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Les centres commerciaux : une galerie couverte comme atout majeur de leur réussite ?

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Academic year: 2021

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Submitted on 29 Jan 2019

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atout majeur de leur réussite ?

Romain Guernion

To cite this version:

Romain Guernion. Les centres commerciaux : une galerie couverte comme atout majeur de leur réussite ?. Architecture, aménagement de l’espace. 2018. �dumas-01997448�

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Une galerie couverte comme atout majeur de leur réussite ?

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Sommaire

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3-2 - De Victor Gruën à Jon Jerde

Etude de cas : Mall of America & Europa City

1 - Présentation des deux centres commerciaux

1-1 - Mall of America 1-2 - Europa City

2 - L’importance de la galerie couverte dans la pratique commerciale 3 - La place de l’usager dans le centre commercial

Conclusion

Iconographie

Médiagraphie

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Introduction

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Ecrire un mémoire : un exercice inconnu, auquel je n’ai encore jamais été confronté. Pourtant, il constitue une étape inévitable et obligatoire dans la quête du graal que représente le diplôme d’architecte. Pour éviter que cette phase de recherche ne devienne un long calvaire, j’ai décidé de la considérer comme une période d’enrichissement personnel.

J’avoue que l’annonce de ce mémoire m’a semblé bien flou. Trouver un sujet capable de me tenir en haleine durant toute une année me semblait impossible. Mais finalement, quoi de mieux que son environnement quotidien pour trouver un centre d’intérêt et en extraire une thématique à laquelle on aimerait s’intéresser. C’est là que pour moi, le sujet des centres commerciaux est donc apparu comme une évidence.

Pour resituer un peu le contexte, mon parcours1, un peu différents des étudiants de la formation initiale, m’offre la possibilité d’avoir déjà pu prendre un peu de recul sur le métier vers lequel je me dirige. Ainsi, je peux arguer d’avoir déjà pu explorer un certain nombre de projets, aux commandes toutes aussi différentes que semblables, et donc de savoir vers quoi je souhaiterais me diriger dans les années à venir. Avec presque 8ans passés en cabinet d’architecture, je me suis rendu compte que l’architecture commerciale avait constitué une bonne partie de mon activité professionnelle. De la petite boutique de centre-ville, en passant par l’hôtellerie, la restauration, les commerces alimentaires de moyenne taille, et jusqu’aux centres commerciaux, j’ai eu l’occasion d’explorer de nombreuses pistes de travail.

1 - Formation Professionnel Continue : Etudes qui nécessitent d’avoir travaillé un minimum de 4ans sous l’autorité d’un architecte ou d’un maître d’œuvre avant de pouvoir prétendre à y avoir accès.

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premier temps une question qui se détachait plutôt qu’une autre, il m’aura fallu quelques semaines pour faire la lumière sur la thématique à retenir. Et après plusieurs lectures, il m’est apparu comme une évidence que la création d’une galerie couverte était déterminant dans la réussite d’un ensemble commercial. J’ai donc décidé de m’intéresser de plus près à ce point, et notamment sur l’importance qui lui est donné par les architectes. Je souhaite donc savoir si :

La réussite d’un ensemble commercial, volonté majeure des commanditaires, dépend-t-elle de la pensée architecturale et fonctionnelle d’une galerie

couverte ?

Appartenant aux jeunes générations, je n’ai jamais vraiment connu d’autres modes de consommation que les grands centres commerciaux modernes. Ceux dans lesquels sont rassemblés une multiplicité et une diversité de commerces, d’activités, ou encore de produits. Ceux qui attirent chaque weekend la foule, et qui sont le théâtre de courses aux bonnes affaires lors des soldes ou encore des rushs de noël. Mais tout ça ne s’est pas fait en un jour.

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Depuis quand a-t-on compris l’importance de ces espaces couverts qui rassemblent ? A quand remonte les prémices des galeries commerciales couvertes ? Comment ces espaces sont-ils pensés aujourd’hui par les architectes ? Sont-ils vraiment si différents de ceux des premiers centres commerciaux ? C’est à ces questions que je souhaite trouver des réponses. Afin de tenter de comprendre ce phénomène, je vais dans un premier temps effectuer un petit retour dans le passé. Il sera alors question d’un retour dans l’antiquité, avec l’apparition des premiers marchés couverts. Puis je m’intéresserais à la création des passages couverts au 18ème siècles, avant de m’attarder sur l’émergence des premiers centre commerciaux modernes aux Etats-Unis. Et pour terminer, j’effectuerai une analyse des travaux de Victor Gruen et Jon Jerde, considérés comme les fondateurs de ce nouveau mode de consommation. Enfin, au travers d’études de cas, je tenterais de démontrer que les architectes d’aujourd’hui n’ont pas vraiment révolutionnés les fondamentaux de la galerie commerciale. Pour cela, je m’appuierais sur l’étude du Mall Of America de Jon Jerde, encore considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands centres commerciaux du monde, et sur le projet d’Europa City mené par l’agence BIG. Il sera question d’y montrer l’importance de la galerie commerciale, des fonctions et des activités qui lui sont attribuées, et de la place de l’usager dans cet espace majeur du projet.

L’objectif de ce mémoire est de mettre en évidence l’importance de la galerie couverte dans la conception d’un espace commercial, afin de démontrer que la réussite de ce dernier en dépend.

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Du marché couvert à la naissance

des centres commerciaux

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Si tous les recueils s’accordent à dire que les centres commerciaux sont apparus au XXème siècle aux Etats-Unis, leur origine serait bien plus lointaine. En effet, il faut remonter à l’époque médiévale pour en voir apparaître les prémices, avec la création des grandes halles couvertes regroupant en un même lieu plusieurs chalands, et facilitant ainsi les habitudes des acheteurs. Puis entre le XVIème et le XVIIème siècles, ce principe va être repris et développé dans les pays chauds sous la forme des « grands bazars », tel qu’on peut encore les arpenter aujourd’hui. Le XVIIIème et le XIXème siècles feront apparaître une nouvelle forme de concept commercial : les passages couverts, aussi appelés galerie marchande. Enfin, ce n’est qu’au siècle suivant que nous verrons apparaître le centre commercial « moderne » tel que l’on le connait, avec ces grandes allées agrémentées de multiples boutiques, ces verrières nécessaires à l’apport de lumière naturelle et ces structures poteaux/dalles permettant une multitude d’aménagements possibles.

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ont été décelées à l’époque romaine, où les villes comportaient des espaces commerciaux, notamment sur la place principale de la ville : Le

Forum2. Les explorations archéologiques ont montré que ces places étaient généralement bordées de portiques sous lesquels étaient regroupés des boutiques ou des commerçants ambulants. Il a aussi été démontré que les villes romaines possédaient des espaces dédiés au marché, appelé macellum. Ils se présentaient sous la forme d’un espace clos avec une entrée unique, et comportait un certain nombre d’emplacements, favorisant la vie urbaine en organisant le commerce. Enfin, les archéologues ont également mis au jour des édifices pouvant être considérés comme à l’origine des halles couvertes, avec les horrea (singulier horreum) ou granarium. Ces entrepôts, bien que généralement associés à des greniers à grain, étaient également utilisés pour stocker d’autres types de biens : de l’huile d’olive, du vin, des vivres, des vêtements, et autres. De nombreuses horrea servaient par ailleurs de zones de commerce avec des rangées de petits magasins disposées autour d’une cour intérieure centrale, et ce parfois, d’une manière très élaborée.

2 - Le forum romain est dans l’Antiquité, la place publique où les citoyens romains se réunissent pour traiter d’affaires commerciales, politiques, économiques, judiciaires ou religieuses, à l’image de l’agora dans le monde grec.

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[01] Vue Aerienne - Macellum de Jerash en Jordanie

[02] Plan - Macellum de Jerash en Jordanie

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[03] & [04] Photographies - Macellum de Pompéï en Italie

[05] Plan - Macellum de Pompéï en Italie [05] [04]

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La chute de l’empire romain a perturbé la pratique commerciale. Même si elle s’est poursuivie par nécessité, il ne reste aucune trace avérée de quelconques marchés couverts durant la période du Moyen Âge. Ce n’est seulement à partir du XIème ou XIIème siècles qu’ils semblent réapparaitre. En effet, l’activité commerciale à cette époque représentait un enjeu économique important, et les marchés jouaient un rôle culturel fondamental pour les villes. Comme on peut d’ailleurs le lire dans l’ouvrage de Gilles-Henry Bailly et de Philippe Laurent3, « la royauté cherche à favoriser le commerce ». Bien

entendu, ce choix n’est pas anodin. En plus de vouloir règlementer l’organisation des marchés, les seigneurs y voient là un nouveau moyen de pouvoir récupérer quelques écus. Ils décident de créer un lieu unique où se tiendraient de manière régulière les marchés ou les foires. C’est à cette époque que l’on voit apparaître les premières halles couvertes. Pour la société féodale, les halles « contribuent à assigner

un lieu précis à certaines transactions, et assurent un contrôle plus exact, tout en justifiant le prélèvement des taxes »4. Par conséquent, les seigneurs ont pu mettre en place tout un ensemble de règles et de taxes qui leur ont permis de récupérer un peu plus d’argent, sous couvert des frais de construction et d’entretien des halles.

3 - BAILLY (Gilles-Henri) et LAURENT (Philippe), La France des halles & marché, Toulouse, Edition Privat, 1988, 153 p. 4 - Ibid., p. 16

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La suite de l’histoire montre que peu de modifications ont été apportées à ces constructions. Durant la Renaissance, les marchés couverts ont été conservés en l’état. Pour la noblesse, il était inutile de changer la recette, puisque celle-ci assurait une rente régulière et facilement contrôlable. Au contraire, avec le remembrement des terres et la création de villes nouvelles, les halles constituaient l’édifice primordial à mettre en avant lors de l’élaboration du plan. A en croire l’ouvrage de Gilles-Henry Bailly et de Philippe Laurent5, « Versailles est l’un des exemples les plus marquants de cette période. Ville totalement nouvelle, la place belle a été faite aux halles et aux marchés, allant même jusqu’à en repousser les limites en créant l’ébauche des centres commerciaux, avec les Carrés Saint-Louis6 », édifiés sous Louis XV.

[06] Halle couverte datant du Moyen Âge (XIème Siècle) à Plouescat dans le Finistère

5 - Ibid., p. 16

6 - Carré Saint-Louis : boutiques surmontées de combles, constituant quatre cours consacrées à différents commerces : « carré aux puits », « carré à l’avoine », carré à la fontaine » et « carré à la terre » [06]

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Ce n’est qu’au XVIIIème siècle, sous l’avènement des Lumières, que la réforme des marchés et des halles est entreprise. Ces esprits nouveaux souhaitent endiguer le phénomène de cohue qui règne dans les marchés traditionnels, en repensant l’édifice, et en l’embellissant. Les halles sont détruites et reconstruites de façon plus ordonnancée, et en harmonie avec les nouvelles compositions urbanistiques. On voit alors apparaître des halles à l’architecture plus soignée, qui témoignent d’une vraie volonté des villes d’en faire un bâtiment central et identitaire. D’ailleurs, comme on peut le lire une nouvelle fois dans l’ouvrage de Gilles-Henry Bailly et de Philippe Laurent7, «l’inauguration du nouvel édifice donne lieu à une

véritable publicité régionale». Aussi, pour ne pas

retomber dans les travers ancestraux et rentabiliser les investissements, les villes vont promouvoir les produits locaux, afin d’en faire des produits commercialisables à grande échelle. Les halles vont ainsi devenir de véritables lieux de modernisation des pratiques commerciales.

Le 19ème siècle symbolise les dernières évolutions notoires des halles et des marchés couverts. Sous l’impulsion des pensées architecturales d’Haussmann, et des directives politiques pour endiguer les épidémies, les édifices traditionnels en bois sont détruits au profit des marchés de nouvelles générations en fer et en verre. Plus lumineux, avec des portées plus grandes, elles offrent un confort indéniable aux commerçants. Cependant bien que nouveaux et plus attirants, ces bâtiments ne permettront pas de relancer la fréquentation, notée en baisse depuis quelques années.

7 - Ibid., p. 16

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[07] Coupe sur un des pavillons des Pavillons Baltard - Les Halles de Paris [08] Façades des Pavillons Baltard - Les Halles de Paris

[09] Vue Aérienne des Pavillons Baltard construits entre 1850 et 1870 - Les Halles de Paris [09] [08]

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Enfin, le XXème siècle marque quant à lui le déclin des halles et des marchés couverts. Les guerres destructrices, combinées à l’évolution des modes de consommations, en passant par la modernisation des équipements des ménages ; tous ces paramètres vont contribuer à faire disparaitre définitivement les méthodes de commerce d’antan. Pour celles et ceux qui n’auraient pas été détruits, les halles et les marchés couverts vont se voir attribuer de nouvelles fonctions (salles communales, places couvertes, etc.), ou vont devenir des témoins du passé.

Ces édifices ont réussi à traverser les siècles. Cela atteste bien de leur importance dans la vie économique d’une ville, de par leur fonction commerciale et culturelle. Mais comme le disent Gilles-Henry Bailly et Philippe Laurent dans leur livre8, « quels que soient les pouvoirs tutélaires […], les halles ont toujours répondu à deux motivations : la volonté de promouvoir le commerce urbain par l’amélioration de ses conditions d’exercice, mais en même temps, le souci de contrôler les flux économiques pour en capter les profits ». Ainsi, cela

démontre bien que ces constructions semblent être le point de départ de la galerie commerciale couverte de l’aire moderne. La volonté de rassembler en un même lieu les commerces pour accroitre les ventes était déjà présente ; et de la conception du bâtiment dépendait sa réussite commerciale.

8 - Ibid., p. 16

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Paris au XVIIIème siècle. A l’origine, leur apparition coïncide avec l’époque de la Révolution française, et la phase d’expansion du capitalisme industriel. Cette période de l’histoire a vu émerger une classe sociale : La bourgeoisie. Forte de ce renouveau social et politique, et désireuse de s’imposer, elle avait pour objectif de se détacher des autres groupes, en mettant en avant ses richesses. Alors pour satisfaire cette demande les passages « furent la forme

urbaine et commerciale qui a le mieux répondu à cette première phase de croissance économique. Luxe, ostentation mais aussi une société plus libre à la recherche de plaisir et d’oisiveté, voilà les moteurs de cette première époque des passages et galeries »9

A ce jour, le premier passage couvert référencé est celui des Galeries de Bois à Paris, dans le Palais Royal. A l’origine, la commande initiale de Philippe d’Orléans10 à l’architecte Victor Louis11, prévoyait de fermer la cour d’honneur par de grandes galeries de pierre. Mais par manque de moyens, seuls trois cotés purent être achevés. Le Duc décida alors de céder la dernière partie à « un entrepreneur qui y construisit des hangars

de planches abritant trois rangées de boutiques desservies par deux allées couvertes »12, et éclairées

9 - L’avenir des passages et galeries en Europe au XXIème siècle : Actes du colloque tenu à l’Hôtel de la Monnaie, Décembre 2009, Paris, Mécène, 2011, 112 p.

10 - Philippe d’Orléans : Fils de Louis XIII et Anne d’Autriche, il est aussi le frère cadet de Louis XIV. Il est né en 1640 au Château de Saint-Germain-en-Laye (France) et mort en 1701 au Château de Saint-Cloud (France).

11 - Victor Louis : Architecte français né le 10 mai 1731 à Paris, et mort le 2 juillet 1800 à Paris. 12 - Extrait du site : https://www. histoire-image.org/fr/etudes/galeries-palais-royal-ancetre-passages-couverts

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par un éclairage zénithal. Conçues de manière très simple et résultant un peu du fruit du hasard, elles ne devaient être que des installations provisoires. Mais finalement, elles ont servi de prototype à de nombreuses galeries couvertes de Paris.

[10] Les galeries de bois du Palais Royal en 1820

[11] Vue du jardin du Palais Royal de ses bâtiments et des galeries

[10] [11]

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voyages en Europe :

Tout d’abord, je peux citer Le Royal Opéra Arcade, construit en 1817 à Londres, et qui est d’ailleurs le premier passage construit hors de France. En avance sur son temps, il possédait déjà à l’époque une grande façade commerciale et une organisation interne très rationnelle. Il est aujourd’hui le plus ancien passage en activité et n’est toujours consacré qu’aux commerces.

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Nantes possède aussi l’un des plus beaux et des plus étonnants passages d’Europe avec le passage Pommeraye. Inauguré en 1843, il s’étend sur trois niveaux distribués par un grand escalier central qui permet de s’intégrer à la forte déclivité du terrain et ainsi de relier la rue de la Fosse à la rue Santeuil. En plus d’être remarquable architecturalement, il se détache également par ses ornementations de toutes sortes (galerie de statues, sculpture, ferronneries, etc.). Tous ces éléments ont contribué à faire que ce passage soit l’un des plus utilisés comme décors de film ou encore comme sujet pour de nombreux livres.

[14] [13]

[12] & [14] Vues intérieures du Royal Opera Arcade à Londre

[13] Vue de l’entrée du Royal Opéra Arcade à Londre

[15] & [16] Vues intérieures du Passage Pommeraye à Nantes

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Enfin, je peux parler de la Galleria Umberto I, construite à Naples entre 1887 et 1890. Avec ses « rues » de marbres et ses voûtes de verre, elle est le théâtre de scènes de vie à toute heure de la journée. Sous le dôme central, à la croisée des rues, on peut y voir tout un ensemble d’ornementations, allant des signes du zodiaque aux statues de bronze, accroché à la structure de fer. Véritable carrefour, elle permet de relier les plus grandes artères de la ville, évitant de faire de grands détours ; et par conséquent, elle s’impose naturellement comme un passage obligatoire.

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[17] Vue du dôme de la Galleria Umberto Uno à Naples

[18] Vue intérieure de la Galleria Umberto Uno à Naples

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[19] Vue du dôme de la Galleria Umberto Uno à Naples

[20] Vue intérieure de la Galleria Umberto Uno à Naples

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Si ces quelques exemples sont déjà très différents l’un de l’autre architecturalement et en terme de spatialité, ils sont aussi les témoins d’une évolution des passages couverts et des galeries au fil des années. Mais, comme le mentionne l’ouvrage sur l’avenir des passages et galeries en Europe au

XXIème siècle13, d’autres édifices sont encore plus surprenants. Il faut citer pour cela Les Galeries Royales de Saint-Hubert en Belgique, synonyme de révolutions pour les passages, de par leur ampleur et leur taille ; La Galleria Vittorio Emanuele II à Milan, l’une des plus belles et des plus célèbres d’Europe pour son immense et haute verrière ; ou encore le passage GUM en Russie qui reste à ce jour le plus grand passage jamais construit dans le monde. Toutes ces évolutions architecturales nous amènent à penser que ces changements n’étaient que les prémices des centres commerciaux modernes.

[21] Schémas montrant l’évolution spatiale des passages couverts en Europe

13 - L’avenir des passages et galeries en Europe au XXIème siècle op.cit., p. 4

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[22] & [23] Vues intérieures de la Galerie Royales Saint Hubert en Belgique [24] & [25] Vues intérieures du Passage GUM à Moscou

[26] Vue intérieure de la Galleria Vittorio Emanuele II à Milan

[22] [24] [26] [23] [25]

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Il n’est donc pas surprenant que le début de la disparition des passages couverts coïncide avec l’avènement des premiers grands magasins. S’ils subissaient déjà la concurrence de locaux qui offraient des surfaces bien supérieures aux leurs, la première guerre mondiale n’a rien arrangé. Bien au contraire, elle n’a fait qu’amplifier le commerce de masse auquel pouvaient répondre les centres commerciaux d’après-guerre, dans une période de reconstruction massive et rapide. Les seuls passages à avoir pu résister durant cette nouvelle ère sont ceux construits à la fin du XIXème siècle et que nous avons cités précédemment (Milan, GUM à Moscou, etc.). Ils témoignent encore aujourd’hui d’une activité conséquente. En effet, leur architecture monumentale permet d’offrir de grands espaces à fort potentiel, et donc de pouvoir répondre aux demandes des grandes enseignes commerciales très prisées de la clientèle.

Ainsi, au travers de l’analyse des passages couverts et de leur évolution, on se rend compte que les concepteurs avaient déjà bien intégré la notion de rentabilité. En regroupant les commerces dans un lieu unique et en canalisant les flux piétons dans de larges allées couvertes, ils ne faisaient qu’augmenter les profits. On citera d’ailleurs Jean-Michel Silberstein, qui dans un colloque sur les passages couverts14 disait: « Dans le commerce, on sait que ce qui apporte le

commerce, c’est le flux ou alors le commerce apporte le flux, et ce sont ces flux qui font que le commerce se perpétue. ». Finalement, l’histoire se perpétue,

sans que depuis l’ère des premiers marchés couverts de l’antiquité, l’homme n’ait fait évoluer la méthode de rentabilité commerciale. Seuls l’architecture et les changements de modes de consommations diffèrent.

14 - Ibid., p. 32

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le raconte Patrick Mauger dans son ouvrage, c’est qu’ils ont été une forme de réponse à l’évolution des modes de consommations et à l’image du mode de vie de la population.

3-1 - Les centres commerciaux contemporains : Volumétrie et matérialité

« Si les halles de marchés remontent à une

tradition médiévale établie, les grands magasins sont une pure invention de la société industrielle.»15. En effet, le XIXème est le siècle lié à l’essor de l’industrie, du commerce, et de la production de masse. Les centres commerciaux apparaissent donc comme une réponse à l’évolution du mode de vie de la population. Ils marquent aussi le début de la société de consommation, et ne sont que la préfiguration d’une typologie qui ne cessera d’évoluer en fonction des évolutions des idéologies commerciales.

Auparavant, le lieu de commerce s’apparentait à de petites boutiques en plein centre-ville, ou parfois de halles couvertes comme nous avons pu le voir précédemment. La révolution industrielle a permis de développer de grands volumes (bâtiments avec étage, atrium, etc.), et de

15 - ACCORSI (Florence) & LAMARRE (François), Espaces commerciaux, Paris, Construiracier, 2015, 63 p.

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faire la part belle aux vitrines et à la mise en valeur des produits. Ainsi, le travail des architectes s’en retrouve facilité, ce qui leur permettra de conserver dans leurs projets l’une des idées fondatrices du concept : concentrer le client sur l’achat. Ils intègreront également des notions nouvelles comme la fidélisation de la clientèle ; via l’emploi de matériaux, de visuels, de symboles, qui permettront de créer une identité au bâtiment. L’image dégagée devra alors s’ancrer dans la mémoire des gens pour susciter de l’émotion et les faire adhérer. C’est d’ailleurs ce à quoi Patrick Mauger fait référence dans son ouvrage16 : « plus l’architecture est intense, plus l’attraction et la capacité à retenir les chalands seront fortes. ».

Mais ces évolutions ont été rendues possibles, avant tout, grâce à l’utilisation du métal. Les architectes y voient là un bon moyen d’allier la rentabilité et l’esthétique. D’un point de vue économique, la mise en place d’une structure poteaux-poutres permet d’obtenir des systèmes à grande portée, qui limitent l’impact au sol, démultiplient les hauteurs des bâtiments, et donc augmentent les possibilités d’aménagement. Autant d’atouts importants dans la conception des centres commerciaux. Et ce n’est pas le seul avantage, puisque s’ils choisissent de retenir des structures au potentiel esthétique intéressant (poutres treillis, ajouts de ferronnerie, etc.), ces dernières vont pouvoir être laissées apparentes et par conséquent donner du « cachet » au centre commercial.

Dans le même temps, les architectes vont avoir recours à la mise en œuvre du verre. Ces fonctions multiples vont permettre de répondre aux besoins

16 - MAUGER (Patrick), Centres commerciaux, Paris, Le Moniteur, 1991, 120 p.

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du verre pour les constructions à usage commercial: « Toutes captent et domestiquent la lumière en

fonction des activités abritées. Zénithale, elle abonde sans distraire le client du spectacle marchand. Sur la rue, les façades se font vitrines pour appâter le chaland et l’inviter à entrer. ». Enfin, le verre pourra

également avoir des fonctions décoratives (vitraux, utilisation de verre coloré, etc.), qui vont permettre d’animer les façades et les différents espaces créés, et notamment la galerie commerciale.

C’est donc avec toutes ces nouvelles armes que les architectes vont petit à petit faire évoluer la typologie des centres commerciaux. Ils vont alors tenter de donner un aspect théâtral au lieu, en récréant une vie urbaine comme ce que laissait transparaitre les rues des centres-villes. Chaque détail architectural est magnifié et on voit disparaitre la séparation rue intérieure et rue extérieure. Ainsi, par l’emploi du verre, ils assurent la continuité entre les espaces, et augmentent la perception du merchandising depuis l’extérieur. Les centres commerciaux évoluent également dans leur volumétrie, privilégiant la verticalité à l’horizontalité. C’est aussi à partir de ce moment

que l’on voit apparaître la création de strates, 17 - ACCORSI (Florence) op.cit., p. 35

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décomposées comme il suit : Au rez-de-chaussée, les commerces tout public ; dans les premiers étages, les restaurants qui offrent une vision globale sur la « ville » commerciale ; et dans les niveaux les plus hauts, les boutiques de luxe avec leur clientèle de connaisseurs et donc une nécessité moindre de visibilité. « La place centrale devient un atrium »18 dans lequel se concentre la vie du centre commercial et où le piéton a pleinement sa place.

Ainsi, durant cette période de la fin du XIXème au début du XXème siècle, les architectes ont pu laisser libre cours à leur imagination. Avec l’essor de l’industrialisation, ils ont trouvé un appui de marque pour mettre en pratique leur vision du centre commercial, et le faire évoluer vers des modes de réalisations que nous pouvons encore percevoir de nos jours. Qui plus est, l’association du métal et du verre leur a permis d’arriver à une certaine liberté, essentielle dans la confection des espaces et de l’enveloppe des bâtiments commerciaux. Enfin, avec ces dispositifs constructifs, ils intégraient une notion nouvelle : l’évolutivité. Il devenait alors possible d’imaginer transformer, modifier ou agrandir le bâtiment à moindre coût, permettant ainsi de toujours rester en phase avec les pratiques commerciales en constante évolution.

18 - MAUGER (Patrick) op.cit., p. 36

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centres commerciaux, il faudrait citer Victor Gruën et Jon Jerde.

Le premier cité est un architecte urbaniste d’origine autrichienne, qui a émigré aux Etats-Unis en 1938, pour échapper à la montée du nazisme, suite à l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne Hitlérienne. Déjà très célèbre à Vienne en tant que concepteur de boutiques, il s’est rapidement fait une place à New-York, notamment grâce à deux réalisations : Lederer’s et Ciro’s.

Au début des années 1940, il part s’installer à Los Angeles, et voyant le pays changer à grands pas sous la montée de l’industrie automobile, il décide de s’immiscer dans les débats sur l’impact des centres commerciaux régionaux, la reconstruction des centres-villes, le rôle des autoroutes urbaines et l’avenir de la ville américaine. Très vite, il a compris que le centre commercial régional serait l’élément clé dans le développement des villes américaines. C’est à partir de ce moment qu’il a commencé à prêcher à un public national les vertus de ce nouveau type de bâtiment, qui allait changer le paysage suburbain et en faire un lieu important pour la population.

Alors, après avoir publié des articles ou

participer à des coloques pendant presque 10ans, [27] - Portrait de Victor Gruën

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Gruën a enfin eu l’occasion d’expérimenter et de tester ses idées dans des projets concrets, à commencer par celui de Harvey Park. Le centre commercial était conçu sous une forme cruciforme, créant des rues commerçantes piétonnes à la périphérie desquelles se dressait un ensemble de petits magasins, protégé par des colonnades. Au centre, on y trouvait un grand magasin de forme cylindrique sur 7 étages, et qui devait servir de référence identitaire pour l’ensemble des villes environnantes. Mais ce n’est pas tout, pour se démarquer des autres centres commerciaux, Gruën avait déjà pensé à y intégrer tout un ensemble de fonctions annexes qui pouvait remplir des rôles sociaux et culturels. Ainsi, on pouvait retrouver, des kiosques, des comptoirs de rafraîchissements, des salles de réunion, mais aussi une salle de cinéma, un auditorium, et même une crèche où les parents pouvaient laisser leurs enfants. Le but de Gruen était donc de créer une place centrale, un véritable lieu de vie en communauté, où les habitants d’une vaste zone environnante pourraient, en plus de faire des emplettes, venir s’y détendre et profiter des activités culturelles. Par la suite, il continuera à peaufiner sa vision du centre commercial, en améliorant la qualité des espaces extérieurs dédiés à faciliter l’accès au centre pour les voitures, et des espaces publics intérieurs pour constituer de véritables galeries commerciales. Ces évolutions seront notamment visibles sur des centres commerciaux d’une plus grande ampleur tel que Milliron (Los Angeles), Northgate (Seattle) ou Southdale Center (Minnesota), ce dernier étant selon lui le plus réussi et devenu pour lui le modèle pour beaucoup de ces constructions ultérieures.

[28] Vue aérienne du centre commercial Milliron’s Department Store

[29] Vue depuis le parking du centre commercial Milliron’s Department Store, aevc les rampes d’accès [30] Vue de l’une des façades du centre commercial Milliron’s Department Store

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[31] Vue aérienne du centre commercial Northland Shopping Center

[32] Vue du patio intérieur du centre commercial Northland Shopping Center [33] & [34] Vues intérieures du centre commercial Northland Shopping Center

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[35] Image de rendu, remise par Gruën au commanditaire, lors de la conception du centre commercial Southdale Center [36] & [37] Vues de la galerie couverte du centre commercial Southdale Center

[35] [37] [36]

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Victor Gruën était convaincu que le centre commercial devait être plus qu’une « collection

de magasins ». Comme il le disait « les périples commerciaux manquaient d’espaces publics », qu’il

appelait d’ailleurs des « points de cristallisation, et de

fonctions sociales et culturelles »19. Il savait que ces constructions pouvaient répondre à ces besoins, et que l’architecte avait besoin de réaliser un concept qui, en plus de fournir son programme commercial, inclurait d’autres fonctions, toutes organisées par un réseau d’espaces publics. Les centres commerciaux pourraient être considérés comme des centres-villes satellites, offrant une grande partie de ce que les centres métropolitains possédaient déjà.

Tous ne sont pas d’accord, mais Victor Gruën, par son rôle et son investissement dans le développement des centres commerciaux, reste encore pour beaucoup comme le « Père » fondateur de ce type de bâtiments. Et bien que ces réalisations ne soient pas les plus célèbres, il a inspiré bien des générations d’architectes. Ces dernières n’ont d’ailleurs fait que poursuivre son travail, tentant de l’améliorer et de l’adapter à l’évolution des modes de consommations. Mais beaucoup de ses intentions et de ses stratégies architecturales sont encore valables aujourd’hui.

19 - WALL (Alex), Victor Gruen, from urban shop to new city, Barcelone, Actar, 2005, 267 p.

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nouvelle voie allait devenir pour lui l’une des plus importantes de sa carrière.

A cette époque, de 1950 à 1970, le « centre

commercial était le meilleur investissement connu de l’homme »20. L’objectif des promoteurs était de rentabiliser leur investissement en tentant de récolter un maximum d’argent par mètres carrés de surfaces créées. Cette approche était donc appliquée de manière systématique, sans jamais être remise en question. Le développement des centres commerciaux était devenu si standardisé, que l’organisation interne en était même régie par le merchandising plutôt que par l’imagination propre des architectes. Alors quand Jon Jerde se pencha sur la conception de son premier magasin, à la fin des années 1960, il était persuadé qu’il devait exister d’autres solutions. Selon lui, la vision du centre commercial mise au point par Victor Gruen avait atteint ses limites, et elle était devenue si conventionnelle que la présence de l’architecte n’avait plus vraiment lieu d’être. Et les instincts de Jerde se sont vite confirmés. La production de masse d’après-guerre avait fait évoluer les modes de consommation, et les centres commerciaux avaient besoin d’un renouveau.

[38] Portrait de Jon Jerde

20 - BRADBURY (Ray) & CRAWFORD (Margaret), You are here: the jerde Partnership international, Londres, Phaidon Press, 1999, 239 p. [38]

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Très vite, son travail s’est concentré sur l’attraction des centres commerciaux vis-à-vis de la population. Et pour cause, son analyse avait montré que le centre commercial était devenu « la

dernière place où la vie communautaire américaine existait »21. Alors, il a décidé de repenser le centre commercial, en y intégrant des composantes humaines. L’idée était de créer un lieu qui attire une foule de personnes, dans un environnement stimulant, afin que ces dernières puissent de nouveau échanger et partager entre elles, ainsi qu’avec l’environnement dans lequel elles se trouveraient. Le centre commercial allait de nouveau devenir une expérience urbaine, un lieu de vie pour les citoyens, et non plus seulement un lieu de consommation.

Malgré tout, Jerde ne souhaitait pas tout révolutionner. Il voulait se contenter d’ajouter de nouveaux éléments qui ne perturberaient en rien la fonction originelle du centre commercial. Son envie : concevoir « des lieux riches et expérientiels qui en

inspireraient et engageraient l’esprit humain »22. Les éléments du pratique et du magique coexisteraient et se renforceraient mutuellement. L’utilisateur se retrouverait alors au centre des attentions, ses sens seraient stimulés, et il pourrait vivre des moments de surprise et d’excitation. Enfin dans un même temps, le niveau de confort resterait inchangé.

Mais tout ne s’est pas fait aussi rapidement qu’il l’aurait souhaité. Comme tous les visionnaires, ses travaux sont passés par des essais, des erreurs, des réglages ou des affinages. En témoigne le projet du Horton Plaza de San Diego. Débuté en 1985, le projet était conçu à la base sur celui d’un centre commercial régional standard. Si Jerde a réussi à le

[39] Vue aérienne du centre commercial Horton Plaza 21 - Ibid., p. 45 22 - Ibid., p. 45

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Snoopy. Ainsi, petit à petit, Jerde démontre que sa théorie n’était pas qu’une supercherie, et il confirme que pour qu’un centre commercial ait du succès, il faut qu’il devienne un espace public multi-usage, dans lequel le divertissement à sa place.

De par son travail, Jon Jerde a réussi à s’imposer comme un architecte de centres commerciaux et de divertissement. Sa synthèse du commerce et de la vie publique lui aura permis d’offrir une nouvelle vision des grands magasins, en stimulant la régénération sociale et économique, en encourageant la vitalité et l’interaction. Mais surtout, ce qui est peut-être le plus marquant, c’est que la carrière de Jerde a été constamment liée aux évolutions des modes de consommation, et que chaque fois il a réussi à répondre à la demande. Si jamais il n’a remis en cause ses préoccupations formelles et sociales, il aura su adapter ses travaux pour poursuivre sa quête du centre commercial dédié au citoyen. Il a certainement inventé une nouvelle façon de vivre l’architecture, plutôt que de simplement la voir.

[40] & [41] Vues de la rue intérieure du centre commercial Horton Plaza 23 - Utilisation d’un thème général pour créer une organisation spatiale holistique et intégrée d’un lieu de consommation.

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commerciaux, plutôt que les architectes qui les conçoivent. Les innovations de Gruën ont défini la forme et la formule du centre commercial moderniste archétypal - le centre commercial régional d’intérieur - qui s’est répandu aux États-Unis de 1960 à 1980. Sous un climat qui exige des changements de formes et de produits plus rapides, Jerde a produit, de façon typiquement postmoderne, une succession de différents types de centres commerciaux. Cependant, le succès constant de Gruën et Jerde dans la conception de centres commerciaux repose sur le même talent paradoxal ; leur capacité à satisfaire simultanément un ensemble d’exigences apparemment contradictoires. Premièrement, et fondamentalement, ils doivent adhérer aux formules rigides qui régissent la rentabilité d’un centre commercial. Dans le même temps, cependant, ils doivent générer une innovation continue, afin de rester à l’avant-garde du centre commercial en constante évolution. Ce sont des exigences minimales. Ce qui a rendu légendaires Gruën et Jerde, c’est l’ajout d’un troisième élément au centre commercial : une sociabilité communicable. Puisant dans les désirs populaires et leurs propres envies d’urbanité, ils ont appris à orchestrer le plaisir commun. »

[42] & [43] Croquis en couleurs du centre commercial Mall Of America, réalisés par Jon Jerde lors de la conception du projet

24 - BRADBURY (Ray) &‎ CRAWFORD (Margaret), op.cit., p. 45

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Au travers de cette rapide analyse qui demanderait à être approfondie et complétée, on se rend compte assez facilement que l’histoire des centres commerciaux n’est pas aussi simple qu’elle puisse paraître. Elle est surtout liée à tout un ensemble de paramètres extérieurs et à la volonté délibérée de certains architectes. Aussi, comme Patrick Mauger le mentionnait dans son ouvrage25, « A l’origine pensés sur un concept standard, «

prêt-à-implanter », les centres commerciaux sont aujourd’hui devenus des bâtiments sur mesure insérés dans leur contexte. ». Le rôle de l’architecte

a également changé au fil des années et des évolutions des modes de consommation passant d’un simple rôle de concepteur de bâtiments commerciaux, où seule la rentabilité était mise en avant, à celui d’un architecte/designer/urbanisme, expert en communication, devant répondre aux nouvelles envies des consommateurs de voir leur centre commercial plus attractif.

Mais paradoxalement, bien que l’histoire des centres commerciaux témoigne d’une certaine linéarité, il est difficile d’attribuer à une époque une typologie commerciale. En fonction de la commande, de la localisation ou encore de l’architecte, chaque construction était différente. Elle répondait à un programme spécifique, lui-même axé sur les modes de vie des consommateurs locaux. Ainsi, cela explique pourquoi nous nous retrouvons avec une multiplicité de conception architecturale aux styles si différents. Et visiblement, l’histoire n’est pas prête de s’arrêter.

25 - MAUGER (Patrick) op.cit., p. 36

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Cette petite analyse historique de l’avènement des centres commerciaux nous a permis de mieux cerner les évolutions architecturales au fil des époques. Et même s’il nous est impossible de les comparer puisqu’à chaque période correspond un mode de vie et de consommation, elle fait ressortir un point non négligeable pour la réussite commerciale : l’importance des zones couvertes qui permettent de relier les espaces commerciaux. Du marché couvert aux grands centres commerciaux de Jon Jerde, la réussite semble dépendre de cet élément architectural. Alors il me semble essentiel d’approfondir encore ce point, en tentant de comprendre comment les architectes intègrent ce paramètre au moment de la conception. Egalement, il faut analyser les ingrédients qu’ils utilisent pour en faire un lieu de vie où l’usager y trouve sa place.

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Mall of América & Europa City

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Afin de poursuivre notre étude sur l’importance de la galerie couverte, intéressons-nous à deux modèles de centre commerciaux mis au point à des époques différentes : Mall of America et Europa city. Le premier est l’un des plus grands centres commerciaux du monde, et l’autre est encore au stade du projet mais déjà ses ambitions font parler.

Alors même si les contextes semblent éloignés, la vision des architectes est-elle si différente ? La recette vers la réussite du complexe commercial est-elle similaire, ou les architectes ont-ils modifié les ingrédients ? C’est sur ces points que nous allons tenter de faire la lumière.

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centre a ouvert ses portes le 11 Août 1992.

S’il est considéré comme l’un des plus importants du monde aujourd’hui, en réalité au 14ème rang mondial, c’est en grande partie dû à sa superficie commerciale. En effet, il s’étend sur 390 000m², dont 232 000m² de surfaces commerciales. Ainsi, il abrite aujourd’hui, pas loin de 520 magasins ou boutiques, 50 restaurants ou fast-foods, 14 salles de cinéma, 8 discothèques, mais aussi un golf miniature sur 2 niveaux ou encore un parc d’attraction. Alors pour que la clientèle puisse accéder à ce « paradis » commercial, il est évident que le concepteur a pensé au stationnement. C’est donc ce qui explique qu’aujourd’hui on retrouve près de 20 000 places de stationnements réparties à la périphérie du bâtiment. Enfin, et pour en terminer avec les chiffres, il faut également retenir que ce méga Mall attire près de 40 millions de visiteurs par an, pour un chiffre d’affaire annuel d’environ 900 millions de dollars.

[44] Logo du centre commercial Mall Of America

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Mais le Mall of America, c’est également bien plus qu’un centre commercial. Jon Jerde avait décidé au moment de sa conception d’en faire un monde dans un monde, une ville dans la ville, dans lequel serait reproduit un environnement urbain et naturel familier. Alors, aussi surprenant que cela puisse paraître et en plus de tous les éléments précédemment cités, on y retrouve un lycée, le Mall of America High School, ou encore une chapelle, soigneusement dénommée la « Chapelle de l’Amour ». L’aspect naturel est lui mis en avant, grâce à des reproductions de pierres établies à partir de roches de falaises voisines, ou encore avec la plantation de près de 400 arbres qui poussent sous l’apport de lumière naturelle provenant des verrières du centre commercial.

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[45] Vue aérienne du centre commercial Mall Of America

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South Avenue propose des boutiques haut de gamme, et East Broadway est un lieu contemporain. Enfin, le centre commercial comporte plusieurs niveaux, quatre précisément, que l’architecte a soigneusement pensé avec des plans carrés sur les deux premiers niveaux et des plans circulaires sur les deux derniers niveaux. Comme on peut le lire dans le livre You Are Here26, Jon Jerde explique son choix: « Ces types de complexités expérientielles étaient

nécessaires, pour donner un sens à une géographie mémorable »

[46] Vue de l’entrée du centre commercial Mall Of America

[47], [48], [49], & [50] Plans de niveau du centre commercial Mall Of America 26 - BRADBURY (Ray) &‎ CRAWFORD (Margaret), op.cit., p. 45 [46]

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Pour terminer la présentation de ce véritable temple de la consommation, on mettra en avant la réussite architecturale et conceptuelle de Jon Jerde qui aura su mettre en application ses pensées. Il aura vraiment su créer une petite ville dans laquelle il est facile de se déplacer pour les visiteurs, mais sans les contraintes que pourrait avoir une vraie ville. Un point qui d’ailleurs souligné par Joseph Gyure du Waco Tribune Herald27, qui évoquait : « Faites le monster mall : c’est plus que des magasins ». Le

Mall of America est donc véritablement un centre de divertissement urbain.

[51] Vue aérienne nocturne du centre commercial Mall Of America

27 - Extrait de l’ouvrage, BRADBURY (Ray) &‎ CRAWFORD (Margaret), You are here: the jerde Partnership international, Londres, Phaidon Press, 1999, 239 p. [51]

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a été lancée et ce sont quatre grands cabinets d’architecture qui vont concourir pour remporter le projet. Au printemps 2013, le lauréat est désigné, et c’est l’agence BIG (Bjarke Ingels Group) qui est retenue. Un travail de mise au point, d’échanges, de consultations publiques et de développement s’engage alors sur de nombreuses années. Après la phase de conception, vient enfin la phase de finalisation et de planification des travaux. Il est donc annoncé en 2017 un début des travaux pour l’année 2019 et une ouverture au public à l’horizon de 2024. Mais à la suite d’une enquête publique sur la révision du PLU de la zone, un avis défavorable est émis par le commissaire enquêteur. Par conséquent, sans accord et bien que ce retour n’est pas de valeur légale, le projet est donc remis en cause. A ce jour, le projet essuie toujours un refus des autorités locales, et son planning ne semble plus d’actualité.

[52] Logo du projet du centre commercial Europa City

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A terme, et comme son compère américain, il est également destiné à devenir l’un des plus importants centres commerciaux mondiaux. Mais il a aussi un enjeu plus important : participer à la redynamisation et à la modernisation de l’agglomération parisienne dans le cadre de son projet du Grand Paris, pour en faire une grande métropole mondiale. Aussi, Europa City est un projet immobilier regroupant des activités de loisirs, des équipements culturels, des commerces, des hôtels, des restaurants, ainsi qu’un parc urbain et une ferme urbaine. En chiffres, voici ce qu’annonce le site officiel du projet, repris également par l’ouvrage

EuropaCity : l’aventure d’un projet28 : 150 000 m2 de surfaces de loisirs (parc à thèmes, parc aquatique, parc des neiges, parc d’aventure, etc.), 50 000 m2 de surfaces culturelles (un cirque permanent, salles de spectacles, halle d’expositions, centre culturel dédié au cinéma, etc.), 2 700 chambres d’hôtels, 230 000 m2 de surfaces commerciales, 20 000 m2 de restaurants, 20 000 m2 pour les congrès et séminaires, et pas loin de 20 hectares d’espaces extérieurs. Mais contrairement à son homologue, du fait de l’évolution des modes de vie et de enjeux écologiques, il ne possèdera que très peu de places de stationnement, seulement 9 000 places. Les architectes ont opté pour les modes de déplacement durable et souhaitent inciter les usagers à venir en transport en commun. Il est d’ailleurs prévu que le projet soit desservi par la future ligne 17 du Grand Paris Express ou le futur barreau de Gonesse (RER D). Enfin, en terme de fréquentation, il est annoncé près de 31 millions de visiteurs chaque année, dont environ 6 millions de touristes.

[53] & [54] Vues aériennes du projet initial du centre commercial Europa City, appelé « l’huître »

28 - VALLERUGO (Frank) & GONGUET (Jean-Pierre) & GUENOD (Jean-Michel), EuropaCity : l’aventure d’un projet, Paris, Edition de l’Aube, 2016, 333 p.

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En ce qui concerne le bâtiment, BIG imagine une ville paysage multifonctionnelle. Le projet prend la forme d’un grand anneau circulaire étiré, afin de s’adapter aux contours de la parcelle triangulaire. De plus, situé non loin de l’aéroport de Paris-Le Bourget, les architectes ont dû également prendre en considération les cônes d’envol de ce dernier. Ces éléments ont donc impacté la hauteur du bâtiment et sa forme, offrant des toitures ondulées. Alors pour exploiter cette contrainte, l’agence BIG a décidé d’en faire une grande toiture végétalisée accessible. Elle abritera divers programmes publics et sera connectée en sa partie basse avec les parcs environnants. Le public pourra donc ainsi se rendre sur le toit du centre commercial pour venir admirer l’horizon et percevoir la skyline dessinée par les quartiers de la Défense et du centre de Paris. Enfin, la toiture sera percée en son centre. Ce choix architectural n’est pas anodin, puisqu’il permettra d’une part de limiter l’effet de masse, et d’offrir un grand patio où la lumière naturelle pourra s’engouffrer et apporter du confort aux commerces situés au cœur du projet. Pour l’anecdote, il est prévu de baptiser cette place centrale, « La place de l’Europe ».

A l’intérieur, le projet est conçu comme un ensemble urbain, à l’image d’un quartier ouvert sur son environnement. Le programme est organisé autour d’une grande « avenue » circulaire, qui forme une boucle. Cette dernière se verra coupée par des rues transversales qui partiront du cœur du bâtiment vers les façades extérieures. Ainsi, cette distribution des allées commerciales permettra de décomposer le centre commercial en secteurs, dont les architectes ont voulu qu’ils soient assimilés à de célèbres

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de la « rue », les zones dédiées aux piétons et celles réservées à la circulation des moyens de transports seront délimitées par des rangées d’arbres. D’ailleurs, et pour parfaire l’image d’un « voyage » à travers l’Europe, les architectes ont soigné le choix des essences, qui s’accorderont avec les zones traversées : des bouleaux au nord, des pins à l’est, des palmiers au sud ou encore des platanes à l’ouest. Le visiteur pourra ainsi vivre des expériences spatiales surprenantes, dans lesquelles il pourra se perdre, mais chaque fois retrouver son chemin grâce à une vue d’ensemble claire.

Même si aujourd’hui tout est encore au stade du projet, « Europa city préfigure une ville lumière

mondialisée »29. Ainsi, ce complexe de 80 hectares se verrait bien devenir la première destination dédiée au temps libre en Europe, un lieu incomparable qui inviterait à la découverte et au partage, et pour vivre ensemble des expériences multiples : culture vivante, loisirs pluriels, shopping, gastronomie, etc. Il ne nous reste plus qu’à patienter et à espérer que les vents contraires tournent, pour que nous puissions, un jour, pouvoir profiter de ce nouveau temple du

commerce. 29 - Hub (ré)créatif en pleine démesure, Architecture intérieure, CREE, oct./nov.

2012, no 358, P. 30-32

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[55] Plan de répartition des différentes zones commerciales assimilées à des quartiers européens, du projet initial du centre commercial Europa City [56] Plan des allées commerciales, du projet initial du centre commercial Europa City

[57] Plans éclatés présentant les fonctions intérieures et extérieures du projet initial du centre commercial Europa City

[58], [59], [60], & [61] Vues aériennes du dernier projet du centre commercial Europa City, et qui devrait voir le jour en 2024 [56] [55]

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