheppard, & Taler, 2015). Quantitatively, anomia is less prominent in MCI than in AD (Balthazar, Cendes, & Damesceno, 2008; Lin et al., 2013). Results are less consistent when individuals with MCI are compared to HC participants. Indeed, some authors found that anomia was more prominent in MCI (Adlam, Bozeat, Arnold, Watson, & Hodges, 2006; Balthazar et al., 2008; Balthazar, Yasuda, Cendes, & Damasceno, 2010; Dudas, Clague, Thompson, Graham, & Hodges, 2005), while no difference between the two groups was found in other studies (Beinhoff, Hilbert, Bittner, Grön, & Riepe, 2005; Willers, Feldman, & Allegri, 2008).

Most studies analyzing the types of naming errors were conducted with AD participants (Barbarotto, Capitani, Jori, Laiacona, & Molinari, 1998; Cuetos, Gonzalez-Nosti, & Martínez, 2005; Gonnerman, Aronoff, Almor, Kempler, & Andersen, 2004; Lin et al., 2013; Silagi, Bertulucci, & Ortiz, 2015). Lin et al. (2013) concluded that a progressive degradation of the semantic system was responsible for anomia in AD, given the predominance of non-responses and semantic errors. However, they did not take into account the psycholinguistics parameters. There is no agreement on the origin of anomia in MCI. Some studies suggest a semantic origin (Adlam et al., 2006; Joubert et al., 2010;

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Willers et al., 2008), while others a lexical-semantic one (Balthazar et al., 2008; Duong et al., 2006; Taler & Phillips, 2008; Guidi, Paciaroni, Paolini, Scarpino, & Burn, 2015), namely an impairment in both the semantic system and the phonological output lexicon. Until now, only two studies have documented the patterns of naming errors in MCI. Balthazar et al. (2008) compared the naming performances of individuals with MCI, AD, and HC. They found that the three groups were statistically different regarding number of correct answers, but had a similar pattern of errors: (a) coordinate semantic errors, (b) superordinate semantic errors, (c) circumlocutions, (d) visual errors, and (e) non-responses. The authors concluded that the observed errors came from a combination of partial degradation of the semantic system (predominance of semantic errors) and impairment in the phonological output lexicon and its access (effectiveness of phonological cueing). Willers et al. (2008) also compared the performance of MCI, AD, and HC participants. They found that the performance of participants with MCI was similar to that of HC regarding the number of correct answers, but better than that of participants with AD. Results also showed a similar pattern of error types in MCI and AD: (a) semantic errors, (b) non-responses, (c) visual errors, (d) other errors, and (e) phonological paraphasias. Based on these results, specifically the predominance of semantic errors and non-responses, the authors concluded that the naming errors were caused by an impairment of the semantic system.

Studies published to date have several limitations. First, there is a lack of precision in the classification of naming errors used by Balthazar et al. (2008) and Willers et al. (2008). Indeed, their classification did not take into account the difference between precise circumlocutions (precise expressions, including specific semantic features and generally associated with a lexical deficit) and vague circumlocutions (approximate or imprecise expression without specific semantic features, and generally associated with a semantic deficit; see Chomel-Guillaume et al., 2010; Whitworth et al., 2013). Moreover, psycholinguistic parameters (frequency, semantic category, subjective frequency) were not taken into account, despite the fact that they have an impact on oral naming (Whitworth et al., 2013, p. 14-18) as described above. Finally, the authors used no objective measures to assess the integrity of visual recognition (e.g., object decision task), which limits the interpretation of the naming errors. Indeed, both studies used a picture-based oral naming

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task without determining that the participant had no visual agnosia. Also, the studies did not assess the integrity of the semantic system; however, an appropriate assessment could support the conclusion regarding the origin of anomia.

The aim of this study was to document the functional origin of anomia in participants with MCI in comparison to those with AD or HC. Specific objectives were (a) to quantitatively analyze the naming errors in the three groups in order to compare their performance and confirm the presence and the severity of anomia, and (b) to qualitatively analyze the naming errors, taking into account the effects of psycholinguistic parameters and the effectiveness of semantic and phonological cueing. It was expected that the three groups would show different degrees of anomia following a continuum of severity (HC<MCI<AD). It was also expected that the analysis of naming errors combined with the effect of psycholinguistic parameters and cueing would highlight a lexical-semantic origin to explain the naming impairment in participants with MCI and AD (Balthazar et al., 2008; Duong et al., 2006; Taler & Phillips, 2008; Guidi, et al., 2015).

Methods Participants

Initially, 60 participants were recruited: 12 with mild AD, 29 with MCI, and 19 HC. The final sample of the study consisted of 40 participants aged 55 years and older: five with mild AD, 20 with amnestic MCI (14 single domain and six multiple domains), and 15 HC. Twenty participants were excluded from the initial sample because they had probable visuoperceptual difficulties according to the “Object decision” subtest of the Birmingham Object Recognition Battery (Riddoch & Humphreys, 1993). Participants in the HC group were recruited from a database of cognitively and physically healthy older subjects and none had cognitive impairments or mental health disorders. Participants in the AD and MCI groups were referred by collaborating physicians or recruited through pamphlets distributed in medical clinics in Quebec City (Canada). Participants with AD met the core clinical diagnostic criteria proposed by McKhann et al. (2011) and participants with MCI met the clinical diagnostic criteria of Albert et al. (2011). All participants in the MCI group had mild episodic memory impairment (with or without impairment in other cognitive domains).

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