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Architectures sino-logiques

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01906460

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Submitted on 26 Oct 2018

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Architectures sino-logiques

Pierre Clément, Sophie Clément, Emmanuelle Péchenard, Qi Wan

To cite this version:

Pierre Clément, Sophie Clément, Emmanuelle Péchenard, Qi Wan. Architectures sino-logiques. [Rap-port de recherche] 621/89, Ministère de l’équipement, du logement et des trans[Rap-ports / Bureau de la recherche architecturale (BRA); Ministère de la recherche; Institut français d’architecture (IFA); Institut d’études et de recherches architecturales et urbaines (IERAU). 1989. �hal-01906460�

(2)

'y :

i f

PIERRE CLEMENT. SOPHIE CLEMENT-CHARPENTIER. EMMANUELLE PECHENART. Ql WAN

I.F.A

I.E.R.A.U.

(3)

ARCHITECTURES SINO - LOGIQUES

1. LA FORME DES QUARTIERS TRADITIONNELS 2. SUZHOU, les habitations

3. ISLAM ET ARCHITECTURE Pierre Clément Sophie Clément-Charpentier Emmanuelle Pechenart Qi Wan I.F.A I.E.R.A.U. 1989

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AVERTISSEMENT

"Le présent document constitue le rapport de fin d'étude d'une recherche Architecturale, en exécution du programme général de recherche architecturale menée par le Ministère de l'Equipement, du Logement et des Transports avec le Ministère de la Recherche. Les opinions et les jugements émis par les responsables de la recherche n'engagent que leurs auteurs".

Contrat N°85.01337.00.223.75.01

L'Habitat et la Ville en Asie Orientale Bureau de la Recherche Architecturale

Institut d'Etudes et de Recherches Architecturales et Urbaines ( I.E.R.A.U)

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Notre exploration de l'architecture et de la ville chinoise se poursuit. Architectures sino-logiques en représente trois fragments qui montrent certaines logiques chinoises de l'aménagement de l'espace architectural et urbain.

Ils sont à replacer dans la série des rapports précédents.

Les capitales chinoises, leur modèle et leur site (1), qui

nous maintenait aux limites de la ville en étudiant les formes et leur implantation. On interrogeait le modèle de la ville des Zhou quelques siècles avant notre ère, les représentations qu'il en exista au cours de l'histoire et enfin ses avatars implantés sur certains sites.

L'ambiguïté d'une dépendance, la ville chinoise et le commerce (2) nous faisait découvrir la place réservée aux

marchands et les formes de l'espace qui leur étaient affectés. Nous poursuivons ici par l'étude de La forme des

quartiers traditionnels une interrogation sur la

morphologie de la ville, la question de son découpage, les formes d'habitat et leur mode de groupement.

Cette préoccupation sur les formes d'habitat et leur groupement nous guide également dans l'étude consacrée aux habitations de Suzhou. Le rapport précédent, Suzhou,

forme et tissus urbains (3) annonçait une suite sur la

forme des maisons qui trouve ici sa place avec l'illustration du type "longue maison", sur parcelles longues et étroites, caractéristique de cette Chine du Pays de l'eau.

C'est enfin la sinisation à l'œuvre que nous présente Islam

et architecture, suivant les traces de l'islamisation au

Nord, par voie de terre, de Kachgar à Pékin en passant par Xi'an.

1. IFA - SRA, 1983 2. IFA - SRA, 1984 3. IFA - SRA, 1985

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LA FORME DES QUARTIERS TRADITIONNELS

EN CHINE

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LA FORME DES QUARTIERS TRADITIONNELS EN CHINE

La Chine a la particularité de nous offrir un terrain où l'architecture et la ville ont une très longue histoire et surtout une grande continuité. On sait schématiquement que le père et l'unificateur de la Chine actuelle est l'empereur Qinshihuangdi, qu'il a vécu au IIlè siècle avant notre ère et que la dynastie fondatrice, celle des Han, lui a succédé à partir de 221 av. J.C..Le père mythique est lui beaucoup plus ancien, il s'agit de l'Empereur Jaune qui aurait vécu de 2697 à 2599 av. J.C. .

Mais déjà entre l'un et l'autre, l'archéologie et les textes, nous livrent des informations précieuses sur les formations urbaines des Shang (XVI-Xllè siècles av. J.C.) et leur capitale Anyang ou celles des Zhou, et l'archéologie, nous réservent encore bien des découvertes.

Si sur cette longue période d'au moins 3000 ans l'histoire politique a connu bien des vicissitudes (expansionnisme, annexions de nouveaux territoires, intégration de nouvelles populations, partitions temporaires, domination par des ethnies étrangères...), la création des villes apparaît elle obéir à une longue tradition (1). Pour pouvoir l'affirmer, comme le font encore de nos jours les plus brillants historiens de la ville chinoise (2), il nous faudra montrer ce qui effectivement constitue cette tradition.

La tradition comme expression concentrée d'un s av o ir

Peut-on donner à ce mot de tradition le même sens quand on étudie 'la maison traditionnelle" des paysans du Laos, dont on ne peut percevoir que les traces

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contemporaines de formes pourtant sans doute anciennes et que l'on dit relever de la tradition faute de pouvoir faire précisément de l'histoire ? Alors que l'histoire devrait attester cette tradition, faute d'histoire on admet qu'il existe une tradition. Mais cette tradition a néanmoins ses propres caractéristiques et elle nous raconte à sa manière une longue histoire sur une longue durée. Elle obéit à un rituel qui repose sur des mythes, qui est composé de nombreuses actions relevant de la technique, de la religion, de l'astrologie, des échanges économiques... Elle a valeur d'un savoir ayant la force d'une prescription, établi et transmis sur chaque chantier, de génération en génération. La répétition permet sa réactualisation. Faute de pouvoir l'étudier sur une longue durée, elle nous apparaît parfois immobile et sans âge, illusion d'optique sans doute, car tant que la tradition est vivante, elle sait adapter les innovations et s'enrichir de la modernité.

La tradition serait alors la capacité dynamique originale d'une société donnée à se reproduire, à se redéfinir, tout en s'adaptant à la modernité. On est là loin d'une forme figée de l'expression et l'opposition entre la tradition et la modernité n'est que la forme d'une lutte incessante, pour une société, toujours confrontée à prolonger son histoire et à affronter son devenir.

On serait alors tenté de donner à tradition le sens de savoir, de mode de pensée, de système d'expression... autant de connaissances et de clés pour l'avenir qui doivent être transmises. Et loin d'être considérée comme immobile, la tradition doit être entendue comme ce qui, au contraire, mérite d'être retransmis, ce qui est l'objet d'une initiation, de la transmission d'un savoir d'un individu à l'autre, d'une génération à la suivante. La tradition est alors l'expression concentrée d'un savoir multiple, elle a la force d'intégrer et de globaliser des expériences réalisées dans différents domaines et relevant tout à la fois : de la technique, du social ou encore de la religion ou de l'économie. Elle a sa rationalité propre à l'intérieur d'un système global qui supporte mal l'explication logique de la science contemporaine unidimensionnelle. Au lieu de nous fournir des hypothèses et une méthode de raisonnement, elle nous offre une

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solution façonnée par une suite d'expériences propres à une société, en un lieu donné, à une époque précise. Rien ne serait plus illusoire que de la croire immobile et atemporelle, toute expérience de terrain démontre le contraire.

Tradition et histoire

La tradition est donc historique, elle est à sa manière histoire relevant d'une longue durée ; elle est propre à une société et intégrée à son mode de pensée, à ses savoir-faire, à son expression technique ; elle est savoir, concentrant des expériences passées qu'elle retransmet, s'appuyant sur un rituel et des conventions ; elle fait l'objet d'une transmission par initiation et par imitation.

Si la tradition mise en oeuvre par des rituels relève, dans la société considérée, du mythe, l'architecture traditionnelle a relevé également chez les architectes occidentaux du mythe d'origine. La crise de conscience des architectes et le rejet de l'architecture moderne "internationale" et "universaliste" ont orienté les recherches vers les formes d'architectures vernaculaires populaires, rurales, opposées aux architectures savantes, celles des architectes, opposant également le rural à l'urbain, l'organisation spontanée des villages à l'urbanisme règlementaire des villes. Cette démarche relevait du culte rendu à notre mythe d'origine, au retour à la campagne et à nos sources, enfin à la cabane, "maison d'Adam au paradis". Mais l'expérience de terrain - et ce fut le cas pour nous (3), dès 1968, quand nous étions "anthropologues en herbe" - démontre les limites de cette conception et la faiblesse de ces oppositions. Même ce qui relevait de "l'autoconstruction" mettait en oeuvre des spécialistes, le partage de tâches entre l'astrologue, le maître du rituel, le charpentier ; des savoirs codifiés techniques ou religieux, une organisation collective, des échanges de biens et de services, qui montraient la richesse et la complexité de la démarche, sa tradition mais aussi sa force à s'adapter, sa modernité.

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Dans le même temps, l'historien de l'architecture et le sociologue interrogeaient la ville occidentale, sa morphologie et ses types de bâtiments, raisonnant sur la formation de ces types, sur l'imitation, sur la répétition, ils faisaient écho aux modèles culturels, aux traditions, aux structures et aux types observés par les anthropologues dans leurs sociétés. Les derniers remparts opposant le rural à l'urbain tombaient à cette occasion tout comme ceux élevés entre l'architecture savante et l'architecture populaire ou vernaculaire. La société renvoyait elle-même ses modèles aux architectes.

Dès lors, la tradition est sortie du ghetto où elle était cantonnée pour trouver droit de cité.

Les fondements des traditions de l’architecture chinoise

Revenons alors sur l'exemple que nous offre la Chine. Avant d'y étudier la forme des quartiers résidentiels urbains, nous devons en situer le contexte particulier et original crée par l'existence de textes fondateurs sur lesquels l'architecture, l'urbanisme et la construction ont longtemps reposé. Alors que l'architecture elle-même n'a laissé que peu de ruines, on dispose d'archives indirectes parfois très anciennes. A partir d'observations de terrain et pour mieux cadrer notre intervention d'architecte sur des tissus anciens, nous avons cherché à en comprendre la structure et les fondements.

L'architecture chinoise est faite de matériaux périssables, construire est traditionnellement une grande entreprise de terre et de bois, et, à la fragilité des matériaux, nécessitant des reconstructions périodiques, s'oppose paradoxalement la pérennité des techniques et des modèles toujours réactivés. La tradition alors entretenue a pu rester vivace, les descriptions que nous donnent les textes, ou les représentations que nous fournissent les maquettes sculptées en terre cuite et emportées dans l'au-delà par les morts depuis l'époque des Han, ou encore les représentations gravées sur bronze ou sur briques, attestent de la pérennité des modèles: de

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celui de la maison à cour, élaboré il y a plus de vingt siècles; comme des techniques originales de mise en œuvre du bois, où le matériau travaille en compression, par empilement de poteaux et de poutres et par jeu de consoles et de plots dougong.

La construction en bois constituera l'un des volets importants d'un traité de construction, le Yingzaofashi, compilé au Xlè siècle, dont la première édition remonte à 1102 et qui, jusqu'au XXè aura fait l'objet de rééditions l'adaptant à l'évolution des techniques et des besoins. Tradition remarquable par sa durée et par sa faculté d'adaptation.

Cette tradition, manifeste pour la permanence des types d'habitation, comme pour les techniques de construction ; bois ou pisé par exemple, se repère également dans les formes urbaines. Alors que "ville chinoise" est dans le monde entier symbole de ville marchande, en Chine même, la ville est symbole de pouvoir, son siège, son lieu de représentation, et, loin d'attirer spontanément les populations, elle a été au cours de l'histoire un lieu d'assignation à résidence, sous contrôle politique pour les besoins du pouvoir. Cette absence de liberté de la population urbaine, le manque d'autonomie accordée aux bourgeoisies locales, comme le statut peu valorisé du commerçant dans la hiérarchie sociale traditionnelle, où il venait en dernière position après les fonctionnaires-lettrés, les agriculteurs- combattants, et les artisans, ont souvent été considérés par les observateurs de la société chinoise comme l'un des freins à son développement. Et l'histoire chinoise est faite de périodes successives où les villes et leur bourgeoisie, qui prenaient un pouvoir jugé exagéré, étaient remises au pas brutalement par le pouvoir politique aux mains d'une classe de lettrés fondant son pouvoir sur la société rurale. La ville, siège du pouvoir, est un acte de création. Elle est située dans une hiérarchie : capitale d'empire, capitale provinciale, préfecture, chef lieu de canton. Et, suivant cette hiérarchie, elle obéit à un modèle, elle a une forme et des dimensions. Elle obéit également à des règles de découpage garantissant les déplacements rituels et

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militaires et obéissants à une affectation hiérarchisée et symbolique de l'espace pour différentes fonctions: palais, administration, attributs religieux et symboliques du pouvoir, habitat suivant sa classe.

Sa construction commence généralement par le palais et l'enceinte, cheng , "rempart", qui, jusqu'à nos jours, donne son nom à la ville. Ces travaux réquisitionnent par le système de corvées des populations rurales abondantes. L'enceinte, toujours trop large, enserre également une grande quantité de terres agricoles, réserve alimentaire en cas de siège, réserve foncière pour le développement futur.

La ville, la capitale, est donc acte de fondation du pouvoir, sa légitimité, il faut qu'elle en assure la sécurité, la permanence et la représentation. Mais à l'instabilité politique a répondu l'instabilité des capitales chinoises à l'intérieur du pays d'une part, mais aussi sur le site même (4). Une dynastie ne peut légitimement fonder sa capitale sur le site de la précédente, et si elle a survécu à la prise de pouvoir, on en détruira les symboles. Cette instabilité est confortée par les croyances liées au

fengshui, "vent et eau", à savoir la géomancie (5). En

effet, une longue tradition de savoir et de techniques a développé l'art d'implanter les sites d'habitat humain, pour les vivants ou pour les morts, pour qu’ils soient en harmonie avec l'univers. On croit que la terre est parcourue par des flux d'énergie et que cette énergie doit être captée pour acquérir puissance et richesse, et garantir santé et descendance. L'art d'implanter les constructions est donc de repérer par la morphologie du paysage, l'analyse des montagnes et des eaux, l'orientation... les points où se concentre cette énergie. L'analogie avec l'acupuncture est évidente et le même mot

xue désigne les points d'acupuncture et le site où l'on doit

implanter la construction. L'instabilité d'un site peut alors se justifier pour deux raisons : son inadaptation à l'équation astrologique individuelle du nouvel occupant mais aussi par son épuisement énergétique, après une première implantation, épuisement supposé ou réel si le destin du précédent a mal évolué. L'interprétation des évènements survenant après le choix d'un site peut le

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conforter ou au contraire le remettre en question justifiant alors un nouveau déplacement. Il faut remarquer au passage que ces croyances, liées au fengshui, intègrent également la place et la valeur accordée au culte des ancêtres dans la société chinoise. Les morts ont aussi pour fonction, dans leur ultime demeure, de capter les énergies qu'ils retransmettent aux vivants, et le choix des sites, et la fonction des tombeaux impériaux, auprès des grandes capitales : Chang'an (Xi'an), Nankin ou Pékin doivent être interprétés dans ce rapport et cette fonction. Le fondement de la tradition urbaine

T out ceci, instabilité politique, fragilité des matériaux de construction, impermanence des sites sur l'ensemble du pays et à l'emplacement même de la capitale, a forcé les Chinois à construire et reconstruire leurs capitales, assurant à la tradition une longue durée. Cette tradition a pour fondement admis le Zhouli , "Rituel des Zhou". Si ce rituel est considéré comme ayant été rédigé entre le Vè et le lllè siècle avant notre ère, l'histoire nous enseigne que l'origine de la partie qui nous concerne est plus controversée. Il s'agit de la 6è partie, le

Kaogongji , "Mémoire sur les métiers", qui précise ce que

l'on doit faire pour ériger une capitale royale. Si l'on sait qu’elle fut rajoutée postérieurement sous la dynastie des Han Occidentaux, on ne peut affirmer si elle a été rédigée à cette époque ou, si un texte antérieur retrouvé, datant de la fin de la période des Printemps et Automnes (722- 481 av. J.C.) ou du début de la période des Royaumes Combattants (475-221 av. J.C.) est venu se substituer à un texte disparu. Ce "Mémoire sur les métiers" avait pour objectif de définir les tâches et les façons de procéder des différents intervenants.

Retenons pour l'instant les recommandations faites aux constructeurs d'une capitale :

1. "Les constructeurs tracent l'emplacement de la capitale; elle forme un carré ayant neuf // de coté (6) .

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2. Dans l'intérieur de la capitale il y a neuf rues directes et neuf rues transversales. Les rues directes ont neuf gui, "voies de char"(7).

3. A gauche (à l'orient) est la salle des Ancêtres. A droite (à l'occident) est le lieu consacré au génie de la terre. En face (au midi) est la salle d'audience. En arrière (au nord) est le marché public. Le marché et le palais ont une surface d'un fu . "(8)

Fig 1 Ce texte, très précis sur la description

morphologique de la ville, sa forme, ses dimensions, et sur la distribution des bâtiments principaux, laisse libre cours à l'imagination sur le mode de découpage des quartiers par la répartition des neuf avenues "directes"

jing , ou "verticales" nord-sud et des neuf avenues

"transversales" wei , "horizontales", est-ouest (9). Et, faute d'illustrations, il a permis des représentations diverses souvent plus symboliques (Sanlitu au Xè siècle,

Yongledadian en 1407, Kaogongjitu au XVIlié siècle) que

réalistes. Ces premières représentations regroupaient par trois chacune des avenues conduisant ainsi aux trois portes de chacun des côtés. Yue Jiacao en donnait en 1933 une nouvelle représentation préconisant un découpage régulier par les neuf avenues réparties également sur chacun des côtés (fig 1).

Le modèle réactualisé

L'évocation de ce modèle de capitale royale des Zhou ne relèverait que de l'Histoire de l'Antiquité s'il n'avait fondé une tradition périodiquement réactualisée. L'histoire urbaine permet en effet de repérer régulièrement les exemples de réutilisation du modèle dans sa globalité ou dans ses principes.

Le plan de Pékin serait incompréhensible sans cette trame, tout comme les quartiers d'habitation de Shanghai, les lilong , lotissements clos de maisons à cour en bande rappelant bien sûr les maisons en bande des quartiers ouvriers d'Angleterre ou du Nord de la France, mais aussi

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Vue (1933)

Schéma de répartition des terrains agricoles

— H

Plans de quartiers, suggérés He (1985)

Fig 1 : Modèle de capitales royales selon l'Interprétation du K a o a o n a a l (rite des Zhou)

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la structuration des formes anciennes des habitations et des groupements chinois.

Dans la catégorie des exemples se référant globalement à la forme du modèle, les villes les plus célèbres sont Kaifeng, la capitale orientale de la dynastie des Song du Nord (960-1127), Zhongdu des Jin (1115- 1234), Dadu des Yuan (1271-1368) - toutes deux sur

l'emplacement de Pékin - l'éphémère Zhongdu

(Fengyangan, Anhui) des Ming (1368), enfin Pékin des Ming à partir de 1416.

Kaifeng héritait déjà d'une longue tradition de fondation de capitales qui avait repris les principes du découpage de l'espace des Zhou : enceinte quadrangulaire, quadrillage des avenues découpant de grands îlots réguliers, orientation cardinale... C'était le cas notamment de Chang'an et Luoyang des Han, des Wei, des Sui et des Tang sur lesquels nous reviendrons à propos de l'organisation des quartiers.

Ce retour au modèle de capitale était l'occasion de s'inscrire dans une lignée, dans une tradition qu'ont souhaité affirmer d'une part les dynasties proprement chinoises, han, du nom de l'ethnie majoritaire, mais aussi des dynasties fondées par des minorités ethniques ayant pris le pouvoir. C'est ainsi que les Nüzhen, venus du Nord- Est, fondateurs des Jin en 1153 et établissant leur capitale Zhongdu, un peu au sud-ouest du site de Pékin, sur l'ancienne ville des Liao, s'inspirèrent du plan de Kaifeng où ils envoyèrent des observateurs, peintres ou artisans (Wu, 1986). Mais l'exemple le plus convaincant de cet "emprunt de la tradition" est bien sûr celui des Mongols s'affirmant maîtres de la Chine en fondant Dadu, "la grande capitale", à la fin du Xlllè siècle, sur le site de Pékin, un peu plus au nord que la précédente Zhongdu. Si cette ville a pu évoquer la capitale des Mongols, par son carré, elle veut délibérément s'inscrire dans les principes du modèle idéal Zhou : ville presque carrée, 7,4 km du nord au sud et 6,65 d'est en ouest, enfermée dans ses remparts, orientée et quadrillée, la position décentrée vers le sud du palais s'adapte à la présence initiale du lac Taiye autour duquel on a voulu l'implanter (Wu, 1986).

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Chang'an (Dynastie des Tang) a. plan

b. plan de quartier, Wu (1906) o. quartier

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Ce retour au modèle avait été dans d'autres cas le besoin de réaffirmer par les Han eux-mêmes leur lignée et leur tradition. Ce fut le cas de la dynastie des Song installant sa capitale à Kaifeng - encore nommée Dongjing ou Bianliang en 960 après la période de troubles des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes qui avait suivi la chute des Tang. Ici la ville existait et était déjà prospère. On s'est efforcé de l'adapter sur le terrain, ou par les représentations successives que l'on a donné, à sa fonction de capitale et à son modèle : création d'une double enceinte, repositionnement du palais au centre, axes quadrangulaires...

C'est au même besoin de réaffirmation de la tradition han, après la dynastie mongole, qu'obéiront les créations des deux capitales de la dynasties des Ming. Zhu Yuanzhang, le fondateur de la dynastie, après la reconquête de Nankin, en 1356, avait souhaité créer une nouvelle capitale - Zhongdu - à Fengyang, sa ville natale au Anhui. Cette ville nouvelle s'inspirait largement du modèle idéal, mais après quelques années de travaux de 1369 à 1375, et avant même d'avoir été habitée elle fut abandonnée à cause de l'opposition conjuguée de la cour, refusant de quitter Nankin, et des experts en fengshui désapprouvant le choix du site.

Mais c'est quand la dynastie quitte Nankin pour Pékin en 1419 que la nouvelle capitale est encore ajustée au modèle de capitale idéale. La ville de Dadu n'avait sans doute jamais rempli ses remparts, phénomène fréquent pour ces villes chinoises aux dimensions gigantesques enserrant longtemps des terres agricoles. Le mur du nord avait été ramené à 2,5 km plus au sud et celui du sud déplacé 500 m plus loin, repositionnant le palais au centre, donnant ainsi à la ville la forme approximative du carré, avant que ne soit construit, en 1543, le rempart méridional de la ville extérieure pour en protéger les extensions. Remparts qui ont donné à Pékin l'image du plan qu'on lui connaîtra, et qui seront définitivement abattus à la Révolution Culturelle, au milieu du XXè siècle.

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La forme des quartiers

Cette tradition de projet urbain global par le réaménagement de villes existantes - Kaifeng, Pékin des Ming - ou par la création de villes nouvelles - Fengyang, Dadu - obéissant à un modèle et l'adaptant à chaque site se retrouve à une autre échelle dans la formation et la forme donnée aux quartiers qui remplissent la ville comme les cases d'un jeu d'échecs.

A partir de l'hypothèse de Yue Jiaciao sur le modèle Zhou, et reprenant les mesures indiquées dans le texte originel, nous avons tenté de représenter le découpage des îlots. Nous avons retenu comme hypothèse celle du li mesurant 415 m. La ville mesurait alors 9 li ; 9 x 415 = 3,735 m de côté, la largeur des avenues étant de 9 gui "voies à chars" ; le gui équivalant à 8 chi et prenant pour hypothèse 1 chi à 23 cm, le gui mesurait 1,84 m et l'avenue 15,6 m de large, un tel découpage nous donnerait des îlots de l'ordre de 360 m de côté. He Yeju (1985) propose différents dessins de ces quartiers.

Mais le découpage du territoire urbain s'inscrit dans une vision plus globale : de l'organisation du territoire en général, agricole en particulier, ayant pour souci la répartition des populations dans les champs pour en assurer le contrôle et pour pouvoir l'intégrer dans le système politique et militaire de corvées et de l'organisation des armées.

Le terme de li S , cette unité de mesure de longueur, l'équivalent de notre stade, qui sert alors à désigner le quartier est là pour nous rappeler l’origine agricole du terme et de sa fonction , celui du découpage des champs cultivés tian ED pour composer le groupe

rural minimum. Ce système s'intégre à la division des terres selon le jingtian ^ EEI , "terre à puits commun",

regroupant huit familles sur un carré divisé en neuf, le seigneur prélevant son impôt en nature sur la neuvième parcelle. Dans cette hypothèse, le jing aurait justement pour dimension le l i .

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Mais le Zhouli nous suggère également une autre interprétation pour la répartition de la population se référant au système militaire et ayant pour base le char de guerre, organisant alors les champs sur des multiples de 5 et de 10 : cinq familles forment un groupe bi , cinq groupes bi forment une section lü (25 familles), quatre sections lü forment une commune zu ( 100 familles). Il faut 25 personnes pour un char, affecté par lü, section de 25 familles qui chacune founit un soldat.

He Yeju, à partir des textes attribués aux Zhou, a fait quelques hypothèses sur la forme et le fonctionnement des quartiers d'habitation. Là encore, il semble que nous puissions, sur une longue durée, percevoir la pérennité des modèles de pensée retransmis et s'adaptant dans les formes aux contraintes sociales et économiques de l'époque. On admet communément que les principes de ce découpage autoritaire et règlementaire des capitales quadrillées s'est développé jusqu'à la dynastie des Tang au Xè siècle. Les traces archéologiques, les représentations figurées de ces villes, les textes littéraires, les annales des dynasties comme leurs codes règlementaires, attestent de cette continuité.

Chang'an des Han était formée de 160 îlots, enclos de murs sur leurs quatre côtés, sur chacun desquels s'ouvrait une porte. Les portes étaient gardées, les quartiers eux-mêmes, li ou lüli auraient été entourés de murs et ouverts d'une porte sur les quatre côtés. Les lü , sections formées par cinq groupes de cinq familles, auraient également été closes et n'auraient été desservies que par une porte unique. Et comme le précise un texte cité par Wu (1986) "les maisons étaient situées les unes à côté des autres, comme les dents sur une mâchoire,

ruelles et entrées sont droites et régulières".

Le modèle de maison à cour qui se prolongera jusqu'à nos jours est particulièrement bien adapté à cet adossement latéral que constituent ces bandes de maisons réparties transversalement sur des ruelles qui se branchent perpendiculairement sur les rues.

Les traces, les représentations et les descriptions se font plus nombreuses en allant des Han aux Tang, où les

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capitales de Luoyang et Chang’an nous livrent de précieuses informations. Les villes ont changé de site, les Sui (581-618) et les Tang (618-907) ont bâti des villes nouvelles aux dimensions imposantes et à l'ordonnancement régulier. Chang'an reconstruite par les Sui vers 600 s'étend sur 9,7 km d'est en ouest et 8,2 km du nord au sud . Elle est parcourue de 14 avenues nord-sud et 11 d'est en ouest qui découpent 110 quartiers de dimensions variables dont on a quelques représentations, Wu (1986).

- Les plus petits ont de : 500 à 590 m du nord au sud et 558 à 700 m d'est en ouest représentant une

surface de 27,9 hectares ;

- Les moyens : 500 à 590 sur 1020 à 1025m couvrant 50 hectares ;

- Les plus grands 660 à 830 sur 1020 à 1025m.

Au nord de part et d'autre de la cité impériale, ils couvrent jusqu'à 90 hectares.

Ces quartiers sont clos par une enceinte de terre damée, des portes les ouvrent sur les côtés , ils sont eux-mêmes traversés par des rues principales conduisant aux portes et sont redécoupés par un système de rues secondaires desservant les unités plus petites. Au temps de sa splendeur, Chang’an des Tang devrait avoir une population de près de 1 million d'habitants et ces 110 blocs pouvaient donc contenir une population moyenne de l'ordre de 10 000 personnes représentant déjà une vraie petite ville.

Cet exemple illustre bien le principe d'emboitement de la conception chinoise de l'aménagement de l'espace permettant d'intégrer maison, quartier, ville dans un schéma d'ensemble suivant les principes d'une géométrie rigoureuse permettant un contrôle des flux et des quantités aux différentes échelles.

Depuis les quartiers d'origine rurale des Zhou : // ou

lüli, sur les bases dimensionnelles d'une organisation

territoriale d'ensemble permettant la protection et le contrôle de la population, reposant sur la production et le système militaire, les termes ont changé. A côté du mot

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// est apparu le mot fang ou fangli qui aurait d'abord désigné les quartiers fermés à l'intérieur du palais, ou encore jiefang, renvoyant au système de découpage, bloc/rue. Le mot fang se substitue définitivement à li sous les Sui et les Tang (He, 1986).

Mais ce système de cloisonnement des quartiers d'habitation, de contrôle et de fermeture des portes, avait eu pour corollaire l'assignation à résidence des activités commerciales localisées dans la ville dans des blocs spécialisés, isolés, et eux aussi rigoureusement contrôlés dans l'espace, mais aussi dans le temps par l'ouverture et la fermeture des portes très réglementées. Ce système urbain du shifang, "marché et quartier", s'accomodait mal du développement économique qu'ont connu les villes dès le milieu de la dynastie des Tang au milieu du 8è siècle, et surtout sous la dynastie des Song. L'administration des Tang , après avoir tenté, par toute une série de mesures, de le maintenir en essayant d'interdire l'ouverture de boutiques aux abords des marchés, devra bien se résoudre à admettre l'installation de commerces dans les quartiers d'habitation, ou encore l'ouverture directe des portes sur les rues pour des activités commerciales.

Cette modification du système urbain reposant sur cette organisation du shifang , séparant quartier d'habitation et marché, sera consommée à l'instauration de la dynastie des Song et des nouvelles capitales que seront Kaifeng des Song du Nord (960-1127) ou Hangzhou - Lin'an - des Song du Sud (1127-1279). Le développement de l'économie urbaine et du commerce dans la ville, favorisés par l'aménagement de systèmes de canaux intérieurs aux enceintes iront de pair pour faire éclater l'enceinte que représentaient les fang clos. Leur nom restera, vidé de son sens, sur les portes des ruelles xiang nouvelles unités de composition ou associé à elles pour une nouvelle dénomination de ces quartiers fangxiang .

Cette évolution accompagne le déplacement des centres politiques et économiques vers le sud où l'aristocratie bourgeoise et marchande joue un rôle plus grand. L'assouplissement du système administratif s'accompagne de la multiplication des boutiques, des

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ateliers et des lieux de plaisir : débits de vin, maison de thé, directement ouverts sur la rue. A la ville austère et froide des larges artères des capitales du Nord, aux quartiers emmurés, succèdent l'image d'une ville de commerce et de plaisir où la rue et les canaux s'animent. Cette vie à Kaifeng nous est notamment connue par la peinture Qing Ming Shanghetu "les rives de la Bian le jour de la fête de la Pure Clarté" de Zhang Zeduan, maintes fois reproduites.

Si le commerce et l’artisanat se développent hors des marchés et des quartiers clos spécialisés, ils n'en restent pas moins très souvent regroupés dans des rues spécialisées, et le nom de leurs corporations hang perpétue la mémoire de l'organisation en "allées" spécialisées des marchés anciens qu'il désignait autrefois.

Dans ce dialogue qu'établit la tradition chinoise entre urbanisme règlementaire de projet politique et développement urbain lié au commerce et à l'industrie la dynastie des Song du Sud, nous offre un exemple privilégié grâce à la ville de Suzhou. Suzhou, ville du Sud, dans le pays de l’eau, est située sur le Grand Canal, non loin de Hangzhou. Suzhou, célèbre par ses résidences et jardins privés est à l'époque la capitale de l'industrie de la soie. Mais elle est aussi célèbre par son urbanisme "Venise orientale" installée sur un réseau de canaux, sur un plan régulier associant voies de terre et voies d'eau. Témoignage d'autant plus précieux pour l'historien que la ville est restée fixe sur son site depuis 10 siècles et que nous possédons une représentation de son plan sur une pierre gravée en 1229. Ce document exceptionnel, d'une grande dimension (1,98 x 1,34 m), nous permet de nous faire une idée de l'organisation générale de la ville et de ses quartiers d'habitation à l'époque, mais aussi de les comparer à la ville d'aujourd'hui. La volonté claire de représenter l'importance de la cité administrative l'a exagérément grossie et étirée dans la longueur. Mais le travail sur le terrain et la lecture des plans successifs permettent de redresser les erreurs(10).

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a. Gravure de la stèle de 1229.' b. quartiers résidentiels.

- ruelle Wangxima in Sii7hnu iiu zhuzhai (1958) - Le même quartier sur la stèle de 1229.

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L'îlot d'habitation se présente sur le plan des Song comme un rectangle allongé d'ouest en est entre deux canaux ; les habitations s'ouvraient au sud sur des ruelles bordant le canal, l'entrée de ces ruelles formant le quartier est signalé par de grands portiques, enseignes rappelant les portes des anciens fang. Les habitations s'adossent latéralement pour former des bandes. Yu Shenfang et Johnston qui se sont livrés à l'étude minutieuse de la stèle nous proposent une représentation de ces îlots des Song. Les habitations disposaient de profondes parcelles. Johnston propose le chiffre de 150 m, sans doute exceptionnel, pour un îlot de 500 m de large. Les bâtiments à cour étaient répartis en enfilade sur un axe nord-sud.

La comparaison avec le tissu de la ville aujourd'hui nous montre une grande permanence dans les principes de composition, parcelles profondes, grandes maisons à cours successives ; mais l'échelle des îlots est réduite, la profondeur n'est que de 80 m, nombre de canaux ayant disparu sont remplacés par les voies de terre qui se multiplient.

Cette pérennité du type de tissu repose sur le principe de maisons à cour qui se développent en profondeur par la multiplication de ces unités bâtiment- cour, exposées au sud, juxtaposées et accolées pour former des bandes alignées sur des ruelles organisées sur un découpage quadrangulaire, s'intégrant à une composition d'ensemble. Observée à Suzhou, sur une longue période du XIlié siècle - sachant que la ville détruite a été reconstruite entre 1129 et 1229 - au XXè siècle, cette tradition est à replacer dans la continuité de la morphologie qui se précisait déjà sous les Han, dès le début de notre ère, avec toutefois la disparition des quartiers clos // et fa ng li.

Pékin nous fournit également un terrain intéressant de comparatisme historique entre ce même XIIlè siècle, où la capitale mongole de Dadu est installée en 1271, et l'époque contemporaine Nous avons déjà vu ce que le plan d'ensemble empruntait au modèle idéal des Zhou, son découpage, orthogonal régulier par les artères, dessine les

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Fig 4 : Les quartiers résidentiels de Pékin des Yuan à nos jours

b. plan des Ming et des Oing

Quartier Nanhoguxiang, selon Cheng Jingqi a. système de circulation

b. Plan de Qianlong (1740) c. Plan aujourd'hui

d. Exemple de maisons ; 35-37 ruelle Maoer

-in

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-~ ,V -, T e ;';n

LA FORME DES QUARTIERS TR A D ITIO N N E LS EN CHINE

contours de quartiers qui ne sont plus clos. Comme pour Suzhou sur les axes Nord-Sud se branchent des "ruelles" ici hutong, est-ouest qui desservent les maisons. Si nous n’avons plus traces des maisons de cette époque, nous savons néanmoins la taille des parcelles grâce à l’existence d’un décret émis en 1285 pour déplacer les populations de la vieille ville de Zhongdu des Jin vers Dadu, et qui précise que seront d’abord déplacées les familles riches et cultivées. Leur seront attribuées des parcelles de huit mu . En prenant 560 m2 de surface pour un mu , on obtient alors des parcelles de 4480 m2 par famille. Malgré le déplacement de la capitale des Ming vers le sud, il a été possible à l’Institut de Recherche d’Histoire de l’Architecture de Chine (Cheng s.d.) d’étudier aujourd'hui un quartier qui fut au centre de la ville Yuan, mongole. Ce quartier était au nord du palais et à l'est de la Tour du Tambour, sa structure globale s'est maintenue jusqu'à nos jours. Il s'agit d'un grand rectangle allongé d'ouest en est de 84 hectares, délimité par quatre avenues périphériques. Il est partagé par la rue Nanluoguxian nord- sud en son centre. Il est redécoupé en longues bandes de terrain par 9 ruelles est-ouest réparties du nord au sud tous les 70 m, nous donnant ainsi une idée précise de ce qu'était le tissu urbain et la parcelle originelle des Yuan, à savoir de l'ordre de 70 m de profondeur et un peu plus de 60 de large, variant de 72 x 62 m à encore 68 x 65 m pour être alors presque carrée ; distribuée au nord et au sud par des ruelles permettant d'exposer vers le sud entrée et bâtiments principaux et d'aménager au nord un accès de service. La rivière Tonghui coupe transversalement l'angle sud-ouest du secteur provoquant l'irrégularité du tracé des ruelles. Servant sous les Yuan au transport des marchandises, elle constituait, tout comme l'avenue de la Tour du Tambour à l'ouest, le centre commercial le plus animé de Dadu. L'étude de Madame Cheng Jingqi montre les permancences et les transformations du quartier. Les parties nord bordant l'avenue ont été modifiées par l'implantation d'un palais sous les Ming et par des constructions postérieures au Yuan sur un terrain sans doute laissé libre pour le garage des voitures à cheval d'une administration.

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Le secteur s'est maintenu jusqu'à nos jours, sous les Ming et les Qing, dans sa vocation essentiellement résidentielle en dépit de l'implantation de quelques bâtiments administratifs et religieux. Avec les Ming et les Qing, nous entrons dans l'ère où nous disposons d'exemples concrets de résidences nous montrant enfin précisément le type d'habitation remplissant ces quartiers dont la structure, elle, est plus ancienne.

Sur cette image des maisons de Pékin connues sous le nom de siheyuan, "maison à quatre ailes entourant une cour", nous interrompons notre enquête historique. A partir de là, il est clair que la méthode doit changer et faire place à l'observation directe sur le terrain, nous renvoyons là aux nombreux travaux que développent aujourd'hui historiens et architectes chinois.

Nous dirons pour conclure que cette histoire témoigne sur une longue durée de l'évolution de la pensée urbanistique chinoise et de ses traditions. Tradition à créer des villes ordonnées sur un modèle périodiquement réactualisé et adapté, respectant un schéma d'organisation d'ensemble et des principes de découpage, par hiérarchie et emboîtement, qui permettent d'intégrer la maison à la ville ou, plus exactement, de conduire du projet urbain d'ensemble à la répartition individuelle des lots sur lesquels les types d'habitations, lentement façonnés viennent prendre place.

Si les murs des quartiers clos sont tombés autour du Xè siècle, c'est au XXè que seront abattus ceux des villes, témoins d'une époque féodale que les Chinois voulaient révolue. Mais si depuis 1950 l'architecture des habitations a radicalement changé, les logements collectifs à étages remplaçant les maisons à cour, la résistance des traditions anciennes de découpage du sol en lots, d'alignements et d'orientation de bandes de logement respectant une exposition au sud a perduré, malgré la disparition de l'espace de la rue comme élément de structuration, conséquence des conceptions importées de l'architecture internationale, véhiculées par les urbanistes soviétiques. La confrontation des traditions et pratiques des urbanistes chinois et occidentaux s'était

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HT

r

Bao Kang U (1910) LILONG SHANGHAIFNS Dong Xi Si Wen U (1916) He Ping U (1960) Fu XI Men (1951)

Fig 5 : La persistance de la tradition : distribution spatiale, alignem ent, orientation des quartiers résidentiels

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déjà opérée, depuis le milieu du XlXè siècle, sur le terrain des villes ouvertes aux concessions. A ce titre, le tissu urbain de Shanghai nous offre un type de formation très original de lotissements spéculatifs, connus sous le nom de lilong , le // des fameux quartiers de l'histoire antique rappelle le découpage sur lequel on pénètre depuis la rue par une porte, et le long , ruelle qui indique le système d'accès aux habitations suivant un réseau en peigne d'impasses. Les maisons à cour, alignées en bandes empruntent à la fois à la tradition chinoise et aux "rows and terraces of the English terraced houses". La hiérarchie des voies, avenues, rues, ruelles et impasses avait permis le maintien du principe d'articulation entre espace privé et espace public.

Les efforts poursuivis aujourd'hui par les architectes chinois pour connaître et reconnaître leurs traditions, comme pour assimiler les expériences étrangères, laissent présager des développements originaux dans la formation des quartiers nouveaux, comme dans la réhabilitation de quartiers anciens.

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Notes

(1) Voir Les Capitales chinoises, leur modèle et leur sitet* Pierre

Clément, I.F.A.- S.R.A., 1983.

(2) Comme Wu Liangyong, He Yeju, Cheng Sendou, Mote, Skinner ou Cartier.

(3) Voir notamment Sophie Clément-Charpentier et Pierre Clément

"L'habitation au Laos", 1975 nouvelle édition SELAF-PETEERS a paraître 1989, ou encore Eléments comparatifs des habitations des

ethnies de langues thai Paris: 1978, C.E.R.A.-E.N.S.B.A..

(4) cf. "Les capitales chinoises et leur site", p.25, in : Les Capitales

Chinoises, par Pierre Clément.

(5) Voir S. Clément-Charpentier, P. Clément, Shine Hong Yak,

Architecture du Paysage en Extrême-Orient, Paris: 1987. Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts.

(6) Le li a varié pendant les siècles il est l'équivalent de 1800 chi, le

chi mesurant 23cm à la période des Royaumes Combattants et des Han Occidentaux, il pouvait faire 414m cf. “Les mesures en chine", contribution au Réseau Architecture de la Ville Orientale, publication à paraître sur les "mesures".

(7) gui exactement la longueur d'essieu d'un char équivalent à 8 chisoit 1,84m cf (6).

(8) fu en fait "personne adulte de sexe masculin" exprime la surface du lot attribué à chaque famille, équivalent à 600 x 600 chi ce qui pourrait être 120 X120m à savoir encore 14.400 m2 cf. (6).

(9) "Verticales", en regardant un plan orienté nord-sud dans la hauteur, les voies de haut en bas, ou "horizontales" est-ouest celles de gauche à droite.

(10) Travail auquel s'est livré Michel Cartier "Suzhou, des plans à la ville' contribution aux Rencontres Franco-chinoises d'Architecture Comparée, Paris: I.F.A., 1987.

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SUZHOU

Les habitations * y Pierre CLEMENT Sophie CLEMENT-CHARPENTIER Emmanuelle PECHENART

Ce texte s'inscrit dans le prolongement du rapport : Suzhou, forme et tissus urbains, I.F.A. - S.R.A. , Juillet 1985

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1957-1987

Nous avions précédemment ébauché l'analyse du tissu urbain en décrivant le découpage de la ville en ilôts et de l'ilôt en parcelles.

Nous allons maintenant pénétrer dans la parcelle pour y repérer l'organisation de l'habitation et l'utilisation de l'espace.

L'observation de nombreux plans de demeures familiales de Suzhou nous est possible grâce à une compilation non commentée, publiée en 1958 par les sections d'architecture de l'université Tongji, sous la direction des professeurs Chen Congzhou, Luo Xiaowei et Chen Wan (1). Il s'agit pour la plupart d'habitations de familles aisées ou même très riches; s'intitulant toutes "ancienne habitation de la famille Yang, Li ou Wu". Les relevés ont été réalisés à l'époque où les intellectuels devaient participer au travail de production sur le terrain dans les années 1957-58. Ce fut le moment de la collectivisation massive qui fut déterminante pour l'utilisation des maisons. Celles-ci se virent brutalement transformées de maisons unifamiliales - certes parfois pour de grandes familles - en habitations collectives abritant tout à coup un nombre important de familles indépendantes. Les propriétaires ne conserveront généralement que l'usage d'une petite partie : quelques pièces d'un appartement ou au mieux un ensemble de pièces autour d'une cour.

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».«. nH c m b

M P *

Jardin du Maître des Filets. Maison Pan : éléments décoratifs :

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transformation de l'usage à l'aide de quelques exemples précis. Nous avons pu pour notre part, à l'occasion d'une mission effectuée en Mars- Avril 1987, observer après 30 années comment ces habitations se sont transformées de "maisons" en "quartiers" par une densification intérieure, par la division de l'espace et la multiplicité des unités familiales, par la remise à plat d'une hiérarchie spatiale et d'un ordonnancement, qui d'une grande composition à cours successives et à fonctions différentes a fait une multitude de cellules d'habitations se nichant dans tous les recoins aménageables. Le jeu de cours et de circulations y a rendu la vie possible, mais la faiblesse des ressources des habitants et la précarité de leur installation n'a guère permis l'entretien des éléments architecturaux et décoratifs : boiseries, menuiseries, lattis, terres cuites sculptées, portes décorées, cours et jardins. D'autres maisons ont connu un sort différent; elles furent transformées en locaux administratifs (école, poste, bibliothèque, association professionnelle...) ou en lieux touristiques ouverts à la visite comme les jardins publics actuels. D'autres furent détruites pour faire place à des usines.

Les plans

L'étude des plans à notre disposition permet de dégager certaines constantes dans la structure des maisons traditionnelles de Suzhou, qui s'imbrique très étroitement avec la forme de la ville elle même.

D'abord la double structure des voies, rues et canaux, détermine un double système d'issues aux habitations : elle désigne la façade sur la rue comme principale, honorifique, et ménage un accès de service relié au canal par un escalier et un petit embarcadère.

Ces circulations sont d'une importance capitale pour la sécurité, laissant des issues bien accessibles dans ce tissu très complexe.

Par ailleurs, la composition est adaptée à un tissu urbain très dense, très peuplé, réalisant une utilisation très

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Maison Pan. Cour autrefois devant lai bibliothèque. Maison aujourd'hui redivisée pour ^

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complète et rationnelle du terrain.

Au milieu de cet habitat en parcelles compactes, l'aménagement des cours intérieures permet d'assurer ventilation et éclairage aux pièces qui les entourent.

Elles répartissent des habitations vastes, comprenant plusieurs cours, en éléments cohérents, reliés entre eux par des passages, portes ou galeries, qui peuvent constituer des ensembles quasi indépendants : partie de réception, logement et chambres, communs et chambres des domestiques...

Les circulations directes ou détournées offrent en outre des possibilités multiples d'accès et transforment à volonté l'espace ; elles détournent de manière judicieuse l'exigüité de certains lieux pour donner l'impression d'espaces beaucoup plus vastes qu'ils ne le sont en réalité. Le même procédé est la règle dans les jardins insérés dans le tissu de la ville, où le terrain est économisé et où son découpage multiple donne l'illusion de parcelles aux dimensions beaucoup plus grandes. Impressions de rues et maisons ordinaires

Nous serions tentés de distinguer deux types d'habitations : les maisons qui composent le tissu ordinaire, petites maisons tassées autour d'une cour, et les grandes habitations riches possédant un jardin ou plusieurs. Les premières se serrent sur des parcelles étroites, et entourent par deux ou trois bâtiments une cour minuscule, simple puits de lumière, sur lequel s'ouvrent des pièces d'habitation aux dimensions réduites.

Sur ces maisons modestes nous ne savons presque rien, nul ne les a décrites, nul ne les a dessinées. Mais on voit bien qu'elles se rattachent aux habitations composant le tissu ordinaire des villes du sud du Yangzijiang : maisons à deux ou trois ailes entourant une cour fermée par un mur et une porte d’accès. Maisons que nous retrouvons à Hangzhou, Nankin ou Shanghaï. Tentons, au travers de quelques impressions de

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"(...) les maisons, alignées en bande, peintes

en blanc, se distinguent par une porte foncée et Hôtel des collines parfumées, Pékin ST ET

■ m m m _ m w m m

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rues, de cerner les différences entre ces maisons du Sud du Fleuve et celles du Nord de la Chine.

D'abord les couleurs : aux maisons grises de Pékin, de briques et de tuiles de terre cuite de la même couleur, le Sud offre des contrastes de blanc et de noir. Les maisons, alignées en bande, peintes en blanc, se distinguent par une porte foncée et l'encadrement souligné des ouvertures. Ces couleurs du Sud sont celles qui ont été mises en oeuvre par leoh Ming PEI (originaire de Suzhou, où il a passé une partie de son enfance), dans l'Hôtel des Collines Parfumées, près de Pékin, opposant sur un fond blanc des découpes d'ouvertures noires.

Cette opposition de couleurs est à rapprocher de celle des

volumes et on est tenté ici encore d'opposer le Nord et le

Sud, et de rapprocher le Sud des maisons méditerranéennes aux volumes simples, peintes en blanc et jouant sous la lumière. Ce côté méridionnal est accentué à Suzhou, comme à Nankin, par la présence en ville d'alignements de platanes, bordant rues et maisons, et qui seraient d'ailleurs une importation française, relique d'une période de concession comme semble l'indiquer le terme faguo wutong , "sterculiers français", c'est-à-dire platanes.

Aux premières chaleurs, ces maisons s'ouvrent et laissent déborder tout le bric à brac du mobilier intérieur dans la cour, sur la rue, sur le carrefour, ou encore sur des renfoncements minuscules, accidents d'une trame régulière formant places. On étale à l'extérieur, à l'air et au soleil, tout ce qui peut sécher, rappelant là encore des traditions de notre Midi, comme toute cette vie en plein air qui s'instaure dès les beaux jours. La rue devient une annexe de ces habitations étroites et débordantes et sert alors tout à la fois de salle de repos, de salle à manger, de cuisine ou même de salle d'eau. Les puits en effet sont nombreux à l'extérieur des maisons, fermés par des margelles à l'embouchure étroite qui les rendent sûrs et d'usage facile, d'autant que l'eau à Suzhou n'est jamais très loin de la surface. Pour nombre d'habitants ils sont l'unique point d'eau disponible, et sont en permanence entourés de gens occupés à préparer les

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Fig.l : Ancienne maison Lu, ruelle Yangjia.

(d'après Suzhou jiu zhuzhai, p.83) Etage 1. Entrée principale 2. Cour 3. Salon 4. Chambre 5. Cuisine 6. Chambres 7. Cellier 8. Entrée de service Occupation de la parcelle

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légumes du repas, à faire la lessive ou la vaisselle. Plus nombreuses encore sont les habitations qui ne disposent pas de toilettes particulières. Des équipements collectifs sont répartis régulièrement, surtout le long des canaux, où des bateaux affectés à cet usage récupèrent les matières qui serviront d'engrais pour les cultures proches de la ville.

Deux autres aspects de l'image générale de Suzhou révèlent de façon significative la façon dont elle se démarque des villes du Nord.

Il s'agit d'abord du tissu urbain également beaucoup plus serré : plus de ces larges avenues parallèles découpant les villes septentrionales en larges îlots, mais des avenues beaucoup plus étroites et des quartiers moins étanches les uns aux autres. Sur certaines rues s'alignent des séries de maisons en bande, à un étage de panneaux de bois foncé très largement ouvert, contrastant avec le mur de maçonnerie peint en blanc du rez-de-chaussée.

D'autre part, les pièces d'angles des îlots d'habitation, sont fréquemment utilisées à des fins commerciales. Ces boutiques disséminées par toute la ville, au coin des rues, en modifient considérablement l'image.

Une petite maison

pig. 1 Pour illustrer les maisons ordinaires de petites

dimensions, nous disposons du plan de l'ancienne maison Lu dans la ruelle Yangjia. Il s'agit d'une maison, compacte à un étage, se développant en L autour d'une cour minuscule de deux mètres sur quatre. La parcelle n'a guère plus de six mètres de large sur huit de profondeur environ. Elle s'ouvre latéralement vers l'est par l'entrée principale qui conduit à la cour. Celle-ci est entourée de murs sur les deux côtés qui ne sont pas bordés par les bâtiments.

On tourne vers le nord pour pénétrer dans la pièce principale de l'habitation exposée au sud. De là on accède aux

Figure

Fig 1  Ce  texte,  très  précis  sur  la  description
Fig  1  :  Modèle  de  capitales  royales  selon  l'Interprétation  du  K a o a o n a a l  (rite  des  Zhou)
Fig  2  :  Exemp les  de  capitales
Fig  4  :  Les  quartiers  résidentiels  de  Pékin  des  Yuan  à  nos  jours
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