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Phénotype des myofibroblastes alvéolaires dans les différents types de fibrose pulmonaire - RERO DOC

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UNIVERSITÉ DE GENÈVE FACULTÉ DE MÉDECINE

Section de Médecine Fondamentale Département de Pathologie Thèse préparée sous la direction des Professeurs Giulio GABBIANI et Yusuf KAPANCI

Phénotype des myofibroblastes alvéolaires dans les

différents types de fibrose pulmonaire

Thèse

Présentée à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève

pour l’obtention du grade de Docteur en Médecine

par

Jean-Frédéric VODOZ

de

La Tour-de-Peilz (VD)

Thèse no. 10310

Genève

2003

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Introduction

Parmi les cellules constituant le tissu interstitiel pulmonaire, il en existe certaines qui possèdent des propriétés contractiles, réparties en 3 types : les cellules musculaires lisses, les péricytes et les myofibroblastes, dont nous allons nous occuper dans ce travail.

Les myofibroblastes alvéolaires (MyF), initialement baptisés « cellules interstitielles contractiles » sont des éléments de type fibroblastique pourvus de microfilaments d’actine, qui jouent probablement un rôle dans la régulation de la ventilation et de la perfusion (V/Q) du poumon normal1 ; dans certaines pathologies, ces MyF expriment une isoforme d’actine qui est l’alpha-actine muscle lisse (α-SM1)2-5. De ce fait, ces cellules augmentent leurs

propriétés contractiles, qui sont en partie à l’origine de la baisse de la compliance pulmonaire lors des pathologies fibrosantes. En effet, étant disposées de façon sinusoïdale le long de la paroi des alvéoles, ces cellules réduisent le volume des alvéoles en se contractant.

Les MyF pourvus de microfilaments d’actine furent pour la première fois décrits au niveau des septa alvéolaires normaux en 1974 par Kapanci et al.1. Plus tard, dans certains processus fibrosants, Kapanci et al.3-4, Vyalov et al.5, ainsi que Mitchell et al.6, Zhang et al.7 et Low8 ont rapporté une modulation de ces MyF caractérisée par l’expression d’α-SM1. Une prolifération

septale des MyF exprimant l’α-SM1 est rapportée notamment dans la fibrose pulmonaire

idiopathique (IPF)4, la fibrose induite par la bléomycine5-8, la BOOP8 (bronchiolitis obliterans-organizing pneumonia), l’hypertension pulmonaire post-capillaire2, les poumons transplantés3 et en cas d’ARDS9. L’induction de cellules α-SM1 positives fut également

observée en dehors du poumon, entre autres dans des processus de cicatrisation10 et de réaction stromale lors de néoplasie épithéliale11.

Dans l’IPF, cette modulation paraît être effectuée par l’intermédiaire de certaines cytokines, plus particulièrement le TGF-β1 et le TNF-α4. Dans cette pathologie, le TGF-β1 semble être synthétisé au niveau de l’épithélium bronchique, alvéolaire, ainsi que dans les cellules interstitielles des septa alvéolaires. Le TNF-α serait quant à lui produit par les pneumocytes II4. Il a d’autre part été suggéré que ces cytokines jouent également un rôle dans d’autres types de fibrose pulmonaire, tels que la fibrose induite par la bléomycine12, la sarcoïdose13, la silicose14 ou au décours d’une transplantation pulmonaire3, ainsi que dans d’autres tissus, comme par exemple le cristallin15 ou la membrane synoviale16.

D’autres molécules sont susceptibles de jouer un rôle dans ce processus. Certaines sont inductrices, comme le GM-CSF, le PDGF, l’endothéline-1 (Et-1)17 ou l’angiotensine II ; d’autres ont tendance à l’inhiber, comme l’héparine, le basic fibroblastic growth factor (βFGF), l’interleukine-1β (Il-1β) ou l’interféron-γ (INF-γ)18. Il est intéressant de noter que le TGF-β1, le TNF-α et le GM-CSF peuvent être produits par les MyF eux-mêmes, impliquant des phénomènes de rétroaction positive ou négative. Il semblerait par ailleurs que le pronostic de la pneumopathie, à savoir la tendance à la progression vers une fibrose terminale, dépende du profil cytokinique de la réponse inflammatoire et immune normale.

Nous avons cherché à savoir si une modulation similaire des MyF α-SM1 positifs existait dans

d’autres types de fibrose faisant partie des pneumopathies interstitielles et tenté d’établir le rôle éventuel des cytokines, en particulier du TGF-β1. Afin de mieux analyser l’effet du

TGF-β1, nous avons également recherché l’expression de ses deux récepteurs dans les différentes conditions pathologiques.

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Tab. 1. Diffuse parenchymal lung

diseases (DPLDs) consist of disorders of known causes (collagen vascular disease, environmental or drug related) as well as disorders of unknown cause. The latter include idiopathic interstitial pneumonias (IIPs), granulomatous lung disorders (e.g. sarcoïdosis), and other forms of interstitial lung disease (ILD), including lymphangioleiomyomatosis (LAM), pulmonary Langerhans’ cell histio-cytosis/histiocytosis X (HX), and eosinophilic pneumonia. The most important distinction among the idiopathic interstitial pneumonias is that between idiopathic pulmonary fibrosis and the other interstitial pneumonias (IPs), which include nonspecific interstitial pneumonia (a provisional term), desquamative interstitial pneumonia, respiratory bronchiolitis-associated interstitial lung disease, acute interstitial pneumonia, cryptogenic organizing pneumonia, and lymphocytic interstitial pneumonia.

(Tiré de: Am J Respir Crit Care Med 2002;165:276)

Rappelons que les pneumonies interstitielles idiopathiques (IIP) font partie des pneumopathies interstitielles, et sont un groupe hétérogène de maladies pulmonaires non-néoplasiques résultant d’une altération inflammatoire et fibrotique, à degrés variables, du parenchyme pulmonaire (Tab. 1). Celles-ci se divisent, selon la dernière classification19 de l’ATS/ERS* parue en juin 2001, en sept entités clinico-radio-pathologiques, à savoir la fibrose pulmonaire idiopathique (IPF), également connue sous le terme de pneumonie interstitielle courante (UIP), la pneumonie interstitielle non-spécifique (NSIP), la BOOP, également connue sous le terme de pneumonie cryptogénique organisante (COP), la pneumonie interstitielle aiguë (AIP), la pneumopathie interstitielle associée à une bronchiolite (RB-ILD), la pneumonie interstitielle désquamative (DIP) et la pneumonie interstitielle lymphoïde (LIP).

Les caractéristiques histologiques de l’IPF consistent principalement en une destruction de l’architecture du parenchyme pulmonaire surtout au niveau sous-pleural, avec une dégénérescence fibrotique en « nid d’abeille », d’aspect hétérogène.

La NSIP présente une inflammation et une fibrose de la paroi alvéolaire de degré variable, dont l’aspect histologique se démarque des autres IIP. Le tissu pulmonaire est atteint typiquement de façon uniforme, mais la distribution des lésions est souvent éparse.

La BOOP montre des foyers de fibrose intraluminale au niveau des voies aériennes distales (bronchioles, conduits alvéolaires et alvéoles), avec une architecture pulmonaire conservée. Les lésions apparaissent d’âge égal.

L’AIP est une forme de lésion alvéolaire diffuse (diffuse alveolar damage = DAD), dont l’aspect histologique ne peut être distingué de l’ARDS. Le terme d’AIP est ainsi réservé aux étiologies inconnues de DAD. La présence de membranes hyalines est pathognomonique de cette entité histopathologique.

La RB-ILD est la manifestation clinique d’une pneumopathie interstitielle associée à la lésion histopathologique de la bronchiolite habituellement trouvée chez le fumeur, et

*American Thoracic Society / European Respiratory Society

Diffuse Parenchymal Lung Disease

DPLD of known cause, e.g. drugs or association e.g. collagen vascular disease Idiopathic interstitial pneumonias Granulomatous DPLD e.g. sarcoïdosis Other forms of DPLD e.g. LAM, HX etc. Idiopathic pulmonary fibrosis

IIP other than idiopathic pulmonary fibrosis Desquamative interstitial pneumonia Acute interstitial pneumonia Nonspecific interstitial pneumonia (provisional) Respiratory bronchiolitis interstitial lung disease

Cryptogenic organising pneumonia

Lymphocytic interstitial pneumonia

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caractérisée par la présence de macrophages pigmentés intraluminaux dans les bronchioles de 1er et 2ème ordre.

La DIP se caractérise par une accumulation de nombreux macrophages dans les voies aériennes les plus distales (plutôt que par une désquamation des cellules épithéliales, comme initialement décrit) et est presque invariablement associée au tabagisme. Cette entité est considérée parfois comme la phase avancée d’une RB-ILD. Elle se distingue toutefois de la RB-ILD par une atteinte diffuse et uniforme du poumon, ne touchant pas spécifiquement les bronchioles.

La LIP est souvent secondaire à une maladie auto -immune systémique et présente une infiltrat lymphoïde dense surtout au niveau des septa alvéolaires.

Matériel et méthodes

Notre étude regroupe 46 cas, dont 35 biopsies et 11 autopsies. On dénombre 10 cas d’IIP (comprenant 3 UIP, 2 DIP, 1 LIP et 4 cas de NSIP), 1 cas de fibrose induite par la bléomycine, 9 cas de BOOP, 6 cas de sarcoïdose, 4 cas de granulomatose d’autres types, 5 cas de silicose, 3 cas de fibrose non-spécifique, 5 cas d’ARDS et 3 cas témoins (Tab. 2).

Dans les cas où une biopsie pulmonaire transbronchique a été pratiquée, le diagnostic de pneumopathie interstitielle était posé sur la base de données anatomo-cliniques (contexte clinique exigé : image radiologique réticulo-nodulaire, insuffisance respiratoire restrictive et trouble de la diffusion / distribution).

Le matériel a été fixé par immersion dans une solution de formaldéhyde 10%. Il a été ensuite inclus dans de la paraffine et coupé par un microtome rotatif en séries de coupes de 5µ d’épaisseur. Ces coupes ont été colorées à l’hématoxyline-éosine (H&E) et marquées par des anticorps anti- α-SM1, desmine, cytokératine à large spectre (KWS), ainsi que TGF-β1 et ses

deux récepteurs. L’anticorps anti- α-SM1 a été préparé dans les laboratoires du Pr G. Gabbiani

du Département de Pathologie de la Faculté de Médecine de Genève. La spécificité et les caractéristiques de cet anticorps ont été décrites par Skalli et al.20 ; les caractéristiques de l’anticorps anti- TGF-β1 (R&D Systems, Minneapolis, MN, USA) sont rapportées par Perdue et Brody21. D’autre part, dans certaines pneumopathies interstitielles, une typisation des cellules lymphoïdes a été effectuée (CD3, CD20, CD23, CD43, CD68, CD79a). La membrane basale a été marquée par une immunoglobuline anti-collagène IV, et l’épithélium alvéolaire par KWS.

Tab. 2. Données cliniques essentielles

Diagnostic No. du cas biopsie / autopsie Sexe Age

IIP 3623-00 biopsie transbronchique M 69

4256-00 biopsie chirurgicale F 70 10440-00 biopsie chirurgicale F 53 10603-96 biopsie transbronchique F 74 10161-96 biopsie chirurgicale M 67 11158-97 biopsie chirurgicale F 59 2957-96 biopsie transbronchique F 66 7109-86 autopsie M 78 AS 120-85 autopsie M 73 1074-98 biopsie transbronchique M 50

Fibrose induite par bléomycine 110-01 biospie transbronchique* F 45

BOOP 2390-00 biopsie transbronchique M 62

3196-00 biopsie chirurgicale F 70

14053-00 biopsie chirurgicale M 59

(5)

10444-00 biopsie chirurgicale M 53

12672-98 biopsie transbronchique M 69

12892-98 biopsie transbronchique M 53

8396-00 biopsie transbronchique M 52

1911-96 biopsie transbronchique M 77

Sarcoïdose 4834-00 biopsie transbronchique F 41

2877-00 biopsie transbronchique F 59

574-00 biopsie chirurgicale M 47

6197-00 biopsie chirurgicale M 40

3626-96 biopsie chirurgicale F 33

21426-87 biopsie transbronchique F 58

Autres granulomatoses 575-00 biopsie chirurgicale M 59

7568-98 biopsie transbronchique M 74

2615-98 biopsie transbronchique M 43

9821-00 biopsie chirurgicale F 77

Silicose 9289-00 biopsie chirurgicale M 69

AS 66-99 autopsie M 79

3998-88 autopsie M 81

AS 30-87 autopsie M 67

AS 151-84 autopsie M 73

Fibrose non spécifique 2807-00 biopsie chirurgicale F 62

8141-99 biopsie chirurgicale M 34 AS 79-88 autopsie M 61 ARDS AS 16-89 autopsie M 19 AS 43-93 autopsie M 45 AS 67-90 autopsie M 60 externe autopise** externe autopsie**

Cas contrôle 7762-97 biopsie transbronchique*** F 67

pas de no. biopsie chirurgicale*** F 58

pas de no. biopsie chirurgicale**** M 63

* néoplasie mammaire traitée

**gracieusement mis à disposition par le Dr J.-C. Pache ***adénocarcinome bronchique

****carcinome épidermoïde bronchique

Résultats

Poumon normal

Dans les coupes témoins, les MyF alvéolaires ne sont pas marqués par l’α-SM1, ni par le

TGF-β1 (Fig. 1). La musculature des anneaux alvéolaires (alveolar rings), les péricytes, ainsi que la musculature des artères et des bronches sont par contre positifs pour l’α-SM1 et la

desmine. Le TGF-β1 est positif au niveau de l’épithélium bronchique, dans de rares cellules épithéliales alvéolaires disposées plus ou moins régulièrement, ainsi qu’au niveau de la musculature lisse bronchique et vasculaire.

IIP

Dans les IIP, notamment l’IPF/UIP, l’α-SM1 marque les MyF alvéolaires ; le nombre de

cellules marquées varie inversement avec l’intensité de la fibrose (Fig. 2). En effet, au fur et à mesure que le collagène se dépose au niveau des septa alvéolaires, le nombre de MyF diminue. Toutefois, les nombre de cellules marquées reste élevé dans la fibrose à la bléomycine (Fig. 3).

On assiste d’abord à un dédoublement de la membrane basale alvéolaire, puis à une stratification des fibres collagènes dans les septa et autour des bronches et des vaisseaux (Fig. 4). Dans la fibrose avancée autour de ces structures, on observe une prolifération des MyF pour former de véritables faisceaux de musculature lisse. Ces faisceaux sont positifs à l’immunomarquage par la desmine. Il se réalise ainsi l’image classique de « cirrhose musculaire du poumon » (Fig. 5). Dans les MyF alvéolaires, la desmine est absente, alors

(6)

qu’elle est présente dans la musculature péri-bronchovasculaire. Le TGF-β1 et ses récepteurs sont positifs dans les MyF, la musculature lisse et l’épithélium alvéolaire (Fig. 6 et 7).

Lorsque la fibrose est peu marquée et l’infiltrat inflammatoire interstitiel prépondérant (UIP), il s’agit principalement d’une infiltration de lymphocytes T marqués par CD3. Quelques lymphocytes B (CD20 et CD79a positifs) se trouvent autour des bronches. Les granulocytes polymorphonucléaires sont rares. Dans cette phase de l’UIP, les MyF α-SM1 positifs

abondent. Dans la DIP, on trouve plusieurs MyF α-SM1 positifs ; dans la LIP, ils sont plus

rares, mais le nombre de cas examinés est trop restreint pour tirer des conclusions. BOOP

Dans la BOOP, seuls les moulages fibroblastiques intra-alvéolaires (corps de Masson) contiennent des cellules positives à l’α-SM1, au TGF-β1 et à ses récepteurs (Fig. 8) Les MyF

au niveau des septa alvéolaires ne sont qu’exceptionnellement marqués. Dans ces septa on n’observe que rarement une augmentation du réseau de collagène IV.

Silicose

Dans les lésions silicotiques fraîches, soit lorsqu’il s’agit d’une accumulation de macrophages avec des cristaux d’oxyde de silice accompagnée d’une réaction inflammatoire septale modérée, il n’y a pratiquement pas de prolifération fibroblastique avec expression d’α-SM1

dans la lésion. Cette observation rappelle celle de Piguet et al.25, qui, dans la silicose expérimentale chez la souris, ne constatent pas de prolifération myofibroblastique α-SM1

positive.

En revanche, lorsque les nodules silicotiques se développent avec disposition des fibres collagène en pelure d’oignon, on observe autour des nodules l’apparition de nombreux MyF

α-SM1 (Fig. 9). Les septa alvéolaires sont toujours dépourvus de MyF marqués. Les

macrophages alvéolaires, quelques MyF de même que de rares cellules épithéliales apparaissent faiblement marqués par TGF β1 et ses récepteurs.

Sarcoïdose et autres granulomatoses

Dans la sarcoïdose et les autres granulomatoses pulmonaires, les granulomes et l’interstice alvéolaire sont dépourvus de MyF α-SM1 positifs. Toutefois, lorsqu’il y a fibrose autour des

granulomes et lors de la confluence de ces derniers, les MyF péri-nodulaires expriment l’α -SM1 et le TGF-β1 (Fig. 10). Cette dernière cytokine est également présente dans certaines

cellules au sein des granulomes, correspondant cependant à des macrophages, et non à des MyF. Comme dans la silicose, les septa alvéolaires ne comportent jamais de cellules α-SM1

positives. ARDS

Dans nos cas, le début de la maladie date de plus de 15 jours et les MyF abondent. Ces cellules, avec leurs longs processus cytoplasmiques, sont localisées dans l’épaisseur des septa alvéolaires contre les capillaires congestionnés (Fig. 11 et 12). Ces observations sont compatibles avec celles de Pache et al.9, qui décrivent aux stades précoces de l’ARDS (phases

(7)

exsudative et proliférative) des cellules α-SM1 positives particulièrement abondantes dans les

septa alvéolaires. Comme pour les autres pathologies discutées précédemment, les MyF peuvent générer des forces de traction sur l’architecture alvéolaire, qui, en association avec le dépôt de collagène, contribuent au remodelage pulmonaire observé chez certains patients en phase tardive d’ARDS.

Fibrose non-spécifique

Nos 3 cas de fibrose non-spécifique (FNS) consistent en des cicatrices pulmonaires. Dans ces cicatrices, certains fibroblastes expriment l’α-SM1. Dans les septa, les MyF alvéolaires restent

négatifs pour l’α-SM1.

Discussion

Cette étude confirme que l’expression de l’α-SM1 par les MyF alvéolaires est caractéristique,

mais pas spécifique de l’IPF/UIP4,22. Comme il a été montré antérieurement23, les autres conditions où cette modification se présente sont la fibrose induite par la bléomycine, l’hypertension pulmonaire post-capillaire, les poumons transplantés et le syndrome de détresse respiratoire de l’adulte (ARDS)9. Dans cette dernière pathologie, il a été observé que les MyF contribuent, en phase chronique, au remodelage du parenchyme pulmonaire. D’après nos observations, la modulation des MyF avec expression d’α-SM1 dans l’ARDS pourrait être

due à la congestion des capillaires, qui est de règle dans cette condition. En effet, la ressemblance des septa alvéolaires entre l’hypertension pulmonaire post-capillaire et l’ARDS est frappante.

Les MyF α-SM1 positifs abondent également autour des nodules silicotiques et des

granulomes de sarcoïdose, ainsi que dans les exsudats alvéolaires organisés de la BOOP (corps de Masson). Par contre, ils sont exceptionnels dans l’interstice alvéolaire. D’après nos observations, les MyF alvéolaires sont strictement limités aux septa23, alors que dans la silicose et autour des granulomes de sarcoïdose, il s’agit de MyF de type cicatriciel. La prolifération de MyF alvéolaires contribue potentiellement à la contraction du parenchyme pulmonaire entraînant une baisse de la compliance dans ces maladies. Via l’expression d’un gène procollagène, ils participent aussi à la déposition de matrice extra-cellulaire, ce qui renforce la fibrose22.

Il est intéressant de noter que dans la silicose induite chez la souris, les nodules fibreux contiennent des macrophages produisant du TNF-α, qui inhibe l’expression du gène tropoélastine24. Selon Piguet et al.25, l’héparine protège les poumons contre la fibrose induite par la bléomycine, alors qu’elle n’a pratiquement pas d’effet en cas de silicose. On connaît l’effet inhibiteur de l’héparine sur la prolifération des MyF ; on peut donc supposer que la non-inhibition de la fibrose par l’héparine en cas de silicose est due à un phénotype différent des cellules prolifératives. Piguet pense que dans la silicose, le processus de fibrose est du à une activation des fibroblastes, et dans la fibrose induite par la bléomycine, à une activation des MyF. Cette hypothèse doit encore être confirmée, car les fibroblastes sont les cellules-mères des MyF, et qu’en cas de silicose en phase tardive (nodulaire), il y a chez l’humain de nombreux MyF autour des nodules. Il est cependant probable que l’apparition de MyF autour des nodules silicotiques chez l’être humain soit l’expression d’un processus cicatriciel, n’impliquant pas les MyF alvéolaires.

(8)

La production de la force contractile des MyF, mécanisme-clé dans les processus fibrosants, est induite par le TGF-β1, d’une part via l’expression de l’α-SM1, et d’autre part via la

formation d’éléments structuraux comme les fibres de stress, les complexes d’adhésion de type fibronexus contenant de la vinculine et des fibrilles de fibronectine. La genèse de ces éléments se déroulerait avant et indépendamment de l’expression de l’α-SM1, selon

l’hypothèse non confirmée de Vaughan et al.26 Il a déjà été montré qu’un anticorps dirigé contre l’α-SM1 limite l’évolution de la fibrose27, ce qui laisse imaginer d’éventuels débouchés

thérapeutiques dans ce sens. Le TGF-β1 est par ailleurs produit en majeure partie par les MyF eux-mêmes, ainsi que la monocyte chemo-attractant protein-1 (MCP-1), cytokine importante pour l’inflammation et la fibrose, notamment dans la fibrose induite par la bléomycine12. Nos résultats nous permettent aussi de vérifier l’hypothèse d’une sorte de « down-regulation » des MyF α-SM1 positifs lors de fibrose avancée4, phénomène déjà observé dans la

cicatrisation cutanée au stade chronique10. Il semblerait par contre que ce processus soit inverse dans la silicose, où les nodules fibreux anciens contiennent plus d’éléments α-SM1

positifs que les nodules récents, ce qui n’avait pas encore été décrit jusqu’ici.

En conclusion, il semblerait que le « pattern » cytokinique propre aux différentes pathologies interstitielles pulmonaires étudiées dans notre étude détermine l’ampleur et l’éventuelle « down-regulation » des MyF alvéolaire α-SM1, et, de ce fait, la progression ou non vers une

fibrose terminale. Le TGF-β1 semble donc être synonyme de mauvais pronostic, tout comme il a récemment été montré pour la mucoviscidose28. Cependant, l’implication des MyF dans cette maladie n’est pas mentionnée.

Résumé

Le présent travail étudie l’expression d’α-actine muscle lisse (α-SM1) dans les

myofibroblastes (MyF) alvéolaires lors de différentes pneumopathies interstitielles. Les maladies choisies sont les pneumonies interstitielles idiopathiques (IIP) y compris la pneumonie interstitielle courante (UIP), la pneumonie interstitielle désquamative (DIP) et la pneumonie interstitielle lymphoïde (LIP), ainsi que la fibrose interstitielle après administration de bléomycine, la BOOP, la silicose, la sarcoïdose et l’ARDS. Quarante-six cas ont été examinés en utilisant notamment des anticorps contre l’α-actine muscle lisse (α -SM1), TGF-β1 et ses récepteurs.

Notre étude confirme que l’expression d’α-SM1 par les MyF alvéolaires est caractéristique,

mais pas spécifique des IIP. On retrouve une telle modulation dans la fibrose induite par la bléomycine, dans la phase chronique de l’ARDS et, selon d’autres publications, dans la transplantation pulmonaire et dans l’hypertension pulmonaire post-capillaire. De plus, les corps de Masson en cas de BOOP, la périphérie des nodules silicotiques, ainsi que celle des granulomes de la sarcïdose renferment des MyF α-SM1 positifs ; en revanche, les septa

alvéolaires en sont dépourvus. La modulation de MyF alvéolaires α-SM1 est induite par le

TGF-β1. Cette modulation semble jouer un rôle important dans la production de fibres collagène au niveau alvéolaire ; elle contribue par ailleurs vraisemblablement à la réduction de la compliance pulmonaire.

(9)

Remerciements

Nous tenons à exprimer notre gratitude envers le Dr J.-C. Pache pour nous avoir fourni 2 cas d’ARDS.

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Tab. 1. Diffuse parenchymal lung
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