1
ISSft:0755-7817RE'E'ES
recherches
en
didactique
du
français
langue
maternelle
N°15
NOUVELLESÉRIE
1997
Pratiques
langa
'ères
st
enseignement
du
français
à
l'école
Numéro
coordonné par
Michel DABÈNE
et
Gilbert
DUCANCEL
INSTITUT
NATIONAL
DE
RECHERCHE
PÉDAGOGIQUE
1
ISSft:0755-7817RE'E'ES
recherches
en
didactique
du
français
langue
maternelle
N°15
NOUVELLESÉRIE
1997
Pratiques
langa
'ères
st
enseignement
du
français
à
l'école
Numéro
coordonné par
Michel DABÈNE
et
Gilbert
DUCANCEL
REPERES
Rédactriceenchef:CatherineTAUVERON
Secrétairederédaction:GilbertDUCANCEL
Directeurdepublication:AndréHUSSENET,directeurdel'INRP
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB, DépartementDidactiquesdesdisciplines, INRP
Michel DABENE, UniversitéStendhal,Grenoble
GilbertDUCANCEL,IUFMdePicardie,Centred'Amiens
Marie-MadeleinedeGAULMYN,Université Louis Lumière,LyonII
FrancisGROSSMANN,UniversitéStendhal,Grenoble
CatherineLECUNFF,IUFMdeCréteil
DanièleMANESSE,UniversitéParis V
FrancisMARCOIN, Universitéd'Artois
MaryvonneMASSELOT,UniversitédeFranche-Comté
AlainNICAISE, Inspection départementaledel'E.N.d'AmiensI
SylviePLANE, IUFMde Caen, Centre de Saint Lô
Yves REUTER,UniversitéCharles deGaulle, Lille
HélèneROMIAN(rédactriceenchefde1971 à1993)
CatherineTAUVERON,INRP,Didactiquedesdisciplines,Équipes Français École
GilbertTURCO,IUFMde Rennes
COMITÉ
DE
LECTURE
SuzanneALLAIRE, UniversitédeRennes
AlainBOUCHEZ, Inspectiongénérale de laFormationdesMaîtres
Jean-PaulBRONCKART,UniversitédeGenève
Michel BROSSARD,UniversitédeBordeaux11
Jean-Louis CHISS, ENSdeFontenay-Saint-Cloud,CREDIF JacquesDAVID,IUFMdeVersailles,CentredeCergy-Pontoise
RégineDELAMOTTE-LEGRAND, UniversitédeHauteNormandie
FrancetteDELAGE, Inspection départementaledel'E.N.deRezé
SimoneDELESALLE,UniversitéParisVIII
ClaudineFABRE,IUFMetUniversitédePoitiers
MichelFRANCARD,Faculté dePhilosophieetLettres,Louvain-la-Neuve
Frédéric FRANCOIS,UniversitéParisV
ClaudineGARCIA-DEBANC, IUFMdeToulouse, CentredeRodez
GuislaineHAAS, UniversitédeDijon
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS
DominiqueLAFONTAINE, UniversitédeLiège
RosineLARTIGUE, IUFMdeCréteil, CentredeMelun
Maurice MAS,IUFMdeGrenoble,Centre dePrivas
BernadetteMOUVET,UniversitédeLiège
ElizabethNONNON,UniversitédeLille
Micheline PROUILHAC,IUFMdeLimoges
Yves REUTER,UniversitédeLille III
BernardSCHNEUWLY,UniversitédeGenève
Françoise SUBLET,MAFPENetUniversitédeToulouseLeMirail JacquesTREIGNIER,Inspectiondépartementaledel'E.N.deDreux2
JacquesWEISS, IRDPdeNeuchâtel
REPERES
Rédactriceenchef:CatherineTAUVERON
Secrétairederédaction:GilbertDUCANCEL
Directeurdepublication:AndréHUSSENET,directeurdel'INRP
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB, DépartementDidactiquesdesdisciplines, INRP
Michel DABENE, UniversitéStendhal,Grenoble
GilbertDUCANCEL,IUFMdePicardie,Centred'Amiens
Marie-MadeleinedeGAULMYN,Université Louis Lumière,LyonII
FrancisGROSSMANN,UniversitéStendhal,Grenoble
CatherineLECUNFF,IUFMdeCréteil
DanièleMANESSE,UniversitéParis V
FrancisMARCOIN, Universitéd'Artois
MaryvonneMASSELOT,UniversitédeFranche-Comté
AlainNICAISE, Inspection départementaledel'E.N.d'AmiensI
SylviePLANE, IUFMde Caen, Centre de Saint Lô
Yves REUTER,UniversitéCharles deGaulle, Lille
HélèneROMIAN(rédactriceenchefde1971 à1993)
CatherineTAUVERON,INRP,Didactiquedesdisciplines,Équipes Français École
GilbertTURCO,IUFMde Rennes
COMITÉ
DE
LECTURE
SuzanneALLAIRE, UniversitédeRennes
AlainBOUCHEZ, Inspectiongénérale de laFormationdesMaîtres
Jean-PaulBRONCKART,UniversitédeGenève
Michel BROSSARD,UniversitédeBordeaux11
Jean-Louis CHISS, ENSdeFontenay-Saint-Cloud,CREDIF JacquesDAVID,IUFMdeVersailles,CentredeCergy-Pontoise
RégineDELAMOTTE-LEGRAND, UniversitédeHauteNormandie
FrancetteDELAGE, Inspection départementaledel'E.N.deRezé
SimoneDELESALLE,UniversitéParisVIII
ClaudineFABRE,IUFMetUniversitédePoitiers
MichelFRANCARD,Faculté dePhilosophieetLettres,Louvain-la-Neuve
Frédéric FRANCOIS,UniversitéParisV
ClaudineGARCIA-DEBANC, IUFMdeToulouse, CentredeRodez
GuislaineHAAS, UniversitédeDijon
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS
DominiqueLAFONTAINE, UniversitédeLiège
RosineLARTIGUE, IUFMdeCréteil, CentredeMelun
Maurice MAS,IUFMdeGrenoble,Centre dePrivas
BernadetteMOUVET,UniversitédeLiège
ElizabethNONNON,UniversitédeLille
Micheline PROUILHAC,IUFMdeLimoges
Yves REUTER,UniversitédeLille III
BernardSCHNEUWLY,UniversitédeGenève
Françoise SUBLET,MAFPENetUniversitédeToulouseLeMirail JacquesTREIGNIER,Inspectiondépartementaledel'E.N.deDreux2
REPÈRES
n°15-
1997PRATIQUES
LANGAGIÈRES
ET
ENSEIGNEMENT
DU
FRANÇAIS
À
L'ÉCOLE
Sommaire
Dulinguistiqueaulangagier, du dedans audehorsdel'école
MichelDABÈNE, LIDILEM, UniversitéStendhal -Grenoble3et
GilbertDUCANCEL, IUFMd'AmiensetINRPFrançaisÉcole 3
Pratiques langagières, genres, représentations
Lespratiquessocio-langagièresdanslaclasse de français?Quelsenjeux?
Quellesdémarches?
ElisabethBAUTIER, ESCOL, Université Paris 8, aveclacollaborationde
DominiqueBUCHETON, IUFMdeMontpellier, ESCOL et DIDAXIS,
UniversitéPaulValéry- Montpellier 1 1
Lesgenresscolaires.Despratiqueslangagières auxobjetsd'enseignement
BernardSCHNEUWLYetJoaquimDOLZ,Facultéde psychologie
etdessciences del'éducation, UniversitédeGenève 27
Apprentissage etusagesde l'écriture :représentationsd'enfantset
de parentsd'élèves
Christine BARRÉ-DE-MINIAC, Didactiquesdesdisciplines, INRP 41
Pratiques langagières orales, pratiquessémiotiques
Delaviolenceà lajoute verbale.Élèves enbanlieue(école etcollège)
CatherineLECUNFF, IUFMde Créteil etFrançoiseCABIRON, ZEP 59
Fonderunedidactiquedel'oral. UnParlementd'école :quelledidactisation?
JacquesTREIGNIER, Evelyne DELABARRE-BULOT,Jean-ClaudeLOIE,
URA CNRSSUDLA1164Universitéde Rouen etMinistèredel'Éducation nationale
-Directiondesécoles 79
Conditionsdidactiquesde l'analysedepratiques langagières sociales :
lecasdudiscours télévisuel
MartialATTIAS,CRESLEF,Université deFranche-Comté 95
Pratiques langagièresscripturales
Entrerdans l'écrit :oui, maispar quelleporte?
Jacques FIJALKOW, EURED-CREFI,Universitéde Toulouse-leMirail 113
Lalistenon-utilitaire.Verslapriseencomptedidactique de cette pratique d'écriture extra-scolaire
Marie-Claude PENLOUP,CollègeAlain- Marommeet URA CNRS1164
UniversitédeRouen 131
Lethéâtre du monde :pratiquessocialesd'écriture professionnelleet
formation scolaireàl'écriture
AlainANDRÉ,Aleph Ecriture, Paris 147
Actualitéde larechercheendidactiquedufrançais langue maternelle
MichelGRANDATY,CatherineLECUNFFetGilbertTURCO 165
Notes de lecture
GilbertDUCANCEL,Francis GROSSMANN,CatherineTAUVERON
et Hélène ROMIAN 169
Summaries
NickCROWTHER andGilbertDUCANCEL 213
REPÈRES
n°15-
1997PRATIQUES
LANGAGIÈRES
ET
ENSEIGNEMENT
DU
FRANÇAIS
À
L'ÉCOLE
Sommaire
Dulinguistiqueaulangagier, du dedans audehorsdel'école
MichelDABÈNE, LIDILEM, UniversitéStendhal -Grenoble3et
GilbertDUCANCEL, IUFMd'AmiensetINRPFrançaisÉcole 3
Pratiques langagières, genres, représentations
Lespratiquessocio-langagièresdanslaclasse de français?Quelsenjeux?
Quellesdémarches?
ElisabethBAUTIER, ESCOL, Université Paris 8, aveclacollaborationde
DominiqueBUCHETON, IUFMdeMontpellier, ESCOL et DIDAXIS,
UniversitéPaulValéry- Montpellier 1 1
Lesgenresscolaires.Despratiqueslangagières auxobjetsd'enseignement
BernardSCHNEUWLYetJoaquimDOLZ,Facultéde psychologie
etdessciences del'éducation, UniversitédeGenève 27
Apprentissage etusagesde l'écriture :représentationsd'enfantset
de parentsd'élèves
Christine BARRÉ-DE-MINIAC, Didactiquesdesdisciplines, INRP 41
Pratiques langagières orales, pratiquessémiotiques
Delaviolenceà lajoute verbale.Élèves enbanlieue(école etcollège)
CatherineLECUNFF, IUFMde Créteil etFrançoiseCABIRON, ZEP 59
Fonderunedidactiquedel'oral. UnParlementd'école :quelledidactisation?
JacquesTREIGNIER, Evelyne DELABARRE-BULOT,Jean-ClaudeLOIE,
URA CNRSSUDLA1164Universitéde Rouen etMinistèredel'Éducation nationale
-Directiondesécoles 79
Conditionsdidactiquesde l'analysedepratiques langagières sociales :
lecasdudiscours télévisuel
MartialATTIAS,CRESLEF,Université deFranche-Comté 95
Pratiques langagièresscripturales
Entrerdans l'écrit :oui, maispar quelleporte?
Jacques FIJALKOW, EURED-CREFI,Universitéde Toulouse-leMirail 113
Lalistenon-utilitaire.Verslapriseencomptedidactique de cette pratique d'écriture extra-scolaire
Marie-Claude PENLOUP,CollègeAlain- Marommeet URA CNRS1164
UniversitédeRouen 131
Lethéâtre du monde :pratiquessocialesd'écriture professionnelleet
formation scolaireàl'écriture
AlainANDRÉ,Aleph Ecriture, Paris 147
Actualitéde larechercheendidactiquedufrançais langue maternelle
MichelGRANDATY,CatherineLECUNFFetGilbertTURCO 165
Notes de lecture
GilbertDUCANCEL,Francis GROSSMANN,CatherineTAUVERON
et Hélène ROMIAN 169
Summaries
©INRP,
1997ISBN:2-7342-0565-3
©INRP,
1997DU
LINGUISTIQUE
AU LANGAGIER,
DU
DEDANS
AU
DEHORS
DE
L'ÉCOLE
Michel DABÈNE, LIDILEM,Université Stendhal
-
Grenoble3etGilbert DUCANCEL, IUFM
d'Amiens
et INRP-
François ÉcoleL'intitulé du thèmede ce numéro mérite quelques éclaircissements préa¬
lables. La notion de « pratiques langagières », qui constitue le dénominateur
commun descontributionsretenues,estsusceptible,eneffet, deprêteràconfu¬
sion ou,dumoins,àinterprétationsbanalisées :chacun des deuxtermesqui la
désignent, « pratiques »(au pluriel)et « langagier », peuvent être, eneffet, per¬
çuscomme simples synonymes, lepremier, d'« usages», lesecondde«linguis¬
tiques », c'est-à-direrelevant delalangue. Danscette perspective, s'interroger
sur lelien entre« pratiques langagières» etenseignementdufrançais, revientà
s'intéresser d'abord auxtypes detextes et de discours utilisés dans la classe
danslaperspectivede leurdiversification.Cette pistederéflexionestcertesloin
d'avoirétésuffisammentexplorée, mêmesi denombreuxtravauxl'ontemprun¬
tée au cours deces dernières années (voir entre autres Schneuwly, éd., 1990).
Elle se heurte d'ailleurs, chemin faisant, à de sérieux obstacles, comme par
exemple,celuides normes qui, dans uneviséedidactique, doivent régirlechoix
des pratiquesétudiées.
Mais la notion de « pratiques langagières », si l'on observe ses contextes
d'emploi, est chargée d'autres contenus. E. Bautier (1981) la définit d'abord
comme« les manifestationsrésultantdans les activités de langagedel'interac¬
tion des différents facteurs linguistiques, psychologiques, sociologiques, cultu¬
rels, éducatifs, affectifs... qui sont constitutifs des caractéristiques individuelles
et de groupe » avant de la situer comme« pratiques sociales au sens où la
valeurdel'utilisationdu langagen'est pas lamême selon lesgroupes sociaux...
et où cette valeur est revendiquée par les différents groupes comme facteur
identitaire»(E. Bautier, 1995). C'estaussidans lesensdepratiques langagières
comme pratiques socialesque, s'agissantde l'écrit, M. Dabène (1987) parlede
« pratiques scripturales » et non de pratiques d'écriture, la notion d'écriture ou
d'écritrenvoyantplutôtàdesfonctionnements linguistiques. Parler depratiques
langagières c'est considérer l'activité verbale, sous ses différentes formes,
commeconstitutivede laconstructiondusujet dansl'interactionsociale.
Anoter quecesdeuxconceptions des pratiqueslangagières (usages diver¬
sifiés de la langue dans la classe, pratiques sociales du langage) ne sont pas
antinomiques si l'on prend soin de définir laquelle est subordonnée à l'autre.
Selon laréponse donnée à cettequestion, on traitera les discours soit comme des «textes » ou des objets linguistiques, soit comme des pratiques ayant,
commeledéfinitB. Schneuwly(ici-même),« unefonctiondemédiation parrap¬
port [aux pratiques sociales en général] ». L'idée qui se dégage de plusieurs
contributionsà ce numéro est quec'est lasubordination du linguistiqueaulan¬
gagierquidonneunsens auxapprentissagesdelalangue.
DU
LINGUISTIQUE
AU LANGAGIER,
DU
DEDANS
AU
DEHORS
DE
L'ÉCOLE
Michel DABÈNE, LIDILEM,Université Stendhal
-
Grenoble3etGilbert DUCANCEL, IUFM
d'Amiens
et INRP-
François ÉcoleL'intitulé du thèmede ce numéro mérite quelques éclaircissements préa¬
lables. La notion de « pratiques langagières », qui constitue le dénominateur
commun descontributionsretenues,estsusceptible,eneffet, deprêteràconfu¬
sion ou,dumoins,àinterprétationsbanalisées :chacun des deuxtermesqui la
désignent, « pratiques »(au pluriel)et « langagier », peuvent être, eneffet, per¬
çuscomme simples synonymes, lepremier, d'« usages», lesecondde«linguis¬
tiques », c'est-à-direrelevant delalangue. Danscette perspective, s'interroger
sur lelien entre« pratiques langagières» etenseignementdufrançais, revientà
s'intéresser d'abord auxtypes detextes et de discours utilisés dans la classe
danslaperspectivede leurdiversification.Cette pistederéflexionestcertesloin
d'avoirétésuffisammentexplorée, mêmesi denombreuxtravauxl'ontemprun¬
tée au cours deces dernières années (voir entre autres Schneuwly, éd., 1990).
Elle se heurte d'ailleurs, chemin faisant, à de sérieux obstacles, comme par
exemple,celuides normes qui, dans uneviséedidactique, doivent régirlechoix
des pratiquesétudiées.
Mais la notion de « pratiques langagières », si l'on observe ses contextes
d'emploi, est chargée d'autres contenus. E. Bautier (1981) la définit d'abord
comme« les manifestationsrésultantdans les activités de langagedel'interac¬
tion des différents facteurs linguistiques, psychologiques, sociologiques, cultu¬
rels, éducatifs, affectifs... qui sont constitutifs des caractéristiques individuelles
et de groupe » avant de la situer comme« pratiques sociales au sens où la
valeurdel'utilisationdu langagen'est pas lamême selon lesgroupes sociaux...
et où cette valeur est revendiquée par les différents groupes comme facteur
identitaire»(E. Bautier, 1995). C'estaussidans lesensdepratiques langagières
comme pratiques socialesque, s'agissantde l'écrit, M. Dabène (1987) parlede
« pratiques scripturales » et non de pratiques d'écriture, la notion d'écriture ou
d'écritrenvoyantplutôtàdesfonctionnements linguistiques. Parler depratiques
langagières c'est considérer l'activité verbale, sous ses différentes formes,
commeconstitutivede laconstructiondusujet dansl'interactionsociale.
Anoter quecesdeuxconceptions des pratiqueslangagières (usages diver¬
sifiés de la langue dans la classe, pratiques sociales du langage) ne sont pas
antinomiques si l'on prend soin de définir laquelle est subordonnée à l'autre.
Selon laréponse donnée à cettequestion, on traitera les discours soit comme des «textes » ou des objets linguistiques, soit comme des pratiques ayant,
commeledéfinitB. Schneuwly(ici-même),« unefonctiondemédiation parrap¬
port [aux pratiques sociales en général] ». L'idée qui se dégage de plusieurs
contributionsà ce numéro est quec'est lasubordination du linguistiqueaulan¬
REPÈRESN°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
La prise en compte des pratiques langagièressociales dans laclasse de
français,si elle acontribuéà ladiversification desobjets langagierstravaillés,a
favoriséaussi, danscertains cas, leur« naturalisation » etleurréduction àdes
objets linguistiques. Mais si l'on admet que toute pratique langagière est une
pratique sociale, il y a lieu, alors, d'expliciter en quoi ce que l'on demande à
l'élèvede« faire»,en productionetenréception,constitue des«pratiques »de
langage,quelles sontlescaractéristiques de ces pratiques, entermes de situa¬
tion, d'évaluation, d'objectifs, d'impactssur les partenaires delasituation édu¬
cative (pairs, enseignants, parents) et en quoi elle sont par conséquent
fondamentalement«sociales».
Des pratiques langagières sociales tellesqu'une déclaration d'accident et
un compte rendu de réunion sedistinguent nettementen termes de statuts et
de rôles des acteurs sociaux concernés, d'objectifs, d'enjeux, etc. Ce n'est
qu'après avoirclarifié ces différences qu'un travail sur les opérations linguis¬
tiques et textuelles mises en
luvre
peutfaireapparaitred'éventuelstraitscom¬muns au plan par exemple, de l'énonciation, de la conduitedes séquences
narrativesetargumentatives,
etc..
Lerisqueestalorsmoindred'un travail surlalangueet lestextes dont l'apprenantneperçoitpastoujourslesensparce qu'il
est décontextualisé et qu'il introduit un nouveau formalisme alimenté par des
outils d'analyse (linguistique textuelle, pragmatique, analyse de disours, etc.)
dont certains relèvent d'approches théoriques qui se soucient peu de la
construction socialedu sens.
Adopter le point de vue des pratiques langagières comme pratiques
sociales a plusieurs conséquences que nous évoquerons rapidement dans la
mesureoù ellessontdéveloppéesdanscertainesdescontributions qui suivent.
Ellesconstituent autant de défisà larecherchedidactique. 1. LES PRATIQUES LANGAGIÈRESSCOLAIRES
COMME
PRATIQUES SOCIALES-Lespratiques de langageàl'écolesontaussidespratiques sociales. IIne
paraît pas opérant d'opposerpratiques scolaires etpratiques sociales. II s'agit
plutôtde lessituer suruncontinuumetd'en dégagerlesvariationset les spéci¬
ficités. L'articulation entre les pratiques langagières etl'enseignement du fran¬
çais à l'école ne se pose pas alors seulementen termes de pénétration dans
l'école des pratiques extrascolaires mais d'abord entermes detraitement des
pratiques del'école comme pratiques sociales dontonévaluera larelationavec
lespratiques sociales horsde l'école.
- Dans cette perspective, les pratiques langagières prises en compte par
l'écolenesontpasseulementcellesquisont inspirées par latradition ou celles
qui sont simplement importées du dehors comme nouveaux objetsd'étude (le
journal, la bande dessinée, l'affiche, etc.) : ce sontaussi les pratiques «
verna-culaires » des acteurs en présence, apprenants et enseignants, acquises au
contact des différentes«sphères socio-institutionnelles»(Y. Reuter, 1996)qu'ils
fréquentent, dans l'école et hors del'école. Elles incluent non seulement leurs
REPÈRESN°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
La prise en compte des pratiques langagièressociales dans laclasse de
français,si elle acontribuéà ladiversification desobjets langagierstravaillés,a
favoriséaussi, danscertains cas, leur« naturalisation » etleurréduction àdes
objets linguistiques. Mais si l'on admet que toute pratique langagière est une
pratique sociale, il y a lieu, alors, d'expliciter en quoi ce que l'on demande à
l'élèvede« faire»,en productionetenréception,constitue des«pratiques »de
langage,quelles sontlescaractéristiques de ces pratiques, entermes de situa¬
tion, d'évaluation, d'objectifs, d'impactssur les partenaires delasituation édu¬
cative (pairs, enseignants, parents) et en quoi elle sont par conséquent
fondamentalement«sociales».
Des pratiques langagières sociales tellesqu'une déclaration d'accident et
un compte rendu de réunion sedistinguent nettementen termes de statuts et
de rôles des acteurs sociaux concernés, d'objectifs, d'enjeux, etc. Ce n'est
qu'après avoirclarifié ces différences qu'un travail sur les opérations linguis¬
tiques et textuelles mises en
luvre
peutfaireapparaitred'éventuelstraitscom¬muns au plan par exemple, de l'énonciation, de la conduitedes séquences
narrativesetargumentatives,
etc..
Lerisqueestalorsmoindred'un travail surlalangueet lestextes dont l'apprenantneperçoitpastoujourslesensparce qu'il
est décontextualisé et qu'il introduit un nouveau formalisme alimenté par des
outils d'analyse (linguistique textuelle, pragmatique, analyse de disours, etc.)
dont certains relèvent d'approches théoriques qui se soucient peu de la
construction socialedu sens.
Adopter le point de vue des pratiques langagières comme pratiques
sociales a plusieurs conséquences que nous évoquerons rapidement dans la
mesureoù ellessontdéveloppéesdanscertainesdescontributions qui suivent.
Ellesconstituent autant de défisà larecherchedidactique. 1. LES PRATIQUES LANGAGIÈRESSCOLAIRES
COMME
PRATIQUES SOCIALES-Lespratiques de langageàl'écolesontaussidespratiques sociales. IIne
paraît pas opérant d'opposerpratiques scolaires etpratiques sociales. II s'agit
plutôtde lessituer suruncontinuumetd'en dégagerlesvariationset les spéci¬
ficités. L'articulation entre les pratiques langagières etl'enseignement du fran¬
çais à l'école ne se pose pas alors seulementen termes de pénétration dans
l'école des pratiques extrascolaires mais d'abord entermes detraitement des
pratiques del'école comme pratiques sociales dontonévaluera larelationavec
lespratiques sociales horsde l'école.
- Dans cette perspective, les pratiques langagières prises en compte par
l'écolenesontpasseulementcellesquisont inspirées par latradition ou celles
qui sont simplement importées du dehors comme nouveaux objetsd'étude (le
journal, la bande dessinée, l'affiche, etc.) : ce sontaussi les pratiques «
verna-culaires » des acteurs en présence, apprenants et enseignants, acquises au
contact des différentes«sphères socio-institutionnelles»(Y. Reuter, 1996)qu'ils
Pratiqueslangagièresetenseignement dufrançaisàl'école..
manifestations verbales maisaussilessystèmes de représentationsetd'évalua¬
tionqui sesont construitsàleurcontact.
-Toutefoisl'écolenepeutpas perdrede vuesesobjectifs d'enseignement.
Les pratiques langagières extra-scolaires n'ont pasnécessairement une valeur
éducative.CommelesoulignentDolzetSchneuwly ici-même certains«genres»
de pratiques langagièresutilisent lelangage àdesfins queles objectifséduca¬
tifs réprouvent : tromperplutôt qu'informer, disqualifier plutôt qu'argumenter,
etc. D'où lanécessitédeconstruiredespratiques scolairesqui,toutenconser¬
vant leur statut de pratiques sociales situées par rapport aux pratiques extra¬
scolaires, sont modélisées en fonction des objectifs d'enseignement de la
maitrisede lalangueetdes discours.
2. DESPRATIQUESSOCIALESMODÉLISABLES
II nous semble, en effet, qu'on choisit aussi les pratiques langagières
sociales selon les possibilités de scolarisation qu'elles offrent. En effet, telles
qu'elles, elles ne sont ni enseignables ni apprenables. II faut qu'elles soient
transportéesenclasse,adaptéesauxélèves, misesencontexte eten scènede
façon àce qu'elles fassent senspour eux.Ainsi elles peuventdevenirdespra¬
tiques langagièresdugroupe : productiondu journal del'école et écritured'ar¬
ticles pour lui, élaboration du règlement d'école, communications dans une
exposition àcaractère scientifique, création d'albums destinés à la BCD,
etc..
Les pratiques extra-scolaires constituent alors pour les élèves une référence
pour qu'ils planifient leurs actions, résolvent les problèmesqu'ils rencontrent,
évaluentleursproductions...
Leurdidactisation implique, de plus, qu'on modélise les pratiques langa¬
gières sociales, qu'on identifieetqu'on mette enrelation leurs caractéristiques
spécifiques, c'est-à-direqu'on sachecequ'onveutque les élèves apprennent.
PourBernardSchneuwly(1995), sanscesavoir explicite«il n'yapasenseigne¬ ment,maisinitiationouimitationauniveaupurement pragmatique».
3. PRATIQUES EXPERTES ETPRATIQUES
COMMUNES
:LA
VARIATIONBonnombrederecherchesactuellesprivilégientles pratiques expertes. Ce
choix sembletenirau faitquecespratiquescondensentetexhibentenquelque
sorte les savoir-faire langagiers en jeu, ce qui permettrait plus facilement aux
maitres et aux élèves de les appréhenderet de se les approprier. Resteque,
pour les mêmes pratiques sociales, les pratiques expertes ne sont pas iden¬
tiques. Un objectif pourrait être que lesélèves repèrent etanalysent leur varia¬
tionet leurs invariants.
Le choix de pratiques expertesconduit à ne pas prendre en compte les
pratiques communes et nous semble poser problème. La dichotomie com¬
munes/ expertes résiste-t-elle àl'analyse ? N'y a-t-il pas plutôt des pratiques
graduées suruneéchellede valeur qu'ilfaudrait d'ailleurs examiner ? Ou,selon
l'expression de Michel Dabène (1991) àproposdu scriptural, un « continuum »
Pratiqueslangagièresetenseignement dufrançaisàl'école..
manifestations verbales maisaussilessystèmes de représentationsetd'évalua¬
tionqui sesont construitsàleurcontact.
-Toutefoisl'écolenepeutpas perdrede vuesesobjectifs d'enseignement.
Les pratiques langagières extra-scolaires n'ont pasnécessairement une valeur
éducative.CommelesoulignentDolzetSchneuwly ici-même certains«genres»
de pratiques langagièresutilisent lelangage àdesfins queles objectifséduca¬
tifs réprouvent : tromperplutôt qu'informer, disqualifier plutôt qu'argumenter,
etc. D'où lanécessitédeconstruiredespratiques scolairesqui,toutenconser¬
vant leur statut de pratiques sociales situées par rapport aux pratiques extra¬
scolaires, sont modélisées en fonction des objectifs d'enseignement de la
maitrisede lalangueetdes discours.
2. DESPRATIQUESSOCIALESMODÉLISABLES
II nous semble, en effet, qu'on choisit aussi les pratiques langagières
sociales selon les possibilités de scolarisation qu'elles offrent. En effet, telles
qu'elles, elles ne sont ni enseignables ni apprenables. II faut qu'elles soient
transportéesenclasse,adaptéesauxélèves, misesencontexte eten scènede
façon àce qu'elles fassent senspour eux.Ainsi elles peuventdevenirdespra¬
tiques langagièresdugroupe : productiondu journal del'école et écritured'ar¬
ticles pour lui, élaboration du règlement d'école, communications dans une
exposition àcaractère scientifique, création d'albums destinés à la BCD,
etc..
Les pratiques extra-scolaires constituent alors pour les élèves une référence
pour qu'ils planifient leurs actions, résolvent les problèmesqu'ils rencontrent,
évaluentleursproductions...
Leurdidactisation implique, de plus, qu'on modélise les pratiques langa¬
gières sociales, qu'on identifieetqu'on mette enrelation leurs caractéristiques
spécifiques, c'est-à-direqu'on sachecequ'onveutque les élèves apprennent.
PourBernardSchneuwly(1995), sanscesavoir explicite«il n'yapasenseigne¬ ment,maisinitiationouimitationauniveaupurement pragmatique».
3. PRATIQUES EXPERTES ETPRATIQUES
COMMUNES
:LA
VARIATIONBonnombrederecherchesactuellesprivilégientles pratiques expertes. Ce
choix sembletenirau faitquecespratiquescondensentetexhibentenquelque
sorte les savoir-faire langagiers en jeu, ce qui permettrait plus facilement aux
maitres et aux élèves de les appréhenderet de se les approprier. Resteque,
pour les mêmes pratiques sociales, les pratiques expertes ne sont pas iden¬
tiques. Un objectif pourrait être que lesélèves repèrent etanalysent leur varia¬
tionet leurs invariants.
Le choix de pratiques expertesconduit à ne pas prendre en compte les
pratiques communes et nous semble poser problème. La dichotomie com¬
munes/ expertes résiste-t-elle àl'analyse ? N'y a-t-il pas plutôt des pratiques
graduées suruneéchellede valeur qu'ilfaudrait d'ailleurs examiner ? Ou,selon
REPÈRESN°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
entrepratiques ordinaires et pratiques qui le sont moins ? Par ailleurs, on ne
voit pas pourquoi maitresetélèvesnepourraientpas«modéliser»lespratiques
communes, identifierà partir d'ellesdes savoirs objectifs enseignables, appre¬
nables ? D'autant que ces pratiques sont celles qui ont leplus de chances
d'êtreunpeuconnuesdesélèves,auxquelles ilspeuventse référerleplusaisé¬
ment.
II nous semble que pratiques communes et pratiques plus ou moins
expertes relèvent dela même approche variationniste ou pluri-normaliste (J.
Treignier, 1989 ;C.Vargas, 1996). C'estcette approche qui nousparaitàmême
de faire quelesélèvesdécouvrentets'approprient progressivementdesformes
variéesd'expertise dans des pratiquesdu mêmegenre.
4. REFERENTSTHÉORIQUESETANALYSE DES PRATIQUESLANGAGIÈRESSOCIALES
Ceque nous avons appeléavec Bernard Schneuwly la modélisation des
pratiques langagières sociales nous amène à la question des referents théo¬
riques. Ce sont en effet ces referents qui offrent des problématiques, des
concepts, des outils pour analyser les pratiques de référence. C'est ainsi, par
exemple, que Gilbert Ducancel, Jean-Claude Boulain et Frédéric Ducancel
(1995)ont analysésocio-linguistiquementlespratiques sociales de communica¬
tion scientifique qui peuvent servirde référenceaux maitres et aux formateurs
de maitres.
Maisc'estaussiavecdes concepts etdes outils empruntésàdesreferents
théoriques qu'au fil desactivités en classeon analyse les activités langagières
desélèves, lespratiques langagièresdugroupe,leurcentration, leurdynamique, les difficultés qu'elles révèlent, qu'on peut faire en sorte qu'ils prennent conscience des problèmes qui se posent et les résolvent. On en trouve un
exemple dans l'analyse qu'effectue Micheline Prouilhac (1990) de la pragma¬
tiquedesdiscours produits pardes élèvesde Grande sectiondeMaternellequi jouentà«fairelatélé»,àproduiredesémissionvariées.
Lesreferentsthéoriques sontdoncconvoquésà undoubletitre. On selivre
à«unedouble didactisation», selonGilbert Ducancel(1988). IIsoulignequeles
referents convoqués sont pluriels : linguistiques, psycho-linguistiques, de
l'ordre dela psychologiecognitive(notionde problèmes, de
conflit-socio-cogni-tif...), didactiques (notionde situation-problème, d'évaluation formative, d'outils
pourécrire...).
II montreaussi quel'élaboration et la conduite de projetsd'enseignement
mettent également àcontribution d'autres dimensions : l'expérience etl'empi¬
risme pédagogiquesdesmaitres, unpositionnement parrapportà latraditionet
àl'innovation,desoptions éducativesetsociales...On peutvoirlàleslimites de
lathéorisation de l'action didactique. Ces dimensions n'en sont pas moins un
des moteurs.
REPÈRESN°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
entrepratiques ordinaires et pratiques qui le sont moins ? Par ailleurs, on ne
voit pas pourquoi maitresetélèvesnepourraientpas«modéliser»lespratiques
communes, identifierà partir d'ellesdes savoirs objectifs enseignables, appre¬
nables ? D'autant que ces pratiques sont celles qui ont leplus de chances
d'êtreunpeuconnuesdesélèves,auxquelles ilspeuventse référerleplusaisé¬
ment.
II nous semble que pratiques communes et pratiques plus ou moins
expertes relèvent dela même approche variationniste ou pluri-normaliste (J.
Treignier, 1989 ;C.Vargas, 1996). C'estcette approche qui nousparaitàmême
de faire quelesélèvesdécouvrentets'approprient progressivementdesformes
variéesd'expertise dans des pratiquesdu mêmegenre.
4. REFERENTSTHÉORIQUESETANALYSE DES PRATIQUESLANGAGIÈRESSOCIALES
Ceque nous avons appeléavec Bernard Schneuwly la modélisation des
pratiques langagières sociales nous amène à la question des referents théo¬
riques. Ce sont en effet ces referents qui offrent des problématiques, des
concepts, des outils pour analyser les pratiques de référence. C'est ainsi, par
exemple, que Gilbert Ducancel, Jean-Claude Boulain et Frédéric Ducancel
(1995)ont analysésocio-linguistiquementlespratiques sociales de communica¬
tion scientifique qui peuvent servirde référenceaux maitres et aux formateurs
de maitres.
Maisc'estaussiavecdes concepts etdes outils empruntésàdesreferents
théoriques qu'au fil desactivités en classeon analyse les activités langagières
desélèves, lespratiques langagièresdugroupe,leurcentration, leurdynamique, les difficultés qu'elles révèlent, qu'on peut faire en sorte qu'ils prennent conscience des problèmes qui se posent et les résolvent. On en trouve un
exemple dans l'analyse qu'effectue Micheline Prouilhac (1990) de la pragma¬
tiquedesdiscours produits pardes élèvesde Grande sectiondeMaternellequi jouentà«fairelatélé»,àproduiredesémissionvariées.
Lesreferentsthéoriques sontdoncconvoquésà undoubletitre. On selivre
à«unedouble didactisation», selonGilbert Ducancel(1988). IIsoulignequeles
referents convoqués sont pluriels : linguistiques, psycho-linguistiques, de
l'ordre dela psychologiecognitive(notionde problèmes, de
conflit-socio-cogni-tif...), didactiques (notionde situation-problème, d'évaluation formative, d'outils
pourécrire...).
II montreaussi quel'élaboration et la conduite de projetsd'enseignement
mettent également àcontribution d'autres dimensions : l'expérience etl'empi¬
risme pédagogiquesdesmaitres, unpositionnement parrapportà latraditionet
àl'innovation,desoptions éducativesetsociales...On peutvoirlàleslimites de
lathéorisation de l'action didactique. Ces dimensions n'en sont pas moins un
Pratiques langagières et enseignement du françaisàl'école...
5. DESGLISSEMENTS DE PERSPECTIVE
Prendre en comptelespratiques langagièresdans ladéfinition desconte¬
nusd'enseignement delaclassedefrançaisentrained'importants glissements
deperspective.Nous ensoulignerons deuxqui nousparaissentintéresserau
premiercheflarecherchedidactique :
- les distinctions classiques entre enseignement
/
apprentissage/
acquisition perdent ici de leur pertinence. Ce qui est à enseigner, c'est
autant, sinon plus les outils pour analyser les pratiques sociales
elles-mêmes qui sevivent à l'intérieur de laclasseet qui s'acquièrent aussi au dehors.
-saufà resterdansuneperspective applicationniste,laconstruction
des savoirs nécessaires à la prise en compte des pratiques langagières
relève, àpart entière, delarecherche didactique. Acondition d'élargirson
champau-delàde l'étroit«triangledidactique», héritéd'autres disciplines,
etd'yinclurel'analysedespratiques etdes représentationsindividuelleset
sociales(M. Dabène, 1993). Dans la perspective decette didactique élar¬
gie, ledidacticien rencontrerasursonchemin deschercheursd'autres dis¬
ciplines (psycholinguistes, sociolinguistes, etc.) : ces rencontres
interdisciplinaires seront d'autant plus fructueuses qu'aucune des parties
concernées nerenonceraà sesobjectifs propres. Pourcequi concerne la
didactique du français, il s'agit de construire des savoirs susceptibles de
favoriserl'acculturationlangagière,orale etscripturale, desapprenants.Ces
objectifssont actuellement diversement mis en
uvre
dans lechamp. Ontrouvera des échosdecettediversitédanslaprésentelivraison.
6. LES
CONTRIBUTIONS
ICIRASSEMBLÉES6.1.
Pratiques, genres,
représentations
Un premier ensemble de contributions réfèreauxpratiques etauxgenres
langagiers, auxreprésentationsdesmaitresetdes élèves en la matière.IIvise
à montrer l'intérêt de la prise en compte des pratiques langagières dans la
classedeFrançais etd'expliciterlesproblèmesdidactiques que cela pose.
Elisabeth Bautier définit le concept de pratiques socio-langagières. Elle
montrecommentlespratiquesscolairesl'évitentouledénaturent quandelles se
centrentsurlesproduitset non les processuset lesacteurs. Elle souligneenfin
l'apport fondamental de la référence aux pratiques langagières sociales à l'en¬
seignement du français, dans une perspective de démocratisation et de lutte
contrel'échecscolaire,sansmasquer lesdifficultésdel'entreprise.
Bernard Schneuwly et JoaquimDolz prolongent le propos et entrent dans
levifdu sujetdu traitement des pratiques langagières en classe. Selon eux, en
effet, pourqu'elles soient enseignableset donnentlieu à desapprentissages, il
fautqu'elles soient connaissables, modélisablespar lesmaitreset les élèves. La
notionde genres langagiersenestlaclé. Letraitementdesgenresà l'écoleren¬
voie à trois « idéaltypes » qu'il convient de discuter. Les auteurs terminent en
Pratiques langagières et enseignement du françaisàl'école...
5. DESGLISSEMENTS DE PERSPECTIVE
Prendre en comptelespratiques langagièresdans ladéfinition desconte¬
nusd'enseignement delaclassedefrançaisentrained'importants glissements
deperspective.Nous ensoulignerons deuxqui nousparaissentintéresserau
premiercheflarecherchedidactique :
- les distinctions classiques entre enseignement
/
apprentissage/
acquisition perdent ici de leur pertinence. Ce qui est à enseigner, c'est
autant, sinon plus les outils pour analyser les pratiques sociales
elles-mêmes qui sevivent à l'intérieur de laclasseet qui s'acquièrent aussi au dehors.
-saufà resterdansuneperspective applicationniste,laconstruction
des savoirs nécessaires à la prise en compte des pratiques langagières
relève, àpart entière, delarecherche didactique. Acondition d'élargirson
champau-delàde l'étroit«triangledidactique», héritéd'autres disciplines,
etd'yinclurel'analysedespratiques etdes représentationsindividuelleset
sociales(M. Dabène, 1993). Dans la perspective decette didactique élar¬
gie, ledidacticien rencontrerasursonchemin deschercheursd'autres dis¬
ciplines (psycholinguistes, sociolinguistes, etc.) : ces rencontres
interdisciplinaires seront d'autant plus fructueuses qu'aucune des parties
concernées nerenonceraà sesobjectifs propres. Pourcequi concerne la
didactique du français, il s'agit de construire des savoirs susceptibles de
favoriserl'acculturationlangagière,orale etscripturale, desapprenants.Ces
objectifssont actuellement diversement mis en
uvre
dans lechamp. Ontrouvera des échosdecettediversitédanslaprésentelivraison.
6. LES
CONTRIBUTIONS
ICIRASSEMBLÉES6.1.
Pratiques, genres,
représentations
Un premier ensemble de contributions réfèreauxpratiques etauxgenres
langagiers, auxreprésentationsdesmaitresetdes élèves en la matière.IIvise
à montrer l'intérêt de la prise en compte des pratiques langagières dans la
classedeFrançais etd'expliciterlesproblèmesdidactiques que cela pose.
Elisabeth Bautier définit le concept de pratiques socio-langagières. Elle
montrecommentlespratiquesscolairesl'évitentouledénaturent quandelles se
centrentsurlesproduitset non les processuset lesacteurs. Elle souligneenfin
l'apport fondamental de la référence aux pratiques langagières sociales à l'en¬
seignement du français, dans une perspective de démocratisation et de lutte
contrel'échecscolaire,sansmasquer lesdifficultésdel'entreprise.
Bernard Schneuwly et JoaquimDolz prolongent le propos et entrent dans
levifdu sujetdu traitement des pratiques langagières en classe. Selon eux, en
effet, pourqu'elles soient enseignableset donnentlieu à desapprentissages, il
fautqu'elles soient connaissables, modélisablespar lesmaitreset les élèves. La
notionde genres langagiersenestlaclé. Letraitementdesgenresà l'écoleren¬
REPÈRESN°15/1997 M. DABÈNEetG.DUCANCEL
montrant quelles transformationslesgenresdoivent subir pourentrer àl'école et
enproposent trois exemples.
Christine Barré de Miniac présente les principaux résultats d'une enquête
ethnologique sur les représentations que parents etélèves de milieux sociaux
contrastésont desusagesetde l'apprentissagedel'écriture. Uncertainnombre
d'idées reçues que partagent beaucoup d'enseignants sont battuesen brèche.
L'auteur avance despropositions didactiques qui vont au-delàde lasimple prise
en compte des représentations, qui envisagent de construire le sens des
apprentissages scolaires à partir de l'objectivation des pratiques d'écriture
extra-scolaires, familiales, et despratiquesscolaires.
6.2.
Pratiques
orales, pratiques
sémiotiques
Un second ensemble de contributions a trait aux pratiques langagières
oralesetauxpratiques sémiotiques.
Les recherches que présentent Catherine Le Cunff et Françoise Cabiron
vont danslesens despropositionsdeChristineBarrédeMiniac : ellesmettent
en placedes situations d'apprentissageà partirdecertaines pratiques sociales
d'élèves de banlieue, par exemple lesjoutes verbales et les « vannes ». Elles
expliquent letraitement didactiquede ces pratiquesqu'elles ont effectué, à la
foisau plan de l'analysede celles-cietau plande laconstruction desituations
discursives homologuesen classe. Elles concluent sur la nécessité de pour¬
suivrelarecherche surlaconstructiondu sensdesapprentissages scolairesen
faisant référenceauet enagissantsurlerapportdesélèves au langage.
JacquesTreignieret coll. analysentégalement lamiseen placeet l'évolu¬
tiond'une pratique langagièreàl'école, mais il s'agitenl'occurenced'unepra¬
tique étrangère aux enfants, d'une pratique socio-politique : le Parlement
d'école. Lacréation dece Parlementa d'abord réponduàdes objectifséduca¬
tifslarges, les motifsont étéd'abord idéologiques.PourqueleParlementpuisse
constituer un élément d'un dispositif didactique visantles compétences orales
des élèves, il s'estavéré nécessaire de recourirauxsciences du langage pour
analyser, évaluer, modifierlessituationset lespratiqueslangagières ainsi provo¬
quées.
MartialAttias étudie les conditions didactiques de l'analyse en classe du
discours télévisuel. Cechoixluipermetdemontrerque lepassagedel'élève de
laposture de téléspectateurà celle de «télélecteur » nécessite desconduites
sémiotiques spécifiques, en particulierles reformulations et letranscodage, qui
dessinent les compétences visées dans les pratiques sémiolangagières. II
conclut surlanécessitédeformerlesmaitres en la matière,cequi est loind'être
le cas. Leprogramme Télécole du CRESLEF oeuvreconcrètementà cettefor¬
mationetpropose des outils.
REPÈRESN°15/1997 M. DABÈNEetG.DUCANCEL
montrant quelles transformationslesgenresdoivent subir pourentrer àl'école et
enproposent trois exemples.
Christine Barré de Miniac présente les principaux résultats d'une enquête
ethnologique sur les représentations que parents etélèves de milieux sociaux
contrastésont desusagesetde l'apprentissagedel'écriture. Uncertainnombre
d'idées reçues que partagent beaucoup d'enseignants sont battuesen brèche.
L'auteur avance despropositions didactiques qui vont au-delàde lasimple prise
en compte des représentations, qui envisagent de construire le sens des
apprentissages scolaires à partir de l'objectivation des pratiques d'écriture
extra-scolaires, familiales, et despratiquesscolaires.
6.2.
Pratiques
orales, pratiques
sémiotiques
Un second ensemble de contributions a trait aux pratiques langagières
oralesetauxpratiques sémiotiques.
Les recherches que présentent Catherine Le Cunff et Françoise Cabiron
vont danslesens despropositionsdeChristineBarrédeMiniac : ellesmettent
en placedes situations d'apprentissageà partirdecertaines pratiques sociales
d'élèves de banlieue, par exemple lesjoutes verbales et les « vannes ». Elles
expliquent letraitement didactiquede ces pratiquesqu'elles ont effectué, à la
foisau plan de l'analysede celles-cietau plande laconstruction desituations
discursives homologuesen classe. Elles concluent sur la nécessité de pour¬
suivrelarecherche surlaconstructiondu sensdesapprentissages scolairesen
faisant référenceauet enagissantsurlerapportdesélèves au langage.
JacquesTreignieret coll. analysentégalement lamiseen placeet l'évolu¬
tiond'une pratique langagièreàl'école, mais il s'agitenl'occurenced'unepra¬
tique étrangère aux enfants, d'une pratique socio-politique : le Parlement
d'école. Lacréation dece Parlementa d'abord réponduàdes objectifséduca¬
tifslarges, les motifsont étéd'abord idéologiques.PourqueleParlementpuisse
constituer un élément d'un dispositif didactique visantles compétences orales
des élèves, il s'estavéré nécessaire de recourirauxsciences du langage pour
analyser, évaluer, modifierlessituationset lespratiqueslangagières ainsi provo¬
quées.
MartialAttias étudie les conditions didactiques de l'analyse en classe du
discours télévisuel. Cechoixluipermetdemontrerque lepassagedel'élève de
laposture de téléspectateurà celle de «télélecteur » nécessite desconduites
sémiotiques spécifiques, en particulierles reformulations et letranscodage, qui
dessinent les compétences visées dans les pratiques sémiolangagières. II
conclut surlanécessitédeformerlesmaitres en la matière,cequi est loind'être
le cas. Leprogramme Télécole du CRESLEF oeuvreconcrètementà cettefor¬
Pratiqueslangagièresetenseignementdufrançaisàl'école...
6.3.
Pratiques scripturales
Lestrois dernières contributionssecentrent surdespratiques langagières
scripturales.
A propos de l'entrée dans l'écrit, Jacques Fijaikow montre d'abord les
apportset les limitesde laréférenceauxsciences humaines et sociales. Enfait,
c'est la référence aux situations langagières de lecture et d'écriture de lavie
sociale qui peut permettre de redéfinir l'objet d'apprentissage. L'auteur en
donne desexemplesendistinguant situations, objets, lieux et pratiques. IIplaide
donc pour la spécificité du champ de la didactique, les sciences de référence
contribuant,quantàelles, àspécifierl'objet d'apprentissage,en interaction avec
lespratiques sociales.
S'agissant de l'enseignementdu littéraire, Marie-Claude Penloup neréfère
pas àdes pratiques d'écrivains mais àune pratique d'écriture des apprenants,
celle de la listenon-utilitaire. Elleanalyse cette pratique entant quetelle, puis
montrecommenton peut latraiter didactiquement pour l'apprentissagetantde
la lecture que de l'écriture littéraires. Larecherche rapportéeplaide d'évidence
pour une prise de connaissance et une prise en compte des pratiques langa¬
gièrespersonnellesdesapprenantsdans ledomainedulittéraire, cequi condui¬
raitàcesserdelesdéfinirparleursmanques en la matière.
Alain Andréanalyse des ateliersd'écriture qu'il a animés. D'autresde ses
publications onttrait àl'écriturelittéraire ; ici, ils'agitd'écriture professionnelle
pourde grands élèves et des adultes. L'atelier d'écriture agit avanttout sur le
rapport des sujets à l'écriture, d'autant qu'ils sont personnellement impliqués
dans l'écriture professionnelle qui est travaillée. Pource faire, l'animateur fait
alternersimulation et mise à distance, référence aux pratiques personnelles et
aux pratiques qui ont cours dans la société. L'auteur conclut sur lavertu des
démarcheshybrideset,commeFrancisPonge,surunélogedelacharnière.
RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUES
BAUTIER E. (1981) : La notion de pratiques langagières : un outil heuristique
pour unelinguistiquedesdialectessociaux, dans Langageet société, 15.
BAUTIER E. (1995) : Pratiqueslangagières, pratiques sociales
-
De la sociolin¬guistiqueàlasociologie dulangage,Paris, L'Harmattan.
DABÈNE M. (1987) : L'adulte et l'écriture
-
Contributionà une didactique del'écritenlanguematernelle, Bruxelles, DeBoeck-Wesmael.
DABÈNE M. (1991) : La notion d'écrit ou le continuum scriptural, dans Le
Françaisaujourd'hui, 93.
DABÈNE M. (1993) : La recherche en didactique du français : autonomie et
interactivité, dans M. Lebrun et M. Ch. Paret, L'hétérogénéité des appre¬
nants : un défipourla classe de français, Actes du Vème Colloque de la
DFLM, Neuchâtel,DelachauxetNiestlé.
DUCANCELG. (1988) : Unedoubledidactisation, dans DUCANCELG. (Coord.)
Orthographe:quelsproblèmes?INRP, REPERES,75.
Pratiqueslangagièresetenseignementdufrançaisàl'école...
6.3.
Pratiques scripturales
Lestrois dernières contributionssecentrent surdespratiques langagières
scripturales.
A propos de l'entrée dans l'écrit, Jacques Fijaikow montre d'abord les
apportset les limitesde laréférenceauxsciences humaines et sociales. Enfait,
c'est la référence aux situations langagières de lecture et d'écriture de lavie
sociale qui peut permettre de redéfinir l'objet d'apprentissage. L'auteur en
donne desexemplesendistinguant situations, objets, lieux et pratiques. IIplaide
donc pour la spécificité du champ de la didactique, les sciences de référence
contribuant,quantàelles, àspécifierl'objet d'apprentissage,en interaction avec
lespratiques sociales.
S'agissant de l'enseignementdu littéraire, Marie-Claude Penloup neréfère
pas àdes pratiques d'écrivains mais àune pratique d'écriture des apprenants,
celle de la listenon-utilitaire. Elleanalyse cette pratique entant quetelle, puis
montrecommenton peut latraiter didactiquement pour l'apprentissagetantde
la lecture que de l'écriture littéraires. Larecherche rapportéeplaide d'évidence
pour une prise de connaissance et une prise en compte des pratiques langa¬
gièrespersonnellesdesapprenantsdans ledomainedulittéraire, cequi condui¬
raitàcesserdelesdéfinirparleursmanques en la matière.
Alain Andréanalyse des ateliersd'écriture qu'il a animés. D'autresde ses
publications onttrait àl'écriturelittéraire ; ici, ils'agitd'écriture professionnelle
pourde grands élèves et des adultes. L'atelier d'écriture agit avanttout sur le
rapport des sujets à l'écriture, d'autant qu'ils sont personnellement impliqués
dans l'écriture professionnelle qui est travaillée. Pource faire, l'animateur fait
alternersimulation et mise à distance, référence aux pratiques personnelles et
aux pratiques qui ont cours dans la société. L'auteur conclut sur lavertu des
démarcheshybrideset,commeFrancisPonge,surunélogedelacharnière.
RÉFÉRENCESBIBLIOGRAPHIQUES
BAUTIER E. (1981) : La notion de pratiques langagières : un outil heuristique
pour unelinguistiquedesdialectessociaux, dans Langageet société, 15.
BAUTIER E. (1995) : Pratiqueslangagières, pratiques sociales
-
De la sociolin¬guistiqueàlasociologie dulangage,Paris, L'Harmattan.
DABÈNE M. (1987) : L'adulte et l'écriture
-
Contributionà une didactique del'écritenlanguematernelle, Bruxelles, DeBoeck-Wesmael.
DABÈNE M. (1991) : La notion d'écrit ou le continuum scriptural, dans Le
Françaisaujourd'hui, 93.
DABÈNE M. (1993) : La recherche en didactique du français : autonomie et
interactivité, dans M. Lebrun et M. Ch. Paret, L'hétérogénéité des appre¬
nants : un défipourla classe de français, Actes du Vème Colloque de la
DFLM, Neuchâtel,DelachauxetNiestlé.
DUCANCELG. (1988) : Unedoubledidactisation, dans DUCANCELG. (Coord.)
REPÈRES N°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
DUCANCELG. et coll. (1995) : Les pratiques de communication scientifique :
une référence pour les formateurs de maitres ? dans DUCANCEL G. et
ASTOLFIJ.-P.(Coord.) :Apprentissages langagiers, apprentissagesscienti¬
fiques.INRP, REPÈRES,12.
PROUILHAC M.(1990) : «On va faire laTélé ». Lacommunicationenjeu etles
enjeux de la communication en grande section de maternelle, dans
DUCANCELG. et ROMIAN H.(Coord.) : Pratiquesde communication, pra¬
tiques discursivesenmaternelle.INRP,REPÈRES,2.
REUTERY.(1996):Enseigneret apprendreàécrire,Paris, ESF.
SCHNEUWLY B. (1995) : Del'utilité de la « transposition didactique », dans
CHISS J.-L., David J. et REUTERY. (Coord.) : Didactique dufrançais. Etat
d'unediscipline. Paris, NathanPédagogie,Perspectives didactiques.
SCHNEUWLY B. (ed.)(1990) : Diversifierl'enseignementdufrançais écrit,Actes
du IVèmeColloque delaDFLM,DelachauxetNiestlé.
TREIGNIER J. (1989) : D'une didactique plurinormative à unedidactique pluri¬
normaliste, dans ROMIAN H.et coll. :Didactiquedu français et
recherche-action.INRP,Coll.Rapportsde recherches, n° 2.
VARGAS C. (1996) : Grammaire etdidactique plurinormalistedu français, dans
VARGAS C. etGROSSMANN F.(Coord.):Lagrammaireàl'école. Pourquoi
enfaire?Pourquoifaire ?INRP, REPÈRES,14.
VERRET M. (1974):Le Tempsdesétudes. UniversitéParis 5, Thèse.
REPÈRES N°15/1997 M.DABÈNEetG.DUCANCEL
DUCANCELG. et coll. (1995) : Les pratiques de communication scientifique :
une référence pour les formateurs de maitres ? dans DUCANCEL G. et
ASTOLFIJ.-P.(Coord.) :Apprentissages langagiers, apprentissagesscienti¬
fiques.INRP, REPÈRES,12.
PROUILHAC M.(1990) : «On va faire laTélé ». Lacommunicationenjeu etles
enjeux de la communication en grande section de maternelle, dans
DUCANCELG. et ROMIAN H.(Coord.) : Pratiquesde communication, pra¬
tiques discursivesenmaternelle.INRP,REPÈRES,2.
REUTERY.(1996):Enseigneret apprendreàécrire,Paris, ESF.
SCHNEUWLY B. (1995) : Del'utilité de la « transposition didactique », dans
CHISS J.-L., David J. et REUTERY. (Coord.) : Didactique dufrançais. Etat
d'unediscipline. Paris, NathanPédagogie,Perspectives didactiques.
SCHNEUWLY B. (ed.)(1990) : Diversifierl'enseignementdufrançais écrit,Actes
du IVèmeColloque delaDFLM,DelachauxetNiestlé.
TREIGNIER J. (1989) : D'une didactique plurinormative à unedidactique pluri¬
normaliste, dans ROMIAN H.et coll. :Didactiquedu français et
recherche-action.INRP,Coll.Rapportsde recherches, n° 2.
VARGAS C. (1996) : Grammaire etdidactique plurinormalistedu français, dans
VARGAS C. etGROSSMANN F.(Coord.):Lagrammaireàl'école. Pourquoi
enfaire?Pourquoifaire ?INRP, REPÈRES,14.
LES
PRATIQUES
SOCIO-LANGAGIERES DANS
LA CLASSE
DE
FRANÇAIS
?
QUELS
ENJEUX
?
QUELLES
DÉMARCHES
?
Elisabeth BAUTIER
Universitéde Paris8
ÉquipeESCOL
avecla
collaboration
de
DominiqueBucheton, IUFMde
Montpellier,Equipes ESCOL et DIDAXIS(UniversitéPaulValéry Montpellier).
Résumé : L'article pose la question des enjeux de la référence aux pratiques
socio-langagières dans laclassedefrançais dans une perspectivededémocrati¬
sationde l'enseignement et tented'analyseràquelles conditionscetteréférence
peut être un apportpour les élèves. Pour cefaire, après uneréflexion générale sur le langage et les différentes filiations théoriqueset didactiques de l'intérêt
pour les pratiques socio-langagières, on évoque les démarches pédagogiques
innovantes qui ont introduit ces pratiques, leurs apports et leurs dérives pos¬
sibles.Afin d'éclairerle débat, on propose uneprésentation dela notiondepra¬
tiquessocio-langagièresetdeses incidencessur l'enseignementdu français, sur
ses objectifs et les changementsque lascolarisation des pratiques socio-langa¬
gières peut apporter.
1.
LA
NOTIONDE « PRATIQUES LANGAGIERES» PEUTCONDUIRE
À
RECONSIDÉRER LES OBJECTIFS DELA
DISCIPLINE
Afin de comprendre le sens des réflexions qui suivent sur les références
auxpratiques socio-langagières (PSL, par la suite), sans doute est-il nécessaire
deles situerpar quelques questions concernantlescontenus et les finalités de
l'enseignement de la langue maternelle, sachant que, fondamentalement, c'est
la question deladémocratisation de l'enseignementet des usages du langage
permettant l'appropriation des savoirspar les élèves qui anime nos recherches
etnosdémarches.
Lapremièrequestionestcelle dessavoirsenseignésenfrançais, leurspé¬
cificité, leurtransversalité, leur finalité, leur nature. Lesjournées d'étude de la
Didactique du Français Langue Maternelle en septembre 1994, à Saint Cloud,
avaientlargementouvertledébat. Qu'enseigne-t-onen«français»? Lefrançais
s'enseigne-t-il ou s'apprend-il ? On parle de « maitrise de la langue » mais le
français,disciplinescolaire,est-ilsavoirsoucompétences?L'opposition savoirs
déclaratifs/savoirs procéduraux amontré ses limites, la notiondecompétence
LES
PRATIQUES
SOCIO-LANGAGIERES DANS
LA CLASSE
DE
FRANÇAIS
?
QUELS
ENJEUX
?
QUELLES
DÉMARCHES
?
Elisabeth BAUTIER
Universitéde Paris8
ÉquipeESCOL
avecla
collaboration
de
DominiqueBucheton, IUFMde
Montpellier,Equipes ESCOL et DIDAXIS(UniversitéPaulValéry Montpellier).
Résumé : L'article pose la question des enjeux de la référence aux pratiques
socio-langagières dans laclassedefrançais dans une perspectivededémocrati¬
sationde l'enseignement et tented'analyseràquelles conditionscetteréférence
peut être un apportpour les élèves. Pour cefaire, après uneréflexion générale sur le langage et les différentes filiations théoriqueset didactiques de l'intérêt
pour les pratiques socio-langagières, on évoque les démarches pédagogiques
innovantes qui ont introduit ces pratiques, leurs apports et leurs dérives pos¬
sibles.Afin d'éclairerle débat, on propose uneprésentation dela notiondepra¬
tiquessocio-langagièresetdeses incidencessur l'enseignementdu français, sur
ses objectifs et les changementsque lascolarisation des pratiques socio-langa¬
gières peut apporter.
1.
LA
NOTIONDE « PRATIQUES LANGAGIERES» PEUTCONDUIRE
À
RECONSIDÉRER LES OBJECTIFS DELA
DISCIPLINE
Afin de comprendre le sens des réflexions qui suivent sur les références
auxpratiques socio-langagières (PSL, par la suite), sans doute est-il nécessaire
deles situerpar quelques questions concernantlescontenus et les finalités de
l'enseignement de la langue maternelle, sachant que, fondamentalement, c'est
la question deladémocratisation de l'enseignementet des usages du langage
permettant l'appropriation des savoirspar les élèves qui anime nos recherches
etnosdémarches.
Lapremièrequestionestcelle dessavoirsenseignésenfrançais, leurspé¬
cificité, leurtransversalité, leur finalité, leur nature. Lesjournées d'étude de la
Didactique du Français Langue Maternelle en septembre 1994, à Saint Cloud,
avaientlargementouvertledébat. Qu'enseigne-t-onen«français»? Lefrançais
s'enseigne-t-il ou s'apprend-il ? On parle de « maitrise de la langue » mais le
français,disciplinescolaire,est-ilsavoirsoucompétences?L'opposition savoirs
REPÈRESN°15/1997 É.BAUTIER
estencore plusdiscutée et discutable(RopéetTanguy, 1994). Alors,quefait-on
danslaclassede français?
La deuxième question est sans doute encore plus centrale dans un sys¬
tèmeéducatifqui prôneladémocratisation : commentexpliquer que malgréun
enseignement généralement de qualité, avec des enseignants formés et quali¬
fiés, lasélection scolaire continuedesefaireglobalement surla basedel'ap¬
partenance sociale ? Y a-t-il dans nos contenus, nos formes d'enseignement,
notreapproche delaculturelittéraire et delalanguedes motifsquiempêchent
les élèves des milieux socialement défavorisés de profiter des enseignements
quileursont proposés? Despratiquesinnovantesaugmententmêmeparfoisles
écarts des performances entre lesélèves. Ce fut le cas, parexemple, des
classesàgroupes de niveauoude besoin.
Onnetraiteradoncpas, après cesquestions, lesPSLdansl'enseignement
dufrançais dans leur seule dimensiond'objet d'enseignement, de contenu sup¬
plémentaire, maisonessaierad'enconsidérerlesenjeuxnonseulement
socio-langagiers, mais aussi socio-éducatifs. De plus, la référenceaux PSL dans la
classe, c'estaussi les savoirs et despratiques auxquels l'enseignant se réfère
consciemment ou non dans son enseignement. En d'autres termes, quand un
enseignant enseigne, à quels types desavoirs et de pratiques se réfère-t-il ?
Despratiques et savoirs savants?scolaires?nonscolaires(etqueparhabitude
onappelle«sociaux»maisqui ne sont pasplus«sociaux»quelessavoirssco¬
laires)?
Depuis vingt-cinq ans, ce n'estpas la première fois que la question de la
priseen comptedes usageslangagiers hors del'écoleetdesvariationslanga¬
gières,autrefaçon de penserlanaturesociale du langage,estposée. Elle
appa-rait et disparait périodiquement de lascène didactique. Ces mouvements se
font le plus souventen fonction delaconception dominante de lalangue à un
moment donné, desobjectifsassignésàl'enseignementdelalangue etau-delà
àl'école, et du souci plusoumoinsdominantde démocratisationde l'enseigne¬
ment. Malgré destentatives pourintégrerparlebiais des savoirs savants dela
sociolinguistique, de la linguistique des genrestextuels, de la pragmatique ou
delacommunication, desréférences àdesusagesdu langage renvoyant àdes
pratiques considérées longtemps comme non scolaires (l'argumentation, la
recette de cuisine, lalettre, ou les registres delangue), peut-on direque l'on a
introduit la référence aux pratiques socio-langagières ? A quelles conditions ?
Leslignes quisuiventseproposentdeclarifier ces questions.
En effet, en(retenantsur lascènedidactique enfrançais et dansd'autres
disciplines, la notion de« pratiques langagières »ou de« pratiques socio-lan¬
gagières » (voir le n° 12 de Repères qui y fait fréquemment référence) devrait
apporterun éclairage nouveauàdesinterrogations, desconflits, des tensions,
autourd'une sériedenotionsauxcontoursfluctuantsdontde nombreux ensei¬
gnants n'arrivent plus àsaisirni lapertinenceprécisenilacohérencethéorique
et encore moins lesmodalités d'enseignement : on sedébatenclassecomme
enformation avec« maitrise delalangue»(aujourd'hui des«discours»), «com¬
munication », « expression », « registres de langue », « types detextes », de
« discours », « écrits fonctionnels », « fictionnels », « sociaux », «textes
litté-REPÈRESN°15/1997 É.BAUTIER
estencore plusdiscutée et discutable(RopéetTanguy, 1994). Alors,quefait-on
danslaclassede français?
La deuxième question est sans doute encore plus centrale dans un sys¬
tèmeéducatifqui prôneladémocratisation : commentexpliquer que malgréun
enseignement généralement de qualité, avec des enseignants formés et quali¬
fiés, lasélection scolaire continuedesefaireglobalement surla basedel'ap¬
partenance sociale ? Y a-t-il dans nos contenus, nos formes d'enseignement,
notreapproche delaculturelittéraire et delalanguedes motifsquiempêchent
les élèves des milieux socialement défavorisés de profiter des enseignements
quileursont proposés? Despratiquesinnovantesaugmententmêmeparfoisles
écarts des performances entre lesélèves. Ce fut le cas, parexemple, des
classesàgroupes de niveauoude besoin.
Onnetraiteradoncpas, après cesquestions, lesPSLdansl'enseignement
dufrançais dans leur seule dimensiond'objet d'enseignement, de contenu sup¬
plémentaire, maisonessaierad'enconsidérerlesenjeuxnonseulement
socio-langagiers, mais aussi socio-éducatifs. De plus, la référenceaux PSL dans la
classe, c'estaussi les savoirs et despratiques auxquels l'enseignant se réfère
consciemment ou non dans son enseignement. En d'autres termes, quand un
enseignant enseigne, à quels types desavoirs et de pratiques se réfère-t-il ?
Despratiques et savoirs savants?scolaires?nonscolaires(etqueparhabitude
onappelle«sociaux»maisqui ne sont pasplus«sociaux»quelessavoirssco¬
laires)?
Depuis vingt-cinq ans, ce n'estpas la première fois que la question de la
priseen comptedes usageslangagiers hors del'écoleetdesvariationslanga¬
gières,autrefaçon de penserlanaturesociale du langage,estposée. Elle
appa-rait et disparait périodiquement de lascène didactique. Ces mouvements se
font le plus souventen fonction delaconception dominante de lalangue à un
moment donné, desobjectifsassignésàl'enseignementdelalangue etau-delà
àl'école, et du souci plusoumoinsdominantde démocratisationde l'enseigne¬
ment. Malgré destentatives pourintégrerparlebiais des savoirs savants dela
sociolinguistique, de la linguistique des genrestextuels, de la pragmatique ou
delacommunication, desréférences àdesusagesdu langage renvoyant àdes
pratiques considérées longtemps comme non scolaires (l'argumentation, la
recette de cuisine, lalettre, ou les registres delangue), peut-on direque l'on a
introduit la référence aux pratiques socio-langagières ? A quelles conditions ?
Leslignes quisuiventseproposentdeclarifier ces questions.
En effet, en(retenantsur lascènedidactique enfrançais et dansd'autres
disciplines, la notion de« pratiques langagières »ou de« pratiques socio-lan¬
gagières » (voir le n° 12 de Repères qui y fait fréquemment référence) devrait
apporterun éclairage nouveauàdesinterrogations, desconflits, des tensions,
autourd'une sériedenotionsauxcontoursfluctuantsdontde nombreux ensei¬
gnants n'arrivent plus àsaisirni lapertinenceprécisenilacohérencethéorique
et encore moins lesmodalités d'enseignement : on sedébatenclassecomme
enformation avec« maitrise delalangue»(aujourd'hui des«discours»), «com¬
munication », « expression », « registres de langue », « types detextes », de