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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Le corps humain en spectacle

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Academic year: 2021

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LE CORPS HUMAIN EN SPECTACLE

André GIORDAN

L.D.E.S., Université de Genève Jack GUICHARD

Cellule de recherche, Direction Jeunesse Formation, C.S.l., Paris

MOTS-CLÉS: CONCEPTION MUSÉOLOGIQUE - ÉVALUATION - CORPS HUMAIN

RÉSUMÉ: Spectacliser le vivant est toujours une gageure. Mettre en scène l'intérieur du corps tient du défi. Pourtant c'est un des "challenges" tenté par la nouvelle Cité des Enfants.Lebut: sensibiliser les enfantsàla complexité etàl'organisation du corps humain. Un premier produit intituléExplorer son corps est actuellement fonctionnel et fait l'objet d'une dernière évaluation. La conception s'est

effectuée dans le cadre d'une collaboration de recherche entre la Cité des Enfants (Cellule recherche) et le L.D.E.S.

SUMMARY : Making a show out of life is al ways attempting the impossible. Putting on stage the inside of a body is a challenge. Yet, this isjust one of the challenges the new Children's City took up. Its purpose : make the children aware of the complexity and the organization of the human body. One of the frrst productions, calledExploring one' s body, is now functional and undergoing an ultimate

evaluation. The show was conceived as a joint research project by the Children's City (Research Committee) and the L.D.E.S.

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Il faut se réjouir des multiples initiatives de diffusion des connaissances scientifiques et techniques auprès du grand public. Malheureusement, l'impact de ces produits sur ce dernier n'est pas encore à la hauteur de tous les moyens humains et financiers engagés (Giordan et Souchon, 1989; Giordan, Souchon et Cantor, 1993).

En effet, il existe encore beaucoup d'amateurisme dans la conception muséologique. Peu de musées ont réussi le passage musée-conservatoire vers musée· lieu de sensibilisation ou d'appropriation de savoirs.Leplus souvent, les messages envisagés sont trop ambitieux, le public est généralement oublié. La conception se réalise sans aucune recherche d'optimisation au niveau de l'intérêt, de la lisibilité et de la compréhension. Les coûts de production sont importants, voire quelquefois scandaleux quand on établit un rapport qualité-prix ....

Pour favoriser la conception muséologique, une convention de recherches a été mise en place suiteà un appel d'offre de la Cellule de recherche de la Cité des enfants de la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette entre celle-ci etleL.D.E.S.Lebut de cette collaborationàportée didactique est de dépasser la simple évaluation pour produire des produits plus motivants, plus lisibles, plus compréhensibles et qui prennent mieux en compte les questions, les façons de raisonner des publics-apprenants. À terme, des outils d'aide à la conception, notamment dans le cadre d'une future formation des concepteurs seront également produits.

1. LE PROJET

Plusieurs tentatives préalables ont déjà permis de développer les prémisses d'une stratégie de production optimale. Celle-ci est aujourd'hui connue sous le vocable de conception assistée par diagnostic-pronostic didactique (Giordan, 1988 ; voir égalementà ce propos le travail de conception d'une fourmilière de l'Inventorium, Guichard, 1990). Afin d'affiner cette démarche, une nouvelle tentative a porté sur un essai de scénarisation de l'intérieur du corps humain.

Deux préalables sous·tendaient le projet. D'une part, une étude d'impact menée sur une "manipulation" de l'Inventorium qui permettait de faire découvrir le squelette dans l'image de son corps (Guichard, 1993) avait conduità rechercher un élément d'exposition spectaculaire du même type pour la Cité des Enfants. D'autre part, un ensemble convergent de travaux de didactique avait montré un ensemble de difficultés concernant la connaissance de l'intérieur du corps humain, et notamment des relations entre les systèmes, par les enfants de6à12ans.

Les objectifs du projet étaient donc spécifiés ainsi : permettre une première sensibilisation anatomique et physiologique:

- tout d'abord, faire visualiser et situer les organes essentiels de son corps;

- ensuite, leur faire approcher quelques liens fonctionnels entre les principaux systèmes (respiratoire, circulatoire, digestif, excréteur).

2. LA DÉMARCHE

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du projet: Quel est le message recherché? Avec quel niveau d'exigence? Elle conduità préciser les éléments du scénario: Quelle est la situation de départ? Quelles sont les différentes séquences, avec quelles caractéristiques?

À celte fIn, un ensemble d'investigations sont réalisées. Pour la production envisagée, elles ont notamment porté principalement sur une meilleure connaissance du public visé et sur les diverses contraintes liées au média choisi. Le choix du type d'images est déterminant, il doit induire la meilleure lisibilité et la meilleure compréhension.

Touràtour ont donc été entreprises une analyse des conceptions des apprenants potentiels (attentes, questions, cadre de références et niveau opératoire en particulier) et une approche des contraintes du média (interface et images).

état du savoir choix de

valeurs

projet de l'institution attentes-questions niveau opératoire

CONTRAINTES

budget diffusion type d'interactions

Éléments préalables à la conception

Dans une deuxième phase, une série d'évaluations successives a conduità affIner le produit. En outre, des évaluations de type expert ont été faites, qui ont porté d'abord sur le scénario dans sa globalité, ensuite sur des moments du produit lors de sa fabrication.

Chaque fois, quelques enfants (entre 5 et 10) caractéristiques du public visé étaient invitésà donner leur avis, ceci par le biais de visionnements suivis d'entretiens immédiats (éventuellement avec arrêt sur image). Chaque fois, ces évaluations partielles tentaient de repérer si la (ou les) situation(s) concemai(en)t les enfants, si chacune était lisible (que vois-tu ici ?) ou compréhensible (que se passe-t-ilà cet endroit ?, qu'est-ce que ces images veulent montrer ?).

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Sans entrer dans le détail, l'ensemble de la stratégie de production peut globalement être décrite ainsi:

MAITRISE

I~"

CONN AISSANCE

DU

CONTENU

DU PUBLIC

CONTRAINTES DE

CHOIX DU

L'INTERFACE

T

Choix du type d'imaKes

MESSAGE

PRODUCTION DU

.

-PRE-SCENARIO

choix des séq uences

, r

DIAGNOSTICS

sur public test . scénario . éléments ~ mise en place

,

PRODUIT

Stratégie de conception par diagnostic-pronostic didactique

2.1 Choix de l'interface

Dans ce type de produit, le choix de l'interface ainsi queletype d'images est particulièrement contraignant. Au cours des dix dernières années, l'imagerie biomédicale, devenue indispensable aux biologistes et aux médecins, s'est considérablement développée. Ces images sont obtenues par différents procédés optiques et électroniques. Il peut s'agir soit de recueillir les rayons émis par le corps lui-même, soit de le soumettreà des rayonnements divers qui seront réfléchis ou absorbés sélectivement suivant les organes ou les tissus. Parmi les techniques les plus fréquemment en usage, on peut citer les:

- rayons lumineux introduits dans les organes à partir des voies naturelles: endoscopie, - infrasons: thermographie,

- ultrasons: échographie,

- ondes radio: résonance magnétique nucléaire ou RMN, - rayons X : radioscopie, radiographie, xérographie, scanner,

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Pour faciliter leur lecture et leur interprétation, les données captées sont aujourd 'hui transformées, analysées, traitées et reconstituées,àl'aide de l'ordinateur.

Pour cette étude, nous avons effectué d'abord un inventaire de ces divers procédés, en résumant rapidement chaque technique et les principaux usages (Giordan, Lintz, 1991). Ensuite, à

l'aide de grilles de dépouillement, une catégorisation à conduit à distinguer les:

- types d'images obtenues (noirlblanc, couleur, traitement couleur, notamment en "fausses couleurs", conventions donnéesà la machine, fixes/animées),

- possibilité de manipulation (zoom, contraste), - facilité d'obtention et importance du stock existant, - organes principaux visualisés,

- qualité des images,

- possibilités d'interprétation par un médiateur, non-spécialiste du domaine.

Enfin,à travers des exemples d'images choisis en relation avec le projet, des évaluations préalables ont été tentées pour repérer les difficultés de lecture rencontrées par !es publics visés.

2.2 Analyse des conceptions

Sur ce plan, cette étude s'est largement appuyée sur les différents travaux existants en la matière. Le recoupement des études a permis d'inventorier les principales difficultés. Seules les liaisons établies entre les différents systèmes firent l'objet d'une investigation originale. Quelques entretiens semi-directifs ont permis de préciser ce point.

3. L'ADAPTATION DU PRODUIT 3.1 Les outils du public

Pour tous les enfants,ilest acquis dès 6 ans que le corps est constitué d'une tête, d'un corps et de 4 membres. La tête contient le cerveau, lieu de "commandement" du corps. Le visage est bien décrit avec la bouche et les divers organes des sens (le goût étant le moins connu). Pour eux, le corps contient essentiellement:

- des tuyaux et des poches, notamment pour la "digestion des aliments" et le sang, - des os pour constituer une sorte d'armature ("pour tenir le corps"),

- des muscles pour "pouvoir bouger" , - une peau envisagée comme une enveloppe.

Les autres organes connus sont: le cerveau, 100%, le coeur, 100%, pas toujours bien situé, les poumons, 80% environ, dont le rôle est souvent méconnu. L'estomac et la "poche du bébé" viennent ensuite avec 60%. Un certain nombre de relations sont également établies: "entre le manger etle caca", 100%, "entre le boire et le pipi", 80%, entre les battements du coeur et les mouvements, 80%. Par contre cette étude a confirmé de très grosses lacunes au niveau des liaisons entre les systèmes. En particulier, fort peu d'enfants, même de 12 ans, sont capables de décrire un déplacement relativement significatif des nutriments dans le corps, et éventuellement leur évacuation par les reins après passage par l'appareil circulatoire.

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Exemple de difficultés de relations nutrition-excrétion

3.2 Les images

Le choix du type d'images ne fut pas aisé. Aucun des procédés habituellement utilisés en imagerie médicale n'est directement accessible au public. Seules quelques radiographies pulmonaire, stomacale ou intestinale sont reconnues globalement, en particulier lorsqu'elles sont recolorées par ordinateur. Toutefois, aucune ne permet de visualiser les relations, par exemple respiration et circulation, nutrition et circulation. Il était alors nécessaire d'utiliser de l'image en mouvement.

Des tests avec des enfants, une petite animation par ordinateur, fIrent ressortir également le besoin de donner du volume à l'image pour augmenter le réalisme et la compréhension. TI fut ainsi proposé d'animer sur vidéo des radiographies discrètement coloréesà l'identique.

Seules des techniques informatiques d'image de synthèse en 3 D permettent d'atteindre cet objectif. Mais leur coût conduit à supprimer des entrées à choix multiple initialement prévues. Ainsi, l'entrée dans l'organisme par les aliments a été supprimée au profit de celle par la respiration; cette dernière est plus directement vécue par l'enfant: d'une part, il suffit de respirer, d'autre part, la simulation peut rester en temps réel, vu la rapidité des phénomènes en jeu, ce qui n'est pas le cas pour la digestion.

Par ailleurs, pour déclencher l'émotion par une simulation, il semblait important de voir l'intérieur du corps sur l'image de son propre corps (Lavaud

c.,

GuichardJ., 1990). Afin de produire l'effet souhaité,ilfut envisagé d'utiliser un système déjà existant dans la Mode, ce dernier consiste à visualiser un vêtement sur son propre corps. Afin d'obtenir l'effet souhaité,ilconvenait d'utiliser un système de glace sans tain et une vidéo, visible au travers de cette glace. Pour des raisons strictement techniques liées à l'état du marché, le meilleur support s'avéra être un système multimédia couplant un vidéodisque géré par ordinateur présenté sur écran télévision grand écran pivoté à 90°.

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Une des difficultés consistaà adapter la taille de la projection à celle des enfants de 6 à 12 ans dont les proportions changent en hauteur et en largeur. Des images préenregistrées sur vidéodisque et correspondantàtoute la gamme des tailles envisagées ont permis de résoudre le problème.

Pour l'attractivité du produit, un environnement sonore (avec bruits du coeur et de la respiration) a été créé. Une implication du visiteur en lui disant de respirer et en déclenchant,àce moment là, la visualisation de la descente de l'air vers les poumons, a renforcé l'interactivité. De même qu'un capteur au niveau du menton déclenchant la séquence ou l'arrêtant selon la présence ou l'absence de l'enfant permit de renforcer ce sentiment.

4. ÉTAT DU PRODUIT ET PREMIERS RÉSULTATS Le produit existant actuellement àla cité

des enfants consiste pour l'enfant à se placer devant un cadre(typeappareil de radiographie) qu'il règle à sa taille. 11 voit son image dans la glace sans tain qui lui fait face. Les visiteurs qui l'entourent voient aussi le spectacle. Dès qu'il est installé,ilvoit progressivement apparaître la surface du corps, les muscles, puis les organes sous·jacents : poumons, coeur et vaisseaux sanguins... Il entend les battements du coeur. Une voix lui dit "À trois, tu vas inspirer, un, deux, trois" et il voit de l'air pénétrer progressivement dans la trachée, les bronches puis les poumons; le sang sombre venant du coeur devient rouge vif en s'enrichissant en oxygène. Il va vers le coeur avant d'être rejeté dans la circulation générale où il passe dans les vaisseaux de plus en plus petits, atteint les muscles qui rejettent le dioxyde de carbone (dont on voit la circulation dans le sang jusqu'aux poumons) et des déchets, eux-mêmes rejetés par les reins et la vessie...

Le tout en deux minutes et demie. Voir à l'intérieur de son corps

Les premiers résultats montrent que la majorité des enfants regardent jusqu'au bout. Les trois quart de ceux qui regardent ont été spectateurs avant d'être acteurs.

L'impact émotionnel est très fort. Beaucoup d'enfants, et même de parents, croient qu'il s'agit de leur propre corps, bien que dans la dernière partie, on dise qu'il s'agit d'un film. Une étude est en cours pour vérifier l'impact cognitif. Les premiers résultats semblent montrer que, après l'interaction avec ce produit, les enfants situent coeur et poumons et expriment la liaison respiration-circulation. Mais ces tendances doivent être vérifiées et affinées en fonction de l'âge des enfants.

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5. CONCLUSION

Les concepteurs d'exposition sont souvent encore réticents pour mettre en place une telle démarche de conception. Conune tous les créateurs, ils ne veulent avoir aucune entrave. Il est exact que dans toute création, il y a une partie imaginaire forte et cette dernière ne peut être bridée. La démarche que nous tentons d'introduire souhaite favoriser la création. Elle propose des outils ou des petits tests de contrôle pour:

1. "objectiver" au préalable tous les éléments à prendre en compte, 2. interroger l'imaginaire.

Sur ce dernier plan, les concepteurs peuvent avoir un début de réponse à toutes leurs propositions, notamment ils peuvent constater immédiatement si celles-ci ont un sens. C'est cette démarche qui a présidéà la conception de la cité des enfants (Guichard, 1993).

BIBLIOGRAPHIE

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