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Scherpa seu usitilia dans les chartes longobardes

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<c SCHERPA SEU USITILIA »

DANS

LE LATIN DES

CHARTES

LONGOBARDE S

A dire la vérité, dans la charte datée de février 74 0 par laquelle l'archiprêtre Sichimund, de Lucques, donnait à l'église d e S . Pietro sa part d'une maison ainsi que d'autres biens, les deu x termes que j'utilise comme titre figurent dans l'ordre exactement inverse, « usitilia, seo scherpa » . Mais, pour la clarté et la simpli-cité de l'exposition, je crois préférable d'analyserscherpa avant de traiter d'usitilia, ne serait-ce que pour obéir à ce précepte pé-dagogique qui conseille d'aller du plus connu au moins connu : or scherpa a bien des fois déjà attiré l'attention des savants , lesquels en ont fixé le sens de façon précise . Tablant sur quelques trop rares exemples du mot, C . Meyer 1 et Davidsohn2 lui ont attribué, il est vrai, la valeur de «Geld», tandis que pour Bruck-ner 3 et pour Meyer-Lübke 4 la signification en est incertaine . Et si, pour l'étymologie, Bruckner remarque que notre scherp a est «lautlich . . . zusammenzubringen mit and . mhd . 'Scherflein'

und mit ags . sceorp 'Kleid, bes. Rüstung'», Nigra, lui, à propo s du milan . sherpa, skirpa, admet que « questa parola non è diversa . . . dall' it . scarpa 'calzatura' », et que le sens originaire du mot a été celui de « corredo della sposa » et secondairemen t celui aussi de « corredino dei bambini» 6 : démonstration qu'on

I . C . MEYER, Sprache und Sprachdenkmäler der Langobarden, Paderborn ,

x8 77, p . 30 4 .

2. R .DAVInSOHN,Forschungen zur älteren Geschichte von Florenz, Berlin, 1896 ,

p. 164 .

3.W. BRUCKNER, Die Sprache der Langobarden, Strassburg, 1895, p . 211 . 4. W. MEYER-LtYBKE, Einführung in das Studium der romanischen

Sprach-wissenschaft, 3 e édit ., Heidelberg, 1920, p . 51, § 41 .

5. C. NIGRA, Note etimologiche e lessicali . 40. Mil. sherpa, skirpa, in Archivi o

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peut être un diplomate de valeur et, parfois au moins, un éty-mologiste malheureux .

Peu après, en effet, les recherches sur l'origine et la signifi-cation de notre terme firent un pas de géant avec Salvioni qui ,

réunissant une dizaine d'exemples anciens tirés en bonne parti e du Codex diplomaticus Langobardiae publié dans les Historia e patrice monuments, conclut que le sens de scherpa était « no n 'denaro' . . ., ma nemmeno 'corredo della sposa' », bien que « a questo significato saremo invece venuti più tardi per la via di 'suppellettile mobile', 'masserizie', 'suppellettile di vestiario' , mentre a quello di 'arnesi dell'officina' ecc ., saremo venuti at -traverso quello di 'masserizie, arnesi di casa', 'arnesi del mes-tiere'»8 . Série d'exemples anciens complétée quelques année s plus tard par N . Tamassia qui, s'il admet lui aussi le sens pre-mier de «insieme di cose mobili », d'où celui de ( corredo di

sposa », repousse l'origine germanique du mot et lui préfère comme base le latin sir ea, scir ea, «la sporta fatta di giunc o o di vimini» dans laquelle la mariée aurait rassemblé les objet s qui constituaient son trousseau' . Étymologie qui, ont remarqu é Bertoni 8 et après lui Meyer-Lübke peut expliquer sans dout e certaines formes méridionales modernes du mot, mais qui n e peut rendre compte ni des formes anciennes ni des formes dia-lectales que pourtant on ne peut détacher de celles du Nord de l'Italie ; étymologie, ou mieux prise de position qui, che z Tamassia, avait sa seule raison d'être dans un nationalism e étroit qui le poussait à diminuer l'apport germanique dans l'histoire du droit .

Avant de continuer, avant de rappeler brièvement les opi-nions récentes émises sur l'origine et le sens du mot, il est préfé-rable de cataloguer l'ensemble des exemples anciens qui en son t conservés, et qui figurent la plupart dans les chartes éditées

6. C . SALVIONI,Lomb .skérpaecc. 'corredo', in Archivio glottologico italiano,

vol . XV (1899), pp . 363-367.

7. N. TAMASSXA,Scherpa, scerpha, scirpa, in Atti del Reale Istituto Veneto d i

scienze, lettere ed arti, t. LXVI(1906-Igo7), pp . 72 5-735.

8. C . BERTONI, L'elemento germanica nella lingua italiana, Genova, 1914,

p . 183, note 1 .

9. W . MEYER-LtISKE, Romanisches etyrnologisches Wörterbuch, 3o édit . ,

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7 si magnifiquement, il y a quelques dizaines d'années, par Luigi Schiaparelli . Tant Salvioni que Tamassia, qui ne disposaien t point encore des deux volumes du Codice diplomatico longobardo , ont dû forcément se contenter d'éditions antérieures qui n'étaien t pas toujours parfaites . Et, d'autre part, leur cueillette, si fruc-tueuse qu'elle ait été, peut encore être complétée et perfectionnée : il n'est pas sans intérêt, nous le verrons, pour préciser la valeu r du mot, de le situer dans son contexte, de préciser pour chaqu e exemple à qui appartenait la scherpa mentionnée, de même qu'i l n'est pas sans intérêt de localiser exactement les cas dont nou s disposons .

Ces cas, les voici, rangés chronologiquement :

740, « Sibiano » près Bergame (?) — Dans un arrangemen t conclu entre des cousins, il est question de « causas quas cum Borgolino consoprino nostro auemus, . . . tam de terras quam familios seo schertas 10 uel peculias aut qualiscumque res ad nos pertenente . . . » (L . SCHIAPARELLI, Codice diplomatico lon-gobardo, vol . I, Roma 1929, p . 218) . Original .

740 , Lucques . — L'archiprêtre Sichimund donne à l'églis e de S . Pietro la part qu'il possède d'une maison, ainsi que d'autre s biens, « partem meam de casa hic prope Silice, ubi cummanir e uideor, cum solamento uel cum omnia adiacentia sua, cum moufle uel inmouile seo semouentibus, omnia usitilia, seo scherpa meam , tam pannis, eramen, uel auricalco, codicis, uel omnia quidqui d in meo dominio esset uideor, tam horto, fenile, casas massa-ricias cum omnia ad se pertenentem » (L . SCHIAPARELLI, op .

cit., vol . cit ., p . 22o) . Original .

761, Gurgite (Lucques) . — Pettula se donne corps et bien s à l'église de S . Paolo, « excepto scherpa mea, que pauperibus uel sacerdotibus pro anima mea potestate habeam dispensandi »

(L . SCHIAPARELLI, Op . Cit ., Vol . II, Roma 1933, p . 87) . Original.

764, Lucques . — Anspald, fils de feu Teutpald, donne à l'églis e de S . Maria, à Lucques, tout ce qu'il laissera à son décès, étan t toutefois entendu que «si iam dicta Rattruda Dei ancilla supe r decessu meo uixerit, omnes seruos uel ancillas seu aldione s

Io . L'éditeur du Codex diploraticus Langobardiae, col . 23, a lu erronément

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mecs, . . . simul et scherpa, aeramenta, ferramenta, usitilia lignae et omnes intrinseco case mihi pertenente, domo cultile, in eius sit potestate ipsi hominis liueros absoluendi et suprascript a

resmobilia pro anima mea uel sua despensandi'> (L .SCHIAPARELLI,

op . Cit ., vol . Cit ., p . 139) . Original .

768, Lucques . — Le prêtre Anacardo offre à l'église de S . Co-lombano sa propre église de S . Pietro di Castiglione, et « omni a in integrum, nisi scerpham meam et pannos, buttes et arc a uel glia usitilia casae seu nutrilnina » (L. SCHIAPARELLI, OP .

cit.,vol . cit ., p . 253) . Original .

771, Lucques . — Le clerc Guntelmus donne à l'église d e S. Pietro divers immeubles, et réserve à sa fille le droit d'habi-ter auprès de dite église, étant entendu que « si ipse filia mea deresmouile uelischerpa, si abueret, et exinde dare uolueret pro anima mea . . . licentia aueas (L . SCHIAPARELLI, op . Cit ., vol. cit ., p . 338) . Original .

773, Lucques . — Dans son testament Dauit précise, en faveu r de sa femme, « ut tu potestatem haueas omnis scherpa tua, quem ad nomen tuum hauis, pro anima tua iudicandi et dispensand i qualiter uolueris « (L . SCHIAPARELLI, OP . Cit., vol. cit ., p. 419) . Original .

774, Bergame . — Taido teste en faveur de l'église de S . Ales-sandro, et spécifie que « mobilibus uero rebus meis, hoc es t scher7 ha mea, aurum et argentum, simul et uestes atque e t caualli, quantumcumque post meum reliquero obitum, uolo u t omnia distributum et rogatum fieri debeat per suprascripto pontifice (l'évêque de Bergame) per sacerdotibus et Christ i pauperibus pro anime nive remedium . . . » (L. SCHIAPARELLI ,

odi . cit ., vol . cit ., p . 436) . Copie du IX e siècle.

793, Lucques . — Le diacre Saximundo lègue ses biens à Iohannes, évêque de Lucques, en particulier « omnia scerp a sive notrimina mea majora et minora » (L . A. MURATORI, Anti -quitates italicae medii aevi, t . V, Mediolani 1741, col . 412) .

8 53, Cologno . — Testament de Donatus en faveur de s a femme et de ses filles . Le testateur spécifie que <cfilias ver o meas nomine Hadelberga et Ragisenda volo ut vivat insimul cum filiis meis usque dun ad maritum ambolaverit ; et quando ad maritum ambolaverit, det earum filiis meis toti insimul per

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unaquaque in die votorum dinarii boni nonagenta et scella , quale ipsas sivi adquistare potuerit, abeat sivi in antea » (Codex

diplomaticus Langobardiae, col . 307) .

855, Gorgonzola . — Vente de terres faite par Garibaldo e n faveur d'Anselmus, par laquelle le vendeur confirme à sa fille , épouse de l'acheteur, la possession de ce qu'il lui avait donn é antérieurement, « scella, auro, argento, vel omnia quidquid a d suprascripta filia mea Gotenia in die votorum dedit aut tradit , maneat in ejusdem filia mea potestatem vel ejus eredes » (Op . cit . , col . 320) .

87o, Bergame . — Dans son testament, Garibaldus, évêque d e Bergame, dit entre autres : « volo ego . . . ut sit eidem Gottinie post decessum viri sui concessum aurum, argentum, scir a et reliqua mobilia, quod ipsa . . . de parentibus suis adduxit » (Op . cit., col . 417) .

1024, Gaète . — Gregorius, «magnificus vir », dit dans se s dispositions testamentaires que «simulque volo hac iube o ut omnibus aurum et argentum laboratum et non laboratu m [ ] scir7a omnia fiat in potestate Marie illuxtris uxori me e ad faciendurn omnia quodcumque sibi placuerit » (Codex di-plomaticus Cajetanus, vol . I, p . 276) .

1053, Salerne . — Machenolfus précise dans son testament que les exécuteurs testamentaires « deant Richardus, et Petru s

et Iohannes germani filii mei . . . biginti quinque auri solidi . . . Caballum meum saurum et una equa relinquo ad Arodta e t Maranda germane filie mee, faciendum quicquit voluerit, e t iodico ut atiungam eorum ipsi filii mei pannos et rame et alf a scirpha » (Codex diplomaticus Cavensis, vol . VII, p . 214) n .

1087, S . Pietro in Avanano (Arezzo) . — Les frères Bonacto et Martino, fils de feu Iohannes, marient Donnella à Dominicus , fils de feu Guillielmus et donnent à l'époux « omnes res mobile

et inmobile seo scherfas, quantas ipsa Donnella apud se abebad

I I . Cf. V .DE BARTHOLOMAEIS,Contributi alla conoscenza de' dialetti dell' Italia meridionale ne' secoli anteriori al XIII . I. — Spoglio del 'Codex diplomaticus Cavensis', in Archivio glottologico italiano, vol . XV (18go), p . 356 : par suit e

d'une distraction ou d'une erreur d'interprétation, cet auteur a rendu par scirfa

le scirpka de l'original . — je laisse de c6té deux exemples non datés recueilli s

par DuCANGE,Glosserium mediae et in fimae latinitatis,éd . Favre, t . VII, Niort ,

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et ei erad pertinentes » (L . PAGLIAI, Regesto di Coltibuono , Roma 1909, p . 87) . Original .

En ce qui concerne le sens de scherpa, les exemples qui pré -cèdent parlent clair. Il est vrai que le mot s'applique au « trous-seau de mariée » ou au moins à une partie d'un troustrous-seau, dan s les mentions de 771, 773, 853, 855, 1024 et 1087 : mais il est vrai aussi qu'il ressort nettement que ce sens est secondaire , et qu'il est dû à ce que dans la pratique, à une époque où l a dot en argent était presque aussi rare que les meubles, u n trousseau se composait essentiellement d'ustensiles de ménage . La scerpa, en d'autres termes, désignait l'ensemble des objet s servant au ménage . C'est pour cette raison qu'à «Sibiano » en 740 les cousins, dans l'arrangement qu'ils conclurent, men-tionnent les scherpas, de même qu'à Lucques, en 740 encore , l'archiprêtre Sichimund dispose de sa scherpa . En 761, il est certes possible que Pettula ait eu elle aussi un trousseau : mais comme elle n'était pas mariée, scherpa, dans l'acte la concernant, aura plus facilement sa valeur générale, habituelle, qui est cell e aussi de la scherpa du diacre Saximundo . Lors donc que M . Ga-millscheg suppose à la base de notre mot, ou de partie au moin s des formes ci-dessus cataloguées, un longobard skerr f a « Ileirat-ausstattung der Frau» 12, qu'il distingue phonétiquement et sémantiquement d'un gothique *skair2a «Geräte, Ausriistung»13 , on peut se demander si ce n'est pas avec quelque arbitraire, e t grâce à une forte déduction a posteriori, qu'il attribue ce sen s au premier de ces mots : l'examen de tous les cas de scherpa que nous connaissons n'autorise nullement l'hypothèse d'une évo-lution sémantique « trousseau de mariée » > «objets de ménage » , et tout semble prouver, au contraire, que « trousseau » n'es t qu'une utilisation facultative du mot dans un sens restreint . En bref, si skerp f a longobard diffère légèrement, par son exté-rieur, du gothique *skairpa, les deux mots paraissent avoir la même signification .

Notons en passant que le texte de 853 fait une distinctio n

12. E. GAMILLSCHEG, Romania Germanica, vol . II, in Grundriss der ger-manischen Philologie begriindet von Hermann Paul, II, 2, Berlin und Leipzig,

1 935, p • 156 (IV, 50) .

13. E . GAMILLSCHEG,op. Oit .,vol. I, in Grundriss . . ., II, I,Berlin und Leipzig , 1934, P. 3 8 9 (III) 43) .

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I l

nette entre la somme d'argent à remettre à Hadelberga et Ragisenda le jour où elles se marièrent, c'est-à-dire entre ce qu e nous appelons la dot proprement dite, et la seerfa àlaquelle elles auront droit à la même occasion : et il semble en être de même à Gorgonzola en 855, puisqu'alors scella est suivi de <cauro,

ar-gento » . C'est dire que scherpa <censemble des ustensiles de

ménage » passait d'autant plus aisément au sens de u trousseau de la mariée » qu'il ne comprenait pas la dot, le numéraire reç u par la mariée .

Est-il possible de savoir plus ou moins exactement en quo i consistait l'ensemble d'objets désigné par scherpa ; est-il possible, en d'autres termes, de nous faire une idée de 1'« arredamento » — je ne trouve pas de terme français exactement correspondan t — d'une maison toscane au VIII e siècle ? Nous n'avons, hélas , pour nous renseigner là-dessus, qu'une unique charte longobarde , celle par laquelle, le Ier décembre 730, Uuarnefredus, castal-dius de Sienne, fait don à l'église et au monastère de S . Eugeni o

de terres, de bestiaux, d'ustensiles variés, ainsi que des vêtements et objets précieux appartenant à son épouse Optileopa . L'ennu i est que cette charte ne nous est conservée que par quatre copie s incomplètes et tardives — elles datent toutes du XVIl e siècle — exécutées (dans les deux sens du mot) par des copistes qui très fréquemment ont mal lu l'original qu'ils avaient encor e sous les yeux . Faute de mieux, je reproduis ici le texte tel qu'i l a été édité par Schiaparelli — dont je ne modifie que la ponc-tuation dans les cas où je l'estime nécessaire —, qui s'est servi de la copie B, faite en 1607, la seule qui contienne le passag e qui nous intéresse :

<c . . . de ceramento uero caldarias numero quinque : una cum

manicas, tenente anforas una ; secunda tenente congia quat-tuor ; tertia tenente congia tres ; quarta tenente congia duo ; quinta tenente congio uno . Pariola uero numero sex, quod es t fasso uno . Frixorias duas . Cucumas duas : una tenente congi o dimidio, et alfa sub minore . De obsequio brandi [ ] catena s super focos numero sex ; una cum [ ] de filiis quondam

Boc-cioni de Sauiniano obuenit . Tripidem uno . Spitas ferreas duo . Recentario uno . Concas de aricalco duos. Et tres gauatas . De omni uero ferramentum maioris, minus minoris, capite uno .

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Falces numero sex . Lecta autem numero octo, una cum ordi-nationes suas, ac secias aero numero quinque . Mappas quinque . Cumaras [ ] et alias franciscatas numero decem . De orna-mento autem mulieris mee Opitileopae sive mantoras siricas , palleas, tunicas, fibulas maurenas et anis uestra, anulos, uel

quicquid a suo uestimento habere uidetur . . . »14 .

Texte si mal conservé, ou plutôt si mal copié, que Schiapa-relli lui-même, à plus d'une reprise, y a perdu son latin . Cera

-mento, il le rend en note par «ceramica, quindii vasi che son o

ricordati erano di terra » . Des chaudières de terre ? Chose bie n improbable . Si nous nous souvenons que plus d'une fois les chartes de l'époque mentionnent génériquement l'aeramen ou,, en 764, les aeramenta suivis des ferramenta, nous verrons dans ceramento une mauvaise copie de aeramenta : ce qui revient à dire que les cinq chaudières de Uuarnefredus étaient de bronze . —

Plus loin, des six pariola l'un est indiqué comme étant lasso . Mot qui au dire de Schiaparelli, doit désigner « un paiolo o vaso

di metallo di special uso» . Mais ici encore l'explication est bie n plus prosaïque : l'original devait dire en effet « pariola uero

numero sex, quodest fissouno» . — Plus loin encore, à propos d e « de obsequio brandi », le savant chartiste estime que ces brandi devaient être des « oggetti ad uso del fuoco» . Je n'en crois rien , et verrais dans Brandi un anthroponyme au génitif, ce qui m e ferait traduire ainsi ce passage : « [Reçues] grâce à l'amabilité de

Brandus . . .des chaînes . . . », ces dernières pouvant suivre un nom désignant un récipient que l'on suspendait par des chaîne s au-dessus du feu . — Et lorsque Schiaparelli veut rendre le spita s de notre texte par « spathas », il commet exactement la même erreur que commet le traducteur norrois de la Chanson de Roland' quand il confond espee et espiet, à ce détail près qu'il s'agissai t là de deux armes de guerre, tandis que lesspitasde Uuarnefredu s n'étaient que desspitos, des broches à rôtir, spitumse retrouvan t par exemple dans l'ombrienspito et le bergamasque

spit,

spet . — Quant à recentario, le copiste de B l'a glosé par « rinfrescatoio » :.

je le traduirais plus volontiers par « bassine » . —Faces, lui, est une restitution due à Schiaparelli, B n ' ayant que les trois . premières lettres du mot : restitution vraisemblable, à conditio n

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que l'on voie dans ces fakes, non point des faux, mais des cou-teaux de cuisine . — Quant aux lits et aux objets qui s'y ratta-chent, je ne sais ce que peut cacher la mauvaise leçon secias , d'une part ; et, de l'autre, mappas ne peut guère désigner de s nappes, mais plutôt des couvre-lits . Ce passage, au surplus , parait incomplet : l'expression « alias franciscatas » doit forcé -ment être précédée de «unas x», ce x ne pouvant que qualifie r

cumaras, qui une fois de plus est une graphie fautive . Schia-parelli y voit cumeras, «grand panier d'osier ou vase de terre pour conserver le blé », ce qui ne me convainc pas, le mot pa-raissant plutôt se rapporter à la literie . A propos de franciscatas , l'éditeur note que cet adjectif correspond peut-être à francicas , franciscas : cette seconde proposition est sans doute préférable , du fait que dans des chartes pouillaises, sensiblement plu s tardives, il est vrai, puisqu'elles sont du XII e siècle, nous trou-vons «unum lectumfranciscum» dans deux documents de Terlizzi de 1138 et 118o, ainsi que « duos lectos f ranciscos» dans un inventaire de Molfetta datant de 1184, ce genre de lit paraissant s'opposer à un «lecto gricissco » mentionné à Conversano en

īII0 15 .

Je laisse de côté le passage relatif aux vêtements précieu x et aux bijoux possédés par Optileopa, passage corrompu lui aussi , et qui au surplus ne nous intéresse pas directement, puisque nous sortons du domaine de 1'« arredamento» de la maison . «Arredamento », celui de Uuarnefredus, qui comprenait u n ensemble d'objets plus considérable que la seule scherpa, dont il n'est pas facile, nous allons le voir, de déterminer l'exacte con-sistance . Lorsque la charte lucquoise de 740 mentionne « omni a

usitilia, seo scherpa meam, tam pannis, eramen uel auricalco ,

codices », quelle valeur entend-elle attribuer à tam ? Celle de

« et aussi, de même que », ou bien de « c'est-à-dire » ? Je pen-cherais pour la seconde solution, puisque eramen et auricalc o ne peuvent désigner que les récipients de métal, cuivre ou bronze , qui normalement faisaient partie de la sclaer7a : mais, en ce cas , les panni c'est-à-dire la lingerie, rentraient dans cette mêm e 15 . P . AEBISCHER, La literie et l ' histoire du matelas d ' après les matériaux médiévaux romans, in Zeitschrift für romanische Philologie, vol . LXVI (rggo) , P• 3 1 7•

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scherpa . Dans le texte de 764, lorsque le scribe mentionne « simu l et scherpa, aeramenta, ferramenta, usitilia lignae et omnes intrinseco case lnihi pertenente », que veut-il ? Inclure les . aeramenta et ce qui suit dans la scherpa, ou au contraire les en exclure, ne point les considérer comme en faisant habituellemen t partie ? Et lorsque enfin la charte de 768 dit : « nisi scerpham. meam et pannos, buttes et arca », la lingerie, l'ensemble des . récipients en bois, le bahut, étaient-ils compris, oui ou non , dans la scerpha ? Le plus sûr est d'accorder à ce mot une valeu r extensible au gré des usants, une valeur allant de celle d'« en-semble des ustensiles de ménage » à celle d'« enen-semble des usten-siles, meubles et lingerie » qui constituaient l' q arredamento » ,

d'un intérieur. Scherpa, dans nos chartes, est un terme de droit , utilisé lors de l'énumération de certains biens meubles, de meubles , meublants ; et les scribes n'ont pas dû l'employer toujours ave c le souci qu'il ne fît pas, au moins partiellement, double emplo i avec les mots du contexte . Ces meubles meublants, la scherpa, au VIIIe siècle, consistaient essentiellement en ustensiles d e

ménage, chaudières, chaudrons suspendus par une chaîne au -dessus du foyer, lèchefrites, coquemars, trépied et broches , avec d'autres récipients plus petits et des couteaux . Ensemble qui devait, plus ou moins, figurer dans n'importe quel ménage , en même temps peut-être que d'autres vases, de bois ceux-ci, . dont il n'est pas question dans le texte de 730 ; en même temp s que quelques rares meubles, lits et bahuts .

On comprend aisément, dès lors, comment sc`irpa peut dési-gner les outils d'un artisan aujourd'hui dans les Grisons et d'au-tres régions de l'Italie septentrionale 16, et pourquoi, dans

d'au-tres localités de cette même zone, à Remüs dans les Grison s (point 9), à Isolaccia dans la Valtelline (point 209) swsinā r

i n sdiärp, 'Stand),un skirppuisse signifier « étamer un récipient» 17,

les récipients constituant la partie la plus importante de c e pauvre ensemble qu'était la scherpa . Et c'est une autre restric-tion sémantique, ébauchée au VIIIe siècle déjà, qui a poussé

notre mot, dans le Tessin et quelques parlers voisins, au sens d e « trousseau de la mariée» 18 ,

16 . K . JABERGund J . Jun, Sprach- und Sachatlas Italiens und der Siidschweiz,

carte no II 200, points 29, 229et 238 .

27 . K . JABERGund J . Jun,op . cit ., carte n o

Il

205 . 18 . K .JABERGund J .Jun,op . cit., carte no 1 7o .

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Dans un des endroits qui ont gardé ce sens, le point 23 4 (Introbio), M . Scheuermeier a noté la double forme shelpa , skdlf a, cette dernière étant vieillie . Elle correspond évidemment au schêlfa recueilli à Côme par Monti 19 , il y a plus de cent ans , avec la signification précisément de <ctrousseau de mariée ».

Double forme qui nous montre que la forme avec -If- a ét é remplacée, à une date récente, par celle plus courante avec -lt-, qui elle-même a dû se superposer à une forme avec -rf-, puisqu e c'est scella a que nous avons rencontré, non seulement à Co-logno en 853 et à Gorgonzola en 855, mais déjà aux environ s de Bergame en 740, selon la lecture de Schiaparelli . Faut-il adjoindre à cette liste le scerpham de Lucques en 768, lescherpha de Bergame de la charte de 774 ? Problème qui n'est pas facil e à résoudre non plus, du fait que les graphies anciennes ave c -ph- sont malaisées à interpréter . Il est vrai qu'à Lucques e n 765 nous trouvons un ascaphilo grano» 20 en lieu et place de l'habituel scalum ; mais il est vrai aussi que les scribes n e craignaient pas d'introduire par coquetterie un -h- là où il n'avai t que faire, comme dans monastherio à Lucques en 767 21. Néan-moins, étant donné que les formes avec -rf- ont survécu jusqu' à nos jours, ou presque, à Côme et aux environs, et que Monti

signale encore un scerfa (à côté du reste de scherga) dans les Statuta Mediolani publiés en 1552, on peut considérer comme vraisemblable que le scherpha bergamasque représente bien u n skerfa . Il ne me semble pas en être de même à Lucques, étan t donné que l'ensemble des mentions anciennes y témoignent en faveur de l'existence, pour le VIll e siècle, de la forme avec -rfi- ; seule la graphie scherfasde 1087 laisse entrevoir la présence dans la région d'Arezzo, à une date plutôt tardive, du typ e avec -rf-, Quant au centre sud de l'Italie, avec le scirpha de Salerne en 1053, nous retombons dans le domaine de -r -, puis-que tant la graphie scir fia de Gaète que les formes moderne s cal . scir7u e mobilio » et les dérivés basil . scerpola, regg . cal . scirpitelli, tarent . scirpuleet autres recueillies par Salvioni 22, ains i 19. P . MONTI, Vocabolario dei dialetti della cittâ e diocesi di Como, Milano, 1845 ,

p, 267 .

20. L . SCHIAPARELLI, Op .Cit., vol . II, p . 286. Le document est original . 21. L . SCHIAPARELLI, Op . Cit ., vol .Cit .,p . 116 . Le document est original .

22. C . SALVIONI, Appunti diversi sui dialetti meridionali, in Studi romanzi ,

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1 6

que le Mrpa du point 750 (Verbicaro) de l'AIS avec le sens de « vêtements, linge » 23 constituent un tout .

On est donc porté à croire qu'au moyen âge comme aujourd'hui , le typescherfa était avant tout lombard (la seule exception étant le scharias arétin de zo87) . Il semblerait cependant qu'au VIII e siècle et au IXe l'aire qu'il occupait dans la moitié est de la plaine padane était plus étendue, et qu'elle s'est restreinte a u cours des siècles jusqu'à ne plus être représentée que par les environs de Côme, alors qu'ailleurs c'était scherpa qui prenait sa place . Divergence des deux types qui a déjà été notée pa r Bruckner, lequel, ne connaissant que trois graphies ancienne s avec -rp-, et deux avec -i'/-, a cru devoir jeter la suspicion sur l'une des premières, le scirpa bergamasque de 87o, dont l e -i- lui paraît douteux, d'autant plus que ce texte n'est conserv é que par une copie, si bien qu'il conclut que, malgré les témoi-gnages de l'existence de graphies avec -rp, ce groupe, en lon-gobard en était déjà à l'étape -rf- . Opinion acceptée par Salvioni d'abord24 , puis par Bertoni 25 , lesquels ne divergent que dan s l'explication qu'ils proposent de la différence -rp-, -rf-, le pre-mier faisant appel, ou à l'influence analogique de stírpe, ou à celle, qui lui paraît moins vraisemblable, de la base franque qu i a donné en français escherpe, le second disant vaguement « che bisogna ammettere che qui si abbia, per analogia di altre parole con legittimo il p e ilfdopo consonante, un' alternativa irregolare dirp e rf » . La bonne explication semble être celle proposée plus tard par M . Gaznillscheg qui, nous le savons, a admis à côté du longobard skerpfa un parallèle gothique *skaír7a, de sorte que, dit-il, lescella, skel f a de Côme est « möglicherweisegarnicht ech t langobardisch, sondern langobardisiertes Gotisch a> 23, Il s'en

-suivrait donc, en d'autres termes, que le nord de l'Italie aurai t connu tout d'abord un gothique *shaírpa, remplacé partielle -ment par un longobard skerpfa >skerfa . Hypothèse qui rend asse z bien compte du fait que les formes en -rp-s'étendent de Bergame

23. K. JABERGund J . Jun,op . cit., cartes no V, got, n e VIII 1528 et n o VIT I

1529 .

24. C . SALVIONI, art, cit ., p . 366 . 25. G. BERTONI, 075 . Cit ., p . 60 .

(13)

1 7

à Salerne, tandis que celles en -rf- n ' apparaissent que rarement , dans la région de Milan et à Arezzo .

* *

*

Le sens habituel de scherpa « ensemble des ustensiles de mé-nage » ayant été dûment établi, il nous est plus facile désormai s de traiter d'usitilia, dont voici les exemples anciens que je pui s citer, ceux où il apparaît en compagnie de scherpa n'étant

mentionnés que pour mémoire :

740, Lucques . — « omnia usitilia, seo scherpa meam, ta m

pannis, eramen, uel auricalco . . . » (L. SCHIAPARELLI, Codice

diplomatico longobardo, vol. I, Roma 1929, p . 220) . Original . 768, Lucques . — « omnia in integrum, nisi scerpham meam et pannos, buttes et arca uel alfa usitilia casae . . . » (L. SCHIA-PARELLI, op . Cit., vol. II .

p.

253) . Original .

77 0 , S . Vito in Cornino (Lucques) . — « Nos supradicti ger-manis uolumus, ut, duln aduinere meruemus de omni notri-mina nostra et de usitilia seu et de usufructum nostrum potes-tatem nobis reseruamus . . . » (L. SCHIAPARELLI, OP . Cit., vol.

cit., p . 307) . Original .

77 o , idem . -- Dans la donation d'une terre, il est fait mentio n

de « casa ipsa . . . excepto usitilia et notrimina de ipsa casa »

(L . SCHIAPARELLI, OP . Cit., vol . Cit ., p . 309) . Original .

770 , Lucques . --- L'évêque de Lucques confirme à deux frère s la possession de biens appartenant à l'église de S . Frediano, « excepto omnem rem illam quam germanus uester Lupu s presbiter in predicta ecclesia SanctiFridiani off erre uisus fuit . . . ; nam aliis omnibus rebus pertenente ad ipsa Dei eclesia a bobis possessa in uestra . . . confirmamus . . . et usitilia ipsei case pro anima uestra non doloso animo dispensare habeatis . . . » (L. SCHIA-PARELLI, OP . Cit ., vol . Cit ., p . 313) . Original .

773, Lucques . —Davit dispose par testament que sa veuv e « haueas in tua potestate omnis osidilia quei hic ciuitate hauer e

uidemur (L . SCHIAPARELLI, OP . Cit ., vol . Cit ., p . 417) . Copi e

du IX e siècle .

(14)

immédiate-1 8

ment ; ou mieux, cas d'usitilia qui nous montrent que ce n ' es t que dans le formulaire des scribes lucquois que ce mot a réuss i à se faire une place au soleil . Exemples dont il est plus malaisé de tirer le sens que devait avoir notre mot que ce n'a été le ca s avec scherpa . Deux fois seulement, en 770, notre mot s'oppos e à notrimina «provisions de ménage » ; une fois, en 740, il est accolé à scherpa dans l'expression «usitilia seo scherpa meam ». Mais quelle est ici la valeur deseo ? Cette conjonction y signifie -t-elle «ou bien, c'est-à-dire » (auquel cas nous devrions avoir affaire à deux synonymes) ; ou y a-t-elle plutôt la valeur, fré-quente en latin de basse époque, de « et encore, de même que , ainsi que » ? Une fois enfin — et c'est au fond la mention l a plus intéressante — dans «omnia in integrum, nisi scerpha m meam et pannos buttes et arca uel alia usitilia », notre mo t paraît avoir une signification plus générale, plus étendue qu e scerpha, puisque ce dernier, au moins théoriquement, ne sem-ble comprendre ni les linges, ni les récipients de bois, ni surtou t les meubles, tandis que tout cela, ainsi que la scerpha, fai t partie d'un tout dénommé usitilia . D'où l'on pourrait conclure , je le répète, qu'usitilia est un terme plus générique que « usten-siles de ménage » . Si bien que, jusqu'à preuve du contraire, nou s admettrons que les usitilia consistaient en «l'ensemble de s objets, grands ou petits, servant à l'usage domestique » . En. d'autres termes, usitilia ne serait donc pas un synonyme absolu de scherpa, puisque ce dernier s'appliquait plutôt aux objet s de moindre grandeur, tandis qu'usitilia se disait tant de ce s derniers que d'ustensiles plus importants, ainsi que des quel-ques meubles dont on disposait, et même de la lingerie . Les usitilia, bref, c'était tout ce qui servait au ménage .

Usitilia avait du reste, dans l'usage lucquois, un concurren t qui paraît se situer sémantiquement à mi-distance entre c e mot et scherpa : il s'agit de usitilia, dont j'ai relevé les deu x mentions qui suivent :

765, Lucques . — «cum notriminas magioris et menuris, cu m astibilia, ferramenta, rameuta (L . SCHIAPARELLI, ob . Cit . ,

vol . I I, p . 182) . Original .

76g, S . Regolo in Gualdo (Lucques) . — «de omnia notrimin a mea et deusiuiliasent et de usufructum meum potestatem mihi reseruo » (L . SCIIAPARELLI, op . Cit ., vol . Cit ., p . 299) . Original .

(15)

1 9

Chinoiseries, distinctions trop subtiles ? Après tout, ce n'es t pas impossible . Que dans la pratique journalière usitilia, usibili a et scherpa aient dû être très voisins sémantiquement, c'est c e que démontre leur développement postérieur lui-même . C'est à *itsitilia, en effet, que Salvioni — qui munit cette forme d'u n astérisque inutile — rattache l'ancien lombard oseegle «utensili ,

masserizie» 27 , l'osdéj de Plaisance et le pavésan usghéj28 , de même qu'un usadegli «outils pour le labour = charrue » fourni par un ancien texte de Poschiavo 29 . Formes auxquelles l'on peut ajouter l'üzgdi tessinois du point 71 (Breno) de l'AIS et l'uzdey du point 412 (Carpaneto), qui ont tous deux la valeur de «ar-nesi» 30 , ainsi qu'un uzad 'l «charrue » du point 263 (Rivolt a

d'Adda) 31 . Le savant milanais ajoutait que la même base

pour-rait se retrouver dans les u-osvéj de Modène, de Parme, d e Reggio et d'ailleurs, bien que, disait-il, le -v- y paraisse étrange , étant donné qu'en général ces dialectes conservent le d pro -venant de la sonorisation d'un -t- originaire : si bien qu'il se demandait si ces formes ne remonteraient pas à un *usuili a provenant de la rencontre de usualeet d'usitilia . Mais la solution de ce petit problème a été trouvée par Bertoni, qui ne semble pas avoir connu la note de Salvioni : à propos d'un «osivili a da ligare libri» qui apparaît dans un texte du XVe siècle, e t

d'un usbui figurant dans un acte notarial modénais de 1347 , il rattache avec raison ces formes, de même que le modénais actuel úsví — Malaspina, pour Parme, donne osvi, s . us .,

«uten-27. C . SALVIONI, Annotazioni sistematiche alla e Antica Parafrasi Lombarda del Neminem laedi . . . », in Archivio glottologico italiano, vol . XII (1890-1892) pp . 211 et 418 .

28. C . SALVIONI, A proposito di amis, in Romania, t . XXIX (1900), p . 554 et note 2 .

29. C. SALVIONI, Il dialetto di Poschiavo . A proposito di una recente descrizione . Nota terza, in Reale Istituto Lombardo discienze e lettere, Rendiconti, ser . II,

vol . XXXIX (1906), p . 621 .

30. K .JABERG undJ . Jun, op .Cit ., carte noII200 .

31. K. JABERG und J . JUD,op .Cit ., carte n oVII 1434 .Cf . pour d'autres formes

W.MEYER-LÜBKE, Romanisches etymologisches Wörterbuch, 3 e édit ., Heidelberg,

1935,p .75 8 , no 9101,C .BATTISTI eG . ALESSIO, Dizionario etimologico italiano,

vol . V, p . 3634, W . VON WARTBURG, Französisches etymologisches Wörterbuch ,

vol . XIV, p . 88, et en particulierW. MEYER-LÜBKE, dans son compte-rendu d e

G. CoxN, Die Suffixwandlungen im Vulgärlatein, in Literaturblatt für germa-nische undromanische Philologie, vol . XII (18g1), col. 203 .

(16)

2 0

sili ; strumenti, arnesi, mobili, che vengono spesso ad uso nelle case, nelle officine, e per lo piú nella cucina» 32 —précisément à

usibilia 3 3

Nous avons donc aujourd'hui une aire émilienne d'usibili a qui s'oppose à l'aire lombarde d'usitilia . Mais nos formes an-ciennes nous montrent que tant l'une que l'autre se prolongeaient au VIIIesiècle au sud des Apennins, dans la Tuscie longobarde ,

et je croirais volontiers qu'usibilia est secondaire par rappor t

à usitilia .

Quant à l'étymologie de ce dernier, et de ses correspondant s modernes, tout n'y est de loin pas clair . Qu'il faille partir, comme l'admet M . von Wartburg 34 , du latin üténsilia devenu usitilia

sous l'influence d'usare, c'est vraisemblable : resterait encor e à expliquer pourquoi l'on n'a pas eu*usensilia . Influence peut -être d'usitare, comme paraît le suggérer Skok 36 ? Cela me sem-blerait d'autant moins impossible que nos usitilia, usibilia, quoique désignant un ensemble de choses très prosaïques, on t tout l'air d'être des termes, disons savants, appartenant au vocabulaire des scribes du temps, qui ont fait passer usitïle

à usitïle, de même que sur le latin utibile ils ont fabriqué *utibïle . Resterait encore à expliquer l'origine des formes française s et italiennes avec ou-,o- initial, formes qui supposent non u n ü-, mais un it-, et qui sont fort anciennes, puisque Pirson déjà a noté un ostensilia dans les Formules de Sens, e document don t l'original ne remonte pas au-delà de la deuxième moitié du 8e

siècle S6 », et que c'est à cette époque précisément qu'appartien t

la graphie particulièrement vulgaire osidilia de la charte luc-quoise de 773 que nous connaissons par une copie seulement , il est vrai. Mais l'important, après tout, n'est-ce pas que tan t

32. C . MALASPINA, Vocabolario parmigiano-italiano, vol . III, Parma, 1858 , p . 191 .

33. G . BERTONI, Profilo storico del dialetto di Modena, in Biblioteca dell'

« Archivum romanicuni », sér . II, vol . Ir, Genève, 1925, p . 70 . 34. W. VON WARTBIJRG, op . Cit., vol . Cit .,10C .Cit .

35. P . Sicon, Notes de linguistique romane, in Archivum romanicum, vol . VIT I (1924), P . 151 .

36. J . PIRSON, Le latin des formules mérovingiennes et carolingiennes, in

(17)

21 usitilia cku'usiliilia 37 soient attestés plus d'une fois dans no s textes longobards ?

Lausanne .

Paul AEBISCHER .

37. Cettc forme parait avoirétéusitée ailleurs q u 'en Italie : je trouve en effe t dans J . RMus, Cartulario de «Sent Cugat» del Veillés, vol . I, Barcelona, 1945 , p . 73, un « omnia sua servimenta vel usubilliasdans une charte de l'année 967 . Après avoir écrit les pages qui précèdent, j'ai eu l ' occasion, en relisant les

Memorie e documenti per servire all'istoria del ducato di Lucca, vol. V,2e parte,

de noter un certain nombre de mentions lucquoises de scherpa et d'usitilia qu e j ' ajoute ici, bien qu'elIes n'aient d'autre intérêt que de montrer que ces mot s étaient encore courants au IX e siècle dans l' usage des scribes : « iscerpa et re s movile, quem in mea reservo esse potestatem » (a . 8o8 ; op . cit ., p . 21o) ; «

ex-cepto res movile, idest ischerpas et usitilias meas, et omnibus nutriminibus mei s (a. 82o ; op . cit., p . 26o) ; « omnia movilia vel immovilibus meis, tam bovis ca-vallis pecore capre porcus ischerpas ramen feramenta » (a . 849 ;op . Cit ., p . 401) .

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