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Autodétermination, ajustement et symptômes dépressifs maternels suivant la naissance d'un premier enfant

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Academic year: 2021

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Autodétermination, ajustement et symptômes

dépressifs maternels suivant la naissance d’un

premier enfant

Mémoire doctoral

Joannie Pouliot

Doctorat en psychologie

Docteur en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

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Autodétermination, ajustement et symptômes

dépressifs maternels suivant la naissance d’un

premier enfant

Mémoire doctoral

Joannie Pouliot

Sous la direction de :

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Résumé

Pour les femmes, le choix de devenir parent a beaucoup évolué dans les dernières décennies, puisqu’elles ont désormais une plus grande liberté de choix. Toutefois, la transition à la maternité peut amener les femmes à vivre beaucoup de pression liée aux recommandations des experts de la santé, aux médias, aux attentes de l’entourage ou encore à leurs propres perceptions quant à l’atteinte du standard de « bonne mère ». Cette étude a pour objectif d’examiner la transition à la maternité afin de mieux comprendre les différents facteurs pouvant être liés au développement de symptômes dépressifs postnataux et à l’ajustement au nouveau rôle de mère. Au total, 252 femmes ont rempli des questionnaires en période prénatale et postnatale. Les résultats confirment que les événements de vie stressants durant la grossesse, l’estime de soi, la perception du tempérament de l’enfant et la qualité de la relation conjugale suite à la naissance de l’enfant sont liés significativement au développement de symptômes dépressifs postnataux et à l’ajustement maternel. Un nouveau facteur de risque au développement de symptômes anxieux postnataux et des difficultés d’ajustement maternel a également été identifié : la motivation envers les tâches parentales. Les mères qui font les tâches par sentiment d’obligation pour correspondre aux standards de « bonne mère » ou pour répondre aux attentes de leur entourage auront davantage de symptômes anxieux et un moins bon ajustement maternel. En ce qui concerne la motivation à avoir un enfant, celle-ci n’aurait pas de contribution significative pour expliquer l’ajustement au rôle de mère. Finalement, les résultats de cette étude relèvent un biais de désirabilité sociale chez certaines femmes puisqu’elles peuvent avoir tendance à minimiser l’ampleur de leurs problèmes et de leurs insatisfactions. Cette tendance à l’autoduperie pourrait avoir un impact sur leur bien-être psychologique en entravant d’éventuelles demandes d’aide.

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Table des matières

Résumé ... iii

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Remerciements ... ix

Introduction ... 1

Transition à la parentalité ... 1

Baby blues. ... 3

Dépression postnatale. ... 3

Symptômes dépressifs postnataux. ... 4

Anxiété postnatale. ... 5

Ajustement maternel. ... 5

Facteurs associés au développement de difficultés d’ajustement, de symptômes dépressifs et anxieux postnataux. ... 6

Facteurs biologiques. ... 7

Facteurs physiques. ... 7

Facteurs sociaux. ... 8

Facteurs psychologiques... 8

Facteurs liés à l’enfant. ... 9

Facteurs conjugaux. ... 10

La théorie de l’autodétermination ... 11

Le continuum de l’autodétermination. ... 11

Type de motivation... 12

Motivation par régulation intrinsèque. ... 12

Motivation par régulation intégrée ... 12

Motivation par régulation identifiée. ... 12

Motivation par régulation introjectée. ... 13

Motivation par régulation extrinsèque ou externe. ... 13

Amotivation. ... 13

Index d’autodétermination. ... 13

Les trois besoins psychologiques fondamentaux. ... 14

Théorie de l’autodétermination et symptômes dépressifs postnataux. ... 14

Objectifs et hypothèses ... 17 Méthode ... 18 Participants ... 18 Procédure ... 19 Mesures ... 19 Variables critères. ... 19

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Autodétermination envers les tâches parentales. ... 22

Variables contrôles. ... 23

Historique de dépression. ... 23

Estime de soi. ... 23

Événements de vie stressants. ... 23

Qualité de la relation conjugale. ... 24

Échelle de la perception des comportements interpersonnels du conjoint devant le rôle de la mère (ÉCIC). ... 24

Échelle de satisfaction conjugale (ESC). ... 24

Tempérament de l’enfant. ... 25

Mesure de la propension au biais de désirabilité sociale. ... 25

Analyses statistiques ... 26

Résultats ... 28

Corrélations entre les variables d’intérêt ... 28

Modèles visant à expliquer les régressions portant sur les variables critères ... 29

Explication des symptômes dépressifs totaux. ... 29

Explication du score postnatal à la sous-échelle des symptômes dépressifs... 30

Explication du score postnatal à la sous-échelle des symptômes anxieux. ... 30

Explication du score postnatal d’ajustement maternel. ... 31

Discussion ... 32

Forces et limites de l’étude ... 35

Implications du projet ... 37

Implications pour la recherche. ... 37

Implications pour la pratique... 38

Recherches futures ... 42

Références... 44

Annexe A : Dépliant de recrutement ... 64

Annexe B : Protocole de présentation du projet durant les cours prénataux ... 65

Annexe C : Protocole de l’appel téléphonique temps 1 ... 66

Annexe D : Feuillet d’information pour un consentement verbal ... 70

Annexe E : Protocole de l’appel téléphonique temps 2 ... 74

Annexe F : L'adaptation à la parentalité ... 78

Annexe G : Échelle de dépression post-partum d'Édimbourg ... 81

Annexe H : Échelle de satisfaction et d’insatisfaction parentale ... 82

Annexe I : Perception de compétence maternelle ... 83

Annexe J : Échelle de motivation à devenir parent ... 86

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Annexe L : Questions générales sur vous ... 92

Annexe M : Historique de dépression ... 93

Annexe N : Échelle d’estime de soi ... 94

Annexe O : Événements de vie stressants ... 95

Annexe P : Échelle de la perception des comportements interpersonnels du conjoint devant le rôle de la mère ... 96

Annexe Q : Échelle de satisfaction conjugale ... 97

Annexe R : Votre enfant ... 98

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Liste des tableaux

Tableau 1 Critères diagnostiques d’une dépression avec début lors du péripartum

selon le DSM-5 ……..………...……… 54

Tableau 2 Statistiques descriptives de l’échantillon ……….. 55 Tableau 3 Corrélations entre les variables prédictrices potentielles et les mesures

postnatales liées à la dépression et l’ajustement maternel ………... 57 Tableau 4 Corrélations entre les mesures postnatales liées à la dépression et

l’ajustement maternel .……….. 58

Tableau 5 Résultats des régressions multiples pour le score total de dépression

postnatale …..……….………... 59

Tableau 6 Résultats des régressions multiples pour la sous-échelle des symptômes dépressifs de l’EPDS ……….………...…...………. 60 Tableau 7 Résultats des régressions multiples pour la sous-échelle des symptômes

anxieux de l’EPDS ………..……….…. 61

Tableau 8 Résultats des analyses de régressions linéaires visant à expliquer l’ajustement maternel ……….…...………... 62

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Liste des figures

Figure 1 Le continuum des types de motivation et de régulation selon la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (2008) ……… 63

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Remerciements

Nul besoin d’avoir recours à mes connaissances statistiques pour affirmer que ce mémoire doctoral clôt un chapitre significatif (p < 0,05) de ma vie. Mon parcours a été parsemé de nombreux défis et la réalisation de ce mémoire n’aurait certes pas été possible sans la présence de plusieurs personnes.

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement Tamarha Pierce, ma directrice de recherche, pour sa disponibilité, sa confiance, ses nombreux encouragements et les enrichissantes discussions partagées. Sa passion, son énergie contagieuse et sa détermination auront été fort appréciées tout au long de mes études universitaires. J’estime être choyée d’avoir eu la chance de faire ce mémoire doctoral sous sa supervision.

Je souhaite remercier Martin D. Provencher, membre de mon comité, pour son accessibilité et pour les discussions cliniques ayant stimulé ma réflexion. Ses commentaires avisés et son humour auront toujours été grandement appréciés. Un grand merci également à Caroline Senécal d’avoir accepté de faire partie de mon jury d’évaluation.

Je remercie mes collègues dans le projet « Devenir maman, devenir papa et parent » pour tout le travail accompli et les défis relevés : Mylène Ross-Plourde, coordonnatrice du projet, et Malika Morisset Bonapace. Merci également aux étudiantes de premier cycle ayant collaboré à la collecte de données. Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans la participation des nouvelles mamans : un grand merci à vous toutes.

Je remercie Carol Hudon, mon superviseur dans le cadre du cours Recherche dirigée, pour sa rigueur et pour sa confiance. Cette initiation au monde de la rédaction scientifique a été très enrichissante et le fruit de notre travail a dépassé toutes les attentes que mes collègues et moi avions.

Je tiens également à partager toute ma reconnaissance à mes superviseurs de stage clinique, tous des psychologues passionnés, stimulants et respectueux : Catherine Bégin, Geneviève Belleville, Martin D. Provencher, Isabelle Denis, Valérie Tremblay, Josée Rhéaume et Evelyne Trahan. Vous avez su favoriser mon développement professionnel et personnel et je vous en remercie sincèrement.

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À mes collègues du FAS-1246, sachez que les heures de rédaction, de pratique de séminaire ou de procrastination en votre compagnie auront été précieuses. Je tiens également à remercier les filles du Laboratoire de l’étude de l’anxiété pour leur accueil, leur écoute, leurs conseils cliniques et les échanges de recettes. Je remercie spécialement Leslie-Ann pour toutes les belles opportunités cliniques offertes et pour ses mots toujours rassurants.

À mes fidèles partners in crime à travers toutes mes études en psychologie, Flore et Élodie, je dis un immense merci. Elles ont été mes « figures d’attachement sécurisé » auprès desquelles je savais pouvoir trouver réconfort lors des moments plus difficiles. Un grand merci également à Guillaume, Sophie, Marie-Ève, Alexandra et Catherine pour tous ces fous rires et moments de complicité partagés. La réalisation de mes études doctorales n’aurait pas été aussi agréable sans leur présence à mes côtés. Je souhaite également exprimer ma gratitude à Marie-Hélène, Sophie, Gabrielle et Catherine. Grâce à elles, mes notes de cours du baccalauréat étaient toujours agrémentées de petits dessins amusants et de mots d’encouragements, égayant ainsi mes heures d’études. Je partage des souvenirs mémorables de ces trois années partagées à leurs côtés dans notre cher DKN 1-C. Je remercie mes amies de longue date Véronique, Marie-Pier, Gabrielle, Sophie, Élisabeth, Marie-Noëlle et Anika pour avoir toujours cru en moi. Leur amitié vaut tout l’or du monde.

Je souhaite remercier chaleureusement tous les membres de ma famille et de ma belle-famille pour leurs précieux encouragements. Je tiens particulièrement à souligner la présence de mes parents, Benoît et Johanne. Ils sont indubitablement détenteurs d’un doctorat en soutien social et en amour inconditionnel. Merci à mon frère Jean-Benoît d’avoir été un modèle si inspirant et à ma belle-sœur, Véronique, pour sa perpétuelle « zénitude ». Je remercie mon conjoint Jean-Philippe pour son soutien légendaire, sa précieuse écoute, sa curiosité intellectuelle et sa douce folie. Sa présence dans ma vie est inestimable.

En terminant, je tiens sincèrement à tous vous remercier pour avoir contribué à mon bien-être psychologie durant toutes ces années en comblant mes besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation sociale (Deci & Ryan, 2008). Je me sens tellement privilégiée d’avoir pu compter sur votre présence.

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Introduction Transition à la parentalité

La transition à la parentalité constitue une étape importante dans la vie adulte, étape comportant son lot de défis et de changements. Effectivement, cette transition s’accompagne, entre autres, de nouvelles responsabilités, de l’adoption de nouveaux rôles, de changements dans la relation conjugale ainsi qu’une conciliation entre le travail et la famille (Cowan & Cowan, 2003; Lawrence, Rothman, Cobb, Rothman & Bradbury, 2008).

Pour une femme, le choix de devenir parent a beaucoup évolué dans les dernières décennies (Gillespie, 2000; Gubernskaya, 2010; Lemieux & Mercier, 1987). L’analyse de documents biographiques écrits majoritaires par des femmes mariées entre les années 1880 à 1940 a permis de constater qu’à cette époque, la maternité est la suite logique au mariage (Lemieux & Mercier, 1987). S’il n’y a pas une première grossesse dans les années suivant celui-ci, cela suscite beaucoup d’anxiété chez la femme et des commentaires négatifs de l’entourage. À cette époque, la grande majorité des femmes ont des attentes similaires quant à leurs rôles, soit la gestion des tâches ménagères et la prise en charge des enfants à naître. La maternité est donc au cœur de l’identité des femmes et celles qui ne sont pas mères sont vues comme « contre nature » et évoquent la pitié chez les autres (Gillespie, 2000; Lemieux & Mercier, 1987). Toutefois, depuis les années 1960, de grands changements sociaux sont apparus à la suite de la montée du féminisme, de l’arrivée des contraceptifs oraux sur le marché et de l’accès à l’avortement sans risque (Gillespie, 2000; Gubernskaya, 2010; Wilkins, Johansen, Beaudet & Neutel, 2000). Les femmes ont désormais de nouvelles opportunités et une plus grande liberté de choix quant à la maternité. Elles se sont éloignées des normes pro-mariage et pro-natalité (Gubernskaya, 2010). En dépit de ces changements sociaux importants et une liberté de choix plus grande en ce qui a trait à la maternité, la croyance que cette dernière est la pierre angulaire de l’identité féminine perdure (Gillespie, 2000; Gubernskaya, 2010). Les femmes pourraient donc toujours ressentir une pression sociale à devenir mère, ce qui pourrait influencer la décision d’avoir un enfant.

L’exercice du rôle de mère en-soi est également sujet à un sentiment de pression lié à des standards sociaux. Cette pression peut provenir des attentes des femmes elles-mêmes

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quant à l’atteinte du standard de « bonne mère », des recommandations des experts de la santé, des médias ou encore des attentes et critiques de l’entourage (Deutsch & Saxton, 1998; Sasaki, Hazen & Swann, 2010). Afin d’identifier les idéologies et les différents mythes sur la maternité, Johnston et Swanson (2003) se sont penchés sur la manière dont les mères étaient représentées dans les magazines féminins contemporains. Les résultats de cette étude ont montré que les magazines contemporains font la promotion d’une idéologie de la maternité traditionnelle et que la mère au travail doit être une mère exemplaire pour justifier son emploi. Par ailleurs, les mères qui occupent un emploi semblent vivre un dilemme entre leur volonté d’avoir un plus grand soutien dans les soins de l’enfant et la menace que ce soutien implique pour leur sentiment de compétence personnelle lié au fait de ne pas correspondre aux idéaux socialement construits pour la maternité (Sasaki et al., 2010). Ces idéaux ont pour résultat que les femmes peuvent croire que pour être des mères réellement compétentes, elles doivent être des « super mamans », c’est-à-dire qu’elles doivent à la fois mener une carrière significative et être des mères toujours présentes pour répondre aux soins de leur enfant (Sasaki et al., 2010).

Certaines études nomment cette idéalisation du rôle de mère le « mythe de la maternité », soit que la mère idéale est vue comme étant toujours bienveillante, aimante et patiente (Johnston & Swanson, 2003; Weaver & Ussher, 1997). Arendell (2000), quant à lui, conçoit que les sociétés nord-américaines maintiennent une idéologie de « maternité intensive », c’est-à-dire que la maternité est centrée, physiquement et émotivement, sur l’enfant. La mère fait office de principale responsable des soins des enfants. Selon cette idéologie, être mère est synonyme de dévouement aux autres, plus précisément du sacrifice de soi au détriment de ses propres besoins. Une telle idéologie établit un standard élevé auquel les nouvelles mamans se comparent ; elles peuvent vivre de la culpabilité si elles ont l’impression de ne pas l’atteindre (Guendouzi, 2006). Différentes pressions peuvent donc être ressenties par les femmes dans la prise de décision à devenir parent et dans l’accomplissement de ce rôle.

Considérant l’adaptation que requiert la transition à la maternité et les pressions sociales exercées sur les mères à l’égard de ce nouveau rôle, il est peu étonnant que plusieurs

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la naissance d’un enfant (O’Hara, 2009). Toutefois, ce phénomène demeure à explorer en raison des controverses entourant sa définition, sa fréquence, l’intensité des symptômes et ses causes (O’Hara, 2009). Une étude récente, réalisée auprès de 6421 Canadiennes ayant donné naissance à un enfant, estime que 17% des nouvelles mères ayant un enfant âgé entre 5 et 14 mois présentent des symptômes dépressifs excédant le seuil de risque mineur sur le Edinburgh Postnatal Depression Scale (Lanes, Kuk & Tamim, 2011). Il s’agit de la difficulté la plus fréquente à la suite d’un accouchement, ce qui en fait un problème de santé non négligeable pour les mères et leurs familles (Robertson, Grace, Wallington & Stewart, 2004). Il importe toutefois de distinguer les différents troubles affectifs possibles selon leur sévérité et leurs impacts.

Baby blues. Le « baby blues » constitue une courte période dépressive, caractérisée par une envie irrépressible de pleurer, qui affecte jusqu’à 70 % des mères dans les premiers jours après l’accouchement (DSM-IV-TR, American Psychiatric Association, 2000). Les symptômes sont à leur intensité maximale cinq jours après l’accouchement. Ceux-ci diminuent ensuite en intensité et vont disparaître approximativement dix jours après la naissance de l’enfant (des Rivières-Pigeon, Gagné & Vincent, 2012). Le « baby blues » consiste en un état transitoire qui n’affecte pas le fonctionnement (DSM-IV-TR, American Psychiatric Association, 2000). Toutefois, des symptômes thymiques et anxieux pendant la grossesse ou durant le « baby blues » augmentent le risque de faire un épisode de dépression postnatale (DSM 5, American Psychiatric Association, 2013).

Dépression postnatale. L’expression « dépression postnatale » a originellement été employée afin de décrire une forme de dépression atypique se produisant à la suite de l’accouchement (Pitt, 1968). Le diagnostic de dépression postnatale a été officiellement ajouté dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux IV en 1994 grâce à la spécification « avec début lors du post-partum » dans l’épisode dépressif majeur (des Rivières-Pigeon et al., 2012). Cette expression est aujourd’hui fréquemment utilisée dans les milieux scientifiques, en pratique clinique, et dans les médias. Actuellement, la dépression postnatale ne constitue pas un diagnostic distinct dans le Diagnostic and Statistical Manual

of Mental Disorders 5 (American Psychiatric Association, 2013). Ce diagnostic s’inscrit

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que les symptômes dépressifs commencent avant l’accouchement chez environ 50 % des mères dépressives, l’utilisation de la spécification « avec début lors du péripartum » est désormais requise (p. ex., Yonkers et al., 2001). Ce type d’épisode dépressif majeur peut donc être diagnostiqué si l’apparition des symptômes se produit durant la grossesse ou dans les quatre semaines après l’accouchement (American Psychiatric Association, 2013). Les critères diagnostiques de ce trouble sont présentés dans le Tableau 1. Il a été estimé qu’entre 3 % et 6 % des femmes vivront un tel épisode dépressif (American Psychiatric Association, 2013).

Symptômes dépressifs postnataux. Un nombre important de femmes rapportent vivre des symptômes dépressifs postnataux sans toutefois répondre à tous les critères diagnostiques d’une dépression postnatale (Goodman, 2004). Au Canada, la prévalence de symptômes dépressifs postnataux mineurs est de 8,46 % et de 8,69 % pour des symptômes majeurs (Lanes et al., 2011). Les études montrent que seule la présence de symptômes dépressifs chez les mères peut être associée à des répercussions importantes, puisque celles-ci ont plus de difficultés à faire face aux différents événements de la vie, ce qui inclut les tâches parentales (Lanes et al., 2011). Par ailleurs, les symptômes dépressifs maternels sont associés à un impact négatif sur le développement du lien d’attachement entre l’enfant et sa mère, car la mère n’est pas toujours en mesure de bien répondre aux besoins de son enfant et d’être attentive à ses états émotionnels (Balbierz, Bodnar-Deren, Wang & Howell, 2015; Brockington, Aucamp & Fraser, 2006; Stone & Menken, 2008; Tammentie, Tarkka, Astedt-Kurki & Paavilainen, 2002). Les enfants auraient également des difficultés dans l’engagement social, la régulation émotionnelle et une grande réactivité au cortisol (c.-à-d. une hormone liée au stress) (Feldman et al., 2009). Heneghan, Johnson, Silver, Bauman et Stein (2000) rapportent que les enfants de mères ayant des symptômes dépressifs montreraient une augmentation de l’hostilité et de l’anxiété ainsi que des difficultés dans le développement cognitif et du langage. Les auteurs ajoutent que ces enfants seraient plus susceptibles de souffrir de dépression, de toxicomanie ou de trouble de conduite à l’adolescence. Par conséquent, malgré que ces mères ne rencontrent pas les critères diagnostiques d’une dépression postnatale, les conséquences sur le développement de l’enfant peuvent être notables, d’autant plus considérant que les professionnels en santé

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auraient des difficultés à identifier les mères ayant des symptômes dépressifs (Heneghan et al.).

Anxiété postnatale. Les résultats d’une méta-analyse récente (Goodman, Watson, & Stubbs, 2016) révèlent que les symptômes anxieux sont aussi fréquents dans la période postnatale et seraient une composante significative de la détresse maternelle. Plus précisément, 8,5 % des mères souffriraient d’un ou de plusieurs troubles anxieux durant cette période. Trois facteurs de risque auraient été examinés jusqu’à maintenant : un historique de trouble anxieux, souffrir d’un trouble anxieux durant la grossesse et le type de naissance (p. ex. une césarienne d’urgence serait associée à l’état de stress post-traumatique) (Dennis, Falah-Hassani, Brown, & Vigod, 2016; Goodman et al., 2016). Malgré l’identification de ces facteurs de risques dans certaines études, Goodman et ses collaborateurs considèrent que des études sont nécessaires pour poursuivre cette identification afin de mieux comprendre l’évolution du développement de symptômes anxieux postnataux, de leurs impacts et des traitements possibles.

Ajustement maternel. En plus de symptômes dépressifs et anxieux postnataux, des difficultés d’ajustement maternel sont observées lors de la transition à la parentalité (Coleman & Karraker, 2000; Ngai, Chan & Ip, 2010). La satisfaction parentale et la perception d’efficacité maternelle sont identifiées comme étant des composantes fondamentales à l’ajustement maternel (Ngai et al., 2010; Jones & Prinz 2005). La satisfaction parentale correspond principalement aux sentiments de gratification et de plaisir perçus dans l’exercice du rôle de mère (Ngai et al., 2010). Quant à la perception d’efficacité, elle réfère à la croyance de la mère en ses capacités à gérer les différentes tâches rencontrées dans son rôle de parent (de Montigny & Lacharité, 2005; Leahy-Warren, McCarthy & Corcoran, 2012). Un lien positif a été observé entre la perception d’efficacité maternelle et la satisfaction parentale (Coleman & Karraker, 2000).

L’ajustement maternel est également lié significativement aux attentes, positives ou négatives, des futures mères quant aux impacts de la maternité sur leur vie (Mihelic, Filus & Morawaska, 2016). En effet, l’ajustement maternel peut être perçu comme difficile par les mères lorsque celles-ci perçoivent que leur réalité s’éloigne de leurs attentes prénatales (Mihelic et al., 2016). Par ailleurs, les mères disposant d’attentes prénatales irréalistes

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seraient moins enclines à reconnaître les aspects épuisants de la maternité (Bouchard, 2009). Les attentes concernant l’ajustement maternel seraient plus réalistes chez les femmes rapportant une perception favorable de leur compétence parentale (Mihelic et al., 2016). À l’opposé, si elles n’ont pas l’impression d’atteindre les normes définies pour être une « bonne mère » ou qu’elles se sentent incompétentes, les mères peuvent rapporter des difficultés d’ajustement maternel sous forme de détresse psychologique, d’anxiété ainsi que de sentiments d’humiliation (Knudson-Martin & Silverstein, 2009). Les nouvelles mamans peuvent donc partager certaines difficultés d’ajustement face à leur nouveau rôle de mère et de l’insatisfaction (Johnston & Swanson, 2003; Knudson-Martin & Silverstein, 2009; Weaver & Ussher, 1997).

Facteurs associés au développement de difficultés d’ajustement, de symptômes dépressifs et anxieux postnataux. Plusieurs facteurs de risque peuvent être liés au développement de difficultés d’ajustement au nouveau rôle de mère, de symptômes dépressifs et anxieux postnataux. Pour mieux comprendre le développement de ces difficultés, il apparaît pertinent d’examiner ces différents facteurs, notamment les antécédents de dépression, les symptômes dépressifs et anxieux durant la grossesse, les événements de vie stressants durant la grossesse, le niveau de soutien social et les difficultés au plan de la relation conjugale (Lanes et al., 2011; O’Hara, 2009; Robertson et al., 2004; DSM-IV-TR, American Psychiatric Association, 2000; O’Hara & Swain, 1996; Ugarte & Fernández, 2015).

Facteurs sociodémographiques. Un faible niveau de statut sociodémographique peut aider à prédire l’apparition de symptômes dépressifs postnataux, entre autres, par l’augmentation de l’anxiété liée aux moyens financiers limités pour élever un enfant, à une diminution des réponses adaptatives et à une diminution des ressources disponibles (Lanes et al., 2011; Segre, O’Hara, Arndt & Stuart, 2007; O’Hara & Swain, 1996). Les femmes ayant un très faible revenu peuvent être contraintes de vivre au jour le jour et avoir des difficultés à répondre à certains de leurs besoins, comme se nourrir, se loger ou se vêtir (Segre et al., 2007). Également, un faible revenu peut contribuer au développement de symptômes dépressifs postnataux et des difficultés d’ajustement en confrontant les femmes à des

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milieu insalubre, un accès limité aux moyens de transport, aux épiceries ou aux soins de santé physique et mentale. Ces stresseurs peuvent augmenter le nombre de conflits conjugaux et exacerber l’anxiété. En ce qui a trait à l’éducation, il semble qu’une mère ayant un faible niveau de scolarité rencontrerait plus de risque de développer des symptômes dépressifs postnataux (Giardinelli et al., 2012; Tammentie et al., 2002). Quant à l’âge, elle est corrélée positivement avec l’ajustement maternel (Ngai et al., 2010).

Facteurs biologiques. Plusieurs études ont montré que les hormones, comme l’estrogène, la progestérone, la prolactine ou le cortisol, auraient un rôle à jouer dans le développement de symptômes dépressifs postnataux, particulièrement auprès des femmes qui sont plus sensibles aux changements hormonaux (Bloch, Rotenberg, Koren, & Klein, 2005; Ingram, Greenwood, & Woolridge, 2003; Karuppaswamy & Vlies, 2003; Zittel, 2010). Karuppaswamy et Vlies (2003) mentionnent que les taux d’œstrogène et de progestérone sont beaucoup plus élevés en fin de grossesse, ce qui fait voyager plus facilement certains neurotransmetteurs dans le cerveau, comme la sérotonine, la norépinéphrine ou la dopamine, et améliore l’humeur (Douma, Husband, O'Donnell, Barwin & Woodend, 2005). Après l’accouchement, une importante diminution de la production d’estrogène a lieu et ce phénomène constitue un facteur de risque pour développer des symptômes dépressifs (Douma et al., 2005; Karuppaswamy & Vlies, 2003). Ce changement important dans le taux d’hormones a un impact sur l’hypothalamus, une partie du cerveau qui produit et libère des neurotransmetteurs. Une augmentation de production de la norépinéphrine est également observée chez les femmes nouvellement devenues mères, ce qui peut causer des bouffées de chaleur, une diminution de la production de la sérotonine et de la dopamine causant de l’insomnie, des symptômes dépressifs et de la fatigue, ainsi qu’une diminution de production de l’acétylcholine causant des difficultés de mémoire (Douma et al., 2005). Des dysfonctions de la glande thyroïde sont également associées à la dépression postnatale (Dama, Steiner & Lieshout, 2016; Zittel, 2010).

Facteurs physiques. Le développement d'un nouveau problème de santé durant la grossesse est associé positivement à l'apparition de symptômes dépressifs postnataux (Dennis, Janssen & Singer, 2004). Les femmes ayant eu une grossesse plus difficile que la normale ou certaines difficultés lors de l’accouchement sont plus susceptibles de développer

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des symptômes dépressifs (O’Hara & Swain, 1996). Le manque de sommeil à la suite de l’accouchement est également un facteur à considérer, puisque cela peut accentuer le sentiment de fatigue, entraîner de l’irritabilité et de l’impatience et donc contribuer au développement de symptômes dépressifs et aux difficultés d’ajustement maternel (Kennedy, Gardiner, Gay & Lee, 2007).

Facteurs sociaux. Plusieurs études ont souligné l’importance du soutien social et de la qualité des relations sociales dans le développement de symptômes dépressifs chez les nouvelles mères (Beck, 2001; Haga et al., 2012; Milgrom et al., 2008; O’Hara & Swain, 1996, Zhang & Jin, 2016; Zittel, 2010). Effectivement, un faible niveau de soutien social prénatal ou postnatal constitue un facteur de risque significatif (Brugha et al., 1998; Honey, Bennett, & Morgan, 2003; Milgrom et al.). Quant aux mères vivant des symptômes dépressifs postnataux, elles sont plus susceptibles de sous-estimer leur réseau social ou de le percevoir comme étant peu soutenant (O’Hara & Swain, 1996; Zhang & Jin). Lorsque les mères relèvent un manque de soutien social, des difficultés d’ajustement maternel sont aussi observées en raison d’un manque de validation de leur compétence maternelle par des proches (Ngai et al., 2010). Un soutien social satisfaisant permet alors d’améliorer la perception d’efficacité chez les mères (Jones & Prinz, 2005). Également, les femmes peuvent ressentir beaucoup de pressions sociales quant à leur rôle de mère, ce qui peut engendrer des sentiments négatifs (Knudson-Martin & Silverstein, 2009). Certaines ressentent un sentiment d’incompétence dans leur rôle maternel et ne croient pas qu’il soit possible d’exprimer des sentiments négatifs à ce sujet. Celles-ci vont donc s’isoler de leurs proches significatifs et éprouver des difficultés d’interactions avec les autres, ce qui contribue aux symptômes dépressifs des mères. Pour les mères, cette isolation renforce l’idée qu’elles sont inadéquates et que les autres ne les comprennent pas (Knudson-Martin & Silverstein, 2009).

Facteurs psychologiques. La prévalence d’antécédents de troubles dépressifs, comme une dépression majeure ou de la dysthymie, est significativement plus élevée chez les femmes ayant eu une dépression postnatale (Bloch et al., 2005; Milgrom et al., 2008; O’Hara & Swain, 1996). Par ailleurs, plusieurs études ont conclu que la présence de symptômes dépressifs ou d’anxiété (p. ex., en vivant des événements de vie stressants) durant

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Olson, Wu & Berenson, 2006; Dennis et al., 2004; O’Hara & Swain, 1996). Un haut niveau d’anxiété périnatale serait également fortement relié à des difficultés d’ajustement maternel et à des attentes négatives en lien avec son rôle parental (Hart & McMahon, 2006; Ngai et al., 2010).

Des difficultés de régulation émotionnelle sont rencontrées par les mères souffrant de symptômes dépressifs postnataux. Ces mères auraient une plus grande tendance à utiliser la rumination, l’auto-culpabilisation et la catastrophisation, c’est-à-dire des stratégies de régulation émotionnelles moins adaptatives ayant été associées au développement de psychopathologies (Garnefski, Kraaij & Spinhoven, 2001; Haga et al., 2012). En raison, entre autres, de l’utilisation de telles stratégies, il a été observé que la dépression postnatale est fortement corrélée avec le niveau de satisfaction parentale et d’efficacité maternelle (Leahy-Warren et al., 2012; Ngai et al., 2010). L’estime de soi, les attentes ainsi que la perception d’efficacité et de compétence sont également des aspects qui sont liés à l’ajustement de la femme à son nouveau rôle (de Montigny & Lacharité, 2005; Kendall-Tackett, 2010). Les femmes seraient plus vulnérables à vivre des symptômes dépressifs et des difficultés d’ajustement maternel si elles ont une faible estime de soi, des attentes irréalistes et un sentiment d’incompétence dans leur rôle maternel et dans les tâches parentales (Haga et al., 2012; Kendall-Tackett, 2010; Zhang & Jin, 2016). Plus précisément, une étude de Beck (2001) montre un lien modéré entre l’estime de soi et les symptômes dépressifs postnataux. Facteurs liés à l’enfant. Les résultats de l’Étude longitudinale du développement des

enfants du Québec (Institut des statistiques du Québec, 2002) ont montré qu’il existe un lien

entre le bien-être psychologique de la mère et le tempérament de l’enfant. Effectivement, les mères qui sont d’avis que leur nourrisson a un tempérament difficile rapportent davantage de symptômes dépressifs que les autres mères. Un tempérament difficile est défini par de fortes réactions émotionnelles, de l’irritabilité, des pleurs durant de longues périodes de temps, des réactions d’impatience et d’insatisfaction ainsi qu’une lenteur à accepter une nouvelle personne, nourriture ou routine (Kendall-Tackett, 2010). Les nourrissons ayant un tempérament difficile sont considérés comme difficile à prendre soin, car les mères peuvent avoir l’impression que leurs efforts sont inefficaces et qu’elles sont incompétentes (Kendall-Tackett, 2010). En effet, la perception d’un tempérament difficile chez l’enfant est corrélée

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significativement avec l’ajustement maternel, plus précisément avec la perception d’efficacité et la satisfaction parentale (Coleman & Karraker, 2000).

Facteurs conjugaux. La transition à la parentalité est associée à une plus grande baisse de la satisfaction conjugale que chez les couples non parents (Lawrence et al., 2008; Twenge, Campbell & Foster, 2003). Lawrence, Rothman, Cobb et Bradbury (2010) soulèvent plusieurs enjeux associés à cette transition pouvant affecter la relation conjugale et le bien-être de la mère : les nouvelles tâches liées aux soins de l’enfant, le manque de sommeil, la réduction du temps consacré aux loisirs, les changements dans les habitudes de travail, les fluctuations de l’humeur, le désir d’intimité, l’augmentation des contacts avec les professionnels en santé, les enjeux financiers et les nouvelles relations avec les proches. Plusieurs études ont montré un lien entre la qualité de la relation conjugale et les symptômes dépressifs postnataux chez les mères (Akincigil, Munch & Niemczyk, 2010; Dennis & Ross, 2006; O’Hara & Swain, 1996). En effet, une relation insatisfaisante avec le conjoint est associée à une plus grande sévérité et au maintien des symptômes dépressifs postnataux (Dennis & Ross, 2006). Par ailleurs, Dennis et Ross (2006) rapportent que les mères souffrant de symptômes dépressifs 8 semaines après l’accouchement ont un niveau de conflits avec le conjoint significativement plus élevé que les mères non déprimées. L’intégration sociale, le soutien du conjoint dans la résolution de problème et dans la recherche de solutions, une rétroaction positive du conjoint, l’encouragement à demander de l’aide au besoin ainsi que la cohésion dans les soins du nourrisson sont des variables déterminantes pour favoriser la santé mentale maternelle (Dennis & Ross, 2006).

Un ensemble de facteurs associés au développement de difficultés d’ajustement au nouveau rôle de mère, de symptômes dépressifs et anxieux postnataux ont donc été identifiés. Afin de mieux comprendre la transition à la maternité et les défis rencontrés par les nouvelles mères, l’exploration des pressions internes ou externes ressenties en lien avec leur rôle semble également être pertinente. En effet, le bien-être psychologique serait favorisé lorsqu’un individu pose des actions par libre choix (Deci et Ryan, 2000, 2008). Il apparaît donc important d’explorer la motivation des mères à s’engager dans ce projet de vie et d’explorer la nature de leur motivation dans leur rôle et tâches parentales. Pour mieux

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comprendre la nature de la motivation et le bien-être psychologique maternel, la théorie de l’autodétermination proposée par Deci et Ryan (2008) peut être utilisée.

La théorie de l’autodétermination

La théorie de l’autodétermination est une théorie développée empiriquement portant sur la nature de la motivation humaine, le développement et le bien-être (Deci & Ryan, 2008). Elle peut être appliquée dans plusieurs domaines variés, tels que le travail, l’éducation, le sport et la parentalité (Deci & Ryan, 2002; 2008). Une action autodéterminée est définie comme étant une action intentionnelle produite par l’individu afin de répondre à ses intérêts ou à ses objectifs (Deci & Ryan, 2002; 2008).

Le continuum de l’autodétermination. La théorie de l’autodétermination propose plusieurs types de motivations, se distinguant par les raisons qui incitent la personne à adopter un certain comportement. La source de l’incitatif du comportement différencie les types de motivation. Il y a deux grandes formes de motivation, soit les motivations autonomes et les motivations contrôlées, ce qui correspond aux deux pôles du continuum d’autodétermination (Deci & Ryan, 2008).

Les motivations autonomes sont dénuées de pressions externes et l’incitation au comportement émane de la personne elle-même. L’individu va poser une action pour le plaisir qu’il en retire (motivation intrinsèque) ou pour la valorisation des bénéfices liés à cette action (la motivation identifiée). Les motivations autonomes permettent aux individus de prendre la décision de réaliser ou non une action selon leur propre volonté et en accord avec leur soi. Les individus sont donc libres de suivre leurs intérêts et de faire leurs propres choix. Leurs comportements ne sont pas influencés par les autres, par des contraintes externes ou par un sentiment de culpabilité.

Contrairement aux motivations autonomes, les motivations contrôlées résultent de pressions ressenties par l’individu, c’est-à-dire des pressions externes ou qui proviennent de l’intériorisation partielle des attentes externes, qui le poussent à émettre un comportement. Des pressions internes, comme la culpabilité, pourraient également mener à une motivation contrôlée. Considérant la nature des motivations contrôlées et les raisons poussant l’individu

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à agir, ces motivations n’engendrent aucun plaisir à s’engager dans une tâche, et ne sont pas intégrées de manière cohérente avec le concept de soi de l’individu, comparativement aux motivations autonomes.

Type de motivation. Deci et Ryan (2000, 2002, 2008) répartissent les différents types de motivations en les séparant sur un continuum de type de régulation, soit du plus autodéterminé au plus contrôlé (voir Figure 1) : la régulation intrinsèque, la régulation intégrée, la régulation identifiée, la régulation externe et aucune régulation (l’amotivation).

Motivation par régulation intrinsèque. Il s’agit de la motivation la plus autodéterminée (Deci & Ryan, 2000; 2008). Le comportement est exécuté pour le plaisir et la satisfaction que celui-ci procure à l’individu. Il n’y a aucune pression, ni externe, ni interne pour que l’individu exécute l’action. Dans une telle situation, l’individu choisit librement l’action qu’il désire effectuer, ce qui répond à son besoin d’autonomie et constitue un élément fondamental de la motivation (Vallerand, 2006). Par exemple, un parent décide de raconter une histoire à son enfant par intérêt. Il décide par lui-même d’effectuer cette activité, car celle-ci lui procure du plaisir. Un parent qui décide d’avoir un enfant pour le plaisir que cela lui procure de le voir grandir ressent une motivation intrinsèque à devenir parent.

Motivation par régulation intégrée. Dans le cas de la motivation par régulation intégrée, le comportement effectué est cohérent avec les valeurs et l’identité profonde de l’individu. Celui-ci va donc poser une action qui correspond entièrement à sa conception de soi (Deci & Ryan, 2000; 2008). Par exemple, le parent va bercer son enfant, car assumer une telle activité fait du sens avec qui il est. Toutefois, puisque ce type de motivation est peu mesuré dans les études et dans les outils portant sur la théorie de l’autodétermination, il ne sera pas étudié dans la présente étude (Gauthier, Senécal & Guay, 2007; Ryan & Deci, 2000; Senécal & Vallerand, 1999).

Motivation par régulation identifiée. Lors de ce type de motivation, l’individu choisit librement d’effectuer une action parce qu’il la juge importante et qu’il en valorise les bénéfices, et ce, même si l’action en soi ne lui procure pas nécessairement du plaisir. L’action posée est cohérente avec les valeurs, les aspirations et le soi de l’individu, ce qui fait en sorte

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2008). Par exemple, le parent décide qu’il est important pour lui de changer la couche de l’enfant. Il pose cette action pour le bien de sa famille, et ce, même s’il n’en retire pas un réel plaisir. Également, un parent qui décide d’avoir un enfant, car fonder une famille correspond à ses valeurs, ce qui illustre bien ce type de motivation.

Motivation par régulation introjectée. Pour la motivation par régulation introjectée, le comportement est motivé par le désir d’éviter des émotions négatives qui résultent de pressions internes à adopter un certain comportement, telles que la culpabilité ou l’anxiété. L’individu peut lui-même s’imposer une pression afin de faire une action selon ses attentes. Il peut également avoir le sentiment de devoir agir de manière à respecter des sentiments d’obligation (Deci & Ryan, 2000; 2008). Par exemple, afin de ne pas ressentir de la culpabilité, le parent décide de changer la couche de l’enfant. Un parent qui décide d’avoir un enfant parce qu’il craint de regretter de ne pas en avoir correspondrait également à ce type de motivation.

Motivation par régulation extrinsèque ou externe. La régulation extrinsèque est le type de motivation le plus contrôlé. Le comportement de l’individu est entièrement motivé par une pression externe et exécuté afin de satisfaire cette demande. Il va donc adopter un comportement uniquement pour éviter des conséquences négatives ou afin d’obtenir une récompense (Deci & Ryan, 2000; 2008). Par exemple, un parent va changer la couche de l’enfant pour répondre à la demande de l’autre parent et ainsi éviter un conflit avec celui-ci. Si un parent décide d’avoir un enfant pour que son entourage soit fier de lui et recevoir de la gratification de leur part, il s’agit d’un autre exemple de motivation par régulation extrinsèque.

Amotivation. L’absence de motivation ou d’intention à effectuer un comportement est nommée l’amotivation (Deci & Ryan, 2008). Par exemple, une personne pourrait n’avoir aucune motivation et intérêt à avoir un enfant. Elle pourrait croire que cela ne lui procurera pas de plaisir et que cela ne correspond pas à ses valeurs.

Index d’autodétermination. Le niveau total d’autodétermination d’un individu peut être obtenu sous forme d’index en combinant les scores des quatre formes de motivations spécifiques, c’est-à-dire par régulation intrinsèque, identifiée, introjectée et externe.

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L’utilisation d’un tel index est une procédure usuelle dans l’étude de la théorie de l’autodétermination (p. ex., Brenning, Soenens & Vansteenkiste, 2015; Gauthier, 2008; Senécal & Guay, 1999; Senécal et al., 2001).

Les trois besoins psychologiques fondamentaux. La théorie de l’autodétermination soutient que l’étude de la motivation doit prendre en considération la satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux, soit le besoin de compétence, d’affiliation sociale et d’autonomie, puisqu’ils sont des conditions essentielles pour le développement psychologique, l’intégrité, le bien-être et l’ajustement maternel (Brenning & Soenens, 2017; Deci & Ryan, 2000; 2008). Le type de motivation d’un individu ainsi que sa satisfaction parentale varient donc selon la satisfaction de ses trois besoins psychologiques (Deci & Ryan, 2000; Deci & Ryan, 2008; Mercer, 1986; Senécal et Vallerand, 1999). Par exemple, plus un parent se sent compétent dans ses tâches parentales, plus sa source de motivation sera autodéterminée, plus précisément intrinsèque ou par régulation identifiée.

Théorie de l’autodétermination et symptômes dépressifs postnataux. Selon Senécal et Vallerand (1999), les différents types de motivations, du plus faible niveau d’autodétermination au niveau le plus élevé, sont associés à divers impacts. Un plus faible niveau d’autodétermination, c’est-à-dire des motivations extrinsèques par régulation introjectée ou externe, peuvent entraîner des conséquences négatives sur le fonctionnement psychologique, tel que recensé dans le contexte d’activités familiales. À l’opposé, un haut niveau d’autodétermination pour les tâches familiales, soit la motivation intrinsèque ou la motivation extrinsèque par régulation identifiée, est associé à des impacts positifs aux plans cognitif, affectif et comportemental. Ce haut niveau d’autodétermination est également lié à un meilleur fonctionnement psychologique et une diminution de sentiments d’inconfort ou de désintérêt (Senécal, Vallerand & Guay, 2001; Vallerand, 2006).

Considérant l’impact de la nature de la motivation sur le développement psychologique et sur le bien-être, l’utilisation de la théorie de l’autodétermination est pertinente pour étudier les symptômes dépressifs postnataux en considérant les motivations maternelles dans l’explication de ces symptômes chez de nouvelles mères. Une étude de Gauthier, Guay, Senécal et Pierce (2010) a examiné si les motivations des femmes à l'égard

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dépressifs postnataux deux mois après la naissance de l’enfant. L’étude rapporte une corrélation modeste, mais significative, entre les motivations maternelles selon la théorie de l’autodétermination à l’égard du fait d’avoir un enfant et les symptômes dépressifs prénataux et postnataux. Toutefois, lorsque la présence de symptômes dépressifs pendant la grossesse est contrôlée, les motivations maternelles prénatales n’ajoutent pas significativement à l’explication des symptômes dépressifs postnataux. Trois principales critiques peuvent être formulées à l’égard de l’étude de Gauthier et al. (2010), et expliquer le faible lien observé entre les motivations maternelles et les symptômes dépressifs.

La première critique est que cette étude se centre sur les motivations les ayant menées à devenir mère, mais ne considère pas celles qui régissent l’exercice de ce rôle une fois que l’enfant est né, c’est-à-dire ce qui les incite à assumer les soins de l’enfant et les nombreuses tâches parentales connexes. Tel que mentionné antérieurement, dans les sociétés occidentales, les femmes disposent de davantage de ressources (p. ex., des moyens contraceptifs) et d’une plus grande autonomie et à l’égard de la décision de devenir ou non mère, ce qui réduit les pressions à devenir mère (Gillespie, 2000). Malgré cette plus grande liberté de choix dans la décision de devenir mère, les femmes peuvent néanmoins ressentir des pressions sociales liées à l’idéologie de la « maternité intensive » et le standard élevé de performance que celle-ci établit (Arendell, 2000; Guendouzi, 2006). Des études ont montré que ces pressions peuvent être liées aux perceptions du standard de « bonne mère » que les femmes ont et à l’environnement, par des critiques de l’entourage, par exemple (Deutsch & Saxton, 1998; Sasaki et al., 2010). Mercer (2004) propose également que l’identité maternelle se construit, non pas par l’atteinte du statut de mère à la naissance d’un enfant, mais plutôt au fil de ses expériences avec l’enfant, qui l’aideraient à se définir dans le rôle de mère. Il semble donc possible que ce ne soit pas la motivation à devenir mère, telle que mesurée dans l’étude de Gauthier et al. (2010), mais plutôt celle qui régit le comportement des mères dans l’exercice du rôle parental qui serait à considérer pour comprendre les symptômes dépressifs postnataux et la qualité de l’expérience maternelle.

La deuxième critique de l’étude de Gauthier et al. (2010) concerne l’absence de contrôle pour le risque de biais par désirabilité sociale des autorapports sur l’échelle de motivation. Selon la littérature, le biais de désirabilité social est un risque probable lorsque

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les participants remplissent des questionnaires (p. ex., King, & Brunner, 2000; Van de Mortel, 2008). Selon les résultats observés par Gauthier et ses collaborateurs (2010), les motivations contrôlées, c’est-à-dire par régulation externe (M = 2,39 ; ÉT = 1,20) et introjectées (M = 1,38 ; ÉT = 0,70) sont rarement endossées comme étant les raisons ayant incité des mères à devenir parent, contrairement aux motivations autonomes, c’est-à-dire par régulation intrinsèque (M =5,94 ; ÉT = 0,94) et par régulation identifiée (M = 5,09 ; ÉT = 1,25). Les motivations contrôlées sont également perçues comme étant de très mauvaises raisons de devenir parent par de jeunes adultes qui ne sont pas parents (Paquette & Pierce, 2010). Par conséquent, il est possible d’inférer qu’il s’agit de motivations peu approuvées socialement. Un projet pilote réalisé en 2012 par notre laboratoire, auprès de 24 mères et 8 pères d’enfants de 3 ans ou moins, suggère que la désirabilité sociale est susceptible de biaiser l’autorapport de parents, puisque leur endossement d’items se rapportant au fait d’assumer des tâches parentales par culpabilité ou sentiment de devoir (motivation introjectée) est corrélé significativement avec leur propension au biais de désirabilité sociale (r = -0,41, p < 0,05). Ce n’est qu’en contrôlant pour ce facteur qu’il a été possible d’observer une contribution significative de la motivation introjectée à l’explication de la satisfaction parentale ( = -0,49, p < 0,05). Ces données préliminaires suggèrent qu’il importe de contrôler pour la désirabilité sociale pour étudier les motivations de parents.

La troisième et dernière critique concerne l’évaluation restreinte de l’ajustement psychologique des mères. Uniquement le score de dépression global est utilisé alors que la mesure employée, l’Échelle de dépression post-partum d’Édimbourg (EPDS), distingue deux sous-échelles : les symptômes dépressifs et les symptômes d’anxiété cognitive. Également, une considération plus large de l’ajustement maternel est pertinente à être étudiée, en tenant compte de leurs perceptions d’elles-mêmes dans leur rôle parental ainsi que de leur satisfaction par rapport à la maternité.

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Objectifs et hypothèses

La présente étude s’inscrit en continuité avec l’étude de Gauthier et collaborateurs (2010), palliant à certaines de ses limites, pour tester la contribution de l’autodétermination des mères à l’égard du fait de devenir mère et d’assumer les responsabilités parentales ainsi qu’à leur adaptation psychosociale à la maternité, plus particulièrement aux symptômes dépressifs qu’elles ressentent dans les mois suivants la naissance d’un enfant, leur perception d’efficacité et leur satisfaction parentale. L’objectif général de ce projet est d’étudier la transition à la maternité et de mieux comprendre la contribution de la nature des motivations au bien-être des mères. Il s’agit d’un aspect peu étudié dans la littérature et qui serait un complément aux différents facteurs de risques identifiés dans les travaux antérieurs pour comprendre le développement de symptômes postnataux.

L’objectif plus spécifique de cette étude est de déterminer si la nature des motivations maternelles envers les tâches ou activités parentales prédit la présence de symptômes dépressifs, anxieux et l’ajustement maternel deux mois après la naissance d’un premier enfant. Il est prévu que les motivations maternelles envers les tâches ou activités parentales prédisent mieux ces variables que les motivations à devenir parent. Il est également attendu que les mères dont les motivations sont moins autodéterminées, c’est-à-dire qui ressentent peu de plaisir et de choix envers les tâches, les effectuant davantage par sentiment d’obligation, pour correspondre aux standards de « bonne mère » ou pour répondre aux attentes de leur entourage, auront davantage de symptômes dépressifs et anxieux ainsi qu’un ajustement général moindre. Étant donné l’importance de considérer l’historique de dépression, les événements de vie stressants durant la grossesse et la perception du soutien du conjoint suivant la naissance pour prédire les symptômes dépressifs et anxieux postnataux ainsi que l’ajustement maternel, ces différentes variables devront être prises en compte afin d’isoler la contribution unique des motivations. Il est attendu que ces différentes variables contrôles soient liées aux symptômes dépressifs et anxieux postnataux et aux mesures d’ajustement maternel. La désirabilité sociale devra également être contrôlée pour isoler la contribution unique des motivations, car celle-ci peut biaiser l’autorapport des mères sur plusieurs des variables à l’étude.

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Méthode Participants

La présente étude s’inscrit dans le projet « Devenir maman, papa et parents », qui s’intéressait à la transition à la parentalité au sein du couple. L’échantillon de cette étude est composé de 361 femmes vivant la naissance d’un premier enfant. Pour être éligibles à l’étude, les participantes devaient être en couple hétérosexuel, cohabiter avec leur conjoint (père de l’enfant) pendant et après la grossesse, en être au moins à leur 24e semaine de grossesses lors de la prise de mesure initiale. Une naissance prématurée (< 36 semaines), de graves problèmes de santé à la naissance de l’enfant, une durée d’hospitalisation de plus d’une semaine et une grossesse multiple constituaient des critères d’exclusion. L’impact sur l’expérience postnatale de ces situations la rend difficilement comparable à celle de naissances peu problématiques ou d’enfants ne suscitant pas de préoccupations quant à leur survie ou leur santé. Les participantes ont été recrutées lors de cours prénataux ayant lieu dans la région de Québec (CSSS Vieille-Capitale, CSSS Québec-Nord et CSSS de Portneuf). Un total de 252 femmes a rempli les questionnaires lors de l’évaluation postnatale (taux de rétention de 70%). La moyenne d'âge des femmes de cet échantillon est de 29,6 ans (ÉT = 3,6) et varie entre 21 et 41 ans. Ces femmes ont complété l’évaluation prénatale alors qu’elles étaient entre leur 26e et leur 39esemaine de grossesse (M = 33,0 semaines; ÉT = 2,5). Leur enfant est âgé en moyenne de 2,1 mois lorsqu’elles remplissent le questionnaire postnatal (variant de 1,0 à 7,7 mois, ÉT = 1,1). Les participantes sont presque exclusivement natives du Canada (95,2%). Au moment de leur participation prénatale, 84,9% d’entre elles occupent un emploi à temps plein, 9,1% occupent un emploi à temps partiel, 2,0% ont un emploi à temps partiel occasionnel, 4,0% sont étudiantes et 2,0% de l’échantillon ne sont ni aux études ni en emploi. Concernant le niveau de scolarité le plus élevé complété, 13,5 % des futures mamans ont fait leurs études secondaires ou possèdent un diplôme d’études professionnelles, 23,0 % ont complété des études collégiales et 63,5 % détiennent un diplôme universitaire. Une présentation plus détaillée des informations descriptives de l’échantillon se trouve dans le Tableau 2.

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Procédure

Une courte présentation du projet de recherche a été effectuée aux participants de cours prénataux et un dépliant expliquant l’étude et l’implication leur a été remis (voir Annexe A et Annexe B). Les futures mères intéressées à prendre part au projet ont transmis leurs coordonnées à la responsable présente ou par courriel à la coordonnatrice de l’étude. Celles-ci ont ensuite été contactées par téléphone. Après l’obtention de leur consentement téléphonique, une courte entrevue a été réalisée auprès des futures mères afin de confirmer l’éligibilité à l’étude et obtenir quelques informations sociodémographiques (voir Annexe C et Annexe D). Les participantes ont rempli les questionnaires prénatal et postnatal en ligne, avec le logiciel LimeSurvey, ou en version papier. Lors du second temps de mesure et préalablement à l’envoi du questionnaire, une brève entrevue est réalisée avec les participantes afin de confirmer leur éligibilité à poursuivre l’étude (voir Annexe E) et une liste de références pour l’obtention de soutien et d’informations sur la parentalité leur a été transmise (Annexe F).

Mesures

Variables critères. Dépression postnatale. Afin d’évaluer les symptômes dépressifs chez les mères, l’EPDS a été utilisée. La version originale de cette échelle a été élaborée par Cox, Holden et Sagovsky (1987), puis traduite en français et validée par Guedeney et Fermanian (1998). Celle-ci est fréquemment utilisée par des professionnels de la santé pour identifier les mères susceptibles de souffrir de dépression postpartum. Cette mesure pourrait également permettre de détecter la présence d’anxiété chez les mères selon de récentes études (Brouwers, van Baar, & Pop, 2001; Matthey, Fisher & Rowe, 2013). Elle comporte 10 items évaluant les symptômes dépressifs postnataux chez les mères, incluant 4 items formant la sous-échelle d’anxiété cognitive et 6 items formant la sous-échelle de symptômes dépressifs. Chaque item est associé à 4 choix de réponse (échelle de type Likert allant de 0 à 3). Les participantes sélectionnent la réponse qui correspond le mieux à leurs sentiments des sept derniers jours. La somme des scores peut varier entre 0 et 30. Un score entre 0 et 9 inclusivement indique une faible probabilité de souffrir d’une dépression postnatale. Un score variant entre 10 et 12 signale un risque de souffrir de symptômes d’une dépression postnatale. Un score de 13 ou plus indique un risque majeur de souffrir d’une dépression

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postnatale. Cet outil ne permet pas de poser un diagnostic de dépression postnatale, puisque ceci requiert le recours à une entrevue psychologique menée par un professionnel qualifié. Dans cette étude, elle a été employée au premier temps de mesure comme variable contrôle et comme variable critère au deuxième temps de mesure (voir Annexe G). L’indice de cohérence interne pour le score total est de 0,76 pour le temps 1 (T1) (0,74 pour la sous-échelle des symptômes anxieux et 0,75 pour la sous-sous-échelle des symptômes dépressifs). Pour le temps 2 (T2), l’indice de cohérence interne est de 0,79 (0,72 pour la sous-échelle des symptômes anxieux et 0,74 pour la sous-échelle des symptômes dépressifs).

Ajustement maternel postnatal. Deux indicateurs de l’ajustement maternel postnatal ont été évalués : la satisfaction parentale et la perception d’efficacité maternelle.

Échelle de satisfaction parentale (ÉSP). La satisfaction parentale a été évaluée au T2

à l’aide d’items provenant de la combinaison de deux outils de mesure déjà existants (voir Annexe H). La première mesure, développée en français par Picard-Lessard (1995) à partir du Cleminshaw-Guidubaldi Parent Satisfaction Scale (CGPSS; Guidubaldi & Cleminshaw, 1985), comporte six affirmations qui évaluent le niveau de satisfaction de l’individu face à différents aspects de son rôle parental (p. ex., « je suis à l’aise dans mon rôle de parent »). Les participantes devaient répondre sur une échelle de type Likert allant de 1 (tout à fait en désaccord) à 6 (tout à fait en accord). Dans la présente étude, la cohérence interne de cette échelle est de 0,96. Un score élevé indique un haut niveau de satisfaction parentale. La seconde mesure porte sur l’évaluation du degré d’insatisfaction parentale (p. ex., « être parent peut être gratifiant, mais moi je me sens frustré parce que mon enfant est trop jeune »). Pour ce faire, six items du PSOC (Parenting Sense of Competence Scale; Gibaud-Wallston & Wandersman 1978, cité par Johnston & Mash 1989; traduit en français par Terrisse & Trudelle, 1988) ont été retenus à partir d’analyses factorielles effectuées par Gilmore et Cuskelly (2009). Une échelle de type Likert de 1 (tout à fait en désaccord) à 6 (tout à fait en accord) a été utilisée pour cette mesure. Afin d’obtenir un score global de satisfaction parentale, les items de l’insatisfaction parentale ont été inversés. À la suite de cette transformation, un score total plus élevé reflétait une plus grande satisfaction parentale à la fois pour les six items de satisfaction et pour les six items d’insatisfaction, ce qui a permis de

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calculer la moyenne de ces 12 items (score global). La cohérence interne des deux mesures combinées est de 0,85.

Perception d’efficacité maternelle. Ce concept a été évalué au moyen d’items tirés de

la sous-échelle évaluant la perception d’efficacité parentale dans le Parental Cognitions and Conduct Toward the Infant Scale (PACOTIS, Boivin et al., 2005) du Questionnaire d’autoévaluation de la compétence éducative parentale (items du Parenting Sense of Competence [PSOC] de Gibaud-Wallston, 1977; Gilmore & Cuskelly, 2008, traduits par Terrisse & Trudelle, 1988). Les sept items du PACOTIS ont été évalués avec une échelle de type Likert se répartissant de 1 (ce n’est pas du tout ce que je pense) à 6 (c’est exactement ce que je pense). Quant aux cinq items du PSOC, ils se répartissaient également sur une échelle de type Likert allant de 1 (tout à fait d’accord) à 6 (tout à fait en désaccord). Les scores issus des items du PSOC et du PACOTIS étant fortement corrélés (r = 0,53, p < 0,001) la moyenne de l’ensemble des 12 items a été utilisée pour générer un score de perception d’efficacité maternelle. La cohérence interne pour cette mesure en 12 items est très bonne (alpha de Cronbach = 0,85) (voir Annexe I).

Considérant la force de la corrélation entre les scores des mesures de satisfaction parentale et de la perception d’efficacité maternelle (r = 0,64; p < 0,001) ainsi que leurs corrélations similaires avec les différents facteurs de risque et mesures de la motivation, ces mesures ont été considérées comme deux indicateurs du concept plus général de l’ajustement maternel. Ces deux mesures ont donc été combinées par la moyenne de leurs scores Z respectifs afin de générer un score global d’ajustement maternel.

Variables prédictrices. Autodétermination à avoir un enfant. Le questionnaire prénatal évalue les motivations maternelles à avoir un enfant (voir Annexe J) avec l’Échelle de motivation à devenir parent validée par Gauthier, Senécal et Guay (2007). Cette échelle comprend 25 affirmations évaluées à l’aide d’une échelle de type Likert variant de 1 (ne correspond pas du tout) à 7 (correspond très fortement). Cet outil est formé de sous-échelles de motivations autonomes et contrôlées, permettant de distinguer ces différentes formes de motivation. Les scores pour chaque sous-échelle de motivation spécifique ont été obtenus en calculant les moyennes des scores de leurs items respectifs. Ensuite, l’index d’autodétermination à avoir un enfant a été calculé suivant la procédure utilisée dans la

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littérature sur la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2002). Pour ce faire, les scores des quatre échelles ont été combinés selon la formule suivante : (2 X motivation intrinsèque + motivation extrinsèque par régulation identifiée)  (motivation extrinsèque par régulation introjectée + 2 X motivation extrinsèque par régulation externe). Un haut score d’autodétermination indique que les motivations sont davantage autonomes que contrôlées. Les indices de cohérence interne obtenus sont de 0,86 pour la sous-échelle de motivation intrinsèque, de 0,85 pour la sous-échelle de motivation extrinsèque par régulation identifiée, de 0,66 pour la sous-échelle de motivation extrinsèque par régulation introjectée et de 0,76 pour la sous-échelle de motivation extrinsèque par régulation externe.

Autodétermination envers les tâches parentales. Il s’agit d’une adaptation de « l’Échelle de motivation envers les activités familiales » (ÉMAF; Senécal & Vallerand, 1999) dont les tâches et activités parentales ont été adaptées au très jeune âge de l’enfant dans la présente étude (voir Annexe K). Administré dans le questionnaire postnatal, cet outil évalue les motivations de la mère à assumer différentes tâches liées aux soins de son bébé et à participer à différentes activités parentales. Elle présente dix types de tâches ou activités parentales. Pour chacune d’entre elles, la nouvelle mère indique son degré d’accord ou de désaccord avec chacune de quatre affirmations, représentant différentes raisons pour lesquelles elle s’acquitte de telles ou telles tâches. Ces affirmations représentent quatre formes de motivation : par régulation intrinsèque, par régulation identifiée, par régulation introjectée et par régulation externe. La mère indique sur une échelle de type Likert, variant de 1 (pas du tout en accord) à 7 (très fortement en accord, à quel point chaque type de motivation correspond à ce qu’elle ressent personnellement lorsqu’elle accomplit la tâche ou l’activité mentionnée. Les scores pour chaque sous-échelle de motivations spécifiques s’obtiennent par la moyenne des évaluations du même type de motivation pour les dix types de tâches. Par la suite, l’index d’autodétermination envers les tâches parentales est calculé suivant la procédure utilisée dans la littérature sur la théorie de l’autodétermination (p. ex., Deci & Ryan, 2002; Gauthier et al., 2010). Pour ce faire, les scores des quatre échelles sont combinés selon la formule suivante : (2 X motivation intrinsèque + motivation extrinsèque par régulation identifiée)  (motivation extrinsèque par régulation introjectée + 2 X motivation extrinsèque par régulation externe). Un haut score d’autodétermination indique

Figure

Figure 1. Le continuum des types de motivation et de régulation selon la théorie de  l’autodétermination de Deci et Ryan (2008)

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