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Précarité hydrique et développement local dans la commune urbaine de Téra, Niger

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Academic year: 2021

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Délivré par l’Université Toulouse 2-Jean Jaurès

Cotutelle internationale : Université Abdou Moumouni de Niamey

Présentée et soutenue par :

Yayé MOUSSA

Le 16 janvier 2018

Précarité hydrique et développement local dans la commune urbaine de Téra, Niger

École doctorale : TESC Discipline ou spécialité :

Géographie

Unité de recherche :

GEODE UMR 5602 CNRS/UT2J

Directrice(s) ou Directeur(s) de Thèse :

LAFFLY Dominique – Professeur – Université Toulouse Jean Jaurès

BONTIANTI Abdou – Maître de Recherches – Université Abdou Moumouni de Niamey

Jury :

CLARIMONT Sylvie – Professeure – Université de Pau et des Pays de l’Adour – Rapporteur ORANGE Didier – Chargé de Recherches (HDR) – IRD Montpellier – Rapporteur BARON Catherine – Professeure – Université Sciences Po Toulouse – Examinatrice

BONNEAUD Frédéric – Professeur – ENSA Toulouse – Examinateur

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DÉDICACE

À mes défunts papa et maman, appelés à Dieu respectivement les premiers jours de mon inscription à l’école primaire et lorsque débutaient les travaux préliminaires de cette thèse. Paix à vos âmes.

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SOMMAIRE

Introduction générale ... 14

Première partie : Cadre théorique et méthodologique

... 19

Chapitre 1 : Problématique générale et la méthodologie de la recherche

... 21

1.1. Téra dans ses dimensions socio-territoriales ... 21

1.2. Problématique de recherche ... 34

2.3. Clarification des notions ... 49

Chapitre 2 : La question de l’eau au Sahel

... 54

2.1. L’eau au cœur des enjeux de développement au Sahel ... 54

2.2. Le secteur de l’eau au Sahel entre privatisation et défis de la croissance urbaine ... 66

Chapitre 3 : Le secteur de l’hydraulique au Niger

... 89

3.1. Les politiques, programmes et stratégies hydrauliques ... 89

3.2. Les financements du secteur de l’eau ... 103

3.3. Les villes moyennes nigériennes dans les politiques hydrauliques ... 106

3.4. L’accès à l’eau au Niger : entre les indicateurs et la réalité de terrain ... 108

3.5. Le secteur de l’hydraulique dans la commune urbaine de Téra ... 109

Deuxième partie : La précarité hydrique à Téra... 137

Chapitre 4 : Les déterminants de la précarité hydrique

... 138

4.1. La « loi » du sahel... 138

4.2. La disponibilité et la distance : quelle pertinence dans l’analyse de la précarité hydrique ? ... 150

4.3. Téra, un territoire du Liptako Gourma ... 153

4.4. Les facteurs anthropiques dans l’analyse de la précarité hydrique dans le département de Téra ... 164

4.5. Le régime hydrologique ... 174

Chapitre 5 : La précarité hydrique dans tous ses états

... 181

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5.2. Téra, « une ville sans eau »... 193

5.3. Des villages sans eau ... 212

Chapitre 6 : Le développement local dans un contexte de précarité hydrique

.. 222

6.1. La commune urbaine de Téra : entre potentialités économiques et précarité hydrique ... 222

6.2. Les villes moyennes dans les politiques d’aménagement du territoire et de développement au Niger ... 230

6.3. La coopération décentralisée Téra (Niger)-Bonneville (France) : des actions dans le secteur de l’eau et de l’assainissement ... 233

6.4. Les effets de la précarité hydrique sur la qualité de vie ... 237

6.5. Les activités économiques à l’épreuve de la précarité hydrique ... 253

Troisième partie : Résilience à la précarité hydrique et reflexion sur quelques

pistes de solutions au problème d’eau à Téra ... 277

Chapitre 7 : Les adaptations à la précarité hydrique au niveau de la ville de Téra

... 278

7.1. Les bricolages des services en charge de l’eau (SPEN et SEEN) ... 278

7.2. La résilience des populations ... 283

7.3. Toula et Salam, l’histoire des deux filles sacrifiées pour faire face à la sécheresse hydrique ... 303

Chapitre 8 : La résilience des ménages ruraux face à la précarité hydrique

... 308

8.1. Les adaptations à la précarité de la ressource en eau ... 308

8.2. Les initiatives privées dans le combat contre la précarité hydrique à Téra ... 326

8.3. La collecte des eaux de pluies à Begorou Tondo ... 330

8.4. Le fonçage des puits traditionnels et des puisards ... 331

8.5. L’eau : une ressource convoitée et disputée par les hommes et les animaux dans un contexte de précarité hydrique ... 334

8.6. Les règles de gestion des points d’eau ... 336

8.7. Le rôle salutaire des partenaires extérieurs dans le secteur de l’hydraulique villageoise ... 347

8.8. L’artisan-réparateur des pompes : un maillon essentiel de la stratégie de lutte contre la précarité hydrique ... 348

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Chapitre 9 : Quelles solutions pour faire face à la précarité hydrique dans la

commune urbaine de Téra

... 351

9.1. La nécessité de maîtriser les ressources hydriques et de mettre en place un schéma d’aménagement local ... 351

9.2. Amélioration de la qualité des services d’eau ... 363

9.3. L’intercommunalité transfrontalière : un vecteur de développement local ... 378

9.4. La nécessité d’une décentralisation effective et intégrale ... 382

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REMERCIEMENTS

Cette thèse en cotutelle entre l’université Toulouse Jean Jaurès et l’université Abdou Moumouni de Niamey n’aurait pas été possible sans une bourse de mobilité du gouvernement français. Je témoigne ici ma profonde gratitude à l’endroit de l’ambassade de France au Niger et au-delà à la France pour l’opportunité offerte.

Je tiens tout particulièrement à exprimer ma reconnaissance et ma profonde gratitude à Dominique Laffly qui a accepté de diriger cette thèse sans s’interroger au préalable sur mes capacités à mener des travaux de recherches. Au-delà, des conditions excellentes dans lesquelles nous avons travaillées, nos rapports ont transcendé le cadre académique. Dominique, trouvez ici mes sentiments de sincère amitié.

Ma reconnaissance et ma profonde gratitude vont également à l’endroit de Abdou Bontianti qui a dirigé mes travaux de maîtrise puis de master 2, aujourd’hui codirecteur de cette thèse. C’est lui qui m’a fait découvrir le monde de la recherche. Abdou, je vous dis simplement et sincèrement merci pour tout ce que vous faites pour les jeunes chercheurs Nigériens et au-delà.

J’exprime cette profonde gratitude à l’endroit des membres du jury Catherine Baron, Sylvie Clarimont, Fréderic Bonneaud et Didier Orange pour avoir accepté de consacrer du temps à l’examen de ce manuscrit.

Ma reconnaissance et ma gratitude à Issa Abdou Yonlihinza, qui au-delà de m’avoir orienté sur la problématique de l’eau à Téra, a renforcé mon contact avec Abdou Bontianti. C’est également lui qui a introduit mon dossier de thèse auprès de Dominique Laffly. Merci sincèrement Issa.

Mes remerciements et ma reconnaissance à Hamadou Issaka pour ses soutiens divers, ses encouragements, ses conseils et la lecture de ce manuscrit. Merci infiniment à Myrtille Moreau pour sa disponibilité, son acceptation sans hésiter à lire ce manuscrit. Myrtille et Hamadou vos observations ont permis d’améliorer la qualité de ce document.

À Alain Bonnassieux, co-encadreur de mon mémoire de maîtrise, j’adresse ma gratitude pour sa disponibilité sans faille, les échanges répétés, ses conseils et ses observations pertinentes ont permis d’améliorer la qualité de ce document.

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Mes sincères remerciements à mon ami Iliassou Youssi Daouda qui m’a assisté lors des travaux préliminaires de terrain. C’est avec lui que j’ai parcouru la commune urbaine de Téra sous la pluie du mois d’août 2014.

Je n’oublie pas de remercier sincèrement mes enquêteurs, Yacouba Hamidou, Souleymane Alhassane, Kadidja Hamidou, Omar Yayé, Moise Soumana Vincent, Abraham Soumana Vincent, madame Mamata, Soumaïla Amadou Hidjo, Nazîrou, Boubacar Amadou et Ali pour la collecte des données ayant permis la réalisation de cette thèse. Je leur dis merci pour la qualité des données collectées.

J’adresse mes remerciements à toute l’équipe du laboratoire GEODE.

Merci à Didier Galop directeur du laboratoire Géographie de l’Environnement (GEODE) de m’avoir accueilli dans des conditions chaleureuses. Merci à Sandrine, Emilie et Gilles, pour leur accueil toujours amical. Merci à Eric Maire et à Mehdi Saqali pour les échanges. Merci Mehdi pour la documentation. Hugues (le grand patron), merci infiniment pour ta disponibilité. Aux amis et collègues de labo, Johann, Hugo, Leonel, Tibi, Zoé, Mélodie, Laure, Mathilde, Thierry, Raquel, Aude, David T, Truong et Romain, merci pour l’ambiance toujours chaleureuse, pour les soirées partagées et les randonnées dans les Pyrénées.

Merci au personnel de l’École Doctorale Temps Espace Société Culture (TESC), de l’Université Toulouse Jean Jaurès et de l’Université Abdou Moumouni de Niamey que nous avons croisé dans le cadre de cette thèse.

Merci à toute l’équipe du Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA).

Merci à Kennie et Nathalie, nos conseillères Campus France pour leur disponibilité et leur accompagnement tout au long de cette thèse.

Ma profonde gratitude à l’endroit du département de Géographie de l’Aménagement de l’Espace (GAME) au-delà, à l’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH) qui m’accueille depuis 2008 dans des meilleures conditions de recherche. Aux amis de bureau, Hassane, Ibrahim couramment appelé l’État à cause de sa disponibilité, Ismaël, Malla, Bachir, Boubacar, Seidou, Kindo, je vous dis merci sincèrement pour l’ambiance toujours fraternelle, le partage d’informations et la mutualisation des certains outils de travail.

Mes remerciements vont à l’endroit du personnel de la commune urbaine de Téra et des services techniques départementaux.

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Des personnes ressources et amis ont contribué fortement à la réalisation de cette thèse. Je pense particulièrement sans être exhaustif au 1er adjoint au Maire Soumana Idrissa, à Ramatou

Hassane, à Arouna Compaoré, à Soumaïla Djingarey, à Omar Yayé, à Elhadji Ousseini, à Amadou Mamoudou, à Papa SEEN, à Karim Alzouma, à Issa Soumana, à Mounkaila Maliki, à Alkou, à Altiné Maiga, à Younoussi Hamidou, à Hilary Hungerford et Héloïse Valette. Merci pour votre disponibilité, vos conseils et le partage d’informations.

Merci aux Nigériens de Toulouse, Hassane, Kinassa, Abdoul Karim, Sadou, Inoussa, Souley, Himou, Kadri, Bacla, Karim, Djibril, Idrissa prési, Abassa pour l’ambiance fraternelle, les fadas (rencontres) de dimanche. Merci à toute la communauté nigérienne à Toulouse.

Mes sincères remerciements à mes jeunes frères Habibou Tahirou et Ibrahim Seydou, qui à chaque fois facilitent et rendent agréables mes séjours à Téra.

Je ne terminerai pas cette page de remerciements sans une pensée particulière à la population de la commune urbaine de Téra qui croule désespérément sous les effets de la précarité hydrique.

Parents, amis, connaissances, bref, tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre ont contribué à la réalisation de cette thèse, je vous témoigne ma profonde gratitude.

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LISTE DES SIGLES

ADA : Association des Aquaculteurs AEP : Adduction d’Eau Potable

AEPS : Alimentation en Eau Potable Simplifiée AFC : Analyse Factorielle des Correspondances AFD : Agence Française de Développement

AFVP : Association Française des Volontaires du Progrès Agrhymet : Agro Hydro Météorologie

ALG : Autorité du Liptako Gourma

ANADIA : adaptation au changement climatique prévention des catastrophes et développement agricole pour la sécurité alimentaire

ANPIP : Association Nigérienne de Promotion de l’Irrigation Privée APD : Aide Publique au Développement

APTE : Projet d’Appui à l’Autopromotion dans la zone de Téra ARM : Autorité de Régulation Multisectorielle

ARTP : Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes BAD : Banque Africaine de Développement

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

BRACED : Programme de Renforcement de la Résilience et de l'Adoption aux Externes Climatiques et aux Catastrophes

BRGM : Bureau de Recherches Géologiques et Minières BUC : Bibliothèque Universitaire Centrale

CCFG : Communauté de Communes Faucigny Glières

CEDEAO : Communauté Économiques des États de l’Afrique de l’Ouest CES/DRS : Conservation des Eaux et des Sols/Défense et Restauration des Sols CI : Continental Intercalaire

CIEH : Comité Interafricain d’Études Hydrauliques

CILSS : Comité Inter-État de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel

CRED : Centre for Reseach on Epidemiology of Disasters / Centre de Recherches sur l’Épidémiologie des Catastrophes

CRGM : Centre de Recherche et de la Géologie Minière CRS : Catholique Relief Service

CSAO : Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest CT : Continental Terminal

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11 CTB : Coopération Technique Belge

DD : Développement Durable

DDA : Direction Départementale de l’Agriculture

DDAT : Direction Départementale de l’Agriculture de Téra DDET : Direction Départementale de l’Élevage de Téra DDHT : Direction Départementale de l’Hydraulique de Téra DGGR : Direction Générale du Génie Rural

DIEPA : Décennie Internationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement ELAU : Enquête Légère sur l’Armature Urbaine

EXOR : Projet pour la Réglementation de l’Exploitation Artisanale de l’Or FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine (1 Euro : 655,96 FCFA) FIT : Front Intertropical

FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines FMI : Fonds Monétaire International

FPMH : Forage équipé en Pompe à Motricité Humaine FSIL : Fonds de Soutien à l’Investissement Local GAME : Géographie et Aménagement de l’Espace GES : Gaz à Effet de Serre

GIEC : Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

GIRE : Gestion Intégrée des Ressources en Eau HACP : Haute Autorité à la Consolidation de la Paix HELP : Hilfe Zur Selbsthilfe / Aide pour l'auto-assistance IDA : Agence Internationale de Développement

INS : Institut National de la Statistique

IRD : Institut de Recherche pour le Développement IRSH : Institut de Recherches en Sciences Humaines JICA : Agence Internationale de la Coopération Japonais

LASDEL : Laboratoire d’Études et de Recherches sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local

MAEP : Mini Adduction d’Eau Potable

MEE/LCD : Ministère de l’Eau, de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification MHA : Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement

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MHE/LCD : Ministère de l’Hydraulique, de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification

MICS:Multiple Indicator Cluster Survey

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques ODD : Objectif de Développement Durable

OFEDES : Office des Eaux du Sous-sol

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONAREM : Office National de Recherche Minière ONEA : Officie National de l’Eau et de l’Assainissement ONG : Organisation Non Gouvernementale

OSS : Observatoire du Sahara et du Sahel PAC : Programme d’Actions Communautaires

PAC/RC : Projet d’Appui Communautaire pour la Résilience Climatique PAEPA : Programme d’Alimentation en Eau Potable et Assainissement

PANGIRE : Programme d’Action Nationale pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau PAPEC : Projet d’Appui à la Promotion des Écoles Coraniques

PAS : Programme d’Ajustement Structurel PASP : Projet Agro Sylvo Pastoral

PC : Puits Cimenté

PDC : Plan de Développement Communal

PDES : Plan de Développement Economique et Social

PDRLG : Projet de Développement de la Région du Liptako Gourma PEA : Poste d’Eau Autonome

PED : Pays en Développement

PGRC/DU : Projet de Gestion des Risques de Catastrophes et de Développement Urbain PIB : Produit Intérieur Brut

PIP : Projet Irrigation Privée

PLEA : Plan Local Eau Assainissement

PNAEPA : Programme National d’Alimentation en Eau Potable et d’Assainissement PNLCP : Programme National de Lutte Contre la Pauvreté

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPP : Partenariat Public Privé

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PRAPS : Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel

PROCAN : Projet de Prévention des Catastrophes Transfrontalières sur le cours du fleuve Niger PRODEC : Projet pour le Développement et la Croissance des Compétences

PROMAP : Programme de Promotion de l'Agriculture Productive PROSEHA : Programme Sectoriel Eau Hygiène et Assainissement PSE : Projet Sectoriel Eau

PUR : Plan Urbain de Référence

PVDT : Projet de Valorisation Dosso Tillabéri RAIL : Réseau d'Appui aux Initiatives Locales

RGP/H : Recensement Général de la Population et de l’Habitat SAFELEC : Société Anonyme pour la Fourniture d’Électricité SDR : Stratégie de Développement Rural

SDRP : Stratégie de Développement Accéléré et Réduction de la Pauvreté SEEN : Société d’Exploitation des Eaux du Niger

SIGNER : Système d’Information Géographique du Niger SIVOM : Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple SML : Société des Mines du Liptako

SPEN : Société des Patrimoines des Eaux du Niger SPP : Station de Pompage Pastoral

SRP : Stratégie de Réduction de la Pauvreté

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africaine UGE : Unité de Gestion de l’Eau

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

UNISDR : United Nations office for Disaster Risk Reduction / bureau des Nations Unies pour la Réduction des Risques de Catastrophes

US : United States

WHH : Welf Hunger Hilfe

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Au Niger, la maîtrise des ressources en eau demeure toujours un défi après plus de 50 ans des politiques hydrauliques. Les programmes hydrauliques qui se sont fortement développés dans les années 1970 et pendant la Décennie Internationale de l’eau Potable et de l’Assainissement (DIEPA) et avaient permis d’améliorer significativement la situation hydraulique. Mais, très tôt après la DIEPA, la situation est devenue critique à cause de l’insuffisance des investissements publics (Programme d’Ajustement Structurel) et de l’augmentation des besoins (la croissance démographique rapide). Les efforts consentis durant la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) entre 2000-2015, n’avaient pu faire face à tous les besoins de sorte que la question de l’accès à l’eau potable, dans les villes comme en milieu rural se pose avec acuité et devient de plus en plus préoccupante. Au niveau de la commune urbaine de Téra, la situation hydraulique est tout à fait particulière. Au-delà des certains aspects caractéristiques du pays de façon générale (le grand déséquilibre entre la croissance démographique rapide et les investissements en infrastructures hydrauliques et l’inadaptation des politiques hydrauliques qui se traduisent souvent par des choix inadaptés et non durables), les contraintes hydrogéologiques font de Téra un « territoire sans eau ». Du fait de l’appartenance de la commune urbaine de Téra à la région du Liptako Gourma et des réalités hydriques du climat sahélien, la région de Téra connait une situation de précarité hydrique dramatique. L’objet de cette thèse est d’étudier l’incidence de cette précarité hydrique sur le développement local dans la commune urbaine de Téra. L’étude aborde la précarité hydrique à travers ses déterminants, ses manifestations spatiotemporelles, ses effets sur les activités socio-économiques et la résilience des populations. Elle propose aussi quelques pistes de solutions pour améliorer la situation hydraulique. La problématique de l’eau dans la commune urbaine de Téra a été déjà étudiée de façon partielle dans mes précédents travaux universitaires. Les travaux de maîtrise en 2011 avaient porté sur Fonéko Tédjo, un village représentatif de la problématique de l’eau dans la région. L’idée de l’étude était d’analyser la situation hydraulique à travers la disponibilité de l’eau, son accessibilité et ses impacts socio-économiques sur la vie communautaire. En master, la problématique de l’eau a été étudiée à l’échelle de la ville de Téra dans le but d’appréhender les services d’eau dans un contexte de privatisation du secteur de l’hydraulique urbaine et de décentralisation. Dans le cadre de cette thèse, le champ géographique a été élargi à l’échelle du territoire entier de la commune afin d’avoir une vision globale de la situation hydraulique communale et d’appréhender les disparités hydrauliques entre villages.

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L’idée principale de la thèse est que la situation de précarité hydrique dans la commune urbaine de Téra compromet les opportunités de développement local. Cette précarité hydrique qui résulte de la combinaison de plusieurs facteurs défavorables, ralentit et bloque les activités productives et entrave la satisfaction des besoins humains fondamentaux. Notre étude s’efforce d’évaluer la portée de chaque facteur qui provoque cette situation à partir de l’analyse des données de terrain et de certaines informations issues de la recherche documentaire. L’originalité de la thèse est qu’elle aborde à la fois l’eau sous l’angle territorial

(la ville et la campagne, deux composantes territoriales ne relevant pas du même périmètre

hydraulique) et sous l’angle de la ressource (dans sa disponibilité et son accessibilité spatiotemporelle) et des services.

La thèse est organisée en trois parties. La première partie est consacrée au cadre théorique et méthodologique en présentant la zone d’étude (chapitre 1) en analysant la littérature hydraulique sur le Sahel (chapitre 2) et les politiques nationales de l’eau (chapitre 3). La deuxième partie analyse la précarité hydrique à Téra à travers ses déterminants (chapitre 4), ses manifestations (chapitre 5) et ses impacts sur le développement local (chapitre 6). La troisième partie analyse et évalue les stratégies adaptatives de la population aux effets de la précarité hydrique (chapitres 7 et 8) et propose quelques pistes de solutions pour améliorer la situation hydraulique dans la région (chapitre 9).

Dans la première partie, le premier chapitre présente la commune urbaine de Téra dans les aspects historique, administratif et démographique. La problématique de l’eau dans la région y est posée, la méthodologie adoptée pour conduire les travaux de recherche est présentée. Le deuxième chapitre analyse une bibliographie non exhaustive sur les enjeux de l’eau au Sahel. La première section traite de la problématique de la maîtrise de l’eau au Sahel qui en dépit des discours politiques et de l’importance des politiques et programmes mis en œuvre depuis plus de 50 ans, est loin d’être une réalité. Les populations et le bétail continuent de subir les conséquences dramatiques des sécheresses récurrentes et du manque d’eau. La deuxième section aborde la privatisation des services urbains d’eau dans les villes des pays en développement. Elle dresse le bilan de cette nouvelle gouvernance des services urbains d’eau qui a été recommandée comme une solution pour redresser un secteur de l’eau quasiment en faillite. Elle analyse également le regard porté sur les villes moyennes comme Téra dans le cadre non seulement de cette nouvelle gouvernance hydraulique mais aussi dans le cadre des politiques de décentralisation et d’aménagement du territoire. Décentralisation qui a plutôt contribué à la création d’une bureaucratie locale plus que de poser les bases d’un

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développement territorial véritable car elle manque gravement de ressources (humaines, financières et matérielles). En fin, dans une troisième section les défis de l’approvisionnement en eau du milieu rural sont abordés dans un contexte où la ville attire tout le regard en matière d’investissements publics. Le troisième chapitretraite du secteur de l’hydraulique au Niger en analysant les politiques et les programmes mis en œuvre depuis plus de 50 ans tout en les plaçant dans les conjonctures internationales du moment. Le bilan de ces politiques et de ces programmes est dressé au passage et les différentes composantes du secteur de l’hydraulique (hydraulique urbaine, rurale et agricole) sont présentées.

La deuxième partie traite de la précarité hydrique dans la commune urbaine de Téra. Le quatrième chapitre analyse les principaux déterminants de la précarité hydrique. La première section présente le contexte climatique de la région en étudiant la pluviométrie et l’évapotranspiration comme les variables fondamentales dans l’analyse de la problématique de l’eau au Sahel. Le déficit hydrique est aggravé par l’évapotranspiration qui agit gravement sur la durabilité des ressources en eau de surface qui sont de loin les principales sources d’alimentation en eau en milieu rural. Dans la deuxième section, sont étudiées les contraintes hydrogéologiques du Liptako Gourma. Ces contraintes portent principalement sur les problèmes de la recharge des nappes, de l’exploitation des eaux souterraines et de la qualité de l’eau. Ces trois caractéristiques du socle compliquent la situation hydraulique dans un pays où 80 % de l’eau de consommation sont pompées du sous-sol. Et dans une troisième section les aspects démographiques et politiques sont analysés également comme des éléments importants dans la détermination de la précarité hydrique. Ainsi, la forte croissance démographique met à l’épreuve les investissements publics en matière de dotation d’infrastructures hydrauliques. Aussi, certains choix politiques comme celui privilégiant la construction des forages au lieu d’une usine de traitement des eaux du barrage pour alimenter la ville de Téra en eau et le manque de volonté politique ont beaucoup contribué à cette situation hydraulique précaire. Le cinquième chapitre met en relief les manifestations de la précarité. Il porte sur la description des effets de la précarité hydrique en ville et en milieu rural tout en mettant en exergue les disparités territoriales (inter-quartiers, inter-villages et entre ville et villages) du phénomène à partir des cartes et graphiques. Le sixième chapitre expose les conséquences socio-économiques, les entraves aux possibilités de développement local après une présentation succincte des potentialités économiques sur lesquelles doit se construire le développement. En ville comme en milieu rural, les activités productives (le maraichage, l’élevage, la pêche, le petit commerce etc.), la satisfaction des besoins humains

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élémentaires (eau de boisson, cuisine, lavage, lessive, construction des habitations) sont drastiquement réduites par la précarité hydrique. Tandis que certaines activités deviennent carrément impossibles, d’autres s’inscrivent dans un déterminisme saisonnier.

La troisième partie quant à elle expose et analyse la résilience des populations au niveau de la ville de Téra et des villages. L’objectif est d’apprécier les différentes stratégies adoptées par la population en fonction du milieu de résidence (ville, campagne). Le septième chapitre traite des réponses adaptatives de la population au niveau de la ville de Téra. Il s’agit d’analyser les réponses apportées par les services techniques en charge de l’eau et de la population afin d’apprécier, d’évaluer leur robustesse. L’augmentation périodique du nombre de forages et la distribution alternée et orientée (délestage) constituent les principales réponses. Mais, le manque d’efficacité de ces dernières amène la population à recourir aux sources d’eau insalubres, à s’approvisionner au niveau des villages environnants, à mutualiser et à surexploiter des points d’eau. Le huitième chapitre analyse les réponses adaptatives adoptées par les ménages ruraux. Ces réponses s’efforcent de faire face à la durabilité réduite des plans d’eau, à l’insuffisance des points d’eau et aux contraintes liées à la localisation des points d’eau par rapport aux villages. Le neuvième chapitre propose quelques pistes de solutions pour améliorer la situation hydraulique. Il s’agit de la connaissance et la maîtrise des ressources en eau dans un contexte particulièrement difficile, la réadaptation du réseau d’eau à la géographie de la ville et de la mise en œuvre de solutions transitoires (comme l’usine de traitement des eaux du barrage) et de solutions plus durables (comme l’usine de traitement de Gothèye à partir du fleuve Niger).

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

Cette première partie est consacrée au cadre théorique et méthodologique en présentant la zone d’étude (chapitre 1) en analysant la littérature sur la problématique de l’eau au Sahel (chapitre 2) et les politiques nationales de l’eau (chapitre 3).

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Chapitre 1. Problématique générale et la méthodologie de la recherche

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CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE ET LA

MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Ce chapitre présente la commune urbaine de Téra dans ses réalités historiques, administratives et sociodémographiques. Il problématise la situation hydraulique dans la commune urbaine à travers une mise en contexte spatiale de la problématique de l’eau. Il présente aussi la méthodologie adoptée pour conduire les travaux de recherche et décrit les principaux outils utilisés pour la collecte et le traitement des données.

1.1. Téra dans ses dimensions socio-territoriales

La commune urbaine de Téra est située au cœur du département du même nom dans la région de Tillabéri 13° et 15° de latitude Nord et 0° et 1° 24’ de longitude Est avec une superficie de 2380 Km². La commune urbaine de Téra est limitée à l’Est par les communes rurales de Dargol et Kokorou, au Sud par la commune rurale de Diagourou, à l’Ouest par la République de Burkina Faso et au Nord par le département de Bankilaré.

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Chapitre 1. Problématique générale et la méthodologie de la recherche

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1.1.1. L’histoire territoriale de Téra

On observe une diversité ethnique résultante des différents mouvements migratoires. Les Songhay venus après le déclin de l’empire Songhay au début du 17ème, sous la pression des

Oullimenden, les Touaregs, les Dagha - les Bella rejoignirent le Nord du département de Téra fuyant des guerres fratricides. Les Peul débarquèrent au 19ème siècle venant du Macina (Seyni

Issa Zoumari, 1982, Yonlihinza Abdou Issa, 2012). Ces différents peuples trouvèrent sur place les Silanké et les Gourmantché déjà installés bien avant le 17ème siècle. Ces quatre

groupes ethniques seront rejoints plus récemment au 20ème siècle par les Haoussa et une tribu

Arabe (Yonlihinza Abdou Issa, 2012), venue de la Mauritanie pour des raisons commerciales. Les groupes Sonraï ou Songhay gagnant la rive droite du fleuve Niger après la chute de l’empire Songhoy en 1591 et créèrent les principales principautés Sonraï (Gorouol, Kokorou, Téra et Dargol). Dès 1644, Téra était une principauté dont les chefs portaient le nom d’Askia.

Figure 2 : la répartition ethnolinguistique du département de Téra Source données PDC Téra 2012-216

- Le département de Téra

Avec l’avènement de la colonisation, Téra fut rattaché au territoire militaire de Dori (Haute Volta, actuel Burkina Faso) en 1891 et à nouveau en 1919 après avoir été rattaché à Say (Niger) en 1900. En 1927, il est rattaché au cercle de Tillabéri (Niger). Téra est érigé en circonscription territoriale avec l’indépendance par la loi 61-50 du 31 décembre 1961 érigeant les 16 cercles issus de la période coloniale et leurs subdivisions en circonscriptions

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Chapitre 1. Problématique générale et la méthodologie de la recherche

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territoriales. En 1964 avec la loi 64-023 du 17 juillet 1964 portant création de 7 départements et 32 arrondissements, Téra devenait un arrondissement. Il comprenait les territoires actuels des communes rurales de Diagourou, Gorouol, Kokorou, Méhana et Dargol ainsi que les départements de Bankilaré et de Gothèye et la commune urbaine de Téra, couvrant une superficie de 20 220 km². Avec les lois 93-30 du 14 septembre 1998 et 98-31 du 14 septembre 1998, portant création des départements et fixant leurs limites et le nom de leurs chefs-lieux, Téra est transformé en département et correspondait aux limites de l’ex arrondissement de Téra. En 2011 avec loi n° 2011-22 du 08 août 2011 érigeant les postes administratifs en département, les postes administratifs de Bankilaré et Gothèye faisant partie du département de Téra deviennent des départements à part entière. Ce nouveau redécoupage territorial redéfini les frontières nouvelles du département de Téra qui se limite aux communes rurales de Diagourou, Kokorou, Méhana et Gorouol et la commune urbaine de Téra. Le nouveau département de Bankilaré se compose uniquement de la commune rurale de Bankilaré, celui de Gothèye comprend les communes rurales de Gothèye et de Dargol. Ces différentes transformations et redécoupages territoriaux obéissent d’une part à des soucis d’aménagement du territoire et de gouvernance territoriale (déconcentration et décentralisation) d’autre part à des motivations politiques sans fondements techniques, historiques, sociologiques et surtout économiques véritables. Ce qui pose la question de la viabilité financière et économique de certaines collectivités territoriales. La transformation récente des postes administratifs en départements, n’a pas pris en compte certains aspects historiques et sociologiques et a rendu à certains endroits l’organisation territoriale très compliquée, ainsi le département de Bankilaré se trouve enclavé dans celui de Téra et aussi le refus de la commune rurale du Gorouol d’intégrer ledit département (figure 3). Pour les populations du Gorouol, étant donné que son établissement dans la zone précède celle de Bankilaré, il est impossible de rattacher le Gorouol à Bankilaré car ce rattachement implique leur passage sous l’autorité des Touareg. Le département de Bankilaré s’étale uniquement sur la commune rurale du même nom qui d’ailleurs comme beaucoup des communes n’est pas viable financièrement.

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Figure 3 : les différentes transformations de Téra de 1964 à 2016

Le département de Téra enregistre une croissance démographique relativement forte, sa population était passée de 210 089 habitants lors du premier recensement général de la population en 1977 à 293 682 en 1988 (deuxième recensement), à 425 824 et 336 207 lors du dernier recensement général de la population et de l’habitat en 2012. Cette baisse du niveau de la population est liée à la subdivision du département de Téra en 3 départements.

Avec l’indépendance, Téra a été érigé en commune urbaine en 1988 et se composait de la ville de Téra et trois villages rattachés : Doumba, Begorou Tondo et Harikouka (figure 4). Avec la loi n °2002-014 du 11 juin 2002 portant création des communes et fixant le nom de leurs chefs-lieux, la commune urbaine de Téra a connu un élargissement considérable avec le rattachement de 17 autres villages (Moussa Yayé, 2013). Avec cette nouvelle réorganisation territoriale, la commune urbaine compte désormais la totalité de villages du canton de Téra avec une superficie passant de 225 km2 à 2 380 km2. Sa population est passée de 30 330 en

1988 à 67 996 en 2001 et 71 648 lors du dernier recensement en 2012, 83 050 en 2016. Selon les projections de l’institut national de la statistique, la population de la commune sera de 86 329 en 2017 et 89 733 en 2018, 96 932 en 2020 et 141 949 en 2030 et 170 779 habitants en 2035.

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Figure 4 : les villages administratifs de la commune urbaine de Téra

1.1.2. La ville de Téra

La ville de Téra est située entre le 13° et 15° de latitude Nord 0° et 1° 24’ de longitude Est. Le village de Téra serait fondé au 16ème siècle par un Chérif (Sirfi en Songhay), « un chevalier

solitaire et invincible venu de Gao à la chute de l’empire songhay ». Celui-ci donna son nom au premier village de la principauté Sirfi-Koyré (le village de Sirfi qui était à l'époque une île stratégique pour se prémunir d'éventuelles attaques) qu'il fonda et qui est le plus vieux quartier de la ville (Hama Boubou, 1967). Mais celui-ci aurait trouvé déjà sur le site des communautés Silanké et Gourmantché. Ces communautés gourmantchés auraient vécu au bord de la mare de « Bilow » (un déversoir du Dargol bordant les quartiers Begorou Amirou et Farko) très peuplée de « Téra » (qui signifie grenouille en langue gourmantché). Le village ainsi fondé prend le nom de Téra. Par la suite plusieurs vagues migratoires Songhay sont venues s’installer créant les quatre autres anciens quartiers (Guenobon, Begorou, Farko, Fonéko). Téra va vite attirer l’attention des différentes administrations (coloniale et post coloniale) et le petit village Songhay se transforme et prend de l’importance au fil du temps en devenant successivement chef-lieu de cercle, de circonscription territoriale, d’arrondissement et de département. Mais la ville a commencé à enregistrer un dynamisme

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démographique et spatial réel vers fin de la décennie 1980 (1988), lorsque la commune urbaine a été créée (avec les nouveaux lotissements, les nouveaux quartiers), les réseaux d’électricité et d’eau ont été installés. La ville de Téra prendra encore plus de l’importance lorsque l’arrondissement de Téra a été transformé en département en 1998. L’intervention d’un nombre important d’ONG vers la fin des années 1990 et surtout à partir de la décennie 2000 a contribué au développement de la ville. La ville a connu sa première opération de lotissement en 1978, et une restructuration de l’ancien noyau de la ville à la même période. Au cours du lotissement, 301 parcelles ont été aménagées à l’actuel quartier Douane dans le but de recaser les familles touchées par cette restructuration. Mais, cette première opération n’a pas été effective sur le terrain car beaucoup de voies étaient restées non dégagées. Il a fallu ainsi deux autres restructurations en 1985 et 1988 pour pouvoir dégager complètement les voies publiques. Ces restructurations ont été suivies de plusieurs lotissements au niveau de la ville et d’un seul lotissement dans chacun de ces deux quartiers périphériques et traditionnels (Sirfi koira et Guenobon). Il faut également signaler que la restructuration de ces deux quartiers périphériques et traditionnels n’a toujours pas vu le jour sur le terrain malgré l’existence de leur tracé sur les plans. C’est d'ailleurs ce qui explique les contraintes pour l’installation des réseaux de distribution de l’eau et d’électricité.

La ville compte aujourd’hui 6 quartiers administratifs (figure 5) qui sont les quartiers traditionnels (Begorou-Amirou ou Begorou Téra1, Farko, Fonéko, Guenobon, Sirfi koira)

auxquels s’ajoute le quartier Zongo (quartier dont l’essentiel des habitants sont d’origine étrangère issue des migrations). À côté de ces quartiers dits traditionnels, il existe d’autres quartiers avec un poids démographique important mais sans statut administratif. Ils sont de ce fait considérés comme des zones d’extension des anciens quartiers cités ci-haut pour la simple raison que leurs territoires appartiennent aux autochtones des vieux quartiers. Ces sont les quartiers Carré, Douane, TP, Gouritchiri, Résidence, Foutankoira. Cette situation prouve le jeu et les enjeux de la gestion territoriale, étant donné que l’extension se produit sur leurs terres, les populations autochtones surtout les chefs de quartiers veulent garder sous leur autorité ces nouveaux quartiers issus de la croissance spatiale de la ville. Ces nouveaux quartiers sont apparus suite à la venue de ménages des vieux quartiers très exigus. Aussi des hameaux de cultures sont-ils rattachés à ces quartiers traditionnels. Ainsi, les « villages » ou hameaux :

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- Harotondo, Potchiga, Gourma Banguia, Tassou Goro, Arboudjé, Diribangou,Tissinka sont rattachés au quartier de Begorou Amirou Téra ;

- Djoundjo (Mamoudou Soumaila Koira), Larabou Bertchiré Koira, Adama Moustapha Koira (Lourgou), Bam Koira, Baguirga relèvent du quartier Farko de Téra ;

- Tchaké (Harouna Hékoye), Torsa (Satché), Tondo Bandé (Sadou Morou Koira), Windi Foussou font partie du quartier Guenobon.

- Takindi, Kokoyé, Kokani, Lourgou Miokoira, Lourgou Birgui Koira, Lourgou Bangou, Koy Tcholli, Tondikaria, Bara Bangou et Goutiyéni sont rattachés au quartier Sirfi Koira de Téra

- Arboudjé Arabe, Arboudjé Peulh, Baguirga, Sassa, Dingaba, Bouloumbanza, Koumékou, Firsingou, Tinka au quartier Farko, les populations Bella sont rattachées au quartier Zongo de Téra.

L’organisation territoriale de la commune urbaine de Téra comme pour les autres collectivités nigériennes en général est très complexe et les enjeux fonciers et les dynamiques migratoires peuvent expliquer cet état de fait.

Figure 5 : l’organisation spatiale et administrative de la ville de Téra

La carte de la répartition spatiale de la population urbaine (figure 6) permet de faire deux constats :

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Le premier constat est que les quartiers centraux (Farko, Fonéko, Begorou, Zongo, Foutankoira) sont moins peuplés que les quartiers périphériques (Gouritchiri, Résidence, Carré, Sirfi Koira, Douane) qui témoignent d’un relatif étalement urbain de la ville. Cette situation s’explique par les différents programmes de décongestionnement des quartiers traditionnels (modernisation), qui s’étaient traduits par une réorganisation spatiale avec la création et le lotissement des nouveaux quartiers. Certains habitants des quartiers traditionnels se sont recasés dans les nouveaux quartiers (Gouritchiri, Carré, Résidence) plus aérés. Au fil du temps avec ses fonctions administratives (chef-lieu de département), les avantages liés à la position géographiques, la ville s’accroit et les nouveaux arrivants (les étrangers, les fonctionnaires) s’installent dans les quartiers périphériques.

Le deuxième constat est que ces quartiers périphériques de 2 000 à plus de 3 000 habitants (Douane, Résidence, Carré), sont ceux qui connaissent et souffrent plus de la précarité hydrique du fait de la faible production de l’eau et du site (plateau) sur lequel ils se trouvent. Il faut noter que ces quartiers étaient créés avant la grave dégradation de la situation hydrique de la ville qui commença aux alentours des années 2000. Confrontés à aux pénuries d’eau, la plupart des habitants ne pouvaient pas abandonner leurs maisons. Mais, de plus en plus de personnes qui louent des logements, évitent dans la limite du possible ces quartiers. On risque si rien n’est fait d’assister à un retour de la population au centre (où la situation hydraulique est moins précaire) au niveau des quartiers Foutankoira, Begorou, Gouritchiri. Le quartier Gouritchiri où se trouve le château d’eau est d’ailleurs le plus peuplé de la ville (figure 6) avec 4 016 habitants, du fait certainement de ces meilleures conditions hydrauliques.

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29 Figure 6 : carte démographique de la ville Source des données : RGP/H de 2012

Depuis la période coloniale, la population de la ville ne cesse de croître et Téra passe successivement de la situation d’une petite ville au centre du Sonraï où cohabitent populations Sonraï, Peul, Touareg, Gourmantché, etc. à celle d’une véritable ville secondaire à l’allure d’une « métropole » de l’extrême sud-ouest nigérien. Avec 4 808 habitants en 1956, la population de la ville de Téra passa à 6 611 habitants en 1962, à 31 913 habitants en 2015, soit une multiplication par 5 en 53 ans (Figure 7). Selon les estimations l’Institut National de la Statistique (INS), la population atteindra 37 595 en 2020 (Moussa Yayé, 2013, 2015).

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Figure 7 : la croissance démographique de la ville de Téra

L’allure de la pyramide des âges de la commune urbaine de Téra, reflète bien les caractéristiques démographiques du pays. On peut observer ainsi l’extrême jeunesse de la population de la commune à travers la large base et le sommet effilé de la pyramide. Les jeunes de 0 à 15 ans représentent 53,15 % de la population totale de la commune, ceux de 0 à 25 ans présentent 70,85 %, mais la tranche des personnes âgées est de seulement 2,81 % de la population totale de la commune urbaine de Téra. Cette situation pose les défis de planification dans tous les secteurs notamment celui de l’eau dans un contexte hydrogéologique difficile.

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Figure 8 : la pyramide des âges de la commune urbaine de Téra en 2016 Source des données INS, 2016

1.1.3. Les villages suburbains de la commune urbaine de Téra

À sa création, la commune urbaine ne comptait que seulement trois villages rattachés (Harikouka, Doumba et Begorou Tondo) plus la ville de Téra. À partir de 2002, la commune urbaine est élargie au canton de Téra et totalisait désormais 19 villages administratifs et plusieurs dizaines des hameaux de cultures qui ne cessent de croître et qui sont devenus au fil des années des gros villages. Mais ici aussi comme au niveau des quartiers de la ville, les enjeux de la gestion territoriale et du pouvoir font que les villages, desquels ces hameaux ou villages non administratifs sont issus et dépendent, admettent difficilement qu’ils soient érigés en villages administratifs à part entière. Les principaux villages sont : Harikouka, Doumba (10 hameaux), Begorou Tondo (22 hameaux), Zindigori (3 hameaux), Doundiel, Taka (1 hameau), Tondigoungo (3 hameaux), Patékoira (4 hameaux), Ladanka (3 hameaux), Lambangou (5 hameaux), Tillim (10 hameaux), Tourikoukeye (10 hameaux), Fonéko Tédjo (3 hameaux), Taratakou (2 hameaux), Harga (2 hameaux), Tchibaré Téra (3 hameaux), Baïna (17 hameaux), Fala et Warigountou (1 hameau). À ces villages administratifs se rattachent plusieurs dizaines des hameaux de cultures qui sont devenus des véritables gros villages. On a ainsi de manière exhaustive les villages administratifs et leurs hameaux2.

- 2Zindigori : Koubijé, Koumékou et Mombirmo ;

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Pour des soucis de gouvernance territoriale, la commune urbaine est subdivisée en quatre sous-zones comprenant un certain nombre de villages :

- La sous-zone de Tourikoukeye : Tourikoukeye, Doumba, Doundiel (1 hameau), Tchibaré Téra, Harga, Tillim, Warigountou ;

- La sous-zone de Tondigoungo : Tondigoungo, Patékoira, Lambangou, Ladanka, Taka, Baïna ;

- La sous-zone de Begorou Tondo : Begorou Tondo, Zindigori, Taratakou, Fonéko Tédjo, Fala ;

- La sous-zone de Téra comprend la ville de Téra et le village de Harikouka.

Le poids démographique et la plus ou moins proximité des villages sont les principaux critères de la constitution des sous-zones. En observant les figures 9 et 10, on voit que l’essentiel de la population communale se concentre dans le centre et le sud-est de la commune notamment dans la vallée du Dargol, où existent les ressources naturelles dont les eaux de surface et les terres cultivables. La ville de Téra et le village de Begorou Tondo avec ses hameaux s’accaparent l’essentiel du poids démographique de la commune urbaine. Par contre, les parties extrême nord et nord-ouest sont pratiquement vides d’hommes, dans ces zones les écoulements sont quasi inexistants, l’environnement est complètement dénudé.

- Tillim : Issaka Koira, Yanga, Alfagakoira, Fadori, Balley Gangani, Dariel, Zamo Koira, Kobaya, M’Bondio et Tondey ;

- Tourikoukey : Moupingou, Sagala, Tondi Folley, Zindobon, Saga Bangou, Kobayou, Djongonto, Djomossi, Farko, Djabou Ganzam ;

- Tondigoungo : Kornanbarké, Hamadou Koira et Mounkaila Salou Koira ; - Tchibaré Téra : Sete-Bélé, Kohinza et Bourra Fonda ;

- Taratakou : Mara et Farko Tondo ; - Taka : Tondey ;

- Paté Koira: Kornanbarké, Hamadou Koira et Mounkaila Salou Koira;

- Lambangou : Kokora Koira, Kado-Sorankounkoro, Malfanké Tidio et Bangaré ; - Ladanka : Gayaga et Ladanka 2 ;

- Harga : Tondia Kanguey et Seygoro ;

- Fonéko Tédjo : Gartoumbo, Goria et Kilinfitaw ; - Doundiel : Tondia Kanguey ;

- Doumba : Hondo, Gorou Garo, Djommossi, Banizoumbou, Doubo, Djambaidou Koira, Forguey, Dingaba, Torsa et Kokoukou ;

- Begorou Tondo : Fogou, Togountou, Koria 1 et 2, Samiyanta, Diribangui 1 et 2, Kankani Koga, Djankara,Kabangou 1, 2 et 3, Handaga 1 et 2, Bongouro 1 et 2, Tchirey Gaya, Tondibangui, Tassia, Sekomé, Gouriabon, Sambo Koira, Midingadi, Boguel 1 et 2, Tondi Karia 1 et 2, Baladjo, Banizoumbou, Hamadou Koira, Hékoye Koira, Modi Koira, Matchido Koira, Hamado Koira, Foti Koira, Maouri Koira, Baidari Koira, Dobi Koira, Dontori Koira, Koira Lami, Witchira, Souley Koira 1 et 2, Daoudou Koira et Halido Koira ;

- Baïna : Adama Koira, Bella Koira, Kossi Koira, Hammey Koira, Horé Koira, Boukari Koira, Salou Koira, Halido Koira, Tahoukounga, Larabou Koira, Sadou Koira, Issifi Koira, Doullaye Koira, Tahiri Koira, Sodja Koira, Adamou Koira, Larabou Koira ;

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Figue 10 : la carte démographique de la commune urbaine de Téra Source des données : RGP/H de 2012

1.2. Problématique de recherche

Les travaux de cette thèse s’inscrivent dans la suite de nos précédents travaux (maîtrise et master) consacrés à la problématique de l’eau dans la commune urbaine de Téra respectivement sur le village de Fonéko Tédjo et sur la ville de Téra. Après ces études de cas sur un village et sur le chef-lieu de la commune urbaine de Téra, il était intéressant d’élargir le champ géographique à toute l’étendue de la commune urbaine afin de mieux territorialiser et appréhender la précarité hydrique dans toutes dimensions. En abordant aujourd’hui la question de l’eau à Téra, le constat qui se dégage est qu’au fil du temps on assiste à une dégradation de la situation hydraulique. Le problème d’eau qui n’était pas aigu avant est devenu très préoccupante avec le temps, et « la crise de l’eau » dans la ville de Téra s’installe de plus en plus précocement depuis quelques années. Au milieu des années 1990 le grand déséquilibre entre l’offre et la demande de l’eau est vécu par la population généralement entre les mois d’avril et mai pour prendre fin avec les premières pluies estivales. Mais, depuis le début de la décennie 2000, ce déséquilibre s’installe déjà entre les mois de novembre et

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décembre et s’étale jusqu’en septembre. Le réseau d’eau cesse de fonctionner dans les trois quart du territoire urbain pendant les trois quart de l’année à cause de l’insuffisance de la production d’eau et l’inadaptation du réseau à la topographie de la ville. En milieu rural, des gros bourgs de 2 000 habitants comme Begorou Tondo manquent littéralement de points d’eau et sont très surexploités là où ils existent du fait de la mixité des usages. La recherche quotidienne de l’eau mobilise tout le monde (en ville comme en campagne) et les activités socio-économiques sont gravement entravées pendant que d’autres ont disparu. Les populations vivent une situation très préoccupante que les grands programmes hydrauliques, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la privatisation de l’hydraulique urbaine, la décentralisation, les Objectifs de Développement Durable (ODD) n’ont pas pu juguler. Ceci a suscité en nous une interrogation : quelle est l’incidence de la précarité hydrique sur le développement local dans la commune urbaine de Téra ?

Cette question principale renvoie à des interrogations secondaires qui prennent en compte tous les contours de la précarité hydrique :

- Comment se manifeste cette précarité hydrique ?

- Pourquoi la situation hydraulique de la ville de Téra se dégrade d’année en année ? - Cet état de fait est-il similaire au niveau des villages de la commune urbaine ? - Quelle est la résilience des populations ?

- Les stratégies mises en œuvre sont-elles efficaces ?

- Comment la précarité hydrique impacte les activités socio-économiques ? - Comment améliorer la situation hydraulique de façon durable ou définitive ?

1.2.1. Les objectifs de recherche

L’objectif global est d’appréhender l’incidence de la précarité hydrique sur le développement local dans la commune urbaine de Téra.

1.2.2. Objectifs spécifiques

À la suite de l’objectif global, 4 objectifs spécifiques ont été dégagés :

 Appréhender les principaux facteurs déterminants de la précarité hydrique. Sachant que la précarité hydrique est le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs d’ordre climatique, hydrogéologique, démographique, technique et politique, il faut de

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ce fait étudier chacun de ces facteurs afin d’évaluer son ampleur dans la définition de la précarité hydrique.

 Appréhender les manifestations spatio-temporelles de la précarité hydrique. Il s’agit de savoir si les populations vivent les mêmes difficultés selon leur appartenance territoriale, c’est-à-dire selon leur quartier ou village de résidence. Il sera aussi question de dégager le profil de la précarité hydrique dans le temps en fonction toujours du milieu de résidence des populations en déterminant une courbe de tendance annuelle.

 Appréhender les stratégies adaptatives mises en place pour faire face à la précarité hydrique. Il s’agit d’inventorier, de regrouper, d’analyser les réponses des populations face à la précarité hydrique et d’évaluer la robustesse de ces stratégies adaptatives en fonction du milieu de résidence des populations et des saisons (saison des pluies, saison sèche).

 Identifier les différentes activités socio-économiques compromises ou disparues du fait de la précarité hydrique. Il s’agit d’appréhender l’impact de cette précarité hydrique sur les activités socio-économiques et de simuler dans une perspective prospective les coups que la région prendra en matière de développement local si la situation hydraulique reste sans être améliorée. Les activités économiques fortement dépendantes de l’eau vont se réduire, les opportunités économiques liées à la position géographique et stratégique de Téra risqueront d’être compromises.

1.2.3. Les hypothèses de la recherche

Trois hypothèses ont été formulées dans ce présent travail de recherche : Hypothèse n° 1

La précarité hydrique dans la commune urbaine de Téra résulte de la combinaison d’un ensemble de déterminants défavorables qui sont d’ordre climatique, hydrogéologique, démographique, politique et technique.

La commune urbaine de Téra comme le pays de façon générale, enregistre une forte croissance démographique qui se traduit par une augmentation importante des besoins en eau dans un contexte climatique précaire (déficit hydrique), des conditions hydrogéologiques aussi austères (présence du socle) que le climat sahélien. Les ressources en eau disponibles

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restent encore très sous maîtrisées du fait de l’insuffisance des investissements dans le secteur et du choix de certaines options politiques qui ne s’inscrivent pas dans une dynamique d’aménagement durable. C’est la situation qui s’est posée en 1980, après la construction du barrage au lieu d’installer une usine de traitement des eaux pour résoudre le problème d’eau dans la ville, les autorités d’entant avaient opté pour des forages. Le choix de cette dernière option est pour beaucoup dans la situation hydraulique actuelle de la ville de Téra. Chacun des facteurs, qu’il soit climatique, hydrogéologique, humain et politique, est primordial dans la détermination et la définition de la précarité hydrique dans la commune urbaine de Téra.

Hypothèse n° 2

Le niveau actuel de précarité hydrique compromet le développement local et hypothèque les possibilités de développement durable de la commune urbaine de Téra.

Le grand déséquilibre entre populations et infrastructures hydrauliques, la disponibilité et la précaire durabilité des eaux de surface dans le temps et dans l’espace impactent gravement les activités socio-économiques. En consacrant des journées entières à la recherche de l’eau, les populations sont obligées d’abandonner certaines activités productives alors que d’autres ont complètement disparu du fait de la précarité hydrique. La vie socio-économique s’est réduite tant en milieu urbain qu’en milieu rural du fait des effets de la précarité hydrique. Dans un tel contexte hydrique, aucune perspective de développement socio-économique n’est possible car déjà les réalités pluviométriques du Sahel à elles seules constituent un facteur limitant majeur.

Hypothèse n° 3

La précarité hydrique recompose le territoire de la commune urbaine de Téra à travers une réorganisation hydraulique et l’instauration d’une solidarité hydraulique entre ville-villages et entre villages.

Les villages de la commune urbaine et les quartiers de la ville de Téra connaissent une situation hydraulique différenciée. Certains villages disposent de points d’eau suffisants et en équilibre avec le poids démographique. Au niveau de la ville la présence des forages à motricité humaine et la situation topographique par rapport au château d’eau créent des conditions hydrauliques particulières au niveau des quartiers. Pour faire face aux effets dramatiques de la précarité hydrique, les populations mutualisent leurs points d’eau. Il se crée

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ainsi des territoires hydrauliques dont leur étendue transcendent les limites des villages et des quartiers mais dépendent de la disponibilité de l’eau et de la distance. La précarité hydrique au-delà de l’instauration des relations de solidarité communautaire, dessine une organisation territoriale « virtuelle ».

1.2.4. La méthodologie de recherche

La méthodologie allie recherche documentaire et travaux de terrain (observation, enquête-ménage et entretiens).

1.2.4.1. La recherche documentaire

La recherche documentaire a été menée au Niger et en France. Au Niger, elle s’est effectuée dans les bibliothèques de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH), de l’Institut des Recherches en Sciences Humaines (IRSH), du département de Géographie, au Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL). Pour avoir les statistiques nationales et les documents de politiques hydrauliques, nous nous sommes référés aux centres de documentation de l’institut de national de la statistique (INS), aux Ministères de l’hydraulique, de l’agriculture et de l’élevage, à la société des patrimoines des eaux du Niger (SPEN), à la société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN). Au niveau de Téra nous avons recouru au document de Plan de Développement Communal (PDC) et quelques rapports consultés auprès de la direction départementale de l’hydraulique de Téra. À Toulouse, la recherche documentaire s’est effectuée au niveau de la Bibliothèque Universitaire Centrale du Mirail (BUC), ses ressources documentaires en ligne via archipel et archipel plus et au niveau du centre de documentation de Olympe de Gouges. 1.2.4.2. Les travaux de terrain

Les travaux de terrain regroupent les entretiens opérés auprès des personnes ressources et le questionnaire destiné aux ménages. Mais avant ces deux opérations des visites d’imprégnation (observations de terrain) ont été effectuées.

1.2.4.2.1. L’observation de terrain

Le but de cette opération est d’approfondir le champ géographique de l’étude sur lequel ont porté nos travaux de maitrise et master 2 respectivement en 2011 et 2013. L’observation de terrain a permis de mieux appréhender la problématique de l’eau et d’avoir une vue globale et relative (les disparités hydrauliques entre villages et quartiers) sur la situation hydraulique de

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la commune urbaine de Téra. Elle a permis de territorialiser la précarité hydrique en définissant des indicateurs à partir de la disponibilité des points d’eau et de la taille de la population, le temps consacré à la recherche de l’eau et la distance parcourue. La visite d’imprégnation est aussi le moment de recueillir d’importantes informations (prise des vues, de géo localisation des points d’eau etc.). Compte tenu de la qualité et de la quantité des données qu’elle fournit, l’observation de terrain s’est poursuivie tout au long de la thèse. 1.2.4.2.2. Les entretiens

L’objectif recherché dans les entretiens est les informations qualitatives auprès des personnes ressources. L’outil utilisé à cet effet est le guide d’entretien. Il y a eu trois phases d’entretiens auprès de personnes ressources. La première phase d’entretiens exploratoires a été effectuée six mois avant l’administration du questionnaire ménage en mars 2014. Lors de cette première phase, le premier vice Maire de la commune urbaine de Téra, le directeur départemental de l’hydrique, celui de l’élevage, le technicien3 du service départemental de la Société

d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), le chef service eau et assainissement de World Vision ont été interviewés. Les chefs de village (les 19 chefs de villages administratifs et 10 chefs de villages non administratifs ont été interviewés en focus group), les fontainiers, gérants des forages (au niveau de la ville de Téra et des villages), revendeurs d’eau, les maraichers ont également été interrogés, chacun en fonction de son rôle et de ses responsabilités pour comprendre la problématique globale de l’eau dans le but de bien cadrer l’enquête ménage. Une deuxième et troisième phase d’entretiens se sont déroulées un an après l’enquête-ménage respectivement en avril et août 2016. Elles ont permis d’atteindre d’autres personnes ressources telles que les chefs des quartiers (3) de la ville de Téra, le chef de service département du plan, le délégataire des mini adductions d’eau potable (MAEP) du département de Téra, les comités de gestion des points d’eau au niveau des villages, les gérants des bâches (opération citerne), un membre de la famille de Toula4, les

artisan-réparateurs des pompes qui sont acteurs indispensables dans l’accès durable à l’eau potable. Ces opérations supplémentaires ont permis de baliser les contours de la situation hydraulique dans la commune urbaine de Téra. Au total plus de 60 entretiens5 ont été effectués.

3 Le chef du centre secondaire de Téra venait juste d’arriver et étant nouveau, il ne pouvait pas dit-il se prononcer sur la question de l’eau dans la ville.

4 Une jeune fille donné aux génies pour faire face à une période sèche il y a un peu plus de trois siècles.

5 Certains acteurs comme le premier adjoint au Maire, le directeur départemental de l’hydraulique, le technicien de la SEEN, le directeur départemental du génie rural, les gérants des certains forages et bornes fontaines, ont été interviewés plusieurs fois.

(40)

Chapitre 1. Problématique générale et la méthodologie de la recherche

40

1.2.4.2.3. L’enquête transversale

- Le choix des quartiers et des villages témoins de l’enquête

La situation hydraulique a été le principal critère déterminant pour le choix des quartiers (au niveau de la ville de Téra) et des villages témoins. La situation hydraulique au niveau de la ville est déterminée par la distance par rapport au château d’eau alimentant la ville, la présence ou pas de forages dans les quartiers et la pente. Au niveau des villages, le choix est fonction de l’existence ou non des points d’eau modernes au sein des villages, le ratio taille démographique des villages et nombre des points d’eau, l’existence d’eau de surface ou pas et enfin la distance entre le lieu de résidence et les principales sources d’approvisionnement en eau. Bref, aussi bien au niveau de la ville de Téra qu’au niveau des villages, la méthodologie s’est construite autour de la vallée du Dargol (un des affluents de la rive droite du fleuve Niger). En ville, l’enquête ménage a concerné les quartiers riverains du Dargol, moyennement proches et les quartiers se trouvant sur le plateau. Au niveau des villages, la même méthodologie a été appliquée aux villages se trouvant dans la vallée du Dargol, proches de la vallée et ceux se trouvant dans des zones sans écoulement pluvial important. L’objectif de cette méthode est d’appréhender les disparités hydrauliques, l’importance des eaux de surface dans la satisfaction des besoins en eau des populations et aussi la relation entre les eaux de surface et les nappes souterraines sur lesquelles sont installées des forages équipés en pompes à motricité humaine.

o La classification hydraulique des quartiers de la ville de Téra

Classification hydraulique laisse apparaitre trois groupes de quartiers (figure 11) :

- Les quartiers à situation hydraulique moyenne (présence ou proximité du château d’eau, présence de bornes fontaines opérationnelles toute l’année) : Gouritchiri et Foutankoira ;

- Les quartiers à situation hydraulique précaire (proximité relative du château et présence de forages) : Begorou, Farko, Zongo et Fonéko ;

- Les quartiers à situation hydraulique très précaire (situation sur le plateau, éloignement par rapport au château d’eau et absence de forage) : Carré, Guenobon, Douane-TP et Résidence.

Après cette classification hydraulique, les quartiers : Guenobon (village urbain, éloigné de château d’eau et ne disposant pas des forages à motricité humaine), Carré (quartier

Figure

Figure 2 : la répartition ethnolinguistique du département de Téra  Source données PDC Téra 2012-216
Figure 4 : les villages administratifs de la commune urbaine de Téra
Figure 5 : l’organisation spatiale et administrative de la ville de Téra
Figure 14 : matrice issue de l’enquête-ménage et des entretiens   Source : Laffly Dominique, 2005
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Références

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