f
éd
ition
Des années
qu'on en
parle.
Lenumérique. L'ère
du
numérique.
Des
années que Ia
révolution
du
numérique est annoncée
sans
ja-mais véritablement
(paradoxe
en informatique) être au
pro-gramme.
À
l'approche de
2010,
les
projections
futuristes
d'au-trefois
semblent plus que jamais
teintées de naiveté
anti- ou
pro-technologique.
On
perçoit mieux,
en
définitive, quel
sera
l'avenir
des
textes.
ormis des puristes attachés à ce
qui
la précèdepour
des laison'cle u qualité
,,
d'habitude or.r depréference artisanale, I'appropriation du monde en succession de u 1 o et de u 0
,
s'est attirée dans les pa1.s les piusdéve-loppés
la
sympathied'un
vaste public,toutes
classes sociales, gér-rérations et sexes confbndus. Suiviepar
un
erandnombre
de
convaincusdans les
do-maines de la photographie et
de
la
musique,qu'elle
a re-modelés depart
enpart
nefût-ce qu'en les renc{ant plus
transrnissibles
et plus
con-sommables que jamais, la
ré-volution numérique avait
en-core
à faire
ses preuves enmatière de livres.
Autant
ledire
tout
desuite
:
ce n'estpas faute d'avoir essayé. Mais là
oir
l'image er Ie son (r'oirela
combinaison des deux, àtravers la vidéo
ou la
tcjlér.i-sion numérique) se sont
relir-tircrnertt bien
priti.
nu icrr.les
difficultés propres
aLra
I'heure
du
numérique
texte se sont révélées au
fur
et à rnesure,au désespoir des investisseurs.
Avant d'entrer dans 1e
vif
du
sujet,en-core
faut-il
savoir dequoi
il
estques-tion.
Plus qu'aucun autre, le numérique demeure un terme flou, cuisiné à toutes les sauces,dont
les niveauxd'interven-tion ont
tendance à se confondre. Le site\(/eb
de l'éditeur, leportail
deven-tes en ligne (de tvpe Amazon), le fichier
qui
circule et selit
sur écran d'ordina-teur, sur reader (tablette de lecture) ousur
tout
âutresupport, autant
de casconcrets bâtis sur les avancées du
numé-rique mais finalement âssez pell compa-rables. Par mesure de clarté, la visite qui
va
suivre se découperadonc en
trois partiesou
salles successives. Première salle, ce que le numérique a changé aumétier d'éditeur. Deuxième salle, ce que
le numérique apporte à la
commerciali-sation
du
ulivre papier'r.
Troisièmesalle
enfin,
ia
plus riche
encommen-taires de toutes sortes. celle
du
u livreP onniers de l'av ation . eux non plus, on ne croya t pas qu'ils arriverarenl à déco ler un 1our. Et pourtant...
électronique u,
oii
les arbrcs sc discnt qu'ils ont tout I'avenir devant eux.UN OUTIL
AU
SERVICE DEtA
PROFESSIONParmi les innomblables messages d'au-teurs qui arrivent par mail tous lcs jours,
un PDF
qui
attire l'attention. Une ban-de dessinée.À
moinsqu'un
des auteurs de la maisonn'ait
transmis son dernierroman. Le ficirier circule à nouveau par
maison.
Ça
serépond dans
tous
les senr. C'est décidé,le
manuçcrir,,va
êtle publié.
Commel'auteur
n'est pasun génie du traitement de texte, on
de-mande au responsable de la préparation
des manuscrits
de
le
passerau
net-toyâge. En d'autres termes, le fichier est
débarrassé
de
toutes
sesimpuretés
:doubles espaces, espaces
inutiles
avant les points ou ies virgules...On
harmo-nise les notes de bas de page, on choisitun
type de guillemetsplutôt
que trois,on
remplace les apostrophesdroites par
des
courbes...On voit
ce queWord
repèrecomme
fautes
d'orthogra-phe.
c'err dejà
çr
de
prispour la
suite (en particulierpour
1es redoublements deconsonnes, qu'on ne
voit
pas toujours à l'ceilnu).
Un
hu-main se met alors à relire. Parjours.
meme sic'est
seulementpour
quel-ques mètres.
le
manuscritpurifié
est transmis au gra-phiste qui, à l'aided'un
logi-ciel,
sansdoute Adobe
In
Design
ou
Quark
XPress,mct lc tcxtc cn firrme, tel
qu'il
apparaî-tra dans la versiou finale
du
livre. Pour la première fois depuis lc début des opé-rations, une première épreuve quitte lesécrans
pour
ôtreimprimée
surdu
pa-picr.
Première relecture. Une deuxième épreuve estimprimée plus tard,
apr'ès report des colrections. Deuxièmcrclec-turc.
Là,lc
fichicr
est prêt. Dans quel-qLles instants,le
graphisteva
déposer'tur
le
serucrrrde
limprimeur.
grotdisque
dur
accessible à distance, les 1l-chiers prêts àimprirner. Pour
la
troi-sième fois de l'histoire de cc projet, un documentqui
se touche et se lenifle, Ie bon à tirer, cst produit. Étape ultime deia r'érification
cle I'aspectdéfinitif
dulivre
à venir, celui-ci est signépour
ac-cord, I'impression peut commencer.
En
aval dela
fabrication,
s'il
est une tâche de l'éditeurqui
s'est trouvée tota-lement bouleversée par I'essor dunumé-rique, c'est bien celle de [a promotion.
Sorti
des presses,le livre doit
encoreàire
savoirqu'il
existe. Même si I'achat de bannières publicitaires reste souvent l'apanage des grandes maisons, unvéri-table arsenal de possibilités s'ouvre
dé-sormais
à l'éditeur
soucieuxde
faire connaître ses publications.À .o--encer
pal
le siteInternet,
celatombe
sousle
sens.La
chosen'allait
pourtant pas de soi
il v
a quelques an-rrées.Pour s'en convaincre.
un
petir
tour
surhttp:i/w*.w.alchive .org,
mé-moire du
\(/eb
à trar.ers les âges, ravirales
amateursde
curiosités,soir
pour constater I'absence de sited'une
mai-son, soit, plus dépa1'sant, pour
redécou-r.ril
ce que les années 1990 finissantesont fait
de pire en matière d'utopiees-Entre gadget inutile et promesse
techno ogique, le l-Tech's virtual keyboard.
thétique. Définir
saligne
éditoriale,présenter son équipe, ses publications, apporter de la valeur ajoutée à certains
titres
aumoyen
de documents écrits,audio ou vidéo complémentaires (ainsi
que I'exploite
abondammenr
le
sired'André
Versaille,
http://rvrvr.v.andre versailleediteur.com), annoncer 1esac-tualités liées à
tel ou tel
ouvrage.Hor-mis quelques pri.es de posirion conrre
le
lait
de
porséder
son propre
sire(comme ce
fut
longtemps
le
cas deL'Association,
qui
semble néanmoins lepréparer désormais, http://wr.rv.lasso
ciation.fr), ou le
manque de temps etd'effectifs réellement compétents, rares
sont ceux
qui fbnt
I'impasse sur la ur.i-trine
u, carte devisite
aucommence-ment
de
toute
autopromotion.
C'est aussi,pour
certains,le
moyen d'établir une communauté de lecteurs, commele
montre
I'expérience
du
Routard (http://www.routard.com) et de ses fb-rums : pius de 240 rour de même, à rai-sonde
I
000 à 2 000 inrervenrions parjour, un total
de deuxmillions
de visi-teurs en août.Un portail qui,
sans tuer les ventes de guides en pâpier. esrau-jourd'hui
rentable
grâceaux
annon-ceurs,
Dans le même esprit communautairc, lc
succès considérabie de Facebook. réseau
social permettant
dc
rcster en contact avec ses u amis,
(au sens Ie plus largedu
terme), a générélui
aussi quelquesinnovations. Sans véritaLrlement
remet-tre
en cause lalégitimité du
sitetladi-tionnel, dont
il
ne recou\rre pas toutes les fonctions, sans doutevient-il
inter-rogerla
raisond'être
du
blog, journalen ligne
oii
se succèdent en allranrdrar-ticles les dernières actualités, coups de
cceur, colrps de gueule,
qui
font
la
vic d'une maison d'édition. Qrre ce soit parle biais de u pro{ils
,
ou de ( gfoupes '),des maisons comme
Le
Somnambuleéquivoque. Aden, Les Impressions nou-velles,
la
Maison dela
poésie d'Amay,Biliki
ou
La Cinquième Couche, entre autres,ont
investi Facebook etv
créentdes pôles d'attraction. Palallèlen.rent aux
éditeurs, les
auteursne sont
pas en reste. Parmi ceux à s'être appropriéI'ou-til
le
plus naturellementdu
monde fi-gure Nicolas Ancion qui, relié à plus de1
500
internautes (probablement
le double après publication de cet alticle),distille
quotidiennement de petits faits imporranrsou
non.Au
commaire. tour sur qe. rnoirrdres déplacemenrs. seracri-vités, ses parutions, bon nombre
d'échan-ges, aussi et surtout, avec les lecteurs.
À
I'arrivée, une fresque en temps réel dontle
style n'est pas sans rappeler celui del'écrivain.
À
ceci près que la présence encontinu
d'un individu
sur Facebook estuue aune lrorme d'écrirure en soi.
Côté journalistes, le bon vieux n service
quan-tité
plus ou moins
conséquente, unexemplaire de l'ouvrage est adressé à des
destinataires choisis, dans l'espoir qu'ils en rendent compte dans leurs colonnes.
Parmi ceux-ci, de plus en plus souvent, des chroniqueurs ou blogueurs dont les écrits ne se
donnent
àlire
nulle
part ailleurs que surla
Toile,
en raison du succès grandissant de quelquesplate-Formes cririques
-
ainsi, pour cequi
est dela
bande dessinée, de sires commeActuaBD (http://www.actuabd.com) ou
du9 (http://www.du9.org). Plate-formes professionnelles
ou
moins
profession-nelles, par ailleurs:
des sites gérés par des lecteurs, detvpe Critiques
Libres(http:/iwww.critiqueslibres.com) ou Za-zieweb (http://www.zaZa-zieweb.fr) pour la
littérature et les essais, sont aujourd'hui
de première importance et s'aventurent
réguiièrement dans des sentiers
totale-ment délaissés par la critique dite
tradi-tionnelle. Malgré
toLrt, 1e service depresse
à
I'ancienne
sembleavoir
debeaux
jours
devant
lui
:
en
dépit
deTT
Un aperçu partre du ivre Gutenberg 2.0 Goog e Lrvres.
quelques tentatives isolées,
le
numé-riquen'a
pas encore réussi à s'imposersur ce terrain-là
-
cequi
représenteraitpourtant une économie considérable, en
même temps qu'un risque d'inondation plus sinistre encore des rédactions.
Un
groupe comme Eyrolles offre bien à lapresse la possibilité de télécharger les
fi-chiers de ses couvertures(http://www.
couvertures.€yrolles.com), mais ce n'estpas véritablement là un service de presse.
Dans
un tout
autre registre
tout
demême, en relation avec les libraires cette
fois, des essais
ont
été menés par laso-ciété Tite-Live. En
juin
dernier, celle-cifoumissait des lecteurs numériques
Cy-book
Gen3 à une centaine de librairespour découvrir
en avant-première pasmoins d'une
quarantainede
romans (premiers romans ou premièrestraduc-tions en français) de la rentrée littéraire 2008. Avec des prêts de tablettes
numé-riques consentis
pour
une année, cette expérience marque peut-êtreJ si ellede-vait se généraliser, l'entrée dans l'ère du
is;,-,,.-E
servicede
presse numérique, et avec elle la redéfinition de pratiques anté-diluviennes. Plus largement, 1adiffusion
def
in-formation
passe aussi assezlarge-ment par
Ia
netus-letter, ott
u lettred'information
uen vieux français,
et
dont
on ne saitjamais
véritabie-ment
si
elle
seralue ou pas. Chez bon nombre d'éditeurs, la letrre fair I'objet d'une atrention toute particulière et son envoi est quelquefois
pris
en chargepar
des logiciels spéci-fiques, à I'instar de Sarbacane. Grâce àceux-ci, l'éditeur gère et cible au mieux
ses destinataires (lecteurs, libraires,
jour-nalistes, bibliothécaires) et conserve un
suivi
de sa(
campagne,.
Plus récem-mentr le développement d'une nouvelleforme de publicité pour le livre a com-mencé, sinon à rencontref quelque
suc-cès,
du
moins àintriguer
tollt
le
mon-de
: \e
booktrdiler,
at
livre
ce que la bande-annonce classique est aufilm,
unextrait vidéo (et donc
plutôt
uneextra-polation vidéo s'agissant
d'un
livre). En Belgique, la parution à la mi-février des Minutes célibataires,un
recueil denou-velles
de Valérie
Nimal
aux
éditions Luce\7ilquin,
s'estainsi
trouvée an-noncée par une courte séquence vidéo. Rendue accessible sur des plates-formescomme Skynet, YouTube,
Dailymo-tion,
Facebook, mais arssi L/t LibreBe/-gique
en lignc,
la vidéo poursuit
aumoins
un
double objectif:
donner une idéedu
contenudu
livre, évidemment, mais aussi créer clu buzz, rumeur ram-pante, en vertu des principes difficiles àmaîtriser
du
u marketing viral,.
Soit lapropagation d'une
information
par les(
consommateurs,
eux-mêmes, à la ma-nièred'un
gros rhume, propagationfa-cilitée et
démultipliée parInternet
oùrune seule action permet cl'informcr
plu-sieurs personnes à la fois.
Avant
mêmela
sortie de l'ouvrage, les résultats sont parlants : deMatin
Première à PureFM,du
Soir en ligneau
Vif en passe par lalarge audience,
le
recueil alors en voiede parution bénéficie d'une couverture
médiatique exceptionnelle. Mission
ac-complie pour le buzz.
NUMÉRIQUE ET
COMMERCIAIISATION
DU LIVRE6,3 millions
de produits
commandés(parmi les livres, CD, jeux vidéo et
pro-duits électror.riques),
soit
72,9 produitsà
la
seconde,pour
unelivraison
dansplus de
210
pavsdu
monde, tels sont les résultats annoncés par Amazon nonpour
une année.un
rrimestreou
un mois, mais pour un seuljour
:le
15 dé-cembre2008.
Depuis safondation
en1995 par
Jeff
Bezos, Amazon(http://
www.amazon.fr),
baséà
Seattle, n'a cessé de croître à une vitesse fulgurante.10
salariésen
1995,
9000 en
2005. Une offrequi
augmentejour
après jouret
un€ couverture mondiale imparable(États-Unis, Canada,
Royaume-Uni, Allemagne, France, Japon,Chine).
En2008,
le
chiffre
d'affàires
d'Amazon exploselittéralement
:
à
hauteur
de14,6 milliards d'euror. l'enrreprise enre-gistre une hausse de 29 o/o par rapport à
2007
(8,4 milliards
d'euros
pour
lesproduits
u médias,,
progression
de20 o/o). Le bénéfice net s'élève,
pour
sapart,
à
490
millions d'euros.
Unehausse de
36
o/o parrapport
à I'année précédente. Amazon est aujourd'huiin-contournable.
Symbole consacré d'une nouvelle forme
de
rapport
àla
marchandise, Amazonest
loin
d'être Ie seul modèle du genre eta fait bon nombre d'émules. En France,
ses deux principaux concurrents sont le
site de
la
Fnac (http://wwrv.fnac.com)et Alapage
(http://
www.alapage.
com).
Comment expliquer,un
peuplus de
dix
ans àpeine
après leurémergence, le suc-cès de ces
nouvel-les vitrines ?
S'agis-sant
d'Amazon,les raisons ne
man-quent pas. Mieux
que
les
colpor-teurs,mieux
que1es catalogues de
vente
Parcorres-pondance, Amazon
offre
à chacun deparcourir des milliers de références
de-puis
n'importe
quel appareil connecté au réseau, de passer commande et d'être livré chez soi. Le choix ne porte passeu-lement sur les livres, mais sur les DVD,
les ordinateurs, les appareils photogra-phiques, les jouets et bien d'autres pro-duits. Propulsé par des ingénieurs en in-formatique, Amazon est désormais en
mesure de se substituer au n conseil
,
du Iibraire traditionnel. Ainsi. pour unere-quête effectuée
sv
Pinocchio deWin-shluss,prix
2009 du
meilleur album àAngoulême, I'acheteur est également di-rigé vers d'autres albums récompensés
lors
du
festival
(Legoîtt
du
chlore deBastien Yivès, Mon gras et moi de Gally)
ou du
mêmeton.
Avec plusieursdi-zaines de milliers de titres stockés en en-trepôts, Amazon s'engage à servir
rapi-dement
sesclients. Champion
de
la réference dans les résultats des moteursde
recherche,Amazon
est
partorlr,mêrne quar-rd
la
recherche porte sur letitre
d'un livre. Et comme si cela nesuf-fisait
pas, Amazoninvite
(et incite
fi-nancièrement) 1es développeurs\feb
àimplémenter des liens vers Amazon ou des
miniboutiques
autonomeset
per-sonnaliséessur leur propre
site Web.Enfin,
depuis2003
aux États-Unis et2005 en France, la fonction u recherche
au cæur
)
permet des recherches sur lecontenu de
certainslivres,
voire
leurfeuilletage en ligne avant décision d'achat.
On
le
devine, l'expansion de cesnou-veaux
(
points
de vente)
ne s'est pasfaite
sans gér-rérerun
vaste rnanque àgagner
pour
les libraires traditionnels,autrefois
en
concurrence avec
lesgrandes surfaces
et
les chaînescultu-relles.
Or le fait
de disposerd'un
siteInternet,
pour un libraire,
n'est
pasforcément signe de succès : 1à oir la
ré-putation
d'ur.re enseigne dans une ville donnéen'est plus
àfaire, la visibilité
d'un
site surla
Toile
est sensiblement moir.rs évidente. Depuisla fin
desan-nées
1990,
bon
nombre de
librairesa-t-il inventé f imprimerie à Mayence ou à Strasbourg ?
fait débat dans ce documentaire de 1978, disponible sur
5
(par
lesqr-relsDecitre, Dialogue,
Gil-bert Joseph,
Mollat,
Ombres blanchesou
Sauramps)ont
ainsifranchi le
capde la vente en ligne, sans que leur arri-vée ne casse r'éritablement
la
baraquepour autant,
mêmesi
cesportails
ap-portent bien
souvent des informationsprécieuses
et affichent
un
dvnamisme incontestable.Un porrril
cornmeAmrzon
esr omni-présent (soitqu'on le
consulte parré-flexe,
soit qu'on
y
tombe sansle
vou-ioir). Qu'un
libraire
ou\.re son propreportail,
et ce ne sont que quelquesoc-tets de plus dans f immensité
du
Net.Une srrarégie critiquée pal cerrain: a r u
de nombreux libraires indépendants
re-joindre Amazon par le biais de
son programme Marketplace,
qui
permet à des vendeursex-ternes d'inclure leur stock
phv-sique dans
celui
d'Amazon.Dans ce
casde figure,
si
leclient choisit
de passer par lelibraire en question, ce dernier se charge lui-même de l'envoi
des livres. La crainte évoquée est que
la
marge prélevée parAmazon
auprèsder
librairessur
le
montant des verrres, rai-sonnaLrlepour
f instant) ne sedurcisse avec
le
temps.
Sont aussi pointéesdu doigt
lesdé-faillances éthiques
du
portail, en particulierdu
point
de vue des conclitions de travail assezrudes de ses employés. Pour se
donncr lcs moyens d'apparaître sur la Toile et contrer la
fragili-sation
du
secteur de façor-rpé-renne, c'est ainsi qu'est née, au
mois
de septemble2006, au
sein du Syndicat dela librailie
française, f idéed'un
uPortail
dela
librairie
indépen-dante r.
À
l'occasiondu
Salondu
livre de Paris2007, Renny
Aupetit,
délégué généraldu
SLF(environ 500 librairies
sur unpeu plus de 2 000 en France), annonce air.rsi au magazine
ZDnet.fr
(2 1 mars2007)
le
lancement,pour 2008, d'un
site commercial mutuaiisé au bénéfice
des libraires indépendants : u Ce portail
ra
se singulari5cr par rapportrux
sires qui vendent déjà des livres sur Internet, dans la mesllre oir nous, nous avons deslibrairies et
que c'estun
oLrtilqui
r.anous sen'ir à créer du trafic dans nos
li-Tournage de la bande-annonce du livre les mrnutes céltbataires, de
Valére Nimal Photo de l'auteur
brairies. Nous allons proposer aux
inter-nautes de pouvoir visualiser directement les stocks que nous ar.ons dans nos
li-brairies et géolocaliser des livres épuisés,par exemple,
pour
trouver Lrn ouvragequi
selait éventuellement disponible àI'autre
bout
dela
France.,
Chaqueli-braire
pourrait
disposer,à partir
duportail,
de son propre site en utilisantla
base de donnéer collecrivemire
enplace et les outils de paiement
mutuali-sés.
L'un
des objectifs annoncés est er-reffet de resserrer les liens entre lecteur
et libraire.
Leclient
seraitdonc
auto-matiquement redirigé vers
1a
pageu personnelle
,
du
libraire le
plus pro-che de pro-chezlui, oii il
pourrait soit aller chercher lelivre
en question,soit passer commande pour le
recevoir', cofirme c'est
le
cas sur Amazon, à son domicile.On
l arrra compris.nul
besoinici
d'entrepôt
façon site
devente
traditionnelle.
L'cntrc-pôt,
c'estle libraire.
Un
deslibraires répartis sur
tout
lererritoire frrnçais. Et
qui
srir.demain,
leslibraires
franco-phones belges.
En
2009,le Portail
resteen-core
à
1'étatde projet.
Sur'fond
deconflit
avec Amazon,traîné en justice
par le
SLFpour non respccr ..le la
loi
rurle
prix
uniquedu livre
àtra-vers
la glatuité
desfi'ais
deport, Ia constitution de la pla-teforme a beau proglesser, elle
bute encore sur de nombreux détails. Parmi ceux-ci, le coût de 1'opération : on parle, pour
sa réalisation, de 500 000 à
un million
d'euros, à répartir entre des subventions et des prêts émanant des instances de lafilière (Centre national du livre et
Asso-ciation pour le développement de la
li-brairie
decréation en particulier),
letour géré par une société anonl'me rim-plifiée
-
le Syndicat ne pouvantjuridi-quement pas exercer
d'activité
écono-mique.Dans l'attente, d'autres initiatives
méri-tent
encore d'être mentionnées. Lali-brairie
Lekti-ecriture
toLlt
d'abord (http://www.lekti-ecriture.com),ou
F,s-paces de 1'édition indépendante, issue
en 2003 du magazine littéraire en ligne Contre-feux. Partant
du
constat que laproduction
des éditeurs indépendantsmanquait de visibilité sur
la
Toile,
Lekti-ecriture
a consisté dansun
pre-mier
temps en une plate-forme de diÊfusion
destinéeà faire
connaître
destitres peu présents dans les librairies et peu mis en valeur par les médias. Deux ans plus tard, à la mission de diffusion
s'est ajoutée celle de commercialisation
en partenariat avec des libraires (Clair-Obscur,
Floury
frères, L'Alinéa, LaLi-brairie portugaise, Mémoire du monde,
Tschann). Pour chaque commande eÊ
fectuée,
I'un
de ces libraires se charge deI'expédition.
En
Belgique,bien
que sasurface commerciale excède les
fron-tières
du
royaume, c'est àl'heure
ac-tuelle en
Rezolibre (http:/iwww.rezo
libre.com) que se matérialisent
le
plus concrètement les espoirs d'une librairie enligne
alternative.À
la
différence deson alter ego français, Rezolibre travaille
non avec les libraires, mais avec les
édi-teurs.
Ici
plus qu'ailleurs, le choix
seporte sur des catalogues de maisons peu
voire
très
peu
diffusés.Au
bout
c1ucompte, 1'objectif est identique
:
inver-ser l'orientation des traditionnels coups de projecteurJ porter sul le devant de lascène ce
qui
est condamnéaux
cou-lisses.
L'ESSOR DU LIVRE NUMÉRIQUE
Le
ulivre
électroniqueu
ne
date
pasd'hier.
Aussi étonnant que cela puisseparaître, son apparition remonte
à1971, avec le lancement du vaste u Pro-jet Cutenberg r, porté par Michael
Hart
et conçu
pour
difTuser gratuitement lesceuvres tombées dans
le
domainepu-blic.
D'abord
elrfecruéepar
saisieme-nuelle des textes sur clavier, puis
scan-nés mais passés au peigne
fin,
le tout
par
des volontaires,le
" Projet"
appâ-raît certes aujourd'hui encore comme le
plus utopique, mais aussi
le
plus ûable et le plus ollvert en proposant les textesnumérisés en mode texte (ASCII), d'une
simplicité déconcertante, lisible sLrr tous
les supports.
Né
avant la création du Web en 1991,le
u Projet)
en
asuivi
toutes leséta-pes
:
téléchargement par lignetélépho-nique dans les années
l990,
collection des textes à diffuserle
plr-rs largementpossible
sur
DVD,
accèsau
multilin-guisme avec plus de cinquante languesrépertoriées
en 2006,
mise
en
placed'un
moteur
de lecherchepour
navi-guer
dansle
corpus,
développementd'un outil,
Ie Distributed proofreaders,pour faciliter le
travail de
correctiond'un
même texte entre plusieurs contri-buteurs, lancement aussi, en2003,
delivres audio lus par des volontaires ou
générés
par
svnthèse r.ocale.À
l'heure actuelle, plus de27
000 livresont
ainsiété numérises. acces.iblet gretuiLement
sur le
site
officiel
du projet (http://
r'vu-w..gutenberg.org).
Voilà
pour
lanaissarrce
du
livre clecLronique.ici
non commercial s'entend.Parallèlement à ce projet, d'autres pro-positions voient le
jour.
L'une des plus célèbresd'entre
elles est inaugurée en1997 : Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France,
unc entreplire
ritancsquequi
compreplusieurs dizaines de
milliers
de réfé-rences. Malheureusement,la
numérisa-tion fait
1'objet
d'un choix
qui
seradéplor'é par la suite : alors que les docu-ments auraient pu se trouver numérisés en mode texte (avec reconnaissance des caractères
qui
composent
les
docu-ments), ilsle
sont en mode image. En conséquence dequoi
Gallicafait
officed'album photographique
géant,dont
chaque page
serait
1a photographied'une page de livre.
Relativement discret jusque-là,
le
sec-teur privéallait
pourtant débarquer enftnftre el
remetrre en quesrionrout
cequi
ar.ait étéfait
auparavant. Lors de laFoire de Francfort, en octobre 2004, le
célèbre
moteur de
recherche Google présente son nou\reâuprojet,
.
Googleprint for
editors,,
destiné à numériser les titres des catalogues éditoriaux afinde les rendre consultables en ligne. En
d'aurres termes, ofFrir à
un
inrernaurede parcor.rrir
le
contenud'un
ouvrage,moyennant certaines
limitations
d'ac-cès. Peu de temps après,la
firme
fait
part de
son
intention de
numériser, grâce à un accord alors conclu avec cinq,t.,..,
8
grândes bibliothèques anglo-saxonnes, pas moins de quinze
millions
de livres(u Google
Le président de
la
Bibliothèque natio-nale de France, Jean-Noël Jeanneney, réagit aussitôt. Dèsla
mi-janvier,il
enappelle à
la
créationd'une
alternative européenne pour éviter que ladomina-tion
américaine ne prennetrop
d'am-pleur.Et
le
13juillet
2005, 1e ministre français de la Culture installe un comité de pilotage, en vue de créer une Biblio-thèque r.rumérique européenne (BNE).Trois
ans ph,rs tard, la bibliothèquede-vient
progressivement opérationnelle,sous
l'appellation plus
symbolique etplus
<vendeuseu
de
.Europeana,
(http://www.europeana.eu).
Au
pro-gramme,la
mise encommun
desres-sources numériques des 27 États mem-bres, soit non seulement des livres, mais
égalen-rent des photographies et du
ma-tériel
audiovisuel.le
Lourrran'mis
par les bibliothèques nationales, les musées,les archives, les producteurs
audiovi-suels... Issue très nettement de Coogle,
qu'elle prolonge
tout
en voulant
lacorriger et
la
dépasser (en matière declassement
notamment),
mais sans laconcllrrencef
tout
àfait
non plus
(pasd'æuvres sous
droits),
u Europeana uentend enregistrer I'essentiel
du
patri-moine européen.
Et
à l'échelle de 1a France, la révolutionGoogle n'aura
pasnon
plus
été sanseffet : pour laver les erreurs du passé, un
u
Callica
2u est
lancé
en
novembre 2007. Oubliée la numérisation en modeimage,
la
nouvelle interface
(http://
gallica2.bnf.fr) étend son champ
d'ac-tion
et se lance elle aussi dansI'intégra-tion
d'ceuvres sousdroit.
Pour celles-ci, des partenaliats sont mis en place avec de nouveaux acteursdu
commerce delivres électroniques (à I'instar de
Numi-1og, Cyberlibris ou
Tite-Live).
On
me-sure le chemin parcouru. Avec ces opé-rateurs,il
ne s'agit plus de commanderun livre
à distance:
dela
même façonque les documents
du
uPlojet
Guten-berg,
xlpsnlaient et continuent
d'ar-penterla
Toile.
sans aurre papier quecelui
del'imprimante
d'un
lecteul
encas de besoin, mais avec
la
différence qu€ ces documents, s'agissant désormaisde textes récents, se monnaient, les
e-books se
multiplient
comme des petits pains.Pour atteindre cette diversité de l'ofïre, indispensable à l'essor
du
marché du;';
ud
livre
numériqueet
loin
d'être
accom-plie, encore
failait-il
que les éditeursac-ceptent de faire basculer leur catalogue, en partie ou intégralement, en malge ou
non d'une production papier, dans
1'en-vironnement numérique.
En
Belgique,l'un
despionniers
reste sans contestel'éditeur Luc
Pire
qui,
après sept ansd'existence, en février 2001, lance son
département
numérique
:
uLuc
Pire électronique u. Soucieux de faire valoir, précisément, sa position de pionnier enla
matière,et plus
largement de u vi-sionnaire u du monde du livre. l'éditeurdevient rapidement le porte-parole de 1a
numérisation en marche et des
techno-logies nouvelles
qui
1'accompagnent :u Je suis incapable de r.ous dire ce qui va se passer dans le domaine du livre
élec-tronique
dans ies mois et les années àvenir. confie-t-il
àla DH le 7
février2001.
Tout
ce que je sais, c'est qu'on vay
venir.Autant
être prêtpour
sonavè-nement.
L'attitude
déraisonnée auraitété, au contraire, d'attendre que
tout
le monde disposed'un
e-book,qu'un
for-mat
technique uniqLle s'impose, pourseulement embrayer. u
L'heure esr à l'expérimentation. et tor.rs
les espoirs sont de mise. Dans les
pre-miers mois,
Luc
Pire
s'aventure dans quatre wpes de livres en ligne:
équiva-lents numériques de livres papier.
ver-sions numériques enrichies
(avec duson, des images ou des documents iné-dirs). protorypes numériques qui auront
une version papier
si le
succès est aurendez-vous, livres proprement nlrmé-riques enfin
-
dont
le contenu se prêteparticulièrement à ce nouveau support, en pârticulier pour les contenus
nécessi-,il.
ruchdeq Sehmchr befehli$en l'h{tsre:
oi" ï-l"ln hane gehairen ùbcr dem
Nollendorf-platz, ich wr ausgestiegen und freute mich einmal
nehr a der mir zu FûBen liegenden, von Dônerbuden,
Ca{ê, Ramcblâdes und Blumensrjnden geslumletr,
fat ncmchedeeren
Yonag nur mein
lnterruptian, magazine lttéraire en ligne du
collectif ONLiT
tant
des réactualisations régu-lières. Malgre la déterminarion del'éditeur
etdu
fer-de-iancedu
projet,
NicolasAncion,
1ebilan
de ces années resremi-tigé, pour la
bonneet
simpleraison
que ler
conditionsn'étaient
paslà. Si
certainespublications rencontrent
un excellent accueil (dont les actesd'un
.
Colloque surla
crimi-naliré en matière fiscale'.
quidémonrrent
bien
les services rendus parle
numérique dansun
domaine
pointu).
si
cer-taines collections s'avèrentcul-turellement riches et portelrses d'avenir
(dont
uEmbarquement immédiat ,,
consacré aux nouvelles voix littéraires dela francophonie et basé sur un
partena-riat
de développement durable avec deséditeurs
du
Sud), le livre numérique ici conçu s'écartedifficilement
du
mondeinstitutionnel
et.
srrrrour. ne parvientpas à quitter la gratuité. Finalement, des publications
qui
donnentle
sentimentd'être
un
u bonus,
au
catalogue de1'éditeur, éditeur qui aujourd'hui encore (er ce jusque sur le slogan repris sur sa
page d'âccueil
:
u Éditeur belgefranco-phone généraliste
et
de livresélectro-niques
à
télécharger gratuitement,)
semble ne pas en avoir abandonnétota-lement l'idée.
À
l'occasion de la reprisede
la
collection n EspaceNord
,, il
enavait été
vaguement question.
Et
àl'heure
oii
les fonctions de Luc Pire ausein du Groupe Luc Pire se trouvent
sé-rieusement remises en câuse,
un
recen-trage du fondateur sur le numérique estévoqué.
Lecture d'Alice-s adventures rn Wonderland, de Lewis Carrol, avec
Adobe Dlgital Editions.
Les
expériences francophones belgesn'en continuent pas moins de se
multi-plier dans les registres les plus divers. En matière de rer.ues, Bon-à-tirer (au titre frondeur quand
on
sait quele
ubon-à-tirer
u marque,
précisément,le
coup d'er.rvoi auprès deI'imprimeur pour
le démarrage de f impression) difTuse ainsi exclusivement en ligne, toutes les deux semaines depuis2001,
des textesiné-dits,
qu'il
s'agisse defiction,
d'essais, dethéâtre
ou
de poésie (http:i/*.ww.bon-a-tirer.com). Pius récent et en pleine eÊfewescence, le collectif littéraire ONLiT
a fait du numérique, outre une présence
active dans l'organisation d'événements
(dont le DJ set littéraire u Albert Camus
lit
L'étranger-
REMIX,),
soninstru-ment de prédilection. Piloté
depuis2006 par Benoît
Dupont
et
Pierre deMûelenaere,
le
groupepublie
une foispar mois
le
magazinegratuit
Interup-tion,
pl.acé sousle
signe dela
brièveté,avec des
interviews,
desarticles,
desplanches de bande dessinée
ou
encoredes fragments littéraires
(http://
www.onlit.be).
Et pour
les re-vues existant sur papierunique-ment,
la
numérisation
tourne égalementà plein
régime-
àf image, d'ailleurs, des
transfor-mations de plus en plus accom-plies de la grande presse.
Récem-ment revu de fond en comble, le
site de
la
revue Indicationspro-pose ainsi désormais les archives
de
ses anciens numéros
enconsultation gratuite, mais
dou-ble également
la parution
de sarevue papier
d'une revue
enligne oùr se mêlent articles de la première et articles inédits (http://www.
indications.be).
Mais
sansdoute
lesavancées les
plus
decisivesau
niveau économique ont-elles été réalisées dansle
domaine del'édition
spécialisée, ettout
particulièrement
chezDe
Boeck (http : /irvww.deboeck.com), fondateurde
DBiT
(société d'informatique docu-mentaire) en 2001, repreneur de LexalisSA
et
deson site
Fiscalneten
2003.L'un
des premiers, aussi, à avoir rejointle projet
Googleen donnant son
ac-cord, en 2005,
pour la
numérisationd'un millier
d'ouvlages Larcieret
De Boeck Université. Les explorations de la société dansle
numérique serontd'ail-leurs,
dansun
secteuroir
les compé-tencesinformatiques sont
appréciées,l'un
des atouts avancés lors de son ra-chat par Editis en 2007.En dehors de
l'édition
spécialiséenéan-moins, la plupart
du
temps,le
débar-quement du numérique estloin
d'avoir été suivi, en Belgique comme en Fran-ce.À l'.*ception
desplus
grandsédi-t,,i,,i
:a..-10
telrrs et des nouvelles maisons
qui
fontd'emblée du numérique un credo (ainsi de Pubiie.net, de l'écrivain et désormais
éditeul
FlançoisBon,
qui
travailleex-clusivement en numérique), les éditeurs de taille moyenne et en-deçà souhaitant numériser leurs contenus en sont
géné-ralement
tout
àfait
incapables, etdoi-vent se résoudre à faire appel à des opé-rateurs extéfieurs, avec les conséquences
financières que cela suppose. Car le
nu-mérique a
un coùr.
Les enseignemenrset
formatior-rs aux métiersdu livre
au-ront
encore, sur cepoint,
à évoluer et àdélivrer de vraies compétences
informa-tiques, entendues non plus ici comme ia maîtrise des logiciels traditionnels mais
des logiciels spécifiques.
L'intelna-lisation
dela
numérisation (desnouveautés,
du
fonds) esr à ceprix
er demande, en otrrre. deH:::.'
les
enjeux
en
pré-
,,
iAinsi, si
les nouveauxopéra-
'.,,,'Ieurs se proposent de commer-cialiser des livres numériques.
en-core
faur-il
que les textes roienrdisponibles
dan'
Ies formrrs requis. Là oir le u Projet Gutenberg)
pour-suit f idéald'un
texte lisible par tous,les sociétés marchandes du numérique
ne
voient
pas les choses dela
mêmefaçon
et multiplient
lesformats
plus qu'elles ne les rendent universels. Et quipIus esr, exisrer dans l'environnement
des
livres
numeriques ne vapa:
vrai-ment de soi. Aussi les activités d'un
por-tail
de
type
Nunilog
(http://wivw.
numilog.com), fondé en 2000 et depuis repris pal Hachette, sont-elles
loin
de selimiter
à la vente. En tant que diffuseurtout d'abord, Numilog assure la
promo-tion
d'ouvrages numériques auprès deslibrairies en ligne. En tant que distribu-teur ensuite,
il
permet l'hébergement etla mise en ligne des fichiers numériques transmis par les éditeurs, mais aussi leur
commercialisation
qui
prendla
formed'un
achatou d'un prêt
limité
dans letemps. Pour le client, 1e choix s'effecrue
en
deux temps.
Choix du livre
tout
d'abord, parmi une offre de plus en plus largeoii
sont représentés des éditeurs, etnon
des n.roindres, tels que Gallimard,Albin
Michel,
Grasset, Fayard,L'Har-mattan, Le
Dilettante
et bien d'autres.Choix du format ensuite, selon les logi-ciels installés sur le support de lecture
A peine sorti, dé1à démodé : l'antique et mémorable K ndle 1 d'Amazon.
souhaité (ordinateur, Palm
Pilot,
Poc-ket PC, Tablet PC, Smartphone
ou
re(t-der)
:
PDF(pour lecture
avec Adobe Readerou
Adobe
Digital
Editions),PRC
(pour
lecture
avecMobipocket
Reader)
ou l-IT
(avecMicrosoft
Rea-der). Pour
tous ces formats,Numilog
propose
un
service de conversion aux éditeurs, dans la mesure où laconstruc-tion d'un fichiel
PRC oud'un
LIT n'est pas celled'un
PDF, et échappe dans la grande majorité des cas aux effectifs édi-toriaux.Et
des formats,il
en existe des ronnes. Le 9 février dernier, Amazon a révélé aupublic son denier
bijou
de technologie, le Kindle 2, une o liseuse, de moins de300
grammesqui
permet de
stocker plus de 1 500 titres. Riend'un
ordina-Leur.ici :l'appareil
esr uniquemenr dédié à la lecture, mais une lecturequi,
faceaux
progrèstechnolo-giques, devient de plus en plus naturelle. Avec un écran de six
pouces, l'épaisseur
d'un
maga-zine, une autonomie annoncéede quatre
jours,
seize nuances:,r
l,
de gris dans I'afûchage, lapossi-bilité
de se procurervia
un
ré-seau
3G
(soir quel que soitI'en-droit)
un titre au sein d'une offrede plus de
230000
références(compter
9,99$ pour un
besr-seller),
et un
prix
de 359g
(on ignore encore la date de son entrée en Europe), le Kindle 2fait
claire-ment colnprendre que la lecture de
textes numériques a désormais ce
qu'il lui
manquait : son lecteur-
làoùr la musique, sous la forme de
sérieuse longueur d'avance.
Et
ce n'estlà, bien sûr, qu'un
exernple:
autre champion de l'affichage, le Sony Reader PRS-700et,
prévupour fin
2009,
untout nouveau concuffent lancé par
Plas-tic
Logic. Le développement de cesli-seuses ne \.a pas, poul'autant, sans poser question
:
si leKindle
2
permet de lirede nombreux formats, son
créa-reur.
Amazon. dispose
russid'un
format propriétaire, lisible sur Kindle uniquement, en accèssur le Kindle Store.
Même
combat chezApple,
déjà leader du verrouillage musical (lamusique
d'un
lecteur
iPod
nepouvant être achetée, aisément du
moins,
que sur la
boutique
iTunes, propriété d'Apple), avec le
développement
du
logiciel
Stanzapour réléphone iPhone
: ici
comme1à, la simplicité réside dans le
fait
dene pas chercher
plus
loin.
De
quoilaisser entendre,
si
besoinétait,
quel'édition
électronique ne sera pasfor-cément
cet
océan
de diversité
an-nor-rcépar
certains prédicateurs-
àl'instar
deChris Anderton,
inventeuren
2004du
concept de u longuetraî-ne
),
pour lequel lnternet et lanuméri-sation
mârquentla
fin
dela
tyrannie des b/ockbusters,et
1'avènementsu-prême, en somme, de
la
diversitécul-turelle. Trouverai-je
un jour,
dans leKindle
Store ou sur Stanza, ce livre quia tant de mal à faire parier de
lui
?Reste que les grands oubliés, dans
l'af-faire, sont
leslibraires.
Les nouveauxfournisseurs de contenus numériques,
voire
les éditeurs eux-mêmes dès lorsqu'ils
pratiquent
la
vente directe
de-puis
leur
propre site,
ne
semblent
guère se soucier des relais
qui ont
fàit leurs preuves sousle
règnedu
papier.La
chose est entendue:
sirns doute lalibrairie,
à moyen terme,deviendra-t-elle
un lieu
de
métissageentre
deslivres
et
deslivres
numériqr,res. Maisquel
sera précisément, dans ce nouvel.:r
'.]- '
ll
Le Krndle 2 d'Amazon. Moins de 3OO gr pour
un stockage de 1 500 titres
espace, le rôle qu'elle âura
ou
pourrâ y jouer-
pour
autant qu'elle enait
un.La question reste ouverte, plus mvsté-rieuse que le design du Kindle 3.
Pas d'excès
d'optimisme (ou
dedéses-poir,
c'est
selon)
ceper.rdant.Si
unmarché du livre reposant sur
l'exploita-tion
de
contenLlsnumériques
com-menceà
semettre en
place,
s'il
est passé de la période des pionniers à celle de f ir.rdustrialisation,tout indique
quela révolution
numérique ne
délogerapas
le livre
papier definirivemenr
etd'un
seulcoup.
Du
côté
des lecteurstout
d'âbord,
ies habitudes de lecture sont plus qu'installées et ne changeront pasdu
jour
au lendemain.La
lecturesur écran reste d'usage
difûcile pour
laplupart
desutilisateurs
et
seprête
àcertains types
de
textes
plus
qu'àd'autres, textes brefs, textes à consulter
partiellement,
d'où le
fait
quela
litté-rature numérique continue à fairel'ob-jet
de
nombreuses réticences.Autre-ment plus
engagés dansle
numériquesont
les ou\rrageset
revues de savoir(droit,
médecine, sciences humaines)et
1es ouvrages de référence-
soit
lesdictionnaires et
encyclopédies.Diffi-cile
de contester les atoutsdu
numé-rique dans ces secteurs, souvent
rapide-ment
périmés,
et
de
mar.ripulation(pour
lesplus
gros)parfois
trèsphy-sique
ou tout
simplement
infruc-tueuse.Il
n'empêche, comme on I'a vu, des mutations sont d'oreset
déjàsen-sibles dans les domaines de
la
littéra-ture déjà citée, mais aussi du tourisme, de la bande dessinée, de la vie pratique ou des beaux-arts. Tanguy
Habrand
11
r f. ii"-
a,I'
.::
t.
i.' ':t.-t,.'
G,hNtuTlork0unts-6rit lU*,e mtr t'rTqlin* iiilûi
in $is lnrPhasis on l'colromY,