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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Du sens de la technique dans les formations d'ingénieurs et dans l'enseignement en général

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DU SENS DE LA TECHNIQUE

DANS LES FORMATIONS D'INGENIEURS .u ET DANS L'ENSEIGNEMENT EN GENERAL

J. MICHEL

MOTS CLEFS FORMA TION D'INGENIEURS TECHNIQUE DE SYSTEME - MACROPEDAGOGIE .

ANALYSE

RESUME: La réflexion sur les formations d'ingénieurs permet d'éclairer le débat sur l'insertion de la technique dans l'enseignement de base . La principale question qui se pose réside dans l'interprétation du sens de la technique. CeBe-ci peut-être définie ,de manière systémique , comme une relation entre des finalités ou besoins et des ressources ou compétences et cela à travers des produits et procédés . Il résulte d'une telle présentation de la technique une nouvelle perspective pédagogique , voire "macropédagogique" , qui met en relation technologique , économique et humanisme.

Former des ingénieurs ayant conscience de leurs responsabilités face

à

la technique et

à

la société , former des hommes capables de comprendre le sens profond de la technique telles seraient les priorités pour des politiques de formation adaptées ànotre temps .

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1. DES INGENIEURS, DE LA TECHNIQUE ET DE L'EDUCATION

Pourquoi parler du "Sens de la Technique" dans les formations d'ingénieurs à l'occasion d'un débat sur l'éducation technologique de base dans l'Ensei-gnement Général ?

Il est d'abord évident que la reflexion sur les formations d'ingénieurs, peut apporter un éclairage intéressant sur les rapports entre éducation et technologie dans la mesure où ces ingénieurs sont en grande partie à l'ori-gine même des évolutions technologiques.

Mais trois autres raisons plus directement reliées à une problématique de l'éducation technologique justifient le choix d'une communication sur les formations d'ingénieurs.

a)· La technique, la technologie restent, en France, des mal-aimées de l'Ensei-gnement et cela quels que soient les niveaux de formation concernés. Les formations d'ingénieurs présentent les mêmes symptômes d "'indifférence" à

l'égard de la technique que les formations scolaires de base. En d'autres termes la relative occultation de la technique dans les projets pédagogiques des établissements français de formation constitue un trait socio-culturel majeur commun à toutes les formations.

L) Les ingénieurs restent, en France du moins, essentiellement des "généralis-tes", des "gestionnaires de projets technico-économiques". Ainsi au cours des trente dernières années les Ecoles d'Ingénieurs et notamment les plus prestigieuses d'entre elles", ont su développer des programmes de haut niveau et de qualité dans deux grands domaines :

- d'une part l'éducation et la recherche scientifiques, comme en témoignent le développement spectaculaire des doctorats d'ingénieurs ou la création de nombreux centres de recherche au sein des Ecolesj

d'autre part la formation en économie, gestion et maîtrise des projets cette orientation n'est pas vraiment nouvelle puisque les ingénieurs français ont toujours été à la pointe de la réflexion sur l'économie, et en particulier sur l'économie publique et sur les méthodes de choix écono-mique (on peut presque parler d'ingénieurs-économistes).

Mais la troisième composante d'une véritable formation d'ingénieurs (outre la science et la gestion), à savoir la technique, est particulièrement mal intégrée, voire sacrifiée (ou par réaction excessive inverse, peut devenir

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hypertrophiée, magnifiée abusivement au détriment de la compréhension du sens de cette technique).

Les formations d'ingénieurs, comme l'enseignement en général, vivent une relation ambigüe, problématique avec la technique.

c) Au delà de la technique, c'est essentiellement la "Culture technique", ou plus fortement encore la "Culture industrielle" qui est occultée, bradée. Si l'enseignement se situe mal par rapport à la technique, cela a quelque chose à voir avec l'attitude générale, indifférente, voire défiante ou hostile, face à l'industrie et ce que celle-ci représente dans notre société. La prise en compte du fait technique dans l'enseignement pose plus fondamen-talement le problème de la relation de cet enseignement à la "Culture Industrielle".

Les Ecoles d'ingénieurs ont récemment cherché à prendre en considération cette "Culture industrielle", qui met en relief l'importance de certaines notions clés comme l'information, la communication, la méthodologie, les relations sociales etc ... Le fait technique est une composante de la Culture industrielle. Mais il ne doit pas en être l'unique manifestation -survalo-risée-. Tout le problème de l'éducation technologique réside dans cette relation à re-considérer entre le fait technique et la culture industrielle.

C'est ce que nous allons essayer de montrer en précisant ce que nous pour-rions appeler le "Sens de la Technique".

2. LE SENS DE LA TECHNIQUE

La technique est fondamentalement l'expression d'une relation, d'une articu-lation, ou encore d'une communication entre:

des ressources, des moyens, des compétences des finalités, des besoins, des nécessités ;

- et cela grâce à la médiation d'objets, de produits ou de procédés -dits techniques.

Moyens Compétences

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La technique étant comprise comme une relation (ou encore comme un systèm~,

on perçoit aisément que l'occultation d'un ou de plusieurs termes de l'arti-culation peut produire un appauvrissement du sens de la technique, voire un contre-sens sur la technique.

2.1. Occulter ou oublier l'objet, le produit, c'est aller vers une industrie stérile, une industrie ou une société qui n'invente plus, qui n'innove plus, qui vit sur ses acquis ; et qui dans certains cas se transforme en une bu-reaucratie ou même disparait purement et simplement. Inversement, recentrer une industrie sur son objet, son produit, c'est lui donner des chances de renaître, d'évoluer et s'adapter.

2.2. Occulter ou oublier les finalités, les besoins, c'est à coup sûr aller à

l'échec commercial, voir à l'échec socio-économique. Ne pas considérer les utilités, les nécessités, c'est faire de l'objet technique une fin en soi et c'est aussi produire des 'Inonstres techniques". C'est également justifier une technocratie qui ne peut plus ou ne veut plus remettre en cause ses options techniques.

2.3. Occulter les compétences, oublier les ressources, les moyens, les savoirs et les méthodes, c'est croire en une certaine forme de génération spontanée des produits et des techniques. C'est dévaloriser l'entreprise et ses tra-vailleurs et c'est perdre l'essentiel de sa propre culture technique. Cela conduit à coup sûr à acheter ailleurs ce que l'on ne sait plus ou ne peut plus produire et c'est créer ou accroitre une dépendance ou des déficiœ extérieurs.

3. TROIS PROBLEMATIQUES A L'OEUVRE

La technique,. présentée comme une relation entre trois "préoccupations", prend une signification profonde, un Sens, que nous allons tenter de cerner en examinant les trois problématiques à l'oeuvre dans la technique

3.1. La problématique de la nécessité, des finalités ou des besoins

Les objets techniques sont essentiellement produits pour être utilisés ou "consommés" par des hommes, qu'ils soient des consommateurs individuels, finaux ou qu'ils soient des utilisateurs professionnels, intermédiaires (entrepreneurs, artisans, ouvriers, etc ... ). Les produits et procédés sont faits pour l'homme et/ou pour une société déterminée. Ils répondent à des

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besoins précis, à un moment donné, en un lieu donné. Cette première considé-ration conduit à dégager trois idées-force :

a) La technique est une réponse à des besoins

Il existe toujours, plus ou moins élaborée, plus ou moins exploitée, une demande préalable au processus de création technique, demande essentiellement de nature sociale. La différence entre science et technique est grande à cet égard: la science peut exister en dehors de toute nécessité, si ce n'est celle de la spéculation du chercheur. Les besoins fondent la technique (et celle-ci d'ailleurs engendre alors de nouveaux besoins). Ces besoins sont contingents, fluctuants. Les plus grandes réussites techniques sont celles qui apportent les réponses les plus pertinentes à des besoins parfaitement analysés et compris: l'AIRBUS par exemple. Faire oeuvre technique nécessite donc de savoir percevoir les besoins et d'accepter ceux ci comme guide pour la mobilisation des compétences techniques.

b) La technique répond aux besoins des hommes elle est une relation à

l'homme, en société

Ignorer cette réalité, c'est perdre le sens profond de la technique. Il est d'ailleurs symptomatique de constater que le contrôle social sur la tech-nique s'exerce avec force voire avec violence, lorsque la techtech-nique se déve-loppe au détriment de l'homme ou est perçue comme une atteinte à l'intégrité de l'homme ou de la société (voire l'attitude face aux techniques nucléaires, aux techniques d'armement, ou aux systèmes techniques polluants,) ...

Il est donc essentiel d'être en relation avec l'homme pour faire oeuvre technique : les plus grands de nos ingénieurs sont notamment ceux qui savent être à l'écoute de l'homme et de la société.

Technique et humanisme paraissent profondément indissociables.

c) La technique est aussi une "communication" entre les hommes : elle est une médiation. L'objet produit est à la fois médium et message. Pour s'en convaincre, il suffit de constater l'importance des "écrits techniques" tels que "normes", "brevets", "cahiers des charges", "descriptifs", "prospectus technico-commerciaux", ou encore les investissements dans les présentations orales, visuelles ou audiovisuelles à propos des faits ou objets techniques

(salons professionnels, films publicitaires, salons INOVA, etc ... ). La technique circule entre les hommes; la technique s'échange. En fait elle n'existe que si elle est pensée comme une véritable communication.

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3.2. La problématique des objets, produits ou procédés ou problématique de la création technique

La technique, relation entre ressources et besoins, présente un point sin-gulier ou même passe par un point obligé: l'objet, produit ou procédéqu'el~

crée. La technique se concrétise, se matérialise dans les objets produits, contrairement à la spéculation scientifique qui produit exclusivement des ex-plications de phénomènes, des analyses de situations et qui n'est pas en me-sure, seule, de créer des objets. D'une certaine façon la technique se rap-proche ici, plus de l'art que de la science. L'objet, ce point singulier de la technique est une création, une synthèse concrète.

De cette deuxième problématique se dégage trois autres idées force a) la technique nait et vit de l'acte créateur

Technique et création sont indissociablement liées. Mais en est-on bien conscient dans les établissements de formation. Les ingénieurs, les techni-ciens sont-ils vraiment sélectionnés pour devenir des créateurs. Sont-ils préparés à inventer, concevoir, créer des objets, produits ou procédés techniques A cet égard la spéculation scientifique n'est pas nécessairement la meilleure formation pour un ingénieur. L'histoire montre même que certains grands ingénieurs le sont devenus parce qu'ils avaient également reçu une formation de type artistique privilégiant l'envie et le sens de la création (en architecture par exemple).

b) la technique opère des synthèses concrètes : la technique est assemblage La création technique est une démarche de nature synthétisante. Les objets créés sont, formellement, des synthèses de ressources ou composantes diverses. Plus encore la technique assemble des éléments, des composants ayant eux-mêmes leur propre détermination technico-synthétique (l'exemple du micro-ordinateur est parfaitement révélateur de cette démarche d'assemblage). L'art de l'ingénieur ou du technicien réside donc dans sa capacité à opérer ou à

élaborer de telles synthèses techniques. On parle d'ailleurs de plus en plus de l'ingénieur comme d'un assembleur de techniciens.

c) La technique se prolonge dans la vie même de l'objet ou du procédé technique

La technique crée des produits qui sont dotés d'une durée de vie détermi-née. L'objet existe pendant ou pour un certain temps. De la même façon que la technique est une synthèse "formelle" (synthèse sur ou par les "formes"), la tehnique est une synthèse "temporelle". Le temps est indissociablement

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lié à l'existence de l'objet technique et doit être intégré dans le processus créateur (ce dont témoignent les préoccupations actuelles sur la fiabilité, la maintenabilité, etc ... ). Maîtriser le temps est une des caractéristiques essentielles du domaine de la technique, contrairement là encore à la science Le temps ne conditionne pas l'existence et la valeur des lois scientifiques qui sont des permanences sur des longues durées alors que la technique et ses objets dépendent directement de lui et varient fortement dans le temps. On peut alors parler du temps technique et se demander par ailleurs si les for-mations (d'ingénieurs et de techniciens notamment) ne privilégient pas trop des apprentissages "hors temps", au détriment de la compréhension du temps technique.

3.3. La problématique de la mobilisation des ressources moyens et compétences

On peut aussi considérer la technique comme une mobilisation ou organisa-tion de ressources et moyens: des hommes (ouvriers, techniciens, ingénieurs, chefs d'entreprise, etc ... ), leur savoir et leur savoir-faire, ainsi que des outils, machines et matériels, c'est-à-dire du savoir capitalisé. La techni-que, pour exister, consomme aussi des matières premières et nécessite des moyens financiers.

Cette problématique de l'organisation ou mobilisation méthodique de ressour-ces donne un relief particulier à quatre nouvelles considérations.

a) La technique est bien, et avant tout, l'oeuvre des hommes.

Elle est le résultat de leur savoir. Elle est leur savoir faire à un mo-ment donné. La technique n'existe pas sans l'homme qui l'engendre et il ya là un point fondamental que l'on a tendance à oublier lorsque l'on parle de technique ou que l'on se préoccupe de formation d'ingénieurs. La technique est la capitalisation des savoirs et savoir-faire des hommes, de leurs com-pétences acquises par expérience et par apprentissage. C'est donc par un véritable recentrage sur l'homme que la technique trouvera son plus sûr développement. L'expression des hommes sur leur travail, la mise en valeur de leur savoir et l'entretien permanent des compétences sont les plus sûrs garants du progrès technique. Faut-il à cet égard souligner l'actualité et l'importance de ces fameux cercles de qualité, groupes d'expression ou groupes de progrès ?

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L) La technique est l'organisation, méthodique, des moyens humains et matériels

La technique est rarement une improvisation sauvage. Elle est très

souvent -et même systématiquement dans le cas de l'industrie concurrentiel~­ une mobilisation pensée, construite, organisée des ressources ou moyens. La méthode est l'âme de la technique. S'il est usuel de parler de la méthode

scientifique, il n'est pas injustifié de parler de la méthode technique ou mieux de la technique. L'organisation du travail collectif, l'intégration des compétences individuelles dans un processus collectif de création et de pro-duction, la gestion perspicace des diverses ressources disponibles à un moment donné, ••. sont autant de composantes de l'approche méthodique de la technique. La concrétisation de cette approche se lit dans des pratiques industrielles aujourd'hui courantes comme celle de l'Analyse de la Valeur, du Design to Cast, relevant de ce que certains appellent la "progrétique".

c) L'organisation technique est en constante évolution

De même que le "produit" est temporellement bien déterminé, l'organisa-tion de la technique, en tant que mobilisal'organisa-tion de ressources, est elle même profondément variable dans le temps. Dans cette évolution, la forme prise par la technique à un moment donné, est bien marquée par ce qui l'a précédée. Il y a donc une histoire technique. Il y a une genèse de la technique. Ce serait une profonde erreur de penser que la seule maîtrise des lois scienti-fiques, universelles et relativement atemporelles, permettrait la création technique à volonté, indépendamment de l'insertion de cette technique dans son temps. De même penser la technique unique à son point ultime d'aboutis-sement, ce serait oublier la nécessaire épaisseur historique -génétique-sans laquelle aucun progrès véritable n'est possible.

L'intégration du temps de la technique, de l'histoire et de la prospective de la technique dans une politique de formation est clairement vitale.

d) La technique est une confrontation permanente et ouverte des compétences et des organisations

La mobilisation des ressources dans une entreprise ou un pays donné est constamment confrontée avec ce qui se fait ailleurs (pensons aux fameux or-din~teursde cinquième génération ou encore à la confrontation entre BOEING et AIR BUS Industrie). La considération de l'ailleurs est une réalité et une nécessité pour la technique, qui ne survit pas à l'autarcie. De même que la

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technique ne peut pas être considérée "hors temps", elle ne peut pas être appréhéndée en dehors des contextes qui la déterminent et en dehors d'une permanence de la confrontation. Une certaine vision "géo-technique", une ouverture internationale réelle, une parfaite maîtrise de l'information spécialisée sont autant d'éléments à prendre en compte dans une politique de formation re-privilé~iantla technique.

4. L'APPROCHE ~~CROPEDAGOGIQUE ET LA FORMATION AU SENS DE LA TECHNIQUE Dès lors que l'on parle de Sens de la technique, de Système Technique et que l'on traite de la technique dans toute sa complexité et sa globalité dans son articulation, il n'est pas, il n'est plus possible de résoudre le problème spécifique de l'enseignement technique ou technologique selon les dispositions pédagogiques traditionnelles, centrées sur les seuls transferts de connaissances techniques.

Dans les Ecoles d'Ingénieurs, on parle désormais de Macro-pédagogie ou encore d'ingénierie macro-pédagogique, c'est-à-dire d'une certaine perspective édu-cative qui se préoccupe non seulement de l'enseignement (ou des transferts de savoirs ou de contenus), mais aussi de l'acquisition des Savoir-Faire et de l'Apprentissage des Savoir-Etre. La Macropédagogie essaye de mobiliser toutes les ressources à la disposition des responsables de formation : enseignements, projets, stages, tutorat, etc •.. De même elle tente de re-trouver des cohérences d'ensemble dans les cursus de formation. La Macro-pédagogie c'est encore un regard original porté sur la formation, ses fina-lités, son organisation et ses résultats.

4.1. Redéfinir les orientations des formations face à la technique

L'analyse du Sens de la Technique amène à penser la formation des ingé-nieurs, des techniciens aussi bien que celle des non-spécialistes de la technique, comme une articulation autour de trois orientations.

a) Privilégier l'écoute et la compréhension des besoins des hommes et de la société

Puisqu'il s'agit de retrouver le sens de la finalité dans le travail de l'ingénieur ou du technicien, c'est par la problématique des besoins que l'on peut parvenir à un recentrage des formacions sur l'essentiel. Cette orientation doit permettre d'éviter les déviations, d'une part vers le scientisme et d'autre part vers le technocratisme, ou le technisme ou

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ou technicisme, fondé sur l'exlusive compétence technique au mépris des besoins des hommes.

b) Privilégier l'objet réel et non le modèle abstrait

Privilégier la conception et la création d'objets et de produits (ou de procédés) et non pas seulement l'analyse, modélisatrice ou théorisante, des phénomènes et des situations. Le travail de l'ingénieur passant inéluctable-ment par ce point singulier qu'est l'objet technique, le produit ou les pro-cédés techniques, il faut donner aux étudiants le goût de l'invention et de l'innovation, le goût de la création de synthèses techniques et de formes ou objets techniques. De même que la problématique des besoins ou des finalités permet un recentrage salutaire, la problématique de l'objet et de sa créa-tion est un solide point d'ancrage pour ré-orienter des formacréa-tions souvent trop abstraites, trop théoriques, trop modélisatrices.

c) Privilégier ce qui valorise et mobilise, judicieusement, méthodiquement les ressources et les compétences

La volonté de valoriser et de mobiliser, efficacement, toutes les res-sources disponibles, et principalement les resres-sources humaines, conduit à développer un nouveau regard sur la technique. Dans cette perspective, on perçoit clairement l'importance des méthodologies de travail - les ingénieurs et les techniciens n'y sont pas actuellement suffisamment préparés -. De même se dégagent l'importance de la communication et de l'information spécialisée (la confrontation), ainsi que l'importance de l'analyse et de la compréhension des contextes socio-économiques, géographiques ou historiques

4.2. Retenir quelques démarches méthodologiques propres à développer le Sens de la Technique

A partir des grandes orientations mentionnées ci-dessus, on peut essayer d'esquisser quelques axes ou démarches méthodologiques indispensables pour mieux prendre en considération la technique dans les formations.

écouter, comprendre et respecter l'homme, utilisateur comme producteur des biens favoriser le développement personnel des jeunes ingénieurs, techni-ciens les enseignements de sciences humaines peuvent être mobilisés à

cette fin, mais c'est surtout l'expérience personnelle de la confrontation avec les autres qu'il faut encourager (stages, séjours dans les milieux non habituels, ... ).

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promouvoir des approches qui valorisent la réponse aux besoins ; il faut plutôt penser au service que l'on rend ou au besoin que l'on satisfait, qu'à la performance technique en elle-même les méthodologies telles que l'analyse de la valeur, le design to cast, etc •.. sont véritablement des bases à enseigner et à faire acquérir non seulement par les futurs ingé-nieurs mais aussi par le plus grand nombre des étudiants de nos Université~

Ecoles, Lycées et Collèges.

favoriser l'analyse et la compréhension des objets et de leurs contextes l'approche systémique peut être ici d'une grande utilité, mais également tout ce qui a trait à l'étude des conditions de production ou d'utilisation d'un produit donné dans des contextes spécifiques doit être développé

(études d'impacts ..,J. Il faut aussi développer les approches qui lient

sciences, ~echniqueet société (histoire des techniques notamment).

la communication et l'information spécialisée sont à la base àu progrès

technique, et plus que de la matière, l'ingénieur transforme de

l'infor-mation : au niveau des pédagogies à mettre en oeuvre, la maîtrise de l'in-formation et de la communication est certainement l'une des priorités à dégager.

apprendro ~ concevoir et â crêer des objets, des systèmes techniques, déve-lopper l'imagination créatrice~ faire pratiquer les techniques de créativité

et encourager les étudiants à produire des réalisations innovantes ; le travail sur projet réel est un axe pédagogique possible, comme le sont les

micro-réalisations techniques que les étudiants peuvent être incité5 à

faire (rôle de la microinformatiqup à cet égard).

l'acquisition des méthodologies de travail et de celles de l'organisation et de l'animation des structures de crêation ou de production, parait indispensable : la maîtrise (ce qui suppose assimilation) de quelques grandes méthodologies de travail peut éviter d'importants gaspillages des

ressources humaines.

donner aux étudiants le sens du temps, ce temps des choses, ce temps de la technique: l'ingénieur, le technicien, vont gérer du temps, l'industriel va travailler en temps réel, sur des objets ayant leur existance dans le temps. Le travail sur projet réel, les méthodologies d'organisation et de

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planification, l'étude des temps de développement des objets et des systèmes techniques sont essentiels.

rechercher autant que possbile le contact avec d'autres mondes, d'autres cultures, d'autres techniques: l'innovation est produite par le choc, par la confrontation des expériences. La formation d'ingénieurs et des techni-ciens est désormais devenue internationale. La mobilité des hommes, les échanges sont désormais au coeur des politiques de formation.

xxx

Au terme de cette analyse, deux considérations se dégagent pour éclairer le débat sur les formations techniques ou technologiques.

La première considération est claire: il ne peut pas y avoir aujourd'hui un développement des capacités techniques des entreprises sans une politique ambitieuse de formation d'ingénieurs, de techniciens, mais aussi de tous les jeunes qui met l'accent sur la rénovation des formations traditionnelles et qui utilise toutes les ressources disponibles et toutes les dispositions possibles pour imaginer et mettre en oeuvre les indispensables innovations éducatives. C'est donc l'approche macropédagogique des problèmes de formation qui peut rendre possible une telle mutation.

La deuxième considération fondamentale réside dans l'affirmation que la technique n'est pas ce que généralement l'on se résigne à considérer qu'elle est. La notion de sens de la technique, mettant en évidence l'articulation entre besoins, produits et ressources, parait devoir faire l'objet des réflexions tant des chefs d'entreprises que des responsables de formation. Il faut retrouver le sens profond de la technique si l'on veut vraiment se former à la technique.

C'est en affirmant plus clairement la volonté de développer chez nos futurs ingénieurs mais aussi chez les élèves de l'enseignement général ce sens de la technique, que devront être conçus les projets de transformation des struc-tures éducatives, que devront être recentrées les formations et pédagogies traditionnelles. C'est en affirmant la nécessité de promouvoir ce sens de la technique que seront conçues les innovations éducatives essentielles pour le développement des capacités techniques des entreprises et de la société.

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