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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'éducation à l'environnement : de nouveaux paradigmes pour la culture scientifique

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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DE NOUVEAUX PARADIGMES

POUR LA CULTURE SCIENTIFIQUE

Monique LAIGNEAU

CNRS, ERMES, Université Rennes 2

MOTS· CL ES : CULTURE SCIENTIFIQUE - ENVIRONNEMENT - ECONOMIE QUOTIDIENNETE - URBANISME.

RESUME: Un des traits dominants de la politique de développement de la culture scientifique demeure la consolidation d'une vision instrumentale de la science. Les réflexions autour de l'environnement constituent une chance à saisir pour (re)fonder la culture scientifique sur de nouveaux paradigmes économiques, lier science valeurs et agir au quotidien, redynamiser le débat social.

SUMMARY : One of the dominant features of development policies of scientific culture remains the strengthening of an instrumental vision of science. Discussion on the environment presents an opportunity to (re)build scientific culture on new economics paradigms, to link science values and daily action, to give new lifetosocial debate.

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Les enjeux de la culture scientifique reposent sur la légitimation de thèmes mobilisateurs. Ces derniers visent à établir, si possible démocratiquement, des consensus autour de quelques objectifs prioritaires: ainsi les changements de mentalité considérés comme indispensables à l'acculturation,à la modernité face aux mutations économiques, aux changements technologiques.

1. DE L'HISTOIRE IMMEDIATE SOCIAL

L'EVACUATION FREQUENTE DU DEBAT

Si l'on essaie de dégager le trait dominant des activités de culture scientifique lors des années 1980, il est certain que la conception instrumentale de la science prévaut. On peut assister au passage de la mise en culture des sciences et des techniques à leur mise en politique économique et en communication.

Certes ce constat appelle des nuances. Maisildemeure néanmoins qu'à travers les activités de culture scientifique, il est d'abord recherché le façonnage des représentations productivistes et économistes de la science.

D'activités liées à l'éducationàl'environnement,ilest peu question, même si des associations centrées sur cette préoccupation poursuivent leurs efforts, reçoivent quelques subventions. Ce volet de la culture scientifique n'est pas considéré comme prioritaire.

Un signe de changement apparaît lors des Etats Généraux de la Culture Scientifique et Technique, tenus fin 1989, à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette(1),où le dernier chapitre du rapport rendant compte des travaux s'intitule "Culture scientifique, technique et environnement".

Comment interpréter ce changement? Vise-t-il à installer durablement les activités liées à l'environnement comme partie intégrante de la culture scientifique, sachant que, jusqu'ici, le monde de la culture scientifique et le monde de la culture environnementaliste forment deux mondes qui s'ignorent, ou n'est-il qu'un effet de conjoncture suite àla prise de conscience de problèmes écologiques graves, comme l'effet de serre, ouàla poussée électorale des écologistes?

Si l'on en croit de récentes déclarations ministérielles, l'environnement compte désormais parmi les préoccupations prioritaires en matière de recherche et de culture scientifique.

Demeurent deux interrogations.

S'agit-il de développer une sensibilisation aux problèmes écologiques, ne rompant nullement avec une vision productiviste de l'économie, soutenue par une conception instrumentale de l'environnement?

Ou s'agit-il de faire réfléchir sur des solutions alternatives en matière d'économie, de développer d'autres choix de croissance autour de la notion d'économie durable (2) ?

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Il Ya une quinzaine d'années, les enjeux autour du nucléaire, de l'informatique noumssaient le débat social. Peu de temps après, ils ont été escamotés et les réflexions se sont fondues dans une problématique économiste et technocratique.

Un autre volet de la politique de développement de la culture scientifique consisteà désigner des groupes porteurs, en particulier les jeunes (3).

Des dispositions culturelles spécifiques sont censées favoriser leur apprentissage aux nouvelles techniques, leur ouvertureàl'innovation et les discours de la relève générationnelle sont nombreux. Aujourd'hui, comme en écho, d'autres discours fleurissent : les jeunes sont "naturellement" écologistes. Or, ces discours plus performatifs les uns que les autres, ne tiennent pas compte des pratiques des jeunes caractérisés par leur appétit de consommation.Laconscience écologique n'a rien de "naturelle" mais porte tous les traits culturels qui qualifient l'inscription de la nature dans le temps, et l'histoire des hommes est singulièrement "affaire d'éducation".

2. UNE CHANCE A SAISIR

Il serait dommageable de n'envisager le développement d'activités de culture scientifique en matière d'environnement que dans la seule perspective de constituer un catalogue plus épais de propositions.

2,1. Des modèles pour d'autres domaines

L'approche des problèmes en matière d'environnement requiert une démarche holistique. Il n'y a pas de documentaire sur les animaux, les végétaux qui ne lient exposés des connaissances et des risques de disparition des espèces si les milieux de vie se dégradent. L'action de l'homme est constamment interpellée, mesurée. Ce rappel permanent, sauf sous forme convenue, occupe souvent peu de place lorsqu'il s'agit d'initieràl'intelligence artificielle ouàl'astronautique, initiation réduiteà l'appropriation parcellaire de savoirs et de techniques. Le regard global indispensable dans les disciplines écologiques incite au renouvellement des problématiques. Il est stimulant pour les autres sciences, facilite la liaison entre elles, notamment entre les sciences de la vie et les sciences humaines. Les associations d'éducationà l'environnement qui comptent de nombreux scientifiques dans leurs rangs ne doivent pas seulement être des groupes de pression incontournables, réduire leurs initiatives aux préoccupations immédiates de protection de la nature. Elles ont un rôleà jouer dans la diffusion des approches scientifiques systémiques, la propagation auprès du grand public des conceptions économiques, comme celle de l'économie durable, peu diffusée en France.

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2.2. Le dépassement de l'antinomie science/valeurs

Si l'on peut définirla scientificité, on ne peut la séparer par une frontière nette de la non scientificité. Toute science contient en elle même du "non scientifique" qui la rend possible: postulats, défis socio-culturels, etc, voire qui la féconde.

Dans les disciplines relevant de l'écologie, il en est de même que dans les autres disciplines. La prise de conscience culturelle et politique des limites à ne pas dépasser pour ne pas bouleverser l'équilibre des écosystèmes constitue un stimulantpourl'engagement de recherches.

Plutôt que de tracer des frontières, en partie artificielles, entre science et valeurs socio-politiques. philosophiques, les revendications des écologistes sontà apprécier comme des atouts pour approfondir des corpus théoriques, débloquer mentalités et moyens dans un domaine scientifique particulièrement marginalisé en France.

A moins de se réfugier dans l'hypocrisie, conjoncturellement, les efforts consentis pour le développement des disciplines écologiques reposent sur les avancées politiques des groupes protestataires qui portent un certain nombre de valeurs diffuses dans le corps social. Néanmoins, l'avenir des hommes sur cette planète exige des investissements à long terme, dépassant les effervescences scandées par le calendrier électoral.

La culture scientifique, quantàelle, allie l'acquisition de connaissances et le questionnement permanent des valeurs de manière durable, du moins faut-il plaider pour ce parti-pris.

2.3. La nécessité du développement de l'écologie urbaine

Les choix locaux effectués en matière d'aménagement urbain ont des conséquences qui dépassent la prévoyance ou l'incurie de telle ou telle municipalité. Les notions d'interdépendance et de solidarité irriguent les réflexions en matière d'équilibre des divers écosystèmes.

Trois français sur quatre sont des urbains et dans le monde entier, la croissance urbaine incontrôlée se poursuit. Les options retenues pour ce qui concerne la taille des villes, les moyens de transports,le traitement des ordures ménagères, la conception des espaces verts dansletissu urbain, etc, forment des enjeux importants pour l'avenir. Quotidiennement des millions de gens doivent négocier avec ces données, opérer des choix.

Au niveau des quartiers, bon nombre de problèmes peuvent être discutés, assimilés sous leur dimension scientifique, pris en charge par les habitants. Les comités de quartier qui connaissent un nouveau départ, les conseils municipaux d'enfants constituent des maillons indispensables pour mettre en oeuvre un principe de l'écologie: agir localement, penser globalement et vice versa.

Les rencontres entre associations spécialisées dans la protection de l'environnement et associations de quartier sont peu nombreuses. Si elles ont lieu,ils'agit souvent d'aides ponctuelles, à l'occasion d'un problème de pollution.

Le travail d'information sur les quartiers est essentiel. Il permet de toucher les catégories sociales populaires, moins sensibles aux questions posées par le respect de l'environnement que les couches moyennes.Or, le respect et la compréhension des écosystèmes en co-évolution avec nous demande la participation éclairée de tous.

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Des initiatives méritent d'être rapportées, comme celle de la petite brochure publiée dans Actuel ( Avril 1990), lors du Jour de la Terre, intitulée "50 trucs pour vous dépolluer la planète". Elle donne, sous forme humoristique et claire, quantité de gestes simples et quotidiens, utiles tous.

CONCLUSION

Ilest, ici, facile de se laisser aller à un effet Chamonix, face à l'énumération des initiatives rapportées.

Pourtant,ilne faut pas oublier que, l'an dernier, le Jour de la Terre fut un échec en France. Les changements de mentalité sont lents. Pour susciter un plus large intérêt, sans doute est-il nécessaire de moins mettre en avant les aspects négatifs comme les pollutions, mais de valoriser le potentiel remarquable de l'écologie au niveau des approches scientifiques et en matière d'innovations sociales et culturelles.

Habiter raisonnablement le monde ne constitue pas une conception néo-conservatrice, selon les dires de certains. Protéger l'environnement ne signifie pas refuser toute évolution. Au contraire, cela requiert la mobilisation de chacun pour mettre au point de nouvelles inventionsàla fois économiques et écologiques.

La confrontation quotidienne aux problèmes environnementaux suscite des demandes d'infonnations scientifiques. L'opportunité est à saisir pour les promoteurs de culture scientifique afin d'étendre leur champ d'action, d'oeuvrerà une réelle démocratisation des savoirs.

BIBLIOGRAPHIE

(1)Ministères chargés de la recherche, de la culture, de l'industrie, de l'éducation nationale et de la jeunesse, Cité des Sciences et de l'Industrie, 1989. - Etats Généraux de la culture scientifique, technique et industrielle. Paris.

(2)ORO-BRUNDTLAND(H), 1987. - Notre avenir à tous. Rapportàl'ONU,éd.du fleuve, Montréal.

(3) LAIONEAU (M), 1989. - Stratégies, Pratiques, Imaginaires. In Les jeunes et la culture scientifique et technique, Culture Technique, 20.

Références

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