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L'HOMOSEXUALITE N'EST PAS UN CHOIX

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Academic year: 2022

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L'HOMOSEXUALITE N'EST PAS UN CHOIX

L'homosexualité est-elle héréditaire ? Par Philippe Brenot pour Le Monde.fr

Bonjour, Mon père a été amoureux d'un homme dans sa jeunesse et s'est interdit toute relation avec cet homme pour des raisons de mœurs et familiales. Il s'est marié et connaît, me semble-t-il, un bonheur complet avec les femmes à présent.

Le souci vient du fait que sur ses trois enfants, deux sont homosexuels (j'en suis). Et je me permettrai de dire que le troisième a quelques problèmes avec lui-même sur ce sujet.

Je ne crois pas au fait que l'homosexualité soit héréditaire, ni qu'elle se façonne par

l'éducation. Pour autant, ce constat est troublant. Quel est votre regard sur cette situation ? Comme vous devez le savoir, l'homosexualité n'est pas un choix. Nous sommes ainsi. Mais il doit bien y avoir des éléments pour expliquer cela. Notamment, l'exemple de mon père.

L'homosexualité n'est pas un trouble mental, mais le fait mon père se soit empêché de vivre une histoire dont il avait envie n'a-t-il pas eu, de manière indirecte, une quelconque influence sur mes aînés et moi ? Merci de votre réponse.

LA RÉPONSE DE PHILIPPE BRENOT, psychiatre et thérapeute de couple, directeur des enseignements de sexologie et sexualité humaine à l'université Paris-Descartes.

Vous abordez une question très importante dont on ne parle cependant jamais, tant elle est empreinte d'idéologie. Je vais essayer d'y répondre en quelques points.

Vous avez entièrement raison de dire que l'homosexualité n'est pas un choix, question qui trouble, gêne, provoque… car lorsque, par exemple, une séparation se fait dans un couple en raison de l'homosexualité de l'homme ou de la femme, nombreux sont ceux qui accusent encore celui-ci (ou celle-ci) d'avoir choisi. Or l'orientation sexuelle (attirance préférentielle que nous avons tous pour l'un ou l'autre sexe) n'est pas un choix, c'est une tendance que nous découvrons en même temps que notre intérêt pour la sexualité. Cependant, si, pour la grande majorité des hommes et des femmes, la question semble ne pas se poser : "Je suis attiré par quelqu'un de l'autre sexe", pour d'autres la tendance s'impose au fil des années et au fil des rencontres : "C'est une évidence pour moi, je suis attiré(e) et ressens de l'intérêt sexuel pour quelqu'un de mon sexe." (La bienséance scientifique et idéologique voudrait que l'on dise "de mon genre", mais ce terme n'est pas aujourd'hui bien compris de tous.)

Cette attirance n'est jamais simple à reconnaître ni à vivre car elle est minoritaire,

représentant moins de 5 % de la population. Il ne faut cependant pas oublier qu'en France, il y a cinquante ans, elle était interdite et même condamnée pour "outrage aux bonnes

mœurs", qu'elle est encore punie de prison ou de flagellation dans une centaine de pays, et de mort dans huit autres ! La majorité des cultures réprouvent l'homosexualité (et

essentiellement l'homosexualité masculine) en raison du caractère infécond de l'union entre deux hommes.

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Dans un tel climat, prendre conscience de son homosexualité est équivalent à prendre conscience de son décalage avec l'entourage, équivalent à une sorte de vécu d'anormalité.

Comme beaucoup de thérapeutes, j'ai été amené à aider des hommes et des femmes homosexuel(le)s à bien vivre leur orientation sans se dévaloriser ni se culpabiliser.

L'évolution de la société vers une meilleure acceptation de l'homosexualité a certainement beaucoup aidé à ce mieux-vivre.

NATURE ? CULTURE ? PERVERSION ?

Malgré cela, Guillaume, vous avez raison de vous interroger sur la "nature" de

l'homosexualité et ses possibles déterminants, car de nombreuses questions se posent. Il est vrai que la théorie dominante en la matière, la psychanalyse, fait de l'homosexualité une perversion, ce que la plupart des homosexuels n'acceptent pas car ils ne se vivent pas comme pathologiques. D'ailleurs, les classifications internationales de la médecine et de la psychiatrie (DSM et ICD) ont enlevé l'homosexualité du cadre des pathologies. Une règle court encore dans les sociétés de psychanalyse, qui, classiquement, n'acceptaient pas d'analystes homosexuels car pouvant être considéré comme "déviants" d'une "normalité ".

C'est d'ailleurs un débat qui ne peut avoir lieu, car pour certains analystes cela remettrait en cause des principes fondamentaux, notamment la définition des perversions. Si la

psychanalyse a un peu évolué en ce sens, elle n'a pas suffisamment clarifié sa position, acceptant que la tendance homosexuelle soit normale, mais pas sa pratique. Or

l'homosexualité n'est pas une conduite. Il existe heureusement de nombreux analystes individuellement moins idéologues, à la pensée plus ouverte.

L'HOMOSEXUALITÉ EST ÉVIDEMMENT NORMALE

L'homosexualité est une variante normale de l'orientation sexuelle humaine, elle se retrouve dans toutes les cultures, plus ou moins acceptée selon les époques. Son origine est par contre complexe et nécessite d'être envisagée sans a priori. Vous évoquez d'ailleurs cette question : "Je ne crois pas au fait que l'homosexualité soit héréditaire, ni qu'elle se façonne par l'éducation." Il faut bien choisir, cependant, entre ces deux mouvements

constitutionnels, mais pas de façon si entière qu'on le fait habituellement. Se pose donc la question de l'homosexualité naturelle ou non, héréditaire ou non, éducationnelle ou non.

Il existe en effet des arguments pour une origine biologique partielle de l'homosexualité, à la fois de possibles facteurs constitutionnels en lien avec des influences hormonales pendant la grossesse de la mère, ce que l'on a appelé des anomalies du neuro-développement ; mais également des études sur les jumeaux homozygotes et certaines fratries homosexuelles défiant les lois statistiques et qui nous interrogent. Cependant, on ne peut pas dire qu'il existe un facteur biologique constitutionnel de l'homosexualité – il n'y a pas d'hérédité à proprement parler de l'homosexualité –, mais peut-être des co-facteurs pouvant jouer un rôle favorisant et, par la suite, une tendance acquise au cours du développement. En milieu naturel, par ailleurs, il n'existe pas d'homosexualité vraie au sens où nous l'entendons chez les humains (malgré les nombreux documentaires, souvent manipulés, montrant une homosexualité animale, que nous appellerions plutôt un homo-érotisme ressemblant aux homosexualités de compensation chez les humains comme, par exemple, en milieu carcéral

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où les individus, hommes ou femmes, ont une sexualité avec les partenaires présents de même sexe sans se déclarer, ni se vivre, comme homosexuels).

La plupart des arguments autres sont d'ordre psychologique et éducationnel. Dans le cas d'une fratrie où plusieurs enfants sont homosexuels, on peut évoquer, à travers le désir d'identification au parent de même sexe, la réalisation inconsciente du désir parental et, par exemple, l'homosexualité du père. Dans le cas que vous évoquez, tout repose cependant sur les affirmations du père dont nous ne connaisons pas vraiment l'orientation sexuelle. Des expériences avec des camarades de même sexe et de l'homo-érotisme peuvent avoir été vécus à l'adolescence, cela ne signe pas une orientation homosexuelle. Notre milieu éducatif est fait d'empreintes qui nous marquent, nous façonnent, envers lesquelles nous nous positionnons par attirance ou refoulement. Il se trouve, dans votre famille, que vous êtes deux garçons à avoir cette orientation, vous ne parlez cependant pas de votre mère alors que c'est un pôle souvent déterminant de l'attirance sexuelle, notamment pour

l'homosexualité masculine. Les femmes rappelant alors trop facilement la mère, qui, si elle est un objet interdit, ne peut être approchée intimement.

* Jacques Balthazart, Biologie de l'homosexualité, Mardaga, 2010.

* Thierry Vincent, "Homosexualité, psychanalyse et perversion", dans la revue Cliniques méditerranéennes, 2002, n° 65, p. 95-104.

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