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Postmodernité et bouddhisme zen japonais : d'une sémiotique de lieux, le cas du jardin sec Ryôan-ji

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Academic year: 2021

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(1)

HELENE AUBRY

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Postmodernité et bouddhisme zen japonais : d'une sémiotique de lieux,

le cas du jardin sec Rvôan-ii

Thèse présentée

à l'Ecole des gradués de l'Université Laval

pour 1'obtention

du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D.)

FACULTE DES LETTRES UNIVERSITE LAVAL

QUEBEC

AOUT 1991

(2)

PAGE INTRODUCTION GENERALE... 1 1. A propos de la post-modernité ... 1 2. La problématique et l'objet de la recherche.

Etudes topologiques du jardin-sec, le Ryôan-Ji: La valeur du développement syntaxique des lieux

et la sémiotique... 5 3. La méthodologie... 10

CHAPITRE 1 : L'AXE POST-MODERNE: La PROLIFERATION DES FIGURES-DISCOURS ET L'INDICE D'UNE

STRATEGIE TRANSCULTURELLE... 13 1.1 Une vue globalisante des connaissances et une

systématique ouverte du récit... 16 1.1.1 Les ramifications et le décloisonnement

des discours critiques: le "ici mainte­

nant" et la légitimité du savoir... 2 0 1.1.2 L'herméneutique dans la philosophie zen

et les théories post-modernes... 24 1.1.3 Un phénomène émancipatoire du système

méta-textuel: 1'actualisation des

postulats et la production de sens... 29 1.2 La formalisation de la dénomination des types

de codes culturels et la relation à un principe

d'agencement interdépendant... 3 3 1.2.1 La valeur d'usage et les indications

prescriptives des systèmes culturels et leur articulation d'une mobilité

sémantique... 3 5 1.2.2 L'adoption d'un parcours mobile et les

concepts transhistoriques : une altération des systèmes culturels et une mise en place des déplacements non-linéaires et

(3)

PAGE 1.3 La typologie des structures culturelles et les

valeurs de combinaisons construites sous la

forme d'un système éthique... 41 1.3.1 L'expansion des conjonctions et des

disjonctions comme lieu de coexistence et d'affrontement des stratégies ou des modes de passage d'un système culturel

à un autre... 4 3 1.4 Un espace de transmission des connaissances:

la méta-logique zen et le "rationalisme

occidental" comme l'objet d'étude critique et

analytique des modèles d'abstraction... 46 1.5 Des transformations structurales et esthéti­

ques en expansion: le phénomène de 1'instal­

lation et la critique post-moderniste... 54

CHAPITRE 2 : LE BOUDDHISME ZEN, LE DISCOURS FRAGMENTE D'UN MONUMENT TEXTUEL: LE LIEU-ETAPE

D'UNE PROTO-PHILOSOPHIE ET LA DIALECTIQUE

D'UNE DENOTATION DISJONCTIVO-CONJONCTIVE.. 59 2.1 La mise en contexte du bouddhisme zen et le

lieu d'une reformulation cohérente d'un

système théorique proto-philosophique... 61 2.1.1 Le programme des indices historiques et

la mise en situation d'une stratégie ; l'action événementielle contenue dans

le bouddhisme zen... 69 2.1.2 Les modélisations temporelles d'un noyau

narratif: une relecture du discours zen

de Dôgen... 7 8 2.1.3 L'application d'une colinéarité des

signes : la structuration circulaire d'une chaîne syntagmatique et la valeur d'usage

du

temporin

... 8 6

2.1.4 Le parcours génératif d'un méta-langage et 1'investigation épistémologique des structures profondes du plan de l'expres­ sion: les conditions textuelles d'une polysémie et les particules langagières

(4)

PAGE 2.2 Le

kôan

: circonscrire le contexte sémantico-

philosophique... 2.2.1

2.2.2

L'étude pragmatique de la performativité du "sens-programme": les règles de

cognition, la négation ontologique et l'encodage méta-textuel... L'analyse du statut nominal et le mode de structuration de 1'entendement dans

1'articulation de la logique contingente

du

kôan...

96

111

125 2.3 La fonction énonciative du

sunyata

comme

descripteur d'une unité sémantique dans la codification du dispositif zérologique: les notations ouvertes d'un espace non-représen­ table et l'ultime synthèse de l'éthique et

du silence... . 133

2.4

2.5

2.3.1 Du vide et de la validité du non-narratif comme modèle d'intervention psychanalytique : une levée du discours occidental et la destruction du logo- centrisme... D'une centration délimitative du topos comme système prometteur d'un module: la notion de paroi et l'usage pragmatique d'une notion proxémique et projective. La symbolisation minimale d'un espace de structuration plane :

wall-meditation

dans la mise en oeuvre d'une

activité synthétique, zazen... Les postulats esthétiques et le

designare

expansif comme quasi cause d'une réversibilité historique...

160

175

193

CHAPITRE 3 : L'ETUDE DU MICRO-PAYSAGE ORIENTAL

BOUDDHIQUE. ENONCE D'UN CAS PARTICULIER, LE SITE-JARDIN BOUDDHIQUE ZEN, "LE

RYOAN-JI"... 224

Pré-texte : Récapitulatif d'une grammaire figurale de ce micro-paysage oriental et

in extenso

des considérations morpho-syntaxiques de ce modèle graphémique. Des postulats critiques de Daniel Charles et de la

(5)

PAGE 3.1 A propos de la représentation diagrammatique du

Ryôan-Ji: le formalisme des postulats esthé­ tiques, les raccords entre 1'

artificialis

et la

fonction de

natura rationalis

du site-jardin... 259 3.2 La fonction notionnelle du descripteur stylis­

tique du Ryôan-Ji, le

shoin.

Condition géné­ rale d'une instance prescriptive, le

landscape­

gardening

... 276

3.3 Le fondement d'une cosmologie: la valeur hypothétique du céleste et du terrestre, le diurne et le nocturne comme les éléments d'une

grammaire

in situ

... 298 3.4 Une théorie cosmologique et 1'articulation

d'une mécanique céleste, Cage et la valeur

astronomique cartographique de l'oeuvre, "Atlas Eclipticalis" . Sémiotique de 1'espace, étude du Ryôan-Ji-site jardin et les lois architectu­ rales d'une logique triadique. L'application systématique du corpus peircien sur la tiercéité

et la trichotomie du signe... 321 3.5 Le lieu architectural japonais contemporain et

les postulats critiques de Arata Isozaki: la valeur des paramètres esthético-éthiques du

"Ma-espace-temps" dans la réserve scénographique

du Ryôan-Ji... 335

CONCLUSION... 3 58

NOTES ET GLOSSAIRE... 3 63

(6)

RESUME

Les phénomènes de polysémie et de transcodage des corpus culturels établissent une structure dzargumentation dialectique. Le transculturel et le transhistorique deviennent là des axes centraux dans l'application du pragmaticisme des systèmes en expansion et dans la coexistence des métadiscours actuels et anciens. Le criticisme du métasavoir sur la pluralité des dispositifs hypertextuels permet ainsi une double lecture, celle de la postmodernité et celle de la proto-philosophie bouddhique. De là, on convient d'une réversibilité historique, du structu­ ralisme et du post-structuralisme comme lieux d'une confrontation de la fonction critique des modèles textuels. La postmodernité (fin des années 60 et début des années 70) indique alors, par la mise en place d'une prolifération des figures-discours, le statut des actes langagiers par rapport à une homologie des styles et des genres. Ces composantes littéraires et critiques de ce champ problématique sont étayées théoriquement ici, en faisant appel aux hypothèses discursives des Jean Baudrillard, Hal Foster, Rosalind Krauss, Jean-François Lyotard et Guy Scarpetta. On y note un questionnement soutenu des assises d'une grammaire vi­ suelle pluraliste dont, entre autres, un arrêt sur le concept de champ élargi dans les discours critiques de R. Krauss sur 1'ins­ tallation. En fait, les définitions d'une syntaxe du lieu et de la praxis du

landscape-gardener

seraient comme les deux pôles d'une économie esthétique au fondement même de cette praxis installative.

Les conditions particulières du transhistorique réali­ sent encore une forme de consensus de

1'historia

entre les passa­ ges de frontière d'un tel corpus historique pluraliste et des séquences d'argumentation, dont notamment 1'inclusion de modèles stratégiques. D'où 1'intégration possible des champs de la post­ modernité et de la proto-philosophie bouddhique japonaise, qui

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rejoignent un processus de montage et de démontage des ruines textuelles, en regard d'une dialectique opératoire de conformité et de non-conformité du sens. L'histoire du code, la proto­ philosophie et 1'esthétique bouddhiques zen japonaises entre les 12e et 15e siècles, supposent ainsi une rhétorique et un métalangage dont les règles du savoir véhiculent des paramètres langagiers paradoxaux. Les

kôans

évoquent à cet égard un encodage communicationnel du texte qui exige une réceptivité de 1'entendement hétérodoxe d'après les modèles langagiers performatifs. L'analyse du métasystème bouddhique japonais permet alors une validation critique des corpus textuels afin d'établir une spéculation hypothétique quant aux agrégats interprétatifs.

Le corpus textuel de cette recherche vise principalement les positions de Toshihiko Izutsu, Abe Masao, Martin Colcutt, Hebert V. Guenter, Chung-Ying Cheng, Philip Yampolsky, Robert D. Baird, Tom J.F. Tillemans; ainsi que celles de certains philoso­ phes tels que Nishida Kitaro, Hisamatsu Shin'ichi, Hajime Nakamura, Jacques Masui, T. P. Kasulis, Sung Bae Park, David Appelbaum, et David E. Shaner. Dans ce contexte d'érudition, les approches méthodologiques et théoriques de Roland Barthes, Julia Kristeva, Linnart Mail, Ryôji Nakamura, René de Ceccaty et Gilles Deleuze sont aussi prises en considération comme valeurs d'interprétation de certaines problématiques soulevées en cours d'analyse.

En outre, l'étude d'un concept, celui de vide par exem­ ple, soit le

sunyata,

réfère tant aux discussions sur la valeur symbolique du dispositif zérologique en psychanalyse, qu'à la mise en forme d'un espace de non représentation. Car dans l'état de crise actuelle du discours occidental, le statut même du silence comme de 1'éthique remet en cause la conception du logocentrisme européen. En sémiotique des lieux, 1'étude du jardin sec, le Ryôan-ji, serait en conséquence un tel recoupement

(8)

synthétique de la tradition du système esthético-philosophique bouddhique zen japonais et des théories postmodernes. Cette grammaire

in situ

intervient sur des praxis actuelles en histoire de l'art: soit, a priori, sur les postulats du musicologue Daniel Charles dans ses «Gloses sur le Ryôan-ji» et au niveau du corpus critique sur 1'oeuvre de John Cage.

C'est dans ce contexte que la philosophie cosmogonique et 1'oeuvre «Atlas Eclipticalis» de Cage se définissent sémiotiquement avec le structuralisme, une logique triadique et une architecture des théories du jardin, ainsi qu'une application du corpus peircéen sur la trichotomie du signe. Là, un archétype topologique, le ma (l'espace-temps), permet de circonscrire les paramètres discursifs et cognitifs clés actualisés par l'architecte d'avant-garde, Arata Isozaki. Dans le modèle du jardin Ryôan-ji plus particulièrement, le fondement des propriétés cosmologiques comme valeur hypothétique du lieu architectural, concernerait dès lors hic et nunc les relations céleste/terrestre, diurne/nocturne, dans la redéfinition pragma­ tique d'une grammaire in situ.

Hélène Aubry Marie Carani

(9)

Mes remerciements à Mme Marie Carani pour la poursuite de recherches effectuées dans le cadre du GRESAC (Groupe de recherche en sémiotique de l'art contemporain) sur les systèmes perspectivistes dans la peinture orientale.

(10)

INTRODUCTION GENERALE

1. A propos de la oostmodernité

Historiquement, le ch'an fut à 1'origine des spécula­ tions culturelles de l'Asie, en commençant avec la Chine et par la suite, le Japon, qui en évoque le contenu tout en y apportant certaines modifications ; c'est dans ce contexte que le ch'an devient alors le zen. Le bouddhisme zen présente un système de pensée ayant un type d'enseignement bipolaire, l'école Soto et l'école Rinzai, l'une et l'autre privilégiant la posture désignée sous l'appellation zazen. Toutefois le Rinzai s'oriente vers un procédé de type graduel (gradualisme) par le recours à 1'éluci­ dation de kôans1.

Au Japon, le Bouddhisme zen émerge au 12e siècle dans une continuité empruntée aux cultures indienne et chinoise. C'est à partir du Japon que cette doctrine influença le mode de pensée occidental, d'abord avec la publication complète, en trois volumes, des essais sur le bouddhisme zen (1954-1957) de Daisetz Teitaro Suzuki2 et par la suite, les considérations faites par Alan Watts, Nancy Wilson Ross, Philip Kapleau3, Hubert Benoit, Robert Linssen et bien d'autres:

"Avant 1957, le zen n'était guère connu que de rares spécialistes, sauf dans les pays anglo-saxons, où les Essais de Suzu­ ki, publiés vingt ans plus tôt, avaient suscité quelques réactions, celles notam­ ment d'un jeune bouddhiste anglais, nommé Alan W. Watts,..."4.

Cette mise en contexte explore la traversée d'un champ littéraire, du référent au texte-primitif, c'est-à-dire celui par lequel on laisse transparaître une inscription archaïque du sens (les textes anciens). Déjà, cet état méta-textuel rejoint une

(11)

forme d'encodage, en révélant un sens critique qui est même parfois le sens - dérivé de celui énoncé dans les textes anciens. Il convient de lire ce méta-texte selon un discours articulé par 1'investissement tant oriental qu'occidental. On formule ainsi une synthèse légitime de ce savoir. Jacques Brosse définit, à ce propos, 1'ordre extra-littéraire et la forme d'entendement de cette proto-philosophie, comme la recherche d'une microstructure stylistique et sémantique basée sur cette confrontation des entités culturelles de l'orient et de 1'occident :

"Du Japon moderne, nous est aussi venu le zen, ce qui a certainement contribué au prestige dont ce pays jouit auprès des

intellectuels occidentaux.1,5

Hal Foster tente d'invoquer une lecture du pluralisme et de la postmodernité :

"Art exist today in a state of pluralism: no style or even mode of art is dominant and no critical position is orthodox. Yet this state is also a position, and this position is also an alibi. As a general condition pluralism tends to absorb argu­ ment — which is not to say that it does not promote antagonism of all sorts."6

L'usage de ces langages comprend une voie performative du méta-savoir par le lieu de décidabilité des multi-codes qui sont confrontés à une capacité instrumentale, dans l'altération des systèmes. Ce qui se produit, c'est cette recherche des systèmes centraux, décentrés de leur objet afin de renouveler le sens d'une validité argumentative de la théorie. La critique post-moderne poursuit cette application des composantes méta- discursives selon une actualisation des repères polysémiques. Cette non-fixation sur l'objet unidimensionnel permet d'intro­ duire des règles de fonctionnement, à titre de "conquête théorique du présent à 1'actualisation d'une sociologie de la postmodernité"7. De là, nous pouvons constater que le corpus

(12)

érudit de Jean Baudrillard sur cette "science-noir"8 soulevée dans 1'ouvrage, "A 1'ombre des majorités silencieuses", propulse une forme de discours sémiurgique sur la "glaciation du sens", cette innovation décisive constituant des postulats sur la valeur d'usage de la métastase métaphore dans l'enjeu de 1'hypertextuel. Ces coups d'énoncés dénotent le sens variable d'une logique sémantique par un lieu d'invention, soit le transhistorique, le lieu désertique et la fin du social. Le lieu désertique accorde une mesure dichotomique, avec cette fonction de 1'implosion massive, afin de rejoindre la sublimation du sens, par une forme de désagrégation du gigantisme et de son investissement performa­ tif, ainsi que par "cette forme d'apogée de la banalité"9.

C'est dans cette recherche du pluridimensionnel de cette sphère critique, que Jean Baudrillard mentionne cette "fin-du- social", comme une ouverture vers le champ possible d'une poten­ tialisation du transhistorique, et d'une "montée en puissance" selon une inclusion hétérogénéisante du savoir dans le domaine de l'art actuel. Il faut invoquer cette prolifération des figures qui sont absorbées par une voie dissimulée des citations de son programme de simulations. En ce sens, le registre textuel que nous pensons développer propose une norme de déplacement orientée vers une voie directe du mode citationnel, afin de produire une

"circulation libre" des discours.

Ces énoncés dénotatifs, conformes à une mise en contexte des indices développés dans le champ critique de la postmodernité et de la proto-philosophie bouddhique, rejoignent donc un corpus littéraire actuel. Tout est donc apparemment en place pour relever les conditions hypothétiques de 1'étendue de cette rhéto­ rique du savoir, en rapport avec cette "sagesse éthique" mention­ née comme principe de cette forme unique de postulats dans Tel Quel. Nous verrons en quoi la zérologie et le système de signes

(13)

orientaux connotent les énoncés littéraires de Linnart Mail et de Julia Kristeva, entre autres, le sunyavada et le vide conformes à une application en psychanalyse.

Les agrégats littéraires de Guy Scarpetta questionnent le Ryôan-Ji comme dispositif de l'abstraction, et comme fondement critique de cette condition du transhistorique dans cette forme de consensus du discours sémantique.

Mais l'idée de Scarpetta est de souligner cette référen- tialité au moine zen Dôgen (XIIIe siècle), comme des données significatives en vue de produire cette mise en scène abstraite de 1'avant-gardisme. Autrement dit, nous verrons en quoi la notion "d'entrelacs" trace l'enjeu de souples réseaux, dans une forme de scénario prospectif de ce savoir littéraire et de la proto-philosophie bouddhique, afin d'orienter un jeu d'expérimen­ tation du métalangage.

Or, de ce point de vue, l'usage potentiel de cette réécriture philosophique exige, au terme de cette actualisation du savoir, des mises en correspondance avec d'autres corpus littéraires afin d'analyser la conception instrumentale du véhi­ cule de ces concepts. De plus, le retracement de ce savoir dispose d'une scientificité de la fonction narrative, comme formalisation d'un champ théorico-philosophique. Selon la pro­ grammation de l'hypothèse de travail dans laquelle les connexions plurivoques interrogent le potentiel des textes anciens, d'après une prédominance de classes d'énoncés et une compétence du savoir-transcodé, l'on traite d'une émancipation modale afin de poursuivre le sens d'une paradoxologie, dans sa forme d'actuali­ sation applicable au méta-discours actuel.

(14)

2. La problématique et 1'objet de la recherche. Etudes topolo-gjpues du jardin-sec, le Rvôan-Ji: La valeur du développe­ ment syntaxique des lieux et la sémiotique

Notons ici, que l'objet de la recherche modélise un niveau descriptif du système de représentation dans la mesure où elle formalise les conditions d'une scientificité d'une sémioti­ que afin que le corpus discursif sur le jardin-sec instaure une perspective unifiée de l'étude d'une sociétas-sémiurgique, par son rapport aux formes des lieux.

Dans un premier temps, nous définirons des paramètres selon une étude typologique du Ryôan-Ji. Historiquement, la construction du jardin zen sec à Kyoto au Japon viendrait d'une tradition de cette grammaire figurale bouddhique durant les périodes Kamakura (1191) et Muromachi (1333-1573). Le Ryôan-Ji, selon la définition du topos, cherche à développer une fonction nominale, descriptive qui emprunte aux

landscape gardening

et

landscape architecture

par la formulation logique de la nature et

des propriétés spatiales du site, soit le "modelage" d'un environnement naturel. Nous mentionnerons les formes catégo­ rielles stylistiques du jardin zen sec, notamment les énoncés stylistiques, justifiés par les propres lois du représentamen des jardins désignant les styles

shoin

et

roji.

Le statut différentiel de cette étude topologique propose, comme mode d'analyse stylistique repérable dans le schéma spatial du Ryôan-Ji, la stylistique du

shoin

de ce renvoi ; nous disposons actuellement d'un niveau de lecture de ce modèle de micro-paysage oriental. Nous poserons donc comme modèle d'étude, le "Ryôan-Ji", dont l'analyse sémiotique du lieu permettra de dégager les conditions de structuration de cette morpho-syntaxe. La grammaire topologique du jardin-sec propose un problème actuel, quant à un système forclos opérant selon une forme de commutation avec le sens d'un nivellement

(15)

constructif-artificialiste de cette mise en scène architecturale. Abraham Moles et Elisabeth Rohmer posent cette règle d'observance dans les repères de régulation organisationnelle des formes topiques, dans le lieu du jardin japonais:

"Ici encore le jardin japonais propose à l'esprit occidental une catégorie intéres­ sante puisque, avec un très grand degré d'artificialisâtion, il contraint la nature tout en la respectant, et en jouant directement sur la complexité des micro­ paysages élémentaires"1 .

Les signifiés culturels et la lecture iconographique du dispositif architectonique, dont le lieu du jardin-sec, requiè­ rent une forme d'opérateur, voire un acte distributionnaliste du remplissage de sens. Il faut donc tenir compte du méta-savoir anthropologique et d'une cohérence enchaînée, dans la manipula­ tion des archétypes, selon un mécanisme de montage des strates planaires du in situ. Nous verrons en quoi les règles d'accords au site et 1'instance articulatoire, à partir d'une "grammatica- lité-archaïque" jusqu'à une dérivation du sens originel, inter­ viennent afin de manipuler les niveaux de morcellement d'un

"système formant". Une matrice indicielle sera donc prétexte à une étude du mode de signification du phénomène de 1'installation afin de repérer le niveau descriptif des fondements théoriques d'oeuvres actuelles 11.

Là encore, il faut spécifier qu'il existe un système de praxis plurivoque au sein de l'édification du dispositif installatif, puisque l'ordre d'une terminologie ouverte propose une fonction interdépendante entre chaque énoncé nominal, en rapport avec sa fonction définitionnelle, puisque ici, la terminologie suggère différents plans de cette figurabilité de ce mode de représentation. En elle-même, la nominalisation implique une topologie du lieu installatif et une stratégie d'orientation des déplacements et de la lecture, comprises dans une unité de

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lieux et d'actions, afin de repérer les lois de construction de 1'oeuvre d'art actuelle selon la disposition du lieu installatif. C'est ici bien sûr, une mise en ensemble d'un "cadrage nominal", afin de définir la notion de figurabilité de 1'installation :

earthwork, land art, sculpture site,

art environnemental et

installation qui constituent une forme de référentialité, laquelle relève d'un plan de signification, soit celui de 1'ins­ tallation . Cependant, il faut mentionner que cette terminologie pluraliste utilise une mise en place du même concept, celui de 1'installation. Toutefois, selon l'énoncé de ce "cadrage nomi­ nal", l'on propose une notion de lieux que l'on considère comme variable, selon la forme désignée de 1'inscription de 1'oeuvre spatiale dans son champ respectif (urbain, site naturel, galerie, dispositif architectural). Ici, les résultantes produisent, selon le plan correspondant de leur champ d'inclusion, des "va­ riables spatiales" dans ces grammaires des lieux.

Dans 1

'historia

de 1'installation et du descripteur théorique du corpus homogène des dispositifs installatifs inter­ viennent les postulats critiques de Rosalind Krauss. A 1 ' inté­ rieur des variations concomitantes de 1'installation qui impli­ quent une notion de rapports dans un contexte de production de cette praxis, selon les parties-morcellement du lieu et de son extension (horizontale, verticale, mise en série, céleste/terres­ tre, superposition/assemblage, enchâssement/volumes isolés), Rosalind Krauss propose comme énoncé nominal

: 17expanded field.

Cette terminologie marque le sens d'une rupture culturelle et formelle avec la sculpture moderne. De la même façon elle pré­ sente un sous-entendu à une intégrâtion/inclusion de l'oeuvre d'art spatiale, dans un champ environnant naturel, urbain ou architectural. Nous verrons en quoi les analogies et le contigu deviennent des prémisses méta-théoriques, en vue de produire un corpus-proxémique de paramètres entre le jardin sec et 1'instal­ lation. Ces deux formes empruntent l'ordre scénographique d'un programme d'inscriptions topologiques. Cette procédure relève

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d'un procédé de "modelage sculptural" du champ spatial, à titre de figurabilité d'une périphérie et d'une scénographie du plan de représentation. Nous sommes donc confrontés à des problématiques autres que celles posées par la sculpture moderne.

En art actuel, l'historia de l'installation et la mise en contexte de la production artistique apparaissent vers la fin des années soixante (1968-1970). Ce phénomène est explicable par un problème de discontinuité avec la sculpture traditionnelle et l'utilisation du champ spatial de la galerie, perçu dorénavant comme l'ouverture à un champ environnemental. Par conséquent, la jonction du champ sémantique, avec cette notion de cartographie dans le développement de l'oeuvre spatiale dépend principalement d'une extension géographique, prenant place dans un recouvrement partiel du territoire disponible. Dans ce contexte, la question du parcours et de la circulation dans l'espace scénographique du jardin ou de la galerie soulève l'idée d'un itinéraire:

"For the first time in the brief history of gallery gestures, the visitor is out­ side the gallery."12

Dans l'étude des formes génériques décelables dans la praxis du landscape-gardening, les traits diacritiques du jardin sec sont des "tesselisations-régions" vers une progression, un saut qualitatif qui dispose d'une étendue-planaire du dispositif installatif. Ces niveaux assertifs précisent le sens hypothéti­ que de l'objet de notre recherche. Enfin, pour en définir l'argumentation compositionnelle, il faut invoquer cette critique de Rosalind Krauss dans le contexte de la postmodernité, afin de

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constituer une forme de découpage du sens entre notre probléma­ tique centrale et l'articulation de cette étude topologique:

"Labyrinths and mazes are both landscape and architecture: Japanese gardens are both landscape and architecture; the ritual playing fields and processionals of ancient civilizations were all in this sense the unquestioned occupants of the complex, which is not to say that they were an early, or a degenerate, or a variant form of sculpture. They were part of a universe or cultural space in which sculpture was simply another part not somehow, as our historicist minds would have it the same"13.

Dans ce même ordre d'idée, le transcodage des signifiés culturels permettra d'ouvrir une forme de parenthétisation syntagmatique, selon un rapport d'instance du concept "MA" qui génère une analyse iconographique définissant le topos oriental. Celui-ci comprend sept critères différenciables par leur contenu sémantique. Les éléments terminaux de ce descripteur spatio- temporel unifié proposent des syntagmes minimaux, en vue de constituer des éléments terminaux d'analyse symbolico-esthétique du champ spatial.

Ce pouvoir transformationnel sur la morpho-syntaxe du lieu formule une ordination des lois de construction architecto­ nique. Celles-ci sont repérables par un type de production, soit interne (dedans), ou externe (dehors), ou par la combinaison des deux à la fois. Cette séquence d'assemblage suit une notion d'inclusion/intégration au champ environnant, et par une nominalisation des propriétés formelles, nous pouvons en déduire que cette grammaire-des-lieux applique une valeur d'usage

(19)

expérientielle, à partir de la mise en place des topoï. Brian O'Doherty spécifie cette problématique comme le point central de 1'historia du dispositif installatif:

"This inside/outside confusion is consis­ tent with tilting the gallery on its axis. By exposing the effect of context on art, of the container on the contained..."14.

Ces indices d'orientation, dans les niveaux distingua­ bles des trajets-galerie ou des trajets-site, s'opèrent soit à 1'intérieur de la galerie, ou à 1'extérieur de sa structuration matérielle/système forclos. De ce point de vue, les rapports génériques aux figures d'espace et la scénographie procurent des variations dans 1'élaboration des schémas syntaxiques, selon la fonction d'interdépendance à 1'ensemble ; agencement et emplace­ ment du dispositif installatif, dans un principe d'autonomisation à ce hors-lieu du champ cubique. Lucy Lippard propose cet extérieur non forclos comme indice iconique et formel, dans 1'instance articulatoire de la "substance" et du lieu de représentation :

"The idea was to open the gallery doors, to let in nature and daily life, while art

(sometimes) escaped to the streets and fields"15.

La morphologie installative s'avère prédictible, comme une sphère d'enveloppement (le mur comme grammaire-figurale- clôture), de fermeture ou d'ouverture (trou virtuel dans l'envi­ ronnement urbain, architectural, site naturel) qui exerce une forme de coextension avec le haut céleste et le bas terrestre. Ici, ces deux éléments développent des rapports de verticalité ou d'horizontalité, en opérant une dimension projective de 1 ' in­ corporation des jeux d'homologies du corpus de représentation et de son indicialisation, comme trace du corps-langage dans la substantialité géographique de cette redéfinition de 1'oeuvre

(20)

d'art et de son enchâssement territorial (iconique graphique, matérialité d'un champ géographique fictif-réel).

3. La méthodologie

Cette étude a pour première condition, la conceptualisa­ tion d'un métalangage, afin d'établir les assises hypothétiques de cette recherche. On examinera le statut actuel du savoir de la proto-philosophie bouddhique et les principaux enjeux de son argumentation dialectique, afin d'établir une forme spéculative de la polysémie qui permet la formation d'une érudition et de l'herméneutique contemporaine. De ce fait, ce corpus-cible présuppose une forme de manipulation de la compétence des séquen­ ces narratives de ce métalangage oriental. L'intelligibilité cognitive de cet encodage de paradoxes (les kôans) dénote une "langue quotidienne", selon le système de communication bouddhi­ que et les règles de fonctionnement monastique.

De ce fait, nous appliquerons une relation modale au programme de l'analyse topologique d'un modèle de jardin, le Ryôan-Ji. Une question pertinente se posera quant aux conditions d'un contrôle dans le contexte de cette étude sur le plan langa­ gier; ainsi la sémiotique des lieux permet l'opérationnalité des paramètres, à titre d'optimisation de cette grammaire-topique et iconique. Les instances de formulation logique de cette morpho­ syntaxe cherchent à saisir entre autres, les fondements de la praxis installative, et ce, par une question du sens et de ses problèmes de conceptualisation de ces figures d'espace. Il

Il convient aussi de souligner l'influence de cette "théorie de l'empyrée cosmologique" dans les mises en correspon­ dance de l'analyse des topoï dans les règles architectoniques du jardin-sec, le Ryôan-Ji. Les conditions internes de ce jeu de règles constructives permettent de constituer une forme systéma­ tique d'analyse du corpus peircien sur la trichotomie, et son

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application dans le domaine de l'art actuel et de la production de John Cage: "Atlas Eclipticalis". Cette oeuvre demande des procédures d'analyse dont 1'auto-référentialité exige une lecture cartographique du céleste.

Nous exprimerons ici, le sens des principes d'autonomi­ sation de l'analyse structurale des lieux, en considérant des théories actuelles sur 1'archi-textuel/architexture sur le processus syntaxique et sur les valeurs d'usage des parcours figuratifs et de leurs spécificités dans les entités spatiales, et la grammaire topique. Dans la perspective d'une applicabilité théorique, nous nous référerons, à l'étude d'un système descrip­ tif, aux tableaux sémantiques et aux formules mathématico- scientifiques ainsi qu'au métalangage spécifique à la production du discours architectural que Pierre Boudon a développé dans l'étude d'une sémiotique des lieux.

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CHAPITRE 1

L'axe postmoderne:

la prolifération des figures-discours et 1'indice d'une stratégie transculturelle

Le système descriptif de l'axe postmoderne propose de concevoir 1'instauration des tendances esthétiques dans la mise en place des valeurs de combinaisons. La prolifération des discours et des manifestations esthétiques investit une logique susceptible d'établir une codification légitimée du savoir. Cette codification, tout en produisant une unification des valeurs d'énonciation des dispositifs, semble en partie une valeur substantielle des relations catégorielles, tout en étant une organisation plurielle des référents stratégiques de la culture orientale. C'est dire que la postmodernité sera directement conçue d'après le primat d'un paradigme retrouvé tant par le remplissage des formes développées du discours afin d'articuler la compétence modale de la pluralité des données, que par une fonction englobante des styles qui a recours explicite­ ment à un facteur d'émancipation et cela, en tenant compte des liens de coexistence entre chaque discours et chaque esthétique.

Les stratégies plurivoques de l'art précisent un parcours du sens selon lequel la prédilection des classes syntaxiques présupposent des prédicats qui se réfèrent à la dénomination d'un découpage conceptuel d'une grammaire nominale. Elles sous-tendent la signification d'une ouverture des connais­ sances et des mobilités du savoir narratif. La bi-univocité propre aux conditions et aux usages du discours scientifique correspondra aux trajectoires qui permettent d'accomplir un nouvel énoncé, tout en changeant les règles de la théorie du

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métalangage. Jean-François Lyotard confirme la spécificité de ces postulats par la problématique du système ouvert:

"Elle est un modèle de "système ouvert" dans lequel la pertinence de l'énoncé est qu'il "donne naissance à des idées", c'est-à-dire à d'autres énoncés et à d'autres règles de jeux.1,16

Il faut donc mentionner à l'égard de l'axe postmoderne, un découpage des unités polyphoniques dont l'ensemble constitué renforce l'idée d'imbrication des jeux langagiers et des formes d'esthétiques. La densité respective des pôles indique un type de structuration. Pour que les opérations d'agencements arrivent à proposer des alternatives et une composition plurivoque, il faut en quelque sorte que les dispositifs permettent une liberté de déplacement des données esthétiques ou philosophiques. Les premiers pas vers 1'indication probable d'un tel système sont les valeurs d'orientation des pôles culturels, notamment le schéma d'une stratégie efficiente des valeurs transculturelles. C'est en ce sens que 1'émancipation qui relève d'une condition postmoderne suggère des énoncés intrinsèques nécessitant une forme de décloisonnement des discours critiques. Guy Scarpetta résumait ces considérations en ces termes:

"On voit aujourd'hui un philosophe (et non des moindres) désigner comme post-moderne l'attitude qui consiste à refuser l'expression et la représentation, et traiter l'art et la littérature en termes d'expérimentation, d'agencements et de dispositifs.1,17

Dans l'attitude postmoderne, il existe ainsi l'enjeu d'une double opération et d'une redistribution des codes esthéti­ ques et culturels. C'est ce que formule Scarpetta: une façon de faire coexister les discours esthétiques entre le mode mineur et majeur afin que les champs respectifs des discours puissent être susceptibles de se déplacer l'un par rapport à l'autre. Plus spécifiquement, les énoncés plurivoques signifieraient des jeux de langage différents qui ont une capacité d'actualiser leurs structures. L'importance de cette actualisation se trouvera dans la présentation d'une règle de raisonnement par le biais d'éléments langagiers narratifs qui développent une double fonc­ tion. Cette mise en parallèle sera définie par la mise en

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rapport des énoncés soit, à la fois sous une dimension secrète et cachée, et par une composition qui se manifeste d'une façon plus visible: "On peut même imaginer une structure apparente (formelle ou thématique) doublée d'une composition secrète, ramifiée, microscopique.1,18

Il faut souligner encore l'affirmation d'une crise des spécificités qui se présente comme une logique des discours arrivés au point de saturation. Ces discours par leurs parcours mobiles opèrent un déplacement corrélatif du sens, tout en articulant un ensemble d'éléments qui n'existaient pas auparavant. Ce réarrangement interne des discours esthétiques consiste à développer une stratégie efficiente qui permet un espace expansionniste, d'où est issue la formalisation possible d'une structure homogène des énoncés, tout en préservant pour chaque système langagier et esthétique les traits singuliers et signifiants :

"C'est une banalité de souligner 1'importance de la capacité d'actualiser les données pertinentes pour le problème à résoudre "ici et maintenant" et de les ordonner en une stratégie efficiente.1,19

Ici intervient ce rappel du sens évoqué par le terme "actualiser" pour préciser la question du temps présent. En ce sens, nous posons comme hypothèse le recours à un processus de recherche et de transmission des connaissances, tout en déter­ minant une orientation temporelle du processus cumulatif du savoir.

Car dans sa valeur d' argumentation, ce processus demande un retour à la fonction narrative d'un esprit du temps présent, telle que définie par le concept du "ici et maintenant". C'est

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ainsi une pratique théorique qui va à V encontre du progrès réversible et évolutionniste, telle la théorie critique du pas­ séisme qui conduit la pensée vers une notion référentielle aux "nostos (retour) et algos (douleur)".

La valeur d'usage du "ici et maintenant" implique un référent temporel qui établit un parallèle entre les modes de passage d'une culture à une autre, afin de circonscrire leur pluralité et leur argumentation descriptive. Ce phénomène de transcodage culturel doit donc nécessairement adopter un concept temporel relevant du "ici et maintenant" qui indique les tendances initiales de la postmodernité, mais qui aussi simulta­ nément définit un aspect singulier d'une culture orientale issue de la philosophie du bouddhisme zen.

En outre, la stratégie efficiente pose comme démarche un élargissement des rapports transhistoriques et présuppose une extension des traversées et des enjeux réciproques des cultures. Un nouveau programme théorique basé sur un mécanisme des valeurs transculturelles tentera en définitive de réconcilier un processus idéologique jouant sur deux plans :

1) un schéma structural d'une représentation simplifiée des mécanismes d'intégration des systèmes culturels;

2) l'ordre combinatoire des variations et des différences des structures fondamentales des codes culturels, à partir duquel le système est interprété comme un lieu de coexistence et d'affrontement de stratégies esthétiques.

1.1 Une vue globalisante des connaissances et une systématique ouverte du récit

La réalisation d'un système ouvert est avancée en vue de maintenir une forme de propension du récit émancipé. Ce récit d'émancipation propose à la fois un idéal de transparence et un nouveau champ de positionnement idéologique. On pourra dire que

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par son aspect pragmatique le récit émancipé indique un réseau de trajectoires où 1'invention s'impose comme une production systématique de nouveaux langages et de signes. Afin de figurer le savoir postmoderne, un principe d'usage tiré du globalisme devient une force productive des énoncés. Nous posons ainsi comme question du savoir postmoderne, une fonction du décentre- ment des connaissances, qui interroge les jeux de langage. La profusion des genres et des styles se pose comme une phase actuelle du glissement ou d'un tournant du savoir. Il s'en trouve que les traitements de codes et les transformateurs des dispositifs méta-narratifs constituent des pratiques d'agencement entre chaque code. Sous cet angle, ces dispositifs d'agencements produisent en art des systèmes d'énonciations en tant que forme d'expérimentation.

Les énonciations artistiques assurent la métamorphose des structures des dispositifs. Cette forme d'argumentation conduit à un rendu simultané des manifestations. Le sujet doit lui-même prendre en charge la mobilité des réseaux d'investisse­ ment des énoncés. L'effet plurivoque semble résider dans les passages des jeux de langage qui modifient la structure des récits. Ce type de récit a une structure double qui procure une multiplication des points de vue par une forme de déclenchement répétitif des énoncés. Une altération des systèmes langagiers se révèle ainsi être l'emprunt d'un modèle d'entrelacs. Ce mode d'actualisation sera le lieu privilégié d'une correspondance entre les théories postmodernistes et la philosophie zen.

La structuration en entrelacs fonctionne comme un modèle de l'efficience narrative et ordonne 1'articulation logique de la composition textuelle, esthétique et philosophique. Nous observons la mise en place d'un modèle théorique qui élabore les bases d'un nouveau langage: le jeu de langage où les mots se dépouillent de la pensée. En outre, l'idée de transcendance d'une loi existe comme un énoncé performatif où le contenu

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textuel se décompose en différents éléments qui s'entrelacent dans un ordre nouveau. Les théories postmodernistes parviennent à structurer un ordre de réseaux qui procède à la mise en forme d'un appareil de dissemblance ou de ressemblance. Le type de structuration de 1'entrelacs détermine un dispositif qui constitue une élaboration en chaîne des énoncés. Cette voie du discours se réalise dans des conditions telles que le corps événementiel est conçu comme une suite d'enchâssements des éléments énoncés. Cette opération d'enchâssement forme une superposition séquentialisée des énoncés textuels. On reconnaît là un espace d'assemblage et la définition d'un savoir narratif circonscrivant une pluralité d'éléments.

Scarpetta fait coïncider les énoncés théoriques dans la philosophie zen et la postmodernité, et identifie leurs traits respectifs. Ses propositions impliquent que le sens de la culture orientale intervient autant comme une interprétation théorique qu'à titre de rôle actif manifestant un contenu médiatisé axé sur un discours postmoderne. Cette forme unique du plan de l'expression explicite et fonde à la fois un appareil polysémique complexe. Par conséquent, cette visée privilégiée du textuel suggère une forme langagière paradoxale. Le corps événementiel des énoncés narratifs permet d'inclure une forme d'entrelacs dont l'étendue recouvre l'espace vide:

"En général, les sages (en considérant les entrelacs comme des préoccupations) ont tendance à faire des études pour couper la racine des entrelacs. Et ils n'apprennent pas à couper des entrelacs avec des entre­ lacs. Ils ignorent aussi que les entre­ lacs s'entrelacent avec des entrelacs. Comment sauront-ils, par hasard, que les événements se transmettent d'entrelacs à entrelacs?"20

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La fonction conceptuelle de cette transmission figure de même dans un texte philosophique de "shobogenzo" par un moine zen japonais, Dôgen qui oeuvra dans le contexte historique et dans le courant de pensée de l'école Sôtô21.

Dans une perspective generative, la spécificité d'une telle théorie désigne 1'ordonnancement d'un métalangage qui conserve une valeur de variation. Le pivot narratif, décelable dans 1'analyse d'un segment de récit qui emprunte un procédé stylistique, relève des figures métonymiques, tout en réalisant le seuil des conditions d'une relecture des programmes narratifs d'où l'Orient sera une représentation de l'usage d'une significa­ tion plurivoque du contenu culturel. Paradoxalement, c'est toujours ce concept des entrelacs qui privilégie le développement du plan de 1'expression comme le modèle de référence d'un système où la fonction d'organisation ou de structuration génère son propre métalangage. A première vue, cette configuration des entrelacs dénote visuellement un sens de la canonicité, mais tout autant les énoncés textuels circonscrivent un pouvoir-faire des structures actorielle et spatiale, lesquelles signifient à la fois des notations symboliques et un modèle constitutionnel performant dont la valeur opératoire et non catégorielle fait apparaître un décalage fictif entre les successions d'énoncés. Dans cette perspective, ce point de vue de la figure de rhétori­ que de la "métaphore déviante" assigne dans la relation prédica­ tive de 1'impureté, des visées de la littérarité de Scarpetta:

"Quel meilleur programme postmoderne imaginer-couper des entrelacs avec des entrelacs?...”22.

Cette esthétique propose une interaction des arts qui réfère à des trajectoires de champs de production. Ces champs sont des repères opérant au même titre que les traversées et les déplacements qu'effectuent les participants dans le champ spatial de 1'installation.

Dans 1'installation, le système de manifestation spatiale et son modèle théorique cherchent à dégager les niveaux d'organisations des zones d'enchevêtrements où des rapports de transfert et de projection correspondent à un espace jonctif avec l'objet sémiurgique du lieu, la valeur d'usage de la notion de

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1'entrelacs comme dispositif, problème méthodologique, ou comme application théorique dans le lieu de la représentation de l'installation affirme une fonction narrative qui relève d'une combinaison des éléments prescriptifs du lieu. La composition figurale du lieu dont l'arrangement des entrelacs manifeste des lois de planimétrie ou de volumétrie définit les bases langagiè­ res de l'installation.

Mentionnons aussi que l'apparition de l'entrelacs a comme fonction déterminante sur l'environnement ou le champ topologique de l'installation de déterminer un programme de circulation du sujet. La pratique du parcours dans sa pragmati­ que accède alors à une formule de contemplation ou de déplacement dans le lieu de l'installation. C'est ainsi que commence dans la constitution matérielle du lieu, une mise en place des points de vue perceptifs que le sujet doit parcourir. Les circuits de communication correspondent donc à une fonction corrélative des déplacements dans l'espace topologique et d'un système de traver­ sée des entrelacs. Les dispositifs spatiaux établissent des messages de nature diverse par leurs modèles territoriaux et par un enchâssement des objets de représentation. A cet égard,

l'articulation du champ spatial dans l'installation, les motifs graphiques et l'espace topologique mettent en scène non seulement la mobilité des déplacements du sujet, mais aussi le système de signes du champ méta-opératoire de l'installation.

1.1.1 Les ramifications et le décloisonnement des discours critiques: le "ici maintenant" et la légitimité du savoir

La pluralité du savoir de la pensée postmoderne implique que plusieurs sens participent de la complexification des diffé­ rents discours. La forme narrative de ces discours opère au même titre que des actes langagiers qui circonscrivent en partie un procédé de décloisonnement.

Cette formalisation discursive présuppose un développe­ ment de l'argumentation théorique et la mise en place du plan manifesté d'une sémiotique de la manipulation, en impliquant l'anti-sujet dans les modes possibles de la représentation.

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L'extension des ramifications entre les discours critiques interroge la dialectique dans le sens d'un décloisonnement, d'une ouverture possible du récit. On se trouve donc devant un parcours génératif structurellement et théoriquement stratégique qui présuppose la représentativité d'une rétribution possible des valeurs d'usage d'une vérité altérée. La légitimité du savoir est ainsi une production utopique au sens où 1'entend la production artistique en ce qu'elle semble produire un programme d'usage d'une redis- tribution possible des actes de langage. En outre, cette pro- duction fait coïncider une notion de temps, car les actes de langage peuvent être dénotatifs du temps présent. Puisque 1'actualisation des énoncés pose la problématique des conditions d'investissement des discours critiques, la trajec­ toire de ces énoncés suppose une "dimension de passage" entre les procédés énonciatifs.

Des "dimensions de passages" sont perceptibles entre les divers codes culturels et les niveaux de perception temporelle des énoncés. Autrement dit, 1 'actualisation des énoncés dans sa forme de ramification du savoir narratif fait sens d'après une intentionnalité dénotative "d'ici maintenant". Plus précisément, c'est le contenu textuel de la philosophie du bouddhisme zen qui a recourt d'une façon explicite à cette notion "d'ici mainte­ nant". Le développement d'un concept temporel dans les écrits de Dogen est à la fois un référent important pour le destinataire, mais aussi un processus de lecture des éléments langagiers. Car le mode d'unification des éléments langagiers découle de sa capacité d'articuler un arrangement cohérent, dont la mise en oeuvre permet 1'introduction d'une présupposition temporelle jusqu'alors perçue comme une "soudaineté du temps actuel". "L'ici maintenant" zen souligne donc 1'importance d'actualiser les données textuelles.

L'usage de ce concept sous-tend une forme narrative et philosophique qui suppose comme référent une pluralité descrip­ tive du temps; il consiste en une interdéfinition des valeurs

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temporelles qui sont représentatives de la sémanticité conforme à 1'analyse constitutive de cette terminologie, dont la dénomina­ tion combinatoire de nikon et kyoryaku:

"Dogen's interpretative license thus rests on a temporality of hermeneutics "that reflects the two inseparable dimensions of being-time: the spontaneity of "right-now" (nikon), and the simultaneity of all temporal phases through "totalistic pas­ sage or process" (kyoryaku) .1,23

Dans la postmodernité et le bouddhisme zen, kyoryaku est cette "dimension de passage" qui présuppose un lien avec la pluralité des discours et qui considère la fonction temporelle comme une mobilité de passage d'aujourd'hui à aujourd'hui. C'est du moins l'opinion de Steven Heine qui discute la fonction conceptuelle du temps actualisé dans la philosophie zen:

""Passage from today to today" suggests that the total present is neither a static point isolated from the continuity of time nor an indefinite instant in an endless sequence, but constitutes the focus of temporal passage simultaneously advancing and retreating within itself.1,24

L'intégration des concepts d'"ici maintenant" et "de passage d'aujourd'hui à aujourd'hui" détermine un nouvel espace abstrait qui formule un repère séquentiel. Cette démonstration hypothétique du temps présent résulte en l'unicité apparente d'une même structure temporelle. Les temps passé, futur, sont des postulats qui opèrent comme des notions de combinaisons, et qui sont fondamentalement posés comme un référent déductif du temps présent. Par conséquent, 1' "ici maintenant" fait inter­ venir une construction mentale dont la cohérence interne relève d'une désignation conceptuelle du "présent total". Dans la philosophie zen, ces énoncés théoriques sur le temps présent proposent une détermination globale des équations temporelles, c'est-à-dire qu'il s'établit un rapport équivoque des temps passé et futur, au présent.

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Ce procédé temporel comporte aussi une propagation des connaissances : "The process of transmission is an act of transcendence attainable each and every moment"25. I/ "ici maintenant" nous indique la transcendance comme des prédicats philosophiques et littéraires, perçue en tant que considération idéologique des tendances actualisées. La valeur catégorielle de la notion de temps implique en ce sens une applicabilité des figures, des procédés et des organisations discursives, permet­ tant a priori de circonscrire l'objet de transcendance dans une perspective historico-philosophique de la discursivisation. De ces points de vue, tant critique que philosophique, la trans­ cendance assigne une fonction de la signification temporelle à ces visées réflexives axées sur une perception de l'au-delà. C'est ce qui se dégage d'une approche philosophique transcendan­ tale et de la confrontation avec l'étude des postulats critiques de Vincent Descombes :

"Il faut donc qu'il y ait dans cette philosophie une relation à un certain au- delà. Nous demanderons donc: qu'est-ce qui est dépassé dans la réflexion trans­ cendantale et vers quel au-delà?"26

Cette considération nous amène à élaborer la proposition de l'objet du temps présent qui manifeste un dépassement des notions d'oppositions pour autant que les contradictions soient perçues comme le lieu d'un paradigme et de la coexistence d'une virtualisation du métasavoir. Il y aurait dans la proto­ philosophie bouddhique zen une valeur textuelle de cette interdéfinition du temps présent qui se manifesterait dans la littérarité des figures de représentation du Bouddha et qui fonctionnerait d'après 1'articulation d'un principe, soit une nature déterminante de la fonction manifestée de 1'"ici mainte­ nant". L'optimisation de cette théorie de Dôgen intervenant comme les concepts de

nikon

et

kyoryaku,

afin de saisir les valeurs catégorielles des phénomènes transcendentaux: "There is not time right now that is no time that arrived", he writes.

"There is no buddha-nature that is not buddha-nature fully mani­ fested right here-and-now"27.

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L'unité structurale du passé et du présent est justement une façon d'exposer une théorie de la connaissance. Le sens de l'univocité temporelle se fonde sur la question du sens de la chronologie fictive. La description de celle-ci se veut un regard sur un trajet, dont 1'intensité et l'éphémérité sont des traits attribuables au concept "d'ici maintenant":

"Dogen thus attempts to analyse the struc­ tural unity of past and present in a way that allows for their provisional diffe­ rentiation without collapsing all expe­ rience into monolithic uniformity that blurs rather than clarifies the relation between previous and current expres­ sions" .28

Autrement dit, tout en soulignant l'expérience du moment présent, la raison d'être du concept "d'ici maintenant" comme stratégie temporelle, génère une loi de l'éphémérité de 1'événe­ ment . Dans ce processus temporel, en donnant une orientation à la circonstance présente, la volonté de concentrer 1'instant sera la manifestation double d'une conjonction entre chaque dimension temporelle. Ces conjonctions instantanées découleront d'une situation non conflictuelle entre les passages du passé au présent.

1.1.2 L'herméneutique dans la philosophie zen et les théories postmodernes

La réflexion herméneutique est conjecturale ; par les perspectives théoriques, par ses descriptions cognitives et 1'encodage du métasavoir, elle génère 1'investissement sémantique des discours pluralistes. En outre le dispositif fonctif déterminant la condition du sens de l'herméneutique est formalisé comme une forme d'instrumentation interprétative du champ du savoir philosophique zen et des théories postmodernes. L'inves­ tigation des actes de langage dans 1'argumentation du discours herméneutique établit une catégorisation sémantique en impliquant l'état des procédures interprétatives à travers 1'inintelligibi­ lité et 1'intelligibilité de l'énonciation. De plus, la réfé­ rent ialisat ion à 1'herméneutique, ce modèle théorique destiné à formaliser les questions et les prédicats préalables figure une structure de signification polysémique dont le niveau de décodage

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des composantes textuelles recouvre le sens d'une construction conceptuelle du métalangage.

Ainsi la crise engendrée par l'axe de la communication et 1'instance cruciale du méta-texte scientifique et de la production du discours a produit une condition de l'éthico- philosophique selon un pragmaticisme de l'homologie à l'applica­ tion paradoxale des éléments langagiers. La question de 1'ouverture possible des données instrumentales du savoir accède à l'articulation du modèle narratif pour attribuer à l'axe para­ doxal la compétence autorégulative du système langagier. Cette conception des énoncés paradoxaux est comparable à 1'agencement complexe qui règle le principe d'économie dans 1'ordonnancement des paraphrases de façon à légitimer une dimension cachée du dispositif narratif :

"Le contre-exemple, c'est-à-dire 1'inin­ telligible; travailler à 1'argumentation, c'est rechercher le "paradoxe" et le légitimer par de nouvelles règles du jeu de raisonnement.1,29

Dans la valeur de 1'épreuve qualifiante du sens paradoxal, la question de 1'inintelligible détermine un procédé narratif qui est nécessairement une forme de logique opérant sur le champ du raisonnement. Cette observation intervient en tant que manifestation théorique du discours postmoderne et du statut présent de 1'herméneutique. A cette narritivité postmoderne correspondent alors de nouveaux modèles langagiers qui fonction­ nent comme une production élargie des entités textuelles. Ainsi la relation de concomitance rend compte d'une coprésence des programmes narratifs qui, dans sa mise en discours, semble relever d'un référent stratégique qui interroge les procédures d'intégration des "différences" dans l'usage du savoir. C'est pourquoi, les règles du jeu qui sous-tendent la sémantique, sont perçues comme un principe constitutif de 1 'herméneutique. Il figure comme une réorganisation imprévisible du sens des énonciations et ce, en élaborant narrativement une combinaison du connu et de 1'inconnu. C'est en vertu de cette logique que le participant doit tout d'abord procéder à une étape performative

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dans le niveau de compréhension des modèles langagiers pour décoder le contenu textuel:

"En s'intéressant aux indécidables, aux limites de la précision du contrôle, aux quanta, aux conflits à information non complète, aux "fracta", aux catastrophes, aux paradoxes pragmatiques, la science post-moderne fait la théorie de sa propre évolution comme discontinue, catastrophi­ que, non rectifiable, paradoxale. Elle change le sens du mot savoir, et elle dit comment ce changement peut avoir lieu.1,30

On peut dire qu'une telle mutation annonce une possible extension du sens et marque un tournant vers la philosophie zen et l'herméneutique, tout en contribuant au développement des pratiques artistiques depuis la fin des années 60. Cet aspect est mentionné entre autres par Rosalind Krauss comme fonction de 1'aménagement de l'espace et comme déterminant d'une pratique pluraliste; 1'installation soit; "le champ élargi qui caracté­ rise ce domaine du post-modernisme.1,31

En outre la notion de figuration périphérique énoncée dans la fonction topologique du site et dans son occupation matérielle dans 1'environnement manifeste le décloisonnement des pratiques artistiques ; elle relève d'une terminologie spécifique à la mise en contexte du phénomène de 1'installation soit celle du "champ élargi"

(expanded field)

qui amorce l'idée d'un programme d'inscription des théories postmodernes. Les considé­ rations et la spécificité de cette esthétique proposent une décentralisation de l'expérience afin de produire un contenu où le champ d'action donne lieu à des structures cognitives ainsi comprises comme une surdétermination de la structure modale et épistémique du faire interprétatif. On mentionne dès lors une expérience d'une subjectivité décentrée, en ce sens que la production artistique s'approprie une perspective de 1'investis­ sement en expansion du système de représentation puisque le projet de 1'installation parachève en lui-même une expérimenta­ tion du lieu qui est l'expression d'une synthèse et des effets citationnels des dispositifs architectoniques.

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A cet égard, Hal Foster mentionne encore la diffusion des connaissances et la fonction englobante des esthétiques, notamment, la profusion et 1'interaction des arts, qui seraient les prémisses d'un système pluraliste et qui définiraient bien la notion de postmodernité:

"Meanwhile, the conventions of art are not in decline but in extraordinary expansion. This occurs on many fronts ; new forms, whose logic is not yet understood, are introduced, and old codes, with the "deco­ rum" of distinct mediums broken, are mixed. Such art can pose provocative contradictions, but more often the mix is promiscuous and, in the end, homogenous.1,32

Pour ce critique, la fonction du dispositif et de 1'expérimentation en art actuel sont des structures signifiantes qui traitent d'un lieu de coexistence, de mélange et même de promiscuité des modes d'expression. La lecture du langage visuel dans l'espace où il s'intégre, voire même la stratégie esthétique dans l'ordination de l'oeuvre, est orientée de façon à ce que l'homogéniété soit le fondement théorique de cette démarche artistique pluraliste. L'enregistrement théorique et la formula­ tion pragmatique de ces énoncés descriptifs amorcent 1'investiga­ tion du procédé sculptural dans l'espace environnant en emprun­ tant une problématique précise: celle du simulacre comme traitement des modalités stratégiques du champ spatial33. Nous dirons donc que la production des champs artistiques dans la postmodernité a pour fonction d'établir un phénomène de non- fixation qui développe en partie un concept de déplacement ou de mélange des formes artistiques énonciatives: "Art exists today in a state of pluralism: no style or even mode of art is dominant and no critical position is orthodox.1,34

Dans la postmodernité, le potentiel pragmatique des forces contradictoires ramène avec le concept de pluralité une apparence d'unicité des énoncés. Dans ce montage émancipé s'ins­ taure une synthèse des pratiques artistiques, ce trait se présente sous la forme d'une ramification des discours. L'écroulement des catégorisations rigides comme référent à la postmodernité ; est dirigé vers une valeur d'invention. L'autono­ mie première de cette valeur d'invention se pose comme une

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théorie du discours spécifique à une "indiscipline théorique"35, qui se présente comme 1'application d'un décloisonnement des pratiques artistiques. C'est dans cet esprit, que les pratiques alternatives ou expérimentales ne forment pas une couche composite à part, mais bien un parcours signifiant des tendances actuelles. On observera dans ce positionnement idéologique décloisonné, l'émergence de la citation narrative comme effet de renvoi d'un champ de production artistique à un autre. Le structuralisme intégré au postmodernisme consistera alors en une perspective de diffusion des nouveaux discours dirigée vers un modèle de fragmentation. Ce dispositif cite par lui-même une stratégie mixte des procédés d'énonciations artistiques36. Et on admettra que la modalité des stratégies mixtes manifeste des signes subversifs, tout en suggérant un procédé fonctionnel, afin d'établir une économie des variations qui dégageront les différences manifestes donnant lieu à des formes inattendues:

"Pluralism may also serve as an economic screen"37.

De fait, ce modèle de fragmentation artistique est comparable à un concept philosophique de la proto-philosophie du bouddhisme zen et il signifierait aussi les vues spécifiques de l'herméneutique dans la postmodernité notamment dans l'expression suivante

fusions of horizons

(fusions des horizons). Thomas Dean38 explique l'adoption d'une voie qualifiée de "new present" (nouveau présent) en faisant intervenir une dimension reliée à l'élaboration d'une telle fusion des horizons:

"... a "non dualist" understanding of the "transcending process" which can, in Dean's view, provide the basis for a far more productive approach to cross-cultural studies in philosophy of religion.1,39

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Le transculturel présente dans son système de figuration une structure axiale causée par une traversée de chaque réins­ cription des énoncés, en tenant compte des opérations inverses du champ sémantique et de ses composantes complémentaires. En ce sens, l'utilisation programmatique des traditions quasi-culturel­ les constituera les bases révélatrices d'une référence historique qualifiée de postmodernité. La conception du transculturel en philosophie, manifeste 1 'instance énonciative de la transcendance et de la non-dualité, en tant que prérogatives essentielles d'une réalité constituée à la base d'une "fusion des horizons".

Les observations théoriques comprises dans les condi­ tions du transculturel dénotent des concepts sur la méthode expérimentale puisque la démonstration logique de ce schéma définit des rapports d'interdépendance et de complémentarité entre chaque axiome. Les discours de légitimation du trans­ culturel fonctionnent par la négation proxémique des énoncés narratifs, le procédé existe comme une action de substitution et de combinaison des énoncés. En définitive, les énoncés narratifs et les axiomes ont un caractère épistémologique, ils recherchent une émancipation de la symbolique des fonctions propositionnelles de 1 ' axiomatique40.

1.1.3 Un phénomène émancioatoire du système méta-textuel: l'actualisation des postulats et la production de sens

Dans son ultime synthèse le processus cumulatif des énoncés narratifs propose une méta-question comprise dans le dispositif, tout en tenant compte de l'état émancipatoire du discours. On définit cette manifestation de la "différence" dans le récit par un nouvel arrangement des éléments narratifs, ce qui constitue une mise en connexion des données. Le système textuel homologable des modèles théoriques où s'ordonnent les conditions propices à un tel effet émancipatoire, tout en articulant des

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altérations possibles entre le discours scientifique et le récit narratif :

"Quand ce discours recourt explicitement à tel ou tel grand récit, comme la dialecti­ que de l'esprit, l'herméneutique du sens, 1'émancipation du sujet raisonnable ou travailleur, le développement de la ri­ chesse on décide d'appeler "moderne" la science qui s'y réfère pour se légiti­ mer."41

La fonction narrative et la pluralité des canaux de com­ munication interrogent l'unification du langage par la médiation d'un concept effectif et singulier, celui de la théorie des jeux. Le rapport entre cette théorie et les artistes postmodernes qui en suggèrent le mode d'usage semble le suivant: 1'affirmation d'une performativité du plan de 1'expression, qui signifie un contenu compatible avec la loi des hasards primaires42. Cette dialectique opère dans la perspective d'une argumentation descriptive qui fait appel à des interstices de silence énonçant un principe d'émancipation du système textuel. L'état actuel du discours démontre bien en quoi; la logique interne de la performativité est une démarche propre à la production d'un système ouvert, expérimentable. Par conséquent, 1'expérimenta­ tion est une forme de 1'argumentation hypothétique dans le récit émancipé. Il s'agit dans ce cas de structurer une composition où les interstices agissent comme une valeur d' intertextualité, dans le but de constituer un espace de conjonction permettant de développer une notion de transcendance :

"How to map the intertextuality of this event? Rather than abstractly affine objects point by point, how to trace the mediations that divide and conjoin each term?"43

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Dans sa production du système textuel, le concept d'inter-textualité est issu notamment, d'un référent conscient: celui de la transcendance comme programme philosophique et théorique. L'interrogation sur la terminologie, au sens où l'entend l'effet d'inter-textualité, existe comme des repères en vue d'établir des relations de conjonctions et de divisions entre chaque énoncé narratif. Ici l'espace de médiation dans le concept de transcendance relève du jeu des interstices de silence, qui manifeste un effet compatible entre l'énoncé affirmatif et le vide effectif choisis par l'énonciateur, tout en structurant le système textuel de l'oeuvre d'art. Dans la mise en oeuvre d'une "méthode expérimentale", la structure opération­ nelle détermine un méta-système, où la théorie des jeux tient lieu d'une imprévisibilité. Dans l'application d'une inter­ textualité, on définit des éléments de variabilité comme règle observable en tant que principe de production d'une diversité construite de modèles et du stade préformalisé de la structure de mobilité:

"Où est donc l'utilité de cette théorie? Nous pensons que la théorie des jeux, comme toute théorie élaborée est utile en ce sens qu'elle donne naissance à des idées. De son côté, P.B. Medawar disait qu' "avoir des idées est la suprême réus­ site pour un savant", qu'il n'y a pas de "méthode scientifique" et qu'un savant est d'abord quelqu'un qui "raconte des histoi­ res" simplement tenu de les vérifier."44

La mobilité théorique demeure une forme de structuration méthodique des argumentations hypothétiques des énoncés narra­ tifs. Cette logique de l'instance articulatoire de la méthode et de la théorie scientifique sous-jacente à cette schématisation de la valeur positionnelle du modèle actantiel contenu dans le dispositif génératif de la "théorie des jeux" intervient dans la connaissance d'un système de trajectoires des valeurs de contrôles et d'imprévisibilités des phénomènes. C'est-à-dire que les connaissances par lesquelles la valeur d'usage représente un développement abstrait transgressent des conventions signifian­

Figure

table et l'ultime synthèse de l'éthique et

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