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Les financements du secteur de l’eau

Chapitre 3 : Le secteur de l’hydraulique au Niger

3.2. Les financements du secteur de l’eau

Les financements dans le secteur de l’eau comme dans les autres secteurs publics, sont assurés par l’État et les bailleurs de fonds (partenaires techniques et financiers). Depuis la DIEPA, l’alimentation en eau potable est devenue une préoccupation importante pour les gouvernements et pour les principales agences financières extérieures opérant en Afrique. L’essentiel des réalisations sont supportées par les pouvoirs publics, qui font recours à la coopération bilatérale et multilatérale pour mobiliser les fonds nécessaires à l’exécution des projets et programmes. Les investissements se présentent sous deux formes : des fonds sous forme d’aide publique au développement accordés dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale qui sont investis dans les programmes mis en place, ou les bailleurs de fonds (généralement des ONG, des fondations) interviennent directement sur le terrain (pratique la plus courante de plus en plus). Ces interventions directes des bailleurs de fonds sur le terrain posent la question de la crédibilité des gouvernants vis-à-vis de ces bailleurs et la pertinence des projets et programmes mis en place. Si cette intervention directe sur le terrain est une aubaine pour les populations pauvres exclues dans l’accès aux services dits publics, elle constitue un manque à gagner pour certains agents de l’État. Mais, elle pose aussi des

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problèmes en matière de mise en place d’une banque de données sur l’eau à travers la maîtrise des statistiques sur la réalisation des infrastructures hydrauliques.

3.2.1. Les investissements publics

L’État était un acteur principal dans l’arène publique jusqu’à la fin des années 1970. On parlait du « tout État » et bien que les agences au développement aient été présentes, il jouait un rôle de premier plan dans le financement et la gestion des infrastructures hydrauliques. Mais, à partir des années 1980, avec les premiers programmes d’ajustement structurel, l’État a commencé à réduire considérablement ses financements dans les services publics laissant progressivement sa mission à d’autres acteurs émergeants (les ONG, associations entre autres). Ces transformations dans le secteur de l’hydraulique ont entrainé la faillite de l’OFEDES et la privatisation de la SNE. Le rôle de l’État se limite de plus en plus à la conception des projets et programmes et à la mobilisation des financements extérieurs. Il joue désormais un rôle d’accompagnant (rôle de témoin en quelque sorte) des bailleurs de fonds. À travers ce paragraphe consacré aux financements dans le secteur de l’eau, il était intéressant de traiter indépendamment les financements publics et ceux réalisés par les bailleurs de fonds. Mais, il est difficile de les dissocier en extrayant la part de l’État car l’essentiel des financements provient de l’extérieur. Aussi, toutes les politiques, projets et programmes s’inscrivent dans la ligne de conduite des bailleurs de fonds. En effet, dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne, l’aide couvre jusqu’à 90 % des dépenses consacrées à l’eau et l’assainissement. C’est pourquoi les financements sont abordés de façon globale. Au cours des dix dernières années le Niger a financé le secteur de l’eau et de l’assainissement à hauteur de 0,9 % du Produit Intérieur (PIB), ce qui est au-dessus des cibles régionales fixées de 0,5 % du PIB dans le cadre de la déclaration d’eThekwini en (Afrique du sud) en février 2008 puis les engagements de Charm-el-Cheikh (Égypte) en juillet 2008. Mais, en termes de performance de mise en œuvre des engagements, le Niger avec 3,66 points est en retard par rapport à ses voisins : Burkina Faso 4,48, Bénin 5,25, et Mali 5,57 (Union Africaine, 2013).

3.2.2. Les financements non étatiques

Les investissements non étatiques concernent les fonds issus de l’aide publique au développement dans le cadre de la coopération bilatérale, multilatérale. Ces fonds se présentent sous plusieurs formes : aides budgétaires, dons, subventions et prêts. En effet, depuis les années 1960 à aujourd’hui des milliers de projets et programmes d’hydraulique ont été financés en Afrique noire d’une façon générale. Mais, il faut noter que les grandes

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opérations et les investissements hydrauliques ont commencé avec les grandes sècheresses des années 1960 et 1970, les financements se sont multipliés en cette période. Ainsi, de 1968- 1992, près du tiers des aides aux pays du Sahel a été consacré aux programmes d’hydraulique villageoise et pastorale (Emsellem Yves, Detay Michel et Gaujou Didier, 2015). Avec la DIEPA, la maîtrise de l’eau est hissée au rang de l’un des thèmes majeurs du monde et 182 937 984 € (120 milliards de FCFA) ont été investis dans les projets et programmes d’approvisionnement en eau et assainissement au Niger (Adamou Namata, 2004). Les flux de décaissement nets de l’Aide Publique au Développement (APD) pour l’Afrique subsaharienne ont plus que doublé en termes réels depuis 1980, cette augmentation s’étant principalement manifestée au cours de 10 dernières années, (Banque Africaine de Développement, 2011). En 2008, la région a reçu 27,5 % des flux de décaissement nets de l’APD vers les pays en développement, soit une enveloppe globale de 24 milliards de dollars américain (soit 21, 436 milliards d’euros) qui représente 2,4 % du PIB de l’Afrique subsaharienne (figure 24) (ibid.). Les décaissements bruts de l’APD dans le secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique subsaharienne sont passés de 757 millions de dollars américain (676,152 millions d’euros) en 1995 à 1,438 milliards (1,284 milliards d’euros) en 2008 même si les progrès escomptés restent dérisoires et les défis toujours persistants.

Figure 24 : l’aide publique brute au développement pour le secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique subsaharienne

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Au Niger, les principaux financements proviennent d’acteurs divers. Parmi ces bailleurs de fonds, l’AFD apparait comme un acteur historique. Ses premières interventions au Niger en matière d’hydraulique villageoise datent de 1979 à la suite de plusieurs années de fortes sécheresses (projets d’urgence). Ainsi, de 1982 à 1992, l’AFD a financé une série de projets qui se sont attachés à la prise en charge par les populations bénéficiaires de la gestion et de l’entretien des ouvrages réalisés. Depuis, elle accompagne le Niger dans la construction d’infrastructures et l’innovation dans la gouvernance de l’eau. En hydraulique urbaine, l’AFD a accompagné la réforme de 1999 et a participé en 2002, en cofinancement avec les autres bailleurs, au financement du Projet Sectoriel Eau (PSE). Entre 2000 et 2009, l’AFD a financé des projets hydrauliques à un peu plus de 45 734 496 € (30 milliards de FCFA). Dans le cadre du PSE, 77 748 643 € soit 51 milliards de FCFA ont été investis dans le secteur de l’eau (Dupont Vianney, 2010). Les principaux bailleurs sont : l’IDA, l’AFD, la Coopération Chinoise, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Coopération Technique Belge (CTB). Dans le sous-secteur de l’hydraulique urbaine, plus de 65 milliards de FCFA soit plus de 42, 637 millions d’euros ont été investis entre 2001 et 2008 (Vianney Dupont, 2010). Aux bailleurs cités ci-dessus s’ajoutent l’État du Niger avec 8 349 594 € (5, 477 milliards FCFA), la SEEN 11 360 448 € (7, 452 milliards de FCFA) et la SPEN 3 457 527 € (2, 268 millions de FCFA). Ces financements évoqués ici sont loin d’être exhaustifs et restent indicatifs. Dans le cadre de l’accompagnement de la réforme du sous-secteur de l’hydraulique urbaine, près de 60 milliards de FCFA (soit 91 468 992 €) ont été investis par les bailleurs de fonds entre 2001- 2009 (Dupont Vianney, 2010).

3.3. Les villes moyennes nigériennes dans les politiques