HAL Id: hal-01668967
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Florence Guillot
To cite this version:
Florence Guillot. Rapport de sondages archéologiques [Soulcem – Auzat (09)] 2017 Pour une archéolo-gie de la montagne. [Rapport de recherche] Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés. 2017. �hal-01668967�
Responsable d’opération : Florence Guillot
Régie Patrimoines
de la Communauté de Communes de la
Haute-Ariège
Rapport de sondages archéologiques
[Soulcem – Auzat (09)] 2017
1
Paysage du secteur Soucarrane. Photo Florence Guillot.
Pur une
archéologie de la montagne
Abri RAT3_1 — Photo Gilles Moutin
2
Opération menée par la Communauté de Communes de la Haute-Ariège
Avec l’aide de :
Labex DRIIHM
3
[Sommaire]
Introduction
Remerciements et participants, résumé de l’opération
Mise en place d’une méthodologie pluri annuelle
L’opération au sein d’une dynamique ancienne et actuelle
Cadre géographique et géomorphologique
Résultats
Sondage MED1_1
Sondage RAT3_1
Sondage SOU2_18
Étude du mobilier céramique (Nicolas Chassan)
Base Bernard
Bibliographie et sources
Conclusion
4
5
7
10
12
19
27
42
53
61
65
85
4
La question de l’histoire des paysages et du pastoralisme en montagne a totalement été renouvelée dans les années 1990 tant méthodologiquement que dans ses problématiques depuis les travaux des palynologues, notamment Didier Galop, des géographes, notamment Bernard Davasse et Jean-Paul Métailié, et ceux de l’archéo-ethnologue Christine Rendu sur la Cerdagne.
Leurs travaux ont d’abord montré la pertinence de ces études tout en soulignant que la pluridisciplinarité y est indispensable entre études environnementales et études anthropologiques.
En haute vallée de Soulcem, comme dans toute la haute vallée du Vicdessos, ont eu lieu une grande quantité d’études environnementales des palynologues et des géographes depuis que Didier Galop, Guy Jalut et Bernard Davasse s’y sont intéressés en thèse et dans de très nombreux articles. Ces études sont aujourd’hui décuplées par l’organisation sur ce territoire et depuis 8 ans d’un Observatoire Homme Milieu, dirigé par Didier Galop. C’est dans le cadre de cet observatoire, en collaboration avec des études du milieu menées, et dans l’esprit des études menées en Cerdagne ou dans toutes les Pyrénées que s’inscrit ce programme. Il s’inscrit à la suite de sondages menés en 2012 puis en 2014 sur des sites de la vallée de Soulcem, d’une étude ethnographie menée en 2012 et 2013, d’études documentaires menées depuis 20121 et
surtout de la prospection menées en 2015 et 2016 qui a permis d’acquérir un SIG et une base de données de toutes les structures pastorales de la haute vallée de Soulcem (430 structures relevées). Il intègre l’observatoire Hommes Milieux du Haut Vicdessos sous la direction de Didier galop et a reçu le Labex CNRS DRIIHM.
1 Un document sur le pastoralisme au Moyen Âge a été écrit.
https://hal.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/870874/filename/pastoralisme_mag.pdf
1400 folios de registres consulaires de Vicdessos et communaux d’Auzat ont été transcrits (XVIIe-début XXe siècle).
Vallée de Soulcem : site de l’étude
5
Résumé de l’opération
L’association Montagne et Patrimoine a réalisé un inventaire des orris et bâtis pastoraux en haute vallée du Vicdessos dans les années 1990.
Cet inventaire a permis décrire et topographier les formes architecturales en élévation qui subsistent et de décrire au mieux l’architecture et l’organisation de ces bâtis.
Nous avons ensuite réalisé des sondages archéologiques et dégagements de bâti en 2012 sur le groupe des orris de Jean Lamic, puis, en 2014, dans des abris sous roche.
Nous avons aussi réalisé une étude ethnographique de Jean Lamic et des transcriptions d’actes consulaires et municipaux dans le but d’étudier le pastoralisme à Auzat à travers la documentation écrite.
Nous avons réalisé en 2015 et 2016 la topographie de toutes les structures pastorales de la haute vallée de Soulcem. Ces topographies sont intégrées à un SIG. Une base de données reprend tous les caractères de ces 430 structures.
Les sondages archéologiques menés en 2017 ont été définis dans la continuité de ce travail et grâce à aux données produites depuis 2012. À l’amont du barrage de Soulcem, vallée de Soulcem, commune d’Auzat, Ariège, les sondages ont été choisis à la suite de l’inventaire et suivant les problématiques posées lors des précédentes recherches et dans le cadre des travaux des autres chercheurs de l’OHM.
— Dans le cadre de l’OHM du haut Vicdessos (dir D. Galop - GÉODE) qui existe depuis 2009, http://w3.ohmpyr.univ-tlse2.fr/
— Elle a reçu un Labex (CNRS DRIIHM) http://www.driihm.fr/projets/projets-2017/details/110/842
Ce travail s’intègre dans la valorisation du patrimoine menée en haut Vicdessos, autour de la maison des Patrimoines (Communauté de Communes de la Haute Ariège) et permet de réaliser des expositions, visites guidées, conférences sur le pastoralisme, etc.
Il est mené par la communauté de communes de la Haute Ariège, Régie des Patrimoines.
Florence Guillot, salariée de la Régie des Patrimoines de la Communauté de communes de la Haute Ariège, est la responsable scientifique de cette opération.
6
Remerciements
L’opération présentée dans ce rapport a pu véritablement avoir lieu grâce à une synergie
de personnes et d’institutions très élargie. Elle a en même temps permis que ces
personnes et institutions se rencontrent et œuvrent ensemble.
L’opération est menée et financée sur les fonds propres de la Régie Patrimoines de la
Communauté de Communes de la Haute-Ariège qui reçoit des aides financières du
Conseil Général de l’Ariège et de l’OHM Haut-Vicdessos-Labex DRIIHM, programme
dirigé par Didier Galop (Géode).
Les études antérieures avaient été menées par l’association Montagne et Patrimoine,
puis par la mairie d’Auzat.
L’opération a eu lieu sur des terrains du Ministère de l’Agriculture à la charge de l’ONF.
Nous avons donc reçu l’autorisation de l’ONF pour mener cette recherche et pour
circuler sur la piste.
L’étude a lieu grâce à l’autorisation du Service Régional de l’Archéologie.
L’analyse des céramiques a été réalisée par Nicolas Chassan, archéologue
protohistorien.
L’opération intègre l’Observatoire Homme Milieu Pyrénées haut Vicdessos
2sous la
responsabilité de Didier Galop (Géode). Notre étude s’est donc enrichie des travaux des
autres membres de cette équipe, mais a aussi bénéficié de leurs conseils.
Enfin et surtout, je voudrais remercier les bénévoles qui m’ont accompagnée tout l’été :
Annabelle, Raphaëlle et Patrick Berlureau, Anaïs Bertrand, Océane Cancela, Gilles
Carnelez, Camille Cassé, Patrick et Guillaume Combes, Audrey Crocquet, Hélène
Deprès, Yann Esseul, Mickaël Gourvennec, Florence Guillot, Denis Langlois, Patrick
Laugier, Élodie Lestrade, Mauricette et Gilles Moutin, Isabelle Puech, Vinciane Villalon,
Pierrick et Jason Vinay, Christophe Xerri. Ils ont permis que nous réalisions très
rapidement et efficacement les sondages.
L’opération de terrain a eu lieu durant l’été 2017, 12 jours
2
7
Fig. Les approches sont raides et longues…
Photo Florence Guillot.Fig. Et les transports du matériel sont délicats et
pénibles…
Photo Florence Guillot.Fig. Le type de paysage : omniprésence naturelle des blocs qui rendent la prospection
difficile…
Photo Florence Guillot.8
Mise en place d’une méthodologie pluri annuelle
La recherche dont les résultats sont transcrits dans ce rapport est le produit d’une
recherche archéologique pluri méthodologique et ancienne.
Elle ne concerne pas un sujet totalement neuf loin de là.
Du strict point de vue des cabanes pastorales, ici nommées « orris », une étude de
l’association Montagne et Patrimoine avait eu lieu dans les années 1990. Les membres
de l’association avaient réalisé un premier inventaire des bâtis les mieux conservés,
composé de plans, images, descriptions architecturales et pointage. Ces éléments ont
été intégrés dans notre SIG en scannant les plans et levés architecturaux réalisés.
Du point de vue de l’histoire du peuplement et des environnements anthropisés, et
notamment de la vallée de Soulcem, la montagne fut étudiée par prospection,
anthracologie et surtout palynologie, dès les années 1980, par de nombreux chercheurs
notamment Didier Galop et Bernard Davasse. Ces études très fournies ont livré des
résultats très importants et se poursuivent actuellement dans l’Observatoire
Homme-milieu dirigé par Didier Galop. Les recherches que je mène sur les cabanes pastorales
sont insérées dans cet OHM, dont l’inventaire qui vous est présenté ici.
Depuis les années 1990, paraissent aussi les premières études de Christine Rendu, sur le
système pastoral de la haute Cerdagne qui inspire nos travaux. Elle a ensuite mené un
groupe de travail à l’échelle des Pyrénées, nommé DÉPART, dont le but était la mise en
commun des travaux sur les habitats pastoraux d’altitude. Notre recherche participa à ce
groupe et s’est inspiré des méthodes proposées, notamment de l’architecture de la base
de données qui devait servir à la mise en commun.
Enfin, la raison d’être de nos recherches sur le système pastoral est avant tout la
conclusion de nos propres recherches sur le peuplement et l’habitat. Nous avons étudié
la mise en place des habitats villageois, donc ici majoritairement de type casalier, et
nous sommes arrivés à la conclusion que l’étude de l’habitat et du peuplement ne peut
être poursuivie qu’en abordant le peuplement dans la longue durée et le système
économique et social qui produit le peuplement, donc, entre autres, l’utilisation des
estives.
Nous avons donc mené deux opérations de sondages, en 2012 et 2014, sur les orris dit
de Jean Lamic, L’Ouriote, et les abris sous roche des Estrets et des Bareytes. Cette étape
nous a convaincus de la nécessité de disposer dans un premier temps d’informations
élargies, d’un bilan des structures à l’échelle de la vallée, mais aussi de données de
datations nombreuses pour ne pas se limiter à l’étude de quelques sites. Il nous est
apparu que, du point de vue des données, la prospection précédente n’avait pas tenu
9
compte des vestiges mal lisibles et avait été très rapide sur certains secteurs,
notamment en altitude. C’est ainsi que l’idée de refaire un inventaire s’est imposée.
Les résultats obtenus sur les Bareytes en 2014, sa chronologie élargie, et un
radiocarbone de plus 6000 BP, comparable à ceux obtenus en ce moment par Didier
Galop et ses équipes dans l’étang de Médécourbe très proches, nous ont orienté vers les
zones les plus en altitude.
En outre, en comparant les sondages menés en 2012 et en 2014, nous avons pu nous
rendre compte :
– Du peu d’intérêt de sondages de petites surfaces sans vision globale préalable dans ce
type de recherches,
— De la différence entre le fond de la vallée de Soulcem, où les structures pastorales ont
été encore très utilisées au milieu du XXe siècle, et les flancs ou zones d’altitudes, où
l’on dénombre des habitats moins perturbés récemment et où on lit mieux l’histoire
ancienne diachronique de l’occupation.
En conséquence, nous avons réalisé une prospection inventaire, avec localisation au GPS
différentiel et topographies, dont l’emprise évite le fond de la vallée, mais se focalise sur
les zones d’altitudes, celles qui étaient à la limite du boisement naturel avant
l’anthropisation néolithique. Plus de 400 structures ont été étudiées, topographiées et
géolocalisées dans un SIG.
Réalisé sur Qgis (open source), il utilise les bases de données comme table attributaires
et intègre tous les éléments : topographies vectorielles, photographies, scans des
anciens rapports, etc. Le fond est constitué de plusieurs calques que l’on choisit
d’afficher ou pas, carte IGN, MNT à équidistance des altitudes de 10 m, orthophotos à
50 cm/pixel. Le géoréférencement est en Lambert 93, mais il est converti en
latitude/longitude WGS 84 pour pouvoir partager ces données avec les Andorrans et les
Espagnols.
Le but de la prospection était descriptif : mettre en place si possible de l’hypothèse de
typochronologie de plans ou de bâtis ; mais il n’est pas que descriptif. Nous avions pour
objectif d’effectuer un tri parmi les établissements et les structures et d’en choisir une
vingtaine pour effectuer des carottages et prélever les charbons dans leur contexte
stratigraphique pour anthropologie et radiocarbones, puis de fouiller seulement les plus
intéressantes. En effet, plutôt que de commencer par fouiller une structure plutôt
qu’une autre, il nous semble plus rentable d’obtenir une vision un peu plus globale, et le
peu de mobiliers conservés dans ces cabanes pastorales doit être compensé par les
radiocarbones qui ont aussi l’avantage de faire intervenir l’anthracologie en amont et
donc de fournir des données environnementales.
10
Une fois ce travail réalisé manquaient des datations radiocarbone pour avoir une vraie
base de données de dates. Le SIG a aussi permis de cibler une dizaine de sites plus
intéressants qui se prêtent à une investigation archéologique de sondages.
Il a été proposé des opérations limitées en superficie sur 3 de ces sites en 2017 : il
s’agissait aussi de cadrer notre étude dans les moyens de personnels disponibles à la
Communauté de Communes.
Vous trouverez ci-dessous les résultats de ces trois sondages.
Les objectifs communs étaient :
- Compléter le groupe de datations des occupations obtenues jusqu’à aujourd’hui,
- compléter les informations sur les occupations pastorales anciennes (bâti,
organisation, chronologie) obtenues lors des précédentes opérations,
- rechercher et étudier des occupations pastorales anciennes, à l’origine du
pastoralisme à Soulcem et en étudier l’organisation,
- rechercher et étudier des occupations pastorales du cœur du Moyen Âge, qui est
l’époque la mieux représentée à Soulcem actuellement (sauf le XIXe-XXe s).
Les résultats de ces opérations sont intégrés à la base de données et au SIG et
donneront lieu à une publication synthétique proposée à une revue à comité de
lecture dès l’hiver 2017-2018.
11
12
Cadre géographique et géomorphologique :
La vallée de Soulcem est située à l’amont de la grande commune d’Auzat. Elle entaille la zone axiale pyrénéenne surtout composée de terrains primaires métamorphisés, gneissiques et — dans une moindre mesure — schisteux et micaschisteux. Ces roches sont des gneiss très durs, parfois des gneiss œillés. On y rencontre aussi des granites, du type de ceux du pluton de Bassiès, plutôt rassemblés en petits massifs en fond de vallée, sous les éboulis. Les crêtes sont relevées et découpées dans le paysage : elles forment une vraie barrière tout autour de cette vallée.
13 La morphologie est essentiellement d’origine glaciaire : la vallée de Soulcem étant le point de naissance principal du long glacier du Vicdessos.
Figure 1 : Surface
et
stries
d’érosion
glaciaire
en
vallée
de
Soulcem.
Les éboulis et les blocs erratiques sont nombreux.
On retrouve donc des verrous derrière lesquels se sont constitués par accumulation, de grands plats (pla du Labinas, pla de Soulcem, pla de l’Isard) qui sont autant de terrains pastoraux d’intérêt. Celui de Soulcem est, depuis 1983-4, occupé par un grand barrage-réservoir qui est un des éléments
des nombreux
équipements
hydroélectriques de la vallée du Vicdessos.
Les pentes sont particulièrement raides, ponctuées de nombreuses falaises et barres rocheuses, et les secteurs avalancheux sont nombreux. Les éboulis tapissent aussi une grande partie des versants et la pente importante, souvent supérieure à 30°, implique qu’ils évoluent assez rapidement. À l’amont de la vallée, les sommets culminent à plus de 2900 m d’altitude et le
14
massif du Montcalm, doté de plusieurs sommets dépassant 3000 m, est situé sur le versant ouest de cette vallée.
En altitude, les étangs naturels postglaciaires sont nombreux, mais la dynamique des versants tend à leur comblement.
Figure 3 : Crêtes frontière au fond de la vallée de Soulcem vu du pla du Labinas (en fond
de vallée, le grand sommet plat enneigé, nommé Médécourbe, culmine à 2914 m et est à
la limite de la France, de l’Andorre et de l’Espagne). Depuis la vallée de Soulcem, un col à
l’est offre un passage principal vers l’Andorre par la vallée d’Ordino (Port du Rat 2540 m)
et un autre, à l’ouest, servait d’accès principal depuis la haute Ariège vers la Catalogne
espagnole (Pallars par le Port de Bouet - 2509 m).
L’orientation parfaitement sud-nord de cette vallée facilite le passage du vent du sud (foehn) qui peut être très violent, s’engorgeant vers la vallée. Il est extrêmement desséchant.
15
Figure 5 : Depuis la vallée de Soulcem, vers
le massif du Montcalm.
Pointe de la Madelon (2120 m).
Les conditions naturelles, pentes, altitudes, vents, expositions aux avalanches ne sont donc pas propices à la végétation arborée. Pourtant les études des géographes et des palynologues3, ont démontré que la forêt y était présente jusqu’à plus de 2500 m d’altitude, mais relativement clairsemée et cantonnée aux secteurs les plus favorables.
3
Voir par exemple Galop, 1996, p.187 et suiv. et Davasse 1992 et 1998.
16
Tous les travaux relèvent l’ampleur de l’anthropisation du milieu qui débuta timidement à la fin de l’époque néolithique. Les études anthracologiques menées par Bernard Davasse indiquent que des bois ont pu être charbonnés en altitude, par exemple sous le port de Bouet, encore à l’époque moderne, et que des charbonnières étaient situées jusqu’à l’amont du pla le plus haut, celui du Labinas.
Figure 6 : Pla de Soulcem au début du XXe siècle. Remarquez l’absence d’arbustes et
l’herbe bien plus rasée et rare qu’actuellement. Source Banque d’Images des Patrimoines
et Territoires. Fonds Métailié - GÉODE/BIPT
17
Figure 7 : Pla du Labinas, il y a une soixantaine d’années. Source Banque d’Images des
Patrimoines et Territoires. Fonds Métailié — GEODE/BIPT
Les photos du début du XXe siècle montrent un espace totalement asylvatique.
Il l’est encore aujourd’hui, mais jusqu’à 1500 m d’altitude, on note actuellement un timide début de reboisement surtout par
les bouleaux, plus rarement par quelques pins à crochets. Le gispet (festuca eskia), herbe emblématique du versant nord pyrénéen, couvre les sols et forme une pelouse montagnarde très dense et bien épaisse. Les racines forment un réseau. Celle-ci est encore pâturée. La vallée de Soulcem comprend plusieurs groupements pastoraux et héberge à l’estive des chevaux et des
18
vaches, en fond de vallée, et des moutons sur les versants. Mais cette pression pastorale n’a rien à voir avec ce qu’elle était il y a un siècle ou plus. Ainsi, les sols sont normalement couverts de touffes herbeuses épaisses et nombre d’éboulis sont recouverts par le gispet, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les arbustes progressent aussi rapidement, notamment les genévriers et surtout les rhododendrons.
Toute la vallée est domaniale, gérée par l’ONF ; elle est aussi le domaine d’activités de sports-nature : randonnée l’été, et ski de montagne et cascades de glace l’hiver.
19
Résultats
Sondage structure sous Médécourbe MED1_1
20
Situation du sondage dans l’établissement
Coordonnées Lambert III : X : 526784,97
Y : 36167,35 Altitude : 2082 m
Cadastre : année : 1832 maj 1941 et 1982
21
Résultats
22
Us 1
L’Us est composée de l’herbe et des racines. 5 à 12 cm d’épaisseur.
Fig.
Interface
Us 1/Us 2.
Photo F. Guillot
Us 2 — démolition d’un mazuc
30 à 25 cm d’épaisseur. L’Us est composée de blocs autochtones dont certains révèlent
d’indéniables traces de débitage. Leur densité est variable. Ils forment un tas convexe
dont le sommet est situé au centre du sondage et s’oriente suivant la ligne de plus
grande pente. Ce sommet pourrait correspondre au centre du toit d’un bâtiment
écroulé. Les blocs sont donc plus denses au centre du sondage et présent dans les deux
tiers hauts de ce dernier. Ils sont plus denses en partie haute du sondage. Certains
dépassaient dans et au-dessus de l’U.S. avant la fouille. La matrice terreuse autour de
ces blocs est largement racinaire, de couleur marron (Pantone 161), mêlée à un
cailloutis anguleux centimétrique peu dense, autochtone, produit des blocs.
L’unité contenait 11 lauzes taillées, avec un profil de lauzes à fromage (lauzes glissées en
paroi des mazucs, entre les pierres, servant à porter les fromages).
23
Fig. Exemples de lauzes à fromage
dans l’Us 2.
Photo F. GuillotUs 3
25 cm d’épaisseur. L’Us est composée de la même terre que la matrice Us2, à peine plus
claire (Pantone 160) et ne comportant plus, ou presque de blocs équarris.
Us 4
20 à 15 cm d’épaisseur. L’Us est composée de la même terre que l’Us 3, sans aucun bloc.
La séparation entre les deux Us n’est pas claire et l’Us 4 a été définie par la plus grande
densité de cailloutis non anguleux, probables galets de ruisseau. Elle n’était présente
qu’en partie basse du sondage et on peut supposer qu’il s’agit de l’emplacement d’un
écoulement assez récent, fonctionnant probablement en même temps que le bâtiment
écroulé de l’Us 2.
24
Us 6, 7 et 8
Elles sont composées de terre marron fine, non grumeleuse, non indurée
(Pantone 1395) mêlée à un cailloutis nombreux, rarement anguleux et plus souvent
roulé, centimétrique et millimétrique. Des fragments de charbons de petite taille étaient
très dispersés dans les Us 6 et 7, mais plus concentrés en partie haute que basse. Ils
étaient presque absents de l’Us 8. En partie haute, quelques blocs de l’Us 2 étaient
fichés dans l’Us 6. Seules la présence ou l’absence de ces blocs différencient l’Us 6 de
l’Us 7.
À la surface des Us 6 et 7, rien ne vient trahir un éventuel sol, même la plus grande
concentration de charbons, car elle caractérise une épaisseur bien plus importante que
l’éventuel sol du bâtiment écroulé révélé par l’Us 2.
L’Us 6 n’était située que dans le tiers supérieur du sondage, remplacée au milieu du
sondage par l’Us 7, elle-même remplacée en partie basse par l’Us 5.
Les interfaces supérieures des Us 6 et 7 suivent la pente naturelle du secteur. L’interface
inférieure de l’Us 8 aussi.
L’Us 6 et 7 ont été artificiellement recôtées en Us 8, pour pouvoir différencier les
charbons prélevés en partie haute et basse. Le tout, relativement cohérent entre 6, 7 et
8 atteint 55 à 68 cm d’épaisseur et est posé sur un substrat géologique sans aucune
trace d’anthropisation et de faciès sédimentaire glaciaire très net.
On a relevé à l’interface de l’Us 8
(inférieure) et du substrat une série
de nodules d’hématites, naturels.
Les Us 7 et 8 ont été tranchées par
un écoulement aujourd’hui comblé
par les Us 5 et 9.
Fig. Us 6 et 7 en cours de fouille et
paléochenal (à gauche).
Photo F. Guillot.25
Un tesson de céramique a été relevé dans l’Us 6. Très érodé, roulé, il s’agit d’un petit fragment de panse informe, céramique non tournée à pâte marron claire et dégraissant quartzeux nombreux, sans vacuoles. On peut proposer qu’il soit médiéval.
Us 5 et 9 — paléochenal
Fig. Paléochenal en fin de fouille. Photo F.
Guillot.
Ces unités sont composées de terre
marron sombre (Pantone 1545), mêlée à
une grande quantité de galets roulés
centimétriques pour la majorité, et parfois
millimétriques.
Elles comblent le devant de la terrasse
créé par les Us 7 et 8 tranchées et ont été
interprétées comme le comblement d’un
paléochenal d’axe sud-ouest/nord-ouest.
L’Us 9 se différencie de l’Us 5 par une
nette augmentation du calibre des galets, signe d’un écoulement moins actif.
Le tout mesurait 1 m d’épaisseur au plus profond.
L’Us 9 repose sur le même substrat que l’Us 8.
26
Datations radiocarbones
Charbon dans Interface 3-6
MED1_1_1
MED. 1_1_1 Poz-83196 755 ± 30 BP mix charcoal
Calendric Age calBP : 698 ± 19 68 % range calBP : 679 - 717
Calendric Age calAD : 1252 ± 19
Charbon dans Us 8
MED1_1_2
MED. 1_1_2 Poz-83198 4520 ± 40 BP mix charcoal
Calendric Age calBP : 5181 ± 93 68 % range calBP : 5088 - 5274
Calendric Age calBC : 3231 ± 93
Radiocarbone, résultats en attente :
MED1_1 Charbon Us 8 MED1_1 Charbon Us 7
Conclusion
Le sondage a mis en évidence deux étapes :
-la plus récente (Us 2, 3 et 4) comportait un mazuc (cave à fromage) en
pierres sèches qui profitait d’écoulements diffus et d’écoulements en milieu
superficiel,
-la plus ancienne (6,7 et 8) n’a pas révélé de vestiges d’occupation, mais
recèle des charbons épars provenant du dessus, colluviaux, et renseignant
indirectement sur l’occupation, l’utilisation et l’aménagement de la
plateforme de l’établissement MED1. Ce niveau a été recoupé par un
ruisseau relativement important (Us 5 et 9) qui a entaillé et dégagé les
unités. D’après les premières datations, l’Us 8 comporte des traces
anciennes, de plus de 5000 ans.
Il faut attendre le résultat des autres datations en cours pour affiner les
résultats.
27
Sondage abri sous roche entre vallon du Rat et vallon des
Bareytes RAT3_1
28
Porche RAT3_1
Coordonnées Lambert 93 : X : 573.351 Y : 6170.162 Altitude : 2195 mCadastre : année : 1832 maj 1941 et 1982
Section(s) et parcelle(s) : section C, feuille 15, n° 4032
Fig. Situation du porche.
Photo F. Guillot.Résultats
Rat3_1 est un petit porche à la faveur d’une fracture dans les micaschistes. Il se
compose de deux parties distinctes. À l’entrée, un espace presque plan de forme
générale triangulaire couvre 18 m². Une escalade d’environ 4 m donne accès à de
courtes galeries plus étroites. La fouille a concerné la zone d’entrée, là où un carottage
préalable avait révélé des charbons anciens. Mais les galeries du fond, situées en
hauteur, ont été vérifiées et ne semblent pas avoir ni été occupée ni avoir reçu
d’aménagements, d’inhumations ou autres.
29
Il avait été prévu de réaliser une tranchée de 70 cm de large dans le porche. La
découverte de mobilier et d’une très grande concentration de charbons en berme a
provoqué l’élargissement du sondage.
Le sondage a couvert 10 m².
Fig. Petite galerie au fond de la grotte. Dégagement d’une dalle plate au sol qui s’avère
naturelle. Photo Denis Langlois.
31
Fig. Le porche avant le
sondage vu depuis le haut.
32
Us 1
L’Us est composée de l’herbe et des racines. 5 à 10 cm d’épaisseur.
Us 2
L’Us est composée de terre marron claire, Pantone 1535, non indurée, parfois
légèrement grumeleuse et humide et comportant des racines et radicelles. Elle
comporte des coprolithes animaux et quelques pierres autochtones a priori non
travaillées et provenant de la paroi sus-jacente. 8 à 20 cm d’épaisseur.
Comme pour toutes les unités fouillées : interfaces supérieure et inférieure
subhorizontales, sauf vers l’entrée du porche (pente vers le vide à l’avant du porche).
Il a été découvert dans l’Us 2 une petite pierre plate taillée.
Fig. Petite pierre plate taillée découverte dans l’Us 2.
Photo F. Guillot.
Us 3, 4 et 5 — lambeaux de sol — piétinement par animaux
Un groupe d’unité de 16 à 6 cm d’épaisseur a été individualisé en 3 unités de même
matrice, mais comportant des changements de faciès. Les trois unités sont constituées
d’une terre marron avec quelques teintes de rouge (hématite d’origine naturelle),
Pantone 1615 et 1675, généralement fine, traversée par peu de racines, et qui
comportait des charbons de bois et des blocs micaschisteux décimétriques peu
nombreux. Les charbons sont présents partout, mais apparaissent des concentrations
sous forme de tâches de 20 à 40 cm de diamètre sans aucune trace de structures. Elles
se concentrent en profondeur et préfigurent les unités sous-jacentes.
33
Fig. Inf Us 5 — sup Us 6.
Au fond du porche, l’Us 4, sur 70 à 75 cm de large, est une portion légèrement
hydromorphe du fait des écoulements le long du rocher. Cette hydromorphie la
différencie des deux autres.
34
Fig. Lambeaux de sol sup. Us 3.
Photo F. Guillot.
Suit, l’Us 3, dans laquelle le cailloutis centimétrique est plus présent et qui est
nettement plus indurée notamment en surface. Apparaissent des lambeaux de sol du
type sol humide et piétinements pas sabot. Elle s’étend sur 1 m de large au maximum et
ne couvre pas toute la largeur du sondage. Un fragment d’ardoise taillée comportant
l’amorce d’un trou demi-rond y a été découvert.
En aval, l’Us 5 est moins racinaire, mais plus aérée et non indurée, probablement du fait
de l’appel au vide créé par la pente à l’extérieur du porche. Elle comporte plus de
charbons de bois que les deux autres.
Structure bâtie
Posée sur l’Us 4, une structure en pierres sèches existait contre le rocher. Elle semble
avoir constitué un aménagement pour monter plus facilement le long du rocher et
accéder aux galeries du fond de la grotte.
L’Us 2 recouvrait le pied de la structure.
Les pierres dont certaines étaient en place et d’autres, écroulées, étaient autochtones.
Les pierres en place suggèrent l’existence d’une petite rampe s’élevant au moins de
60 cm de haut, le long de la roche (qui dénivèle de 3,6 m). Le volume des pierres
écroulées n’excédant pas celles en place, on ne peut pas supposer que cet
aménagement était beaucoup plus élevé qu’un mètre, probablement un peu moins. Il ne
permettait donc pas de franchir tout le dénivelé et aucune encoche n’a été repérée plus
haut.
35
Elle a été détruite pour la fouille des Us sous-jacentes.
Fig. Structure bâtie, vue de dessus, moellons en place et écroulés.
Photo F. Guillot.Fig. Structure bâtie, vue de dessus, moellons en place uniquement.
Photo F. Guillot.Us 6 — Premier niveau de foyer
L’Us 6 était située sous les Us 3, 4 et 5, dans tout le sondage. Elle était constituée de
terre fine, bien aérée, sèche, marron à marron rougeâtre, Pantone 1525, 1535, et 1395.
36
La différence de couleur est simplement due à la charge naturelle en hématite qui
provient des roches environnantes et se fait sans transition nette. L’unité comportait
aussi un cailloutis assez dense, autochtone, millimétrique, atteignant rarement le
centimètre et quelques radicelles.
Dans certains secteurs de l’unité, les charbons de bois de tous volumes étaient très
concentrés. Mais aucune structure foyère bâtie n’est apparue. Autour et à partir de ces
concentrations, les charbons sont éparpillés. Il ne fait aucun doute que ces secteurs de
fortes concentrations ont été des zones de foyers ouverts. L’épaisseur de la couche et
des concentrations, de 18 à 22 cm, suggèrent une durée importante de l’usage de ces
foyers.
L’unité contenait un tesson de céramique. Il a été découvert en partie basse et pourrait
être regroupé avec le groupe découvert en interface inférieure entre 6 et 9, car il en
était proche. Il est d’ailleurs comparable aux éléments découverts en interface 6/9.
Us 9 et 10 — second niveau de foyers
Ce groupe a donné des lots de céramiques. Une partie était située en interface
supérieure, une autre dans les unités, à diverses profondeurs, mais plus nombreuses en
partie haute que basse.
L’interface entre 6 et 9, qui peut être interprétée comme un niveau de sol sur l’Us 9
comportait 6 tessons (NMI = 3), avec des types du Campaniforme ou du Bronze ancien.
Ils étaient situés à sa périphérie sud-est.
37
Ce groupe d’unités s’individualise de l’unité 6 sus-jacente par le faciès des terres. Les
zones de combustion restent présentes sur les mêmes surfaces. Comme dans l’Us 6, on
note quelques blocs autochtones, mais aucune structure organisée n’a pu être
visualisée. La terre qui compose ces unités est plus sombre, parce que la densité de
charbons est encore plus importante près des zones de foyers, mais elle est surtout
nettement plus organique de teinte marron (sans les charbons), Pantone 1545. Elle
contenait en outre beaucoup moins de cailloutis et la différence entre le niveau
supérieur Us 6 et les Us 9 et 10 était bien marquée. Ces unités mesurent 1 à 10 cm
d’épaisseur, la plupart du temps environ 7 à 8 cm.
On retrouve aussi le dégradé rougeâtre, qui est aussi présent en dessous, jusque dans le
substrat géologique suivant le même plan.
38
Fig. Dégradé rougeâtre du substrat. Fin de fouille.
Photo F. Guillot.Ce niveau a été partagé en deux, suivant la charge en charbon des secteurs, l’unité 9
étant celle des niveaux de combustion proprement dits et de leur environnement
immédiat, tandis que l’unité 10 étant en partie sud/sud-ouest du sondage, secteur sans
niveaux de combustion, mais comportant des charbons épars, de moins en moins
nombreux au fur et à mesure que l’on s’éloigne des foyers de l’Us 9.
Us 11-12 et 12 inf — troisième niveau de foyers
La matrice terreuse est quasi identique au groupe d’Us 9 et 10. Mais les secteurs de
combustion changent radicalement d’emplacement, ce qui a provoqué la recôte.
En profondeur, sans aucun changement de faciès, et dans le but de différencier les
charbons suivant les niveaux, l’Us a été recôtée 12inf.
39
Il s’agit du secteur où les zones de combustion sont le plus denses. Aucune organisation
n’a pu être repérée.
Les tessons de céramiques ont été découverts dans un secteur proche des précédents,
mais un peu plus au centre du porche.
Il s’agit aussi du secteur qui a donné le plus de fragments de tessons et ils étaient plus
nombreux dans les premiers centimètres qu’en partie basse de l’Us.
Les tessons se répartissent en :
17 tessons en Us 11-12 (NMI = 3), dont un type se rapportant probablement à la fin du
Campaniforme, d’un autre à cordon et élément de préhension d’un type connu de la fin
du Néolithique au Bronze moyen, et un fragment de vase tonnelet d’un type connu au
Bronze ancien et moyen.
1 tesson comportant un décor à la baguette sur le haut de la lèvre, d’un style d’usage
chronologique large, du Néolithique au Bronze moyen en position inférieure (12 inf).
40
Parois du porche
Deux possibles encoches de petite taille ont été repérées sur les parois du porche à
environ 2,3 m du sol actuel, presque face à face. Il est difficile de pouvoir dire si elles
sont naturelles ou pas, car le micaschiste du porche contient des yeux quartzeux qui
peuvent s’extraire et laisser un vide, naturellement.
Fig. Encoche en paroi nord.
Photo F. Guillot.
Fig. Encoche en paroi sud.
Photo F. Guillot.Toutes les parois ont été investiguées sans repérer d’autres anomalies que ces deux
encoches.
Radiocarbone de charbons dans l’unité 6
RAT3_1 Us 6 :RAT 3_1 Poz-83195 3150 ± 30 BP mix charcoal
Calendric Age calBP : 3387 ± 25 68 % range calBP : 3362 - 3412
41
Radiocarbone, résultats en attente :
RAT3_1 charbon Us 3 RAT3_1 charbon Us 6 RAT3_1 charbon Us 10 RAT3_1 charbon Us 11 RAT3_1 charbon Us 12 RAT3_1 charbon Us 12inf
Conclusion
Le niveau des Us 3, 4 et 5, ainsi que la petite structure bâtie, s’ancrent dans un
temps différent du niveau charbonneux (Us 6 à 12 inf).
Ce premier niveau ne comporte aucune trace d’occupation par des hommes et
des femmes, mais des vestiges de piétinements par des animaux et un
aménagement pour accéder au fond du porche (abri à animaux ? stockage ?). Ce
niveau n’est pas daté, mais un radiocarbone est en cours.
En dessous, le niveau charbonneux est particulièrement épais (40 cm), dense en
charbon, et grand en superficie, comportant au moins 3 secteurs de
concentration, ce qui suggère la possibilité qu’il y ait eu plusieurs occupations à
des périodes différentes et un déplacement des structures de combustion.
Aucune structure de combustion ne semble avoir été aménagée, il s’agit de feux
tout simples à même le sol. Aucun aménagement autre n’a été découvert. Le lot
mobilier découvert dans ce niveau est homogène, mais de datation large, avec
éléments du Campaniforme Pyrénéen, d’autres à l’Épicampaniforme ou du
Bronze ancien ou encore du Bronze moyen. La première datation radiocarbone
obtenue indique bien l’âge du Bronze, mais les radiocarbone en attente seront
utiles pour mieux mesurer l’ampleur chronologique des occupations, dont
certaines ont pu ne pas laisser de vestiges céramiques.
42
Sondage Soucarrane SOU2_18
43
Situation du sondage dans l’établissement
44 Coordonnées Lambert 93 :
X : 571.764 Y : 6170.838 Altitude : 2277 m
Cadastre : année : 1832 maj 1941 et 1982
Section(s) et parcelle(s) : section C, feuille 14, n° 4027
Cet abri sous roche, de forme allongée, et peu abrité mesure environ 18 m sur 4 de large et est
limité par des murs en pierres sèches sur ses 3 côtés ouverts. Il domine un établissement aux
structures bâties nombreuses qui étaient encore utilisées dans la première moitié du XXe siècle.
Résultats
Il a été choisi de réaliser un sondage en L.
— une tranchée étroite (80 cm) dans toute la largeur du proche, donc perpendiculairement à la
falaise, pour connaître la stratigraphie générale au centre de l’abri.
45
– Un carré coalescent à la tranchée, de 1,2 m de côté, site d’un carottage antérieur (2016), pour
étudier un abri créé entre la paroi et un gros bloc redressé.
Soulignons que, parce que le plafond est très fracturé, la fouille de la moitié est de l’abri sous
roche n’est pas possible sauf à réaliser un nettoyage complexe et long.
La présence du bloc a posé de sérieux problèmes de fouille et nous avons dû étayer, ce qui,
considérant la marche d’approche raide et longue, a été difficile, car il a fallu porter le matériel à
dos d’homme.
Fig. Étayage du bloc pour la fouille et
portage.
Photos F. Guillot46
Us 1
L’Us est composée de l’herbe et des racines. 5 à 10 cm d’épaisseur. Entre le gros bloc et
la paroi, quelques dalles plates étaient apparentes à la surface de l’Us.
47
Us 2
L’Us 2 couvrait tout le sondage.
Elle comporte quelques blocs non
équarris et de très nombreux
cailloutis
centimétriques
et
anguleux. Épaisseur 25 à 30 cm.
La matrice terreuse est fine,
aérée, de couleur marron-ocre
claire, Pantone 138.
On note parfois de petites
lentilles anciennement boueuses
et piétinées par des sabots dans
toute l’unité et à tous les
niveaux.
Fig. Us 2 en partie inférieure.
Photo F. Guillot.
Us 4 et 5 — tranchée
Les Us 4 et 5 n’étaient présentes que dans
la tranchée à l’aval d’un gros bloc fiché
dans l’Us 2.
L’Us 4 mesurait 3 à 5 cm d’épaisseur et
dominait l’Us 5 de même épaisseur et sur
la même surface.
L’Us 4 était constituée d’une terre ocre
claire, Pantone 110, légère et fine avec
peu de cailloutis millimétrique.
L’Us 5 était constituée d’une terre marron
claire, Pantone 1395, légère et fine et
comportait un grand nombre de cailloutis
centimétrique.
Aucune trace ni vestige anthropiques
n’ont été découverts dans ces unités qui
48
reposaient sur un substrat de sédiments glaciaires.
Us 3 et 3 inf — foyer entre le bloc et la paroi
L’Us 3 correspond à une zone très charbonneuse jusqu’à hauteur des pierres du foyer.
Épaisseur 20 à 10 cm.
L’Us 3 inf correspond à la zone charbonneuse située sous l’Us 3 et sous les pierres du
foyer. Épaisseur environ 20 cm. Au fur et à mesure qu’on l’on s’enfonce, l’Us 3inf
devient moins charbonneuse. Elle l’est en tout cas toujours bien moins que l’Us 3.
La matrice terreuse des deux Us est de couleur marron clair, Pantone 127. Ces Us
contiennent un cailloutis anguleux très dense, centimétrique.
L’unité 3inf reposait sur une unité côté 8, qui est en fait le substrat glaciaire.
Entre les deux, étaient disposées de manière relativement anarchique des pierres plates
et épaisses au sol, sans que l’on puisse vraiment parler de sole ni de délimitation de
foyer organisée. La structure de combustion était donc juste aménagée de quelques
dalles plates sans réelle organisation et sans encadrement de la structure foyère sauf sur
un côté, étonnamment le côté est.
Fig. Fouille en cours
de l’Us 3. Pierres qui
pourraient
être
interprétées comme
encadrement de la
structure
de
combustion,
côté
est.
Photo F. Guillot.49
Fig. Dalles inorganisées entre l’Us 3 et l’Us 3inf. Photo Denis Langlois.
Posés au niveau de l’interface Us2/Us3 et se développant dans l’Us 2, des blocs étaient
coincés sous le gros bloc, sans que l’on puisse dire s’ils l’ont été délibérément ou s’ils
constituent des blocs présents avant la chute du gros bloc. En conséquence, il n’est pas
possible de dire sir le gros bloc, assurément tombé depuis le plafond fracturé du porche,
est en position naturelle et se serait fiché dans le sol presque vertical, ou a été
intentionnellement relevé.
Fig. Suspicion de calages du
gros bloc près du foyer.
Photo F. Guillot.50
Fig. Fin de fouille,
substrat (Us 8).
Photo F. Guillot.
L’unité comportait :
– Une dent humaine, n° 37. Aucune carrie, usure normale avec antagonisme de la dent
du dessus. Présences
de 3 stries parallèles
sur le latéral interne
d’origine inconnue
1.
Une datation est en
cours sur sa racine.
Fig. Dent découverte
dans l’Us 3.
DAO F. Guillot
1
51
– Trois fragments de (épaisseur
1,8 mm), fragments de panses du
même verre, sans décor, sans irisation,
de couleur fumée, peut-être
potassique.
Fig. Fragments de verre, Us 3.
DAO F. Guillot.– Un tesson de céramique, fragment d’épaule sans décor. La pâte est dure, sonore, gris
clair, kaolinitique sans pisolithe. La céramique est tournée, fine, grise à cœur, à
post-cuisson réductrice, dégraissant fin, polie probablement au brunissoir en paroi externe
qui est incidemment plus sombre (gris souris) et brillante. Elle s’apparente aux
céramiques communes grises gallo-romaines (Dicocer = KAOL).
Ces éléments étaient situés en partie basse de l’U.S., c’est-à-dire proches du foyer.
Us 7
Elle correspond à l’encaissant peu charbonneux autour du foyer. Épaisseur 30 à 35 cm.
L’unité était constituée de blocs anguleux très nombreux centimétriques et d’une terre
identique à celle de l’Us 3, mais sans, ou presque sans aucun charbon et sans mobilier.
Contre la paroi, elle était parfois humide du fait des ruissellements actifs.
Radiocarbone
Us 3 :SOU 2C-30cm Poz-85479 955 ± 30 BP
52 Calendric Age calBP : 868 ± 47
68 % range calBP : 820 - 915
Calendric Age calAD : 1082 ± 47
Radiocarbone, résultats en attente :
SOU2_18 Charbon Us 3 SOU2_18 Charbon Us 7 SOU2_18 racine dent Us 3
Conclusion
Le premier niveau, le plus élevé trahit l’usage en tant qu’abri par des animaux.
En dessous, en partie extérieure, dans la tranchée, rien n’a été perçu et l’aménagement
était situé contre la paroi à l’abri d’un gros bloc qui semble avoir été positionné
verticalement par les femmes et les hommes pour protéger le foyer découvert entre le
bloc et la paroi du porche.
Ce foyer, structuré sans soin avec quelques pierres a été utilisé au Moyen Âge. Mais
d’autres datations sont en cours pour tenter de savoir s’il n’a pas été utilisé à plusieurs
époques. Le tesson antique découvert tendrait à l’indiquer. On soulignera la présence de
verre.
La situation du porche, sur le cheminement vers un des deux cols permettant le passage
vers le versant sud de la chaine, peut permettre de proposer que le site n’a pas eu qu’un
usage pastoral, mais fut aussi un abri au bord du cheminement.
Les deux cols sont le port de Bouet et celui de Roumazet, aussi appelé port Vell par les
Catalans. Ils permettent d’accéder au Val Ferrera. Au XVIIIe siècle, l’usage du port Vell, est
décrit par La Blottière, mais ensuite on ne mentionne que le port de Bouet.
53
Le mobilier céramique
Nicolas Chassan
1 Méthodologie de travail 1.1 Présentation du mobilierLe mobilier recueilli à l’intérieur du petit abri sous roche RAT 3 provient de 8 US différentes. Il se concentre dans les US 10, 11 et 12. Ces dernières ont été révélées par la fouille appartenant à un même horizon stratigraphique.
Dans l’ensemble le mobilier est tout de même peu conséquent et avec un nombre de formes diagnostiques assez faibles. Il est aussi, en règle générale assez érodé et fragmenté ; cela provient probablement du milieu relativement humide, mais résulte également d’un certain piétinement. Il apparaît tout de même homogène d’un point de vue technologique. Nous verrons cela en détail plus tard.
En partant d’un lot peu important, mais semblant homogène technologiquement, mais aussi stratigraphiquement, nous essaierons de dater l’ensemble et d’apercevoir de premières récurrences en termes de faciès.
Deux tessons font partie du lot étudié et proviennent de deux autres sites. L’un découvert à SOU-1 est un tesson (CT-KAOL-P) à pâte tournée grise claire (probablement kaolinitique) et polissage de la paroi externe donnant une couleur noire brillante au vase. Il est sans nul doute à placer durant l’Antiquité. L’autre tesson, provenant de MED-1, est un tesson de vase non tournée, à pâte cuite en mode B et dont le dégraissant modérément abondant est dominé par le mica. L’aspect très sec de la pâte, qui diffère de l’aspect gras des pâtes protohistoriques de la région, nous invite à placer ce tesson à la période médiévale, mais sans certitude.
1.2 Comptage et inventaire
L’ensemble du mobilier a été pris en compte pour l’étude. Le mobilier avec forme identifiable a été dessiné hormis quelques tessons trop abîmés. La description et l’analyse typochronologique seront échelonnées par US.
La méthode de comptage est basée sur le protocole publié à la suite de la table ronde du Centre archéologique européen du Mont-Beuvay en 1998 (Arcelin, Tuffeau-Libre 1998). Un comptage
54 des tessons, exprimé NR, a été réalisé, ainsi qu’une détermination d’un NMI basé sur les bords, fonds, éléments de forme et décors.
Un tableau général d’inventaire par US présentera ces résultats. Il est également inspiré du protocole mis en place lors de cette table ronde (ibid.), mais adapté à notre étude. Outre le comptage, il présentera, par la terminologie utilisée pour nos types de vases définies, les différents traits technologiques basiques. Le premier segment représente la technique de fabrication. Ici, pour RAT-3, il s’agit exclusivement de céramique non tournée (CNT). Le second segment décrit le type de cuisson. Soit en mode A (cuisson oxydante exclusive) ou B (cuisson réductrice, exclusive ou avec possibilité d’apport d’oxygène notamment en fin de cuisson). Le dernier segment décrit le type de pâte rencontré, notamment suivant les quantités de dégraissant ; fine (F), semi-grossière (SG) ou grossière (G).
Les subtilités des deux derniers segments seront décrites lors de l’analyse du mobilier lorsque nécessaire.
2. Le mobilier
Cette étude porte exclusivement sur le mobilier découvert sous le petit abri sous roche RAT-3.
site US iso Type NR NMI
RAT3-1 us 6 7 CNT-B-G 1 0 RAT3-1 us 6/9 29 à 31 CNT-B-G 3 2 RAT3-1 us 6/9 32 à 34 CNT-B-SG 3 1 RAT3-1 us 10 22 à 28 CNT-B-SG 7 1 RAT3-1 us 11 2 à 6 CNT-B-SG 5 0 RAT3-1 us 12 16, 21 CNT-A-SG 2 0 RAT3-1 us 12 9, 13, 14 CNT-B-G 3 1 RAT3-1 us 12 10 à 12, 15, 17, 19, 20 CNT-B-SG 7 2 RAT3-1 us 12 inf 8 CNT-B-SG 1 1 32 8
Sous cet abri, 32 restes de céramique non tournée ont été découverts, pour un NMI total de 8. La majorité des tessons sont de qualité semi-grossière (25). On note l’absence de céramique fine.
Nous présenterons le mobilier par US, de la plus ancienne ou basse en montant dans la stratigraphie. Les US équivalentes seront décrites ensemble.
55 US 12inf = 1 seul tesson provient de cette US située sous les niveaux 9, 11 et 12. Il s’agit d’un bord (n° 5) aplani sur la surface supérieure et bourrelet externe. Un décor imprimé à la baguette est apposé sur la partie supérieure de la lèvre. La surface interne et externe est finement lissée. La partie basse de la surface interne sous la lèvre semble polie. Le dégraissant semi-grossier est composé de mica très fin en quantité abondante et de quelques petits gravillons de quartz, parfois gros.
Ce type de bord et de décor n’a rien de caractéristique, et peut se retrouver aussi bien au Néolithique jusqu’au Bronze moyen.
US 10 = 7 tessons proviennent de cette US, tous du même vase. Ce vase (n° 2), probablement une jarre, est notamment représenté par un cordon impressionné au doigt ou par un outil de section circulaire. Ce cordon orné est interrompu pour se rétrécir puis probablement repartir quelques centimètres plus loin. Il est positionné en partie haute de vase, avant le départ d’un col ou bord. La pâte est de couleur noire avec un dégraissant fin et abondant de mica et de quelques petits gravillons probablement de quartz. La surface externe est grossièrement lissée, alors que le lissage de la face interne est plus soigné.
On peut rapprocher ce type de cordon placé en partie haute de vase à ceux découverts dans la grotte de Gèles (Aspet, Haute-Garonne) avec un ensemble de vases placés au Bronze ancien (Rouquerol 2004), mais avec une forte tradition campaniforme. On retrouve un type de cordon segmenté sur la partie haute d’une grande jarre sur le site du Canségala (Le Vernet, Haute-Garonne), dans une sépulture. Cette jarre porte au centre de la panse des cordons arciformes et est placée au Bronze ancien, plutôt dans une seconde moitié (Tchérémissinoff et al. 2010).
US 11 et 12 = 17 tessons proviennent de ces deux US pour un NMI de 3. Les tessons sont variés et proviennent de différents vases. Nous n’utiliserons pas de pondération de NMI pour ne pas faire gonfler anormalement ce chiffre en comparaison d’autres sites dont l’abondance du corpus ne pourrait permettre une telle précision. On note la présence de deux fragments de fond plat sans bord débordant, mais à l’angle bien délimité (non figurés). L’Us 12 conserve le reste d’un vase en forme de tonnelet portant un appendice de préhension en languette courte de section semi-circulaire (n° 1). La pâte brune-orangée à dégraissant semi-grossier de mica et de quartz est finement lissée à l’intérieur du vase, mais plus sommairement régularisée à l’extérieur. On remarque des traces d’outil (baguette ?) au tour de l’appendice pour achever sa mise en forme. Un autre tesson porte un cordon sous forme de bourrelet (n° 4), mais il n’est pas possible de lire s’il s’agit d’un élément de pâte rapporté ou d’une mise en forme pendant le montage du vase. La
56 pâte et la finition sont relativement semblables au précédent, mais le cœur de pâte est plus sombre.
On notera la présence d’un tesson (Fig. 1) qui porte un élément de pâte longiligne rapporté (pastillage ?) en position transversale de fine largeur. Nous avons ici un type d’élément facilitant la préhension du vase différent des larges pastillages du Centre-Ouest (Gomez 1982), mais se rapproche plutôt des sortes de cordons lisses rencontrés à la fin du Campaniforme dans la grotte de Rieufourcand en Ariège (Rouquerol 2004, fig. 24).
Le cordon et l’élément de préhension cités plus haut se rencontrent tout aussi bien à la fin du Néolithique qu’au Bronze ancien et moyen. Le vase tonnelet se rapproche des types de vases globuleux rencontrés dans les Pyrénées centrales au Bronze ancien et moyen (Rouquerol 2004).
Figure 1 : Fin élément de pâte apposé sur la paroi (pastillage ?). RAT3, US 11, iso 3.
US 6/9 = 6 tessons proviennent de cette US, pour un NMI de 3. Un fragment de petit vase (n° 3) à partie basse avec pans relativement droit et légèrement rentrant et partie haute redressée porte un cordon lisse triangulaire en partie haute. Son dégraissant semi-grossier est constitué de quartz et mica relativement finement broyé. Les surfaces extérieures et intérieures sont assez finement lissées.On retrouve assez communément ces types de cordons triangulaires dans des contextes du Campaniforme et du Bronze ancien.
57 On note également la présence de deux fonds plats (non figurés) avec angle bien défini, et l’un légèrement débordant.
US 6 = 1 tesson en céramique non tournée tout à fait comparable au reste du corpus.
3. Facies du mobilier
Les pâtes sont essentiellement non tournées avec une dominante de cuisson en mode B, avec parfois l’apport d’oxygène en cours ou fin de cuisson visible, donnant une teinte orangée à la surface. Les pâtes sont homogènes dans leur confection, avec des textures grasses, parfois légèrement sèches ou poreuses. Les dégraissants sont majoritairement des micas finement broyés présents dans tous les tessons, et des quartz finement broyés ou en petits gravillons. Parfois, l’on note la présence de petits gravillons blanchâtres. Les finitions sont assez homogènes, avec la plupart des surfaces relativement bien lissées, parfois simplement régularisées, mais là aussi assez bien réalisées.
Les lèvres et bords sont présents que par un seul exemplaire aplani et bourrelet externe avec décor impressionné. Difficile donc de donner des récurrences.
Les éléments de renforts sont positionnés en partie haute de vase avec des cordons impressionnés, ou lisses. Ceux-ci facilitent aussi la préhension. Tout comme cet élément de pastillage transversal qui est soit une pointe de cordon lisse soit un élément de cette épaisseur présent régulièrement sur le vase. L’autre élément de préhension est un appendice situé plutôt au 1/2 de la hauteur du vase. Tous ces éléments sont très variés, avec tout de même un caractère commun dans le positionnement haut des cordons.
Les fonds sont exclusivement plats, bien définis, aux angles bien marqués avec le départ de la panse du vase. Ils sont visiblement obtenus par la jonction de la paroi à une galette préalablement mise en forme.
Le côté fragmentaire des restes rend difficile une étude faciès des formes. La reconstitution de celles-ci est en effet sommaire. Nous pouvons dire que nous sommes en présence de vases de taille moyenne, destinés à la cuisson ou à la préparation alimentaire, et peut-être au stockage à faible contenant.
58 L’homogénéité du lot semble certaine. Elle l’est d’un point vu stratigraphique, avec du mobilier présent dans des niveaux synchrones ou à leur interface ; elle l’est aussi d’un point de vue technologique, avec des techniques similaires et des pâtes de confection tout à fait proche. Pour ce qui est de l’attribution chronologique, le lot de céramique assez faible découvert nous contraindra à nuancer nos conclusions. Les éléments pour réfléchir sur la chronologie ne sont pas véritablement significatifs, mais l’ensemble permet tout de même de cibler une datation. Ce lot comporte des caractères anciens que l’on retrouve dans le Campaniforme pyrénéen, tels les cordons lisses en bourrelet ou triangulaires, ou bien cet ajout de matière filiforme s’apparentant à du pastillage. Mais les fonds plats, en présence exclusive ici, bien différenciés du départ de la paroi, marque déjà une caractéristique qui démarque ce lot de productions campaniformes. Surtout, notre ensemble trouve des comparaisons dans des lots de mobilier de la région proche pour des périodes plus récentes. Sur le site d’Aussonne (Haute-Garonne), le puits 265-1 a fourni du mobilier comparable, notamment par les types de fonds plats, la présence d’un cordon lisse, les appendices à section semi-circulaire ou le vase en forme de tonnelet, couplé à des traits caractéristiques issus du Campaniforme. Cette structure et ce mobilier ont été datés du début du Bronze ancien (Sohn, Bos, Buccio 2014). On peut également voir des affinités avec la série de mobilier découvert sur le site du Roc d’En Gabit, avec la présence de cordons lisses triangulaires ou et de vases tonnelet (légèrement globuleux avec appendice de préhension positionné plus ou moins en partie centrale de la panse. Cet ensemble est daté du Bronze ancien 1 (Vaquer, Rémicourt 2008). Plus proche, et pour des contextes de haute montagne, le site de la Haille de Pount (Gèdre, Hautes-Pyrénées) a fourni un lot de céramique épicampaniforme dont un vase à cordon lisse triangulaire positionné en partie haute proche du nôtre (Saint-Sever, Rémicourt 2017).
Notre lot très fragmentaire et limité, rend difficile toute attribution, mais il ne semble pas usurpé de voir des familiarités avec les ensembles présentés ci-dessus. Nous placerons donc notre ensemble dans une première phase du Bronze ancien, voire au tout début de cette période.
4 Conclusion
Sous cet abri, un lot de céramiques s’apparentant à des productions du début du Bronze ancien a été découvert. Avec si peu de reste, il est difficile de donner des informations sur la nature de l’occupation du site. Il est quand même important de noter que cette quantité de mobilier n’a rien d’anodin, comme le caractère fragmentaire et émoussé des tessons. Nous sommes ici probablement en présence d’un site qui a subi un nettoyage conséquent de ses occupants.