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Eléments pour des territoires en devenir : les voies de fabrication des grands ensembles

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Eléments pour des territoires en devenir : les voies de

fabrication des grands ensembles

Barbara Morovich

To cite this version:

Barbara Morovich. Eléments pour des territoires en devenir : les voies de fabrication des grands

ensembles. CIST2011 - Fonder les sciences du territoire, Collège international des sciences du territoire

(CIST), Nov 2011, Paris, France. pp.352-355. �hal-01353396�

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Éléments pour des territoires en devenir : les voies de

fabrication des grands ensembles

AUTEUR

Barbara MOROVICH, AMUP (France)

RÉSUMÉ

Nous allons explorer les voies internes et externes de fabrication et de représentation de ces territoires particuliers qui sont les « cités » ou grands ensembles en partant d'un exemple précis, celui du quartier de Hautepierre à Strasbourg et d'une recherche anthropologique commencée en 2008. La modification des discours, les ajustements, les rebondissements des identités territoriales sont le fruit de l'histoire, des mémoires, mais aussi de la dialectique entre des discours fortement contradictoires, produits à l'extérieur (politique de la ville, sociologues, médias...) ou à l'intérieur (habitants, associations...). On cherchera a saisir ces espace comme des « territoires » en partant d'une approche socio-anthropologique : territoire comme construction sociale, « milieu de vie, de pensée et d'action grâce auquel un individu ou un groupe se reconnaît, dote ce qui l'entoure de sens » (Barel, 1990). Le territoire serait le lieu où s'exercent « les composantes de l'identité » (Mozère 1999) la pensée du groupe étant redevable à des formes visibles dans l'espace. Mais qui fabrique le territoire, ses frontières, son « esprit » ? D'où viennent les valeurs sociales qui vont investir le lieu géographique ? De quelle manière des réseaux peuvent-ils le fabriquer en sortant du territoire lui-même ?

ABSTRACT

In this communication we explore the internal and external ways of fabrication and representation of particular territories: the social housing areas. We will give the example of one of them, Hautepierre in Strasbourg studied thorough an anthropological research starting in 2008. The changes of the discourse, the adjustments, the development of identities concerning this territory are the fruit of history, memories, but also of the dialectic between contradictory ideas, some produced outside (official and political, or from mass-media) some of them inside (from inhabitants, associations...). We try to understand these territories from a socio-anthropological point of view: territories as a social construction, as « milieu of life, thought and action » which makes an individual or a group to recognize itself (Barel, 1990). Territoriality is not anterior to the establishment of social relations. In which way the identity of territory and its borders are built, and by whom? From where its social values are from? In which way networks can build a territory by coming out from the territory itself ?

MOTS CLÉS

Grands ensembles, representations, groupes sociaux, politique de la ville, renovation urbaine.

INTRODUCTION

L'objectif de la communication est d'explorer la notion de territoire en relation à la fabrication des grands ensembles en partant d'acteurs internes (habitants, associations) et externes (politique de la ville, médias, chercheurs). A travers une démarche

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comparative, nous nous referons à un exemple principal, celui du quartier de Hautepierre à Strasbourg et d'une recherche socio-anthropologique initiée en 20081.

1. UN PROCESSUS DE FABRICATION COMPLEXE

Les grands ensembles sont des espaces difficiles à définir malgré leur représentation assez univoque. Les quartiers d'habitat social sont le plus souvent représentés comme des territoires de l'exclusion, de la galère, comme l'expression d'une « crise » et d'un échec économique, urbain et social. Ces territoires sont aussi définis en relation à l'appropriation illégitime voir délinquante de groupes bien précis, les jeunes déviants. Alors que l'histoire des grands ensembles est en train de s'écrire et les causes, complexes de leur fabrication et de leurs transformations sont mises en avant, cette complexité reste souvent méconnue face à la vision générale (l'idéologie dominante) qui « relègue » ces territoires et ses populations à la mythologie du ghetto et de la difficulté (Dubet & Lapeyronnie, 1992). De plus, c'est en tant qu'« habitant » d'un quartier « sensible » qu'on a accès aux ressources de l'aide sociale : ce n'est plus l'identité professionnelle qui définit les individus (comme c'était le cas pour les « travailleurs ») mais son appartenance à un territoire précis (Merklen, 2009) : l'identité des classes populaires serait donc désormais otage du territoire d'appartenance.

Dans cette communication, nous prenons le parti de montrer plusieurs voies de production et d'« imagination » de ces territoires en partant de points de vue différents et contradictoires, internes et externes. Le processus de fabrication externe qui est reconnu comme juste, est seulement un des discours possibles : la notion de quartier « en difficulté » étant un effet d'imposition de la classe dominante sur une réalité dont elle ne connait pas le détail ou dont elle interprète certains éléments. Les discours politique et, par la suite, celui médiatique, ne laissent pas d'autre parole officielle. La recherche effectuée à Hautepierre (Strasbourg) montre que les définitions des habitants ne correspondent pas toujours à celles externe. Le plus souvent, les habitants mettent l'accent sur des problèmes spécifiques, très ciblés et détaillés mais ont un avis global positif de leur lieu de vie. Les discours internes, produits par les habitants et les acteurs associatifs, constituent donc une clef de compréhension parallèle en partant de groupes sociaux souvent moins reconnus. Leur point de vue explicite une vision relationnelle forte, des processus d'appropriation spécifiques, des usages quotidiens des espaces et l'ouverture au monde des grands ensembles à travers des réseaux. Mais ces récits sont loin d'être reconnus.

2. LES FRONTIERES : ENTRE FRACTURE ET LISIBILITE

Dans la fabrication des frontières des grands ensembles, beaucoup est du à des discours qui ont superposé la fracture territoriale à celle sociale et ont essayé, avec le renouvellement urbain puis avec la rénovation urbaine, une forme de réinscription territoriale et des interventions urbaines aptes à changer et améliorer la situation sociale. Cette territorialisation a été ainsi fabriquée par la définition des « zones » (ZUP, ZUS, ZFU...), des aires homogènes principales cibles des interventions de la politique de la ville.

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Recherche menée dans le cadre du projet « Grands ensembles, urbanité et politiques de la ville dans le Rhin supérieur : Strasbourg-Hautepierre et Heidelberg-Emmertsgrund », équipe « Architecture, Morphogénèse Urbaine et Projet » (AMUP) de l'École Nationale Supérieure d’Architecture et de l'Institut National des Sciences Appliquées Strasbourg. Résultats en cours de publication.

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Dans une société globale de plus en plus marquée par la fermeture et la séparation, avatars d'une vision sociale sécuritaire, la notion de ghetto devient particulièrement opératoire, mais dans quel sens ? Alors qu'on pointe les défauts liés à « l'enclavement » de certains quartiers, la rénovation urbaine intervient-elle réellement pour « ouvrir » ? Si l'on examine les termes employés par l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine, cette ouverture qui devrait « restituer » les quartiers à la ville, est en réalité une forme accrue de contrôle : lisibilité des espaces, résidentialisations, clôtures, définition des parties (un cœur et des portes) du quartier...) bien identifiées. Ceci s'entend comme une forme de super (ou supra) vision du territoire, dans lequel des interventions (notamment policières) seraient plus simples à effectuer. Nous donnerons des exemples concrets en ce qui concerne notre terrain d'études. Mais quelles limites sont reconnues à l'intérieur du quartier par ses habitants ? Quels en sont les découpages, les sous-ensembles imaginés ? La relation au centre ville de Strasbourg (et notamment au nœud de la « Place de l'homme de Fer » où arrive le tram) semble totalement décomplexé, comme la relation à la frontière allemande (c'est à Khel en Allemagne que les habitants de Hautepierre font leurs courses, comme d'autres habitants de Strasbourg).

3. L'ESPRIT DU TERRITOIRE EN QUESTION

En partant de la recherche concernant Hautepierre, nous allons montrer comment l'urbanité et l'identité du territoire en question se composent d'éléments différents : fierté mêlée à la culpabilité, volonté de partir et amour très fort envers son quartier, c'est la sensation de faire partie de « pauvres » et des « assistés » qui fait que certain(e)s souhaitent s'en éloigner. L'identité de Hautepierre, plus qu'être éclatée se fonde sur ces contradictions qui doivent beaucoup au regard que l'extérieur lui porte et qui le construit. Ces contradictions touchent aussi à une sociabilité particulière : de la solidarité et des formes de déviance cohabitent. Informel, débrouille et service rendu au voisin sont le lot quotidien d'une grande partie des habitants dépendants d'une « polyactivité » qui leur permet de faire face au déficits (Merklen, 2009). Une relation particulièrement forte aux espaces publics et extérieurs caractérise Hautepierre comme d'autres grands ensembles et ne concerne pas seulement les enfants et les jeunes, mais une bonne partie des classes d'âge. Le mélange culturel et la « diversité » sont aussi dans les discours un des atouts du quartier. Les lieux de rencontre combinent les espaces publics ouvriers (notamment le jardin familial) avec d'autres lieux : les bas d'immeubles, les terrains de jeux, les parkings, les espaces verts et libres (pour l'instant) mais aussi des lieux associatifs qui participent à la fabrication de l'identité à travers la pratique solidaire. La multiplicité des cultures est donc un point de départ pour la création de l'identité sociale.

4. SORTIR DU TERRITOIRE : LA REPRESENTATION DES RESEAUX DU GRAND ENSEMBLE

Le réseau est l'espace de la discontinuité et de la connexité qui échappe à la logique simple de l'inclusion et de l'exclusion (Lussault, 2007). Son caractère d'ouverture bien se prête à être employé pour percevoir de manière moins univoque le territoire en question : cette lecture plus que complémentaire s'avère en réalité essentielle. En effet, dans les grands ensembles s'opèrent plusieurs formes de déterritorialisations (notamment à travers les réseaux migratoires) permettant de penser ces lieux comme le contraire des ghettos auxquels on les compare. En ce qui concerne le quartier étudié, ses réseaux s'étendent au delà des « mailles » du quartier, se tissent avec d'autres quartiers de la ville, avec d'autres villes d'Alsace, et avec l'étranger. Elles sont

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également transfrontaliers et, surtout, virtuels (facebook, blogs différents...). Des communications internes intenses existent aussi, à travers des nombreuses fréquentations, témoignées, par exemple, par des signes et des graffitis dans l'espace du quartier. Nous allons mettre en exergue cette contradiction : l'imaginaire du ghetto (de l'enclavement, de l'enfermement...) est produit à côté d'une réalité de mobilité, les habitants de ces lieux venant le plus souvent d'ailleurs et sont en contact permanent avec des sociabilités de l'ailleurs. La lecture univoque, redevable de la « sociologie de la galère » ne tient pas compte des dynamiques « circulatoires » (Tarrius, 1992), de mobilités « par le bas » et de mobilités incessantes qui intéressent les quartiers populaires. On peut essayer de les représenter à travers une cartographie qui montre l'inscription territoriale et la mobilité des individus. Dans un travail transdisciplinaire, des artistes, des graphistes et des anthropologues2 ont essayé la représentation d'un

territoire à travers la sortie du territoire, sortie qui devient un élément essentiel du territoire lui-même.

Figure 1. Carte de mobilité, Association Horizome

REFERENCES

Barel, Y. , 1990, « Territoires et corporatisme », Économie et Humanisme, n ‹ 314. François Dubet et Didier Lapeyronnie, 1992, Les quartiers d’exil, Le Seuil, Paris.

Levy J., 2003, « Territoire » in Lévy J. & Lussault, M. (dir..), Dictionnaire de la géographie et de

l’espace des sociétés, Belin, Paris, 907-910.

Lussault M., 2007, L’homme spatial. La construction sociale de l’espace humain, Le Seuil, Paris. Merklen, D., 2009, Quartiers populaires, quartiers politiques, La Dispute, Paris.

Morovich, B., 2008, « Images de Hautepierre (Strasbourg) : culture visuelle et grands ensembles », Lieux Communs n 11, Cultures visuelles de l’urbain contemporain, ENSA Nantes, 113-125. Mozère L. (et alii dir.), 1999, Intelligence des banlieues, L'Aube, La Tour-d'Aigue.

Tarrius, A., 1992, Les fourmis d'Europe: migrants riches, migrants pauvres et nouvelles villes

internationales, L'Harmattan, Paris.

AUTEUR Barbara Morovich

AMUP (ENSAS) et LAA-LAVUE barbaramorovich@yahoo.fr

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Figure

Figure 1. Carte de mobilité, Association Horizome

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