CONSTRUCTION D’UNE PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE
« LA PUBLICISATION DE LA SCIENCE AU MUSÉE »
Fiorina VETULI
Doctorante Sociologie Art, Culture, sous la direction de Marie-Sylvie Poli.
Laboratoire CSRPC Roma1 – Université Pierre Mendès France de Grenoble – France.
MOTS-CLÉS : CULTURE SCIENTIFIQUE – MÉDIATION CULTURELLE – MUSÉE DE SCIENCE – CENTRE DE SCIENCE – PUBLIC – PUBLICISATION DE LA SCIENCE – DÉBAT
RÉSUMÉ : Nous présentons ici la construction d’une problématique de recherche autour de la thématique « la publicisation de la science au musée ». Notre objet d’étude concerne la mise en débat public de la science au musée. En effet, le discours des musées de science et des centres de science ne se limite plus au savoir et à leur stricte mission pédagogique.
ABSTRACT : We present here the construction of one research problem about the theme “the mediation of science in museum”. Our research object concern the way of museum to put the science in public debate. Indeed, the speech from museums of science and centres of science no limit himself at knowledge and at them strict mission pedagogic.
1. INTRODUCTION
En 2008, le discours des musées de science et des centres de science ne se limite plus à traduire du savoir et à une mission pédagogique stricte. Les visiteurs sont désormais interpellés pour réfléchir aux répercussions éthiques, sociétales, économiques et médicales des sciences et techniques (« Culture et Musées » n° 10, 2007).
La première partie de cet article présentera la question principale de notre recherche. Les hypothèses de travail seront explicitées dans la seconde partie. Puis, la troisième partie sera consacrée à la présentation des différents cadres théoriques dans lesquels s’inscrit notre recherche. Enfin, quelques concepts fondamentaux pour notre étude seront exposés.
2. OBJET DE RECHERCHE
Notre sujet de recherche concerne principalement les changements du discours de la médiation muséographique qui tend à la publicisation de la science, à la mise en débat de la science. Comment les différents acteurs de la médiation muséographique (concepteurs d’exposition, experts scientifiques, experts en communication, médiateurs culturels et publics) participent aux changements du discours muséographique qui ne se limite plus au savoir mais qui est également éthique, politique et économique ?
Parallèlement, une autre question nous intéresse : le musée et les expositions temporaires d’actualité scientifique, traitant de questions science et société, permettraient-ils de développer et d’apporter aux scolaires de nouveaux outils didactiques élaborés en interaction entre l’école et le musée afin de développer, et ce dès le collège, un regard pluridisciplinaire et un esprit critique sur la science et ses applications ?
3. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL
♦ Les publics, dont les publics scolaires, auraient une place et joueraient un rôle dans la façon dont
les musées de science intègrent aujourd’hui les questions d’éthique et de société.
expographiques » de plus en plus homogènes, permettant virtuellement à tous les acteurs de faire valoir leur point de vue. Là encore, la question des scolaires est centrale.
♦ Les acteurs de la médiation muséographique participeraient ainsi à certains changements du
discours muséographique.
♦ Le public scolaire serait-il un public spécifique ? Ou des médiations culturelles spécifiques
seraient-elles mises en place pour les publics scolaires ?
♦ Y aurait-il un discours muséographique spécifique pour les scolaires construit en amont par les
acteurs ? On pense là aux modalités discursives à visée pédagogique.
♦ La formation continue des médiateurs culturels (par exemple, les formations proposées par
l’OCIM) jouerait un rôle sur les médiations culturelles proposées au musée, notamment sur la mise en débat public et sur la réflexion vis-à-vis des sciences et des techniques.
♦ Analyser les rapports entre école, musée et science permettrait également d’étudier la question
de la formation aux débats et à l’esprit critique.
♦ Les politiques nationales et/ou locales auraient une influence importante sur la mise en culture et
la mise en débat public de la science, notamment au musée.
4. UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
4.1. Sociologie de la culture (Olivier Donnat, 2003 ; Mathieu Béra et Yvon Lamy, 2003)
Le premier cadre théorique de cette recherche est la sociologie de la culture. C’est une réflexion sur les pratiques muséales des publics, les usages sociaux du musée de science envisagé comme système culturel, et les effets sociaux des visites de musées de science sur les rapports science – société.
4.2. Muséologie (Jean Davallon, 1986,1999 ; Marie-Sylvie Poli, 2003 ; Bernard Schiele, 1988) Cette étude s’inscrit également dans le champ de la muséologie, défini par Mathieu Béra et Yvon Lamy (2003, p. 60) comme « une forme spécifique d’intérêt pour les publics qui se loge à la frontière de la communication, des sciences de l’éducation, de l’histoire et de la sociologie ». En effet, nous souhaitons mener une réflexion sur les relations entre musées, publics et rapport(s) au monde, rapport(s) aux représentations, ainsi que sur la construction du discours muséographique et de ses stratégies discursives reliées à des situations de communication complexes.
4.3. Sociologie des sciences (Michel Foucault, 1969 ; Bruno Latour, 1996)
Nous souhaitons également mener une réflexion sociologique sur les sciences et les techniques, en particulier sur les processus de production, de diffusion et de mise en culture de la science. Nous partons du postulat que la science n’est pas neutre, elle fait partie d’un système social, économique, et politique. La science est donc située dans un contexte, une épaisseur historique et des interdiscours éthiques et économiques.
4.4. Didactique des sciences (Éric Triquet, 2006 ; Jean-Louis Martinand, 1994 ; Louise Julien, 2001 ; Thouin Marcel, 2001)
Enfin, cette recherche s’inscrit dans une approche didactique des sciences. En ce sens, elle se veut aussi une réflexion sur l’enseignement, la culture scientifique à l’école et la formation au débat et à l’esprit critique.
5. QUELQUES EXEMPLES DE CONCEPTS SUR LESQUELS S’APPUIERA NOTRE RECHERCHE
5.1. Médiation culturelle
Nous entendons par médiation culturelle une situation qui fait dialoguer trois pôles : les publics (sujets de la médiation qui ont l’intentionnalité de construire une relation intersubjective : réception et interprétation), les musées ou établissements culturels (situation d’énonciation ou cadre de références) et les objets (matériels ou immatériels) ou idées (support expressif ou symbolique) (Jean Caune, 1999).
5.2. Culture scientifique
Nous définissons ici la culture scientifique comme un « ensemble de capacités, de connaissances et de savoir-faire spécifiques s’accompagnant d’un regard critique sur la science et ses rapports avec d’autres champs de l’activité humaine » (Ghislain Arsenault, 1994), comme l’appréhension des rapports science et société (Éric Triquet, 2006).
5.3. Publicisation de la science
publiques, et non comme exclusivement, ou d’abord scientifiques (Bernard Delforce, 2004). Publiciser la science, ce serait selon cet auteur, mettre la science en débat public.
5.4. Discours
Nous empruntons le concept de discours à Michel Foucault. L’auteur définit le discours comme un
ensemble de pratiques discursives, de règles qui mettent en série des énoncés ; une pratique
discursive est un ensemble d’éléments qui font « sens » (Michel Foucault, 1969).
CONCLUSION
Au terme de cette présentation de la construction de notre sujet de recherche, il apparaît que « la publicisation de la science au musée » est un vaste sujet. Plusieurs sujets de thèse sont possibles. Il va de soi que dans ma thèse je ne pourrais traiter l’ensemble des questions soulevées ici. Des choix vont donc devoir être faits afin de spécifier l’objet de la recherche.
Étudier les relations entre musée, science, débat et école sera l’objet central de mon analyse. La question de la formation au débat et à l’esprit critique sera le fil conducteur de ma recherche.
Travailler sur la mise en débat de la science nécessite de s’interroger sur le contexte politique de cette publicisation. Le fondement épistémologique restant que la science n’est pas neutre, qu’elle fait partie d’un système social, politique, économique et pédagogique.
BIBLIOGRAPHIE
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