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Les pronoms personnels sujets et l’impersonnel, il, en ancien français

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Elisabeth T. Lukaszewicz

Memoire presente

a

la Faculte des Etudes Superieures, Universite McGill, en vue de !'obtention de la Ma!trise es Arts

Departement de Linguistique Universite McGill

(2)

Elisabeth T. Lukaszewicz

A dissertation submitted to the Graduate Faculty, McGill University, in partial fulfillment of the requirements for the degree of i•laster of Arts.

Department of Linguistics l\tcGill University

(3)

LE& PRONOMS PERSONNELS SUJETS ET L' IMPERSON:NEL IL

EN ANCIEN FRANCAIS

Elisabeth T. Lukaszewicz

This is a study of subject personal pronouns (SPP) and of im-personal

!!

in Old French between the Xth and XIVth century. It is argued that the presence of SPPs in surface structures can be attri-buted to factors other than morphological or phonological and that their realization in surface structures is the result of the inter-action of certain syntactic transformations. A short study of

movement transformations leads to an analysis which shows the effect

of these transformations on the presence of SPPs in different clauses. This analysis is shown to be consistent with a restrictive version of the Extended Standard Theory of transformational generative

gram-mar.

Further it is shown that the emergence of impersonal il in sentences attested in the XIIth century should not be attributed to analogical change, but to a change in the nature of impersonal verbs.

(4)

LES PRONOHS PERSOi...:NELS SUJETS ET L' IMPEllSONl\lEL IL EN

ANCIEN

FRru~CAIS

Elis·abeth T. Lukaszewicz

Cette etude a pour but d'examiner le comportement des pronoms personnels sujets (PPS) et de l'impersonnel!! en ancien fran~ais entre le Xe et le XIVe siecle. Nous avons essaye de montrer que la realisation en surface des PPSs pouvait s'expliauer autrement que par des causes morphologiques ou phonologiques, et que leur presen-ce dependait de !'interaction de presen-certaines regles transformation-nelles. Nous avons commence par etudier brievement quelles trans-formations on pouvait proposer pour rendre compte de deplacement de constituents, et nous avons ensuite analyse quelle influence ees transformations avaient sur la realisation des PPSs dans les differentes propositions. Nous avons montre que cette analyse etait compatible avec la version restreinte de la Theorie Standard Etendue de la grammaire generative transformationnelle.

L'etude du pronom impersonnel

!!

nous a permis de montrer que sa presence dans les phrases du XIIe siecle n'etait pas causee par un chan~ement analogique, mais par un changement dans la nature meme des verbes impersonnels.

(5)

AVANT-PROPOS

La

linguistique diachronique a toujours presente pour moi un interet tres vif, surtout dans !'evolution d'une langue du point de vue phonologique. Cet interet a ete augmente par l'approche theori-que proposee par

D.W.

Lightfoot dans plusieurs articles mentionnes dans la bibliographie. Comme ses travaux portaient surtout sur la langue anglaise, il m•a paru interessant d'examiner l'ancienne langue fran~aise et de voir s'il etait aussi possible d'expliquer les changements dans le cadre theorique propose par Lightfoot.

Pourquoi arreter mon choix sur les pronoms personnels sujets? Leur realisation dans les phrases, apparemment irreguliere, m'a intriguee: on devait pouvoir trouver une explication

a

leur compor-tement. C'est le but que je me suis propose d'atteindre.

Le choix des textes fut mon entiere responsabilite. On pourra sans doute le discuter. Certains textes manifestent une influence marquee du latin (i.e. La Passion du Christ). Ils faisaient selon moi, partie integrante de la langue de cette epoque.

Les traductions des textes cites sont dans la majorite les miennes.

REMERCIID-1ENTS

Je desire exprimer toute ma reconnaissance au prof. David

w.

Lightfoot qui a accepte de diriger ce travail, et dont l'interet et _la rigueur intellectuelle m'ont aidee dans la realisation de ce

(6)

0

0

Je tiens egalement

a

remercier prof. G. Piggott qui m'a tou-jours encouragee

a

poursuivre la recherche, ainsi que

M.

Canale et Jean Yves Morin. Les discussions tres interessantes que nous avons eues m'ont permis d'entrevoir certains aspects pertinents

a

!'ana-lyse.

Je profite aussi de cette occasion pour remercier mon mari de sa patience et de son appui.

Je remercie aussi Nicole Provost qui a bien voulu relire avec moi ce memoire.

(7)

ABREVIATIONS DES TEXTES ET OUVRAGES CITES A & N

APF

B Biselavret Chaste1aine de Vergi

= Aucassin et Nieolette •. Ed. par !vi. Roques, 2e ed.

rev. Paris: Librairie Honore Champion, 1969.

=

Mary,

A.

1967. Anthologie poetique franyaise: moyen age. Vol. 1 et 2. Paris: Garnier-Flammarion.

=

Bartseh, Kar1. Chrestomathie de l'aneien franyais. lle et 12e ed. rev. Leipzig: Verlag von F.C.W. Voge1, 1913.

=

Roh1fs, G. From Vul~ar Latin to Old French. translated from the German by V. Almazan, Wayne State Univ. and L. HeCarthy, Univ. of Windsor. Detroit: Wayne State Univ. Press, 1970.

=

La Chaste1aine de Vergi. Ed. by F. Whitehead, Manchester University Press, 1951, 2nd ed.

Eree et Enide

=

Les Romans de Chretien de Troyes ed. d'apres la copie Guiot, Eree et Enide. Pub. par M. Roques

F

Paris: Librairie Honore Champion, 1970.

=

Foulet, Lucien. 1928. Petite syntaxe de l'aneien fransais. 3e ed. rev. Paris: Champion.

H

&

CH

=

Pauphilet, Albert. 1952. Historiens et Chronigueurs du ~oyep Age. Paris: Gallimard

HRF = Historical French Reader l4edieval Period. Ed. by Paul Studer and E.G.R. Waters. Oxford: University Press, 8th ed. 1974.

Jeu de la Feu = Adam le Bossu. Le Jeu de la Feuillee. Ed. par Ernest Langlois, 2e ed. rev. Paris: Librairie Honore Champion, 1968.

Jeu St Nieolas = Jean Bodel. Le Jeu de Saint Nieolas. Ed. par Alfred Jeanroy, Paris: Librairie Ronore Champion, 1966.

M

=

Moignet, Gerard. 1973. Grammaire de l'ancien franxais. Paris: Edition K1incksieck.

(8)

Mystere Adam

p

Roi Artu

Roland

Tristan

=Le ~fystere d'Adam. pub. par Paul Aebischer, Geneve: Librairie Droz, Paris: Minard, 1964.

= Mary, Andre. 1954. La fleur de la prose franxaise. Paris: Editions Garnier Freres.

= La Mort le Roi Artu. Ed. par Jean Frappier, 3e ed. Geneve: Librairie Droz, Paris: M.J. Minard, 1964. = La Chanson de Roland. Ed. par Fernand Angue,

Paris: Editions Bordas, 1969.

= Bcroul. Le Roman de Tristan. Ed. par Ernest ~1uret,

4e ed. rev. par L.~. Defourques. Paris: Librairie Honore Champion, 1974.

Vair Palefroi = Huon le Roi. Le Vair Palefroi. Ed. par Arthur Langfors, 2e ed. rev. Paris: Librairie Honore Champion, 1957.

TEXTES CONSULTES

Histoire Universel1e de la Chine par le P. Alvarez Semedo, Portugais, Lyon chez Hierosme Prost ~~ .DC. LXVII avec Privi-lege du Roy.

Le Roman de Renart ed. pAr Jean Dufournet. Paris: Garnier-Flammarion. 1970

Les romans de Chretien de Troyes, Le Chevalier au Lion (Yvain). ed. d1apres la copie Guiot. Pub. par Mario Roques.

(9)

Co

TABLE DES 1'-IATIERES • • INTRODUCTION. • • • • Notes. • •

.

.

• • • • • • • •

.

.

.

.

. . .

.

.

.

• • • p. 1 • •

.

.

• • • • • • • • •P•

S

CHAPITRE I: Reg1es de dep1acement des syntagmes nonimaux et

1. 1.1. 1.2. 1.3. 1.3.1. 1.3.2. 1.3.2.1. 1.3.2.2. 1.4. 1.4.1. 1.4.2. des adverbes. • • • •

• • • • • • • • • • •P• 9 Les transformations d~ deplacement en fran~ais

moderne. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • p. 9 Les transformations de deplacement des

~;ntagmes

\ nominaux. • • • • • • •

Les transformations de dep1acement des adver-bes. • • • • • • • • • • • • • • • • •

. .

.

Les transformations de deplacement en ancien

fran~ais • • • • • •

.

.

.

.

.

.

. .

.

.

.

.

.

Les transformations de deplacement des NPs • • Les transformations de dep1acement des

Adverbes. • • • • • • • • • • • • • • • • • •

Les adverbes simples. •

.

.

Les adverbes complexes. • • • • • •

P• 9 • p.l2 p.14 p.l5 p.l9 p.l9 p.20 Place des adverbes dans la base. • • • • • • • p.20 Les Adverbes simples. •

Les Adverbes complexes. Notes • • . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

• • • p.20 p.23 p.28 CIIAPITRE II: Les pronom~ personne1s sujets en ancien

2.1. 2.1.1. 2.1.2. 2.2. 2.2.1. 2.2.2. fran~ais. • • • • • • • • • • • • • • •

• •

Observations pre1iminaires. • • • • p.29 p.30 Place des pronoms dans le lexique • • • • • • • p.30 Caracteristiques des pronoms personnels sujets p.31 Les pronoms personnels sujets en ancien

fran~ais. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • p.37 Les propositions principales ou independantes p.38 Les propositions subordonnees introduites par

(10)

2.3. 2.3.1. 2.3.3. 2.3.4. 2.4. 2.4.1. 2.4.2.

Origine des pronoms personnels sujets dans la

base. • • • • • • • p. 42

Propositions principlaes ou independantes

Lntroduites par un OBJET. ~ • • • • p. 44

Propositions principales ou independantes

introduites par un Adverbe. • • • p. 49

Les completives et les relatives introduites

par QUE. • .p. 55

Propositions negatives. • • • • • P• 57 Pronoms personnels sujets

a

l'epoque du moyen

fran<;ais.

Propositions principales ou independantes introduites par un Objet ou un Adverbe • • Les completives. Notes. • • • • p. 63 • p. 65 p. 70 P• 78

CHAPITRE III: Le pronom impersonne1

!! .

.

. .

• • P• 80

3.1. 3.2. 3.3. 3.4. 3.5. 3.5.1. 3.5.2. 3.5.3. CONCLUSION. Analyse de Ruwet. • • • • Observations preliminaires.

.

.

Les construction impersonnelles en ancien

fran<;ais. • • • • • •

• • p. 80

• • • p. 82

• • p. 83

Analyse des constructions impersonnelles en AF. p. 86 Les constructions impersonnelles en moyen

fran<;ais. • • • • • • • p. 91

Verbes exprimant la notion de climat et de temps p.91 Verbes

a

tournures impersonnelles. • • p. 93

Analyse. • • • • • • • p. 97

Notes. p.l04

• •

.

.

• • • • • • p.l06

(11)

I~'TRODUCT I ON

Dane ce travail, nous nous proposons d'etudier le comportement des pronoms personnels sujets et d'impersonnel

! l

en ancien fran~ais. Nous exposerons brievement, dans ce qui suit, les raisons pour les-quelles nous avons adopte la version de la theorie standard etendue (EST dans le reste du texte), telle que developpee par Chomsky (1972, 1973, 1977). La ~rammaire EST comprend le comnosant de base, sous-divise en regles syntagmatiques et lexique, le composant transfor-mationnel, les regles phonolo~iques et les regles d'interpretation semanti'1ue. Le modele de cette gra·mnaire peut etre represente par les schema suivant:

~

Forme

Structure Structure< Logique

-l~ransformationsj-1

profonde superfic. Jtepres.

phonetique

Chomsky (1977:169)

(12)

contraintes, les unes universelles, les autres propres

a

des gram-maires partieulieres. Les transformations se limitent

a

celles de deplacement, de substitution ou d'adjonction d'un element syntaxique Les regles d'effacement de cet element sont de nature differente et elles s'appliquent sur la structure superficie11e de meme que les regles stylistiques. Nous considerons done que le 'output' des reg1es de base et des re~les transformationnelles donne la structure super-ficielle qui est abstraite ear elle 11implique un certain nombre de

proprietes qui n'apparaissent pas dans la forme physique ••• " (Chomsky 1977:130).

Les travaux des dernieres annees, sont tous diriges

a

restreindre le pouvoir descriptif des grammaires. Chomsky (1973) propose des con-ditions universelles sur !'application des transformations. Emonds

(1970, 1976) dans sa theorie de preservation de structure limite les transformations de deplacement

a

deux types: les transformations ra-dicales et les transformations preservatrices de structure. Les trans-formations radicales ne s'appliquent que dans la "racine", c'est-a-dire "sous le noeud S qui n'est pas domine par un noeud autre qu'un

su

(Emonds 1976:2). D1apres cette definition, la 'racine' est soit le

noeud S le plus haut dans le marqueur syntagmatique ex. phrase inde-pendante, ou le noeud S qui est domine par le noeud S le plus haut ex. les phrases coordonnees

(13)

transformationnelle, dans le cas ou une transformation realise plusieurs operations} qui deplace, copie ou insere un noeud C dans une position ou C est directement domine par un S 'racine' dans la structure derivee, est une

trans-formation radicale ( ou une operation transformationnelle radicale)11

(Emonds 1976:3)

Les transformation preservatrices de structure ne deplacent un element que vers une position prevue par les regles de base, et Emonds en donne la definition suivante:

"une transformation ( ou une operation transformationnelle, dans le cas ou une transformation realise plusieurs operations) qui introduit ou substitue un constituent C dans une position dans le maraueur syntagmatique dominee par un noeud

C

est preservatrice de structure".

(Emonds 1976:3)

Emonds considere aussi un troisieme type de regles de deplacement: les regles locales qui deplacent des constituents adjacents dont

2 l'un doit etre non-syntagmatique ( ex. N, V).

D'autres travaux comme ceux d'Aronoff (1969), Halle (1973), Jackendoff (1975) sur la reorganisation du lexique, et ceux de Hornstein (1977) et de Halitsky (1975) sur la Convention X, pour ne mentionner que quelques-uns, demontrent un interet tres vif parmi les linguistes de restreindre le pouvoir descriptif des gram-maires.

La theorie standard etendue, dont nous venons d'esquisser les grandes lignes, nous offre le cadre theorique. Mais quel est le

(14)

CQ

rapport entre cette theorie de gramnaire et les changements syntaxi-ques? Lightfoot (1974, 1976, 1977) presente des arguments en faveur d'une theorie restrictive de gra~aire, car en limitant le pouvoir descriptif des grammaires; on reduit le nombre de grammaires synchro-niques et de ce fait, celui de grammaires successives. Ainsi les

-contraintes posees aux operations syntaxiques, la Convention X, redui-sent les possibilites de changements dans le composant transformation-nel et dete~inent la forme des regles de reecriture. La contrainte de nreservation de structure limite le chamn des changements syntaxi-ques aux pro~ositions radicales.

Dans ses premiers articles sur les changements diachroniques, Lightfoot (1974, 1976, 1977) pro~ose une theorie de changement dans laquelle il incorpore le principe d'Opacite. Ce principe a ete par la suite change pour le principe de Transparence, qui limite le degre d'abstraction entre les structures sous-jacentes et celles de surface. Cependant en 1978, dans son article "Explaining syntactic change", Lightfoot arrive ~ la conclusion qu1une theorie de changement n'est

pas necessaire si le principe de Transparence est incorpore

a

la theorie de graw~aire.

Le but de notre travail est de montrer que le comportement des pronoms personnels sujets en ancien fran~ais peut etre explique independa:nment des causes phonologiques ou semantiques.

Peu de travaux sur !'ancien fran~ais ont ete publies dans le cadre de la theorie que nous avons adoptee. On peut citer celui de

3

J.Y )iorin (1973) sur les clitiques, de M. St-Amour (1977) sur la complem.entation en ancien fran~ais et !'article de Y.CH. ~iorin et H. St-Amour sur les propositions infinitives. Pour l'anglais, on

(15)

peut si~naler les articles de

A.

Carlson (1976), L. White (1977) et

~~. Canale (1978). A notre connaissance, aucun travail n'a &te fait sur les pronoms personnels sujets en ancien fran~ais dans le cadre de la theorie EST. Cependant de nombreux linguistes et grammairiens se sont interesses

a

ce sujet dans le cadre traditionnel.

En fran~ais moderne, le verbe doit etre accompagne d'un nronom

~ersonnel sujet ou de l'impersonnel!! s'il est depourvu d'un sujet nominal. Cette contrainte n'existait· pas

a

l'epoque que nous etudierons. Les travaux publies

a

ce sujet montrent une grande diversite quant

a

!'explication de l'emploi du pronom personnel sujet. Dans les premiers temps, l'usage en est rare, maia son emploi devient de plus en plus frequent pour devenir finalement obligatoire. Comment expliquer ce changement? Certains linguistes comme Foulet (1928), l'attribuent

a

l'obscurcissement,

a

la desorganisation des desinences, Wartburgh (1950), aux exigences riu rythme de la phr~se, Franzen (1939

a

la

tendance

a

exprimer le sujet avant le verbe, 1 'a.gent avant action, car "l'usage se conciliait mal avec 11opinion selon laquelle les pronoms sujets auraient ete accentues dans toutes les positions et avec la these d1apres laquelle !'extension de leur emploi serait due

a

la disparition dans les verbes, d'un certain nombre de desinences ver-bales11 (Franzen 1939:IV) •. Harris (1975) essaie de montrer que l'usage des pronoms personnels sujets etait motive par des causes autres que phonologiques et qu'il a ete necessite par la restructuration. Haiman {1974) dans une retrospective diachronique englobant plusieurs langues i!errnaniques, etend son analyse au pronom i:trpersonnel ! ! ~n

(16)

partant du princi~e que !'ancien fran~ais etait sujet

a

la contrainte de,placer le verbe en deuxieme position dans une proposition, c'est-a-dire comme le deuxieme constituant domine c'est-a-directement par le noeud S independamment du fait que la premiere place soit occupee par le sujet ou n'imnorte quel autre element, comme par exemple, un adverbe, un complement circonstanciel ou une proposition. Haiman demontre comment cette contrainte est directement liee

a

!'interaction des regles et des conditions dont elle est la cible (target).

Avant de proceder a l'etude des pronoms personnels sujets, il nous a paru necessaire de jeter un coup d'oeil sur la lan~ue des premiers textes. Ces textes nous offrent,

a

premiere vue, une diver-site de constructions qui peut paraitre deconcertante. L'ordre des mots dans les propositions semble etre libre, car on rencontre dans

les textes, les constructions suivantes: S - V - 0

S - 0 - V

V - 0 - S

0 - V - S

ADV - V - S

Li empereres out sa raisun fenie.

L'empereur avait termine son discours. Roland v. 193

Li dus la carble esgarde Le due regarde la danse

Chastelaine de Vergi v. 851

Voldrent la veintre li deo inimi,

Les ennemis de Dieu veulent la vaincre Ste Eulalie v. 5 B p.4

Ces paroles oid Saul

e

tus ces de Israel; Saul et tous ceus d'Israel entendirent ces paroles;

Quatre Livres des Rois

P

p.8 et !ores s'envola li oiseaus en une branche. alors l'oiseau s'envola sur une branche.

(17)

L'ancien fran~ais avait-il une typologie bien fixe ou assistait-on

a

une epoque de transition ou des changements annon~ant l'ordre de base du fran~ais moderne se manifestaient deja? Pour pouvoir repondre

a

cette question et avant de commencer l'etude des pronoms personnels sujets, nous sommes oblige de proposer certaines regles transforma-tionnelles. Nous allons done etudier dans ce qui suit quelles regles de deplacement existaient dans l'ancienne langue. Nous verrons dans le chapitre consacre au pronoms sujets quelle influence ces regles avaient sur !'occurrence des pronoms personnels sujets dans les dif-ferentes propositions. Nous terminerons notre etude par un chapitre sur le pronom impersonnel

!!•

(18)

NOTES

1. Chomsky (1977) propose aussi le terme de 11presentation

initiale".

2. Dans le but d'unifier la notation, nous allons employer les symboles anglais:

S

=

P (phrase)

NP

=

SN (syntagme nominal) VP

=

SV (syntagme verbal)

PP

=

SP (syntagme prepositionnel)

Par expression 11structure de surface" nous entendons la structure obtenue apres !'application des regles stylistiques.

3. Nous avons pris connaissance de ce memoire de mAitrise apres avoir termine notre etude.

(19)

CHAPITRE I

REGLES DE DEPLACEHENT DES SYNI'AG!>tES NOMINAUX ET DES ADVERBES

Dans ce chapitre, nous allons tout d'abord examiner les regles de deplacement en franGais moderne, pour ensuite etudier quelles sont les reg1es de denlacement que l'on peut postuler pour !'ancien franGais.

1. Les transformations de deplacement en franGais moderne suivant les analyses faites par Kayne, Dubuisson, Goldsmith, Schlyter 1.1. Les transformations de deplacement des synta~mes nominaux

Kayne dans son livre "French Syntax" (1975) et dans son article de 1973, distingue deux regles de deplacement des NP-sujets: l'une qu'il designe sous le nom de "Subject-Clitic Inversion Rule", et l'autre sous le nom de "Stylistic Inversion Rule" (Regle d'lnversion de Clitique sujet et Regie d'Inversion stylistique).

La regle d'inversion de Clitique sujet s'apnlique dans les inter-rogatives; elle deplace le sujet clitique

a

droite du verbe et Kayne lui donne la formulation suivante:

(1) X

CNP _]

SCL. +Q V ---;; X + Q NP [_YJ V+ SCL (Kayne 1973:150)

Le clitique sujet est introduit dans la base en meme temps que tous les NPs par une regle que Kayne formule comme suit:

(2) NP --~) NP' SCL

NP' ~ Det NP

COMP

(Kayne 1973:131)

(20)

par-tira-t-il?"; la re~Sle d'Inversion Stylistique:

(3) S [ Wll

(que) NP X

I

S

~

s

lA..·

(que)X

NPls

L:!H

-

I

(Kayne 1973:150)

proposee par Kayne est sensible

A

!'element Q, done differente des Regles Stylistiques d'Emonds:. La regle d'inversion stylistique rend compte des phrases comme:

(4) Voila ce que dira ton amie.

(Kayne 1975:.88, ex. 84)

D'apres Kayne ees deux regles sont necessaires en fran~ais moderne, ear le comportement des clitiques sujets est different de celui des NP

sujets. (Voir Kayne 1975:81-92 pour plus de details).

Une etude tres interessante sur le deplacement des NP-sujets a ete faite par Dubuisson (1975). Sous le titre "Les Transformations de

Deplacements de Constituants Stables" (p.74 et suivantes), elle etudie les differentes transformations du fran~ais comme par exemple le Passif, l'Extraposition du Sujet dans les constructions avec faire et laisser, ainsi que les transformations qui nous interessent particulierement, c'est-a-dire celles qui deplacent les syntagmes nominaux comme: l'Extra-position du sujet dans les interrogatives et les relatives avec que, la Post-position du Sujet et les Extrapositions Emphatiques. D'apres son analyse, les premieres sont preservatrices de structure, les autres ne le sont pas.

Dans les propositions interrogatives, elle distingue dans les Extra-positions du sujet:

a. les inversions du sujet b. les post-positions du sujet.

(21)

a. "L'inversion du SN sujet est toujours possible lorsqu'il

n'y

a pas d'objet direct (soit qu'il soit deplace, soit qu'il soit tout simple-ment absent de la structure) et le sujet deplace prend la position de l'objet" (Dubuisson 1975:96).

La transformation d'Inversion du Sujet est preservatrice de structure. b. La transformation de Post-position du

Sujet,~ejette

le suje.t en posi- \ tion finale et d'apres Dubuisson, elle n'est ni radicale, ni preserva-trice de structure. Nous reproduisons son exemple No. 39, p •. 98, qui illustre bien son analyse:

"Aqui ecrit une lettre le garc;on dont tu m'as parle" mais "A qui ecrit ton frere une lettre aujourd'huiu.

L'inversion du Clitique Sujet n'est pas une transformation necessaire car, se basant sur.une suggestion de Yves Ch. Morin, Dubuisson propose de·la considerer simplement comme·un phenomene d'accord du verbe et des regles d'effacement. Ce~endant elle n'elabore pas cette proposition.

Apres avoir etudie les extrapositions du sujet dans les interroga-tives, elle continue son etude sur d'autres transformations de deplace-ment de constituants stables comme: les Extrapositions Emphatiques et les Inversions du ~~ sujet et de l'Attribut. D'apres son analyse, les Extrapositions Emphatiques ayant pour but la mise en relief d'un des constituents ne sont ni radicales, ni preservatrices de structure.

Elles deplacent le 1\'P en position finale, position qui n'est pas prevue par les regles de base; done elles ne sont pas preservatrices de struc-ture. Elles ne sont pas non plus radicales, car elles ont lieu aussi bien dans les principales ou les independantes que dans les proposi-tions enchassees. Ces transformaproposi-tions sont en plus facultatives et ne peuvent avoir lieu que dans le cas d'un sujet long, et apres

(22)

l'ante-position de certains adverbes. Quant

a

la transformation d'Inversion du NP sujet et de l'attribut, elle n'est pas non plus preservatrice de structure.

Ainsi dans son travail, Dubuisson a essaye de montrer que les contraintes de preservation de structure telles que formulees par Emonds pour les transformations de deplacement des NPs en anglais, ne sont pas adequates pour le fran~ais moderne. De plus, elle arrive

~ la conclusion qu'en fran~ais, il n'y a pas de transformations ra-dicales.

Goldsmith (1975) etudie le cas des verbes laisser-faire et, apres une analyse interessante, propose une regle de deplacement de NP qui rend compte des constructions causatives et qui est formulae comme suit: (5) fa ire 1 1 NP- X- A 2 3 4 2 (Goldsmith 1975:34)

Il mentionne aussi qu'en fran¥ais, il y a d'autres regles de deplacement des NPs, comme celle, par exemple, d'Extraposition du Sujet, dans laquelle le sujet peut prendre la place de l'objet

a

condition que cette position soit vide. Cependant, il remarque que le deplacement des NPs cause des problemes pour la theorie des traces et celle de preservation de struc-ture.

1.2. Les transformations de deplacement des adverbes

Apres une etude exhaustive du systeme adverbial du fran~ais,

Dubuisson (1975) arrive

a

la conclusion que l'hypothese d'Emonds "voulant qu'il n'existe que deux types de transformations de deplacement, les

(23)

transformations radicales et les transformations preservatrices de structure n'est pas valable pour le franc;:ais.11 (o.c. p.73). Les

adverbes qu'elle designe sous le nom "d'elements mobiles" sont divises en quatre classes et dependant de la classe

a

laquelle ils appartiennent, ils sont engendres soit sous S,S ou VP. Les regles de base qu'elle

propose sont comme suit:

(6) ADV de la classe 1 et 4 sv~

v

(ADV)

...

(o.c.:26, regle 22) (7) ADV de la classe 2 p --~) SN

sv

(ADV) (o.c.:31, regle 33) (8) ADV de la classe 3 P _____. (ADV} P (o.c.:33, regle 40)

Plusieurs regles de deplacement rendent compte des positions des adverbes en structure de surface. Ce qui nous a surtout interesse dans son

analyse, c'etait la position de base des adverbes en fran<;ais moderne. Schlyter (1974) propose que les positions de base pour les adverbes sont comme suit:

(9)

s

ed P

~

ADV VP PP

~

V ADV NP

Se basant sur !'analyse de Keyser (1968), elle propose que la Convention de Transportabilite distribuera ensuite, en surface, les adverbes parmi

(24)

0

les noeuds soeurs,

A

condition que ce noeud soit vide. Schlyter

consi-dere que la Convention de Transportabilite fait partie des regles stylistiques. Dans son analyse des adverbes, elle distingue trois spheres de deplacements:

Sphere de l'Adverbe de Phrase Sphere de 11 Adverbe de ~taniere

Sphere de l 1Adverbe verbal.

La conclusion generale que l'on peut tirer de differentes analyses est la suivante:

1. Les transformations de deplacement sont differentes pour les NPs et les ADVs.

2. Pour les NPs, il faut distinguer les Transformations qui deplacent le NP sujet dans le cas d'lnversion du

NP

1 de

celles qui deplacent le NP sujet pour les raisons d'emphase. 3. Les transformations de deplacement des adverbes et les

transformations d'emphase sont facultatives.

1.3. Les transformations ne deplacement en ancien fran~ais et moyen franc;ais.

Apres avoir examine brievement les transformations de deplacement en franc;ais moderne, nous devons maintenant essayer de voir quelles transformations on peut.. proposer pour !'ancien fran~ais. Est-ce Qu'on doit aussi faire la distinction entre les transformations des "consti-tuants mobiles" ou Adverbes, et celles des 11constituants stables" ou NPs? Co%~e cette etude depasse le cadre de notre travail, nous allons nous limiter

a

une analyse generale qui cependant est essentielle

a

!'explication du comportement des pronoms personnels sujets. Nous

(25)

commencerons par les transformations de deplacement des NPs, et etudierons ensuite celles des Adverbes.

1.3.1. Les transformations de deplacement des NPs

En ancien fran~ais, la postposition du sujet nominal est une des regles les mieux etablies de la syntaxe de cette enoque. Ce deplacement a lieu dans les cas suivants:

a. La phrase est introduite par une OBJET DIRECT ou INDIRECT (10) L'anima reciut Domine-Deus;

Dieu re~ut son ame;

St Leger v. 154 HFR p.~3

(11) Treis des ~eillors destriers qui en sa eitet sont

pre~net li reis demain,

Le roi prendra demain trois des meilleurs destriers qui sont en ville,

Pelerinage de Charlemagne v. 61-2 B p.37 (12) Ces paroles oid Saul e tus ces de Israel.

Saul et tous ceux de Israel entendirent ces paroles Quatre Livres des Rois P p.l7

Le sujet est postpose aussi bien dans la poesie que dans la prose. Dans les propositions ou on aurait du avoir la presence du pronom personnel sujet, l'ODJET prend presque toujours sa place, co~me le montrent les exemples suivants:

(13) La labia li restaurat: Il lui rendit la parole:

st Leger v. 97 (14) La destre aurelia li excos.

HFR p.31

Il lui arracha l'oreille droite.

Pass. Christ v. 44 B p.7

La question qu'on peut se poser est la suivante: est-ce-qu'on peut dans ces cas proposer l'ordre de base SOV ou SVO? Dans le premier cas on aurait une re~le de Postposition du ~~-sujet ou une re~le de

(26)

·CC

Deplace,.,ent du VP vers la gauche. Toutes les deux ne sont pas pre-servatrices de structure: (15) a. NP 1.\illObjet V Nom

j'

I

ou (15) b. NP [NPObjet

vJ

VP

t

Nom I

Dans le deuxieme cas, on a Deplacement

a

droite du

NP

sujet ou simple-ment une Regle de Permutation:

(16) a. l\~om (

1'

V

~-pObjet

I

1

ou

(16) b.

v

~om

V NPOb" t

---~t

Je

A

la lumiere des exemyles cites, on pourrait envisager l'ordre de base

ovs

et les regles syntagmatiques:

(17)

s_..VP

VP____.NP

NP

NP V

Cependant comment devrait-on analyser ~a phrase suivante: (18) A s'amosniere mist Guillaumes sa main,

ou encore:

Guillaume ~it la main dans son aumoniere, Aliscans v. 248-9 B p.59

(19) Li quens Rollant fut noble guerrer, Le comte Roland etait un noble guerrier,

Roland v. 2066

(20) danz Alexis l'esposat belement,

Seigneur Alexis l'epousa gentillement, St Alexis v. 48 B p. 17

Cependant c'est l'examen des completives qui nous donnera l'argu-ment pour choisir un ordre de base. Dans ce tj~e de pronositions,

(27)

nous ne se:nblons pas avoir rencontre de constructions ayant la structure:

(21) li- que NP2 - V

..

ou NP1

=

sujet nominal et NP2

=

objet La structure habituelle est:

(22) que

Si l'on accepte le principe selon lequel les chan~ements se font d'abord dans les propositions radicales pour ensuite penetrer dans

la langue, il en resulte que 1 'ordre predominant

~rerait

SVO. Prtncipe qui decoule de l'hypothese de preservation de structure. Nous pro-posons done, une premiere approximation de regles de ba~e:

(23)

s

s

VP :----~) COi\lP ---+) NP VP --~)V (NF)

s

(NP)

Nous avons aussi rencontre des constructions du type:

(24) que f\'P2 - V X

ou X~NPi, comme le montrent les exemples suivants qui se caracte-risent par l'absence du pronom s~jet:

(25) Tant le blandi e losenja que s•aventure li cunta Elle le flatta et loua tant qu'il lui raconta son aventure.

Bisclavret v. 60-1

(26) Co sent Rollant aue s•~spee li tolt. Roland sent qu'il lui prend son epee.

Roland v. 2284

Dans

le cas d'un sujet nominal, an a l'habitude de le placer apres la conjonction de subordination:

(28)

(27) D'iloc alat an Alsis la ciptet Pur une imagine dunt il oit parler qued angeles firent por ctwandement De 1~, il s'en alla

A

Edesse

a

cause d'une image dont il entendi que lea anges fi~ent par l'ordre de St Alexis v. 86-7 HFR

Deu parler Dieu p.37

Pour le moment, on peut faire la constatation suivante: il existe une re~le de deplacement de NP et suivant l'ordre de base qu'on a-dopte, elle deplacerait le N~-sujet anres le V, ou elle serait une une transformation d'Inversion Sujet-Objet semblable

a

celle d'in-version Attribut-Sujet qu'on rencontre tres souvent dans l'ancienne langue:

(28) Halt sunt li pui e li val tenebrus,

Les monts sont hauts, les vallees tenebreuses, Roland v. 814

Nous laissons de cote les propositions relatives oui presentent un cas special, bien qu~ nous serons oblige de les etudier, meme tres sommairement, au moment des Pronoms-Sujets.

b. Les Interrogatives

Dans les interrogatives directes le sujet nominal est deplace

apres le verbe:

(29) Est morte m'amie?

Mon amie est-elle morte?

Chastelaine de Vergi v. 872 (30) Amis, beau frere, est Orange si riche?

Ami, cher frere, Orange est-elle si riche? Prise d'Orange v. 267 M p.359

Dans les premiers textes, nous n'avons rencontre aucun exemple {sauf erreur de notre part) d'inversion complexe. L'exemple d'inversion complexe semble dater du XIIIe siecle:

(29)

(31) me siet il bien li hurenius? Cette coiffure me va-t-elle bien?

Jeu de la Feu. v. 590

1.3.2. Les transformations de deplacement des Adverbes1

Comme les adverbes simples et les adverbes complexes, i.e. les complements circonstantiels, certaines subordonnees telles que les temporelles, les hypothetiques, jouent un role important dans la structure des phrases en ancien fran~ais, nous nous proposons d'etu-dier leurs differentes positions dans les phrases et d'essayer de formuler leur place dans la base.

1.3.2.1. Les adverbes simples

Par ces adverbes, nous entendons:

a. les adverbes qui modifient toute la phrase b. les adverbes qui modifient le N, le V, l'Adj.

ou un autre adverbe.

Dans les adverbes de la classe "a", nous allons considerer tout d'abord ceux qu'on rencontre le plus souvent en tete d'une phrase comme:

Les adverbes de temps:

12!!,

~' (a)dont,

i!•

~' ensois, avant, anres, ~· si, (quant), etc.

Les adverbes de lieu: ~'

la,

enqui, ~' ileuc, pres, loinz, ~' delez, etc.

Dane les adverbes de la classe "b", nous etudierons ceux qui modifient le Verbe comme: ~' ~' assez, melz, plus, (par). Nous avons constate oue ces adverbes, surtout ~' modifient un autre adverbe, un adjectif ou un substantif:

(30)

0

mult malement

=

tres nal mult lez

=

tres content

mult amet

=

tres grande amitie 1.3.2.2. Les adverbes complexes

Dans cette classe d'adverbes peuvent entrer tous les comple-ments circonstantiels de la grammaire traditionnelle ainsi que cer-taines propositions circonstancielles de temps, de but, les propo-sitions causales, hypothetioues;

(32) Entre le dol del pedre e de la medre vint la pulcele qued il aout esnosede:

Et tandi~ que le pere et la mere menaient le deuil vint la pucelle qu'il avait epousee:

St Alexis APF p.22

(33) Et por ce gu'il ne pueent mie assembler

a

leur volonte quant vos i estes,est Lancelos remes, qu'il n'ira pas au tornoiement de Wincestre; C'est parce qu'ils ne peuvent pas se voir

a

leur gout quand vous y etes, que Lancelot est reste et qu'il n'ira pas au tournoi de Winchester.

Mort Artu 6:15-6-7

1.4. La place des Adverbes dans la base

Nous avons presente ci-dessus les positions que peuvent prendre les adverbes dans les phrases; nous devons maintenant examiner quelle position ils avaient dans la base. Nous allons commencer par les Adverbes simples.

1.4.1. Les Adverbes simples

Parmi les adverbes de cette classe, nous considererons tout d'abord les adverbes QUi introduisent toute la phrase et qu'on pour-rait aussi anpeler les adverbes d'introduction ou de jonction. Ces

(31)

adverbes etaient-ils engendres par les regles de base en position initiale? L'examen de leur realisation en surface, nous amene

a

postuler une regle synta~matique qui peut etre formulae comme suit:

(34)

s

--+) (ADV) NP VP

car ces adverbes dont l'usage est tres frequent, entrai~t l'inver-sion du sujet nominal comme le montrent les exemples suivants:

(35) dune escrided Jhesus granz criz; Alors Jesus poussa des grands cris;

Pass. Christ v. 198 B p. 9

(36) la sist 1 i emperere sur un cuisin vaillant-La l'emnereur est sur un coussin tres riche

- Pelerinage de Charlemagne v. 31 HFR p.54 (37) Or ad li guens endreit sei asez que faire.

Le comte, pour sa part, a alors bien

a

faire. Roland v. 2123

(38) si li envoia Dieus un angle en semblance d'un oisel Dieu lui envoya un ange en semblance d'un oiseau

M. de Sully P p. 20 {39) Puis unt paien Guiot environe,

Puis les paiens ont entoure Guiot,

Chan~un de Rainoart v. 62 HFR p. 64

Pour ces phrases, on peut considerer que le marqueur initial est:

(40)

s

ADV NP VP

Une transformation deplacerait le NP-sujet

a

droite du verbe ou on peut aussi proposer une transformation qui deplacerait le verbe ayant le trait~ temp~ en deuxieme position. Cette transformation serait sensible

a

!'element ADV et pourrait avoir une premiere for mulation comme suit:

(32)

0

(41) ADV X V y

temp~

1 2 3 4

>

1 + 3 2

0

4

Cette transformation, que nous a~pellerons V/2 , 2 nous a ete sugge-ree par Jean Yves Morin (communication personnelle). Canale (1978)

propose une transformation de deplacement du verbe qu'il nomme

"V Seconding11 (n.91), et qui est responsable des suites XV dans les propositions radicales en ancien anglais. 11 ajoute cependant que cette position du verbe peut aussi etre derivee par d'autres regles transformationnelles.

Nous verrons par la suite si la formulation de notre regle (41) est adequate; pour le moment, nous admettons !'existence d'une telle regle. Elle n'est pas preservatrice de structure, car il n'y a pas de re~le de base:

(42)

s

-~) ADV V

independa~1ent motivee. Elle semblerait done une regle radicale comme le montrent les exemples ci-haut mentionnes.

La regle syntagmatique (34) semble etre celle qui rend le mieux la position de ces adverbes dans la base, car nous rencontrons aussi cette position dans les propositions enchassees:

(43) que ~ n'avrat amfant

que jamais n'aura d'autre enfant

St Alexis v. 36 HFR p. 35 (44) qui ~ nos vout trair,

qui veut nous trahir aujourd'hui, Tristan v. 348

(33)

0

leur position de base pouvait etre soit sous le noeud V, soit X, ADV ou ADJ:

(45) ADV V ADV N ADV

ADJ

ADV ADV

1.4.2. Les Adverbes complexes

Les adverbes de cette classe semblent etre beaucoup plus mobi-les. Nous avons constati que ces Adverbes se trouvent en finale sur-tout si la place du premier adverbe est occupee par un adverbe simple. Cependant on trouve des exceptions:

(46) Sur l'erbe verte nuis l'at suef culchet. et l'a couche mollement sur l'herbe verte.

Roland v. 2175

Les constructions suivantes sont les plus usuelles: (47) Or fu Guillaumes ens el tertre montes;

Maintenant Guillaume monta sur le tertre; Aliscans v. 1 B p. 55 (48) Ensi est la chace atornee

a l'andemain, a l'anjornee.

Erec

& Enide

v. 67-8 (49)

12£!

ist r\miles trestouz abandonnez

hors de la chambre, en la sale est entrez, alors Amile sort de la chambre abandonne de tous, et il entre dans la salle

Ami et Amile v. 36-7 B p. 52 Pour ces adverbes~ nous proposons une regle de base:

(51) VP _ __,.) (ADV) V (NP) (NP)

Ainsi pour la phrase (47), le marqueur initial serait:

(52)

s

NP VP or

1

Guillaumes

~~

~---~'

I

N

(34)

Apres l 1al>plication de la re~le V/2, nous obtenons le resultat

correct. Certaines phrases que nous avons rencontrees dans les textes pourraient poser,

a

premiere vue, des problemes

a

la gram-maire que nous proposons relativement

a

la place des Adverbes dans

la base. Nous allons considerer les phrases suivantes et voir quel-le analyse on peut presenter.

(53) sour toz ses pers l'amat li emperedre.

L'empereur l'aimait par dessus tous ses compagnons. St Alexis v. 18 B p. 17

(54} Quant son aveir lour at tot departit, entre les povres s'assist danz Alexia;

St Alexis v. 96-7 B P• 18 Le marqueur initial pour {53) peut etre:

(55)

~rr---< ADV) NP

---~

~··~.2>-.

t ·

~

s~s

l'amat

Une regle que nous designons sous le nom1Adverbe

a

gauche' et qui est formulee comme suit:

(56) ADV X A.DV

1 2 3

opt>

3 2 ~

no us donne:

(57)

[Gour

toz ses

pe~

Ui

empered!:!l

[!•am~

ADV NP VP

s

La regle V/2 s'applique et nous donne la phrase grammaticale. En proposant cette derivation, nous admettons que la regle 1Adverbe

(35)

A

gauche' est preservatrice de structure. L'exemple (54) peut avoir la meme derivation.

On peut aussi proposer une autre analyse qui nous donnerait egalement le risultat correct: la Postposition du

(58)

I

CPanz Alexi;} [[entre

l~s

povre:;j

SLiP

I

VP ADV

Cette regle peut a voir la forme suivante:

(59) X NP V

NP

y 1 2 3 4 5 1 ~ 3 2 5

NP:

G•assisi'] V

>

La re~le de Postposition de NP est differente de la rer,le d'inversion du NP-sujet qui le rattache sous le noeud V. Pour le moment, nous ne pouvons decider quelle analyse est plus adequate: celle qui dipla-ce le Verbe, ou dipla-celle de Postposition du sujet. Nous constatons

simplement que les deux re~les nouvaient exister.

On peut aussi proposer que tout le VP soit deplace

a

gauche:

(58) NP VP

par une transformation de deplacement de VP.

Cependant, comment doit-on analyser les phrases suivantes: nous re-produisons l'exemple (46) dont la numirotation devient (59) et ajou-tons (60):

(59) Sur l'erbe verte puis l'at suef culchet. et l'a couche mollement sur l'herbe verte.

Roland v. 2175

(60) Cuntre sun niz puis!.!, l'ad enbracet;

puis il l'a pris dans ses bras contre sa poitrine; Roland v. 2174

(36)

0

Nous avons prouose que les Adverbes ne peuvent se deplacer que sous un noeud vide. Ces exemples semblent infirmer notre proposition. Cependant dans cescas, nous pouvons presumer qu'il s'agit d'une transformation radicale que Emonds (1976) nomme "The COHP Substi-tution Rule" et qui est une moyen elegant de resoudre ce probleme. Ainsi, on peut prouoser pour (59):

(SO)~[

J

l[

puis

J

~~L

[_sur l'erbe

ver~

LV

l'at suef

cultch~~~

co\rp

L

'Anv

NP VP . .\DV

~

s

f-___

s

__________________

~

Apres !'application de la regle de "Substitution de C0)1.P11, nous

obtenons (60)b:

(60)b.

l

[iur

s

1 • er be vert_;) l_pui'!l [iij [} 'at suef culch!!jl ADV NP VP

Le pronom 'il' est efface

a

un moment donne de la derivation, comme nous le verrons dans· le Chapitre II. Notre etude sur les Adverbes n'est pas complete et notre classification peut paraitre tres

super-ficielle, mais notre but principal etait de montrer quelles posi-tions dans la base pouvaient avoir les Adverbes

a

l'epoque que nous examinons. Il s'ensuit qu'il est tout

a

fait plausible d'adopter pour les Adverbes, les regles de reecriture suivantes:

(61)

s

--~ CONP

s

s

) (ADV)

.

VP ) (ADV) • • •

V

- >

(ADV)

.

Nous constatons aussi que l'ordre de base SVO n'est pas encore

.

bien ancre et que le passage se fait par l'intermediaire de la

(37)

construction XV ou X neut etre un NP ou un ADV.

Dans le chapitre suivant, nous allons etudier !'influence de ces transformations de deplacement (i.e. 'Adverbe

A

gauche', V/2, Postposition du NP etc.). sur !'occurrence des pronoms personnels sujets. Nous commencerons par des observations generales sur les Pronoms personnels sujets pour ensuite proposer une Grammaire qui rendra compte de leur realisation dans les differentes construc-tions.

(38)

NOTES

1. Nous considerons seulement les adverbes sans pause. Il semble que les adverbes avec pause n'influen9aient pas !'elision du Pro-suj. ou !'inversion du !'inversion du sujet nominal.

2. Nous empruntons cette abreviation ~ Haiman (1974) 3. Le noeud ADV n'est pas terminal, il peut se reecrire:

(39)

CHAPITRE II

LES PRONOMS PERSONNELS SUJETS EN ANCIEN FRANCAIS

Nous avons vu dans le premier cbapitre que certaines transfor-mations comme celles de deplacement des syntagmes nominaux, des adver-bes ou du syntagme verbal, ou leur interaction produisaient une structu-re de surface dans laquelle le verbe se trouvait en deuxieme position dans la phrase. Nous avons aussi remarque !'omission du pronom person-nel sujet dans les cas oii la proposition etait introduite par un objet, un adverbe ou un autre element.

Dans ce chapltre, nous allons e~sayer de montrer que la presence 'physique' du pronom personnel sujet dependait de la structure synta-xique de la phrase, du changement de plus en plus accentue vers un· ordre de base SVO plus 'rigide'.

Nous commencerons notre etude par des observations preliminaires sur la nature et le comportement des pronoms personnels sujets et leur occuuenee dans les differentes propositions. Ces observations seront suivies d'une analyse dans laquelle nous proposerons une grammaire qui rendrait compte du phenomene de la realisation ou de !'absence du pronom personnel sujet dans les phrases. Pour le besoin d'exposition nous avons divise arbitrairement notre expose en deux epoques: celle se situant entre le IXe et XIe siecles que nous avons designee comme ancien franqais (AF), et celle allant du XIIe au XIVe siecle que nous considerons com.me moyen fran<;ais

(MF).

(40)

2.1. Observations prelirninaires

Dans les textes etudies et qui nous ont se~ble ltre representa-tifs de l'ancienne langue, les pronoms personnels sujets (Pro-suj. dans la suite du texte) n'apparaissent que sous une seule forme, c'est-a-dire qu'on ne trouve pa~comme c'est le cas des pronoms dits de re-gime, une serie de formes fortes:

!2!,

toi, ~' ~ et une de formes faibles: ~' ~'

!!•

!i

et leurs formes correspondantes du pluriel. (La troisieme personne distingue les genres).

Le paradigrne des Pro-suj. se presente comme suit: Sll\"Gl.i'LIER PLURIEL lere pers. jo, (je), gie, jou nos (nous)

2e pers. tu VOS (vous)

3e pers. masc. il (el) il

fern. ele (elle) eles

2.1.1. Place des pronoms dans le lexique

Chomsky (1972) dans son article "Remarks on Nominalization", pro-pose une reorganisation du Lexique qui ne peut plus ignorer la morpho-logie ni les relations entre les mots. Ces relations relevaient aupa-ravant du domaine transformationnel. Bien qu'il ne presente aucune theorie bien definie de la morphologic, Chomsky demontre qu'il est ne-cessaire de reorganiser le Lexique afin de rendre compte de certaines similitudes entre les mots et de ce fait alleger le composant transfor-mationnel et restreindre le pouvoir expressif des grammaires. Il en resulte que les faits de derivations relevent des regles de redondances internes du Lexique; quant auxfaits de flexion, selon certains linguis-tes comme Aronoff (1974), ils relevent des regles de reecritures et des transformations. Cependant Halle (1973) et Jackendoff (1975) proposent

(41)

0

de les inclure dans le Lexique. Dans la theorie presentee par Halle, le paradigme entier est insere par les reglcs d'insertion lexicale, et les regles d'accord (Rules of concord) ont la fonction de filtrer les formes correctes. Nous assumons aussi que le Lexique contient les re~les de mor~hologie flexionnelle, mais nous proposons !'insertion d'une seule forme. Les regles d'accord et de redondance morphologi-ques assureront la realisation de la forme correcte. Le Lexique

con-tient done une liste des pronoms personnels sujets, et ils sont entree comme des entites lexicales avec les traits qui les caracterisent. 2.1.2. Caracteristiques des pronoms personnels sujets

En examinant les textes, nous avons remarque certaines caracte-ristiques qu'on ne rencontre plus en fran~ais moderne. 11 semble que le Pro-suj. jouissait d'une certaine independance vis-a-vis du verbe, car on trouve entre le Pro-suj. et le verbe d'autres elements que: (ne) - (Cl) - (en) - (i ou

y).

Cette independance a ete d'ailleurs remarquee par de nombreux grasnmairiens et linguistes (Foulet, Franzen, Moignet). Il nous a paru necessaire de voir quels etaient ces elements et de les presenter dans cet expose. Pour la presentation, nous nous sommes bases sur les travaux de Franzen (1939), Moignet (1973) et de Kayne (1975:83 et suivantes). Nous insistons sur le fait que pour le moment nous presenterons les phrases telles qu'elles apparaissent dans les textes et nous n'essayerons pas de voir quelle en etait la structu-re interne, ni d'en faistructu-re une analyse.

a.- On peut avoir entre le Pro-suj. et le verbe, un adverbe aussi bien dans les principales que dans les subordonnees:

(42)

(1) Qui done fud miels et a 1ui vint Il voluntiers semper reeuit;

Il requt aussitot et avec plaisir

eelui qui etait mauvais et qui venait vers 1ui. St Leger v. 45-6 HFR p. 29

(2) Ela molt ben. sab remembrar de soa earn cum deus fu naz. Elle se souvint tres bien que c'est de sa chair que dieu fut ne.

Pass. Christ v. 21?-18

n

p. 9 (3) Vait par les rues, dunt il ja bien fut eointe,

11 va par les rues qui lui etaient deja familieres' St Alexis v. 212 HFR p. 42

(4) Jo si nen ai filz ne fille ne heir; Je n'ai ni fils, ni fille, ni heritier:

Roland v. 2744

(5) Se il bien ne nous mainent et a grant sauvete et l'eue ne nous mostrent, ars seront et vente. • S'ils ne nous conduisent pas sains et saufs et l'eau ne nous montrent, ils seront brules.• et leurs eendres seront jetees au vent.

Roman d'Alexandre v. 83-4 lWR p. 110 (6) ••• mes se je ainz rien soi,

Ceste justise durra poi •

••• mais il est bien certain a mon avis, que ee ehatiment sera de courte duree.

Tristan v. 1167-68

b.- Entre le Pro-suj. et le verbe, on peut avoir un substantif:

(7) ele eolpes non auret, por o nos coist.

Elle n'avait aueun peehe, done elle ne brula point. Ste Eulalie v. 20 B p. 4

(8) Quant il de rien ne me conforte,

Quand i1 ne me console d'aueune maniere Eneas v. 177 HFR P• 85

e.-

Le Pro-suj. peut avoir la fonetion d'attribut: (9) Dune n'iest tu gie et ge sui~?

N'es-tu pas moi, et moi, ne. suis-je pas toi? Eneas v. 4943 M. p. 129

(43)

0

d.- Le Pro-suj. peut etre modifie:

(10) Il meisme la dame meine, Il conduit lui-meme la dame,

Roman de Thebes v. 119 (11) Si je meimes ne le di ••••

Si je ne le dis pas moi-meme ••• Cliges v. 993

(12) Car il dui sont bien d'un eage,

HFR p.75

Car tous les deux, ils sont du mcme age, Roman de Thebes v. 99 HFR p.74 (13) Une nuit il troi s 1assalerent,

1 au tresor vinrent, si l'emblerent;

St Nicolas v. 53-4 (14) Je, touz armez, alai parler au roy

et le trouvai tout arme seant sur une forme.

Histoire de Saint Louis XXXVII H

&

CH p.237 (15) Mes ne dotez mie qe ge ausi volenteive n'en soie

conme i l seroit;

~lais ne pensez pas que j 'en ai envie autant que lui; Roman de Lancelot v. 237 HFR p.l58 e.- Une relative peut etre introduite par un Pro-suj.:

(16) Et je, gui ongues ne li menti,

li respondi que je en ameroie mieus avoir fait trente qu'estre mesiaus.

Et moi, qui ne lui a jamais menti, je lui ai repondu que j 1aurais prefere en avoir fait trente

(peches) que d'etre lepreux.

Histoire de Saint Louis IV H

&

CH p.206 (17) Je qui ensi paroi1 a toi

sui fille ton seignor le roi. :'>1oi, qui te par le ainsi,

je suis la fille de ton roi.

Narcissus v. 673 M p.128

f.- Le Pro-suj. peut etre conjoint avec un substantif en fonction du sujet ou un autre Pro-suj.:

(18) "Bel sir nies, e jo e vos i irum.

"Beau sire neveu, nous irons, toi et moi Roland v. 881

(44)

0

(19) Li nain ert ivres, li baron un jor le mistrent a raison

que ce devoit que tant parloient, il et li rois, et conselloient.

Un jour ou le nain etait ivre, les barons engagerent~ tebnversation avec lui: ils

voulaient savoir ce que le roi et lui pouvaient se dire si longtemps et en prive.

Tristan v. 1311-14

(20} Quant je et mi chevaliers venimes hors de l'ost aus Sarrazins, nous trouvames •••

Lorsaue mes chevaliers et moi, nous quittames le camp et nous arrivames pres de Sarazins, nous ••

Histoire de St Louis XLVI H

&

CH p.249 (21} qu'il et leur oir seront a tous jours mais cuivert.

qu'eux et leurs heritiers seront pour toujours reduits en esclavage.

(22)

St Nicolas v. 246

••• s'il avenoit que je et li senator de Ro~~e cheissent el servage d'un seul home •

••• s'il arrivait que les senateurs de Rome et

moi, nous tombions sous l'esclava~e d'un seul homme. Li Fait des l1omains v. 143-4 HFR p.l63 g.- Le Pro-suj •. peut etre inverse dans les propositions affirma-tives:

(23} fid aut il ~rand et veritiet,

Il avait la foi profonde et possedait la verite, St Leger v. 34 B p.lO

(24) qu'el lor dissest per pura fied, si vers Jhesus fils deu est il. qu'i1 leur dise en veriti s'il est Jesus, fils de Dieu.

Pass. Christ v. 63-4 B p.7 (25) De ce soient il toz certains,

Se il n'os laisent en present, Qu'ils soient tous eertains,

que s'ils ne vous lachent pas immediatement, Tristan v. 1242-3

(45)

c

(26) Il est marid e tu sa mullier:

Il est le mari, et toi, tu es ton epouse: r·iystere d' Adam v. 34

(27) - e jo od vos, ~o dist li quens Gualters. - Et moi avec vous, dit le comte Gautier.

Roland v. 800 (28) Se il sentist ce que ge sent,

Qu'il amast mei com ge lui, Ne partisson jamais andui.

S'il ressentait ce que je ressens, Et s'il m'aimait cornme je l'aime, Nous ne nous serions jamais ouittes.

Eneas v. 184-6 HFR p.86

i.- Dans les interro~atives directes, le Pro-suj. peut etre separe du verbe:

(29) Envoierai li dont je? Naie. L'enverrai-je? Non.

Vair Palefroi v. 856 (30) Purrum i nus dureir?

Pourrions nous y demeurer?

Mystere d'Adam v. 87 et il n'apparait pas dans !'inversion du NP sujet:

(31) Est morte m'amie?.

Mon amie, est-elle morte?

Chastelaine de Vergi v. 872 F p.233 Tous ces exemnles montrent que le Pro-suj. avait un usage qui lui est interdit en fran~ais moderne. On peut au premier abord con-clure qu'il n'etait pas encore 'clitise' au verbe comme c'etait le cas des pronoms dits de regime qui sous leur forme faible ou 'cliti-que' etaient etroitement lies au verbe. En effet entre le clitique et

~. ~

ou

y,

et le verbe, aucun element ne pouvait etre insere:2

(32) Rois, ves le chi: je le t'amain: Roi, le voici: je te !'amine:

St Nicolas v. 1415

(46)

0

D1apres nos observations, les Pro-suj. ont garde leur forme

uni-que assez longtemps, bien uni-que vers la fin du XIIe siecle appDraissent les uremiers exemples d'emploi des pronoms forts en coordination ou dans la position d1attribut:

(34) moi et vos, oncle, i somes oublie.

moi et vous, oncle, nous y sommes oublies. Charroi de Nimes v. 39 H p.l38 (35) E lors irons moi et vos apres le chevalier.

Et alors nous irons, vous et moi, apres le chevalier. Queste del Saint Graal 57,12 ~~ p. 138

(36) Je iere tu, tu ieres moi. Je serai toi, et tu seras moi.

Barlaam ~ Jos. v. 5532 M P• 138 Au XIIe siecle, s'amorce deja une tendance qui va finalement aboutir

a

enlever aux pronoms personnels sujets leur autonomie par rapport au verbe, et ils deviendront des simples indices indiquant la personne du verbe, comme c'est le cas du frangais moderne.

Nous devons maintenant considerer le probleme suivant: quelle etait leur position dans la base? Une premiere conclusion que nous pouvons retirer des donnees presentees est comme suit: le pronom personnel sujet etait domina par le noeud ~~. L'examen des differents textes, nous amene ~ une deuxieme conclusion: l'emploi des Pro-suj. n'etait pas obligatoire. Ce fait peut etre en partie explique par un systeme tres riche de flexions verbales ou par l'independance du Pro-suj. par rapport au verbe. D'apres les etudes faites par de

nombreux grammairiens et linguistes (Foulet, FranZen, Brunot, Moignet pour ne citer que ouelques-uns), !'usage des pronoms en position du sujet etait tres restreint dans les textes du Xe et XIe siecles.

(47)

en plus regulierement et au XIIIe sieele, on peut affirmer que son omission devient plus rare. Nous continuerons cette etude par l'epo-que l'epo-que nous avons consideree comme etant celle de !'ancien franc;ais.

2.2. Les Pronoms Personnels Sujets en ancien franc;ais

Dans la periode que nous avons designee comme Ancien Franc;ais

(..\F)' nous allons etudier d' abord les propositions indirpendantes et les principales, ensuite les subordonnees en nous limitant aa~

completives et aa~ relatives. Nous tenterons d'emettre certaines hypotheses Quant ~ l'origine des pronoms personnels sujets dans la base.

~ml~re la diversite des constructions rencontrees dans les textes, nous estimons QUe l'ordre de base etait SVO. Cependant nous pensons qu•a l'epoque des premiers textes, cet ordre n'etait pas

encore 'rigide', et aue la Grammaire de eette :periode devait eontenir de nombreuses regles afin de rendre compte des constructions qui

se~blent etre des reliques de l'ordre SOY. Il apparait que la langue 'hesitait' entre les deux ordres de base et lentement se frayait le chemin qui l'amenerait finalement

a

adopter l'ordre du franc;ais mo-derne.

Comme nous ne sommes pas dans la possibilite de verifier les donnees avec un informateur, nous devons baser notre etude sur des manuscrits dont la fidelite dans la reproduction de la langue parlee peut etre contest~e. De plus, le lan~ue ecrite est en general plus conservatrice oue la lan~;ue parlee qui evolue constamrnent. Nous devons aussi prendre en consideration le fait qu'un copiste nouvait faire des erreurs ou introduire det=> elements differents ou encore

corri~er le texte. Xous presentons en exemnle, un vers tire des differents manuscrits de la Chanson de ~oland:

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