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Camara Laye et la tradition africaine

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Academic year: 2021

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(1)

CAIlAR.A LAYE &III' ET LA TRADITION AFRICAINB

/

by

C:1s~le Virginie nCOD

c:

A thesis Bubmitted to the

Fac u1 ty 0 f Grad uate Studie sand Researc h in partial fu1fi11ment of the requirementB

For the degree of , Ma ste r 0 f Ar t s

o !!Ir Department of French Language and Literature' McGill University" Montreal

Novem ber, 1986

(

(2)

--

.. /'"

r

1

J

Permission has been granted

to the National Library of

Canada to - microfilm

this

thesis and to lend or sell

copies of the film.

The 'author (copyright owner)

has

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pub l ica tion ,r ights ,

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ne

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être

imprimés

ou

autrement reproduits sans son

autorisation écrite.

-ISBN 0-315-38304-6

..

~:; , ' \

....

...

(3)

v

,

-Gisèle Virginie KACOU Mal t r i se è s Ar t s

Université McGill~ Département de langue e t 1 i t té rat ure f r a nç ais e s

, '

..

CAMARA LAYE ET LA TRADITlpN AF~ICAINE

RES UME

Visiblement, Camara Laye a été marqué par la tradition afri-• caine, c'est ce que l'on constate en étudiant s~s quatre prin-cipaux 'romans. Dans ,cette thèse, nous voulons, sans la prétention d'y arriver, cerner l a problématique' de la èradition africaine en insistant sur L'Enfant noir, un roman autobiographique (publié en 19_53, et qui reçut l a même année le prix ,international du roman français et l'année suivante le prix Charles Veillon); sur Le Regard du roi, un roman symbolique (publié' en 1954); ·sur DramousS: un roman engagé qui s'apparente, lui auss"-, au roman

autob4.o-graphique et .qui poursuit l'oeuvre -entreprise dans L'Enfant noir (publié en 1966); et enfin sur Le Maitre de la parole - Kouma La{ôlô Koums, (publié' en 1978), un recueil d'éléments tradition--nels cO.ntés relataOnt l ' h i s t o i r e du peuple Mandingue ••

Selon cette pe~spective, noua avons tenté d' tégration du "moi" dans le contexte socio~culturel

un e é po que d e cha ng em e n t a a 0 c i a ux ra pi des .

ana1yaer_l~'

in-de l'auteur à

A partir des éléments majeurs de cette tradition nous avons essayé de dégager la vision d'ensemble du romancier afin d' y déceler derrière les signes et cû-ncepts, la r"éalité en mouvement, en même temps que les inquiétudes de l'auteur face à une évolution menaçante par certains côtés, fasc·inante par d'autres.

, >

,.

.

.,

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.

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1 1 1

(4)

(

Gi8~le Virginie KAC()U

~tero of Arts Mc Gill Un iv er s i t Y Department of French Language and Literature

.

p

CAHARA LAYE ET LA TRADITION AFRICAINE ,

AB.STRACT

..

- . Clearly, Cama,ra Laye was influe,nced by afriean tradition. We '8h8ll attempt to establish this influence in his four major

novels. We shall further attempt to describe the problematieai di-lemma of aftican trad ition, wit:h' ~ particu1ar emphasis on the fa 1-lowing novels: L'Enfant noir (an autobiographiea1 novel publishE!d in 1953, which reeeived this sume year "le prix international du rom"an français" and the fo11owing year the Charles Ve,illon) prize); Le Regard du roi (a symbolie nove1, published in 1954); DramousD, published 1966~, an "engagé" novel similar in style to the autobiographieal novel genre, and whieh persues the same theme. as L'Enfant noir; and final1y, Le Maitre de la earole'- Kouma Laf8lô Kouma, published in 1978,"a collection of traditiona1 elements, in tale form, whieh relate the history of ,Mandingue pe a pl e •

Within "this frame work, we have tried ta analyse the inte-gration of the "me" in the soeio--cultural eontext of the author in a perlod of rapid social change.

From the major elements of this tradition we have attempted to find the novelist' s overa11 view of~he afriean tradition, ,and we have tried to uncover the -lt1ovinuJealities

.

.

behina the symbols and concepts, while pointing out the wort:ies of the author faced with a threatening evolution on the one hand,' but fascinating on the other.

(5)

, ' ~, JUSKBllCtlHBRTS , >

,

,

La réalisation de cette thèse a été rendue po'saible grâ~e au cadre privilégié que m'a offert la, prestigieuse

université McGlll au Canada à laquelle'je puis par-ticul ièrement reconnaissante.

Qu'il me soit permis d'exprimer, icti, ma profonde gratitude envers tous ceux dont le soutie,p a permis la

concr'é-tisation de ce projet:

1\

Aux professeurs Russel G. McGillivray et Giuseppe Di Stef'arfo pour leur dévouement et Leur aide hautement appréciable" Au Professeur Axel Maugey, mon directeur, pour avoir accepté

d'encadrer avec compétence les différeCltes étapes de cette thèse.

A Madam.e Paule Samson-Finidori pour ses nombreux conseils et sa cordiale sympathie.

1

A mes chers parents pour leur aide inestimable.

A la mémoire de mon cher oncle Jean-Marcel Yacé, -mon p~re­

nouI\.ricier; &~adresse mes déférents hommages posthumes. Sa générosité personnelle et son grand intérêt pour cette thèse Qnt marqué le début de mes recherche~. Sa d iapa r1tion brutale le prive hélas! de voir le résultat de ce modeste travail. Je réitère à son endroit l'expression de ma grati-tu'de et de mon affection fq. iale.

(6)

c

c

b 4 • .IN'TRODUCTION CHA PI TRE l C~API TRE II

\

TABLE DES IIATIERES

, ~

.

. . .

.

. .

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.

.

. . .

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..

. . .

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. . .

... .

L 'AUTOB IOGRAPHIE • • • • • • • • • • • • • • • III: • • • • • • •

L'Enfant noir: Une enfance heureuse et non troublée par l'infuence

1

17

étrangère . . . ~... . . . 22

Dra~~~~: vers tlIn engagement

poli-tique .. . . .. . . .. . . . -24

LE,S ELEMENTS MAJEURS DE LA

TRADITION AFRICAINE DANS L'OEUVRE

DE CAMARA LA YE • • . • • . • . . . • . . • . . • . • • • • • • • L 'aspec t des rites initiatique s dans

L'Enfant noir . . • • . . • • . • . • • . • . • . . • .

,1

La prééminence de 1.a religion et de la magie (serpent - totem - boule

blanche ... ) . . . .

1.

La danse et le chant': symb..o.Les de la

joie d u cor~p8 . . . . Le rôle des griots et des conteurs . . Les gestes de convenance, les gestes familiers: Symboles'de l a

perpétua-29 30 J.

44

46

ti'on du passé . . • • • • • • • • . . . • • • . • • • • • • • • "1.. 52 , 1

L'importance du rôle de l a famille •••

.1 ...

55

CHA PI TRE III - THEME DE L'INSTINCT MATERNEL EN MILIEU

MATRILINEAIRE ••••••••••••••••••••••••••••• Camara ~aye et sa mère

...

~

... .

Cam ara La ye maternelle et sa famille ,

. .

.

. .

.

...

. .

. .

.

. .

. . . .

.

. . .

..

.

.

.

.

. .

.

63

64

70

(7)

CHAPI TRE IV

..

CHAPITRE V

CHAPITRE - VI

C ONC LUS ION

- 1 l

-TRADITION AFRICAINE ET INFLUENCES

ETRANGERES . • • • • . . • • • . . • • • • • • . • • • • • • • • • • • • •

L ' e f f rit em en t d u m i l i e u t rad i t

ion-ne 1 dan s: - L' En fan t no i r ••••.••• Dramouss

FUS ION HARMONIEUSE DE LA TRADITION

AFRICAIN~ ET DES RELIGIONS D'ORIGINE

ET R A N GB RE • • • . • • • • • . • • • . • • . • • • • • • • • • • • • • • • • •

Les croyattces a~ciennes symbolisées

dl? ans L' E n fan t n 0 i r • . . . • • . • . • . . • • • • . . • • • • • • La "consc ience" chré tie.nne dans

73

75 76

84

85

Le. Regard du r.o~ . . . • • . • . . • . • . . • • • • • • • • • • • • 86 Les moeurs islamiques dans Dramouss

LE MYSTICISME DE CAMARA LAYE FACE

ft.. LA VIE TRADITIONNELLR AFRICAINE

...

69

94 ..

Mystici.~me et écrfture . . . 95

(

Rituel symbolique à la forge

...

-

,

, ) 101 110 ~ BIO GR A PH l E DE L'A UT E UR

..

.

. .

. .

.

. . . .

. .

... .

119 B lB LlO GR A PH lE

. .

.

. . .

. .

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. . .

. . .

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. .

.

.

.

. .

.

... .

120 't

(8)

(

1

---~

.

(f I N T R O D U C T I O N

.

,

(9)

L'Afrique ne possêde pas en1!"oÎ'e

d'histoire é c r i t e . Les griots se

transmettaient oralement et

hé-~êditairement

lois et, tradition.

Mais, la trai'te des ~oirs puis la

colonisation les" ,ont décimé!i'

Cama ra- Laye a décidé, avant qu' il ne 'S 0 i t t r 0 p ta rd. d e r e ~ r 0 u ver 1 e s val e urs d e_ l r' A f r i que t r a

-ditionnelle (1).

L'écrivain guinéen Cama ra Laye(2) quI est issu

peu-,

P l eMali n k é ( 3 ), des c end plu s pré ci s é men t de la tribu

Man-dingue (.4) lns tallé e en Af r ique Occide/n tale su b-sahé rienne .

/

Son existence fut visiblemént marquée par un pprpétue1

dilemme. En e f f e t , l' é c r i v a i n s' a v ère san s,::., ces s e é C il rte 1 li

en t re, d'une pa r t , son amou r pour la tradition de s cs

ancêtres qu 1 i l te nt e de retrdcer travers 'l'élan

nos t a 1 g i que d e s e S sou ven i r s d' e n f 'a ne e; el d' a u t r e p il r t, s a

, destinée "d'occidentalisé" vers laquelle .1' histo i re et les

c ire 0 n s tan ces pa r tIc u 1 i ère s I ' 0 n t pré c i pit é .

(1) Dédica"cc des Editions .Plon (cf. Camara, Laye, ~~

Ma t tre de la E.~.!~~~_"_=-""

__

K~~~~" _ ~~X~l?

_"!<

~_~tp_~ , Pa r i s . Plo n,

197

8,

28 5p • ) .

( 2) Vp i r no t r e" b Ù gr a phi que; p. 1 1 9 .

(3) Peuple de la savane 8oudano-guinéenne cantonnê

plus spécil3,lement dans le plateau de Kankan en "Guinée (c_f.

G los Bai r e de la s é rie .. Lit té rat ure A f ric.a i n e 2", Pa. r i s ,

Fernand Nat.!!é!..n, 1964, p.62).

IJ '

(4) ,Groupe ethnique de l'Afrique Occidentale qui

constitua l'empire du Mali aux XIVe-Xyle s1ècle. (cf.

Pl uri- d i c t ion nai re La rOU8 8 e , d} c t_~on_n_~_~r~ __ ~!.1_~ y"~li pé d~q u,e _~e l'enseignement, Paris, Larouase, "1975, p.845).

(10)

(

l 2 l

-c

.

Dana cette thèse, nous voulons cerner·, 1es phénom'ènes

.

dominants de la tradition africaine et sa problématique que nous révèlent les quatre princiI?aux romans de-Camara Laye.

Pour rev ivre 1 e' réal isme et la nostalgie d~ s?n mil ieu - -traditionnel, n a u s

ln

sis ter 0 n s sur certaines

caractéristi-<lues propres à L'Enfant noir(1); au Regard du roi(Z-), un rom!ln symbolique; sur ,Dramouss(3), un ,roman engagé qui

s'-) ,

apparente, lui aussi, au roman autobiographique et poursuit l ' oe uv r e e Fl t r e pr i Je dan s L'Enfant noir; et enfin sur Le Maitre de la 'parole-Kouma lafôlô Kouma(4), u

Il

r e c ue il d'

é-léments ~raditionnéls contés.

L'Enfant noir. le premier roman, de Camara Laye, est né de la profonde nostalgie que l'auteur 'éprouvait

CY

milieu africain traditionnel:

,,-v \ i van t

à

Par i a, l o i n de m a Gu in é e natale, loinrde mes parents, et y

vivant depuis des années dans un isolement rarement interrompu, je me suis transporté, mille fois par la pensée dana mon pays, près des

..

-

--- ---

,

---pour son

...

{) (1) Camara"Laye, L'Enfant 221p., (Prix international du

noir, Paris. Plon, roman franç,'ais, 1953;

1953; ,

Prix Ch a rIe s V-t! Illon, l 95 4 ) •

( 2) Cam a ra, L~ ye. Le Reg a r d dur 0 i . Par i s, Il Ion , 1 9 5 4 , 25 2p.

(3) G-amara,Laye", Dramouss', Patis, Plon, 1966, 245 p. (4) Camara,Laye, Le Maitre de la parole - Kouma lafô16 Kouma Paria, Plon, 1978, 285p.

\.

(11)

• f 3 -

..

mIe n s • Et pu i s , un'j 0 ur. j'a i

,penaé que ces souvenil's,o qui à

l'époque étaient dans toute leur fra!clreur, pourraient, avec le' temps, sinon s'eefacer - comment pourraient-il sJeffacer? du moins s'af-faiblir, et j ' a i

com-menc~ de les écrire(1).

Dans cette oeuvre, considér{\e comme un classique de

;a

littérature négro-'africaine, , l'on retrouve racontés sous une forme personnelle, les souvenirs d'une enfance et d'une .'t' adolescence.

Grâce à la double présence de l'enfant no;l.r, qui" est

à la fo i s le narrateur et le pe r sonna ge, l'auteur peut revoir son univers alors qu'il était enfant, et, en même temps, y jeter un regard d'adulte.

En ou~re, l'ouvrage lais'se transparattre, à t rave r-s

les rites

et

initiations, quelques aspects édifiants du

"

'mysticisme ancestral et de la dynamique' 60ciale de la famille africaine.

Le Regard du roi, second oeuvre de Camara Laye est un roman fictif et symbolique \ de type kafka!en dans lequel l ' i t i n é r a i r e du héros expri.p!e une quête spirituelle et mysticisme.

---~

---,

(1) Actes du Colloque sur la -"littérature afr.icaine d'-expression frança)se, Dakar, 26-29 Mars, 1963, lJ Langues et

littérature~ N° 14, Dakar, 1966, pp.121-122,,'

(12)

1 \

(

c

h

..

4

-Clarence, le protag oniste, un europé en rej eté par son

41

1!l i l ieu d' ot'ig ine, décide de vivre en Afrique avec l'espoir de trouver ~ne sltuafion meilleure aup't'ès d'un

don t il a en tend u loue r I a bon té.

Ro i nè gre ,

To ut 1 e symbolisme de l'oeuvre re po se sur 1 e c hem

i-,,~

-

...

,

nelaent physique et l'initiation sociale du héros, qui, pour

"

a t t e i nd r e l e but ultime de sa quête, d ev ra 0 b 1 ig a toi r e-ment connaltre 'une évolution In'térieure.

c-Dramouss, 1 e t roi s i ème rom and e Ca m a r a La ye, est c e que l'on appelle un roman engagé qui n' en demeur~ pas moin~

un roman autobiographique poursuivant l'o~uvre déjà entre-pr i 8 e dan s L' E n fan t no i r .

Après une absence de six ans, Fatoman, le héros- nar-.rateur, retrouve son pa ys e t sa fia n c é e à qui 11. raconte

l e 8 mille d é t a il s -d ê s a vie d' é tu dia nt: aussi bien les

'\

d HUc ul tés, que les joiel'l qu'il a connues durant son exil Pour évoquer le phénomène de l'engagement, le héros-narrateur utilisera des ~cènes allégoriques, mettant en 'évidence un rêve prémonitoire qui permet de décrire à la' fois les exac t"ions commise6 paf' le régime' ,en vIgueur dans

-"

son~,pays et les souffrances subie's par le peuple affamé.

j

Quant au Maitre de la parole -

.,

Kouma lafôlô Kouma, le quatrième et dernier ouvrage de Camara Laye, i l vient, une fois de plus, con f i rm e r s 0 n t ale n t d e co 1\ t e ur. Ce livre

transcrit i'hlstolre de la prestigieuse épopée Mandingue,

(13)

\

\

" '

-

5

-qui est racontée pa r un gr i 0 t de la Haute-Guinée, depuis l'empereur Soundjata KeIta (XIVe et XVIe siècles) jusq'u' à nos jours.

""

Cet ouvrage évo q ut! avec beaucoup de fidélité le s différentes cérémonies d'allégeance, de mariage, d'éloges circonstancielles, toutes chan~ées depuis des g~nGrJlions. Le, symbolism,e et léur signification sont

b~aucoup d'emphase.

expliqués avec

En nous intéressant à Camara Laye et il ses oeuvres, nous n'avons nullement l'intention de relancer le débat sur la tradition africaine dans la littérature négra-afrIcaine. Notr~ objectif est de nous appuyer sur la vision du monde apcestral ainsi que s~r ses valeurs révélées par l'auteur, pour tenter de définir le rôle du romdn dfricain face 3 fa

~

problématique, de la cOexistence circonstancielle de la culture occidentale et de la culture dfricdine si âp~ement défendue par Camara Laye à travers son oeuvre.

Si l'un des traits caractéris~iques de la' .poésie af,ricaine par rapport au roman nègre cherche

'li

susciter l'éveil de la con,~cience de l ' homme Noir d 60n origindlité, , , cette expression, elle, essentiellement

mét~PhY-~

sique.

Le roman, 1 u..i , par con t r e, .

a!

l e m é rit e der é v é 1er

,/', ~

/

.

,

d'une part, la conscience de l'identité culturelle suggérée par la poésie; ,et d'autre part, de r:è,con.stituer. à partir de

"

.. '.,

--

--- "

.'

(14)

(

\ ,

c

h ,

...

tf4

6

-tableaux descriptifs réalistes, les éléments majeurs de cet t e trad i t ion, ainsi que les implications nouvelles nées de l'avènement de la c,ulture occidentale.

Maintenant que nous vous avons présenté ,les quatre ou-vrages que nous allons utiliser pour mener à bien notre thèse, nous pensons qu'il s'avère important de montrer l'accueil que 1 ui réservèrent les critiques Français et Af r ic ai ns •

,

A

la sulte de la publicatio'n de L'Enfant noir, en

, _ tJ ., If-

1953, qui reçut la même année le prix international du

1'0-man françats, et l'année !juivante"le prix Charles Veillon,

1

Camara Laye sut conquérir un large public; i l fut at'ldé en ,

cela par des ,critiques louangeuses.

Emile Henriot'de'l'Académie fli'ançaise ne découvre t

-~

--sentiment profond il pa s jus t em en t che z 1 e no uV e

i

au t eu r un

\d ' a t tac hem en t à ses " ra~ines,?(l)

"

Dans l'ensemble, la presse 'française fut très

récep-,

t ive à un tel r om an.. Par ex-em pl e , souligne la limpidi~té de l'oeuvre

Gé ra rd .. Bau e r d u Fig a ra tout en 1'gettant l'accent '-sur le style éloquedt et expressif de l'au~eur:

---~--(1) cf. jugement.s et critiques dans SériË "Littérature Africaine 2" commentaires de R.Mercier et M. - - et

's.

Battestif!i, Paris, Fernand Nathan, 1964, ~.60.

,',

1

1

(15)

J

1 '.

..

- 7 ,

.

On ne saurait écrire en français

~vec plus de sim pl. icJ,té , de pû-/

r e t é d ' ex pr e s s ion e t d 4! sen t. i -ment(l).

\

Franz Hellens (représentant respeçté' des lettres bel-ges, faisant partie du jury du prix Vei1lon) ,quant .li lui', 1

est séduit par la sincérité de 1 fi dé m arc he d u r om an cIe r et

~

par la haute qualité littéraire de l'oeuvre qu·il considère comme un apport appr~ciab1e à la prose française:

En ,d é pi t

"

,

Ce q

u.1

fait le mérit.e princip3l de'c.e- beau livre c'est l'atmos-phère qu'on y respire, faite

~ d'amour fiLial, de trav'ail ••• L'Enfant.noir fait honneur à 1 • A f r i que Q Ù i 1 est "n é , e t à '1 a

1 a ng ue f r a nç ais e , s a I a og ue d'ad q pt .i 0 n (2 ) •

.

de 1 • e~ al ta t ~ 0

n

et de l'en t ho us 1 a sm e pre s-que ,unao..im e, de la cri t 1 q ue franç aise, 1 es - cri t i que s a fr

I-ca

r

n s, eux, lui r.éservent un accueil mitigé. Notamment, l'écrivain Alexandre B'iyidi qui lui reproche de ne pas être suffl!'I:iamment engagé. Pour lut, écrit':'il:

~

,-Laye se complalt dans l'anodin et le pittoresque le plus facile ••• '

o

(1) Oupoh, Cnaoré, "Hommage à Camara Laye" in Frater-nt'tê matin, 12 Février, 1980, p.20.

( cf. ca l ne ti ni ,

(2) in "la dernière heure de Bruxelles", 3 Mai 1954

jugement~ et critiques dans Série "Littérature

Afrl-2" commentaires de R.Mercier et M. et S.

Battes-\ . l "1

(16)

(

/ /

c

--b - 8

-Car ajoUI:~-t-i1 en substance:

/1

N'a-t-il donc 'rien vu d'autre qu'un e Af r i que, p ais i b 1 e , b e I l e , maternelLe? Est-il possible que pas une seule fo is, Laye nt ait é1;é témoin d'une seule petite exaction de l'administration

co-loniale(l)

Il

-D e son c ôté , Da v id Di op soutient, Biyidi et dénonce avec lu1 l'absence de militantisme ant1-~lonial de Camara La'ye. Il n' hésite même pas à accuser l'oeuvre de connivence avec l'ennemi(2). JQua1\,t à Cnaoré Oupoh (natif de la Côte

~

' /

dllvoi-re), i l exp-lique "l'enthousiasme de la'critique fran-ça i9 e à, cau Be d e I eu r s pré j ug é seo Ion 1 aux favorables à la d om i n a t ion ( 3 ) •

'l,

En fait, i l faut replacer -les critiques de Biyidi dans

..i

1 e ~ 0 nt ex te hi s to r i que qui ma r qua i t 1 a fin d e I ' ère col 0-oiale. Cette période troublée était largement reflétée dans

les oeuvres de plusieurs romanciers africains qui s'éver-tuaient, à dessein" à dépeindre l'.incidence de la

coloni-l

satio'O sur leur peuple, e t , à souligner les exactions,d-"s"'"

(1) Biyidi, Alexandre, "L'Enfant noir de Camara Laye" in Présence africaine, N° 16, 1957, p.419 sq.

(2) Diop, David, "L"Enfant noir", in Prése,nce afri-caine, N° 16,1957, p.419 sq. \

(3) Oupoh, Gnaoré, "Hommage à cakara Laye," ln Frater-nité matin, op.cit., p.20.

(17)

Zl;

1 1 1 1

'/

- 9

-lors sous de s fo rmes variées. Si 'bièn que dans un te 1

c.ontexte,

--'\

L'Enfant noir de Camara Laye scmbldit ~chdpper ~

la tendance générale. encourageant l ' engJgement.

En dépit des nombreuses critiques négdtives fdites pdr

des Af rie a in s, ce premier rO}dn de CarnJrd Laye fut

cepen-dant apprécié p'J r Lé 0 P ~l d S éd a r Senghor qui lui conSdcrd

une série d ' a r t i c l e s , souligndnt les qualit6s esth~t~qucs

d e I ' 0 e uv r e ( 1 ) .

En outre, dans un Jrticle de la revue [rançdise pdru

o

dans le volume Liberté 1, sous le t i t r e .. N é g r I t II cl l' C t h u

-mdnisme". le mêmf~ Senghor rejcld, les accusdliollS de Biyidi

9

, s u r l'oeuvre de Laye:

I l est inexact de dire que Laye n'a "pa s fa l t I c pro C è s d u c 0

-• lonialisme, i l la fait de la

façon la plus efficace car

peindre le monde négra-africain

sous les couleurs de l'Enfance,

c ' é t a i t la façon la plus,

sug-gestive de condamner le monde

capitaliste de l'Occident

èuro-péen(2).

--,

L ' lm pa c t de L' En f a,I'l t noir et la polémique <;} laquelle

,

on as sis t a à l'époque montrent en effet que "nul n'est

,

D

prophète en son-pays •

----~---(1) Senghor, Léopold Sédar, "Laye Camanl et Lamine

Dia k h a té 0 u l ' a r t n' est pa s d' un pa r t i ... , in Lib e r t é l ,

"Négritude et humanisme", Paris, Seuil, 1964, pp.15S-158.

(2) Ibidem, p.lS7.

'"

. ··1

i

(18)

(,

- 10

-Comme pour raviver la controverse, Gn a 0 r é 0 u po h s'

in-8urge contre l'approbation de la critique f r a nç ais e qu' i l accuse de complicité tendancieuse. Po ur lui, l'oeuvre ne semble pas cadrer avec les aspirations légitimes des peu-pIe a a f rie ai na e n cet t e é po que colon i ale; de plu s, les th è-mes d é ve l 0 pp é s p

<l!

La ye son t den a t ure à sa t i s fa ire l a s i m -pIe curiosité d'un auditoire en mal d'exotisme(l).

l

Deux raisons fondamentales \ d'ordre historique, selon

\

noua, semblent être à l'origine (le cette polémique. La

pre-,!

mière relèv!? tout simplement de l'engouement de la critique ,française à l'égard de l'oeuvre;

de l'administration.coloniale d' inclure_ un roman écrit par un Africain dans les programmes scolaires.

Aujourd'hui, L'Enfant noir a fait son chemin, puiaque depuis plua de vingt ans, i l est inscrit dans les

program-mes sc 0 1 air es a f r i ca i n s. (De nom br e ux ex t rai t s fur e nt m êm e

utilisés lors de divers examens et con~our8 qui eurent lieu dans toute l'Afrique francophone.

Si l'on étudie l'oeuvre de ,Camara Laye, deux tendances majeures apparaissent:

L'une qui exprime le sentiment d'un "paradis perdu",

souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ souli-_ ..J _ _ _ _ _ _ _ _ • _ _

(1) Oupoh, Gnaoré, "Hommage à Camara Laye" in

Frater-c

nité m~tin. op.ciL, p.20.

(19)

I l

'gné par son Indéfec"ible attachement à l a c ho 9 e • t rad 1 t

lon-nélle à laquelle i l croit, et que l'auteur s'emploie à ren~

dre ou à restituer dans 90n essence la plus pure:

Ma pl um e cou rai t ~ Le 8 sou ven i r 9

affluaient, j ' é t a i s débordé de

souvenirs; et i l arrivait que ma

pl um e bru s que men t ces S d t d e

courir (sur le papier, parce que

je ne savais plus il quel souvenir

don n e r a ud i e n ce, par c e q uc

j ' a ur a i 8 vou 1 u cl on ne r a ud i en c e à

tous les souvenirs à la fois(1).

L'a u t r e t e nd ,a n f e, non fi 0 i n s m a r q u é e , est celle qui,

peul-;-ê t r e , à cause de la force inexorable de l ' hlsto ire, le

f'J

tient e ng ag é da na un réseau complexe de cons.ldéralions

politiques contemporaines(2) notamment dans Dramousa où ses

convictions l'am'ènerpl\t à opter pour le développement

mO-derne de l'A f r i q ue en g é né ra 1 el d,e sa n pa ys ~ n pa r tic

u-r

l i e r . .,"/

Î

La problémat ique de l a tradition africaine est

manl-festement,présente duns les aspirations opposées que vit

Cam ara La ye •

En e f f e t , sans drrêt, elle ravive le débat qui oppose

deux points de vue: A savoir que l'Afrique possède son

(1) Cam a r a La ye, .. L r âm e d e I ' A f r i q ue", in Act e B du

Colloque sur la l i t t é r a t u r e africaine d'expression

fran-çaise, op.cit.,p.122.

(2) Va i r no te b i a g ra ph i que, p. Il 9.

(20)

(

c

- 12

-histoire, sa tradition et sa culture en vertu desquelles, ~ Il e pe ut ~'organiser en s'appuyant sur ses valeurs

in-trinsèques; l'autre point de vue, 1 ui , s'articule autour a'une vision progressiste et moderne de l'Afrique qui doit s'ouvrir au~reste du monde pour mieux essayer de maîtriser la destin~ dans laquelle elle est résoluement engagée.

\.<

Par ailleurs, l'histoire de l'humanité nousla enseigné l'évolution lent~ mais certaine de toutes les structures humaines dans un processus his\oriq~e dynamique, dominée par les rapports entre les peuples. L'Afrique s'inscrit, elle aussi,

-""'j , dans cet-te perspective et se s rapports avec

l'Occident contribuent à valider ces prémisses. Dès lors, les influences ou apports 1 peuvent la ' transfomer plus ou moins profondément. Ains i , la 'çolonisation, avec

séquences,' va iflexorablement ent/ratner l'Afrique '. >

SeS con-. vers des horizons J la fois nouveaux et diff~rents.

Aborder~ le thème de la tradition dans l'oeuvre' de

" \ 1

.Camara Laye, c'est évoquer l'épineux débat sur les cultures" africaines et le circonscrire par rapport à la négritude et au nationalisme et cela dans le rodJan africain en général.

(

En outre, il faut essayer de cerner chez l'auteur, d'une par t 1 l'inquiétude qui se cache derrière cette apparence

fière et sereine avec laquelle il décrit son Afrique d'au-· trefois dans L'Enfant noir et ~ramous_~; et d'autre part, comprendre sa désillusion face à ce futur auquel il a

acti-\

(21)

- 13

-vement pris part à certains moments précis de son existen-' ce, et qui est durement illustrée dans Dramouss.

Pour éclairer no t re propos, nous tenterons de nOU8

réfé rer à la défin~tion du concept de tradition(l) donné

A pa' r t 1 r de cet t e dé f i -nit ion no~s constatons que le concep't de trad'i t io'-n es t, lié

.

<1<

à l'idée de valeurs, de patrlmoin~ culturel, de transmis-sio.n et de continuité.r?

)

En Afr.ique, même aujourd' hui, les tra,ditions sont plus que des r~férences", elles sont une réalité agi~sante qui caractérise et stigmatise sa spécificité dans le concert des peuples. ~Elles ne s'opposent nullement au progrès et au modernisme; au contraire, Id culture dynamique qu,'elles engendrent les ouvre au reste du monde:

Pour 'pénétrer l'univers de Camara Laye, noub'-' ut Il ise-rons u!le double, approche: l'une socio-littéraire, proposée

(1) La tradition repose sur le principe -de "trans-,mission" d'une génération d une autre de goUts, croyances

et valeurs. Elle jour comme une idéologie qui détermine lu spécificité du groupe. Elle en assure la continuité, la stabilité et la vénérabilité. Il ne faut pas confondre la tqldition qui est une' réalité sbciologique avec le' tra-ditionalisme qui est le r2pport de l'individu à cette der-nière. (cf. M?hamadou Kàne, Roman africa)_~,_et tradition_. Dakar, N.E.A., 1982, p.23, l'auteur nous donne la 'définition de l'Encyclopoedia Unive!saJi?).

.

'

"

(22)

c

\

c

14

-par MOhamaàou Kane(1), gration du \'MOi'

vre de Cama a Lay à une

,

\

p ide a; 1 a a e '!n d e a ÎJ'R.r

-,

0" che, au t 0 b i 0

g

r a phi que ,

philippe Lejeu

e(2~,

nous permettra

d~ ~€crypter

l'oeuvre

de l-auteur . . . \

~~c'rivant.

les différentes caractéristi-ques de la

BOC~KqUel1eS

Il appartient,

qui noua aer.vira à analy~er l'inté-contexte socio-cult~rel ~e

l'oeu-"

êpoque de changements sociaux ra-élabor€e par

)

Cette ~e approche nous concepts de la

permettra d'abord d'ippré-.

..

.

'

.

vécu autobiographi~

hender les r€alité du

qu~ de l'auteur dans L'Enfant noir et Dramouss ainsi que le symbolisme illustré dans Le Regard

pu

roi; ensuite de d€ce-1er inquié tudes du romancier face à ~ 't.me "évolution me-naçante

..

pa r certains côt€s; fascinante pa r d'autres.

'"

'"

Nous diviserons no t re travail e'n six chapitres qui cerneront progressivement le thème de la tradition afri-caine dans l'oeuvre de Camara Laye.

"

Le premier chapitre pr€sentera les aspects autobiogra-phi que s de L' E n fan t n ol. r et Dra mou S s , en.nous appuyant sur

l~ méthode élaborée par Philippe Lejeune dans Le pacte

au-, (1)

519p.

Roman africain et tradition, Dakar, N.E.A., 1982, -,'

'1

(2) Je est un autre, J'autobiographi~ de la littira-ture aux médias, collection poétique, Paris, Seuil, 1980*

33 2p •

(23)

t 0 b_i 0 g r a phi que ( 1 ) ._

15

r

\

Le deux ième chapitre seFa consacré à la 'description dës éléments majeurs de la tradition africaine retrouvés dans l'oeuvre de l'auteur. Ici. nous analy,serons chaque

é-1émen..t à la lumière de la perception de l'auteur.

Le t roi S i ème cha pl t r e é c 1 air e r a I e t h ème d e l ' in s tin c t

mat e r n e 1 en m il i e-u mat r fI i né air e t e 1 que pré sen t é p il r l '

au-teur. Les S,el'ltiments particuliers de Camara Laye

mère se ront notamment abordés. ainsi que les rapports avec sa famille maternelle.

- Le quatrième chapitre mettra en é v id en c e 1 a t rad i t ion africaine fac~ à l~influence étrangère. Dans L'Enfant ,noir et' Dramouss, nous analyserons l'effritement du milieu tra-ditionnel, conséquence de cette incidence.

Le c inqui ème chapitre montrera la rencontre ha rm

0-- nieuse de cer,talns aspects de la tradition africaine con-frontée aux relig'ions d'origine- étrangère. La question de la croyance ancienne, de la rel,igion

f , judéo-chrétienne et

des m 0 e urs i sIam i que s sera présentée à travera L'Enfant noir, Le Regard du roi et Dramouss.

Le sixième chapitre s'intéressera à la conceptlon mystique de l'auteur face à la tradition africaine. Deux'"

(1 ) Phi 1 i P pe , Le jeun e , Le pacte autobiosraphique, Paris, Seuil, 1975, 357p.

(24)

"

~,

16

thèmes seront évoqués ici: \ celui des relations entre le mysticisme et l ' écriture; et celui' du rituel symbolique du

travail à la forge.

Dans notre conclusion, nous essaierons d' un'e part, de ,souligner, il la lumière de la démarche de l'auteur,

i'

a1-" ter n a n c e d'un e pa i s i b 1 e

~

.

~~---

. " \ qui,

ê

tu d e qui d' 0 n n e n t

~

existence de son enfance et l ' in-80n oe uv're un se nt im en t d'am er t Uf!l e à ( d e dési11udion

J '

t.

pa r t , n 0 us t e n ter 0 n s ,

,

face au destin de l'Afrique; et d'autre sans

pr~tention

aucune, ( de

donn~r

notre perception sur la recherche d'un no.uvel équilibre;., ou 1 ' es sai d e co e x i ste n c e ha rm 0 nie use· en t r e l a t rad i t i 0

ri.

e t 1 e

<

modernisme dans le contexte africain.

" ,

c

(25)

o

1-L

o

~ 1

CHA P I T R E

1 AUTOB,I

o

G R A PHI E

(0 '. "0

..

(26)

(

c

o •

Selon la méthode utilisée par Philippe Lejeune, l'au.!

"

tobiog ra phie se ra! t:

(un) récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa

propr~ exis tence. lorsqu'elle met

l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de

sa pe rsonnal1.té. (1 ) ,/ :'<~l

Dans son 1 Iv re intitulé Le pacte autobiographique, l'auteur met en lumière quatre groupes distJncts qui vont

."

nous servir à dégager les principales caractéristiques con-te nue s dan s L' E n fan t no i r e t Dra mou s s . Se Ion son exem pl e, nous insisterons sur la forme pa IÇ'tic ul ière du (ang ag e ut i-1isée par l'auteur;, sur le sujet traité, généralement rat-taché à la v·ie individuelle ou à

na l i té; sur 1 d sI t ua t ion met tan t

l'histoire d'uQe person-en cause,l'auteur et sa

\

relation avec le narrateur; et enfin sur l'a po s i t ion d u

"

narrateur par rapport à son protagoniste.

Dans le récit de L'Enfant no~r,' remarqu~ns 1 tout d' a- ~

borë:l que l'identité de l'enfant, le protagoniste, est

con-,~ fondue avec celle du narrateur. Nous d'écouvrons en effet, à

travers l'énonciati~n faite par <' " l'auteur, l'une' des ca-tégorie que suppose l',autobiographie. 11-· s'agit de l'emploi de la première pérsonne, qui est,

~p

pré ci son s- 1 e , l'un e des formes dominantes utilisée dans cette oeuvre:

(1) Le pacte autobiographi9ue, op.cit., p.14.

(27)

---'

..

Dans le ch,apitre intitulé "Le réei t d'enfance iro-, l'

niq ue : Valles"(2), Philippe Lej~une nous ppsera le-s

quris-r

tions suivantes au sujet Q;.e ce pronom personnel "Je"'qui est le centre même de l'énonciation autobiog{dphique, là ,où la l'rem'ière personne devient un pur, signifia'nt"

/

'"

"

'

Qui parle?

Est-ce la, voix d/un enfant, celle d'un adu~te ?

D'un adulte ... mimant la voix d'un enfant?

Et transformant un b"n mot en mot ... d'enfa,nt ?(3)~

Selon ce t t'e pe r s p e è t Lv e , 11 ap.paraît clairement que

,

L' En fan t no i r e s t un récit pa rse mé de- tableaux exprimant des souvenirs d'enfance. Mais, de façon intéreS8unte', c'est la' vo ix du narrateur adulte qui prédomine et orchestre le

~

tex te.,. ca r "l' en fan ce" ne se fait sentir qu! à travers III mémoire de l'adulte. En effet, "on parle (de l ' cnfance), on le fait éventuellement un peu parler., -mais elle ne parle

(1) Camara, Laye, L.'Enfant noir, op.cit., p.9.

(2) Philippe, Lejeune, Je est un autre, l'Autobiogra-phiê $le, la littérature aux médias, op.cit., p.10.

(3) Ibidem. 1

\

.•

..

.

"

(28)

(

(

h

"

pas d 1rec

te~ent':

( l ) .

Dans L'Enfant noir, nous avons donc un dédoublement de

li

l'idenotité du protagoniste.' Si Camara Laye a vo~'6lu que l'enfant noir soit un héros-narrateur, i l lui ace pe n<;l an t rie rm i s d e v 01 r I e m on d e à 1 a foi s à t r a ver s' l e s ' ye ux d'un en fan t, e t c eux d'un ad u 1 te.

\

Le ' , ré c i t dan s L' E n fan t n 0 i r se confond nettement avec l'au to bio g ra phie •

~

Comme nous l'avons souligné, le "Je"

J

8'a-vère parfaitement transparent; i l prédomine tout le long du texte. Ce récit,"compo'rte, en outre, un décalage temporel. En ef.fet, s i l'auteur, - le narrateur êt l e -personnage prin-" cipal sont une seule et même pe r SÇ> n ne, en m êm e t em p s', 1 e

personnage et le narrateur se situe'nt à de,s -moments dis-t1ncts de l ' histo ire: ce qui Signifié que les idées et ,les sentim'ent's de l'enfant noir sont à la fois des, souvenirs de Camara Laye et des objets extér,ieurs détachés de lui, qu'il " .a~alyse et juge par rapport à l'écoulement du temps.

Les deux principaux temps employés, pour la narration

d em e ure nt l ' lm pa r fa i t et le pr é s e'n t ; l' im pa r fa i t qui est sur to ut ut i l isé po ur rel a ter l'hist,oire et les s,ouvenirs passés, et l e présent, qui vise à relancer le dialogue

Si tôt a pr è s 1 e r e pa ~ d u BO i r •••

je commençai,s'par le questionner

(1) Philippe. Lejeune, Je, est un autre, l'autobiogra::. phie de. la littérature aux'médias, op.cH-, p.~O.'

"

\ 1

(29)

, '

/

Si l'on

20

-,

..

à tort et 1l

trav~,

comme font

1 es enfants, et s~r tous les

sujets qui s'offraient -1l mon

esprit • • .

• • . Père, quel est ce petit

ser-v

pen t q u

fi

t-e fa i t vis i t e ?

• •• De que l se r pe n t pa r le s- tu ? ,

••• Eh bien du petit serpent

noir que ma mère me défendait de

tue r( l ) •

,

\

,

ti~nt compte de l a dÜtnition de l '

autoblo-l

,

graphie que nous avons proposée au d ê-bu t de ce cha pL t r c e t

no tre a na lys e des éléments la caractérisant dan 'g L '-E n fan t ,

noi r, cet te tendance autobio-gra phique a pp.) f'.) 1 t net t cm en t

\

dans l'oeuvre. Au f i l des pa g es, l ' a il te ur n 0 us, r c s t i tue

a.v-ec bea ucoup de-réalisme et sous lIne formè personnelle,

son enfanc-e e( sa vie d'écolier dans son milieu

tradit[on-nel afrle.ain.

A b i en y pen se r , l'as-peC-f: àutobipg raphique de Drdmouss

..

se confirme à la fois par son caractère éminemment

rétros-" pe c t if e t sa continuité apparente a\L.eC I:.'Enfant noir.

- - - ,

Dans Dramouss, Camara Laye usera également du proRom

,

pe rsonnel "je" de l'imparfait de narration pour marquer"le

r'e c ul dan s le t cm ps , ainsi que le présent de l'indicat'ff

pour souligner la forme verbale des scènes; Et, ce n'est

pas tout, nous trouverons aussl~ entre autres, le futur

u-t i l i s é , à dessein, po'ur traduire son rêve prémon~toire:

-- --

...

---

-

--_\"",,--

-

----(l) Camara, Laye~ L'Enfant noir, op.c-it., pp. 1'6-17.

• : 1 '1 1 !

(30)

c

c

L'anonymat du héros-narrateur auquel nous étions habitués dans L'Enfant noir cède désormais la place à Fatoman dans Dramouss, encore que le récit ne concède guère une identite

particu~ière au personnage principal et au narrateur.

Cela dit, la continuité-dans les deux romans est mani-feste notamment à la suite du lien évocateur exposé lors d·e 1 a scène final e qui a lieu dans L'Enfant-noir. Ne 1 ai

s-sait-elle pas présager,une suite l!>gique?

Quand l'av ion se po sa à Da ka r ,

Ma rie m e dit :

Tu rev fend,dB ?

Ou i , d:i. s - je; 0 u i . . . ( 1 )

pans Dramouss" on reconnalt l'évidence de ce'tte suite 1.ogique dès les~premières lignes du roman:

..

d'août·· • J'avais quitté Orly en Après six années. je e n fin m on pa ys ( 2 ) •

Dans l ' ensem hIe. la démarche

plein mois

i

regagna,is

ré a l i ste d e Cam a ra

Le

se revèle à travers la structuration et la forme du contenu

roman~sque

des deux oeuvres où deux facteurs

pr~ncipaux

re-tiennent notre attention: d'une part, l'utilisation de la

(1) ,Camara, Laye. L'Enfant n.oir, op.cit., P

.221-o

(31)

-

J

A

- 22

-forme autobiographique; et d'autre part, l'adoption du hé-ros-narrateur comme élément actif dans la signification de l ' oeuvJ;;e.

Le sen s d u r é al i sm e t e l que pe rçu chez Camara Laye, procède de la révélation des injustices, des méfaits de la colonisation, des inégalités sociales, et du ~égime pol1ti.-que en vigueur dont les atr<;!cités seront décrites comme une expérience "historiquement" vécu; d'où le souci de lt au

-teur de transcender l' im ag Ina 1re et de don ne r une impres-sIon d'authenticité en inséra'nt l ' histoire du roman dan~ un c ad r e a u t 0 b i 0 g ra phi que •

"L'Enfant n'oir: Une enfance heureuse et non .troublée par l'influence é t:rangère.

Je ne saurais mieux aborder ce sujet, et le mieux traiter qu'en parlant de moi-même, je veux dire, en revenant à mes souvenirs d'enfance, et en expliquant peut-être comment, et pourquoi, Ils furent éèrits{l).

_

....

Comme pour apaiser l'intensit,é de sa nostalgie, dans

(l) Cam a ra, La ye , " L ' âme d e I ' A f r i que dan B s a p art i e'

Gu in é en'n e", in Act e s due 0 I l 0 que BU r I a 1 i t t é rat ure A f r

i-ca i n e d' exp r es s ion Fra nç al se, Da ka r ,26 -2 9 Mar s , 1963, La ng ue s e t 1 i t t ~ rat ure s, N 014 , Da ka r • l 965, p. 122 •

(32)

(

(

- 23

-ce roman, Camara Laye nous dévoile l'enfan-ce heureuse qu'il \ a vécue, entouré de son père et de sa mère:

Ha mère était dans l ' a t e l i e r près

?

de mon père, et leurs voix me parvenaient, rassurantes, tran-quilles, mêlées à celles des clients de la forge et au bruit

d e \ l ' en c 1 um e ( 1 ) .

.'

Si l'on en croit les descriptions qu'il en fait, ses com pag non s d'enfance étaient to uj 0 ur s présents dans ses souvenirs, et leur amitié lui rappelle l'ambiance cha1eu-reuse de la vie africaine empreinte de gaité saine.

La nature était toujours au centre de son admirat,ion, nature africaine diverse, comblée d'êtres visibles et

invi-sibles, de soleil abondant, d'oiseaux qui voltigent en ,

chantant, d'eau qui coule dan'g ~es rivières, de forêt 1u-x ur i an t e e t 0 d 0 r a n te, e t e n fin des t am - ta m, des cha nt s e t des' clam e ur s •

,

;

Cette enfance, aime-t-il à rappeler, baignait dans une ambiance particu1 ière

d.'

amour .et de fraternité sincère, et

è

cel a, i l l'ex pr im e b i e n à travers le sens communautaire ainsi qu'à t ra ver s I ' ho spi t al i t é dé bo rd an t e des hab i tan t s d e Ko ur 0 us sa, son vIII ag e :

(1) Gudijiga, Christophe, "quatre thèmes dans l'oeuvre de Camara Laye", in Congo-Afriq~e, N°3, Mars, 1966, p.141.

(33)

- 24

Je parle de cet Amour qui nous unit s i étrol'tement les uns aux autres, qui faisait de nos fam i l -les, de nos tribus, nos très grandes tribus, des groupes

com-pacts qui, à la campagne, faisait nos villages si accordés, si pai-sibles, si solidaires(l).

Dra_ouss: ,Vers un engagement politique.

Une fois rappelés certains éléments autobiographique!} contenus dans L'Enfant noir, continuons il évoquer la suite d'une a uss i Intéress;nte ex.périence en retrouvant dix ans après, le héros. çette fois, i l se présente 80U9 le nom de

Fatoman, lequel personnage,poursuit son inItiation pari-sienne.

A l'occasion, ce roman évoque la oituation 8ocio-po-litique de son pays peu après l'indépendance. Par ceLa mê-me n'annihile-t-il pa s I e s

!!

ecu s a t Ion s ~ e c e r t a t n s cri t

1-ques -de la littérature négro-africaine d'alors, qui lui re-prochait jusque-là son absence d'engagemenp

1

La ye fe rme obstinément les ye UK sur les réa I l tés les plu s cruciales, celles justement qu-' on

s'est toujour s gardé de révéler a u pub 1 le fr a nç ais (2 ) .

(1) Camara, Laye, "L'âme de l'Afrique dans sa partie Guinéenne", in- Actes du Colloque Bur la littérature Afri-caine d'e'xpression FrançaiseH op.cit., p.126.

(2) Mongo, Bé t i , Trois caine, Série 1, N° 16 (cf. Laye", in Fraternité matin,

i' 1

écrivains noirs, Présence Af rl-Oupo h Gnaoré, "Hommag e à Cam ara op. c i t " p. 20 )

(34)

(

c

- 25

Dans un tel contexte. Dramouss se pr é sen t e e om m e tUn e () e uV r e e ng ag é e , v i r

~l

en t e e t

\ ne cachant pas l a tyr a nni

è

-d'alors. En effet, \camara Laye dénonce fo r t em en t

àtrocltés, la misère eC 1 a déso lation; <'

Notre i'égime fusille nos enfants pour un oui, pour un non."

I l n' y il plus de viand e ni un

g ra in d e r i z dan s ce pa ys (1 ) •

les

Le héros- narra t eur, Fatoman, de retour dans (90n pays na t al •

mouss" bo l ique

nous fait revivre dans Vépisode intitulé "Dra-urt véritable cauc hemar épique. métaphorique et

sym-Un homme t a i l l é en colosse, si grand que je paraissais minuscule

'à ses côtés, se tenait debout à l'entrée d'une maison. Cette mai-son, très sombre, était entourée d'une muraille circulaire.

-Et cette muraille qu'elle semblait avec le ciel(2).

était si haute se confond re

Dans ce rêve prémonitoire, celui qu'il désigne comme

(1 ) Cam a ra, La ye, Dra mou s s. 0 p • c i t • , 'p • 24

2 .

(2) Ibidem, pp.196-197. Camara Làye vise son pro~re

paysf La Guinée', Nous signalerons que la signification de DramOUS9 ne réside pas t{lnt dans son authenticM~é quant à la situation de l a République de Guinée, que dans l'évolution qui s'est effectuée dans l ' e s p r i t de l'auteur. (cf. Jingiri J. Achiriga. La révolte des romanciers noirs, 2ème éditi.on, Sherbrooke, (Québec, Canada), Naaman, 1978, p.186).

(35)

26

-étant "un homme taillé en ·colosse",. n'est autre que l'Etat

omnipuissant qui s'est arrogé tous les droits

inimagina-ble s . .. L a ha ut e mur a i Il e ... , qua nt II elle, r e.p rés e nt e 1 e

"parti unique" qui, par son omnipotenc'e, a subjugué tout le

dynamisme du peuple, affaiblissant ainsi la condition

hu-maine: "sombre" , "aff~mé" et "déguenillé" cbmmc nous le

,

précise l'auteur ghanéen Jingiri J . Achlriga(l). La phrase

tirée du contexte suivant "J 1 atterrissdis sur lél route non

loi n de la muraille" , se m bIc exprimer Id néc~ssité de

l ' e x i l qui découle de la vive oppression ~ la que 1 l e~o t r e

narrateur-rêveur étai!: confronté.

t'épisode "bramouss" comporte dussi d'autres' sc è ne s

nO,tamment fantas tiques, où, tour ;J tour, le personnage BC

transforme tantôt en ser,pent, ta nt ô t ~ n fan t ô m e b l a Il c g é

-ant, tantôt enfin en femme extr.lOrdinairemcnt belle:

.

,

Accroche-toi 11 moi bien" vite.

Je suis venu te i l .

sauver, c r i a t

-Devant moi, apparaissait, non plus un gros serpent noir, mais

hne femme belle,

extraordinai-.. rement, dont les cheve u~,

cou-vraient les ép.aules" le dos et,

descendaient jusqu'aux

chevil-l e s .

Mon nom est DraPlouss! disait- ,

elle(2).

(1) Jingiri J. Achiriga, La révolte des romanciers

noIrs, op. c i t . , p.186.

(2) Camara, Laye, Dramousa, pp.cit., pp. 217-219 •

.

,

..

(36)

c

1

- 27

-••

Da n s cet te 'v is io n co sm ique , le narrateur-rêveur se

confond au "Lion no i

r': '

"juste humain et sage" q oi po ur-rai t guid er son pe upl e

"

vers un avenir; de progrès.

Pa r I a sui te, nous apprenons que Fatoman se marie, puis repart à Paris avec son épouse afin d'achever ses étu:-de s • A son retour au pays natal, son pè re 1 ui annonce 1 es douloureuses réalités vécues sous le régime po l i tique du pays, bref, la suite conséquente de sa vision cauchemard·es-que sur son pays

Depuis ton départ, beaucoup de tes c am a rad e s o n t été a bat tus. • • Beaucoup de gens sont e-n prison.· Beaucoup d'autres aussi ont fui, vers le Sénégal, vers la Côte-d'Ivoire, le Libéria, la Sierra-Léone et d'autres p.1'yS

limi-trophes(l ),

Profondément ému, Fatoman a du mal à contenir sa brus-que révolte intérieure. Pensif, i l se d i t :

Po ur q u.o i sui s - je r e ven u ?

Mo:l aussi, je sera.1 tué comme les autres(2).

Ces pensées autobiographiques tirées de Dramou s s re-flètent de plus en plus, l'amertume, la déception, et

sur-(1) Camara, Laye Dramouss, op.cit., p.241. (2) Ibidem, p.242-.

,1

(37)

"

- 28

-.'

tout l'impuissance de '1' auteur devant 1 e spe c tre d e I '

hor-reur qui agite son pays.

Finalement, Camara Laye montre sans ambiguité ce, qu'un ' /

t e l régime po litique II f a i t pour réduire l t homme à sa pl us (

simple expression .. N'est-il pa.s d ev enu un monstre im pi- -;;

l'

C om met t r e

~~

,

ou les oblige à

toya.ble qui dévore ses sujet~,

l e s pires a t r o c i t é s ?

L ' E n fan t no i r e t Dra mou a s son t v é rit ab 1 em en t de a t' 0-

,.--mana autobiographiques car'actérisés par l'ex pr e 6 s io n - du

vécu de "L'auteur dont l ' i d e n t i t é 'est hab-ilement confondue ~

.

cel lIi du na rrateur . L' em plo i du pronom personrtel .. ~ e"

con

è

è de aux d i f f é r en t S r é 'c i t s une dimension rétrosp'ective,'

intimement l i é e aux souvenirs de l'-auteur.

Al 0 r s que L' E n fan t n 0 i r no u s d é v 0 i 1 e l " a t tac _ hem en

t

d e

- l ' a ut e ur à 60 n mil i e u t rad i t ion ne l , Dramouss con firme s'on

e ng ag em en t 1 dan 00 l ' a ct ion po 1 i t i que t 0 ut en met tant ,un

accerrt particulier sur la d i f f i c i l e émergence c!es' pays

africa,ins nouvellement indépendants confontés aux choix de,

.modèles de développement. Ce dernier_ roman met en évidence

l a s,ituation si

og

u l i ère d e so n pa ys à travers so n . ex pé- ,

rience personnelle._ Même présenté"doulçureusement-, Camara

Laye nous permet d'appréhender tout l e problème de l,a

con-"

ditio,n humaine à un. tournant

..

marqué de l ' histoire de son

• pays.

'-/

-"

(38)

(

,C H A P

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'R E II

,

L E S BLE M E N T S M A J

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U R S ;

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T 1 T 1 0 N A F R 1 C A 1 N E D A N S t

.

-- L' • 0 E U V R E D'E C A M A R A L A Y E

,

..

"

.

.

'\

b

(39)

ft

o

Il n

'y

a pa s d e c

1..

v 11 i s a t ion san s

u~e littérature qui en exprime et i l l us t r e ,1 e s v al eu r s, c om m e 1 e bijoutier les joyauX-d'une

cou-ronne ... Et sans littétature écri-te" pas de civilisation qui ai~le

au-delà de l a simple curiosité et hnog ra phique • (1)

,

Prise dans son ensemble, l'oeuvre de Camara Laye offre un reflet fidèle des moeurs et CQuturnes de l'Afrique noire trad

i't

ionnelle. Ce cad re rie he d e s

i~

ni f ie at ion s a p e rm ls 11

l'auteur de construire son décor autobipgraphlque.

Rien d'étonnant alors à ce que l'on retrouve dans L'Enfant noir, le témoignage symbolique "grâce au ritualisme à fond mag ico-religieux et ,g râce aux traits pac$Jticul lers du c om po r t em e n t t rad i t ion n e 1 qui car a c té ris e n t 1" e s c r 0 yan ces ancestrales.

Par exemple ,"dans Dramcfu~s, ,le héros-narrateur s'éfige , en défenseur farooche de la traçl;ft ion q'u' i l trouve menasée dans son i ntégri té et son authenticité deva~t .l'apparition de nouvelles 'dlmeqsions urbaines.

'~

De so n cô té , L e Reg a r d d u r 0 i met e Il é v id e n c e l a splendeur et 1 a permanence de la philosophie africaine',

\ l'

âinsi que l a vision du monde du héros saDS 'oublier poul" au-tant d t'évoquer ce qui 'touche à l'au-delà.

_________________ "J __ _

(1) Senghor,Léopold Sédar, Liberté I, .. Nl!gritude et humanisme" Paris ,Seuil, 1964,p .19 •

(40)

(

-

,.,'

co.

o

30

-Quant au Mattre de la parole-Kouma laf8lo Kouma, i l s'agit d'un éloge destiné à cette même tradition mais par le truchement ,de l ' o r a l i t é incarnée par les griots.

Au fur et à mesure que nous' cernerons les princi,paux éléments trad itionnels contenus dans l'oeuvre de Camara La-ye, nous tenterons également de circonscrire sa vision

d'-,

r

ensemble et d'en dégager les aspirations légitimes.

L'aspect des rites initiatiques dans L'Enfant "noir.

Les rites d'initiation qui s' accom~lissent selon les traditions du pays Malinké(l) symbolisent le passage de l ' i n i t i é à travers les différentes étapes de sa vie. Elles

o

forment un véritable enseignement. Les rituels quI les ac-compagnent, eux, ont une signification toute particulière--;

G

puisqu'Us sont exécutés d'une manière à la fois pr~c'ise et sé cu1,a ire.

>J

Par-delà sa ferveur nostalgique, l'auteur remontera g'raduellement le flot de ses souvenirs en SI appuy-ant cons-d

tamment sur lés imagea que lui suggère son univers trad

i-'-+

tionnel.

(1,) op • . c i t . , tion.

il la première pa"'e de notre

introduc-\

(41)

.~

:..J'

..

.,. 31

-Dans L'Enfant noir, les-cérémonies r i t ue 1 1 e 8 et in

t-,~

tlatiques nous sont dévoilées sous- tro'1s aspects essen-tieis: En premier li~u, sous l~aspect de la relation homme-màtière', illustré par le travAil du forgeron; en secQ$ld lieu, sous l'aspect de la lelatton homme-nature, symbolisé par la 'moisson; en dernier lieu, sous l'aspect de la re-lation homme-vie, exprimé grâce au r i t ue 1 de l ' in i t i a t io n d e l ' erl fan t •

,

Le premier aspect des rites et initiations a'avère ca-caè térisé , avons-nous dit, pa r I e t r a v ail d u p~ r e d e l ' -auteur, dans sa forge. Camara Komady exerçait, cn effet, le

m~tier de forgeron-orfèvre. Pe n dan t qu' i l ex e rç ait so n

habileté manuelle, i l prononçait des incantations verbales lesquelles étaient acc'ômpagnées de gestes rituels sacrés et précis. Il faut savoir que I_e sens de ces mystères en pays Mal.inké fait appel au "Dieu Métal" à qui l'on d'\emande aide-et fo rce po ur opérer la transmutation de la matière au cours de cette opération:

Mon père'" remuai't les lèvres! ces' paroles que nous n"entendions. pas, ces paroles secrètes, ces

incanta-tions qu'il ad ressait à cè que nous ne pOuvions ni voir ni entendre c ' é t a i t là l'esse-qtiel.(1)

-

-,---:---

~--- ".

\

(1) Cam a ra, La ye, L' E n fan t no i r, 0 p • c iet " p. -3'1 • _

1 0

..

(42)

(

(

32

---ee

travail à la forg~ 8uit, en e f f e t , un r 1 t ue 1 8

ym-bolique qui" retrace 1 es étapes de l ' i n i t i a t i o n hum a 1'-ne" ( l ) . Le feu" élément essentiel dans cette métamorphose d'u m Inerai,

.

" co n s t 1 t ue 1 e t rai t d' ,un ion 1 e plus sensible entre les vivants et les morts"(2). Nous analyserons d'ail-le ~~ s pl UB end é ta 11 ce thème du rituel s!f1llbolique à la

f 0 rg e dan s I e s:! x i ème cha pit r e den 0 t r e t h è sc.

Venofls-en d pr é sen t , a u deux i è ni e a, s p e c t des in i t i a-tlons et rites. p Pour cela, accompap,no,ns le

p~rsonnage-nar-, \

rateur, qui nous conduit jusqu'au villa~e ~e sa mèr~, nommé Tindlcan, et qui est situé non loin d~ Kouroussa où il

ha-bi te • Là, gril'ce au jeu d,e la mémoire, i 1 no u s ra con t e' so n • merveilleux souvenir de la "moisson à la campagne

La sc è ne d e I a moi s son dans,L'Enfant noir se' présente

'.

,

.

comme un spectacle agréable -e't harmonieux~ La "grande et joyeuse fête"(3) de la moisson du riz dont nous parle

1'-in-nocent enfant; comporte à travers ses chants et danses, la fils 1'0 n s ym b 0 11 que et sac rée d e I a

\

vie.

---

.

.

no t ion d u t em p s e t d è

l

a

(l) ,Bourgeacq ,---Jacques, L'E'nfant 'noir de Camara Laye,

1

sous le signe de l'éterul!l retour, Sherbrooke (Québec, , Canada), Naaman, p .. 21.

(2) Zahan, Dominique, .Religion, spiritualité et pensêe africaines, Paris ,Payot ,1970,p .• 52.

( 3) Cam a ra,. La ye. L ' E n fan t no i r, 0 p • c i t " p. 55 •

.

'

(43)

-

- 33

-"

, "

La moisson dlJ riz ne tombait guèr'e à la m'ème date de

'l'année. E I l e cl é pen d il l t d e I a mat ur L t é du r' L z, s ym bol' e m

ê-me du calendrier agricole des paysans, q u i , est'

l'expres-S ion d e l a 00 t 1. 0 n cl u t'em p s, .

C'est aussi l'occasion de remercier 1es- génies bien~

faiteurs, re'sp?nsab1es de la moisson et- pr 0 tec telir s)d e 1 a

récolte:

~

s énies 1)ous avalent cons~am­

ment secondés: pas un de nouS '

qui eût été mordu par les

ser-,pents que notr~ piétinement daos

-, les champs avait clé1ogés(l).

La graine ensemencée clev,ient la récolte futur'e,

"

1 ' ex-__ ~

t> pr e s s ion m èm e d e I il no t ion cl e vie, g ym bol i san t a i n s l, t 0 ut e

,

1 a sig nif i ca t ion cl e la continuité grdce à la procréation.

Cet t e moi s son é, tan t une a c t i vit é es sen t leI l em en t c om m un .J

u-taire, on retrouve d travers elle le thème de'la solidarité'

qu:I:'est, au demeurant, une 'qua.lité exc_eptionnel1e chez Îes

pa ys a 0 S :

)

"" ,

"

••• i l s moissonnaient ensemble: leurs voix s'accordaient, 1eur,s

.~este.s s'accordaient; i l s étaient

ensemble! - u,nis dans un même

travail, unis par un m,ème chant(2). '

('1) Camara, Laye, L'Enfant noir, o p . c i t . , p.67.

Figure

TABLE  DES  IIATIERES

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