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Constructions de la santé d'interprètes professionnels en danse contemporaine

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Academic year: 2021

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CONSTRUCTIONS DE LA SANTÉ

D'D'!TERPRÈTES PROFESSIONNELS EN DANSE CONTEMPORAINE

MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DU PROGRAMME DE MAÎTRISE EN DANSE

PAR

SYLVIE TRUDELLE

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Avertissement

La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.û1-2ûû6). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

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RÉSUMÉ

La présente étude explore les constructions de la santé d'interprètes professionnels en danse contemporaine et tente de mieux comprendre comment la pratique professionnelle de la danse contemporaine participe de ces constructions.

Cette étude qualitative, de type ethnographique, s'appuie sur les témoignages de quinze danseurs professionnels contemporains de la région de Montréal, recueillis lors d'entrevues individuelles semi-dirigées entre l'été 2004 et le printemps 2005. L'analyse a été réalisée conformément à la méthode de théorisation ancrée.

Les propos des danseurs rencontrés pour l'étude témoignent de l'importance d'être en santé et fonctionnel afin d'être disponible à la danse, en dépit de l'omniprésence de la blessure et de l'inconfort dans leur vie, et témoignent de la responsabilité individuelle de la santé que portent les interprètes par une attention soutenue à leurs habitudes de vie, qu'elles soient générales (nourriture, repos) ou spécifiques à la danse (entraînement, soins du corps). Toutefois, leurs commentaires révèlent également que l'importance qu'ils accordent à la santé est sans cesse négociée en relation à trois aspects de la pratique professionnelle de la danse contemporaine, trois contextes imposant eux-mêmes leurs propres impératifs: le contexte esthétique, le contexte relationnel et le contexte de travail. Les danseurs doivent donc composer quotidiennement avec des exigences multiples et concilier les demandes d'un corps en santé à celles d'un corps poétique, sans l'existence d'un filet de sûreté adéquat en termes de conditions de travail, et ce, à l'intérieur de relations étroites entre les différents acteurs du milieu, desquelles fait partie l'enjeu du pouvoir. Une telle problématisation de la relation entre santé et danse n'est pas indépendante des questions de genre et d'âge. Une quatrième dimension de la pratique s'est également imposéè sans toutefois représenter un contexte à proprement parler, celle de l'amour, voire de la passion du métier.

Nos résultats nous permettent d'affirmer que la pratique de la danse contemporaine participe des constructions de la santé des interprètes qui elles-mêmes, participent des pratiques artistiques du milieu. L'étude a permis de mettre en lumière que les impératifs contradictoires que vivent les interprètes rendent complexe et problématique l'association de la santé et de la danse telle que ceux-ci l'expérimentent au quotidien, alors que privilégier la santé (par exemple) peut être perçu comme une transgression des critères du milieu contemporain en danse mais comme un signe de conformité au discours dominant de la santé.

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En présentant un vaste portrait de la question de la santé dans le milieu de la danse contemporaine, l'étude met en relief plusieurs aspects de la problématique de la santé en danse et ouvre ainsi la voie à plusieurs possibilités de travaux futurs reliés à la question du genre, de la douleur, de l'identité ou encore du processus de syndicalisation au sein du milieu artistique de la danse contemporaine qui met en relation le

«

travail» de la danse et la

«

passion» de la danse.

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REMERCIEMENTS

Je souhaite remercier très sincèrement ma directrice Sylvie Fortin, professeure au département de danse de l'UQAM, d'abord pour m'avoir donné l'opportunité de me joindre à son équipe de recherche et d'y apprendre énormément, mais surtout pour la qualité de l'accompagnement qu'elle m'a offert, pour son immense générosité, sa grande rigueur intellectuelle, son intelligence vibrante, sa fine sensibilité de même que sa capacité à entendre ma voix de l'intérieur tout au long de ce processus. Son profond enthousiasme et ses encouragements multipliés m'ont supportée grandement, bien plus que les mots me permettent aujourd'hui d'en témoigner.

Je remercie les quinze danseurs qui ont participé à l'étude. Leurs réflexions, partagées avec un intérêt manifeste et avec générosité ont servi grandement les objectifs de cette étude.

Je remercie toutes les personnes qui participent au projet de recherche » Healthy Dancing Bodies», particulièrement Catherine Cyr, France Pépin et Martyne Tremblay, avec qui partager questionnement et découvertes fût plus qu'enrichissant, de même que Chantal Vanasse, pour l'aide précieuse qu'elle m'a apportée à la transcription des entrevues.

Pour terminer, j'aimerais également remercier mes filles, Laurence et Marie-Jeanne. Leur intérêt pour ce travail m'a fait certainement très plaisir, mais plus que tout, la joie de la vie de famille, leurs qualités d'être et le bonheur que je ressens à être leur

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé -II

Remerciements III

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

1.1 Sommaire et but de la recherche 1

1.2 État de la question 1

1.2.1 La santé en danse: un triste rapport 2 1.2.2 La recherche en santé et danse: un phénomène récent... 3

1.2.3 La santé: une perspective sociale 4

1.2.4 Définir la santé par les conceptions des individus 5

1.3 Question de recherche 6

lA Méthode 7

1.5 Limites et pertinence de la recherche 7

CHAPITRE 2 : RECENSION DES ÉCRITS

2.1 Les concepts centraux: Considérations théoriques 9

2.1.1 Construction , 9

2.1.2 Corps 10

2.2 La santé Il

2.2.1 De la notion de risque à la responsabilité individuelle 12

2.2.2 Discipline et transgression 15

2.3 Danse contemporaine 18

2.3 .1 Ce corps dansant que l'on est.. 19

2.3.2 Ce corps dansant que l'on est. .. et que l'on a 20 2.3.3 Du discours à la réalité professionnelle: le marché du travail en

(7)

CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE

3.1 Recherche qualitative 25

3.2 Méthodologie ethnographique 26

3.3 Cueillette de données 27

3.3.1 Sélection des participants 28

3.3.2 Guide d'entrevues 31

3.3.3 Préparation et réalisation des entrevues 31

3.3.4 Transcriptions et corroborations 33

3.4 Analyse par théorisation ancrée 34

3.5 Considérations éthiques 36

CHAPITRE 4 : LES RÉSULTATS

4.1 Constructions de la santé des danseurs contemporains 38 4.l.1 Auto-évaluation de la santé: « J'suis en santé mais abîmée» 38

4.1.1.1 Un mot sur la blessure 40

4.1.2 « J'suis en santé parce que j'suis fonctionnel» .42 4.1.3 « J'suis en santé parce que je fais ce qu'il faut» .44 4.1.3.1 Habitudes de. vie générales .45 4.1.3.2 Habitudes de vie spécifiques .45

Se préparer .46

Se réparer ~ .47

4.2 Pratique professionnelle de la danse contemporaine et santé: Une

négociation à multiples niveaux 51

4.2.1 Impératifs esthétiques: La santé, une nécessité parfois

dérangeante 51

4.2.1.1 Les « risques» de la création 51

4.2.1.2 Exigences corporelles 53

(8)

4.2.2.1 Histoires de relations ... ou l'imbroglio

du personnel et du professionnel. 57 4.2.2.2 Histoires de relations et de pouvoir 58­

4.2.3 Conditions de travail 61

4.2.4 Plaisir et amour du métier. 66

CHAPITRE 5 : DISCUSSION

5.1 Santé des danseurs et responsabilité individuelle 71 5.2 Art et santé: un itinéraire en zone trouble 73 5.3 Histoires de discipline et de transgression 76 5.4 J'aime la danse, beaucoup, passionnément, à la folie 79 5.5 Danseurs et danseuses: incorporations différenciées 80

5.6 Un métier qui a la vie dure 82

5.7 Un modèle de construction de la santé 84

CHAPITRE 6: CONCLUSION

6.1 Conclusion 87

RÉFÉRENCES 91

ANNEXES

Annexe A: Guide d'entrevues 97

Annexe B: Extrait d'une entrevue 10 J

Annexe C: Fonnule de corroborations 102

Annexe D: Première grille de codification (non-retenue) 104

Annexe E: Grille de codification (adoptée) 106

(9)

TABLEAUX

Tableau 1: Profil des participants 3ü

Tableau 2: Thèmes émergeant des constructions de la santé de quinze danseurs

contemporains 50

Tableau 3: Danse contemporaine et constructions de la santé: Importance de la santé et

contraintes contextuelles 69

Tableau 4: Un modèle de construction de la santé au sein du milieu de la danse

(10)

INTRODUCTION

1.1

Sommaire et but de l'étude

Cette étude s'inscrit dans un vaste projet de recherche dirigé par Sylvie Fortin de l'Université du Québec à Montréal en collaboration avec Geneviève Rail de l'Université d'Ottawa, intitulée» Healthy Dancing Bodies »1, recherche qui a pour but de mieux définir les constructions de la santé des danseuses et danseurs contemporains pré-professionnels et professionnels2. Ma collaboration au projet, articulée ici sous la forme d'un mémoire de maîtrise, est de mieux comprendre, par une recherche de type ethnographique, comment les danseuses et danseurs professionnels contemporains construisent leurs notions de santé et comment la pratique professionnelle de la danse contemporaine participe de ces constructions.

1.2

Êtat de la question

Dans le but de mIeux cerner les constructions de la santé des danseurs contemporains3, je débuterai cette section par un bref portrait de la santé en danse, porterai ensui te un regard sur l'état de la recherche à ce jour en santé et danse, et préciserai, pour terminer, l'angle social de recherche privilégié par la présente étude. 1 Les guillemets inversés sont intentionnels, et souhaitent démontrer la problématisation des concepts

impliqués dans ce titre, tel qu'expliqué au chapitre 2 en page 9.

2 Ce projet de recherche est subventionné par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH)

3 Le masculin sera utilisé tout au long du mémoire afin de permettre une écriture et une lecture plus

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1.2.1 La santé en danse: un triste rapport

Il existe un constat faisant l'unanimité de l'ensemble des acteurs impliqués dans le milieu de la danse: une très grande majorité de danseurs devront composer au cours de leur vie avec des problèmes de santé, souvent très graves, affligeant le déroulement de leurs activités professionnelles jusqu'au point de mettre prématurément un terme à leur carrière. Un sondage récent réalisé au sein de la communauté de la danse du Royaume-Uni révèle que 80% des artistes interrogés ont été blessés au cours de l'année précédant l'enquête (Laws, 2004). Ces données convergent avec les résultats de plusieurs autres études réalisées tant aux États-Unis (Garrick, 1999), en Australie (Crookshanks, 1998) qu'au Canada (Groupe DBSF, 2002 ; Krasnow, Mainwaring & Kerr, 1999). La fatigue, le surmenage, les exigences chorégraphiques, un haut niveau de tolérance à la douleur, l'ignorance des tous premiers

signes

annonciateurs de blessures imminentes et les pratiques d'entraînement sont cités en tant que causes majeures à la source des problèmes de santé vécus par les danseurs (Arnheim, 1991 ; Brinson & Dick, 1996 ; Crookshanks, 1998 ; Geeves, 1990, 1997 ; Keer et al., 1992 ; Laws, 2004 ; Perreault, 1988).

Le taux de blessures chroniques révélé par maintes études statistiques, plus considérable que celui des blessures accidentelles, se retrouve au cœur de la problématique de la santé en danse: 65% des danseurs en sont victimes, tous styles de danse confondus, nombre qui s'élève à 70% pour les danseurs contemporains (Brinson & Dick, 1996 ; Geeves, 1990) . De plus, 52% des danseurs qui souffrent de blessures chroniques en souffrent avant l'âge de 18 ans (Geeves, 1990). Ces études révèlent également des spécificités entre les blessures des danseurs classiques et contemporains, de même qu'entre celles des hommes et des femmes (Brinson & Dick, 1996 ; Geeves, 1990). Rappelons que les blessures chroniques se développent lentement et la plupart du temps de façon insidieuse, ce qui représente un facteur

(12)

important à considérer pour les danseurs exercés à vivre couramment avec l'expérience de la douleur.

Les blessures corporelles ne sont pas seules responsables de la souffrance des danseurs, qui témoignent également de la détresse psychologique qu'ils éprouvent durant leur formation et leur carrière professionnelle (Laws, 2004 ; Liederbach & Compagno, 2001; Mainwaring, Krasnow & Kerr, 2001 ; Rip, Fortin & Vallerand, 2005). Les tensions interpersonnelles, la fatigue, le manque de confiance en soi et l'anxiété représentent les problèmes les plus fréquemment expérimentés par les danseurs (Laws, 2004). Ces difficultés psychologiques, selon Laws (2004), surpassent l'ampleur mieux connue des blessures physiques.

1.2.2 La recherche en santé et danse: un phénomène récent

La santé dans les milieux professionnels de la danse représente un domaine d'études qui s'est développé avec l'émergence de la médecine de la danse dans les années 70 et 80. Ce domaine d'études s'est intéressé aux aspects suivants: 1) biomécanique/physiologique, 2) entraînement/pratiques somatiques, 3) blessures/traitement/ dépistage et 4) santé/facteurs psychologiques et sociaux (Durfee, 2004).. Mentionnons toutefois qu'il existe un plus grand nombre d'études quantitatives que d'études qualitatives sur la question de la santé des danseurs et qu'il existe davantage de données sur les problèmes de santé des danseurs classiques que des danseurs contemporains, la médecine de la danse s'étant principalement développée à l'intérieur des institutions de danse classique, suffisamment structurées tant financièrement qu'académiquement, pour soutenir un tel intérêt (Hobden et al., 2001).

Contrairement aux données quantitatives, les données qualitatives sur la santé en danse restent à ma connaissance à peu près inexistantes jusqu'à aujourd'hui.

(13)

Mentionnons quelques rares cas d'exception, les études empiriques de Turner et Wainwright (2003, 2004, 2005) sur l'expérience de la blessure et sur le vieillissement chez les danseurs classiques, études qUI allient une compréhension phénoménologique à la perspective socioconstructiviste. Se référant au cadre théorique de Bourdieu, les auteurs ont étudié les interfaces entre les habitus du ballet, la notion d' « embodiment

»,

la blessure, le vieillissement, la notion de performance et l'identité. L'engagement absolu vécu par les danseurs professionnels dans la pratique de leur art est tel que danser représente, selon les auteurs, un phénomène d'incorporation qui imprègne entièrement l'identité de l'individu: « ...being a dancer is an embodiment of identity

»

(p. 285). Citant les travaux de Williams (1996) sur la maladie chronique, les auteurs précisent notamment que la blessure représente, pour les danseurs, une discontinuité dans l'expérience du soi équivalente au traumatisme de la maladie chronique.

1.2.3 La santé: une perspective sociale

Comme je le mentionnais dans la section précédente, la recherche à ce jour sur la question de la santé des danseurs professionnels couvre principalement les aspects biomécaniques et physiologiques des blessures des danseurs. La présente étude adopte une perspective sociologique dans le but de mieux comprendre comment les danseurs contemporains construisent leurs notions de santé. Ce déplacement d'une préoccupation médicale vers une préoccupation sociale de la santé représente un mouvement de société qui déborde largement du champ d'études de la danse.

Selon Shildrick (1997), l'approche bio-médicale, figure largement dominante des soins de santé en Occident, a grandement favorisé l'établissement de définitions normatives des concepts de santé et de maladie et a acquis comme tâche principale celle de guérir et de restaurer les corps dans le but de les rendre à leur normalité fonctionnelle. Cette normalité fonctionnelle est toutefois questionnée par les

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anthropologues et les sociologues qui mettent en lumière les dimensions culturelle, sociale et politique de la santé et de la maladie. Sans nier l'existence des aspects fonctionnels de la santé, ceux-ci cherchent plutôt à rendre visible et compréhensible les contextes culturels et sociopolitiques qui donnent naissance aux diverses compréhensions de la santé, au gré des peuples, mais aussi des groupes d'individus à l'intérieur d'une même population. Dans leur tentative de mieux comprendre les éléments qui participent de la santé des individus et des problèmes de santé qu'ils rencontrent, les sciences sociales se sont donc moins intéressées aux causes biologiques de la maladie qu'aux causes localisables à l'extérieur des corps des individus, comme le sont les relations de pouvoir, les significations attribuées à la maladie, l'environnement dans lequel l'individu évolue, ou encore, l'accessibilité aux soins de santé (Lock, 1998).

1.2.4 Définir la santé par les conceptions des individus

La santé est un concept qui n'est ni statique, ni universel, et les discours et définitions liés au concept de santé sont multiples et variés (Peterson & Lupton, 1996). Nettleton (1995) présente quatre définitions de la santé: une définition négative4, formulée en

tant qu'absence de maladie et véhiculée par le discours bio-médical; une définition

posilive'-un état de jouissance de la plénitude de ses facultés physiques et mentales­

telle qu'articulée par l'Organisation Mondiale de la Santé ; une définition

fonctionnelle, impliquant la capacité de participer à la vie sociale; et une définition

expérientielle, considérant un sens du soi. L'étude des conceptions de la santé des

individus représente, selon Nettleton (1995), une autre voie dans le but de définir le concept de santé, voie adoptée par un certain nombre de chercheurs en sciences sociales. Au regard scientifique extérieur se substituent ainsi les mots des individus de même que leur expérience subjective de la santé au quotidien. Quelques exemples

4 Les mots ou expressions en italique représentent des idées ou des concepts formulés par les auteurs

(15)

suffiront à illustrer cette orientation. Crawford (1984) a effectué une étude ethnographique dans le but de mieux connaître la perception qu'avaient les Américains de leur santé. L'auteur y affirme que le corps est une construction culturelle qui porte les marques de nos définitions sociales identitaires liées aux rôles sociaux, à l'établissement de la norme et à la notion de pouvoir. Saltonstall (1993) s'est penché sur les conceptions et les pratiques de santé des hommes et des femmes, ralliant à la perspective constructiviste un point de vue phénoménologique, pour explorer l'expérience de la santé. Cette étude révèle des différences de perceptions entre hommes et femmes, notamment que les femmes semblent davantage concernées par la question de l'apparence en regard de leur santé et les hommes par l'aspect fonctionnel de leur corps et de leur santé. Jutras et Bisson (1994) se sont penchés sur les conceptions de la santé des enfants québécois de 5 à 12 ans dans le but de cibler plus adéquatement leurs actions en termes de prévention. Williams (2000) a étudié les croyances d'un groupe de jeunes américains entre Il et 15 ans au sujet de la santé, des habitudes de vie et de la prise de risques. L'étude révèle que la question de la santé ne représente pas une priorité dans la vie des adolescents et démontre que ceux­ ci associent tout autant les notions de plaisir que de danger à la prise de risques. La présente étude s'inscrit dans cette approche de recherche en invitant les danseurs rencontrés à s'exprimer sur leurs perceptions de la santé de même que sur différents aspects 'de la pratique professionnelle de leur art en lien à leur santé.

1.3 Question de recherche

Puisqu'il n'existe pas d'étude s'intéressant à mieux comprendre la construction du concept de santé dans le milieu professionnel de la danse contemporaine, il me semble hautement pertinent de s'intéresser à cette problématique et d'ainsi contribuer au champ de connaissances dans le domaine de la santé des danseurs. Souhaitant mieux comprendre la nature des principaux enjeux impliqués par la rencontre entre la danse et la santé, notamment la conciliation entre les dimensions esthétiques et les

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pratiques de santé, la présente étude tentera donc de répondre à la double question suivante: Quelles sont les constructions de la santé des danseurs contemporains professionnels et comment la pratique professionnelle de la danse contemporaine participe-t-elle de ces constructions?

1.4 Méthode

Dans le but de mieux comprendre quelles sont les constructions de la santé des danseurs professionnels contemporains, cette étude, inscrite à l'intérieur du paradigme post-positiviste, optera pour une cueillette de données de type etlmographique et une analyse par théorisation ancrée selon le modèle proposé par Paillé (1996). Des entrevues semi-dirigées ont été conduites entre l'été 2004 et le printemps 2005 auprès de 15 danseurs de la région de Montréal. Une transcription des entrevues a été présentée aux participants pour fins de corroboration. L'analyse a été effectuée par la méthode de théorisation ancrée et a été réalisée simultanément à la coIlecte de données.

1.5 Limi tes et pertinence de l'étude

La question de la santé en danse a surtout été investiguée en regard des problèmes physiques et psychologiques vécus par les danseurs. Elle n'a été que très peu analysée d'un point de vue socioculturel. La présente étude, dotée d'une méthodologie qualitative, souhaite pouvoir développer une meilleure compréhension des constructions de la santé des danseurs contemporains en considérant le contexte socioculturel au sein duquel prend fonne la pratique professionnelle de la danse contemporaine. Cette étude permettra également de mieux comprendre comment les discours en santé sont parfois adoptés par les danseurs, ou au contraire rejetés par ceux-ci au profit d'impératifs autres, émergeant de la pratique du métier. Précisons que l'étude porte sur le point de vue exclusif de quinze danseurs professionnels

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contemporains de la région de Montréal, interviewés entre le printemps 2004 et l'été

(18)

CHAPITRE 2

RECENSION DES ÉCRITS

Le présent chapitre consacré à la revue de littérature abordera les auteurs et concepts essentiels à partir duquel les questions de recherche seront investiguées. La première partie de ce chapitre précisera les concepts de construction et de corps, la deuxième partie présentera certains enjeux reliés au thème de la santé, et la dernière circonscrira certains aspects de la pratique professionnelle de la danse contemporaine.

2.1 Les concepts centraux: Considérations théoriques

Sylvie Fortin et Geneviève Rail ont intitulé l'ensemble de leur projet de recherche »Healthy Dancing Bodies », traduit en français »Corps dansant en santé ». Les chercheures ont encadré intentionnellement le titre de la recherche de guillemets inversés afin de démontrer la problématisation des concepts utilisés et de souligner l'exclusion d'une définition universelle de ce qu'est ou doit être un »Corps dansant en santé ». Ainsi, ce titre est exprimé et doit être compris en tant que concept comportant plusieurs définitions et significations, dépendantes de caractéristiques individuelles, sociales et politiques (Ekinsmyth, 2002).

2.1.1 Construction

Ce travail de recherche sur la santé en danse contemporaine s'élabore à l'intérieur du paradigme post-positiviste et endosse certains des enjeux communs aux théories féministe et poststructuraliste, notamment que le langage, la connaissance et le

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pouvoir interagissent et participent de la construction de notre expérience du monde et de nous-mêmes (Peterson et Lupton, 1997). Le concept de construction reflète donc la notion socioconstructiviste que la réalité ne se découvre pas mais qu'elle se fabrique. Il exprime la compréhension qu'en tant qu'individus, nous construisons, mais également (dé) construisons et (re)construisons notre réalité à travers le langage et les pratiques culturelles (Howe & Berv, 2000).

2.1.2 Corps

L'intérêt grandissant des dernières décennies pour la dimension socioculturelle du corps a donné place à un débat dynamique où est analysé, sous maints aspects et par différents points de vue, l'impact des discours sociaux sur la forme et l'expérience du corps (Lupton, 1995). Plusieurs che~cheurs se sont récemment élevés contre une certaine compréhension sociologique du corps qui confinerait ce dernier au statut d'entité biologique altérable passivement par les contextes sociaux; une compréhension qui ne permettrait pas de témoigner de la part active que prennent les individus dans la construction de la connaissance et dans l'élaboration de leurs conditions de vie (Burkitt, 1999; Csordas, 1994 ; Nettleton et Watson, 1998 ; Turner, 1994 ; Turner & Wainwright, 2003). Cette revendication d'un corps-sujet, mise de l'avant par la critique féministe (Grosz, 1996 ; Wolff, 1997), est également avancée par Lupton (1995) pour qui le concept de subjectivité est essentiel à la compréhension des comportements des individus en matière' de santé, puisque les discours et pratiques en santé participent non seulement de la construction de la forme du corps, liée à sa condition biologique, mais également d'un sens subjectif de soi. Un sens de soi et de sa propre identité se construisant socialement à travers nos interactions avec les autres, par le langage et les discours, mais aussi précise l'auteur, par l'inconscient et par l'expérience sensuelle de l'incorporation. Vivement intéressée par la relation entre l'individu et le social et la question du pouvoir, elle suggère une approche qui reconnaisse la relation symbiotique entre l'individu et le social, révélant la

(20)

participation des processus sociaux à la construction des subjectivités des individus qui, en retour, influencent le caractère du social. Mentionnons également que le concept de subjectivité, ainsi intimement associé à celui du corps, renvoie à l'expérience du soma pour les éducateurs somatiques, c'est-à-dire à l'être vivant et complexe en mouvement, en constante interrelation avec l'environnement systémique à l'intérieur duquel il évolue (Hanna, 1990).

Les références aux corps des danseurs engloberont donc cette notion complexe du

corps que l'on a el du corps que l'on est (Nettleton, 1995). Suivant ces

considérations, le concept de corps dansant ne renvoie pas ici à un corps dansant, universel, distinct de la réalité quotidienne du danseur, mais témoigne plutôt de la relation symbiotique entre le contexte artistique et la réalité quotidienne du danseur.

2.2 La santé

Nettleton (1995) affirme que les croyances au sujet de la santé et de la maladie, à la fois individuelles et sociales, ne sont pas simplement des versions diluées de la connaissance médicale, mais sont plutôt construites activement par les individus en relation avec leurs milieux, notamment l'endroit où ils vivent, leur contexte culturel, leur identité sociale de même que leur histoire personnelle.

Certains chercheurs en sociologie de la santé ont souligné l'importance de mieux comprendre les biographies personnelles des individus en regard de différentes problématiques de santé, en mettant en lumière l'existence de microfacteurs comme le sont par exemple les relations familiales et interpersonnelles, afin de comprendre comment la maladie est vécue et négociée par les individus au quotidien (Lawton, 2003). D'autres chercheurs ont plutôt souligné l'importance de développer une meilleure compréhension d'un macrocontexte, c'est-à-dire des contextes culturels et sociopolitiques à l'intérieur desquelles les individus expérimentent santé et maladie

(21)

(Bendelow, 1993 ; Turner & Wainwright, 2003 ; Ville et al., 1994). lis ont ainsi révélé la pertinence de localiser l'expérience de la maladie à l'intérieur d'une dimension collective, permettant de dépasser la seule biographie personnelle. Cette compréhension, rappelant la relation symbiotique entre l'individu et le social telle qu'avancée par Lupton (1995), semble appropriée à mon souhait de répondre à ma double question de recherche concernant les constructions de la santé des danseurs, considérant l'interrelation entre ces constructions et la pratique professionnelle de la danse contemporaine.

2.2.1 De la notion de risque à la responsabilité individuelle

La question de la santé est devenue une préoccupation occidentale de premier ordre au cours du vingtième siècle, mobilisant instances gouvernementales, médias et individus à l'action préventive. Inscrit en tant qu'objectif de société et affranchi de sa définition restrictive d'absence de maladie, le concept de santé s'est élargi à de nombreuses sphères de l'existence pour devenir une métaphore clé de la notion de bien-être, tant social qu'individuel (Crawford, 1984).

Crawford (1980) a développé le concept d' « healthism » (traduit en français par le terme «'santéisme »), qu'il définit ainsi:

... a preoccupation with personnal health as a primary - often the primary focus for the definition and achievement of well-being, a goal which is to be attained primarly through the modification of the lifestyles with or without therapeutic help. The etiology of disease may be seen as complex, but healthism treats individual behaviour, attitudes, and emotions as the relevant symptoms needing attention... (p. 368)

ln short, health has become not only a preoccupation; it has also become a pan-value or standard by which an expanding number of behaviors and social phenomena are judged... Good living is reduced to health problem, just as health is expanded to include ail that is good in life. (pp. 380-381)

(22)

Le concept de «santéisme

»

permet de mettre en lumière: 1) le processus d'hypermédicalisation de problématiques sociales maintenant associés aux concepts de santé et de maladies, 2) l'établissement de normes régulatrices découlant de ce processus, conjuguant la normalité à la santé et la déviance à la maladie, 3) l'expansion de la notion de déviance de l'individu malade à ['individu potentiellement malade, et ainsi, l'apparition de la notion de risque, 4) le discours individualiste associé aux discours promotionnels de la santé, et ainsi la question de la responsabilité individuelle de la santé.

Selon Crawford (1980), bien que les santéistes reconnaissent l'origine externe de plusieurs problèmes de santé vécus par les individus, les solutions qu'ils privilégient résident principalement dans les choix individuels de ces derniers, notamment dans leur détermination à résister à la publicité, aux diverses contraintes environnementales, aux habitudes de vie néfastes. L'idéologie santéiste promouvoie ainsi une attitude responsable qui fait de la santé une obligation morale, fait apparaître en premier plan la notion de blâme personnel en condamnant les attitudes anti-santé, et fait persister l'illusion du contrôle presqu'absolu que nous pouvons exercer sur nos vies. Bien que les approches alternatives aient le mérite de promouvoir une compréhension holistique de la personne et de la santé, précise l'auteur; celles-ci sont tout autant porteuses d'une vision santéiste qui peut même être dans leurs cas plus insidieuse, responsabilité et blâme ne touchant plus ici uniquement la dimension biologique ou physique des pratiques de santé mais également tous les aspects de la personne, incluant les dimensions psychologique et spirituelle. Un tel discours individualiste encourage une dépolitisation de la question de la santé et mine les efforts sociaux visant à améliorer bien-être et santé. Crawford dénonce la croyance utopiste que les changements individuels évoluent naturellement vers un changement social de plus grande envergure. Il privilégie, dans l'objectif de

(23)

réaliser de réelles transformations, une double action en laquelle démarches sociales et individuelles seraient menées de front.

Dans le sillon laissé par Crawford (I980), plusieurs auteurs dénoncent avec force les conditions moralisantes, individualistes et idéalistes proposées par les principaux discours en santé (bio-médical et alternatifs) à partir desquels les individus vivent, pensent et expérimentent leurs pratiques de santé au quotidien. Intéressée par la santé et la question de l'« empowerment », Wallerstein (I992) dénonce l'attention accordée à la mise en place de mesures et de changements visant exclusivement l'individu et son mode de vie. Selon cette dernière, l'émancipation individuelle passe a priori par la transformation des conditions sociales à la source des problèmes identifiés:

Clearly, since the process of empowerment is a synerglstlc interaction between different levels of analysis, it can never be an individual outcome or personality variable measured in isolation from the social setting. Yet, individuals participate in changing conditions, and, in the process of changing societal conditions, individuals also become transformed. (p. 202)

Dénonçant la dépolitisation du concept de santé à l'aide d'une pnse de position critique et féministe, Lock (1998) suggère une démystification des origines sociales et politiques de la maladie et de la détresse,' et encourage les individus à participer activement aux décisions et processus menant à l'action sociopolitique et aux changements émancipatoires susceptibles d'en résulter. Colquhoun (1992) critique pour sa part la présence de l'idéologie santéiste au sein du discours éducatiOlmel dès l'âge scolaire, ce qui permet de l'inscrire avec force dans l'esprit des individus. En présentant dès l'enfance la responsabilité individuelle de la santé comme un fait normal, voire naturel, cette idéologie marginalise toute tentative sociale de compréhension et d'intervention en matière de santé. Colquhoun suggère non seulement un examen attentif des perceptions de la santé des individus, mais plus important encore, souligne l'importance de développer une meilleure compréhension

(24)

des conditions socioculturelles participant de la construction de ces perceptions. Ce point de vue de Colquhoun rejoint tout-à-fait les objectifs de la présente étude, qui souhaite apporter une meilleure connaissance des constructions de la santé des danseurs en relation avec la pratique professionnelle de la danse contemporaine.

2.2.2 Discipline et transgression

Suite à sa formulation du concept de santéisme, Crawford (1984) a réalisé une étude ethnographique sur les perceptions de la santé des Américains et a relevé deux réactions adaptatives des individus à la notion de risque en santé : une réaction d'autocontrôle (en anglais «self-control »), à laquelle sont liées les principes d'autodiscipline, de volonté et de sacrifice, et une réaction de lâcher-prise (en anglais « release »), ayant comme principes sous-jacents le plaisir et la satisfaction. La première attitude, touchant principalement la dimension physique de la santé, évoque l'ascétisme, le dogme de la santé ayant remplacé à plusieurs niveaux celui de la religion (Turner, 1992 ; Lupton, 1995). Elle est orientée sur l'adoption de saines habitudes de vie et favorise notamment une alimentation équilibrée et une mise en forme par l'exercice. Par opposition, l'attitude de lâcher-prise engage une dimension plus psychosomatique que physique de la santé, et représente le besoin de s'offrir du bon temps par ces plaisirs coupables, parfois excessifs6, qui font du bien. Ces deux tendances s'inscrivent, selon Crawford, à l'intérieur d'une dynamique d'oppositions qui révèle une logique de contraintes et de libertés inhérente aux sociétés capitalistes. L'auteur précise que bien que certains individus semblent plus près de l'une ou l'autre tendance, les deux discours sont plus souvent employés chez les mêmes personnes, qui relient ainsi plusieurs de leurs expériences de vie tant à un pôle qu'à l'autre.

6 Alcool, alimentation et autres « excès» sont mentionnés par les personnes interviewées par

(25)

Rejoignant cette logique proposée par Crawford, Lupton (1995, 1996), combinant les points de vue sociologique, anthropologique, et historique, a analysé la nature symbolique des pratiques de santé implicites au discours promotionnel occidental de la santé. Dans les traces de Foucault, Lupton (1996) élabore sa réflexion en rappelant les règles néolibéralistes qui opèrent non pas par l'imposition de contraintes, mais plutôt par la fabrication de citoyens responsables, disciplinés et autonomes: « Personal autonomy, therefore, is not antithetical to political power, but rather is part of its exercise since power operates most effectively when subjects actively participate in the process of governance » (p. 10). Cette dernière met en évidence le corps civilisé, auto-régulé, conscient et rationnel, visé et construit par les discours publics promouvant la santé, et le corps résistant, à la recherche du plaisir, transgressif des normes prescrites par ces mêmes discours.

L'auteur suggère de revoir la compréhension traditionnelle

«

moderne» de résistance, qui selon elle ne s'arrime pas à la compréhension de la subjectivité, multiple et fragmenté, mais témoigne plutôt d'un modèle de pouvoir toujours répressif, et d'un concept de soi unifié, sans contradictions, sans contrastes. Elle précise:

A person may have an allegiance to one particular sub-culture in a certain context, and harbour conflicting loyalties in another, depending on the subject positions he or she takes up ... (p. 133).

Dans le but de mieux comprendre les pratiques de santé des individus, Lupton (1995) invoque la pertinence de mettre en lumière la complexité des facteurs influençant les choix des individus en matière de santé, y compris les impératifs contradictoires avec lesquelles ces derniers doivent composer. Selon cette dernière, les pratiques quotidiennes représentent des lieux où les normes culturelles peuvent être transgressées et retravaillées par les individus pour devenir des pratiques

(26)

singularisées ne correspondant plus nécessairement aux normes prescrites par le discours dominant.

Cette question de la discipline et de la transgression suscite un vif débat dans la littérature sur les comportements et pratiques liés à la santé. La discipline et l'autorégulation doivent-elles toujours être associées à la santé, servant ainsi le discours dominant à l'origine de la promotion de la santé? La transgression est-elle toujours représentative de comportements déviants liés, au moins en partie, à la notion de risque et à la maladie ? Williams (1998), questionnant l'association entendue de la normalité et de la conformité au concept de santé, suggère d'inverser l'équation et à cette fin, met de l'avant la nature transgressive, voire récalcitrante, des corps même des individus:

... bodies are amenable to discipline and control _ from the prison to factory, the school to the asylum _ but this nonetheless fails to detract from the fact that they are always threatening, through their libidinal flows and corporeal desires, their pleasures and their pain ... (p. 438)

... despite a long history of rational discipline and corporeal control, bodies, l am suggesting, are first and foremost transgressive, if not excessive: demonstrating a continuai resilience to rational order and control, death being perhaps the ultimate act of "defiance". (p. 440)

Suivant cette affirmation, Williams (1998) associe la transgression au plaisir, à la sensualité et à la santé, et suggère l'idée que discipline et autocontrôle soient au contraire potentiellement dommageable pour la santé: « ... being totally healthy ... is unhealthy, an 'ideal' ... going against the grain of our recalcitrant bodily natures and contradictory corporeal desires.

»

(p. 451).

Crawford (1999) interroge cette affirmation de Williams (1998) concernant la dimension ontologique de la transgression et la dimension sociale du contrôle, et critique du même coup l'idée que la transgression soit forcément émancipatoire, et la

(27)

discipline et le contrôle toujours structurés par le pouvoir dominant. Il suggère ce point de départ :

... both pleasure and discipline are structured in domination, albert not equally; and both pleasure and discipline are the meaningful, experientiel domains of transgressions and resistances. For example, self-control may be a mean- the symbolic and practical requisite- for rejecting social mandates and their intemalized desires for continuaI consumption... Control may also serve the enhancement of a self-concept that may contribute to transforming life conditions- individually or collectively. (p. 361)

Ce débat autour des thèmes de l'autocontrôle et de la transgression des normes prescrites en matière de santé me semble pertinent en regard du sujet de la présente étude qui investigue la rencontre entre les questions de santé et la pratique artistique de la danse contemporaine. Ainsi, l'idée même d'un» corps dansant en santé », représente-t-elle une attitude de conformité ou de transgression? Et transgression ou conformité ... à quoi? À quels impératifs?

2.3 Danse contemporaine

Ma seconde question de recherche porte sur le relation entre la pratique professionnelle de la danse contemporaine et les constructions de la santé des danseurs. La présente section tentera de cerner certains éléments du contexte de pratique de la danse contemporaine et abordera en premier lieu les questions de subjectivation et d'objectivation du corps en danse. Je ferai un bref survol de la littérature analysant les discours et les rapports au corps qui découlent de l'une ou l'autre compréhension du corps (subjectivée et objectivée) et jetterai ensuite un regard sur le marché du travail en danse contemporaine.

(28)

2.3.1 Ce corps dansant que l'on est

Les discours et pratiques en santé, précisais-je un peu plus tôt, participent non seulement de la construction de la forme du corps, liée à sa condition biologique, mais également d'un sens subjectif de soi (Lupton, 1995). Une telle compréhension est également partagée par plusieurs chercheurs intéressés par la relation entre le corps, les discours et les pratiques de danse. Par leurs études empiriques, Turner et Wainwright (2003, 2004, 2005) démontrent que la notion de matérialité du corps en danse, modelé par l'entraînement et la discipline, est socialement construite et que la construction du corps dansant dépasse la seule dimension physique pour englober l'identité de la personne. Utilisant le cadre théorique de Bourdieu (1977) et le concept

d'habitu/, Turner et Wainwright (2003) ont examiné les interfaces entre la blessure,

la notion de performance et l'identité, pour s'intéresser ensuite, à l'aide du même cadre théorique, aux relations entre vieillissement, performance et identité (Turner

&

Wainwright, 2004). Les chercheurs mettent en lumière que le processus identitaire, enraciné dans l'habitus du ballet à partir d'un très jeune âge, est indissociable de dispositions ou de goûts envers le corps reliés à la beauté, la jeunesse et l'athlétisme. L'apprentissage du ballet par l'entraînement et la discipline, auquel se joignent l'appel à devenir danseur (la vocation) mais aussi la présence solidaire de la compagnie (le

«

corps de ballet »), participent ainsi de la construction du processus identitaire des danseurs, pour qui danser représente bien davantage qu'un simple travail. Être danseur professionnel n'est donc pas uniquement quelque chose que l'on fait, mais

plutôt quelque chose que l'on est. Conséquemment, vieillissement et blessure sont

vécus comme une crise profonde bouleversant les danseurs au cœur même de leur identité.

7 "an acquired system of generative disposition" (Bourdieu, 1977) ... within which individuals think

(29)

Bien qu'analysant le milieu de la danse classique, les travaux de Turner et Wainwright (2003, 2004) contribuent grandement à enrichir nos cormaissances du processus existant entre les impératifs de santé et la pratique artistique tel que vécu par les danseurs au quotidien. De plus, malgré les distinctions, parfois oppositions, existant entre les discours classique et contemporain, le marché du travail contemporain, comme nous le verrons bientôt à l'aide de l'étude de Sorignet (2004), recrée l'existence d'un modèle du corps qui à bien des niveaux se calque sur le modèle classique, particulièrement en regard des exigences reliées à l'apparence et à

la virtuosité.

2.3.2 Ce corps dansant que l'on est... et que l'on a

L'intégration dans la pratique en danse de différentes approches corporelles, qu'elles concernent l'entraînement musculaire ou les pratiques somatiques, suppose pour les danseurs des expériences variées de rapports à soi. Si certaines pratiques s'articulent sur une compréhension complexe d'un corps-sujet au sein duquel interagissent les dimensions biologique, émotionnelle, intellectuelle, sociale, voire spirituelle inhérentes à l'individu, d'autres privilégient plutôt une compréhension d'un corps­ objet, au service d'une esthétique, d'un idéal, d'objectifs spécifiques à atteindre. À l'aide d'une analyse féministe et post-structuraliste, Wright (2000) souligne les différents rapports au corps et les prises de position divergentes en termes de santé, véhiculés implicitement et explicitement par plusieurs de ces pratiques. Son étude ethnographique démontre les différentes formes d'incorporation encouragées par les pratiques d'éducation physique et les pratiques somatiques, les premières mettant l'emphase sur l'objectivation du corps et les secondes, sur la subjectivation de celui­ ci. Du point de vue de Wright (2000), le processus d'objectivation domine au sein de deux types de discours: celui de la performance et celui des saines habitudes de vie.

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S'inspirant de l'argument de Foucault et de l'espace malléable que représentent les « corps dociles» pour l'exercice du pouvoir, Foster (1997) et Dempster (1993) soutiennent que les différentes esthétiques de danse, articulées à partir d'idéologies et de compréhensions du corps qui leurs sont propres, construisent différents « Corps­ Soi ». Le ballet, précise Dempster (1993), inscrit à l'intérieur d'une idéologie patriarcaleS qui promouvoie une ferme discipline au service de l'atteinte d'un idéal, produit des corps qui, examinés minutieusement depuis l'enfance, oscillent constamment entre idéalisation et échec. Par opposition, la danse post-moderne d'Yvonne Rainer, poursuit Dempster (1993), a mis de l'avant un processus de démocratisation de la danse, de la création, des genres et aussi des corps des danseurs et a ainsi produit des corps susceptibles de traduire la complexité qui les constitue, des corps en constante adaptation et transformation, sans image de perfection, sans possibilité d'échec.

Seules quelques études ethnographiques abordent les questions d'objectivation et de subjectivation du corps en danse. Smith (1998) a étudié la dimension du pouvoir et de l'autorité telle que vécue dans les classes de danse classique conformément à la tradition culturelle du milieu. Green (1999) dénonce l'objectivation du corps des danseurs au sein des processus éducationnels en danse, objectivation encouragée par l'adoption de stratégies d'enseignement privilégiant le corps visible (miroirs, corrections verbales ou par manipulation physique des professeurs). Elle oppose à cette autorité externe une autorité somatique, issUe des perceptions du corps mêmes des danseurs. Benn et Walters (2001) ont démontré que le milieu de la danse professionnelle adopte une attitude dogmatique voisinant celle du culte et encourageante des corps dociles et disciplinés, par opposition au milieu pré­ professionnel des jeunes danseurs en formation qui semble exprimer une attitude plus équilibrée envers les enjeux liés au corps et à la santé. Fortin (2001) a démontré que

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l'intégration de la notion de soi à l'enseignement d'une classe de danse technique par la validation de l'expérience subjective telle que suggérée par l'approche d'éducation somatique Feldenkrais, offre une alternative à la fabrication de corps dociles telle que présentée par Foster (1997) en valorisant, dans la construction d'un corps dansant, un processus d'auto-façonnement créateur.

Faure (2000) s'est penchée sur l'acquisition des savoirs et des savoir-faire dans l'apprentissage de la danse, par le biais du processus d'incorporation. Confrontant les processus d'apprentissage des techniques classique et éontemporaine, elle affinne que le rapport esthétique au corps comporte des considérations implicites d'ordre moral, introduisant un rapport moral au travail corporel (elle cite en exemple le rapport à la douleur). L'apprentissage de la maîtrise du corps serait ainsi indissociable d'une éthique de soi intervenant dans les conduites de la vie quotidienne, que ces dernières aient un lien direct ou indirect avec la pratique de la danse en tant que telle. Selon l'auteur, les techniques contemporaines s'appuieraient sur un mode d'apprentissage correspondant à la logique de la singularité, pennettant un rapport au corps plus respectueux de la morphologie des danseurs et encourageant un certain refus de l'imposition.

2.3.3 bu discours à la réalité professionnelle: le marché du travail en danse contemporaine

La danse, précisaient plus tôt Turner et Wainwright (2003), n'est pas quelque chose

que l'on fait, mais quelque chose que l'on est. Vécu avec passion (Fortin et Rip,

2005) et perçu en tant que vocation et appel souvent davantage qu'en tant que travail

à proprement parler, le métier de danseur n'a malheureusement été que trop peu investigué en regard de cette perspective.

(32)

Jetons un bref regard sur une étude mandatée par le Regroupement québécois de la danse afin de mieux connaître la situation des interprètes en danse au Québec (2002). Durant l'année 2000, près des deux tiers des interprètes québécois déclaraient des revenus provenant de leurs activités professionnelles en deça de $15 000, et 41 % des interprètes ont déclaré avoir œuvré pour des contrats non-rémunérés. L'étude révèle également que seul 1% des revenus des interprètes provenaient des primes de CSST, ce qui semble peu selon les auteurs de l'étude, vu le

«

haut risque de blessures associé à la danse» (p. 34). Seul 6% des interprètes avaient eu des revenus supérieurs à $24 999, et 90% des danseurs de la relève (3 ans et moins d'ancienneté) avaient gagné des revenus annuels en danse inférieurs à $10 000. L'étude révèle également le peu d'heures consacrées à l'entraînement par les interprètes de la relève (moins de 6 heures par semaine) faute de temps, ceux-ci devant consacrer en moyenne 37 % de leur temps professionnel à une activité autre que la danse afin d'augmenter leurs revenus (revenus représentant globalement plus ou moins $10 000). Les auteurs de l'étude concluent que:

Le manque de stabilité et de sécurité financière, les conditions salariales peu élevées, les difficultés de planification à moyen et long termes liées au cumul de contrats, le manque de soutien financier pour les soins de santé, le manque d'opportunités d'échanges ou de contacts entre danseurs, chorégraphes et producteurs ainsi que le manque de studios à prix abordables sont les six principales contraintes vécues par les interprètes dans leur travail. (p. 37)

Une étude de Sorignet (2004) relève pour sa part un autre aspect du marché du travail, celui de la discordance entre les discours valorisant la singularité des corps des danseurs et la « libération du corps féminin» en danse contemporaine et la réalité du milieu telle que la vivent danseurs et danseuses. Ainsi, malgré une soi-disant rupture de la danse contemporaine avec le modèle féminin contraignant de la danse classique, Sorignet (2004) démontre l'existence d'un modèle féminin stéréotypé et d'une opposition entre honunes et femmes persistant au-delà du discours propre au milieu contemporain. L'auteur a réalisé une étude empirique dans le but d'examiner

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le marché du travail français en danse contemporaine et a observé l'existence d'un réel décalage entre le discours sur la singularité des physiques qui y est valorisé et la réalité vécue par les danseuses en opposition à celle des danseurs. Il relève la différence entre les règles de recrutement des chorégraphes envers les femmes et les hommes, nettement plus sévères pour les premières, plutôt floues pour les derniers. L'auteur souligne que les critères de sélection masculine relèvent d'abord de la vocation et du potentiel artistique (<< il ne sait pas encore bien se servir de son corps, mais il a une belle générosité »9) et observe que les hommes sont principalement choisis en fonction de "leur charisme et de leur singularité; avoir un physique différent (petit, très grand, enrobé) représente même un atout. Par opposition, les critères de sélection féminine relèvent de la compétence acquise par le biais de la qualification (( elle n'est pas assez technique... on ne peut pas la prendre même si elle a une belle sensibilité »10). Autre pré-requis, l'apparence viendrait s'ajouter comme critère de sélection implicite. Sorignet a observé durant cette étude que les danseuses correspondant le plus aux stéréotypes de beauté féminine ont été nettement privilégiées par les chorégraphes parmi l'ensemble des candidates affichant un fort niveau technique.

La danse est une pratique profondément enracinée dans le social et le politique (Banes, 1998 ; Dempster, 1997 ; Thomas, 2003). Les idéologies et compréhensions du corps (mais aussi du genre) valorisées par les différentes approches et véhiculées par l'entraînement et les pratiques performatives possèdent un puissant impact d'acculturation qui participent des constructions des subjectivités et possiblement affectent les notions de santé construites par les danseurs.

9 Commentaires recueillis par l'auteur lors de l'observation de la sélection des futurs candidats et candidates au Centre National de Danse Contemporaine (CNDC), p. 43.

(34)

CHAPITRE 3

MÉTHODOLOGIE

3.1 Recherche quaI itati ve

Le présent chapitre sera consacré aux choix méthodologiques de ce projet de recherche. Dans le but de mieux comprendre comment les danseurs contemporains professionnels montréalais construisent leurs notions de santé, une méthode de recherche qualitative a été utilisée.

Contrairement à la recherche quantitative qui souhaite pouvoir généraliser ses résultats à l'ensemble d'une population donnée, le but de la recherche qualitative est de produire un maximum d'informations détaillées

à

partir d'un petit nombre de participants et ainsi d'accroître la description et la compréhension du sujet étudié (Patton, 1990). Le chercheur s'engage ici à comprendre le monde tel qu'il apparaît dans la 'complexité des multiples perspectives qui émergent. En recherche qualitative, « le rôle du chercheur est d'atteindre une compréhension 'holiste' (systémique, globale, intégrée) du contexte de l'étude: sa logique, ses arrangements, ses règles implicites et explicites... , et de capter des données sur les perceptions d'acteurs locaux 'de l'intérieur', à l'aide d'un processus d'attention approfondie, de compréhension empathique ...

»

(Matthew & Huberman, 2003 ; p. 48).

La recherche qualitative recormaît la subjectivité des chercheurs et l'influence de ses valeurs tant dans le choix de la question étudiée que des méthodes sélectionnées. Cette implication personnelle présente toutefois des nuances importantes dans la

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littérature et vane entre une certaine neutralité du chercheur possible grâce à la suspension de ses croyances, à l'importance de clairement situer ses parti-pris, inévitables à toutes les étapes du processus. Comme le précise Moss (2002), la rencontre entre chercheurs et participants est une rencontre riche et complexe ou ressemblances et différences sont tour à tour mises de l'avant.

Tout en contribuant grandement à la reconnaissance de la subjectivité en recherche, la recherche qualitative féministe s'est intéressée au cours des quelques dernières décennies à mieux comprendre les éléments qui ont participé de l'oppression des femmes en différents domaines et sous de multiples aspects, ainsi qu'à mieux définir et comprendre la problématique des genres (Bolin & Granskog, 2003; Bordo, 1993 ; Rogers & Garrett, 2002 ; Scraton & Flintoff, 2002). Le milieu de la danse étant très majoritairement féminin, mon regard de chercheure, inspiré de la recherche féministe, est fortement imprégné d'une sensibilité au genre. Sans cibler comme principal sujet d'étude les enjeux qui y sont liés, cette sensibilité, en plus d'orienter certaines questions du guide d'entrevue, suscite une reconnaissance de plusieurs postulats communs aux différentes théories féministes, dont la compréhension de la connaissance comme étant socialement construite et multidimensionnelle, la reconnaissance du pouvoir d'action des individus à participer à la construction de leur univers' social, et le souhait d'éliminer la frontière entre sujet et objet (Clifford­ Walton, 1998).

3.2 Méthodologie ethnographique

Le souhait de décrire et de mieux comprendre les constructions discursives de la santé des danseurs contemporains suggère l'adoption d'une méthodologie de type ethnographique. La méthode ethnographique consiste à décrire un phénomène en reconnaissant les dimensions contextuelles du sujet de recherche, notamment la dimension culturelle qui lui est centrale (Patton, 2002). Elle perçoit et révèle les

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cultures en tant que processus dynamique et multidimensionnel, composé d'acteurs individuels représentant un tissage complexe de voies et de points de vue (Frosch, 1999).

Nous verrons, dans la section suivante, que l'entrevue semi-dirigée représente un outil ethnographique approprié au but de cette recherche. Comme le précisent Quivy et Campenhoudt (1995), cette méthode de cueillette de données convient particulièrement aux projets de recherche qui tentent de mieux comprendre « le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements auxquels ils sont confrontés: leurs systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, leurs interprétations de situations conflictuelles ou non, leurs lectures de leurs propres expériences, etc ... » (p. 196).

Alvesson et Skoldberg (2000) suggèrent différents types d'ethnographie: inductive, descriptive, critique et postmoderne :

Inductive ethnography strongly emphasizes data - quantity, quality and so on - while interpretative ethnography, critical ethnography, and post-modern ethnography put the emphasize on bold (or bolder) interpretations, on critical reflection and the problems of representation and narration. (p. 46)

Notre étude correspond davantage aux caractéristiques des études ethnographiques descriptives mais adopte également une réflexion critique.

3.3 Cueillette de données

La cueillette de données a été réalisée selon l'approche ethnographique, par le biais d'entrevues semi-dirigées conduites entre l'été 2004 et le printemps 2005 auprès de 15 danseurs et danseuses contemporains montréalais. Chacun des 15 participants a collaboré à une entrevue d'une durée de 60 à 90 minutes, pour laquelle il a été appelé

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à répondre à des questions concernant ses opinions sur des questions de santé et son appréciation des us et coutumes du milieu de la danse contemporaine. Les entrevues ont été réalisées en français sous une forme conversatiolUlelle, de façon décontractée et informelle, et se sont déroulées à un moment et dans un lieu choisis par les participants. Il est essentiel, en recherche qualitative, que les questions posées permettent aux participants de s'exprimer dans leurs propres termes, avec le plus de détails possible, plutôt que de suggérer une série de réponses pré-déterminées (Patton, 2002). Les questions ouvertes qui constituent le guide d'entrevues ont donc été choisies dans le but de permettre aux personnes interviewées de prendre librement les directions qu'elles désirent, avec les mots qu'elles souhaitent utiliser. Les entrevues ont été enregistrées sur cassettes audio puis transcrites pour analyse. Une transcription des entrevues a été présentée aux participants pour fins de corroborations.

3.3.1 Sélection des participants

Dans le but de mieux comprendre les constructions discursives de la santé dans le milieu de la danse contemporaine, 15 danseurs professionnels, 4 hommes et Il femmes, ont été interviewés. Outre le respect de la proportion de danseurs et de danseuses du milieu professionnel montréalaisll , les critères de sélection des danseurs

ont également inclus le nombre d'années d'expériences (une moitié avait moins de cinq ans d'expériences du milieu professionnel, et l'autre moitié plus de cinq ans), le type d'engagement professionnel (certains participants étaient à l'emploi d'une compagnie, et d'autres pigistes), et la langue parlée (français). De plus, tous devaient pratiquer le métier d'interprète en tant qu'activité professionnelle principale. Il existe présentement à Montréal trois lieux de formation en danse contemporaine pour les danseurs pré-professionnels ; je me suis assurée que les interprètes interviewés

Il Je me suis basée pour la proportion de danseurs et de danseuses sur les données du regroupement

(38)

provenaient de ces trois lieux l2 . Mentionnons que la présence de blessures n'a pas représenté un critère de sélection. Le tableau 1 suivant témoigne du profil des participants à l'étude en regard leur âge, genre, années d'expérience et type d'engagement professionnel.

12 Ce critère ne s'applique toutefois pas aux danseurs formés à l'extérieur de Montréal, ou aux

(39)

Tableau 1 : Profil des participants

Participants Âge Genre

Années d'expériencel3

Engagement professionnel

H F - 5 ans + 5 ans Compagnie Pige

Ariane* 32 --J -.J --J Audrey 24 -.J -.J -.J Daniel 55 -.J --J -.J Elise* 43 -.J -.J -.J Gabrielle* 46 -.J -.J --J Isabelle 34 --.j --.j -.J Leonetta* 34 -.J -.J -.J Lucie 29 -.J -.J --J Lyvia 27 --J -.J --J Matthieu 26 --.j

v

v

Mélanie 31 -.J -.J -.J Nicolas 32 -.J --J --J Sandra 40 -.J -.J -.J Sophie 30 --J --J -.J Sylvain 42 --.j

v

v

Total 35** 4 Il 7 8 4 Il (* pseudonyme) (** âge moyen)

Le choix initial des danseurs s'est effectué grâce à la cOimaissance du milieu de la danse des membres de l'équipe de recherche et a été complété par une stratégie « boule de neige

».

Les danseurs ont été contactés une première fois par téléphone, afin que leurs soient présentés le projet de recherche et la présente étude. Si ceux-ci se montraient 13 Ces catégories sont empuntées à l'étude mandatée par le Regroupement québecois de la danse (2002).

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