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Nature, évolution et facteurs de risque de l'anxiété durant la première année suivant la survenue d'un traumatisme cranio-cérébral

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Academic year: 2021

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Nature, évolution et facteurs de risque de l’anxiété

durant la première année suivant la survenue d’un

traumatisme cranio-cérébral

Thèse

Valérie Laviolette

Doctorat en psychologie – Recherche et intervention (Orientation clinique)

Philosophiae doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

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Nature, évolution et facteurs de risque de l’anxiété

durant la première année suivant la survenue d’un

traumatisme cranio-cérébral

Thèse

Valérie Laviolette

Sous la direction de :

Marie-Christine Ouellet, directrice de recherche

Martin D. Provencher, codirecteur de recherche

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Résumé de la thèse

Les troubles anxieux sont fréquents à la suite d’un traumatisme cranio-cérébral (TCC). Leur prévalence peut atteindre les 44 % durant la première année post-TCC et des études ont montré que cette anxiété a un impact fonctionnel chez les individus qui en souffrent. Cependant, peu d’études se sont intéressées à ce sujet jusqu’à maintenant. Les objectifs de la thèse sont de : décrire la nature, la fréquence et l’évolution des troubles liés à l’anxiété (c.-à-d. cheminements non-anxieux, anxieux précoce et anxieux tardif) sur la première année post-TCC avec un échantillon représentant un large spectre de sévérité du TCC (Article 1) et déterminer des facteurs de risque, présents en pré-TCC et au moment du TCC, de ces cheminements (Article 2). Deux-cent-dix participants (âge moyen 41.3 ans ± 15.3; 75.2 % hommes) sont recrutés dans un centre de traumatologie à la suite de leur hospitalisation pour un TCC (51 % TCC léger, 31 % TCC modéré, 18 % TCC sévère). Ils répondent à des questions sociodémographiques et participent à une entrevue psycho-diagnostique à 4, 8 et 12 mois post-TCC (le pré-TCC est évalué à leur première entrevue). Des données reliées au TCC sont recueillies dans leurs dossiers médicaux. Dans l’article 1, des analyses descriptives montrent que le tiers des participants souffre d’au moins un trouble lié à l’anxiété durant la première année post-TCC et que le cinquième a vécu un de ces troubles en pré-TCC. Les troubles fréquents sont le trouble anxio-dépressif, le trouble d’anxiété généralisée, l’état de stress post-traumatique et le trouble panique avec ou sans agoraphobie, et du côté des symptômes anxieux, ce sont la présence d’inquiétudes et avoir vécu un évènement extrêmement traumatique. Un test d’équations d’estimation généralisées montre que la présence de troubles liés à l’anxiété est stable dans le temps. Par contre, des analyses descriptives identifient 16 cheminements. Ces cheminements ont été regroupés en trois : 75 % de l’échantillon empruntent un cheminement non-anxieux, 15 % empruntent un cheminement précoce (c.-à-d. présence d’au moins un trouble lié à l’anxiété à l’évaluation du 4 mois) et 10 % empruntent un cheminement tardif (c.-à-d. absence d’un diagnostic de trouble lié à l’anxiété à l’évaluation du 4 mois et présence d’un de ces troubles à l’évaluation du 8 et/ou 12 mois). Dans l’article 2, une analyse de partition récursive identifie que la variable qui classe le mieux les participants selon leur cheminement est la présence d’au moins un trouble lié à l’anxiété en pré-TCC; avoir vécu un trouble lié l’anxiété en pré-TCC augmente le risque d’en souffrir en post-TCC et

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favorise le cheminement précoce (selon le test d’égalité des proportions). Chez les participants qui n’ont pas vécu de trouble lié à l’anxiété en pré-TCC, la variable qui les classe le mieux est le nombre d’années de scolarité complétées; avoir complété 10.5 ans de scolarité et moins augmente le risque de souffrir d’anxiété en post-TCC et favorise particulièrement le cheminement tardif. Chez les participants qui n’ont pas vécu de trouble lié à l’anxiété en pré-TCC et qui ont plus de 10.5 ans de scolarité complétés, la variable qui les classe le mieux est le sexe; être de sexe féminin augmente le risque de souffrir d’anxiété en post-TCC et favorise le cheminement tardif. Chez les participants qui n’ont pas vécu de trouble lié à l’anxiété en pré-TCC, qui ont plus de 10.5 ans de scolarité complétés et qui sont de sexe masculin, la variable qui les classe le mieux est la sévérité du TCC; avoir un TCC léger augmente le risque de souffrir d’anxiété en post-TCC et favorise le cheminement précoce. Ces résultats suggèrent que l’anxiété est fréquente en post-TCC, qu’elle est de nature différente d’un individu à l’autre, qu’elle emprunte des chemins différents et que des facteurs de risque à ces cheminements peuvent être identifiés dès le moment du TCC. Ces résultats donnent des pistes de traitements, permettent d’identifier des individus à risque et soulignent l’importance d’évaluer l’anxiété régulièrement durant la première année. Des études futures pourraient permettre de découvrir les mécanismes sous-jacents à ces facteurs de risque et d’ainsi mieux intervenir.

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Thesis abstract

Anxiety disorders are frequent after a TBI. Their prevalence may reach 44 % in the first year post-TBI and studies have shown that this anxiety has a functional impact on individuals. However, few studies have addressed this issue so far. The aims of the thesis were to describe the nature, frequency and evolution of anxiety-related disorders (i.e. non-anxious pathway, early anxiety pathway and delayed anxiety pathway) in the first year post-TBI with a sample representing a broad spectrum of TBI severity (Article 1) and to determine the risk factors present in pre-TBI and at the time of TBI of these pathways (Article 2). Two hundred and ten participants (mean age 41.3 ± 15.3, 75.2% men) were recruited from a trauma center following their hospitalization for TBI (51% mild TBI, 31% moderate TBI, 18% severe TBI). They provided socio-demographic data and completed a psycho-diagnostic interview at 4-, 8- and 12-month post-TBI (pre-TBI was evaluated at their first interview). Injury-related data were collected in participants’ medical files. In Article 1, descriptive analyses showed that one-third of participants have at least one anxiety disorder in the first year post-TBI and that one fifth had suffered from an anxiety disorder in pre-TBI. The most frequent disorders included mixed anxiety and depression disorder, generalized anxiety disorder, post-traumatic stress disorder, and panic disorder with or without agoraphobia. In terms of anxiety symptoms, the most frequent were a general feeling of anxiety, worries, and having experienced an extremely traumatic event. Generalized estimation equations showed that the presence of anxiety-related disorders is globally stable over time. Further descriptive analyses however identified 16 different pathways of anxiety-related disorders. These pathways were grouped into three categories: 75 % of the sample following a non-anxious pathway, 15 % following an early pathway (i.e. presence of at least one anxiety-related disorder at the 4-month assessment) and 10 % following a delayed pathway (i.e. absence of a diagnosis of anxiety-related disorder at the 4-month assessment and presence of at least one of these disorders at the 8- and/or 12-month assessment). In Article 2, recursive partitioning analysis identified that the variable that best classifies participants according to these pathway is the presence of at least one anxiety-related disorder present pre-TBI; having experienced an anxiety-related disorder in pre-TBI increases the risk of suffering of at least one anxiety-related disorder in post-TBI and promotes an early pathway (according to the test of equality of proportions). Among

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participants who did not experience anxiety-related disorder in pre-TBI, the variable that best classifies pathways is the number of years of education completed; having completed 10.5 years of education or less increases the risk of suffering of at least one anxiety-related disorder post-TBI and promotes a delayed pathway. Among participants who did not experience anxiety-related disorder in pre-TBI and had more than 10.5 years of education, the variable that best classifies pathways was sex; being a woman increases the risk of post-TBI anxiety and promotes a delayed pathway. Among participants who did not experience anxiety-related disorder in pre-TBI, with more than 10.5 years of education, and men, the variable that best classifies pathways is TBI severity; having sustained a mild TBI increases the risk of post-TBI anxiety and promotes an early pathway. These results suggest that anxiety is common after a TBI, varies in nature from one individual to another, and takes various pathways. Risk factors for an early or delayed pathway can be identified at the time of the TBI. These findings provide new avenues to optimize treatment, to help to identify individuals at risk and they emphasize the importance of assessing anxiety-related disorders regularly during the first year. Future studies could elucidate the mechanisms underlying different risk factors and thus provide insights to intervene better.

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Table des matières

RÉSUMÉ DE LA THÈSE ... III THESIS ABSTRACT ... V TABLE DES MATIÈRES ... VII LISTE DES TABLEAUX ... IX LISTE DES FIGURES ... X LISTE DES ANNEXES ... XI LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES ... XII REMERCIEMENTS ... XV AVANT-PROPOS ... XVI

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

TRAUMATISME CRANIO-CÉRÉBRAL ... 2

DÉFINITION ET MÉCANISMES DE PRODUCTION ... 2

DOMMAGES CÉRÉBRAUX ... 3 SÉVÉRITÉ DU TCC ... 3 RÉCUPÉRATION ET PRONOSTIC ... 4 ÉPIDÉMIOLOGIE ... 5 POPULATIONS À RISQUE ... 5 CONSÉQUENCES DU TCC ... 6

TROUBLES ANXIEUX POST-TCC ... 9

ÉTIOLOGIE DE L’ANXIÉTÉ APRÈS UN TCC ... 9

NATURE ET PRÉVALENCE DES TROUBLES ANXIEUX POST-TCC ... 10

ÉVOLUTION DANS LE TEMPS DES TROUBLES ANXIEUX POST-TCC ... 16

FACTEURS DE RISQUE DES TROUBLES ANXIEUX POST-TCC ... 17

SYNTHÈSE DE LA PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIFS DU PROJET DE RECHERCHE DOCTORAL ... 22 CHAPITRE 1 : ARTICLE 1... 24 RÉSUMÉ ... 25 INTRODUCTION ... 26 MÉTHODE ... 29 PARTICIPANTS ... 29 PROCÉDURE ... 29 MESURE ... 30

ANALYSES DES DONNÉES MANQUANTES ... 31

IMPACT DU MODE D’ENTREVUE UTILISÉ ... 32

ACCORD INTER-JUGE POUR LES DIAGNOSTICS DU MINI ... 33

ANALYSES STATISTIQUES ... 33

RÉSULTATS ... 34

CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCHANTILLON GLOBAL ... 34

NATURE ET PRÉVALENCE DES MANIFESTATIONS ANXIEUSES ... 34

ÉVOLUTION DES TROUBLES LIÉS À L’ANXIÉTÉ ... 35

DISCUSSION ... 36

RÉFÉRENCES ... 44

CHAPITRE 2 : ARTICLE 2... 64

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viii INTRODUCTION ... 67 MÉTHODE ... 71 PARTICIPANTS ... 71 PROCÉDURE ... 71 MESURES ... 72

ANALYSES DES DONNÉES MANQUANTES ... 73

IMPACT DU MODE D’ENTREVUE UTILISÉ ... 73

ACCORD INTER-JUGE POUR LES DIAGNOSTICS DU MINI ... 74

ANALYSES STATISTIQUES ... 74

RÉSULTATS ... 76

CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCHANTILLON GLOBAL ... 76

CARACTÉRISTIQUES DES PARTICIPANTS NON-ANXIEUX EN POST-TCC ... 77

CARACTÉRISTIQUES DES PARTICIPANTS EMPRUNTANT LE CHEMINEMENT ANXIEUX PRÉCOCE ... 77

CARACTÉRISTIQUES DES PARTICIPANTS EMPRUNTANT LE CHEMINEMENT ANXIEUX TARDIF ... 78

FACTEURS DE RISQUE POTENTIELS DE L’ANXIÉTÉ... 78

DISCUSSION ... 82

RÉFÉRENCES ... 89

DISCUSSION GÉNÉRALE ... 100

RAPPEL DE LA PROBLÉMATIQUE ET DES OBJECTIFS DU PROJET DE RECHERCHE DOCTORAL ... 101

RÉSUMÉ DES RÉSULTATS, DE LEUR PORTÉE ET PISTES DE RECHERCHE FUTURES ... 102

QUESTIONNEMENTS SOULEVÉS EN LIEN LA RÉALISATION DU PROJET DE RECHERCHE ... 104

FORCES ET FAIBLESSES DE LA THÈSE ... 114

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 115

RÉFÉRENCES DE L’INTRODUCTION ET DE LA DISCUSSION GÉNÉRALES 117 ANNEXES DE L’INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 124

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Liste des tableaux

Chapitre 1 : Article 1 - Nature et évolution de l’anxiété dans la première année suivant un traumatisme cranio-cérébral

TABLEAU 1. Comparaisons entre les participants qui ont des données complètes et les participants qui ont des données manquantes ... 49

TABLEAU 2. Proportions de participants qui souffrent d’au moins un trouble lié à l’anxiété selon le mode d’entrevue utilisé pour chaque temps de mesure post-TCC . 50

TABLEAU 3. Caractéristiques au moment du TCC des participants inclus dans l’étude

... 51 TABLEAU 4. Proportions de participants qui souffrent d’au moins un trouble lié à

l’anxiété ou d’un trouble spécifique pour chaque temps de mesure pré-TCC et post-TCC ... 52

TABLEAU 5. Proportions de participants qui rencontrent le critère-clé des différents

troubles liés à l’anxiété pour chaque temps de mesure pré-TCC et post-TCC ... 54

TABLEAU 6. Proportions de participants selon chaque cheminement observé en ce qui a

trait à la présence ou l’absence d’un trouble lié à l’anxiété ... 55

TABLEAU 7. Proportions de participants qui souffrent d’au moins un trouble lié à

l’anxiété ou d’un trouble spécifique pour chaque temps de mesure pré-TCC et post-TCC concernant le cheminement non-anxieux ... 56

TABLEAU 8. Proportions de participants qui souffrent d’au moins un trouble lié à l’anxiété ou d’un trouble spécifique pour chaque temps de mesure pré-TCC et post-TCC concernant le cheminement précoce... 57

TABLEAU 9. Proportions de participants qui souffrent d’au moins un trouble lié à

l’anxiété ou d’un trouble spécifique pour chaque temps de mesure pré-TCC et post-TCC concernant le cheminement tardif ... 58

Chapitre 2 : Article 2 - Facteurs de risque de l’anxiété présente à un an après la survenue d’un traumatisme cranio-cérébral

TABLEAU 1. Caractéristiques sociodémographiques au moment du TCC, caractéristiques

du TCC et caractéristiques psychologiques pré-TCC selon le cheminement rencontré de la présence d’anxiété en post-TCC ainsi que pour l’échantillon global ... 93

TABLEAU 2. Les taux de signification obtenus aux différentes comparaisons du chi-carré

avec correction de Holm-Bonferroni ... 94

TABLEAU 3. Les risques relatifs des variables indépendantes significatives identifiées par

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Liste des figures

Chapitre 1 : Article 1 - Nature et évolution de l’anxiété dans la première année suivant un traumatisme cranio-cérébral

FIGURE 1. Organigramme de la distribution du recrutement des participants en date du 1er

janvier 2014 ... 48

Chapitre 2 : Article 2 - Facteurs de risque de l’anxiété présente à un an après la survenue d’un traumatisme cranio-cérébral

FIGURE 1. Résultats de la partition récursive concernant les cheminements de la présence

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Liste des annexes

Chapitre 1 : Article 1 - Nature et évolution de l’anxiété dans la première année suivant un traumatisme cranio-cérébral

ANNEXE 1. Tableau descriptif de la méthode et des résultats des différentes études

concernant les troubles anxieux à la suite d’un TCC ... 59

Chapitre 2 : Article 2 - Facteurs de risque de l’anxiété présente à un an après la survenue d’un traumatisme cranio-cérébral

ANNEXE 1. Tableau descriptif de la méthode des différentes études sur les facteurs de

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Liste des abréviations et des sigles

CRT : Classification and Regression Trees (méthode d’analyse statistique)

DSM-III-R : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 3e version révisée DSM-IV : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e version

DSM-IV-TR : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e version révisée DSM-5 : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e version

ESPT : État de stress post-traumatique HEJ : Hôpital de l’Enfant-Jésus

ICD-10 : Classification internationale des maladies, 10e version IRDPQ : Institut de réadaptation en déficience physique de Québec

MINI : Mini International Neuropsychiatric Interview for DSM-IV (entrevue d’évaluation psycho-diagnostique)

TAG : Trouble d’anxiété généralisée TBI : Traumatic Brain Injury

TCC : Traumatisme cranio-cérébral TOC : Trouble obsessionnel-compulsif

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À la mémoire de ma grand-maman, Yolande (1930-2015).

Tant et aussi longtemps que le cœur se souvient, Les êtres que nous aimons y demeurent et y vivent.

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Être heureux, c’est apprendre à choisir. Non seulement les plaisirs appropriés, mais aussi sa voie, son métier, sa manière de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre à ne pas répondre à toutes les sollicitations, à hiérarchiser ses priorités. L’exercice de la raison permet une mise en cohérence de notre vie en fonction des valeurs ou des buts que nous poursuivons. Nous choisissons de satisfaire tel plaisir ou de renoncer à tel autre parce que nous donnons un sens à notre vie – et ce, aux deux acceptions du terme : nous lui donnons à la fois une direction et une signification. SÉNÈQUE

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Remerciements

Le parcours doctoral n’est pas un long fleuve tranquille. C’est plutôt un chemin parsemé de hauts et de bas, une épreuve académique certes, mais également personnelle, émotionnelle et relationnelle, et où il est indispensable de se relever pour continuer à avancer.

Je suis fière de mon travail accompli et de la personne que je suis devenue par le façonnement de ces sept dernières années autant professionnellement que personnellement. Il va sans dire que mon parcours doctoral n’aurait pas été le même sans l’amour, la présence, le soutien, l’entraide, les moments de plaisir, l’encadrement et les réflexions partagées avec plusieurs personnes.

Je tiens à remercier du fond du cœur : ma directrice et mon codirecteur de recherche, le personnel de mon laboratoire de recherche ainsi que le Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), M. Jean Leblond (statisticien), les participants qui ont malheureusement subi un TCC et qui ont accepté de faire avancer la science, mon comité de thèse ainsi que mon jury de soutenance, le personnel de soutien de l’Université Laval, mes amis, ma famille et mon amoureux.

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Avant-propos

Cette thèse de doctorat en psychologie, sous la supervision de Mme Ouellet (directrice de recherche) et de M. Provencher (codirecteur de recherche), est constituée de deux articles empiriques écrits en français. Mme Laviolette a assuré le rôle principal à plusieurs étapes de la rédaction de ces articles, c’est-à-dire durant la recension de la littérature, l’énoncé de la problématique, l’établissement des questions de recherche, l’analyse et l’interprétation des résultats et la rédaction des manuscrits. Concernant la conceptualisation méthodologique de l’étude, les approbations éthiques et la cueillette de données, le travail de Mme Laviolette s’est inséré à l’intérieur d’une étude de plus grande envergure au laboratoire de recherche de Mme Ouellet. Mme Laviolette a pris part à la cueillette de données en interviewant 230 participants. Concernant les analyses statistiques, l’aide de M. Jean Leblond (consultant en statistique) a été sollicitée. À ce jour, ces articles ne sont pas publiés, mais ils seront traduits en anglais et soumis à une revue scientifique dans le domaine de la réadaptation. Mme Laviolette a le statut d’auteur principal pour ces deux articles et l’ordre des co-auteurs sera déterminé prochainement. Les versions présentées dans la thèse respectent les normes de présentation de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval en premier lieu ainsi que du Publication

Manual of the American Psychological Assocation, 6th edition (American Psychological

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Nature, évolution et facteurs de risque de l’anxiété durant la première année suivant la survenue d’un traumatisme cranio-cérébral

Afin de bien comprendre le contexte dans lequel les troubles anxieux peuvent prendre place après un traumatisme cranio-cérébral (TCC), la première section de cette introduction générale s’intéresse au TCC et à ses conséquences. Par la suite, la deuxième section expose les connaissances actuelles sur les troubles anxieux post-TCC ainsi que certaines lacunes dans la littérature. Finalement, la dernière section identifie les objectifs de ce projet de recherche doctoral.

Traumatisme cranio-cérébral Définition et mécanismes de production

Selon le groupe de travail issu de l’Initiative internationale et interinstitutionnelle concernant la recherche sur le traumatisme cranio-cérébral et la santé psychologique, le TCC est une altération des fonctions du cerveau ou une blessure traumatique des structures cérébrales, et ces éléments sont causés par une force extérieure (Menon, Schwab, Wright, & Maas, 2010). Une altération des fonctions du cerveau est considérée présente lorsqu’il y a un des signes suivants : a) une diminution ou une perte de l’état de conscience, b) une perte de mémoire rétrograde ou antérograde des évènements ayant eu lieu près du moment du traumatisme, c) des déficits neurologiques (ex. : sensation de faiblesse, perte d’équilibre, changement dans la vision, etc.) ou d) une altération de l’état mental (ex. : confusion, désorientation, etc.). Quant à une blessure traumatique des structures cérébrales, celle-ci doit être confirmée par des examens médicaux (ex. : neuroradiologie, laboratoire). Il y a plusieurs types de forces extérieures qui peuvent endommager les tissus cérébraux : la tête qui heurte un objet, un objet qui frappe la tête, un phénomène d’accélération et de décélération sans que la tête ne soit frappée par un objet, un objet pénétrant à l’intérieur du cerveau, la force dégagée par une explosion ou tout autre moyen extérieur restant à être défini (Department of Veterans Affairs & Departement of Defense, 2009; Menon, et al., 2010).

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Dommages cérébraux

Les impacts d’un TCC sur le cerveau sont souvent divisés en dommages primaires et secondaires (Silver, McAllister, & Yudofsky, 2011; Werner & Engelhard, 2007; Zasler, Katz, & Zafonte, 2013). Les dommages primaires réfèrent aux lésions produites au moment de l’impact. Ils comprennent les lésions focales, c’est-à-dire les contusions, les lacérations et les hématomes, ainsi que les lésions diffuses du tissu cérébral, c’est-à-dire l’œdème cérébral et les lésions axonales diffuses. Quant aux dommages secondaires, ceux-ci se produisent dans les heures et les jours suivant le traumatisme et découlent principalement des dommages primaires. Une cascade de processus pathophysiologiques s’ensuit comprenant par exemple de l’ischémie cérébrale, une élévation de la pression intracrânienne, des réponses inflammatoires et des altérations neurochimiques. De plus, selon des études d’imagerie cérébrale à la suite d’un TCC, les fibres neuronales continueraient à se dégrader pendant des mois voire des années, ce qui pourrait mener à une atrophie cérébrale à long terme (Sidaros, et al., 2009).

Sévérité du TCC

Le TCC se classe généralement selon trois catégories de sévérité : TCC léger, modéré ou sévère (Silver, et al., 2011). La sévérité n’est pas liée à la nature du dommage cérébral ni aux mécanismes de production de ce dernier. Elle est habituellement évaluée par plusieurs facteurs dont la durée de l’altération de l’état mental ou de la perte de conscience, les résultats obtenus à l’Échelle de coma de Glasgow, la présence d’atteintes cérébrales, l’identification de signes neurologiques focaux et l’amnésie post-traumatique. En ce qui concerne la durée de l’altération de l’état mental, elle correspond à la durée pendant laquelle la personne a été confuse, désorientée ou avait de la difficulté à penser. Pour ce qui est des résultats obtenus à l’Échelle de coma de Glasgow (Teasdale & Jennett, 1974), ils donnent une mesure de l’état de conscience. Ce résultat est souvent calculé à plusieurs reprises dans le premier 24 heures suivant le TCC et mesure la réaction au niveau moteur, au niveau verbal ainsi que pour l’ouverture des yeux (voir Annexe 1 pour plus d’information). Habituellement, c’est le premier résultat obtenu à cette échelle qui est utilisé pour l’évaluation de la sévérité du TCC. La présence d’atteintes cérébrales, quant à elle, est déterminée avec l’imagerie cérébrale structurale afin de savoir si des lésions sont

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visibles. Pour l’identification de signes neurologiques focaux, un examen neurologique est effectué, c’est-à-dire qu’une évaluation motrice, sensorielle et cognitive est réalisée afin d’identifier les déficits qui peuvent être reliés à un dommage cérébral. Finalement, l’évaluation de l’amnésie post-traumatique se fait en déterminant la période de temps où la personne n’a pas pu faire un encodage mnésique continu. L’Annexe 2 résume les critères des degrés de sévérité utilisés dans la province de Québec au Canada (Marcotte & Gadoury, 2005).

Récupération et pronostic

Le pronostic à la suite d’un TCC léger est plutôt favorable. Les taux d’un bon pronostic sont d’environ 76 % avec un résultat initial à l’Échelle de Glasgow de 13, de 95 % pour un résultat de 14 et de 98 % pour un résultat de 15 (Marcotte & Gadoury, 2005). Lors des trois premiers mois après ce type de TCC, quelques symptômes sont fréquents : des céphalées, de la fatigue, des étourdissements, une vision embrouillée, de la difficulté à dormir, des problèmes d’attention ou de vitesse de traitement de l’information et des problèmes de mémoire. Il est possible que certaines difficultés persistent au-delà de la première année post-TCC (Marcotte & Gadoury, 2005). À douze mois post-TCC, une minorité de personnes souffriraient encore de symptômes dus au TCC léger (L. Holm, Cassidy, Carroll, & Borg, 2005).

Après un TCC modéré ou sévère, la récupération est plus lente et les séquelles ont souvent des impacts fonctionnels significatifs qui peuvent entrainer des incapacités à long-terme dans différentes sphères du fonctionnement telles la cognition, la motricité ou le comportement. Lors des trois premiers mois post-TCC, il est généralement reconnu qu’une récupération spontanée s’effectue pendant laquelle se produisent des phénomènes tels la diminution de l’œdème cérébral et l’élimination des débris cellulaires. Également, il semble qu’une récupération fonctionnelle s’étend au moins sur les deux premières années post-TCC. À ce moment, la plasticité cérébrale et la stimulation en réadaptation jouent un rôle important (Gadoury, 2001). Malheureusement, pour beaucoup d’individus, les séquelles dues au TCC perdurent pendant des années et la récupération est influencée par l’individu-même, ses mécanismes d’adaptation et son milieu de vie (Howieson, Loring, Hannay, Fischer, & Lezak, 2004).

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Épidémiologie

Dans le monde, c’est environ 10 millions de personnes chaque année qui subissent un TCC assez sévère pour être hospitalisé ou même en mourir (Langlois, Rutland-Brown, & Wald, 2006). En Amérique du Nord et en Europe, 600 par 100 000 habitants subissent un TCC chaque année (Instituts de recherche en santé du Canada, 2012). Du côté des États-Unis, il est estimé qu’environ 1.7 million de personnes subissent un TCC chaque année et, de celles-ci, 3 % en meurent, 16 % sont hospitalisées et 81 % sont traitées au département d’urgence de l’hôpital. Environ 85 % des patients traités pour un TCC sont de sévérité légère (Bazarian, et al., 2005) et 15 à 20 % sont de sévérité sévère (Institute of Medicine, 2009). La cause du TCC la plus répandue est liée aux chutes (35 %), suivie par les causes inconnues (21 %), les accidents de véhicules motorisés (17 %), les objets quelconques (17 %) et les agressions (10 %) (Faul, Xu, Wald, & Coronado, 2010). Au Canada, 85 % des TCC sont légers et 15 % sont modérés ou sévères et les causes les plus fréquentes chez les adultes sont les accidents avec un véhicule motorisé (Institut canadien d’information sur la santé, 2007). Dans la province de Québec (au Canada), plus de 13 000 personnes subissent un TCC chaque année et 3 000 de celles-ci requièrent une hospitalisation. De ces dernières, plus de 600 souffrent de séquelles importantes et permanentes. Les causes les plus fréquentes du TCC chez les adultes sont les accidents de la route à 45 %, les chutes à 30 %, les accidents de travail à 10 %, les activités sportives et de loisir à 10 % et les agressions à 5 % (Regroupement des associations de personnes traumatisées cranio-cérébrales du Québec, 2011).

Populations à risque

Certaines populations sont plus à risque de subir un TCC que d’autres. En terme d’âge, la distribution du TCC est trimodale (Bruns & Hauser, 2003). Le premier mode se situe à la très jeune enfance (0-1 an). En effet, les enfants de cet âge sont en train de développer leur équilibre et leur motricité, et sont plus susceptibles de faire une chute. Le deuxième mode se situe vers la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte (15-24 ans) où il y a plus de comportements à risque telle la consommation de substances et la conduite automobile dangereuse. Finalement, le troisième mode fait référence aux personnes âgées (75 ans et plus) puisque certaines personnes déclinent au niveau moteur et cognitif, ce qui

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les rend plus à risque de chutes et d’accidents (Bruns & Hauser, 2003). Des analyses selon le sexe indiquent que les hommes subissent plus souvent un TCC que les femmes (Bruns & Hauser, 2003; Faul, et al., 2010; Regroupement des associations de personnes traumatisées cranio-cérébrales du Québec, 2011). L’écart entre les hommes et les femmes est à son point le plus élevé dans la tranche d’âge des 15-24 ans, c’est-à-dire 3-4 :1, à cause de la violence interpersonnelle et des accidents de véhicules motorisés (Bruns & Hauser, 2003).

Conséquences du TCC

Atteintes cognitives. Selon les personnes atteintes d’un TCC et leur famille, la

sphère qui représente la plus grande source de difficultés, même après des années, est le fonctionnement cognitif post-TCC (deGuise, et al., 2008). Les dommages cérébraux primaires et secondaires peuvent altérer plusieurs régions du cerveau, ce qui a pour conséquences de créer potentiellement plusieurs problèmes différents reliés à la cognition (Zasler, et al., 2013). Par exemple, il peut y avoir des déficits touchant la vitesse du traitement de l’information, l’attention, la concentration, la mémoire, l’intelligence, l’apprentissage, les habiletés visuo-spatiales, la cognition sociale, le langage et les fonctions exécutives (Zasler, et al., 2013). Il est également connu que les personnes atteintes d’un TCC plus sévère peuvent avoir des déficits au niveau de la conscience de leurs déficits cognitifs, soit une anosognosie. Cela pourrait nuire à la motivation et à l’engagement dans le traitement en réadaptation (Lam, McMahon, Priddy, & Gehred-Schultz, 1988; Malec, Smigielski, & DePompolo, 1991; Zasler, et al., 2013). De manière intéressante cependant, selon certaines études, ce manque de conscience de ses déficits pourrait également protéger contre la détresse psychologique, du moins pendant une certaine période, puisque l’individu ne se rend pas nécessairement compte de ses difficultés (Fleming, Strong, & Ashton, 1998; McBrinn, et al., 2008).

Atteintes physiques. Une autre sphère atteinte par un TCC est le plan physique. Au

niveau des systèmes sensoriels, l’odorat, la vision et l’ouïe peuvent être touchés. La personne peut subir une anosmie, une diplopie, de la sensibilité à la lumière, des problèmes de vision, de l’acouphène et de l’hyperacousie. Le système moteur peut également être atteint causant par exemple une ataxie, des problèmes posturaux, une diminution de la dextérité, des tremblements, une hémiparésie ou une hémiplégie. De plus, la présence de

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douleur, d’épilepsie, de céphalées, d’étourdissements, de vertiges, de troubles d’équilibre et de fatigue est souvent rapportée (Gadoury, 2001; Howieson, et al., 2004; Zasler, et al., 2013).

Atteintes occupationnelles, fonctionnelles et sociales. Également, les sphères

occupationnelles, fonctionnelles et sociales se retrouvent souvent affectées par le TCC-même et ses séquelles. À titre d’exemple, une revue systématique de la littérature de l’équipe de van Velzen (2009) mentionne que seulement 40 % des gens atteints d’un TCC (tous niveaux de sévérité confondus) retournent au travail dans les premiers deux ans post-accident. Aussi, il semble que les loisirs se retrouvent grandement affectés avec une diminution de 92 % à la suite du TCC (Bier, Dutil, & Couture, 2009). Également, les gens atteints d’un TCC peuvent devenir dépendants partiellement ou totalement de leur entourage concernant la gestion de leurs finances et certaines activités de la vie quotidienne et domestique (Howieson, et al., 2004). Selon une étude longitudinale, seulement 42 % des gens atteints d’un TCC reprennent la conduite automobile durant la première année post-TCC et 53 % durant les premiers 5 ans post-post-TCC (Novack, et al., 2010). Finalement, plusieurs conséquences négatives en lien avec la famille et la vie sociale telles la séparation et l’isolement surviennent fréquemment chez cette clientèle (Gadoury, 2001). Il semble que la personne atteinte et ses proches doivent faire des deuils multiples comme le deuil de ce que la personne était avant le TCC dans sa vie personnelle, interpersonnelle et professionnelle ainsi que le deuil des projets personnels, conjugaux, parentaux et de carrière (Lacroix & Assal, 2003).

Atteintes psychologiques. La sphère psychologique est également atteinte à la suite

d’un TCC. En effet, les taux de prévalence des troubles mentaux à différents moments post-accident, pris tous ensemble, varient entre 18.3 % et 80 % selon les études (Alway, Gould, Johnston, McKenzie, & Ponsford, 2016; Ashman, et al., 2004; Deb, Lyons, Koutzoukis, Ali, & McCarthy, 1999; Gould, Ponsford, Johnston, & Schonberger, 2011a; Hibbard, Uysal, Kepler, Bogdany, & Silver, 1998; Koponen, Taiminen, Hiekkanen, & Tenovuo, 2011; Koponen, et al., 2002; van Reekum, Bolago, Finlayson, Garner, & Links, 1996; Whelan-Goodinson, Ponsford, Johnston, & Grant, 2009). Plusieurs études utilisent des entrevues semi-structurées reconnues pour avoir des critères d’évaluation assez similaires,

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c’est-à-dire des critères basés selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux 3e version révisée (DSM-III-R) et 4e version (DSM-IV) ainsi que la Classification internationale des maladies 10e version (ICD-10) (First, 2010). Cependant, les quelques études s’étant intéressées à documenter les troubles mentaux post-TCC n’évaluent pas la présence ou l’absence de tous les troubles, évaluent les individus à des moments variés après l’accident et ont des échantillons qui diffèrent significativement en termes de sévérité du TCC, de taille de l’échantillon et d’âge moyen au moment de l’évaluation. L’Annexe 3 présente un résumé de la méthode et des résultats de ces études.

Selon Alway et ses collaborateurs (2016), la première année post-TCC semble être une période critique quant à la présence des troubles mentaux. Selon cette étude longitudinale, même si un large spectre de troubles est observé, les troubles les plus prévalents sont les troubles anxieux avec un taux de 18.4 % et 15.7 % (sans les troubles anxieux non-spécifiés) sur la première année post-TCC (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Gould, et al., 2011a) et les troubles de l’humeur (à caractéristiques dépressives en particulier) avec un taux de 30.3 % et 31.4% (sans les troubles de l’humeur non-spécifiés) (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Gould, et al., 2011a). Comparativement à la population générale, ces taux de prévalence sont plus élevés. En effet, selon l’Enquête sur la santé mentale et le bien-être de 2002 au Canada, la prévalence sur 12 mois de tout trouble anxieux est de 4.8 % et de tout trouble de l’humeur est de 5.3 % (Agence de la santé publique du Canada, 2006). Même si, selon les données d’Alway et al. (2016), les troubles anxieux post-TCC sont fréquents, la littérature scientifique est pour le moment plus étoffée concernant la dépression majeure.

Dans un autre ordre d’idée, il est aussi remarqué que les taux de prévalence pré-TCC (c.-à-d. sur toute la vie avant le pré-TCC) des troubles mentaux sont aussi élevés; ils se situeraient à 53 % et 59 % tous troubles confondus (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Gould, et al., 2011a). Selon certaines études, environ 13 % à 21 % des personnes auraient souffert d’un trouble anxieux en pré-TCC, et environ 23 % d’un trouble de l’humeur (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Gould, et al., 2011a; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

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Troubles anxieux post-TCC

Les troubles anxieux semblent être une problématique d’importance à la suite d’un TCC (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Gould, et al., 2011a) et certains auteurs ont même souligné le fait que l’anxiété post-accident pourrait avoir un impact significatif dans le fonctionnement des sphères cognitive, affective, comportementale et dans l’accomplissement des activités quotidiennes durant la première année après l’accident et les années subséquentes (Bertisch, et al., 2013; Draper, Ponsford, & Schonberger, 2007; Hart, et al., 2016). Dans la population générale, la présence d’un trouble anxieux non traité est associée à une baisse de qualité de vie, à une atteinte du fonctionnement social ainsi que des différents rôles que la personne occupe (ex. : travail, études), à une difficulté à être indépendant financièrement et à une moins bonne santé mentale. En général, sans traitement, un trouble anxieux a tendance à devenir chronique (Mendlowicz & Stein, 2000). Il est donc pertinent d’étudier ce phénomène après un TCC afin de mieux comprendre ses causes et son évolution, de déterminer qui sont les personnes plus à risque, et d’identifier des pistes de prévention et de traitement. Jusqu’à maintenant, peu d’études scientifiques ont été réalisées sur l’anxiété post-TCC. Parmi les quelques études disponibles, les devis de recherche sont hétérogènes ce qui rend la comparaison des résultats parfois ardue. Également, peu d’études ont évalué tous les troubles anxieux dans la même fenêtre de temps et chez un large spectre de sévérité du TCC (c.-à-d. de légère à sévère). Par contre, un facilitateur est que la plupart des études ont utilisé des outils diagnostiques basés sur les critères du DSM-III-R, du DSM-IV et de la ICD-10, souvent des entrevues semi-structurées qui ont des critères diagnostiques similaires (First, 2010). La présente section aborde les différents écrits existants sur les troubles anxieux post-TCC qui concernent l’étiologie, la nature des manifestations anxieuses, l’évolution dans le temps et les facteurs de risque en mettant l’emphase sur la première année post-TCC, moment critique pour la présence des troubles mentaux (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016). Les Annexes 4 et 5 présentent un descriptif de la méthode et des résultats de ces écrits.

Étiologie de l’anxiété après un TCC

Les causes des troubles et symptômes anxieux observés après un TCC sont probablement multiples et inter-reliées. Des facteurs tant neurobiologiques, héréditaires,

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psychologiques qu’environnementaux peuvent être en cause et plusieurs facteurs peuvent être présents simultanément. D’un point de vue neurobiologique, il est possible que les lésions cérébrales aient touché des régions corticales ou sous-corticales ou encore certains systèmes de neurotransmetteurs impliqués dans l’apparition ou la gestion de l’anxiété (Jorge, Robinson, Starkstein, & Arndt, 1993; Von Knorring, 1983). Par contre, afin de conclure sur les effets de la neuropathologie du TCC sur les troubles mentaux post-TCC, d’autres études sont requises (Rogers & Read, 2007). Il est également connu que l’hérédité occupe une grande place comme facteur prédisposant à l’anxiété (Simpson, Neria, Lewis-Fernádez, & Schneider, 2010; D. J. Stein & Hollander, 2002). Pour les personnes ayant subi un TCC, il est possible que l’hérédité crée un terrain propice à l’émergence de l’anxiété et que le TCC et ses conséquences soient des stresseurs qui la déclenchent. Les évènements de la vie peuvent à eux-seuls entraîner le développement d’anxiété significative (Last, Barlow, & O'Brien, 1984). Chez la population ayant un TCC, une panoplie d’évènements importants survient pour la majorité des personnes, telles les séquelles cognitives, physiques et psychologiques, les altérations dans le fonctionnement de la famille, du couple et dans les relations interpersonnelles, l’adaptation au retour à la maison et à l’emploi, la diminution des loisirs ainsi que les contraintes financières et les litiges potentiels. Cette population subit donc beaucoup d’évènements de vie qu’elle peut vivre comme étant stressants. L’accumulation de plusieurs stresseurs sur le long terme peut fatiguer la capacité de l’individu à gérer ces stresseurs et diminuer le seuil de tolérance au stress, pouvant conduire à de l’anxiété cliniquement significative (D. J. Stein & Hollander, 2002). Le manque de stratégies de gestion du stress efficaces, ou l’usage de stratégies non adaptées ainsi que la perception de l’individu de ne pas avoir les capacités ou les habiletés pour gérer les stresseurs peuvent également contribuer au développement de l’anxiété et des troubles anxieux (Stein & Hollander, 2002).

Nature et prévalence des troubles anxieux post-TCC

La présente section aborde d’abord les troubles anxieux les plus fréquents à la suite d’un TCC, puis ceux qui le sont moins. L’Annexe 4 présente un descriptif de la méthode et des résultats des différentes études discutées dans cette section. Seules les études s’intéressant au TCC dans la population générale et utilisant les critères du DSM-III-R

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(American Psychiatric Association, 1989), du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994) et de l’ICD-10 (Organisation mondiale de la santé, 1992) ont été retenues. Les définitions présentées de chacun des troubles sont issues du DSM-IV-TR (mêmes critères que ceux du DSM-IV)(American Psychiatric Association, 2000).

Troubles anxieux les plus fréquents.

État de stress post-traumatique. Dans l’état de stress post-traumatique (ESPT), la

personne a été exposée à un évènement traumatisant où elle a été menacée de mort ou gravement blessée, ou elle a été témoin d’un évènement de ce type chez quelqu’un d’autre. Cet évènement a été vécu avec un sentiment de peur intense, d’impuissance ou d’horreur. Par la suite, l’évènement est constamment revécu, les stimuli associés sont évités ou il y a un émoussement de la réactivité générale, et il y a une activation neurovégétative. Cette perturbation persiste plus d’un mois (American Psychiatric Association, 2000). La prévalence sur 12 mois dans la population générale des États-Unis est de 3.5 % (Kessler, Chiu, Demler, Merikangas, & Walters, 2005).

Chez les gens atteints d’un TCC, les taux de prévalence de l’ESPT varient beaucoup selon les études. Deux études rapportent qu’entre 5 % et 6 % des personnes ayant subi un TCC souffriraient d’un ESPT dans les six premiers mois post-accident (Alway, Gould, McKay, Johnston, & Ponsford, 2016; Bombardier, et al., 2006). D’autres études rapportent des taux de 27 % à six mois post-TCC (Bryant, Marosszeky, Crooks, & Gurka, 2000), de 13 % (Gould, et al., 2011a) et de 2.6 % (Koponen, et al., 2011) durant la première année post-TCC. Une explication possible à ces variations est que la présence de l’ESPT en lien avec l’accident amène des questionnements lorsqu’il y a présence d’amnésie de l’évènement (Hiott & Labbate, 2002). Bryant (1996) a affirmé qu’il est possible d’être atteint d’un ESPT malgré l’amnésie de l’évènement puisqu’il est possible de développer des pseudo-souvenirs, c’est-à-dire des souvenirs créés par de l’information venant de l’extérieur comme la famille ou les médias. Gil et ses collègues (2005) ont indiqué que le fait d’avoir un souvenir de l’évènement traumatique, qu’il soit personnel ou venant de quelqu’un d’autre, est un facteur prédicteur et prédisposant au développement d’un ESPT. Par contre, les critères du DSM-III-R (American Psychiatric Association, 1989), du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994) et de l’ICD-10 (Organisation mondiale de la

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santé, 1992) n’incluent pas ces éléments dans l’émission du diagnostic. Il est à noter également que l’évènement ayant causé le TCC n’est potentiellement pas le seul évènement pouvant causer un ESPT. Effectivement, les gens atteints d’un TCC passent par plusieurs évènements stressants tels les soins intensifs, les interventions chirurgicales et la réadaptation. Par exemple, il a été démontré qu’il existe une association entre les souvenirs douloureux du passage aux soins intensifs et la présence d’anxiété, de dépression et de symptômes de l’ESPT comme des pensées intrusives et de l’évitement (Rattray, Crocker, Jones, & Connaghan, 2010). En pré-TCC, les taux de prévalence varient de 2 % à 10 % (Ashman, et al., 2004; Gould, et al., 2011a; Hibbard, et al., 1998; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

Trouble d’anxiété généralisée. Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) est

caractérisé par des inquiétudes ou préoccupations survenant presque tous les jours pendant au moins six mois pour plusieurs évènements ou activités, et la personne a de la difficulté à contrôler ces inquiétudes. Cette anxiété s’accompagne de symptômes tels l’agitation, la fatigabilité, les difficultés de concentration, l’irritabilité, la tension musculaire et la perturbation du sommeil (American Psychiatric Association, 2000). Ce trouble touche deux fois plus de femmes que d’hommes et sa prévalence sur 12 mois dans la population générale des États-Unis est d’environ 3 % (American Psychiatric Association, 2000; Kessler, et al., 2005).

Dans la population atteinte d’un TCC, certaines études révèlent que ces personnes ont deux fois plus de risque de développer ce trouble que la population générale (Hiott & Labbate, 2002). Cependant, les taux de prévalence varient beaucoup d’une étude à l’autre. Ils varient de 0 % à 11 % selon différentes études pendant la première année post-TCC (Deb, et al., 1999; Gould, et al., 2011a; Jorge, et al., 1993; Koponen, et al., 2002). Les taux de prévalence pré-TCC varient également grandement, soit entre 1 % et jusqu’à 34 % (Fann, Katon, Uomoto, & Esselman, 1995; Gould, et al., 2011a; Hibbard, et al., 1998; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

Trouble panique avec ou sans agoraphobie. Le trouble panique se caractérise par

des attaques de panique récurrentes et inattendues accompagnées d’une crainte de refaire une attaque de panique, des préoccupations en ce qui concerne les conséquences des

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attaques de panique ou des changements de comportement par rapport à ces attaques, tel l’évitement. Il peut y avoir ou non présence d’agoraphobie, c’est-à-dire que la personne peut avoir peur de se retrouver dans des endroits où il serait difficile de s’échapper ou ne pourrait recevoir de l’aide en cas d’attaque de panique (American Psychiatric Association, 2000). La prévalence sur 12 mois du trouble panique est de 1.6 % dans la population générale du Canada (Government of Canada, 2006) et de 2.7 % dans celle des États-Unis (Kessler, et al., 2005).

En ce qui concerne la présence du trouble panique chez les gens atteints d’un TCC, encore une fois, les taux de prévalence varient. Ils se situent entre 2 % sur la première année post-TCC (Gould, et al., 2011a; Koponen, et al., 2002) et 9 % à un an post-TCC (Deb, et al., 1999). En pré-TCC, les taux de prévalence varient de 1 % à 10 % (Fann, et al., 1995; Gould, et al., 2011a; Hibbard, et al., 1998; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

Troubles anxieux les moins fréquents.

Trouble obsessionnel-compulsif. Ce trouble est constitué (a) d’obsessions,

c’est-à-dire des pensées, impulsions ou représentations récurrentes, intrusives et inappropriées et entraînant une anxiété importante, et/ou (b) des compulsions qui sont des comportements répétitifs ou des actes mentaux visant à réduire ou neutraliser une anxiété importante. Les compulsions et les obsessions nuisent au fonctionnement normal de la personne. Il y a autant d’hommes que de femmes qui souffrent de ce trouble et la prévalence sur 12 mois est d’environ 2 % dans la population générale des États-Unis (American Psychiatric Association, 2000; Kessler, et al., 2005).

Du côté de la population ayant subi un TCC, il y a peu d’études portant sur le trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Les taux de prévalence sont d’environ 1 % à 2 % sur la première année post-TCC (Deb, et al., 1999; Gould, et al., 2011a). Des taux de prévalence pré-TCC entre 0 % et 1 % ont été rapportés (Gould, et al., 2011a; Hibbard, et al., 1998; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

Phobie sociale. Ce trouble se caractérise par une peur persistante et excessive d’une

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gens non familiers ou en observation attentive. L’exposition à la situation sociale redoutée crée une anxiété s’apparentant à une attaque de panique et la personne est consciente du caractère irraisonné de sa peur. La souffrance et l’évitement des ces situations hypothèquent le fonctionnement de la personne (American Psychiatric Association, 2000). La prévalence sur 12 mois est de 6.7 % dans la population générale du Canada et de 7 % pour celle des États-Unis (Kessler, et al., 2005; M. B. Stein & Kean, 2000).

Chez la population atteinte d’un TCC, les taux de prévalence varient entre 0 % et 5.3 % sur la première année post-TCC (Gould, et al., 2011a; Koponen, et al., 2011; Koponen, et al., 2002). En pré-TCC, les taux de prévalence sont de 2 % (Whelan-Goodinson, et al., 2009) et 7.8 % (Gould, et al., 2011a).

Phobie spécifique. La phobie spécifique est une peur persistante et excessive

survenant en présence ou par anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique. L’exposition au stimulus de peur provoque une réaction anxieuse immédiate ressemblant à une attaque de panique et la personne est consciente que sa réaction est excessive. L’évitement et la souffrance occasionnés par cette peur perturbent le fonctionnement normal de la personne. Il y a deux femmes pour un homme qui en souffrent. La prévalence vie entière est de 7.2 % à 11.3 % dans la population générale (American Psychiatric Association, 2000).

Pour ce qui est de la présence de ce trouble chez les gens souffrants d’un TCC, les taux de prévalence rapportés d’environ 5 % à 7 % dans la première année post-TCC (Gould, et al., 2011a; Koponen, et al., 2011; Koponen, et al., 2002). Les taux de prévalence pré-TCC documentés varient entre 0 % et 6 % (Gould, et al., 2011a; Whelan-Goodinson, et al., 2009).

Agoraphobie sans antécédent de trouble panique. Ce trouble fait référence à la

présence d’agoraphobie et d’une peur de développer des symptômes de type panique. Par contre, la personne n’a jamais souffert d’un trouble panique(American Psychiatric Association, 2000). Sa prévalence sur 12 mois est de 0.7 % dans la population générale du Canada (Government of Canada, 2006).

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Chez les gens atteints d’un TCC, peu d’études ont été réalisées sur ce trouble. À ce jour, c’est un trouble rare dans cette population; un taux de prévalence de 0 % dans la première année post-TCC selon Gould et ses collaborateurs (2011a). En pré-TCC, les taux de prévalence sont de 0 % (Gould, et al., 2011a), 1 % (Whelan-Goodinson, et al., 2009) et 10 % (Fann, et al., 1995).

État de stress aigu. Ce trouble possède des critères similaires à l’ESPT sauf qu’il

dure moins d’un mois, survient dans les quatre semaines suivant l’évènement traumatique et possède des symptômes dissociatifs. La prévalence vie entière dans la population générale est inconnue (American Psychiatric Association, 2000).

Chez les gens atteints d’un TCC, ce trouble est difficile à diagnostiquer étant donné la fenêtre de temps disponible, c’est-à-dire la survenue du trouble dans les quatre semaines suivant l’évènement traumatique. En effet, il n’est pas rare que ces gens soient atteints d’une amnésie post-traumatique à ce moment, ce qui empêche le diagnostic (Crowe, 2008). L’étude de Gould et ses collègues (2011a) a observé une prévalence de 1 % dans son échantillon sur la première année post-TCC et de 0 % en pré-TCC.

Troubles anxieux non-spécifiques. Il existe des troubles anxieux dus à une

affection médicale générale, induits par une substance et non-spécifiés. Ils se caractérisent par une présence d’anxiété, des attaques de panique, des obsessions ou des compulsions (American Psychiatric Association, 2000). De façon générale, ces troubles sont peu étudiés dans la population générale et dans celle atteinte d’un TCC.

Cette catégorie comprendrait donc des troubles ayant des caractéristiques anxieuses mais qui ne répondent pas aux critères des troubles décrits plus haut. Fait intéressant, Gould et ses collaborateurs (2011a) rapportent que 35.3 % des gens dans leur échantillon souffriraient de troubles anxieux non-spécifiés. En plus, 1 % souffriraient de troubles anxieux induits par une substance durant la première année post-TCC. Cette équipe explique la présence des troubles anxieux non-spécifiés par (a) des critères diagnostiques non adaptés à cette population puisque leurs participants présentent des symptômes du TAG et de l’ESPT sans rencontrer le nombre de critères minimum pour le diagnostic d’un de ces troubles, (b) des difficultés à obtenir l’information des proches et (c) la présence

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abondante de symptômes anxieux sous-cliniques qui pourraient devenir cliniques sur une période de suivi plus longue.

Trouble anxio-dépressif. Ce trouble est un diagnostic de trouble mental « à

l’étude » faisant partie de la catégorie des troubles anxieux non-spécifiés dans le DSM-IV (American Psychiatric Association, 2000). Il requiert une altération de l’humeur d’au moins un mois et ses symptômes sont constitués de difficultés de sommeil, de difficultés de concentration, de fatigue, d’irritabilité, d’inquiétudes, de perte d’espoir et/ou de perte d’estime personnelle. Son taux de prévalence ponctuelle est estimé à 0.8 % dans la population générale et à 2 % dans la population recevant des soins médicaux (American Psychiatric Association, 2000). La présence de ce trouble n’a pas encore été étudiée chez la population ayant un TCC. Il pourrait cependant faire partie de la catégorie des troubles anxieux non-spécifiés décrite précédemment.

Évolution dans le temps des troubles anxieux post-TCC

Peu d’études se sont intéressées particulièrement à l’évolution dans le temps des troubles anxieux à la suite d’un TCC. Selon les quelques études disponibles sur ce sujet (voir l’Annexe 4 pour un descriptif de la méthode et des résultats de ces études), les taux de prévalence des troubles anxieux post-TCC peuvent augmenter avec le temps (Koponen, et al., 2002), diminuer avec le temps (Alway, Gould, Johnston, et al., 2016; Ashman, et al., 2004) et rester stables dans le temps (Schonberger, Ponsford, Gould, & Johnston, 2011). Par contre, les temps de mesure concernant l’évaluation de la présence des troubles anxieux post-TCC de ces études sont différents entre elles, ce qui rend la comparaison difficile. En effet, Koponen et ses collaborateurs (2002) ont étudié la présence des troubles anxieux post-TCC à trois temps de mesure, soit durant la première année post-TCC, entre 1 et 10 ans post-TCC et entre 10 et 30 ans post-TCC. Alway et ses collaborateurs (2016) ont étudié la présence des troubles anxieux post-TCC durant la première année, la deuxième, la troisième, la quatrième et la cinquième année post-TCC. Ashman et ses collaborateurs (2004) ont, quant à eux, étudié la présence des troubles anxieux post-TCC à deux ou trois reprises entre les 3 mois et les 4 ans post-TCC (1 an entre chaque évaluation), mais sans être spécifiques sur les temps de mesure. Finalement, Schonberger et ses collaborateurs (2011) ont étudié la présence des troubles anxieux post-TCC à deux temps de mesure soit

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entre 3 et 6 mois post-TCC et entre 6 et 12 mois post-TCC. Il s’agit de la seule étude, à ce jour, ayant évalué à quelques reprises la présence des troubles anxieux post-TCC durant la première année. Selon cette étude, la présence des troubles anxieux est plutôt stable dans le temps; 26 % de troubles anxieux diagnostiqués entre les 3 à 6 mois post-TCC comparativement à 29 % entre les 6 à 12 mois post-TCC.

Parmi ces quatre études, aucune n’indique si ce sont les mêmes individus qui souffrent d’un trouble anxieux aux différents temps de mesure. Il se pourrait que, pour certains individus, le trouble anxieux apparaisse rapidement à la suite du TCC et se résorbe par la suite et qu’au même moment, pour d’autres individus, le trouble anxieux apparaisse plus tard. Il serait également important de comprendre pour quels individus les symptômes et troubles anxieux se chronicisent afin de pouvoir mettre en place des interventions préventives. La littérature est cependant toujours très limitée en ce sens. Il serait important de connaître s’il y a des cheminements différents d’apparition de l’anxiété, de les identifier, d’identifier leurs facteurs de risque et de connaître le moment optimal où intervenir.

Facteurs de risque des troubles anxieux post-TCC

Plusieurs facteurs préalables au TCC, des facteurs en lien avec la blessure (sa sévérité par exemple) et des facteurs survenant après l’accident peuvent contribuer au développement de troubles anxieux. La présente section aborde ces facteurs et l’Annexe 5 présente un descriptif de la méthode et des résultats des quelques études qui se sont intéressées aux facteurs de risque. En général, ce sujet a été peu étudié jusqu’à maintenant.

Facteurs pré-TCC (préalables au TCC).

Histoire psychiatrique antérieure. Plusieurs études indiquent que le fait d’avoir

souffert d’un trouble mental ou d’un trouble anxieux avant d’avoir subi un TCC semble augmenter le risque de souffrir d’un trouble anxieux en post-TCC, que ce soit durant la première année ou les cinq premières années post-TCC (Gould, Ponsford, Johnston, & Schonberger, 2011b; Hart, et al., 2016; Horner, Selassie, Lineberry, Ferguson, & Labbate, 2008; Mallya, Sutherland, Pongracic, Mainland, & Ornstein, 2015; Whelan-Goodinson, Ponsford, Schonberger, & Johnston, 2010). Dans la population générale, cette relation est

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également présente, c’est-à-dire que les gens qui ont déjà souffert d’un trouble anxieux dans le passé sont plus vulnérables d’en souffrir une seconde fois dans le futur (American Psychiatric Association, 2013b).

Sexe. Le sexe ou le genre de la personne atteinte d’un TCC est également un facteur

régulièrement identifié et concordant entre les études. Il semble qu’être de sexe féminin favorise la présence d’un trouble anxieux à un an post-TCC (Demakis, Hammond, & Knotts, 2010; Horner, et al., 2008; Mallya, et al., 2015). Cette relation est également présente dans la population générale, c’est-à-dire qu’il a été démontré que les femmes souffrent plus souvent de trouble anxieux que les hommes; environ une femme sur trois pour un homme sur cinq pour la prévalence à vie (Angst & Dobler-Mikola, 1985; Bruce, et al., 2005; McLean, Asnaani, Litz, & Hofmann, 2011; Regier, Narrow, & Rae, 1990).

Âge. Les quelques études s’étant intéressées aux liens entre l’âge au moment du

TCC et la santé mentale post-TCC n’ont pas obtenu des résultats tous concordants. D’un côté, il semble que la tranche d’âge « adulte » augmente le risque de souffrir d’anxiété en post-TCC. À titre d’exemple, Horner et ses collaborateurs (2008) ont identifié que la tranche d’âge 18-64 ans favorise la présence de symptômes anxieux à un an post-TCC comparativement à la tranche d’âge 65 ans et plus. Hart et ses collaborateurs (2016) ont constaté que la tranche d’âge 31-60 ans favorise la présence de symptômes anxieux à un an post-TCC comparativement aux tranches d’âge 16-30 ans et 61 ans et plus. D’un autre côté, Demakis et ses collaborateurs (2010) ont mentionné que l’âge au moment du TCC n’a pas d’influence sur la présence d’anxiété à un an post-TCC avec un échantillon ayant une étendue d’âges de 16 à 86 ans. Il se peut que cette disparité soit due à la différence de taille d’échantillon entre ces trois études (1000 vs 100 participants), ce qui aurait un impact sur la puissance des analyses et les résultats obtenus. Dans la population générale, l’Institut national de la santé mentale des États-Unis a étudié la prévalence à vie de troubles anxieux selon différentes tranches d’âge: 30.2 % âgés entre 18-29 ans, 35.1 % âgés entre 30-44 ans, 30.8 % âgés entre 45-59 ans et 15.3 % âgés de 60 ans et plus (National Institute of Mental Health, 2016), ce qui concorde avec les résultats de Horner et ses collaborateurs (2008).

Statut d’emploi. Deux études ont présenté des résultats par rapport à l’impact du

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résultats concordants. Sigurdardottir et ses collaborateurs (2013) ont observé que le fait d’être sans emploi au moment de l’accident favorise la présence de symptômes anxieux à un an post-TCC. Par contre, Demakis et ses collaborateurs (2010) n’ont pas trouvé de lien. Une hypothèse à cette disparité est que les outils d’évaluation utilisés sont différents; l’équipe de Sigurdardottir et al. (2013) utilise des outils auto-rapportés qui dénotent les symptômes tandis que l’équipe de Demakis et al. (2010) utilise un outil auto-rapporté qui émet des diagnostics, ce qui demande un seuil plus élevé de symptômes présents pour qu’un diagnostic soit endossé et donc a un impact sur les résultats obtenus. Concernant la population générale, aucun lien direct n’a été trouvé entre la présence d’anxiété et le statut d’emploi selon le relevé de littérature effectué. Par contre, il se peut que ce lien soit modulé par d’autres facteurs tels le revenu ou le statut d’emploi en post-TCC (voir sections ci-dessous).

Statut civil. Deux études ont également présenté des résultats en ce qui a trait au

statut civil au moment du TCC et le lien avec la santé mentale post-TCC et celles-ci ont des résultats similaires. Il semble que le fait d’être en couple ou célibataire au moment du TCC n’a pas d’influence sur la présence de symptômes ou de troubles anxieux à un an post-TCC (Demakis, et al., 2010; Horner, et al., 2008). En lien avec la population générale, l’Institut national de la santé mentale des États-Unis a mentionné que c’est le fait d’être divorcé ou veuf qui est un facteur de risque pour la présence d’un trouble anxieux (National Institute of Mental Health, 2016).

Niveau de scolarité. L’impact du niveau de scolarité au moment du TCC sur la

présence d’anxiété post-TCC a été peu étudié et ces études n’ont pas des résultats concordants. Hart et ses collaborateurs (2016) ont identifié qu’un faible niveau de scolarité, c’est-à-dire une moyenne de 12 ans complétés, favorise la présence d’anxiété à un an TCC. Bombardier et ses collaborateurs (2006), qui ont étudié l’état de stress post-traumatique seulement, ont découvert que le fait de ne pas avoir obtenu de diplôme pour des études au secondaire est un facteur de risque à la présence de ce trouble à 6 mois post-TCC. Cependant, Horner et ses collaborateurs (2008) ont obtenu comme résultat que le niveau de scolarité, calculé selon le diplôme obtenu au moment du TCC, n’a pas d’influence sur la présence d’anxiété à un an post-TCC. Ceci montre que d’autres études

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sont nécessaires afin d’éclaircir ce point. Dans la population générale, le Gouvernement du Canada a énoncé qu’un plus faible niveau de scolarité est un facteur de risque lié aux problèmes de santé mentale, mais n’a pas nommé de niveau spécifique (Gouvernement du Canada, 2016).

Revenu. Une seule étude a discuté de l’impact du revenu au moment du TCC sur la

présence d’anxiété à un an post-TCC et a mentionné que le revenu n’a pas d’influence sur la présence de symptômes anxieux à un an post-TCC (Horner, et al., 2008). Dans la population générale, l’Institut national de la santé mentale des États-Unis et le Gouvernement du Canada ont souligné le fait qu’avoir peu de ressources financières disponibles ou des problèmes financiers est un facteur de risque lié aux problèmes de santé mentale (Gouvernement du Canada, 2016; National Institute of Mental Health, 2016). Il se peut donc que ce soit le fait de vivre des difficultés liées au revenu qui impacte la santé mentale et non le revenu-même.

Facteurs péri-TCC (reliés à l’accident ou au TCC).

Sévérité du TCC. La sévérité du TCC est un facteur qui a été étudié en lien avec la

présence des troubles et des symptômes anxieux post-TCC, mais ces études n’obtiennent pas des résultats concordants. En effet, selon le relevé de littérature de Mallya et ses collègues (2015), les TCC légers seraient davantage associés à la présence du trouble panique. Par contre, la sévérité du TCC n’aurait pas de lien avec la présence de l’état de stress post-traumatique post-TCC selon le même relevé de littérature (Mallya, et al., 2015) ni avec la présence de symptômes anxieux à un an post-TCC (Horner, et al., 2008; Sigurdardottir, et al., 2013).

Facteurs neuropathologiques. Selon quelques études, les lésions à l’hémisphère droit sont associées à l’émergence de dépressions anxieuses (Jorge, et al., 1993). Cependant, la présence de lésions frontales seraient associées à une diminution du risque d’apparition de ce type de trouble (Jorge, et al., 1993). Il semble par contre qu’à ce jour aucune région cérébrale, aucun neurotransmetteur ni un type de dommage cérébral spécifique n’ait été identifié comme responsable de l’émergence de trouble psychiatrique ou d’anxiété post-TCC (Rogers & Read, 2007).

Figure

Figure 1. Organigramme de la distribution du recrutement des participants en date du 1 er janvier 2014.
Tableau descriptif de la méthode et des résultats des différentes études concernant les troubles anxieux à la suite d’un TCC
Figure 1. Résultats de la partition récursive concernant les cheminements de la présence  d’anxiété sur la première année post-TCC (non-anxieux, précoce et tardif).
Tableau descriptif de la méthode des différentes études sur les facteurs de risque de l’anxiété à la suite d’un TCC
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