• Aucun résultat trouvé

Mensonges et vérités dans les Souvenirs de Félix Poutré

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Mensonges et vérités dans les Souvenirs de Félix Poutré"

Copied!
22
0
0

Texte intégral

(1)

Mensonges et vérités dans les Souvenirs

de Félix Poutré

Marc Collin

(2)

Extrait de la publication

(3)

MENSONGESETVÉRITÉS DANSLES SOUVENIRS DE FÉLIX POUTRÉ

(4)
(5)

SEPTENTRION

MENSONGES ET VÉRITÉS DANS LES SOUVENIRS DE

FÉLIX POUTRÉ

Marc Colin

(6)

© Les éditions du Septentrion Diffusion au Canada : 1300, avenue Maguire Diffusion Dimedia

Sillery (Québec) 539, boul. Lebeau

G1T 1Z3 Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2

Diffusion en Europe : Dépôt légal – 3e trimestre 2003 Librairie du Québec Bibliothèque nationale du Québec 30, rue Gay-Lussac ISBN 2-89448-359-7 75005 Paris France Mise en pages et maquette de la couverture : Gilles Herman

Illustration de la couverture : Félix Poutré sortant de la prison, ses bottes à la main et les pieds dans la neige. Gravure de Henri julien, 3e édition des Souvenirs (1884).

Révision : Anne Guilbault Chargé de projet : Michel Lavoie

Si vous désirez être tenu au courant des publications des ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au

1300, avenue Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3 ou par télécopieur (418) 527-4978 ou consulter notre catalogue sur Internet:

www.septentrion.qc.ca

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons également l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Extrait de la publication

(7)

REMERCIEMENTS

J

e dois exprimer ma gratitude à mon ami Jean-Paul Coupal, qui, au fil de nos innombrables discussions de café, m’a lentement transmis sa passion de l’histoire, où j’ai trouvé un univers immense ouvert à ma curiosité et un lieu où enraciner un esprit trop volatile. Combien de fois Jean-Paul m’a ouvert le chemin en me guidant, grâce à son excellent jugement et sa phénoménale érudition, vers les auteurs les plus essentiels, m’épargnant des années d’errance. Cet ouvrage lui doit beaucoup, et nombreuses sont les références qui m’ont été fournies par lui et les formulations, parmi les plus belles et justes, que j’ai empruntées directement à ses paroles.

J’aimerais également remercier Jean-Marie Fecteau pour ses encouragements et la confiance qu’il m’a accordée à l’époque où cet ouvrage n’était qu’un audacieux projet de mémoire de maîtrise, ainsi que Anne-Élaine Cliche, qui est pour beaucoup dans la méthode que j’ai utilisée pour réaliser l’analyse du texte. Enfin, je tiens à remercier mon frère Bruno pour ses excellents conseils, ainsi que Nadia qui, en plus de me préparer d’excellents expressos allongés, a eu la gentillesse de relire mes épreuves et d’y débusquer, grâce à son œil de lynx, les coquilles les plus pernicieuses.

(8)
(9)

INTRODUCTION

L

a trahison est un thème récurrent dans l’histoire du Canada. Sans pour autant remplir la totalité de la conscience historique, il n’en finit pas de ressurgir, se mêlant intimement aux épisodes les plus reculés de la fondation du pays tel que nous le connaissons, et n’épargnant pas ses figures les plus « honorables ».

Lequel, parmi les premiers ministres que le Québec a donnés au Canada, et dont il s’est enorgueilli sous l’expression équivoque de french power, n’a pas été, à un moment ou à un autre de sa carrière, copieusement accusé d’avoir trahi les intérêts des siens ? Une thèse publiée récemment fait de la « corruption d’État » un principe fondateur du Canada ; selon Stéphane Kelly, la « trajectoire sinueuse » de tous ces « parvenus » que sont Étienne Parent, Louis Hippolyte LaFontaine et George-Étienne Cartier s’explique par la stratégie de la « petite loterie », selon l’expression d’Adam Smith, qui visait à prévenir la répétition de la Révolution amé- ricaine dans ce qui restait de l’Amérique britannique

(10)

10

en offrant des débouchés aux ambitions des éléments les plus dynamiques de la population locale1.

La thèse de Kelly vient donc reprendre l’accusation que Louis-Joseph Papineau adressait en 1848 à LaFontaine, d’avoir bradé l’acceptation de l’Acte d’Union et le partage de la dette du Haut-Canada contre de bons postes pour une dizaine de Canadiens. Une telle insistance sur l’idée de trahison n’est pas un cas isolé. L’Aut’journal a publié pendant un certain temps une chronique intitulée le « prix Jean-Baptiste Cugnet2» qui, sur le modèle du tableau d’honneur, présentait à chaque parution un traître, un collaborateur ou un vire- capot exemplaire. Jacques Godbout a jugé bon d’intituler Traître ou patriote ? le film qu’il a consacré à son grand oncle Adélard, premier ministre de 1939 à 1944. Cette notion de trahison est également au cœur de l’essai que Pierre de Bellefeuille publiait en 1992, L’ennemi intime, sous-titré « Les Québécois contre eux- mêmes ». Ce ne sont là que quelques exemples glanés au hasard ; la liste pourrait s’allonger, en passant par ces « Canadiens-Français qui se mangent la laine sul’dos » si chers à l’humoriste Yvon Deschamps, ou par cette blague, entendue dans une conversation de café, selon laquelle les Québécois seraient dotés d’un chromosome spécial qui les pousserait à la trahison.

1. Stéphane Kelly, La petite loterie, Comment la Couronne a obtenu la collaboration du Canada français après 1837, Boréal, 1997.

2. Cugnet est celui qui, en 1759, aurait indiqué aux Anglais la voie à suivre pour accéder aux plaines d’Abraham à partir de l’Anse-aux-Foulon.

(11)

Mais ces évocations de la trahison se retrouvent dans notre histoire bien avant le régime d’Union et la politique anglaise de la « petite loterie ». Dès le lende- main de la conquête, le clergé aurait ouvert le bal en se faisant le zélé promoteur des intérêts du gouvernement britannique, rapidement suivi sur cette voie par la classe seigneuriale. Durant l’affrontement de 1837-1838, le problème de la division des Canadiens et de la colla- boration d’un grand nombre d’entre eux avec le gouvernement britannique domine la scène. Si on juge de l’importance d’un thème par la richesse des signi- fiants élaborés pour le désigner, il est bon de souligner que les Canadiens ont emprunté à l’étranger les termes à connotation positive, comme « patriotes » et « loya- listes », mais ont inventé un terme bien à eux pour désigner le traître : le « chouayen », allusion à la bataille de Chouagen, où les Canadiens auraient fui dans la panique devant l’ennemi.

Tous ces traîtres et toutes ces trahisons appar- tiennent-ils à la réalité de l’histoire ou au fantasme ? Selon un autre discours, de telles accusations seraient le fruit du ressentiment ou relèveraient de la mauvaise foi. La politique souple du clergé n’a-t-elle pas permis de préserver le caractère catholique du Canada fran- çais ? LaFontaine n’est-il pas parvenu, dans la situation extrêmement défavorable qui était celle des Canadiens- Français à la suite de l’échec des Rébellions, à transformer à leur avantage le régime d’Union qui avait été explicitement conçu dans le but d’assurer leur assimilation ? Quant à George-Étienne Cartier, n’a-t-il pas restitué au Québec, avec le projet de confédération,

(12)

12

une partie de sa souveraineté, et un gouvernement qui allait au siècle suivant devenir la base d’un quasi-État ? Dans un essai récent qui se situe aux antipodes de la thèse de Stéphane Kelly, Jocelyn Létourneau souligne fort justement qu’il ne peut rien sortir de bon de tout ce ressentiment et que l’on devrait retenir de l’héritage du passé ses éléments positifs plutôt que ses éléments négatifs. À ses yeux, l’ambivalence traditionnelle du Canadien français n’a rien de malsain, elle reflète le jeu des « tensions structurelles et structurantes » qui constituent la collectivité québécoise « depuis toujours »3. Il faudrait donc y voir non pas une tare, mais plutôt une manière originale de tirer son épingle du jeu. En somme, tout n’est-il pas pour le mieux dans un Canada démocratique et tolérant où les Québécois auraient tout ce qu’il faut pour s’épanouir s’ils pouvaient abandonner ces rancœurs issues d’un passé révolu ?

Mais la question n’est pas si simple, car on aurait tort de croire que seuls les « collaborateurs du gouver- nement » ont été l’objet de telles accusations de trahison.

Si on a beaucoup reproché leurs compromissions aux anciens patriotes qui collaboraient au régime d’Union, on ne se montrait guère plus tendre envers des personnages restés fermes dans leurs convictions. Ainsi, Wolfred Nelson reprochait en 1848 à Papineau d’avoir lâchement fui le combat de Saint-Denis et d’avoir pris du bon temps à Paris pendant que ses compatriotes étaient emprisonnés ou exilés aux Bermudes. Aux yeux des lafontainistes, ceux qui tentaient de saboter leurs efforts pour réparer les effets funestes de l’échec des

3. Jocelyn Létourneau, Passer à l’avenir, p. 45.

(13)

Rébellions n’auraient poursuivi que des intérêts bassement démagogiques. Durant la querelle Papineau- Nelson, en 1848, les deux clans s’aspergent mutuel- lement d’accusations de trahison, de mensonge, de délation, de parjure, de lâcheté4. Les Rouges, héritiers spirituels des patriotes, se voient à trois reprises accusés de trahison, d’abord pour s’être alliés à l’ennemi protestant, dans la bataille autour de l’Institut Canadien, ensuite pour avoir fait campagne pour l’annexion aux États-Unis, enfin pour avoir tenté de forger une alliance avec les libéraux du Haut-Canada qui, pendant cette période, faisaient activement campagne pour obtenir la représentation proportionnelle5. Sur le plan de l’interprétation historique, le rôle honteux que l’on impute souvent à LaFontaine et à ses partisans trouve une contrepartie dans la dénonciation, par Fernand Ouellet, de la manipulation des habitants canadiens par la petite bourgeoisie patriote, qui n’aurait cherché en fin de compte, en déclenchant ces troubles, qu’à faire la promotion de ses intérêts de classe6. Plus près de nous, les têtes dirigeantes du mouvement souverainiste 4. Voir à ce sujet L.A. Dessaulles, Papineau et Nelson, Blanc et noir… et la lumière fut faite , Presses de l’Avenir, 1848, ainsi que le Résumé impartial de la discussion Papineau-Nelson sur les événements de Saint-Denis en 1837, Réédition-Québec, Montréal, 1968.

5. Jean-Paul Bernard, Les Rouges, Libéralisme, nationalisme et anticléricalisme au milieu du XIXe siècle, Les presses de l’Université du Québec, 1971.

6. Selon Fernand Ouellet, la petite bourgeoisie aurait, grâce à l’idéologie du nationalisme, détourné au profit de ses propres revendications de classe un mouvement dont les racines étaient

(14)

14

ont parfois été accusées de trahison, comme dans l’essai virulent de Michel Brulé, Q-de-sac, ou celui de Raoul Roy, René Lévesque était-il un imposteur ?

En dépit de l’importance de ce thème, les Canadiens, tout comme les Québécois, ne s’entendent pas quant à savoir qui sont leurs traîtres. Le Canada et le Québec n’ont jamais eu de traîtres « objectifs », c’est- à-dire unanimement considérés comme tels. Les trahisons que l’on dénonce n’ont pas la positivité de celle d’un Benedict Arnold, par exemple ; nos « traîtres » évoluent plutôt dans l’univers de l’ambivalence, du clair- obscur, de la demi-mesure, du compromis. Par ailleurs, cette notion de trahison s’amalgame toujours plus ou moins avec celle de lâcheté, comme en témoigne la condensation de ces deux notions dans le terme de chouayen. Autre point remarquable, alors que pour la plupart des peuples, la trahison est un fait honteux qui suscite la colère et que l’on cherche plutôt à évacuer de la conscience historique, les Québécois semblent mon- trer une grande tolérance au phénomène, et ceux qui ont été le plus conspués sous le vocable de traîtres sont également ceux à qui on a érigé les plus grandes statues.

Mon intérêt pour cette récurrence de l’idée de trahison dans l’histoire du Canada et du Québec est à l’origine de cette étude. Il m’est apparu que ce problème n’avait jamais été abordé sous un angle « scientifique ».

J’entends moins par là cette rigueur positiviste qui consiste à s’en tenir aux faits – en l’occurence, les écrits essentiellement sociales. Fernand Ouellet, « Les insurrections de 1837-38 : un phénomène social » in Éléments d’histoire sociale du Bas-Canada, Cahiers du Québec, Hurtubise HMH, 1972.

Extrait de la publication

(15)

les plus polémiques s’appuient généralement sur les faits – qu’une certaine qualité de regard visant à saisir la nature d’un phénomène à l’écart des enjeux idéologiques du présent. Autant le thème de la trahison se fait prolixe dans les pamphlets, les dénonciations politiques, les discours de barricades, autant il est absent de l’histo- riographie scientifique. Celle-ci, surtout depuis les années soixante, se veut froidement objective, bien sûr à l’écart de ces débats politiques, mais trop souvent au prix de « renoncer, comme le dit Jean Bouthillette, à sonder des émotions qui nous gênent »7. Les Rébellions, par exemple, ont été étudiées sous tous les angles ; on y a vu un conflit ethnique, un conflit de races, un affrontement du libéralisme et du conservatisme, du nationalisme et de l’impérialisme, des campagnes contre les villes. On les a analysées sous l’angle de la lutte des classes et on a expliqué leur échec par l’absence d’une véritable classe bourgeoise. On a insisté sur la crise sociale et économique à l’origine du soulèvement, et dénoncé le détournement d’une révolte sociale par l’idéologie nationaliste. On y a vu l’effet de la dérive entre « allégeance et origine », et, tout récemment, on a mis l’accent sur l’enjeu du républicanisme, ou sur l’opposition entre deux conceptions du développement de l’Amérique, le jeffersonnisme et le hamiltonisme.

Bref, notre histoire semble n’être peuplée que d’acteurs abstraits, comme si les Canadiens eux-mêmes n’y avaient joué aucun rôle. J’en reviens aux mots si justes de Bouthillette : « Héritiers d’une histoire humiliée, nous 7. Jean Bouthillette, Le Canadien français et son double, L’Hexagone, 1972, p. 13.

(16)

16

redoutons toujours, moins de nous pencher sur elle, comme un entomologiste sur un insecte mort, que sur nous en elle8. »

Mais comment aborder de manière « scientifique » un phénomène dont l’existence même est objet de controverse ? Il m’a semblé que le premier pas en ce sens était de définir l’objet d’étude sur une base sus- ceptible de faire consensus. Si on ne s’accorde pas, en général, sur l’existence objective de la trahison, en revanche on pourra s’entendre sur le fait qu’elle correspond à un élément dont la réalité est incontestable sur le plan de la représentation. C’est donc là qu’il convient de le saisir. Que LaFontaine, Cartier ou Parent soient ou non des traîtres, il reste qu’ils ont souvent été présentés comme tels ; quelle que soit notre interpré- tation du rôle qu’ils ont joué, il faut reconnaître que de telles accusations ressurgissent de façon récurrente tout au long de notre histoire. Il faut donc leur accorder au minimum le statut d’un symptôme (ce qui, soulignons- le, n’implique aucun jugement quant à leur adéquation à la réalité).

Ayant posé le problème en ces termes, c’est avec l’intérêt le plus vif que j’ai découvert l’affaire qui forme le sujet de la présente étude. Il m’est tout de suite apparu que ce que je tentais de cerner se manifestait ici de manière exemplaire. Toute cette affaire s’articule autour des notions du patriote et du traître, de l’honneur et du mépris. Pourquoi, pendant un demi-siècle, les Canadiens-Français ont-ils considéré comme un « héros patriote » un homme qui était en fait un faussaire et un

8. Ibid, p. 13.

Extrait de la publication

(17)

délateur ? Pourquoi ce « traître objectif » a-t-il été l’objet d’un culte qui trouve peu d’équivalents parmi les hommages consacrés à tout autre acteur de ces évé- nements ? Pourquoi est-il un des seuls à n’avoir suscité aucune sorte de controverse durant la période de sa popularité ?

On aurait pu choisir de voir dans cette affaire de fraude historique un élément de la « petite histoire ». Les Canadiens ont été trompés par un remarquable faus- saire ; la vérité historique ayant repris ses droits, l’incident n’est-il pas clos ? Mais cette affaire éveille un sentiment étrange, qu’on pourrait traduire par l’idée d’« ironie de l’histoire ». On ne peut s’empêcher de songer à la notion d’acte manqué et à cette remarquable vérité si bien mise en lumière par Molière dans sa pièce Le Tartuffe: il n’est pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Aussi fausse soit-elle sur le plan de son contenu, la fraude historique ne recèlerait-elle pas une vérité se situant sur un autre plan, celui du « vouloir croire » ou, plus simplement, du désir ?

Cet essai se situe dans le champ de la psycho- histoire, domaine en pleine effervescence, où se côtoient des théories et des méthodes très variées, mais qui se rejoignent toutes quant à la notion d’une doublure inconsciente des motifs politiques ou idéologiques qui forment la surface apparente de l’histoire. La psycho- histoire reste un domaine de pionniers qui n’est que partiellement défriché. Les approches sont nombreuses et apparaissent comme autant de sentiers séparés par de vastes zones d’ombre. Dans ces conditions, il est tentant de s’en tenir à une seule école. Quant à moi, je

(18)

me suis refusé à un tel exclusivisme, partant de l’idée que chaque approche apporte sa contribution à la compréhension de problèmes qui sont extrêmement complexes. Mon traitement de cette affaire puise donc à des sources multiples ; la recherche historique, l’analyse de discours, l’analyse psychanalytique du texte, telle qu’elle s’est développée en études littéraires, autour de l’école lacanienne, la synthèse entre sociologie et psychanalyse réalisée par Roger Bastide, la psychologie collective freudienne, les thèses de Mélanie Klein.

Présenter en long et en large ces théories et ces méthodes sur lesquelles je m’appuie nous aurait éloigné du sujet et, de toute façon, n’était nullement nécessaire à la compréhension de l’analyse. C’est pourquoi j’ai limité de telles explications au minimum. Le lecteur intéressé à en savoir plus trouvera en annexe quelques notes théoriques et méthodologiques ainsi que des repères bibliographiques.

Extrait de la publication

(19)

Chapitre 1

LE FAIT HISTORIQUE

Q

ui, aujourd’hui, se souvient de Félix Poutré ? Ce personnage, considéré comme un héros patriote, fut pourtant très populaire au Canada français pendant toute la deuxième moitié du XIXesiècle, et le culte qu’on lui porta, particulièrement au sein des masses popu- laires, trouve peu d’équivalents parmi les hommages consacrés à tout autre « héros » de ces événements durant cette période.

L’histoire n’est pas banale : en 1862, l’homme publiait un petit récit, Échappé de la potence, Souvenirs d’un prisonnier d’État en 1838, dans lequel il racontait comment, après avoir été un organisateur très actif du soulèvement de 1838 et participé à la bataille d’Odelltown, il échappa à une pendaison certaine et obtint son congé de la prison en simulant la folie. Ce petit récit se révéla un succès de librairie sans précédent dans l’histoire de la littérature canadienne ; il fut réédité à une dizaine de reprises, agrémenté des illustrations

(20)

20

d’Henri Julien, en plus d’être publié en feuilleton dans les journaux9. On en réalisa une traduction anglaise qui obtint également un bon succès puisqu’on dut la rééditer en 1885 pour répondre à la demande. Quelques années après la publication des Souvenirs, Louis Fréchette en tirait une pièce qui connut elle aussi un succès inédit dans l’histoire du théâtre canadien : pendant cinquante ans, Félix Poutré fut ce qu’il convient d’appeler une pièce culte, jouée aussi bien dans les théâtres des villes que par des amateurs à la campagne, et même parmi les communautés de Canadiens exilés aux États-Unis10. Si on se fie aux journaux de l’époque, il semble évident que tout le monde au Canada français connaissait le « héros » Félix Poutré et son histoire, et aller assister à une représentation de la pièce était 9. Première édition, imprimée pour l’auteur par De Montigny et cie, 1862 ; Montréal, Sénécal, 1862 ; Montréal, [s.é], 1869 ; Montréal, Beauchemin & Valois, 1884 (deuxième édition revue et corrigée) ; Montréal, C. Beauchemin & Fils, [s.d.], Montréal, Librairie Beauchemin limitée, avec illustrations d’Henri Julien ; troisième édition, « revue et corrigée », Rééditions-Québec, 1968 (fac-similé de l’édition de 1869 avec introduction de J.-P.

Chalifoux et présentation des pièces officielles incriminant Poutré). Publié en feuilleton dans le Défricheur, 28 mai-27 août 1863 ; Le Pionnier de Sherbrooke, 13 octobre 1866 (on suspend la publication après le premier feuilleton), L’Union des Cantons de l’Est, 22 janvier-24 mars 1868, Le Saint-Laurent (Fraserville), 2 février-19 mars 1897. Version anglaise, Escaped from the Gallows.

Souvenirs of a Canadian State Prisoner in 1838, Montréal, Printed for the Authro by De Montigny, 1862, Montréal, Beauchemin

& Valois, 1885. Nous utilisons ici la version de Réédition-Québec.

10. Ainsi à Holyoke en 1898 (La Presse, 18 février 1898), à Nashua (La Presse, 3 janvier 1898).

Extrait de la publication

(21)

11 Gabrielle K.-L. VERGE

Pensionnaire chez les Ursulines dans les années 1920-1930 Thomas P12 AINE

Les Droits de l’Homme 13 Gaston DESCHÊNES

Une capitale éphémère

Montréal et les événements tragiques de 1849 14

Louis-Hippolyte LA FONTAINE

Journal de voyage en Europe Hypolite L15ANCTÔT

Souvenirs d'un patriote exilé en Australie (1838-1845)

Monique BOUCHER16 -MATTE

La Mémoire heureuse

Lumières personnelles sur la Grande Noirceur Télesphore S17AINT-PIERRE

Histoire des Canadiens français du Michigan et du comté d'Essex, Ontario

Roger C18HARTRAND

Clin d’œil au temps Souvenirs Louis C19ORNELLIER

Devoirs d’histoire

Des historiens québécois sur la place publique Jean-Pierre S20 AWAYA

Alliance et dépendance

Comment la Couronne britannique a obtenu la collaboration des Indiens de la vallée

du Saint-Laurent entre 1760 et 1774

(22)

COMPOSÉENPLANTINLIGHTCORPS10.5 SELONUNEMAQUETTERÉALISÉEPARGILLESHERMAN

ETACHEVÉDIMPRIMERENAOÛT2003 SURLESPRESSESDEAGMV-MARQUIS

ÀCAP-SAINT-IGNACE, QUÉBEC POURLECOMPTEDEDENISVAUGEOIS ÉDITEURÀLENSEIGNEDUSEPTENTRION

21 Sylvain FORTIN

Stratèges, diplomates et espions La politique étrangère franco-indienne

22

E.-Martin MEUNIER et Jean-Philippe WARREN

Sortir de la « Grande noirceur »

L’horizon « personnaliste » de la Révolution tranquille 23

Danielle et Émilien DUFRESNE

Calepin d’espoir Jean-Paul 24DE LAGRAVE

La Vision cosmique de Benjamin Franklin

Extrait de la publication

Références

Documents relatifs

Le mariage de mon frère Maurice avec Mademoiselle Camille de Rochetaillée fut célébré dans l'église Saint-Philippe-du-Roule deux mois plus tard le 12 février 1904.. Ce

Et vous, quels objets vous garderiez dans votre boîte à souvenirs.. 5 Ces objets vous

A la fin de sa vie, Daumier fut reconnu comme tel. Forain par lui-même.. I l faisait figure de per- sonnage important, homme élégant qui tranchait parmi ses confrères barbus.

La composition et l’équipement de ce détachement avaient été essentiellement prévus pour une guerre de mouvement avec large utilisation de la cavalerie, et devaient, ce qu’il a

Simultanément au lancement par Facebook de Graph Search, le moteur de recherche Bing a annoncé le 17 janvier 2013 l’intégration, dans ses pages de résultats, d’un

L'on trouvera tout d'abord des travaux d'élèves très soignés sur l'Occupation allemande, leurs souvenirs de guerre, des résumés de la vie scolaire.. Ce carton contient par ailleurs

Les molaires sont caractéristiques ; petites, comparées à celles du léopard de mer, elles sont formées d'une pointe centrale princi­.. pale, d'une petite pointe

Depuis cette année Luc Lafond préside le Conseil de quartier Les Étines-Les Guérins, l’une des quatre assemblées mises en place dans la ville par la municipalité pour faire