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VICTOR HUGO EN SON SIÈCLE
Gérard-François Dumont
To cite this version:
Gérard-François Dumont. VICTOR HUGO EN SON SIÈCLE. Population et avenir, Association
Population et Avenir 2002, pp.3. �halshs-01145714�
EDIN}RIAL
Victor
Hugo
en son siecle
par
G6rard-Franqois
DUMONT
lors Que se termine ['ann6e du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, it reste int6ressant de rappeler o0 ce gdnie se situait dans son siEcle par rapport aux enfants et i t'6ducation. En effet, cette quest ion se presente au cours du XIX' sidcle sous les aspects les plus divergents avec, pour simptifier, d'un c0t6 Jean-Baptiste Say et, de l'autre, Emite Zola, dont l'ann6e 2oo2 marque [e centenaire de [a mort.
Le premier 6crit un Traitd d'6conomie politique qui parait en r8o3, ann6e de la publication en Angleterre de [a deuxidme 6dition de l'Essai sur le principe de population de Malthus. L'6conomiste ' Say Gl6l-t9lz) se montre en d6saccord avec Malthus dans [a m esure oD il cr oit a de gr andes possibitit6's de Croissance 6conomique, et m6me i une cr ois sance itti mi tee. M ais , comme Malthus, i l craint la < profusion > des 6tres humains, ce qui le c ondui t i 6noncer un prec e pte c6ldbr e : < ltconvient donc d'encourager l es hom m es i f air e des 6par gnes plutOt que des enfants >.
Dans les faits, l'Angleterre du XIX' sidcte 6carte la th6 ori e mal thusienne , devanEant l'Eur ope continentale et [e monde par son progrds technique, tandis qu'en France, celte de Say ne reste pas a ['6tat de principe. Le XIX'sidcte frangais s'empresse de la mettre en applicatio.n : d'une part, la France est [e seuI pays au monde a enr egistr er une baisse importante de sa f6condit6, alors que [es progrds dans [a lutte contre la mortalit6, et notamment contre la mortalit6 infantile, sont encore timit6s. D'autre part, les FranEais dev ienn ent les champions du monde de ['6pargne, non dans [e dessein d'investir dans le d6veloppement de leur 6conomie ou de leurs colonies, mais dans un but de placements uniquement pr6cautionneux. De t Szz a 1977, 1 5oo ooo particuliers souscrivent des emprunts russes pour 12,5 mitliards de francs-or de l'epoque. En r9r8, [e comit6 ex6cutif des Soviets decrEte que < tous les emprunts sont annu[6s sans condition ni exception >. Quatre-vingts ann6es plus tard, aprds [a
fin de [a pdriode sovi6tique, les sommes vers€es par suite des n6gociations intervenues avec le gouvernement russe ne repr6sentent que des miettes du montant initia[... Pr6nant l'exact contraire de Jean-Baptiste Say, mais i la fin du XIX' si6cte, [e romancier Emite Zota utitise en t895, dans le texte Nouvelle campogne t896' une expression qui nous parait rEcente en appelant de ses veux un flot de < g6n6rations futures >, souhaitant << crier [a joie humaine i la face du soleil >. Dans [e livre F€condit6', il appette un ( pays d'6galit6'politique D, oi les < droits de chacun i la fortune soient les m€mes >, et souhaite une soci6t6 accueillante aux enfants, d6plorant la pusillanimit6 de son dpoque face au d6sir d'enfant.
Nous voici donc face a deux attitudes totalement oppos6es, cetle de 1'6cohomiste Say qui voit dans les enfants des emp6cheurs de n faire des €pargnes n, et celle de l'6crivain Zola selon laquelle t'avenir de la soci€t6 tient dans ses enfants.
Oi se situe Hugo entre ces deux extr6mes ? En fait, il prdsente [a question selon deux approches diff6rentes. D'une part, p armi de mu ltip les c aus es, comme I'instruction gratuite et obtigatoire pour tous, la [ibert€ d'expression, ou [e refus de la misEre, Victor Hugo ee falt I'avocat de ce qu'on n'appelle pas encore les droits de I'enfant. Ainsi, exil6 i Guernesey, il
donne a diner chaque mardi a quinze enfants pauvres, tichant par ti < de faire comprendre ['6galit6 et [a fraternit6 D. Et a No€l 1869, il d6clare : ( Si I'enfant a [a sant6, l'avenir se portera bien ; si{'enfant est honn€te, I'avenir sera bon >r.
D'autre part, il se situe dans une dimension affective, avec par exemple te fameux poEme (( Lorsque I'enfant parait n, du recueil Les Feuilles d'outomne. Ce poEme connu, r6dig6 le r8 mai r83o, t6moigne de ['art souverain du poEte et de sa maitrise des rythmes et des images+, i I'exemple de cette dernidre strophe :
Seigneur ! pr€seruez-moi, prdseruez ceux que i'oime, FrEres, parents, amis, et mes ennemis m€me Dans le mal triomphants,
De jamais voir.Seigneur ! I'dtd sans fleurs vermeilles, La cage sons oiseoux, la ruche sans abeilles, La maison sans enfants !O
r. Paris, Charpentier.
z. Premi€re 6dition 1899, nouvelle 6dition, Paris, Fasquelle, r957. 3.Victor Hugo, t€moin et acteur de son sidcle, Paris, S6nat, CNDB zooz. 4. Hugo, Victor, CEuvres podtiques, l, Avant I'exil tSoz-t85t,
biblioth€que de ta Pl6iade, Paris, GaIlimard.