LA
POPULATION DE
LIÈGE
EN
1650
Malgré
les difficultésque
présente leur utilisation (1), lesdocuments
d'ordre fiscalconstituentune
des principales sources auxquellesilfaut puiserpour
déterminer
quellefut,aux époques
anciennes, lapopulation d'une
villeou
d'une
région.
Récemment
encore, c'esten
interprétantun
docu-ment
de
ce genre,que
M.
A.
Hansay
fixait le chiffrede
la populationdu
pays
de
Liège
en 1470
(2).Parmi
les textesde
l'espèce,que
l'on possède,pour
lamême
contrée, figure la Descriptiondu rapport
des vitresetbonniers, tant de la cité,
que
villagescirconvoisins.
Voici à quelles circonstances
nous
ladevons
(3).(1) Voy. H. Pirenne, Lesarchives au point de vue de la
démo-graphie historique, Bruxelles, 1903, et Archives belges, iqo3, art.
260 et278.
(2)
La
«Crenée»générale dupaysdeLiègeen 1470etledénom-brementdesfeux, dans Bulletindela Commissionroyaled'histoire, t.
LXXI
(1902), pp. 67-106.(3) Pour ledétail deces événements, que nous résumons
briève-ment, voyez Journées d'Etatdejuillet164c à octobre1684 (fondsde
l'Etatprimaire,registren°73)aux Archives del'Etat,à Liège;S.
Bor-mans, Répertoire chronologiquedes conclusions capitulaires du cha-pitre cathédral de Saint-Lambert, à Liège, t. I, Liège, 1869-1875,
pp. 538-545;
Rerum
leodiensium status annoM.DC.XLIX,
repro-ductiondu
D
1'Alexandre,Liège, i885;(Foullon),Historialeodiensis,
t. III, Liège, 1737, pp. 291-295; J. Daris, Histoire du diocèseetde la principautéde Liège pendant le
XVII
e siècle, t. I, Liège, 1877, pp. 268-291;M.
Huisman, Essai sur le règne du prince-évêque de—
233
A
la suitedu
traitéde Westphalie,
et des conférencesqui, par après, se tinrent à
Nuremberg,
la principautélié-geoise avait été taxée
pour
une
pari de l'indemnitéque
l'Empire
devaitpayerà laSuéde.
Cette cotisation setrou-vait fixée à
99,200
florins, soit24,800
patacons.Les
Etatsconvoqués
en
décembre
1648, par le prince-évêqueFerdi-nand
de
Bavière,pour
délibérer àce sujet, se retranchèrentderrièrelaneutralité
du
pays.Les
réclamations qu'ils firentvaloir n'eurent
aucun
succès.A
la fin de juin i65o, lesSuédois, las
de
tergiversations perpétuelles, s'approchèrent des frontières, et le 21 juillet suivant, mettant à exécution desmenaces
souvent
répétées, pénétrèrentdans
laprinci-pauté.
Un
corpsde
troupes,sous
la conduitedu
généralOtton
Steinbuck, vintcamper
entre Visé et Herstal, puispassa
en Hesbaye,
ruinant lesvillageset mettantlespaysans
en
fuite.Les
récoltes étaientgravement
compromises.
On
dut serésoudre
à négocier.Un
accord intervint : lasomme
globale àpayer
fut fixée à3oo,ooo
patacons. « Il» fallut », note
un
chroniqueur,
« satisfaire tantau
capital»
que
l'intérêt. »La
bourse
des Liégeois pâtissaitgrande-ment
de leurmanque
de
patriotisme etdu
mépris
qu'ilsavaient
montré pour
de
sages avertissements.Les
120 taillesdont
les Etats décidèrent, endeux
fois, la levée,ne
devaient rapporter,au
dire des agentsdu
pou-voir,que
240,000 patacons
(1). D'autrestaxesne
parvinrentpas
davantage
à faire faceaux
nécessités financières.Les
circonstances critiquesoù
l'on se trouvait,récla-maient
desmesures
spéciales. C'est àun
impôt
foncierque
l'on résolut
de
recourir.Les
Etatsen
votèrent lapercep-tion
dans
lesréunions
tenues le 27 et le 28 juillet i65o. Il(1) Le sentiment populaire était tout opposé et prétendait que chaquetaille donnait 12,000 florins. Lepatacon valant 4 florins, les
120tailles auraient ainsi rapporté 36o,ooo patacons. Pour répondre
à ces assertions, parut un mémoire où les Etats prétendaient que
depuis 16 16, la plupart des tailles n'avaient guère rapporté chacune
plusde 8,000 florins et qu'il fallait en outre tenir compte du déficit résultantdufait queplusieurs quartiers avaientété, depuislors, rui-nés. Lerapport des 120taillesne dépassaitguèreainsi960,000 florins équivalant à 240,000 patacons.
Nous
n'avons pu découvrir ce mé-moire, qui auraitété, paraît-il, imprimé.—
234
—
frappait« les fonds, héritages, prairies, bois,terres, jardins
» et estangs. »
Le
bonnier
fut choisicomme
unité fiscale (1) et taxésuivant la richesse relative
du
sol; ce quidonne
à cette taxele caractère
d'une
sorted'impôt
sur le revenu.Le
bonnier
de
terre labourable devaitpayer
enHesbaye,
2 florinsde
Brabant;
dans
le quartierde
Moha,
1 florin 10 patards;dans l'Entre-Sambre
etMeuse,
en
Campine,
dans
lecomté
de
Hornes
etdans
leCondroz,
1 florin ;en
Ardenne,
dans
le
duché
de Bouillon
etdans
lemarquisat de
Franchimont,
i5 patards.Les
prairies et jardins étaient taxés « adouble
terre », c'est-à-direau double de
ceque
payaient les terreslabourables; les bois et viviers,
comme
ces dernières.Pour
atteindre les populations urbaines,on
résolutde
frapperlapropriétébâtie,
en prenant
lenombre
desfenêtresde chaque
constructioncomme
basede
l'imposition.Une
ordonnance
de Maximilien-Henri de
Bavière,en
datedu
2août
i65o,détermina
lemode
de
perceptionde
cetim-pôt(2). «
Sur
chacque
fenestre, (ycomprises
cellesdans
les» toits, ditvulgairement, bavechines), soyentelles
de
vittre,» bois
ou
simple
ouverturede
quelleforme
que
ce soit,» faite
pour
serviràlumière
»,on
devaitacquitter 3sous
(3).La
taxe était payable par l'occupant, propriétaireou
loca-taire,
mais
ce dernier avait recours,pour
la moitié, contreson
propriétaire. Si lamaison
étaitvide, lepayement
inté-gral
incombait
au
propriétaire.Trois
jours aprèsla publicationdu mandement,
chaque
habitant était
tenu de
remettre entre lesmains
du
curéde
sa paroisse,
un
billet signémentionnant
lenombre
desfenêtres
de
sademeure.
Les
collecteurs avaient licencede
(1) Le bonnier fut déterminé valant20 grandes verges, se
décom-posant chacune en 20petites, suivantlepiedde Saint-Lambert.
(2) Cette ordonnance nefigurant pointdansle Recueildes
ordon-nances dela principauté de Liège, et n'étant pas mentionnée dans
la Liste chronologique des édits etordonnances de la
même
princi-pauté, nous avonscru utile d'enreproduire letexteen appendice.(3) «Voir qu'unefenestreayanteinterstice,pourveuqu'elles'ouvre
» a unefois, et pas a deux, ne seranombrée que pour une » ajoute
—
235
pénétrer
dans
les habitationspour
contrôler l'exactitudede
ces déclarations.En
cas de fraude, le délinquant étaitcondamné
à payerdouble
taxe, eten
outre,pour chaque
fenêtre celée,
une
amende
de 1 patacon,dont
un
tiersreve-nait
au
délateur,un
autreau
collecteur et le reste à l'Etat.Escomptant
lerevenu de
ces taxes, les Etats avaientpu
seprocurer
l'argentque
réclamaient les Suédois, et le22 août, grâce à de puissantes interventions, la principauté
se trouvaitdébarrassée
de
ses hôtesincommodes.
De
nom-breuses ruines conservaient le souvenir
de
leur passage.La
levée des diversestaxes et surtoutde
celle sur les vitres, qui constituaitune
nouveauté,
venant
s'ajouteraux impôts
dont
gémissait le pays,y
entretenaitun
grand
mécontente-ment.
Comme
il arrivesouvent
en
pareil cas, certainspré-tendaient
que
le produitde
ces contributions étaitde
beaucoup
supérieur à celui qu'avouait lepouvoir
; d'autresaccusaient les collecteurs d'user d'indulgence envers leurs
amis.
Pour
couper
court à ces critiques,lesdéputés
des Etatsdécidèrent, le 5 janvier i65i,
de
publier le rôlede
l'impôt « à celle finqu'un chacun
puisseestreinformé
duvray
rap-» port dudit impost, controller
ceux
que
l'onne
trouvera » avoirdeuëment
acquitté, etestreaux
délateurs payées les» parties des
amendes
des defaillans, suivant lesMande-»
mens
de
Son
Altesse Serenissime. »La
publication fut faiteimmédiatement.
Elle parut àLiège, chez
Jean
van
Milst,en
i65i, et porte le titre de Descriptiondu
rapport
des vitres et bonniers, tant de la cité,que
villages circonvoisins.Le
volume
comporte
138feuillets, petit in-4 ,
non
numérotés.
Le
rectodu
premier
feuillet est
occupé
par le titre, ledeuxième
contientl'exposé des motifs,dont
nous
avons, plus haut, reproduit lesder-nièreslignes.
Au
folio 3,commence
lerôlede
l'impôt. I necolonne, à
gauche
de
la page,renferme
lenombre
desvitres qui ont été taxées
dans chaque
demeure;
puis vientle
nom
du
contribuable, avec l'indication de lasomme
payée,
en
florins eten
patards.En
têtede
la liste, figurent leschanoines
de
cathé--
236
—
drale. Suit alors l'indication des
sommes
acquittées par leschanoines
et par lesoccupants
desmaisons
claustrales desdifférentes collégiales; enfin, rangés par paroisses, la liste des habitants, classés sous le
nom
de
chacune
d'elles soitdans
l'ordre alphabétique desprénoms,
soit par rueset parquartiers.
Après
chacune de
ces divisions, se trouve, sous laru-brique : Liste des defaillans, l'indication des
maisons
ou
parties de
maisons
qui ontéchappé
à l'impôt, et lenom
de
ceux
qui,pour Tune ou
l'autre raison,ne
l'ont pointacquitté.
Ajoutons
que
la rédaction desmentions de
la liste estloin d'être
uniforme.
Parfois, c'est lenom
et leprénom
du
chef
de
ménage
qui estdonné
; d'autres fois,l'immeuble
estdésigné
sous
lenom
de son
ancien propriétaire; d'autresfois enfin, par
une dénomination
caractéristique.Quant
à la terre,on
dit s'il s'agitde
jardins,de
prés,de
terreslabourables,de
sarts, lataxe variant,comme
nous
l'avons vu, suivant lanature
de
la culture.Pour
laparoisse Sainte-Véronique,
parexemple,
où
la propriéténon
bâtieétait
abondante,
lesbonniers
font l'objetd'une
rubrique
spéciale.Le
dernier feuilletporte le total de lasomme
payée
parchacun
desgroupes
indiqués plushaut
: les chapitres, lesparoisses, et aussi les
monastères
qui n'avaient pas étésignalés
dans
la liste.L'impôt
étantpayé
surchaque demeure,
la Descriptionnous
fournit, parconséquent,
lenombre
de
celles quiexis-taient alors à Liège.
Pour
trouverle chiffre, toutau
moins
approximatif, de la population, il suffit
donc
de
multiplierle
nombre
total desmaisons
parlenombre
d'habitantsque
l'on
suppose contenus dans chacune
d'entre elles.Un
con-temporain,
l'auteurd'un
Sommaire
historialdeLiège
depuis1
5 38
jusqu'à1668, conservé en manuscrit
àlaBibliothèquede
l'Université deLiège
(î), s'estemparé
de cesdonnées
(i) N° ancien 174(n°8o5du Catalogue), pp. 854-858. Le volume comprend960pages, plus deuxfeuilletsde garde entête etunà la tin,
et faisait très certainement partie d'un ouvrage plus étendu,dont il
et les a traitées
exactement
comme
le feraitun
statisticienmoderne.
(Test .son travailque
nous
publions (i).Patiemment,
en suivant l'ordre de la publication, il aadditionné le
nombre
desmaisons
que
comptait la ville, et lasomme
payée
parchaque groupe.
C'est ainsique
lesmaisons occupées
par leschanoines
et leurs suppôtsau
nombre
de
314. L'auteur aligne ensuite la cotisationde chaque monastère
et noteque
lesOrdres mendiants
ontété exemptés. Puis,
en
regarddu
nom
dechaque
paroisse,il
marque combien
dedemeures
elle renferme, sans oubliernon
plus la quote-part dechacune
d'entre elles.Le
totalpour
les 32 paroisses estde
7,253 maisons, fournissantune
somme
de40,592
florins 3 patardsAjoutées
àce chiffre, les314
demeures
claustralesdonnent,
d'après l'auteur,
un
total de 7,567maisons
et lasomme
entière est
de 46,599
florins i3 patards, équivalant,comme
il
prend
soin denous
l'apprendre,à 1 1,649 patacons 3flo-rins i3 patards (3).
La
citéde
Liège
se divisait alors, naturellement,en
trois
grands
quartiers : la citéproprement
dite, le quartierde l'Ile, qu'entouraitlecanal creusé par
Notger,
et lequar-(1)
M.
Th.Gobert(Lesrues deLiège,passim)s'estservideschiffres des maisons dedifférentesparoisses fournisparl'auteur,etrécemmentM. G.
Kurth
a publié les totaux donnés par lemême
chroniqueur(Bulletin de laSociété d'artetd'histoire dudiocèsedeLiège, t.
XIV
'1903). p. 249),toujours d'après notre manuscrit.
1 L'auteurasoin de faire remarquer que toutesles maisons de
Saint-Nicolas-aux-Mouches, sontsituées surlesencloîtresdelà collé-gialeSainte-Croix.
3 Le total de 7,567maisonsest exact, mais pourl'obtenir,
l'au-teur
commet
une erreurd'uneunité, car ayantcompté 7,252maisonspour lesparoisses, aulieu de 7,253, etyajoutant314demeures claus-trales, il devrait obtenir 7,566. Le total de 40.592 florins 3 patards,
perçus surlesmaisons composantlesparoisses, est celuiquedonne la
Description, mais ne correspond nullement aux
sommes
dedétailali-gnées par l'auteur,quidiffèrent de celles notéesdans la Description. Le chroniqueur
commet
une nouvelle erreur de 3 florins en trop.dansl'additiondes taxespavéesparlesOrdresreligieux, etcetteerreur vicie le total de toutes les
sommes
perçues et leurréduction en pata-cons, quidoiventêtre ramenés respectivementà46,596 florins i3 pa-tardset à 1—
238
-tier
d'Outre-Meuse.
Dans
son
désirde
connaître leurpopu-lation respective, notreauteur se livre à
un
nouveau
calcul.Le
Vinâve-d'Ilecomptait
quatre paroisses :Saint-Martin-en-Ile,Saint-Adalbert,Saint-
Remy,Saint-Nicolas-au-Trez.
L'auteur reprend
lenombre
desmaisons de chacune
d'entreelles et,
y
joignant le chiffre desdemeures
sises sur lesencloîtres
de
Saint-Paul
etde
Saint-Jean, conclut àun
totalde
884
maisons, dans
lequelne
sontcompris
ni lesmonas-tères ni les
couvents
que
renfermait le quartier.Ces 884
maisons,
quelle population peuvent-ellesabri-ter?
La
statistique qu'il asous
lamain
ne
répond
pas àcette questionetl'auteur,
pour
en
trouver la solution, est obligé de recourir àune
moyenne.
Cettemoyenne,
ill'évalue à 5
personnes
parmaison
et arrive ainsiau
chiffrede 4,420
personnes, habitant le quartier.En
ce quiconcerne
Outre-Meuse,
deux
paroissesseule-ment
separtageaient cette sectionde
la ville: Saint-Pholien
et Saint-Nicolas
comptaient
1,227maisons.
La
même
éva-luation, à 5
personnes
en
moyenne,
donne
le chiffre de6,135 habitants
qu'une
erreurde
l'auteurtransforme
en
6,175.
Mais
il estune
autremanière de
partager la ville; cequ'enserre l'enceinte et ce qui se trouve
en dehors
desmu-railles, constituent alors
deux
groupements
distincts.Pour
évaluerleurimportance
relative, notreauteur notelechiffredes
maisons
situéesdans
lesfaubourgs.Le
total estde
1,843pour
les sept paroissesde
Sainte-Marguerite, Sainte-Ger-trude,Sainte-Walburge, Sainte-Véronique,
Saint-Vincent, Sainte- Foi et Saint-Remacle-au- Pont,
total que, parune
étrange aberration, notre calculateur
transforme
en
2,o36,non
sansajouter, cette fois très judicieusement,que
dans
ce
nombre
ne
sontpascomprises
lesdemeures
des paroissesde
Saint-Séverinetde
Saint-Remacle-en-Mont,
situées horsdes
murs. 2,o36 maisons
à 5personnes donneraient
10,180habitants,
mais
ramené
au
chiffre réelde
1,843maisons,
letotal n'est plus
que
de
9,215 personnes.Pour
trouver lenombre
desmaisons renfermées dans
lesmurs,
ilne
s'agitplus
que
de déduiredu
total desdemeures,
lenombre
de celles quicomposent
les faubourgs.Mais
l'erreur qu'il—
239
—
vient
de
commettre
vicie le calculauquel
l'auteur se livreà ceteffet.
Retranchant
2,o36de
l'ensemble, il ne laisseà lacité
que
5,531demeures,
tandisque
notre rectification luien
attribue 3,724. L'évaluation des habitants se ressentde-là
même
erreur : l'auteur en note 27,655; l'erreur corrigée,il s'en trouve 28,620.
L'ensemble de
la population est de 37,835.Les
préoccupations
statistiquesne
cessent point dehanter notre auteur. Il recherche alors quelle peut être la
somme
de
grains nécessitée par la nourriture annuelle dece
groupement humain.
En
attribuant àchaque personne
une
moyenne
d'un
stier, parmois,
il arriveau
chiffre de454,020
stiers,sanscompter,
ajoute-t-il,connaissantlegoût
de
ses concitoyenspour
la bière, ce qu'il faut de grainpour
brasser.Son
étude s'arrête là. Elle appellequelques
commen-taires. Et, tout d'abord, il n'est
que
justede
rendrehom-mage
à celui qui l'a conçue.A
plusde
deux
sièclesde
nous,
il pratique, etnon
sans sagacité,une
science quisemble
àbeaucoup,
absolument
moderne.
Ilcomprend
l'intérêt
que
présententcesdonnées
qu'une
nécessité fiscale vientde
jeterdans
lepublic et s'efforce de les interpréter.Devant
ceremarquable
souci,on
regrettede ne
pointcon-naître le
nom
de
cechercheur
etde
ne pouvoir
le signalerà la
sympathie de ceux
que
poursuivent
aujourd'hui lesmêmes
préoccupations
et lesmêmes
désirs (1).Certes, tout n'est pas parfait
dans son
évaluation.La
faute
en
estsurtoutau
document lui-même
etàson
manque
de
précision.Mais nous
pouvons
reprocher à l'auteur deparfois
manquer
d'exactitudeen
l'interprétant : c'est ainsi,(1) Dans YHistoria leodiensis, t. III, pp. 294-295, on trouve le
résumédes
mêmes
calculs, y compris les erreurs.On
sait que, danscette histoire, l'œuvre de Foullon s'arrête avec le règne d'Ernest de
Bavièreen 1612etne sepoursuitpasau delà dusecond volume. Géné-ralement on estd'accord pourattribuer à G. de Louvrex le récit des
faitsquiseplacent entre 1612 et 1688. Les nombreusesressemblances
queprésente, aveccette partie de YHistoria leodiensis, la narration
du
Sommaire
historialestremarquable.Une
étudecomparative dé—
240
—
par
exemple,
que pour
atteindre le chiffrede
3ipour
lesmaisons
claustralesdu
chapitre Saint-Pierre, il considèrecomme
deux
édifices distincts lesdeux
«quartiers»de
lamaison où
habitait lechanoine
Bilstain;de
même
pour
la
demeure que
se partageaient lechanoine
Raddoux
et lepâtissier
Jean
Remy;
de
même
enfin,pour
lesdeux
partiesde
lamaison
de
M.
Beringh,
dont
Tune
était signaléecomme
inoccupée.On
auracertainement
remarqué
les erreurscommises
dans
des additionscependant
fort simples; ellespeuvent
justifier,
une
foisde
plus, la défiance qu'inspirent lescal-culs des
chroniqueurs
du
moyen
âge
etde nos
ancienshistoriens.
Il
y
a demême
grand
risque àcompter,
ainsique
lefait l'auteur,
pour chaque
chefde
ménage, une maison
dis-tincte, lorsque le rôlene
donne
pasde
certitude absolue sur cepoint.Parmi
ceux
que
la liste signalecomme
défail-lants,plusieurs sontformellement
désignéscomme
pauvres;d'autresd'entre
eux
setrouvaientprobablement
aussi réduitsà l'indigence.
Dans
quelles conditions cesmalheureux
selogeaient-ils?
Sans
doute,beaucoup
se contentaientd'une
ou
de
deux chambres,
peut-êtremême
de
moins
encore.Il
ne
peutdonc
être question d'attribuer àchacune de
ces familles l'occupationd'une
maison
entière.En
dépit de ces critiques, le total desmaisons indiqué
par l'auteur
ne
devait pas s'écarterbeaucoup
de la réalité.Nous
pouvons,
somme
toute, l'accepterdans son ensemble
et le
comparer
aux
chiffresque nous
possédons
pour
une
époque
antérieure.La
« crenée »de
1470
accusaitpour
Liège
et sesfaubourgs 2,000
feux, soit, d'aprèsl'interpré-tation
de
son
éditeurM.
A.
Hansay,
àpeu
près 10,000habitants.
En
180 ans, l'augmentation se révèledonc
de
27,000 personnes
environ,donnant
un
accroissement
moyen
annuel de
i5opersonnes.Pendant
ces 180 ans, lavilleavaitjoui
d'une
tranquillité relative.La moyenne
de 5 habitants parmaison,
que
choisitl'auteur, est àretenir.
Tout récemment,
à l'aidede données
absolument
certaines,M.
H.
Pirenne
établissait lemême
—
241
Ypres,
en
i5o6(i),e1M.
F.Buomberger
arrivail aumême
résultat,
en
ce quiconcerne
Fribourg, au milieudu
XV
esiècle (2). Il faut noter
qu'un contemporain,
observateur très sagace, a cru devoir choisir celtemoyenne
pour
Liège,au
milieudu
XVIIesiècle. Il faut noter aussique pour
l'éta-blir, il aura sansdoute tenu
compte
de la population desmonastères
et des couvents,dont
ilne
reprend point lechiffreà
un
autreendroit.Et
cette population ne laissait pasd'être assez importante.
De
plus, ce chiffre estdonné,
non
parménage
ni parfeu,
mais
parmaison.
C'estdu moins
ainsique
l'entendl'auteur, bien qu'il se
trompe
dans
l'application de cetterègle.
La
distinction est à faire.De
récentes études l'ontprouvé
: la locationde
parties demaisons
étaiten
usage,surtout
dans
les villes industrielles,même
au
moyen
âge.La
Description fournit diversexemples de
ce cas.A
peu
de
choses près, l'auteur atirédu
document
tout ce qu'il est possible d'en apprendre.En
effet, si celui-ci présenteun
vif intérêt,en
ce quiconcerne
la distributiontopographique
de
la ville,en
ce quiconcerne
aussi lesnoms
des Liégeoisdu
xvn
esiècle, le
manque
de précisionque nous
avons
déjà signalé,ne
permet guère
d'en faire lefond
d'autres évaluations statistiques.Le
nom
de ceux qui ont acquitté l'impôt s'y trouve seul signalé. Sont-ce toujours bien lesnoms
des chefsde
famille?Et
même,
en
l'admettant, s'agit-ilde personnes
mariées,de
veufsou
de
célibataires?Nous
l'ignoronsdans
laplupart descas.Nous
ne trouvons
non
plusaucune
indication relativeau
nombre
des enfants et des serviteurs.
Le nombre
de
défaillants n'est pas plus instructif, car rienne
permet de
fixerparmi
eux
le chiffre exact des indigents.Vouloir
déduirede
cesdonnées
incomplètes lapropor-tion relative
de
l'élémentféminin
et de l'élément masculin,(1) Les dénombrements de la population d'Ypresau
XV
siècle,dans Vierteljahrschriftfur Social- und Wirtschaftsgeschichte, t. I
(1903), p. 21.
(2) Bevôlkerungs- undVermôgensstatistikinder Stadtund Land-schaft Freiburg
um
die Mitte desXV
Jahrhunderts 1Extrait de—
242
-serait risquer d'entreprendre
un
travail considérable sans prévision de résultats certains. Ilen
estde
même
pour
l'évaluation desdemeures
abritant plusieursménages. Tel
qu'il se présente à
nous,
ledocument
semble
accuserune
proportion plus considérable
d'appartements dans
lespar-ties riches
de
la villeque
dans
les quartierspopuleux.
Mais
celane
tient-il pasà cequ'il taitlamanière dont
selogeaient les détaillants indigents?La
réponse
paraît devoir êtreaffirmative et, de ce côté encore,
nous
restonsdans
ledoute.
Le
chapitre cathedral at payéavec leurs suppôtssur 63 maisonsla
somme
deS. Pierre a payé sur 3i » S.
244
RECEPTAZ
DES
PAROISSES.atirédes maisons des 32 paroisses, des chanoines et cloîtres la
somme
de 46,599 florins i3 patt. brabant faisant 1 1,649Pla-çons 3 florins i3 pattars.
VINAVE
D'ILE.Par le
même
calcul, je trouve que le quartierdu
Vinable d'Isle contenant 4 paroisses seront peuplées de 884 maisonssçavoir:
S. Martin de 335 maisons.
S. Adalbert de 226 »
S.
Remy
de 85 »S. Nicolas aux Trez de
....
154 »Sur
les enclos S. Paul....
48 »etcelles de S. Jean 36 »
884 maisons.
Sans
comprendre
les églises de S. Paul et de S. Jeanseule-ment
queles maisonsclaustrales,ny
aussi l'abbaye deS.Jacque,celledeBeaurepaire, cellesdesJésuites, les Croisiers,lesCarmes, les Prescheurs, les
Sœurs
de Hasque, lesSœurs
Clarisses, les grises Sœurs, les Celestines, plusieurs beghinaghes et autres chappelles, sçavoir les Beghines Bologne, les Beghines des Prê-cheurs, les Beghines Maxherées, les Beghines de S. Adalbertet les Beghines d'Heur, lesquelles 884 maisons habitées, pose lecas de 5 personnes, l'une portant l'autre, ne feroit que 4,420 personnes quele Vinable d'Isle pourroitcontenir.
OUTRE-MEUSE.
Le quartier d'Outremeuse ne contient que deux paroisses,
sçavoir:
S. Phollien, contenante . . . 519 maisons.
S. Nicolas, »
...
708 »Ensemble
. . . 1,227 maisons.qui peuventêtre habitées,
comme
dit est, en contant L'un parmi l'autre a 5 personnes chacune, de 6.175 personnes.246
APPENDICE
Ordonnance
deMaximilien-Henri
de Bavière, décrétantla levée d'un impôt sur lesfenêtres.
2 août i65o.
Maximilian
Henry,
par la grâce de Dieu, princecoadju-teur de Cologne, etc,
comte
palatin du Rhin, duc desDeux
Bavières, etc.A
tous ceux qui ces présentes verrontsalut. LesEstats de ce pays de Liège, et
comté
de Looz, assemblé au 2yme ,-iumois
coullé sur laproposition faite de la part deSon
Alteze Serenissime, leur evesqueet prince très honnoré oncle, en date
du
to™"3de cemesme
mois, considérants les nécessitezpressantes y reprinses, et voulant contribuer au salut
commun,
nous ontreprésentélesresolutions etreces que chacque Estât atrouvé a ce convenables
du
2jmset 28me dudit mois respective-ment,comme
aussy avons veu celuydu
clergé secondairedu
2Cjme, lesquels ayants fait confronter trouvons s'accorder entre
autres a l'impost sur lesfenestres, es cité, villes et fauxbourghs en la forme suivante : sur chacque fenestre, (ycomprises celles
dans lestoits, ditvulgairementbavechines),soyentellesdevittre, bois
ou
simple ouverturede quelleforme que ce soit, faite pour servir alumière trois soûls, a exiger de tous habitans, ledes-compte ou
regres pour la moitié saulf au locataire contre lepropriétaire, lequel au cas que la maison ne seroit inhabitée,
devra payerle tout,voirqu'une fenestre ayanteinterstice, pour-veu qu'elle s'ouvre a
une
fois, et pas a deux, ne seranpmbrée
que pour
une.Comme
donc pour
le soulagement du pays il import queledit
moyen
soit au plustost mis en exécution, avons (pen-dant que l'on travaille a celledu
moyen
accordé sur les bon-niers) en suittedu
plain pouvoir nousdonné
parSon
Alteze—
248
—
Serenissime, notre très
honnoré
oncle, ordonné etcommandé,
ordonnons
etcommandons
par cette, que tous inhabitans desmaisons, es cité, villes et fauxbourghs, sans
aucune
exception,ayent adéclarer par billet signé de leur main,
ou
par autre en leurnom
(au casd'ignorance de l'escriture), lenombre
précis etexacte de leurs fenestres
comme
dessus, et ce esmains chacun
de son pasteur, trois jours après la publication de ce
mande-ment, et d'en payer la portance en
mesme
terme es mains de ceux qui serontembas
dénommez
dans chacque paroicherespec-tivement,a peine au cas de deffaillance de ladite déclaration et payement, de payer le double,et pour chacunefenestre recellée dans la déclaration, d'un patagons a repartir par tiers, entre le délateur, collecteur et Testât.
La
où
qu'es cité, villes etfaux-bourgs se retreuvent terres, jardins et prairies, les possesseurs qui enauront
un
demy
bonnier,ou
plus, en devrontrapporter aussi bien la quantité,que
des fenestres, et lechoix de l'unou
de l'autre sera à Testât.Au
regarddu
clergé, tant primaire que secondaire,enten-dons que les rapports soientfaits avec le
payement
auxnotaires de leurs chapittre; etque les pasteurs, notairesetdéputez dans chacque paroisse (lesquelles pour leurs peines seront exempts de leurcontingent), rapporteront fidèlement toutes leursdécla-rations, et argent par euxreceu, et en une liste avec les
noms
et
nombre
des fenestres rapportées,comme
aussi lesnoms
desderfaillans. es mains de Paul Fisen que députons recepveur, voir qu'en tous cas sera permis aux controlleurs a députer d'entrer es maisons, a effet de confronter les rapports avec le
nombre
desfenestres.
Cependant
comme
il importe d'avoir argent avant que lacollecte puisseestre achevée, nous exhortons tous et
un
chacunsurceants desdites cité, villes et pays,
notament
ceux qui en ont,ou
peuventavoir a lamain
de contribuer en avance surles
moyen
susdit, et impost missur les bonniers, lesquels leursseront affectez pour Tasseurance de l'argentavancé avec Tinte
-restet les magistrats desdites cité et villes, de s'employer
soi-gneusement
a recouvrer lesdites avances, endonnant
a ceuxqui compteront argent les obligations, en forme desquelles ils
tiendront
compte
et registre pour estre apportée aux députez de Sadite Alteze, et de ses Estats.Donné
au Palais a Liège ce 2me d'aoust i65o.Signé
Groisbeeck
vl,
Maximilian
Henry,
et plus bas,—
249
—
SaincteFoid. Gérard Corbion, brasseur.Sainct
Thomas.
Louis Cornelis.
Sainct George. Jean
La
Court, procureur.Sainct Jean. Jean Cornet, marchand.
Sainct Phollien
Henry
des Brassinnes.Sainct Nicolas. Cornelis Jalhea. Sainct
Remacle au
Pont.Bilstain.
Saincte Catherine. Albert Gradi, marchand.
Saincte Magdelaine. Le greffier Malaise.
Sainct Estienne, Sainct
Gengol
etNostreDame
au
Fonds.Dieu
donné
Liégeois, maistredu
Faulcon.SaincteAldegonde.
Le
procureur Nassette.Sainct Nicolas
aux
Tre\
etSainctRemy.
Demy,
gendredu
Buisson.Sainct Christofle.
Coupille. Saincte Veronne.
Bon -homme,
maistrede la Verrie.Sainct Martin.
Harenne,
notaire. Sainct Adalbcrt.Le
procureur Malaise. SainctMichel. Prealle.Sainct
Hubert,
Sainct Nicolasaux
Mouches.
Le
parlier Delxhaille.—
250
—
SainctRemacle
enMont.
Le notaire Borlé. Saincte Gertrude. Jean Renard. Saincte Margueritte. Servais de Stock. Sai7ict Severin. Gilkin, procureur. SainctServais.
Le
procureur Engels. SaincteWalbnrge
. Quellin Darimont. SainctAndré.
Jean Moors, maistre
du
Chasteau.On\e
mille vierges et Sainct Clément. Guilleaume Ticquez,marchand.
Sainct Vincent aileBouverie. Barthélémy
Le Mignon.
Copie aux Archives de l'Etat, à Liège, dans fonds de
l'EtatNoble. Registre, n°ioo.Journées. Propositions des Princes, 164c à 1661, fol. 127-128 v°.