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Editorial du numéro consacré aux compétences

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale – Université de Liège – 21-22/2005 1

Dominique Lafontaine Éditorial

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Dominique LAFONTAINE

Presque 10 ans après la sortie du Décret Missions (10 ans déjà !) qui a engagé définitivement l’école de la Communauté française sur la voie des compétences, l’équipe éditoriale des Cahiers du Service de pédagogie

expérimentale a décidé de consacrer son numéro double 21-22 aux

compétences. Il ne s’agit pas ici de tenter un bilan de l’application ou des effets de cette approche sur le terrain (ce serait pourtant aussi utile que nécessaire), mais de prendre du recul, de réexaminer le concept sous différents angles, pédagogique et épistémologique bien sûr, mais aussi sociologique et expérimental, d’en re-situer les enjeux, d’en cerner les avantages, les limites, le(s) mode(s) d’emploi, de repérer les éventuels écueils à éviter.

La question des compétences a déjà fait couler des rivières d’encre, que ce soit en Communauté française ou à l’étranger – dans le monde francophone essentiellement – et le choix a donc été posé d’organiser ce numéro d’une façon originale, en faisant « dialoguer », par texte interposé, les différents auteurs sollicités pour ce numéro. Le point de départ est le texte rédigé par Marcel Crahay, Dangers, incertitudes et incomplétude de la logique de la

compétence en éducation. Ce texte, jeté comme un pavé dans la mare aux

compétences, a été soumis à deux autres pédagogues de renom de la Communauté française, Jacqueline Beckers et Bernard Rey, qui ont en quelque sorte « répondu » au texte de M. Crahay, tout en donnant à leur réponse une ampleur qui déborde largement la polémique et relance des questions fondamentales. Francis Tilman, au-delà des considérations pédagogiques, apporte quant à lui un éclairage plus sociologique sur la question. Quant à Florent Chenu, il explore de façon expérimentale la notion de « familles de tâches » – consubstantielle au concept de compétence – non pas dans un cadre scolaire, mais dans le cadre de pratiques professionnelles. Ces cinq textes se font donc écho, se répondent, se prolongent, … ; les positions des auteurs se rejoignent sur certains points, s’opposent de façon franche sur d’autres. Mais cette « mise en résonance » est assurément source d’enrichissement, même si elle ouvre bien plus de questions qu’elle n’apporte de réponse tranchée à cette question des compétences qui résiste décidément – comme on dit d’un texte qu’il est résistant – à la compréhension.

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2 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale – Université de Liège – 21-22/2005

Éditorial Dominique Lafontaine

Ainsi, si l’approche par compétences n’est certes pas simple à pratiquer, ni LA solution aux problèmes actuels de l’école, elle est assurément un bon angle d’attaque pour se poser des questions fondamentales à propos des apprentissages. Comment dépasser la restitution, l’enseignement de savoirs

morts ? Quels liens entre les savoirs et les compétences ? Comment conceptualiser l’action ? Comment faciliter le transfert ? Cette approche convient-elle à tous les élèves ? Ne risque-t-elle pas d’augmenter les échecs et ne nuit-elle pas à l’équité ? Une compétence doit-elle être « complexe » et/ou « inédite » ? La définition des familles de tâches ou de situations ne

comporte-t-elle pas une large part d’arbitraire ? L’approche par

compétences est-elle plus motivante pour les élèves ? Est-elle en soi de nature à donner plus de sens aux apprentissages ? La transposition du concept du champ de l’entreprise au champ scolaire se fait-elle sans « remodelage » du concept ? La liste est longue des questions auxquelles les

cinq articles ici rassemblés apportent des réponses tantôt convergentes, tantôt complémentaires, tantôt franchement divergentes.

Avec ce numéro des Cahiers, on s’aventure en tout cas loin des sentiers battus de la doxa pédagogique… La question la plus troublante, au terme de ce débat, reste que le concept de compétence n’échappe pas à un certain flou conceptuel, qu’il faut, pour le définir, faire appel à un réseau d’autres concepts qui sont parfois aussi source de questionnement (telle la notion de famille de tâches), et que les compétences des un(e)s ne sont pas les compétences des autres. Au risque d’ajouter encore un grain de sable à la confusion, je voudrais ici, sous forme de clin d’œil, citer l’éminent psychologue de l’éducation J.S. Bruner, qui donne de la compétence la définition suivante :

« Selon le modèle habituel, la compétence se situe très bas dans la chaîne du

traitement de l’information. Nous disons par exemple que la compétence relève de ce qui est « habituel » et, alors que le phénomène est extrêmement

mystérieux, cela lui donne un petit côté familier. » (Bruner, 1996, p. 190)1.

Voilà assurément une définition aux antipodes de celle qu’en donne habituellement le monde pédagogique francophone…

Si la qualité des articles ici rassemblés débouche assurément sur une clarification des concepts et des enjeux mobilisés par la notion de compétences, on peut craindre – c’est un risque dont il ne faut pas se cacher – que cette querelle d’experts n’ajoute au désarroi des enseignants et des praticiens de terrain qui se demanderont légitimement comment les décideurs les ont lancés si vite dans une aventure pédagogique dont les périls paraissent

1 J.S. BRUNER (1996) L’éducation, entrée dans la culture. Les problèmes de l’école à la lumière de la

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nombreux. En reprenant les propos de plusieurs des auteurs qui s’expriment dans ce numéro, on peut avancer que l’approche par compétences se veut, s’est voulue une réponse à un constat sur lequel la plupart s’accordent, celui d’une crise (du sens) des apprentissages scolaires et par rapport auquel il paraissait urgent d’agir. Cette réponse est-elle la bonne réponse, à quelles conditions, avec quelles conséquences positives et quels risques ? Il ne fait pas de doute que le lecteur trouvera dans ce numéro des réponses qui, en dépit de leur caractère parfois contradictoire, se révèlent nuancées et constructives.

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