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Analyse d'impact du développement économique des biocarburants au Sénégal : une étude en modèle d'équilibre général calculable.

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Sous la direction du Pr. Luc Savard

Mémoire présenté au programme de Maîtrise en économique

Août 2016

© Sow Khady, 2016

FACULTE D’ADMINISTRATION

Analyse d’impact du développement économique

des biocarburants au Sénégal : une étude en

modèle d’équilibre général calculable

Par

Sow, Khady

(2)

II

À Amadou Abdoulaye Sow, Pour ta présence, bien que tu ne verras jamais l’œuvre de ta fille.

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III

RESUME

Dans ce travail, on utilise un MEGC statique pour aborder l'impact du développement des biocarburants sur la croissance économique et sociale au Sénégal. Notre choix d’utiliser un modèle d’équilibre général calculable (MEGC) pour cette étude se justifie par le fait qu’ils sont de nos jours des modèles macroéconomiques particulièrement adaptés à l’étude de politiques structurelles à moyen ou long terme. Le modèle a été développé sur la base du modèle EXTER issu de deux matrices légèrement différentes : l’une reflétant l’économie réelle du Sénégal de 2011 et mise à jour pour 2014 et l’autre étant une matrice hypothétique intégrant les données sur les agrocarburants obtenues à partir des calculs de l’auteure. Le modèle met en exergue les spécificités de l’intégration de ce secteur dans l’économie sénégalaise. Il met plus l’accent sur les secteurs énergivores vu que l’objectif principal étant la réduction de la dépendance énergétique du pays. Deux simulations sont réalisées afin d'effectuer cette analyse : une hausse de l’offre de travail et une subvention accordée aux secteurs des biocarburants comme première simulation et la deuxième simulation reprend la première simulation en y ajoutant une hausse du prix des importations des produits pétroliers. Ainsi, par les mécanismes d’équilibre général, les résultats nous montrent une évolution des agrégats macroéconomiques dans leur ensemble dans les deux simulations. Cependant, sauf dans certains secteurs, en généralité, l’intégration des agrocarburants et leur exploitation avantage beaucoup le pays sur presque tous les secteurs de l’économie.

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IV

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce projet a nécessité le temps, l’énergie et la collaboration de certaines personnes à qui j’adresse mes sincères remerciements, notamment :

- Ma mère qui n’a jamais cessé de me soutenir et qui m’a permis de venir au Canada. Je te dis merci du fond du cœur!

- Mon mari qui a toujours été à mes côtés pour me soutenir, me conseiller et m’assister en tout temps sache que je te dis merci. - Luc Savard, mon directeur de recherche, pour l’encadrement, le

soutien et les conseils prodigués tout au long de la rédaction de ce mémoire.

- Ismaël Fofana qui malgré ses multiples occupations a bien voulu m’aider dans ce travail. Recevez l’assurance de ma profonde reconnaissance.

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V

TABLE DES MATIERES

RÉSUMÉ ... III

REMERCIEMENTS ... IV Table des figures ... VII Abréviations et Sigles ... IX

INTRODUCTION ... 1

Contexte ... 1

Objectifs ... 3

Méthodologie ... 4

Chapitre I : Contexte général de l’étude ... 6

1.1 Présentation du Sénégal : situation socio-économique ... 6

1.2 Situation énergétique ... 9

1.3 Les biocarburants au Sénégal ... 11

Chapitre 2 : Cadre théorique de l’étude ... 15

2.1 Les biocarburants dans les pays en voie de développement ... 16

2.2 Justification du choix des modèles d’EGC ... 20

2.3 Intégration des biocarburants dans les modèles d’EGC ... 23

Chapitre 3 : Cadre méthodologique ... 29

3.1 Données utilisées ... 29

3.2 Caractéristiques du modèle Exter_Senstamod ... 38

3.3 Spécification du modèle Exter_ Senstamod-Biofuel ... 44

Chapitre 4 : Résultats et implication des simulations ... 46

4.1 Implication des simulations ... 46

4.2 Résultats ... 48

4.2.1) Simulation 1 : Accroissement de 3.2% de l’offre de travail et 20% de subvention dans le secteur des biocarburants

...

49

4.2.2) Simulation 2 : Accroissement de 3.2% de l’offre de travail et 20% de subvention dans le secteur des biocarburants et augmentation de 1% des prix des importations de produits pétroliers………..

...

58

Conclusion ... 63

(6)

VI

Bibliographie ... 66 Internet ... 72

(7)

VII

Table des figures

Figure 1: Taux de croissance du PIB réel de 2011 à 2016

...

7

Figure 2 : Évolution de l’indice de production d’énergie

...

10

Figure 3 : Consommation Finale par Habitant (en tep)

...

10

(8)

VIII

Table des tableaux

Tableau 1 : Évolution des indicateurs de pauvreté au Sénégal, 2001-2010.

...

8

Tableau 2 : Nature des simulations

...

48

Tableau 3 : Variation (%) des variables macroéconomiques

...

50

Tableau 4 : Variation (%) des variables sectorielles selon la branche d'activité

...

52

Tableau 5 : Variation (%) des agrégats selon la branche d'activité

...

55

Tableau 6 : Variation (%) des variables macroéconomiques

...

58

Tableau 7 : Variation (%) des variables sectorielles selon la branche

...

59

(9)

IX

Abréviations et Sigles

ANSD : Agence Nationale de Statistique et de la Démographie

CEDEAO : Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest DPEE : Direction de la Prévision des Études Économiques

ENERDATA : Energy Data

FCFA : Franc des colonies françaises d'Afrique ISRA : Institut sénégalais de recherches agricoles LPDSE : Lettre de politique de développement sectoriel MEGC : Modèle d’équilibre général calculable

PERACOD : Programme pour la promotion des énergies renouvelables, de l’électrification rurale et de l’approvisionnement durable en combustibles domestiques

PIB : Produit Intérieur Brut REVA : Retour Vers l'Agriculture

SENELEC : Société Nationale d’Électricité SIE : Système d’information énergétique Tep : Tonne équivalent pétrole

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1

INTRODUCTION

Contexte

L’énergie est, de nos jours, un socle du développement économique et social. Elle est devenue en moins d'un siècle un enjeu économique et stratégique majeur aussi bien dans les économies industrialisées que dans celles en développement. Ainsi la réduction des ressources en énergie fossile, conjuguée à une hausse continue de la facture pétrolière et une prise de conscience de l’impact négatif des émissions de gaz à effet de serre sur l’environnement, pose la nécessité de trouver des sources d’énergie alternatives (énergies renouvelables) à celles dites traditionnelles (énergies fossiles). L’accès à l’énergie est une question cruciale dans la lutte contre la pauvreté. En effet, l’énergie est une composante essentielle de toute activité permettant d’assurer un minimum de développement économique et social. Elle est indispensable à la satisfaction des besoins quotidiens (eau, nourriture, santé, etc.).

Le Sénégal, à l’instar des autres pays en développement, s’inscrit dans cette dynamique en initiant une stratégie globale de production des biocarburants afin de renforcer son «mix» énergétique et ainsi contribuer à la substitution des produits pétroliers qui, par ailleurs, subissent une fluctuation de leurs cours compromettant grandement les efforts de développement (Sarr et al., 2010). Toutefois, l’avantage le plus palpable est la réduction de la facture pétrolière pour les États et pour les ménages. Le biocarburant est une chance pour

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2

Ainsi, le lancement d’un Programme National Biocarburant (Plan REVA, 2007) et l’élaboration d’une loi pour la promotion des biocarburants (Loi N°2010‐17 du 20 Décembre 2010) constituent une manifestation de l’intérêt de l’État pour « diversifier ses sources d’énergie pour assurer un approvisionnement énergétique du pays en quantité et en qualité en vue de soutenir une croissance économique et sociale durable ».

La stratégie de développement des énergies renouvelables, notamment des biocarburants, constitue une réponse aux défis : sécurisation du système énergétique, diversification de l'approvisionnement, création de revenus en milieu rural et accès à l'énergie. En effet, le secteur énergétique sénégalais a été longtemps soumis à une crise aigüe, marquée, par des délestages récurrents, des ruptures de stocks des produits pétroliers, des difficultés d’accessibilité des populations pauvres en électricité et des pénuries fréquentes dues, notamment, aux difficultés d’approvisionnement en produits pétroliers.

Ainsi, une volonté politique manifeste a été émise par les autorités nationales avec comme directive l’adoption d’une stratégie nationale de biocarburants centrée principalement sur le développement de la culture du Jatropha curcas pour la production de biodiesel et de la canne à sucre pour la production de bioéthanol. C’est dans ce cadre que le Programme National Biocarburant (PNB) fut lancé en juillet 2006 par l’État sénégalais en prévision des tendances d’augmentation du prix du baril de pétrole.

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3

Objectifs

Notre objectif pour ce mémoire est d’analyser l’impact du développement économique des biocarburants au Sénégal. En d’autres termes, il s’agira de voir l’impact d’une politique de promotion des biocarburants sur l’économie du Sénégal à travers les interactions entre la productivité et la performance économique.

Ainsi les compromis possibles entre les objectifs de développement ont incité les pays à faible revenu comme le Sénégal à examiner une série de scénarios de production de biocarburants, afin d’analyser les risques et les potentialités des agrocarburants sur le plan économique et en comparaison avec les carburants d’origine fossile.

L’atteinte de nos objectifs passera par la construction d’un modèle macroéconomique d’équilibre général calculable de l’économie du Sénégal. Ce modèle qui sera présenté ultérieurement permet d’analyser l’impact du développement des biocarburants sur les variables macroéconomiques et sectorielles d’une économie. Les données pour ce type de modèle sont générées dans un tableau appelé matrice de comptabilité sociale (MCS). La construction de la matrice précède celle du modèle. Le modèle utilisé pour ce mémoire est un modèle d’équilibre général calculable statique, car il permet de mieux mettre en exergue les spécificités du modèle par rapport aux mécanismes de transmission des effets de l’intégration de ce nouveau secteur dans l’économie sénégalaise.

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4

Méthodologie

Dans notre étude, nous utilisons un modèle d’équilibre général calculable pour aborder l'impact du développement des biocarburants sur la croissance économique. Le modèle a été développé sur la base d’un modèle EXTER. Il s’agit d’un modèle macroéconomique statique représentatif d’une petite économie effectuant des échanges avec le reste du monde. Les composantes de cette économie sont agrégées sous forme d’ensembles représentatifs. Ce modèle est modifié et adapté à l’économie du Sénégal.

Pour effectuer l’analyse d’impact, deux simulations sont réalisées. La première simulation explique l’effet d’un choc d’accroissement de la force de travail (LS) accompagné d’une augmentation des subventions accordées aux producteurs industriels de biocarburant et la deuxième simulation portera sur une augmentation du prix mondial des importations de produits pétroliers et que en même temps le gouvernement décide d’accorder une subvention aux secteur des biocarburants avec l’aide d’investisseurs étrangers. On pose l’hypothèse que cette subvention est exogène.

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Structure du mémoire

Le mémoire est construit sur quatre chapitres. Après l’introduction, le chapitre 1 présentera le Sénégal, sa situation énergétique et une description des différents types de biocarburants existants et utilisés au Sénégal. Le chapitre 2 exposera le cadre théorique de l’étude. Il présente les MEGC et une revue des travaux traitant de l’impact économique des biocarburants. Le chapitre 3 décrit les caractéristiques du modèle utilisé pour ce mémoire et le chapitre 4 est consacré à l’analyse des résultats.

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Chapitre I : Contexte général de l’étude

1.1 Présentation du Sénégal : situation socio-économique

Depuis son éligibilité à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 2000, le Sénégal met en œuvre, à travers sa Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP), des politiques et programmes intégrés, dans une démarche inclusive parmi lesquels on peut citer le Programme National Biocarburants (SNDES1, 2013-2017). Le principal but étant de réduire considérablement la pauvreté mais également de réduire significativement sa dépendance sur sa politique énergétique notamment baisser les coûts assez élevés des importations de produits pétroliers.

En effet, l’un des principaux défis étant la croissance économique, voie par laquelle le Sénégal essaie de se lancer depuis afin de développer un contexte de développement efficace et durable. Les indicateurs sur la période 2005-2011 révèlent une baisse relative de la pauvreté qui a été accompagnée par une augmentation absolue du nombre de pauvres sur la période. Cette situation s’explique, en partie, par un taux de croissance annuel du PIB par tête d’environ 0,5% en moyenne sur la période (SNDES, 2013-2017).

Selon les statistiques de l’ANSD2, le taux de croissance du PIB s'est établi en moyenne annuelle à 3,9%, un ratio légèrement supérieur au taux de croissance démographique qui est de 2,6% sur la même période.

1 Stratégie Nationale de Développement Economique et Social - SNDES 2013-2017 2 Situation économique et sociale du Sénégal, 2010, ANSD

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7

Figure 1: Taux de croissance du PIB réel de 2011 à 2016

Source : ANSD et DPEE

Cependant, la croissance économique assez lente illustré par la figure 1 risque de compromettre véritablement les chances d’atteindre l’objectif de réduction de moitié l’incidence de pauvreté d’ici 2020. Selon les résultats de l’enquête de suivi de la pauvreté réalisée en 2011, le taux de chômage est de 10,2%; il est pratiquement resté stable par rapport à 2005 où il était estimé à 10% (FMI, 2013). La population active, majoritairement agricole, souffre d’un taux élevé d’analphabétisme et de sous-emploi et est exposée aux aléas; en cas de choc climatique comme la sécheresse, elle se retrouve pour la plupart du temps sans travail. Ainsi, comme illustré dans le tableau 1, le niveau de pauvreté reste en général beaucoup plus pesant en zone rurale. En effet, à travers les différents indicateurs3 de pauvreté on constate

3 Incidence de pauvreté : Proportion d’individus en dessous du seuil de pauvreté.

Profondeur de pauvreté : Écart relatif moyen entre le seuil de pauvreté et les dépenses moyennes des ménages pauvres

Sévérité de la pauvreté : Moyenne des carrés des écarts entre le seuil de pauvreté et les dépenses moyennes des ménages pauvres.

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8

que la pauvreté atteint en moyenne 60% de la population rurale (vivant en dessous du seuil de pauvreté) alors qu’elle n’est que de 30% à Dakar et de 43% en zone urbaine.

Tableau 1 : Évolution des indicateurs de pauvreté au Sénégal, 2001-2010.

Source : Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal (ESPS-II), ANSD, Dakar, Sénégal. En globalité, le faible niveau de la croissance de l'économie sénégalaise résulte des facteurs suivants :

- la prépondérance du secteur informel, peu productif, dans la création de richesse et d’emplois ;

- les chocs exogènes qui soulignent la fragilité des fondements productifs de l'économie sénégalaise et les impacts relativement limités des politiques publiques sur la croissance économique.

Ainsi, selon le rapport du FMI4 "l’économie sénégalaise reste dominée par une production

de biens à faible valeur ajoutée et repose sur des schémas de spécialisation basés sur des

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9 produits peu dynamiques qui n'ont pas permis une insertion réussie dans l'économie mondiale".

1.2 Situation énergétique

Le Sénégal étant un pays dont l’approvisionnement en énergie dépend essentiellement des produits pétroliers importés, sa facture pétrolière est passée de 184 milliards de FCFA en 2005 à environ 400 milliards de FCFA en 2009; ce qui a entraîné une forte sortie de devises influant négativement sur la balance commerciale du pays (SIE, 2010). Cependant, selon le rapport du CEREEC5, seulement 60% de la population a accès à l’électricité dont 29% en milieu rural.

En effet, au Sénégal, l’intensité énergétique6 est passée de 0,37 tep/Mille $US en 2000 à 0,19 tep/Mille $US en 2009, ce qui fait une amélioration de l’efficacité énergétique de l’ordre de 47%. Son taux d’indépendance énergétique montre que le Sénégal est indépendant en moyenne à environ 55 % ; ce taux est globalement stable sur les dernières années (Rapport 2010, SIE-Sénégal).

En terme d’approvisionnement du Sénégal, le secteur reste dominé par la biomasse (54,3%) produite localement, suivis les produits pétroliers (40,6%), pour lesquels le Sénégal dépend essentiellement de l’extérieur, du charbon minéral importé d’Afrique du Sud (4%) utilisé dans les cimenteries, de l’hydroélectricité du barrage de Manantali (0,5%), du Gaz naturel produit localement (0,4%) et du solaire photovoltaïque (0,006%). S’agissant des prix à la production d’énergie, ils ont progressé de 9,5% en rythme annuel, sous l’effet d’une hausse des prix à la production d’électricité. Le renchérissement des combustibles, notamment le fuel utilisé dans

5 Centre pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité Énergétique de la CEDEAO-Rapport (2013) 6 Intensité énergétique : rapport de la consommation d’énergie par unité de PIB et par an

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la production d’électricité, en liaison avec les cours du baril est à l’origine de l’augmentation des prix enregistrée dans la branche (Rapport 2010, SIE-Sénégal).

Figure 2 : Évolution de l’indice de production d’énergie

Source : ANSD-2009

Par rapport à la consommation finale, en 2009, elle est passée à 2502 ktep contre 2453 ktep en 2008; cependant comme illustré sur la figure 2 ci-dessous, la consommation d’énergie par habitant du Sénégal est inférieure à la moyenne africaine (0.5 tep).

Figure 3 : Consommation Finale par Habitant (en tep)

Source : SIE (Sénégal-2009, Niger-2008, Togo-2008, Guinée Bissau-2009, Côte

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11

Ainsi, l’amélioration et le développement du secteur énergétique étant l’un des objectifs majeurs de développement du Sénégal, l’introduction d’une politique de promotion des biocarburants pourrais avoir un impact assez significatif sur ce secteur et par la même sur le reste de l’économie.

1.3 Les biocarburants au Sénégal

Les agrocarburants (ou biocarburants) sont des carburants d'origine végétale issus de la biomasse (d'où leur surnom de «carburants verts»). On les produit à partir de végétaux ou de plantes cultivées dans ce but, ou de déchets organiques (méthanisation). Ils possèdent des propriétés proches de celles de certains dérivés du pétrole et peuvent parfois s'employer directement dans des moteurs diesel ou des moteurs à essence. Ils se substituent partiellement ou totalement aux carburants pétroliers, notamment pour faire rouler les véhicules équipés d'un moteur Flex Fuel (polycarburant). Aujourd'hui, les principaux biocarburants, en termes de production, sont le méthane, le bioéthanol et le biodiesel.

Au Sénégal, les spéculations autorisées pour la production de biocarburants sont le pourghère, le tournesol, le coton, la canne à sucre, le ricin et le sorgho sucré. Ces plantes peuvent être regroupées en deux catégories, celles destinées à la production de biodiesel (pourghère, tournesol, coton, et le ricin) et celles utilisées pour production de bioéthanol (canne à sucre et sorgho sucré). Ainsi, parmi ces spéculations, notre étude va porter sur la canne à sucre et le Jatropha. Ce choix se justifie par la disponibilité des données par rapport à ces deux types de spéculations, de la maitrise de production et jusqu’à présent ce sont les principales cultures mises à l’étude pour la production de biocarburants par les principaux acteurs au Sénégal. Donc une bonne connaissance et maîtrise de la technique par les autorités étatiques.

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L'engouement pour les agrocarburants ouvre de nouveaux débouchés pour les pays du Sud qui y voient une carte à jouer pour améliorer les revenus de leurs paysans, mais aussi à travers les enjeux de développement que l’exploitation des biocarburants pourrait engendrer comme le redressement de la balance des paiements, une meilleure sécurité énergétique voire même la souveraineté énergétique et également l’amélioration du niveau de vie des ménages en globalité.

Plusieurs expérimentations et projets ont aidé à mieux comprendre le potentiel des agrocarburants. Parmi lesquels, nous pouvons citer le Programme Énergie Environnement Développement initié par Enda-Tiers Monde (PEED-ENDA-TM 2010) qui fait une cartographie des zones propices au développement des spéculations bioénergétiques au Sénégal. A cela, s’ajoute le projet de production de bioéthanol initié par la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). L'objectif visé est la production d'éthanol à partir des déchets de canne à sucre. Le bioéthanol sera mélangé avec du diesel et utilisé dans le transport. La proportion de bioéthanol envisagé est de 10%. Le projet a une capacité annuelle de production de 10 000 tonnes soit 60 000 litres/jour.; mais cependant n'a pas été jusqu’ici en mesure d'approvisionner le marché intérieur en raison de lacunes réglementaires et d'infrastructure sur le marché du carburant mélangé, y compris le transport et le stockage (Evans, 2010).

Également, nous avons le projet d’étude de viabilité de la production de biocarburants au Sénégal initié par le Ministère en charge des hydrocarbures qui donne des recommandations sur les différentes spéculations d’agrocarburants à travers plusieurs sous projets dans chaque région du Sénégal. Globalement, tous les projets proposés ont comme prémisse la durabilité dans ses dimensions environnementale, sociale et économique, et sont totalement liés au

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secteur agraire, ce qui devra contribuer au développement du milieu rural et à la fixation des personnes sur le terrain7.

A ces nombreuses initiatives privées est venu s’ajouter les actions menées par les pouvoirs publics sénégalais notamment par la création et la mise en place en Juillet 2007 d’un programme spécial biocarburants initié par le Ministère du Développement Rural et de l’agriculture (MDRA) pour la promotion et la production de biodiesel à partir du Jatropha. Ce programme vise des plantations de Jatropha d'une superficie globale de 321 000 ha à raison de 1000 hectares par communauté rurale en moyenne et des prévisions de récoltes de 3 210 000 tonnes de graines par an permettent d'assurer la production de 1 190 000 000 litres d'huile brute et de 1 134 000 000 litres de biodiésel suffisant aux besoins nationaux actuels estimés à 1 095 500 000 litres (MDRA, 2008).

En plus de cette initiative, l’État du Sénégal a mis en place depuis Novembre 2006 un ministère en charge du développement des biocarburants pour mieux promouvoir le secteur. Ainsi, les objectifs visés de ce programme sont :

- diversification des cultures

- baisse de la facture pétrolière des ménages et de l’Etat. - indépendance énergétique

- autosuffisance en diesel à partir de 2012 par la satisfaction des besoins à partir du biodiesel issu du Jatropha curcas et d’autres espèces.

7 Le projet Etude de Viabilité de la Production de Biocarburants a été faite par une société privée brésilienne en

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- production d’éthanol à partir de cultures comme la canne à sucre. Production de bioélectricité à partir de centrales qui fonctionnent à l’huile brute de Jatropha.

- création des métiers agricoles et d’emplois suffisamment rémunérateurs environ 100 000 emplois directs.

- accélération de la modernisation du secteur agricole.

- création d’un environnement du monde rural attractif et attrayant. ;

- réduction de la pauvreté et de la disparité entre le monde rural et le monde urbain8. Cependant, l’exploitation industrielle de certaines spéculations bioénergétiques à des fins énergétiques requiert des analyses d’impacts socio-environnementaux et la levée de certaines contraintes à la fois foncières, organisationnelles, réglementaires, techniques et financières. La prochaine partie présente les biocarburants dans la littérature économique sous deux principaux angles. Premièrement, les biocarburants dans les pays en voies de développement. Deuxièmement, nous présentons une revue de la littérature des MEGC ayant des biocarburants.

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Chapitre 2 : Cadre théorique de l’étude

En modélisation économique, plusieurs types de modèles sont utilisés. Le plus souvent, on utilise soit un modèle microéconomique soit un modèle macroéconomique. L’analyse micro s’intéresse aux comportements individuels, cependant l’approche macro tente d’appréhender le système économique désigné dans son ensemble (Boulanger et Bréchet, 2003). Les modèles micro sont utilisés pour analyser le comportement d’un agent économique supposé représentatif (le ménage, la firme…) ou peut être un continuum d’agents hétérogènes (le consommateur individuel). L’analyse macro quant à elle est faite sur des quantités agrégées. Ces quantités reflètent le plus souvent l’évolution de la structure générale du système économique. Les analyses portent généralement sur le niveau de revenu, l'investissement, la consommation, le chômage, l'inflation, etc. (Boulanger et Bréchet, 2003).

L’objectif de ce mémoire est d’analyser l’impact économique du développement des biocarburants au Sénégal, l’approche macro a été retenue puisque l'analyse portera sur les agrégats tels que la production, la valeur ajoutée, le niveau des prix, le revenu, les importations et exportations pour ne citer que ceux-là. L’économie du Sénégal sera modélisée à travers un modèle d’équilibre général calculable (MEGC) qui est une classe de modèle économique utilisant des données économiques réelles pour comprendre comment une économie réagirait à des changements de politique, de technologie, de ressources, ou d'autres facteurs externes.

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Trois sections vont constituer ce chapitre. La première sera consacrée aux recherches sur l’étude des biocarburants dans les pays en voie de développement (PVD), la seconde partie fera une présentation détaillée des modèles d’équilibre général calculable (MEGC) et la dernière partie fera état des études ayant utilisées ce type de modèle dans le but d’analyser l’intégration des biocarburants dans les MEGC.

2.1 Les biocarburants dans les pays en voie de développement

La baisse significative de la pauvreté et le développement durable constituent les principaux objectifs qui sont fondamentalement liés dans les pays en développement et de l’Afrique en particulier. En effet, le développement durable en Afrique doit être en premier lieu, étant aussi l’objectif majeur de la communauté internationale pour les années à venir, réduire la pauvreté (Sommet des Nations-Unies du Millenium, septembre 2000). La satisfaction des besoins élémentaires des populations (nourriture, santé, logement, etc.) nécessite, pour la plupart d’entre eux, l’utilisation de diverses formes d’énergie. Ainsi, sa rareté et son coût trop élevé de nos jours contribuent fortement au maintien et à l’accroissement de la pauvreté principalement dans les zones rurales africaines (Sokona et Thomas, 2002)

En effet :

- soit les formes d’énergie sont accessibles à tous (comme la biomasse sous ses diverses formes), mais que les prélèvements de proximité sur le couvert végétal participent à la dégradation de l’environnement et à la rareté de la ressource. Ces pratiques énergétiques, si elles ne sont pas organisées, concourent à la détérioration de l’environnement dans lequel

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vivent les populations généralement pauvres et par la même amplifient leur situation de pauvreté;

- soit les sources d’énergie (électricité, charbon de bois, gaz, produits pétroliers, etc.) sont régies par les mécanismes de marché en amont ou en aval, alors que, le coût des services énergétiques est trop élevé au regard des ressources disponibles des populations pauvres. Dans ces deux cas, l’efficience de ces types de services équivaut à l’impossibilité d’assurer la couverture des besoins élémentaires des populations pauvres dans des conditions satisfaisantes. Au-delà de cette faible consommation énergétique, l’exclusion des pauvres au processus de transition énergétique actuel et l’inefficacité des politiques énergétiques mises en œuvre permettent de prendre en compte les préoccupations énergétiques des populations pauvres (9).

Ainsi, dans une économie où le taux de pauvreté atteint 46.7% de la population (Rapport Banque Mondiale, 2011) l'expansion des biocarburants peut induire à des effets importants sur les prix et les revenus. Par conséquent, la politique de l'énergie peut être cruciale dans la poursuite des OMD dans une économie où la réduction de la pauvreté de moitié est l'objectif principal.

C’est ainsi que les autorités des pays en voie de développement (PED) ont commencé à s’intéresser aux biocarburants comme énergie alternative pour répondre aux besoins de leurs populations, car les biocarburants se définissent comme un développement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre le bien-être des générations à venir (Brundtland, 1987).

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Hill et al. (2006) analysent les coûts à travers la comptabilité de cycle de vie, sur la mise en place des biocarburants selon le gain en énergie net engendré, la compétitivité sur la production, les opportunités sur l’environnement, mais également leur capacité de reproduction sans affecter la sécurité alimentaire.

Schmidhuber et Tubiello (2007) quant à eux, estiment que malgré le risque que les biocarburants puissent peser sur les prix des produits de première nécessité ; leur production est nécessaire, car elles permettent la création d’emploi et offrent du choix d’énergie à consommer. De plus, selon Arndt et al. (2010), si les paysans se mettent en groupement ou en coopérative pour pouvoir mieux organiser la production, le marketing et la distribution, l’effet sera forcément une amélioration des opportunités d’affaires.

En effet, de nombreux auteurs se sont intéressés à l’impact des biocarburants en général, mais également à leurs effets sur la sécurité alimentaire de nombreux pays plus particulièrement des PED à travers des études économiques ou financières.

Ainsi, Yang et al. (2009) estiment que les effets des biocarburants et les prix plus élevés que leur émergence peuvent, avoir des conséquences différentes sur les populations des pays en développement d'un pays à l'autre, mais également aider certaines personnes. De même, dans un pays donné, les ménages peuvent être affectés différemment. Parallèlement, Ewing et Msangi (2009) tentent de répondre à la question de la soutenabilité et de la durabilité de l’expansion des biocarburants dans les PED en proie à la sécurité alimentaire, mais également l’effet de leur production sur la hausse des prix des produits de première nécessité.

Ces auteurs ont déterminé, à partir d’un certain nombre d'indicateurs clés qui pourraient être utiles dans la construction d'une typologie de modèle économique qui peut être appliquée dans tous les pays pour caractériser leurs besoins énergétiques, des éléments essentiels

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comme la dépendance à l’importation pour assurer les besoins en énergies, les demandes pour le produit et la disponibilité des terres, permettant l’amélioration à la fois du bien-être des populations et de leurs pouvoirs d’achat. Autant d’avantages justifiant la promotion de la production des biocarburants.

Cependant, l'expansion des biocarburants conduit toutefois à une controverse (Arndt, Pauw et Thurlow, 2010). De nombreuses analyses montrent que les biocarburants peuvent réduire l'effet de serre (Coyle 2007 ; Ratledge et al. 2008). Également, la demande croissante dans le secteur des biocarburants pour les matières premières a beaucoup contribué à la hausse importante des prix des produits agricoles en particulier depuis 2006 (Mitchell 2008 ; Paarlberg 2010 ; Westhoff 2010, Schlenker, 2010, Hausman, Auffhammer et Berck, 2012). Cette hausse des prix a alors déclenché des préoccupations pour la sécurité alimentaire et la pauvreté dans le monde (OCDE, 2008 ; Rosegrant 2008; Headey et Fan 2008, Tangermann 2008, de Hoyos et Medvedev 2009). Également, la forte demande en agrocarburants accélère le phénomène d’accaparement des terres dans les pays du Sud. À ce propos, les investisseurs privés contrôlent déjà près de 50 millions d’hectares de terres dans les pays du sud (ibid.). Mais, de toutes les régions africaines, l’Afrique de l’Ouest est la plus courtisée par des pays industrialisés et émergents dont le Brésil, la Chine, la France, les États-Unis et le Canada pour produire des matières premières végétales. D’importants accords ont été conclus entre de nombreux pays africains et des sociétés multinationales. À ce propos, rappelons qu’en Afrique de l’Ouest, plus de 80 % de la population dépend de l’agriculture, principalement vivrière, pour vivre ou simplement survivre (Crola et al. 2011).

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20

2.2 Justification du choix des modèles d’EGC

Selon Tallon (1997) "Le modèle d’équilibre général est sans doute le modèle le plus achevé

de la théorie économique. (...) Il constitue donc un point de repère théorique essentiel (.)". En

effet, ce modèle décrit le cœur de la théorie économique néoclassique ; courant actuellement dominant, et qu’il a donné lieu à de nombreuses extensions dans de multiples directions (concurrence imparfaite, dynamique, etc.). La transition du cadre théorique de Walras puis formalisé par Arrow et Debreu vers la formulation de modèles opérationnels de grande envergure n’a pas été immédiate. En effet, la disponibilité de ressources informatiques, la mise au point et l’extension d’algorithmes a permis le développement des modèles d’équilibre général calculables (MEGC). Plusieurs ouvrages de référence permettent de bien comprendre la structure des MEGC, par exemple Piggott et Whalley (1985), Shoven et Whalley (1992), Décaluwé et al. (2001).

Les MEGC sont de nos jours des modèles macroéconomiques particulièrement adaptés à l’étude de politiques structurelles à moyen ou long terme. Schubert (1994) leur reconnaît ainsi une grande utilité pour traiter du commerce international, des questions de fiscalité, de politique environnementale, de développement et en particulier, des problèmes agricoles. En effet :

"Toutes ces questions sont peu ou mal traitées dans d’autres cadres, comme la modélisation macro économétrique traditionnelle par exemple. En effet, elles portent sur la structure de l’économie (...) Un cadre d’équilibre général est indispensable pour en rendre compte correctement." Schubert (1994).

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À l’instar du modèle théorique dont ils sont issus, les MEGC sont un cadre cohérent et totalement bouclé où prix et quantités sont déterminés de façon endogène. Leur caractère calculable provient non seulement du fait que ce sont des modèles chiffrés, s’appuyant sur des données réelles des économies qu’ils modélisent, mais également de par leur utilisation de fonctions ayant les "bonnes" propriétés mathématiques (continuité, dérivabilité, homogénéité de degrés zéro et obéissant à la loi de Walras), selon Shoven et Whalley (1984).

Formellement, les MEGC constituent un prolongement sous forme de généralisation des modèles d’Input/Output de Leontief selon Miller et Blair (2009). Ils modélisent l’économie en ne se limitant pas aux échanges interindustriels, mais en intégrant explicitement les marchés des facteurs et la demande finale ; ensuite, ils utilisent des fonctions non linéaires qui permettent d’introduire des possibilités de substitution ; enfin, ils permettent un ajustement de l’équilibre des marchés par les prix, effet que les modèles d’Input/Output ne capturent pas. Selon Sadoulet et De Janvry (1995), beaucoup d’auteurs se sont intéressés sur les formes fonctionnelles, mais également sur la détermination des paramètres présentant des marchés multiples et les MEGC. Comme la fonction Cobb-Douglas (avec ou sans élasticité constante), qui implique que certaines élasticités à l’instar de l’élasticité prix, l'élasticité revenu et l'élasticité de substitution entre chaque bien est égale à l'unité (Annabi et al. 2003). Il y a également le système de demande linéaire (LES) développé par Stone (1954), le système de demande presque idéal (AIDS) présenté par Deaton et Muellbauer (1980), et le regroupement des deux systèmes (GAIDS), proposé par Bollino (1990). D'autres systèmes existent, mais moins utilisés, on peut citer entre autres celui de Theil (1987) et Barten (1969) et le modèle translog de Christensen et al. (1975).

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Ces équations de comportements imposent le calcul de certains paramètres. On parle alors de calibrage. Selon Annabi et al. (2003), le calibrage consiste à choisir des valeurs numériques des différents paramètres des formes fonctionnelles et qu'ils soient compatibles avec la matrice de comptabilité sociale initiale (MCS). C'est le choix des formes fonctionnelles, qui implique que ces élasticités sont proposées dans le modèle ou hors du modèle. Raison pour laquelle dans le choix de la valeur des élasticités deux méthodes peuvent être retenues :

- soit faire une étude économétrique spécifique du projet ;

- soit faire une fixation selon les informations, connaissances et faits stylisés de l'économie.

En général, plusieurs critères peuvent concourir au choix des élasticités, mais ce choix repose principalement sur :

- l'observation d'anciennes études économétriques;

- le consensus autour du choix de la valeur des élasticités;

- mais surtout sur les connaissances du chercheur dans le domaine.

Donc selon V. Ginsburgh et S. Robinson (1984) tout modèle d'équilibre général peut être défini par :

- les catégories d'agents pris en compte ;

- les règles de comportement de ceux-ci, règles reflétant leur motivation supposée : la maximisation du profit sous contrainte technologique pour les entreprises, et la maximisation de l'utilité sous contrainte de revenu pour les ménages ;

- par le choix des signaux qui détermine les arbitrages (les prix dans un modèle walrasien);

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- le contexte institutionnel dans lequel s'opèrent les transactions, c'est-à-dire les structures qui déterminent le fonctionnement des marchés : soit le degré de concurrence, ou le choix des prix institutionnels (tout ou une partie des salaires, certains prix...) ;

- les contraintes de système ou conditions d'équilibre devant être satisfaites, mais non prises en compte par les agents au moment de leur décision.

Formellement, un équilibre peut être défini comme un ensemble de signaux tels que les décisions des agents sont compatibles, c'est-à-dire satisfont les contraintes du système (les signaux sont donc les variables d'ajustement du modèle).

Ainsi, pour qu’il soit pertinent d’utiliser un MEGC, il faut que la politique à l’étude touche un secteur important de l’économie étudiée qui possède des effets d’interdépendances avec les autres secteurs et entraîne des changements dans les prix relatifs (Savard, 2009). En globalité, l’utilisation d’un MEGC permet d’analyser les impacts d’une politique économique sur des variables macroéconomiques et sectorielles.

Par rapport à la littérature, les chercheurs utilisent de plus en plus les MEGC pour traiter des questions économiques, plus particulièrement sur les biocarburants. Raison pour laquelle nous utilisons ces modèles pour traiter notre étude. Avant de présenter notre MEGC, nous allons essayer de situer ce mémoire par rapport à la littérature sur les biocarburants et les MEGC.

2.3 Intégration des biocarburants dans les modèles d’EGC

Avec l’essor de la production des biocarburants, beaucoup d’efforts ont été faits dans la modélisation de ses impacts en utilisant une approche d'équilibre partiel ( Collins 2008 , Lipsky 2008 , Mitchell , 2008) ou une approche d'équilibre général ( Dixon , Osborne et

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Rimmer , 2007 ; Gurgel et al. , 2007 ; Banse et al 2008 ; Arndt et al. 2008 ; Kretschmer et al. 2008 ; Rosegrant et al. 2008 ; Channing Arndt et al , 2008 ; Arndt, Pauw et Thurlow 2010 ) . Les modèles d'équilibre général génèrent des impacts à long terme et permettent de prendre en compte les interactions entre les différents secteurs et agents économiques, tout en tenant compte des contraintes macroéconomiques dans lesquelles ils opèrent. Ainsi, ils sont bien adaptés pour l'étude de l'impact de la production de biocarburants.

Ainsi, différents scénarios ont été adoptés pour intégrer le secteur bioénergie dans les MEGC. Parmi lesquels, on peut noter :

- l’approche implicite (Dixon, Osborne and Rimmer, 2007, Banse et al. 2008) qui est une approche plutôt ad hoc qui évite une modélisation explicite des technologies de production de bioénergie, mais prescrit plutôt la quantité de biomasse nécessaire pour atteindre un certain niveau de production (ce qui serait, par exemple, se conformer à un objectif de politique de promotion des biocarburants) ;

- l'approche des technologies latentes comprend la production de biocarburants dans le modèle en utilisant les technologies de production qui ne sont pas actives dans l'année de base du modèle, mais qui peuvent devenir actives à un stade ultérieur ou dans des scénarii hypothétiques. Différentes approches des technologies latentes sont utilisées pour modéliser la bioénergie dans les modèles d'équilibre général (Arntz et al, 2008, Kretschmer et al, 2008), dans certains cas pour la première génération de biocarburants, ce qui traitent des biocarburants de deuxième génération et ce incorporant des échanges de biocarburants (Gurgel et al. 2007).

- la troisième génération de modèles d'équilibre général de biocarburants qui est bien prometteur est la désagrégation des secteurs de production de bioénergie directement à

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partir d'une MCS qui sous-tend la structure des données du modèle EGC (Taheripour et al. 2007 et Birur, Hertel et Tyner 2008 avec le modèle GTAP; Channing Arndt et al. 2008 et Arndt, Pauw et Thurlow 2010 avec le modèle IFPRI). Avec cette approche, une substitution entre les biocarburants et autres produits d'énergie peut être faite avec le modèle EGC. Pour cette étude, nous avons choisi d’utiliser cette approche.

Ainsi, à travers les MEGC certains auteurs essaient d’expliquer les aspects autour du développement des biocarburants et leurs effets. À titre d’exemple, Benfica et al. (2010) analysent les implications d'un investissement à grande échelle dans les biocarburants, au Mozambique, sur la répartition des revenus et la croissance. Ces auteurs utilisent un modèle dynamique avec une structure comprenant plusieurs marchés comme le marché du travail, du capital et des biens. Aussi, Banse et al. (2008) essaient d’expliquer dans leur papier les effets d’une mise en place de la directive européenne relative aux biocarburants en insérant une fonction de demande endogène pour la terre, et concluent que ces directives ont un impact sur les marchés agricoles au niveau mondial, mais avec comme conséquences la hausse du prix de la terre ce qui engendrera une assez forte hausse du revenu des fermiers.

Cependant, la plupart des études en équilibre général sur les biocarburants dans certains pays particulièrement dans les PED n’ont pas de comptabilité explicite pour leur approvisionnement en biocarburants et le secteur de la demande est limité par leur capacité à saisir les complexités entre l'impact global sur les marchés des biocarburants et des produits alimentaires. Des efforts ont été faits pour intégrer les secteurs bioénergétiques dans la matrice de comptabilité sociale (MCS) qui sous-tend les modèles EGC (Taheripour et al, 2007. Birur, Hertel et Tyner 2008).

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En effet, Boccanfuso et al. (2011) font un analyse approfondie des impacts de l’exploitation de la culture de jatropha sur l’économie et la distribution des revenus au Mali en utilisant un modèle d’équilibre général calculable associé à un modèle de micro-simulation.

Le but de l’étude est de remplacer partiellement le diesel, qui est entièrement alimenté par des importations, avec du biodiesel produit intérieur à partir d'une matière première qui n'a pas de valeur commerciale autrement et a donc nul coût d'opportunité. Elle permet aussi de mesurer les impacts macroéconomiques et de distribution de revenus sur une grande échelle de cultivateurs de jatropha dans différents types de terre et la transformation de l'huile de jatropha en biodiesel pour la consommation domestique. L’étude montre d’un côté que l’exploitation du jatropha serait bénéfique et aura des impacts macroéconomiques et de distribution positifs tant qu’on utilise des terres non occupées (terres en friches) par l’agriculture ni protégées pour la forêt. De l’autre côté, si l’exploitation du jatropha se fait sur des terres déjà exploitées pour les cultures agricoles, l’impact sur les variables macroéconomiques sera négatif même s’il aiderait à réduire la pauvreté dans les zones rurales. La littérature sur les biocarburants est de plus en plus présente à cause de la forte dépendance de la plupart des pays en voie de développement sur les hydrocarbures qui sont importés. Ainsi, Les chercheurs nationaux et étrangers essaient d’aider les gouvernements sur ses décisions énergétiques tout en menant des recherches sur les nouvelles sources d’énergie dont dispose ces pays.

Dans un rapport publié en 2012, Cabral et Al. étudient les effets potentiels d’un essor des biocarburants sur la croissance et la structure de la pauvreté au Sénégal à travers un modèle dynamique d'équilibre général calculable (DCGE) à partir d’une méthode d’enquête au niveau des ménages et d’analyse de données. Le modèle est relié à un module basé sur un

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enquête-27

microsimulation de même que les estimations des impacts sur la pauvreté monétaire. La simulation tient compte des effets des prix du marché mondial et des changements dans le contexte de l'économie sénégalaise. L’étude conclut que sous l’effet de l’essor des biocarburants pris dans le marché mondial, les prix à l'importation du pétrole diminuent légèrement. Ceci entrainant également une diminution des prix à l’importation pour le charbon, les autres industries primaires, le gaz, les engrais et les pesticides, les produits industriels utilisant de l'énergie intensive et les services marchands. Pour tous les autres produits, les prix à l'importation augmentent. Par conséquent, sauf pour le pétrole brut, les services marchands et les industries non alimentaires, les importations diminuent. Ainsi, en raison de la part importante des produits d'importation qui ont subi une augmentation, les importations totales augmentent. Les exportations augmentent pour la plupart des produits et induisent une augmentation des exportations totales. La valeur ajoutée de biodiesel et de bioéthanol diminue alors qu'elle augmente pour la plupart des secteurs, en particulier ceux qui sont plus énergivores. Ces changements expliquent également celles observées pour les ménages, les revenus et les prix à la consommation et donc la pauvreté. La tendance de la pauvreté est assez constante au cours de la première moitié de la période, mais elle diminue au cours de la deuxième partie de la période. Les ménages de Dakar ont connu une baisse plus profonde dans la pauvreté effectif que celui des autres villes et les zones rurales.

Notre analyse devant porter sur une analyse de l’impact des biocarburants au Sénégal, ce mémoire constitue une étude similaire au travail de Cabral et Al., mais nous utilisons un MEGC statique pour mettre en exergue les spécificités de l’intégration de ce secteur dans l’économie sénégalaise. Cette modélisation permet de prendre en compte des spécificités du secteur mais aussi un MEGC statique est intéressant à utiliser parce qu'il permet de mieux

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mettre en exergue les spécificités du modèle associées aux mécanismes de transmissions des effets de l’intégration de ce nouveau secteur dans la croissance économique du Sénégal. Les mécanismes étant plus difficiles à isoler dans un modèle EGC dynamique ; en effet, l'attention est mise sur le sentier de croissance. Le modèle met plus l’accent sur les secteurs énergivores vu que l’objectif principal est la réduction de la dépendance énergétique du pays. Les spécificités du modèle utilisé sont présentées dans le prochain chapitre.

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Chapitre 3 : Cadre méthodologique

3.1 Données utilisées

Les modèles d’équilibre général calculable reposent sur des données contenues dans un tableau à double entrée, appelé matrice de comptabilité sociale (MCS). C’est « un outil permettant de présenter les comptes du système de comptabilité nationale sous une forme matricielle qui développe les interrelations entre le tableau des ressources et des emplois et les comptes des secteurs institutionnels » (SCN, 1993). Elle est, par conséquent, construite à partir des tableaux des comptes nationaux. Elle permet une meilleure compréhension du système socioéconomique et reflète les interdépendances des groupes institutionnels. La matrice de comptabilité sociale (MCS) représente la base de données du modèle.

Dans le cadre de notre étude, deux matrices ont été élaborées. Une matrice de l’économie sénégalaise datant de 2011 appelée matrice standard mettant en exergue le secteur énergétique et une matrice hypothétique intégrant les biocarburants.

3.1.1) Description de la matrice standard (Économie réelle)

La matrice standard a été élaborée par Fofana et al. en 2014. La matrice de comptabilité sociale (MCS) issue des comptes nationaux de 2011 offre un cadre comptable cohérent pour l’analyse des options stratégiques de croissance économique et d’emploi au Sénégal. Elle a été élaborée en trois étapes : d’abord, une matrice standard a regroupé trois tableaux des comptes nationaux de 2011, à savoir le tableau des ressources et des emplois, le tableau des opérations financières de l’État et la balance des paiements ; ensuite, le traitement des données de l’enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal de 2011 a permis une représentation

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détaillée des comptes de facteurs et de ménages ; enfin, la procédure d’ajustement et d’équilibrage de la MCS a permis d’établir une cohérence entre les diverses sources d’information. La MCS de l’économie sénégalaise en 2011 présente 120 comptes répartis en 35 comptes de produits pour autant de branches économiques ; 19 comptes de facteurs productifs, dont 17 catégories de travail, distingués selon les niveaux d’instruction et de formation des individus ; 6 comptes de taxes et marges ; 23 comptes institutionnels, dont 20 catégories représentatives de ménages distinguées par milieu de résidence et par décile de consommation ; et 2 comptes d’accumulation, dont la formation brute de capital fixe et les variations de stocks.

Cependant, sur la matrice datant de 2011, on peut dire que la structure macroéconomique du Sénégal est relativement restée stable, car l’analyse des grandeurs macroéconomiques faites à partir des sources WDI (10) et de l’ASA (11) ne montre pas une modification majeure.

Ensuite un ajustement a été effectué pour pouvoir l’adapter à notre modèle. En effet, contrairement à la MCS standard qui prend en compte plusieurs catégories de ménages, dans le modèle, il n’y a qu’une catégorie de ménage. Il s’agit d’un ménage représentatif qui effectue diverses activités lui permettant de générer des revenus. Les revenus du travail sont alloués en totalité aux ménages alors que les revenus du capital vont aux résidents extérieurs. L’épargne nationale privée se substitue partiellement à l’épargne extérieure. On note également la mise en exergue d’une branche destinée spécifiquement au commerce de produit pétroliers pour mieux percevoir l’interaction de ce secteur dans la structure économique du Sénégal.

10 World Development Indicators, 2015 11 Annuaire Statistique de l’Afrique, 2015

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Ainsi, on a eu après ajustement six (6) blocs de comptes dont : - 33 branches économiques ;

- 33 produits économiques ;

- 3 facteurs de production (travail, consommation de capital fixe et Excédent net d’exploitation ENE) ;

- 4 institutions (ménages, entreprises, gouvernement et reste du monde) ;

- 4 taxes (taxes directes, taxes sur la production, taxes sur les produits, taxes sur les importations) ;

- 2 subventions (Subventions d'exploitation publiques et Subventions d'exploitation privée) ;

- 2 comptes d’accumulation (FBCF et variations de stocks).

Ainsi, le compte des facteurs décrit la formation et la circulation des revenus issus du processus de production (rémunération de la main-d’œuvre et du capital). Les ressources sont composées de la rémunération des salariés et de l’Excédent Net d’Exploitation (ENE) qui forment les branches d’activités. Ces informations sont tirées du compte d’exploitation des différentes branches d’activités figurant dans le Tableau des Emplois-Ressources(TER). La rémunération des salariés constitue un paiement au facteur «travail». L’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) rémunère le facteur «capital». Le Revenu mixte est composé de deux éléments : la rémunération du capital engagé dans le processus de production et le revenu du travail des entrepreneurs individuels évoluant dans le secteur informel. Cependant, le compte d’exploitation des branches d’activités de ce secteur ne fournit pas cette répartition.

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- le compte des entreprises : les entreprises ont pour ressources les profits générés par leurs activités productives ainsi que les revenus des transferts des autres unités institutionnelles et du Reste du monde. Quant aux emplois, ils sont constitués des transferts aux ménages (intérêts, dividendes, loyers, indemnités d’assurance, etc.) et au Reste du monde (dividendes, intérêts), des impôts payés au gouvernement (impôts et prélèvements sociaux obligatoires) et de l’épargne des entreprises. Les impôts sur le revenu des entreprises sont renseignés à partir du tableau des opérations financières (TOFE). Les revenus de la propriété versés par les entreprises aux ménages sont donnés par le TCEI et répartis à partir des matrices de Qui à Qui. Les dividendes sont ventilés selon la structure d’épargne formelle des ménages ;

- le compte des ménages : les ménages perçoivent les revenus des facteurs (travail et capital) et des transferts des entreprises (intérêts et dividendes), de l’État et du Reste du monde. Les emplois de ce compte sont constitués de la consommation finale des ménages, des impôts payés par les ménages, des transferts et de l’épargne. L’impôt sur le revenu est appréhendé à partir du Tableau des Comptes de l’État et des Institutions (TCEI). Les transferts vis-à-vis du Reste du monde et de l’État sont donnés par le TCEI et ventilés respectivement en colonne selon les structures de dépenses de consommations et des transferts fournis par l’ESPS et l’ESAM (12). En ce qui concerne les transferts inter-ménages, le montant global issu de l’Enquête Pauvreté Structure Familiale (EPSF 2005) a été ventilé à partir de la structure des transferts inter ménages fournis par cette même enquête ;

12

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- le compte de l’État : les ressources de ce compte proviennent de l’ensemble des impôts et taxes collectés par les Administrations publiques (APU) et des transferts publics en provenance du Reste du monde et des autres agents institutionnels. En ce qui concerne les emplois, le compte enregistre la consommation finale du gouvernement, l’épargne publique et les transferts publics et sociaux autres que les transferts en nature respectivement au Reste du monde et aux ménages. Le remplissage de ce compte a été fait en utilisant les données du TCEI et du TES. En particulier, les transferts de l’État vis-à-vis du reste du monde sont donnés par la coopération internationale et les intérêts sur la dette extérieure ;

- le compte du Reste du monde : rend compte des relations du pays avec le Reste du monde. En ressources, il enregistre les importations, les revenus des facteurs et les transferts reçus des autres agents économiques (intérêts, dividendes, coopération internationale, autres transferts courants…). Les emplois sont constitués des exportations des biens et services, des transferts versés aux secteurs institutionnels (intérêts, dividendes, coopération internationale, autres transferts courants…) et de l’épargne étrangère. Les exportations et importations sont données par le TER les transferts vis-à-vis des agents économiques ainsi que l’épargne étrangère sont donnés par le TCEI. Le chargement de ces éléments est décrit dans les comptes précédents.

3.1.2) Description de la matrice hypothétique (avec biocarburant)

Pour l’intégration des biocarburants dans la MCS du Sénégal, les statistiques sur les biocarburants dans l'année de base (2011-2014) sont très faibles pour certains secteurs (jatropha, canne à sucre) et tout à fait inexistantes pour certains de ces secteurs (biodiesel et

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bioéthanol). Il n'y a presque pas de données sur les cultures énergétiques à part des projets qui sont en cours d'étude; donc une MCS hypothétique est créée mettant en relief le secteur énergétique, notamment le sous-secteur de production des biocarburants à partir de la MCS standard décrite ci-dessus. Ainsi, deux étapes ont été suivies pour déterminer les valeurs à intégrer dans la MCS.

Dans une première étape, il a été question de déterminer la rentabilité financière du bioéthanol au niveau micro. En effet, un compte d’exploitation de la filière bioéthanol a été créé à partir d’un projet de production d’éthanol de canne à sucre fait en 2010-2011(13). Le processus de détermination de la production d’éthanol s’est déroulé comme suit :

- élaboration d’un compte d’exploitation agricole pour la production de canne à sucre : ce compte a pour objectif de déterminer une estimation des coefficients techniques à partir de la technologie de production. En effet, la production à l’hectare de la canne à sucre a été déterminée. Ainsi, en déterminant la production à l’hectare, elle nous donne l’information sur la quantité et les dépenses en intrants nécessaires à la production à l’hectare de la canne et de ses sous-produits (éthanol, vinasse et énergie). Il dispose également des informations sur les charges de production principalement sur les intrants utilisés, la main d’œuvre (agricole et administratif) et sur les coûts d’investissement (annuité, coût de pré exploitation et fonds de roulement) nécessaires toujours à la production de canne à l’hectare. Il faut cependant noter que le projet produit lui-même la canne qui est utilisée directement comme intrant dans la

13 Étude de faisabilité de production de bioéthanol dans la région de Tambacounda-communauté rurale de

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filière industrielle (production d’éthanol), donc il est évalué à son coût de production ce qui entraine un excédent d’exploitation nul.

- élaboration du compte d’exploitation de la filière industrielle (éthanol) : à cette étape, la production d’éthanol est déterminée à l’hectare avec comme objectif principal la détermination des coefficients techniques (technologie de production). En effet, cette partie donne toutes les informations à savoir la quantité de cannes nécessaire à la production de 100 tonnes d’éthanol (quantité de la production à l’hectare), les intrants industriels utilisés ainsi que toutes les charges d’exploitation, à savoir la main-d’œuvre industrielle et les investissements (pour l’implantation de l’usine de transformation). Toutes ces informations nous ont permis de déterminer un prix de vente de l’éthanol qui découle sur un excédent net d’exploitation de 113,893 USD à l’hectare, d’où la rentabilité du projet.

- détermination de la consommation finale de carburant en 2011 au Sénégal14 dans cette partie, la consommation finale de carburant a été déterminée et elle s’élève à

116,000 tonnes pour l’essence et à 589,000 tonnes pour le diesel. Ce qui nous permettra d’avoir un niveau de mélange pour déterminer notre objectif de production de biocarburant qu’on utilisera dans notre MCS hypothétique. En effet, si on suppose un niveau de mélange de 20% et de 30% respectivement pour l’éthanol et le biodiesel ainsi qu’à partir des informations de consommation finale dont nous disposons, le niveau de production escomptée pour l’éthanol sera de 23.200 tonnes et de 176.700 tonnes pour le biodiesel. Ainsi, après avoir déterminé le niveau de production, nous avons estimé les coefficients techniques qui sont les ratios entre les charges d’exploitation et la production en valeur.

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- estimation des charges de production de canne à sucre pour 1% du PIB en éthanol: à ce niveau, la production déterminée dans la partie précédente va être intégrée dans la MCS hypothétique en tenant compte du taux d’inflation entre 2010-2011 qui est de 3,4% (WDI 2015), ce qui nous a permis de faire une mise à jour des comptes d’exploitation (valeurs de 2011) et de déterminer les nouveaux coefficients techniques. Ainsi, les nouvelles valeurs obtenues donnent les informations sur la consommation intermédiaire (intrants) aussi bien au niveau de la filière agricole qu’industrielle, avec une branche de production de bioéthanol contribuant à hauteur de 1% du PIB de 2015

Ensuite, dans la deuxième étape, nous avons déterminé les coefficients techniques de la filière industrielle et celle agricole du Jatropha à partir de la MCS du Mali élaborée en 2006 (15). Ce choix se justifie par la ressemblance des techniques de production de ce secteur entre le Sénégal et le Mali. En effet, les informations qui nous ont permis de déterminer les coefficients techniques ont été directement prises de la MCS du Mali (Valeur Ajoutée et Consommation Intermédiaire). En tenant toujours compte du niveau de mélange de biodiesel (30%), de la consommation finale (176.700 tonnes) de diesel au Sénégal en 2011 et du coût de production du biodiesel qui a été fixé à 57 FCFA/litre (16), un niveau de production de jatropha de 8,883 Millions de FCFA a été escompté. Ce coût de production regroupe les intrants ainsi que les consommations intermédiaires utilisées par la filière agricole. Au niveau industriel, la même démarche a été faite et s’est traduite par la détermination de la production de biodiesel à partir du jatropha à 5,231 Millions de FCFA.

15 Savard et Al. : Macroeconomic and Distributional Impacts of Jatropha-based Biodiesel in Mali 16 Plan Reva – Spécial biocarburant 2007

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Certaines hypothèses sont faites pour introduire les secteurs de production de biocarburants dans la MCS: on stipule que l’offre nationale de bioénergie vient en déduction des importations de carburant ; le modèle d’affaires de production de l’éthanol suit une approche intégrée, c’est-à-dire que les filières de production de la canne à sucre et du bioéthanol sont intégrées de manière industrielle de sorte qu’il y ait pas d’intermédiaire (commerçants et transporteurs) entre les deux filières, donc pas de marges de commercialisation et de transport ; en revanche, le modèle d’affaire de production du biodiesel est plus éclaté entre les agents et met en relief des frais de transaction (marges de commercialisation et de transport) pour les filières agricoles et industrielles. Également, la demande d’intrants des filières bioénergétiques (éthanol et biodiesel) est satisfaite par la production nationale excédentaire stockée ; par conséquent, les ressources et les emplois de la MCS sont équilibrés par les variations de stocks pour les produits. Aussi, la demande d’intrants des filières bioénergétiques (éthanol et biodiesel) est satisfaite par les importations.

La structure de la MCS hypothétique comprend six (6) blocs de comptes dont : - 37 branches économiques ;

- 37 produits économiques ;

- 3 facteurs de production (travail, consommation de capital fixe et ENE) ; - 4 institutions (ménages, entreprises, gouvernement et reste du monde) ;

- 3 taxes et subventions (taxes revenus, taxes production, subventions production, taxes produits, taxes importations et marges de commercialisation) ;

- 2 comptes d’accumulation (FBCF et variations de stocks) ; et - un excédent net d’exploitation négatif pour 9 branches productives.

Figure

Figure 1: Taux de croissance du PIB réel de 2011 à 2016
Tableau 1 : Évolution des indicateurs de pauvreté au Sénégal, 2001-2010.
Figure 2 : Évolution de l’indice de production d’énergie
Figure 4 : Technologie de Production  (17)
+7

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