• Aucun résultat trouvé

Les atteintes cognitives transdiagnostiques en psychiatrie : l'influence des variables neurobiologiques, psychologiques et environnementales

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Les atteintes cognitives transdiagnostiques en psychiatrie : l'influence des variables neurobiologiques, psychologiques et environnementales"

Copied!
208
0
0

Texte intégral

(1)

Les atteintes cognitives transdiagnostiques en

psychiatrie : l’influence des variables neurobiologiques,

psychologiques et environnementales

Thèse

Caroline East-Richard

Doctorat en psychologie – Recherche et intervention

Philosophiæ doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

(2)

Les atteintes cognitives transdiagnostiques en

psychiatrie : l’influence des variables neurobiologiques,

psychologiques et environnementales

Thèse

Caroline East-Richard

Sous la direction de :

Caroline Cellard, directrice de recherche

Danielle Nadeau, codirectrice de recherche

(3)

iii

Résumé

Les atteintes cognitives dans les troubles psychiatriques ont été grandement documentées dans les dernières années. Plusieurs méta-analyses à ce sujet ont d’ailleurs été réalisées. Toutefois, avec les avancées en neurosciences cognitives, une autre vision des troubles psychiatriques a émergé : l’approche transdiagnostique. Visant à documenter les processus communs entre les troubles psychiatriques, cette approche s’intéresse, entre autres, aux atteintes cognitives communes entre les troubles psychiatriques.

S’inscrivant dans l’approche transdiagnostique, cette thèse visait à identifier les atteintes cognitives transdiagnostiques ainsi que les facteurs neurobiologiques, psychologiques et environnementaux pouvant les influencer. Plus précisément, elle avait pour objectifs d’identifier les atteintes cognitives transdiagnostiques au sein d’une large population psychiatrique par le biais d’une recension de méta-analyses, puis d’investiguer si de telles atteintes demeurent les mêmes au sein d’une population adolescente psychiatrique ayant vécu de la maltraitance. Cette thèse comporte donc deux études.

La première étude est une recension de méta-analyses documentant les atteintes cognitives transdiagnostiques au sein d’une large population psychiatrique, et ce, selon différents groupes d’âge. De façon générale, cette recension de méta-analyses a permis de mettre en évidence des atteintes cognitives communes à plusieurs troubles psychiatriques se situant principalement au niveau des fonctions exécutives et de la mémoire épisodique.

Quant à la deuxième étude de cette thèse, il s’agit d’une étude empirique comparant 27 adolescents ayant un passé de maltraitance et des troubles psychiatriques à 30 adolescents contrôles sur des variables cognitives, neurobiologiques, psychologiques et environnementales. Cette étude visait à identifier les déterminants des atteintes cognitives au sein de cette population vulnérable. De façon générale, des taux cortisolaires plus faibles (déterminant neurobiologique) et des symptômes intériorisés plus importants (déterminant psychologique) prédisaient de plus faibles capacités de manipulation en mémoire de travail verbale. Par ailleurs, cette étude permettait également de documenter si les atteintes cognitives transdiagnostiques observées au sein d’une large population psychiatrique (étude 1) sont les mêmes au sein d’une population adolescente psychiatrique ayant vécu de la maltraitance. De par l’intégration des résultats des deux études, cette thèse a mis en évidence

(4)

iv

que la nature des atteintes cognitives transdiagnostiques change peu lorsqu’une variable environnementale est ajoutée (i.e. maltraitance), bien que la magnitude de certaines atteintes soit plus importante au sein d’une population adolescente psychiatrique ayant vécu de la maltraitance.

(5)

v

Abstract

Cognitive impairments in psychiatric disorders have been widely documented in recent years. Moreover, several meta-analyses on this subject have been performed. However, with advances in cognitive neuroscience, another vision of psychiatric disorders has emerged: the transdiagnostic approach. This approach aims to document the common processes between psychiatric disorders and notably, it focuses on the common cognitive impairments between psychiatric disorders.

Following the transdiagnostic approach, this thesis aimed to identify the transdiagnostic cognitive impairments as well as the neurobiological, psychological and environmental factors that may influence them. Specifically, the objectives were to identify transdiagnostic cognitive impairments in a large psychiatric population through a review of meta-analyses, and then to investigate whether such impairments remain the same within an adolescent psychiatric population with a history of maltreatment. This thesis thus includes two studies.

The first study is a review of meta-analyses which documents transdiagnostic cognitive impairments in a large psychiatric population, according to different age groups. In general, this review highlighted cognitive impairments, particularly in executive functions and episodic memory, which were common across several psychiatric disorders.

The second study is an empirical study comparing 27 adolescents with a history of maltreatment and psychiatric disorders to 30 healthy controls on cognitive, neurobiological, psychological and environmental variables. The purpose of this study was to investigate whether transdiagnostic cognitive impairments observed in a large psychiatric population (study 1) are the same in a psychiatric adolescent population with a history of maltreatment, as well as to identify the determinants of cognitive impairments in this vulnerable population. In general, this study found that lower cortisol levels (neurobiological determinant) and higher internalized symptoms (psychological determinant) predicted lower manipulation abilities in verbal working memory.

Integrating the results of these two studies, this thesis has highlighted that the nature of transdiagnostic cognitive impairments changes little when an environmental variable is

(6)

vi

added (i.e. maltreatment), although the magnitude of some cognitive impairments is more important in a psychiatric adolescent population with a history of maltreatment.

(7)

vii

Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vii

Liste des annexes ... xi

Liste des figures ... xii

Liste des tableaux ... xiii

Liste des abréviations ... xiv

Remerciements ... xvii

Avant-propos ... xix

Chapitre 1 : Introduction générale ... 1

1.1. Problématique ... 1

1.2. La santé mentale ... 2

1.2.1. Les conséquences associées aux troubles psychiatriques ... 3

1.2.2. La comorbidité au sein de la population psychiatrique ... 5

1.3. L’approche transdiagnostique ... 7

1.3.1. Facteurs génétiques transdiagnostiques ... 10

1.3.2. Facteurs neurobiologiques transdiagnostiques ... 11

1.3.3. Facteurs cognitifs transdiagnostiques ... 12

1.3.4. Facteurs psychologiques transdiagnostiques ... 13

1.3.5. Traitements psychologiques transdiagnostiques ... 16

1.4. Liens entre l’adversité, les troubles psychiatriques et la cognition ... 19

1.4.1. L’adversité et la maltraitance : définition des concepts ... 19

1.4.2. L’adversité et les troubles psychiatriques ... 19

1.4.3. L’adversité et les atteintes cognitives ... 23

1.5. Liens entre l’adversité et la réponse cortisolaire ... 25

1.5.1. Fonctionnement de l’axe hypothalamo-pituitaire-surrénalien ... 25

1.5.2. Perturbation de l’axe hypothalamo-pituitaire-surrénalien ... 26

1.6. Déterminants de la cognition ... 29

1.6.1. Les variables cortisolaires en tant que déterminants de la cognition ... 29

1.6.2. Les déterminants psychosociaux et environnementaux de la cognition ... 30

1.7. Principaux constats quant à l’état des connaissances ... 31

1.8. Objectifs et hypothèses de la thèse ... 34

Chapitre 2: Transdiagnostic neurocognitive deficits in psychiatry: a review of meta-analyses ... 36 2.1. Résumé ... 37 2.2. Abstract ... 38 2.3. Introduction ... 39 2.4. Method ... 42 2.4.1. Literature search... 42 2.4.2. Selection criteria ... 42

2.4.3. Assessment of methodological quality ... 43

2.4.4. Data extraction ... 44

2.5. Results ... 44

(8)

viii

2.5.2. Methodological quality and final studies selection ... 44

2.5.3. Transdiagnostic neurocognitive deficits among children and adolescents ... 45

2.5.4. Transdiagnostic neurocognitive deficits in first-episodes... 48

2.5.5. Transdiagnostic neurocognitive deficits in adult psychiatric population ... 51

2.5.6. Transdiagnostic neurocognitive deficits in late-onset and late-life disorders ... 54

2.6. Discussion ... 56

2.6.1. Transdiagnostic neurocognitive impairments ... 57

2.6.2. Developmental cross-sectional trajectories of neurocognitive impairments 58 2.6.3. Executive deficits as a transdiagnostic factor ... 60

2.6.4. Episodic memory deficits as a transdiagnostic factor ... 61

2.6.5. Limits of included meta-analyses ... 63

2.6.6. Methodological considerations ... 63

2.6.7. Limitations of this review ... 65

2.7. Conclusion ... 65

2.8. References ... 67

2.9. Tables ... 77

2.10. Figures... 97

L’influence de certaines variables sur les atteintes cognitives transdiagnostiques .... 103

Chapitre 3: Determinants of cognitive impairments of adolescents with a history of maltreatment and psychiatric disorders... 105

3.1. Résumé ... 106

3.2. Abstract ... 107

3.3. Introduction ... 108

3.3.1. The current study ... 111

3.4. Material and methods ... 111

3.4.1. Participants ... 111 3.4.2. Measures ... 112 3.4.3. Procedure ... 113 3.4.4. Analyses ... 114 3.5. Results ... 116 3.5.1. Descriptive statistics ... 116 3.5.2. Cortisol outcomes ... 117 3.5.3. Cognitive outcomes ... 117

3.5.4. Multiple linear regressions ... 118

3.6. Discussion ... 118

3.6.1. Main findings ... 118

3.6.2. Cortisol outcomes ... 119

3.6.3. Cognitive outcomes ... 119

3.6.4. Determinants of cognitive impairments ... 120

3.6.5. Limitations of the current study ... 122

3.7. Conclusion ... 123

3.8. References ... 125

(9)

ix

Chapitre 4: Discussion générale ... 136

4.1. Résumé des résultats ... 137

4.1.1. À la recherche d’atteintes cognitives transdiagnostiques : résultats issus d’une large population psychiatrique ... 137

4.1.2. À la recherche d’atteintes cognitives transdiagnostiques : résultats issus d’une population psychiatrique vulnérable ... 140

4.2. La variabilité des atteintes cognitives transdiagnostiques : intégration des résultats ... 142

4.2.1. Nature des atteintes cognitives transdiagnostiques ... 143

4.2.2. Magnitude des atteintes cognitives transdiagnostiques ... 144

4.3. Contributions théoriques ... 145

4.3.1. Identification de facteurs cognitifs transdiagnostiques ... 145

4.3.2. Influence d’un facteur environnemental sur les atteintes cognitives transdiagnostiques ... 146

4.3.3. Déterminants des atteintes cognitives au sein d’une population vulnérable ... 147

4.3.4. Fonctionnement cognitif d’une population psychiatrique vulnérable ... 148

4.4. Contributions cliniques ... 149

4.4.1. Les atteintes cognitives transdiagnostiques en tant que cibles d’intervention ... 149

4.4.2. La prévention de la maltraitance : un facteur au cœur des relations ... 151

4.4.3. Implications pour le neuropsychologue clinicien ... 152

4.4.4. Apport et critique de l’approche transdiagnostique ... 152

4.5. Contributions méthodologiques ... 153

4.5.1. Évaluation de la qualité méthodologique des méta-analyses ... 153

4.6. Limites de la thèse ... 154

4.6.1. Sélection des méta-analyses ... 154

4.6.2. Influence de l’adversité sur les atteintes cognitives ... 155

4.6.3. Explications neurobiologiques des atteintes cognitives transdiagnostiques ... 155

4.6.4. Comparaisons transversales ... 156

4.6.5. Taille de l’échantillon de l’étude 2 ... 156

4.6.6. Comparaisons multiples ... 157

4.6.7. Différence d’âge dans l’étude 2 ... 157

4.6.8. Comparaisons des résultats issus des deux études ... 157

4.6.9. Adhérence au protocole de collecte salivaire ... 158

4.6.10. Diagnostics psychiatriques de la deuxième étude ... 159

4.6.11. Opérationnalisation du concept de maltraitance ... 160

4.6.12. Performances du groupe TP+M (étude 2) ... 161

4.6.13. Limites des tests neuropsychologiques ... 161

4.7. Perspectives futures ... 162

4.7.1. Facteurs influençant les atteintes cognitives transdiagnostiques ... 162

4.7.2. Interventions transdiagnostiques ... 163

4.7.3. Interventions pour une clientèle psychiatrique vulnérable ... 163

4.7.4. Implication des régions préfrontales ... 164

(10)

x 4.8. Conclusion générale ... 166 Bibliographie ... 168 Annexe A ... 183 Annexe B ... 185 Annexe C ... 186 Annexe D ... 188

(11)

xi

Liste des annexes

Annexe A – Comparaison des résultats entre les deux études de la thèse ...183 Annexe B – Modèle de régression linéaire multiple testé au sein du groupe contrôle ...185 Annexe C – Analyses exploratoires comparant les jeunes suivis en centres jeunesse avec

ou sans échantillons salivaires ... 186 Annexe D – Fréquence des scores du groupe TP+M de l’étude 2 selon les processus

cognitifs ...188

(12)

xii

Liste des figures

Chapitre 2

Figure 1. Flow chart of included studies ………...97 Figure 2. Scores on the R-AMSTAR (N=114) ……….…... 98 Figure 3. Effect sizes of the most impaired neurocognitive functions among disorders in

childhood and adolescence ...……….. 99 Figure 4. Effect sizes of the most impaired neurocognitive functions among

first-episodes ...100 Figure 5. Effect sizes of the most impaired neurocognitive functions among disorders in

adulthood ………...101 Figure 6. Effect sizes of the most impaired neurocognitive functions among disorders in

elderly ……….102

Annexe A

Figure A1. Continuum des tailles d’effet comparant les populations des études 1

(Population TDAH RMA) et 2 (Population TP+M) ...184

(13)

xiii

Liste des tableaux

Chapitre 2

Table 1. Characteristics of included meta-analyses (N=36) ……… 77

Table S1. Reasons of exclusion in the final selection of meta-analyses (N=78) ………….83

Table 2. Effect sizes for disorders in childhood and adolescence ………... 90

Table 3. Effect sizes for first-episodes ……….92

Table 4. Effect sizes for disorders in adulthood ………... 94

Table 5. Effect sizes for disorders in the elderly ………. 96

Chapitre 3 Table 1. Neuropsychological tests by cognitive domain ……..…………..………...131

Table 2. Sociodemographic characteristics of the sample ……….132

Table 3. Data on experienced maltreatment and placements according to records in youth centers for the PD+M group (N=26) ...……….. 133

Table 4. Results of ANCOVAs for cognitive outcomes associated with age ………134

Table 5. Results of Mann-Whitney U-tests for cognitive outcomes (T scores) and Hedges’ g effect sizes ………..……… 135

Annexe A Tableau A1. Tailles d’effet des atteintes cognitives issues des deux études ...183

Annexe B Tableau B1. Résultats du modèle de régression multiple (N=30) ... 185

Annexe C Tableau C1. Résultats des tests comparatifs de Mann-Whitney sur les scores T selon la présence d’échantillons de salive ou non ...186

Annexe D Tableau D1. Fréquence (%) des scores dans les différentes catégories statistiques au sein du groupe TP+M (N=27) selon les processus cognitifs ...188

(14)

xiv

Liste des abréviations

ACTH Adrenocorticotropic hormone

ADD Attention deficit disorder

ADHD Attention deficit hyperactivity disorder

A-FILE Adolescent-Family Inventory of Life Events and Changes ANCOVA Analysis of covariance

ASD Autism spectrum disorder

AUC Area under the curve

BD Bipolar disorder

CANTAB Cambridge Neuropsychological Test Automated Battery CAR Cortisol awakening response

CBCL Child Behavior Checklist

CFSEI-3 Culture-Free Self-Esteem Inventories – Third Edition

CG Control group

CPT-II Continuous Performance Test – Second Edition CRH Corticotropin-releasing hormone

CSHS Centre for Studies on Human Stress CTQ Childhood Trauma Questionnaire

CVLT-II California Verbal Learning Test – Second Edition CVLT-C California Verbal Learning Test – Children’s Version D-KEFS Delis-Kaplan Executive Function System

DSM Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders/Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

EOS Early-onset schizophrenia

ES Effect size

ESPT État de stress post-traumatique

ET Écart-type

FEBD First-episode bipolar disorder

FEMDD First-episode major depressive disorder

FES First-episode schizophrenia

GAD Generalized anxiety disorder

GBAT Group behavioral activation therapy HPA Hypothalamic-pituitary-adrenal HPS Hypothalamo-pituitaire-surrénalien

I.Q. Intelligence quotient

ISI Inter-Stimulus Interval

LLBD Late-life bipolar disorder

LOMDD Late-onset major depressive disorder LOS Late-onset schizophrenia

MANOVA Multivariate analysis of variance

MATCH Modular Approach to Therapy for Children MDD Major depressive disorder

MdT Mémoire de travail

MSSS Ministère de la santé et des services sociaux NIMH National Institute of Mental Health

(15)

xv

NR Not reported

OCD Obsessive-compulsive disorder

ODD Oppositional defiant disorder OMS Organisation mondiale de la Santé

OR Odds ratio

PBD Pediatric bipolar disorder

PD+M Psychiatric disorder + Maltreatment

PG Psychiatric group

PRISMA Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses

PTSD Posttraumatic stress disorder

QI Quotient intellectuel

R-AMSTAR Revised Assessment of Multiple Systematic Reviews RDoC Research Domain Criteria

RMA Recension de méta-analyses

ROCFT Rey-Osterrieth Complex Figure Test

RT Reaction time

SD Standard deviation

SE Standard error

SZ Schizophrenia

TCC Thérapie cognitive-comportementale

TDAH/TDA/H Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ToLDX Tower of London Drexel

TP+M Trouble psychiatrique + Maltraitance

WAIS-IV Wechsler Adult Intelligence Scale – Fourth Edition WISC-IV Wechsler Intelligence Scale for Children – Fourth Edition

WM Working memory

WMS-III Wechsler Memory Scale – Third Edition

(16)

xvi

À toi papa, pour ta présence et ton soutien de là-haut.

(17)

xvii

Remerciements

Tout au long de mon parcours doctoral, j’ai eu la chance d’être entourée par des personnes exceptionnelles qui ont su me faire grandir tant au plan personnel que professionnel. Je dis souvent que la vie fait bien les choses et que rien n’arrive pour rien. La présence de certaines de ces personnes dans ma vie résulte parfois d’un concours de circonstances qui, au final, est à l’origine de bien des changements ou des événements positifs.

Avant tout, je tiens à remercier ma directrice de thèse, Caroline Cellard, pour son incroyable dévouement et le soutien qu’elle m’a offert tout au long de mon doctorat. La motivation et la passion avec lesquelles elle travaille sont incontestablement des sources d’inspiration. De plus, elle m’a indéniablement transmis un désir de dépassement de soi qui m’a grandement permis de cheminer dans les dernières années. Je tiens également à la remercier sincèrement pour toutes les opportunités qu’elle m’a offertes tout au long de mon parcours doctoral, tant en termes d’expériences d’enseignement que dans la coordination de projets de recherche. Elle est une directrice hors pair qui a su grandement marquer mon parcours académique ainsi que ma façon de voir et de faire les choses.

Je tiens également à remercier ma codirectrice de thèse, Danielle Nadeau, qui a toujours su se montrer très disponible tout au long de mon doctorat. De par ses judicieux conseils, elle a indubitablement contribué à élever la qualité de cette thèse et ses questionnements et réflexions m’ont grandement permis de cheminer dans le cadre de mon parcours doctoral. Son dynamisme, son ouverture et sa motivation sont remarquables et ce fut un plaisir de pouvoir travailler à ses côtés ces dernières années.

Je me dois également de remercier les membres de mon comité de thèse, Sonia Goulet et Louis Laplante, qui ont été d’une grande aide tout au long de mon cheminement doctoral. De par leur expertise et les commentaires émis lors des séminaires, ils ont sans aucun doute contribué à l’avancement de ma thèse. Leur ouverture et leur intérêt envers le projet ont donné lieu à des échanges fort intéressants et constructifs, me permettant ainsi d’évoluer au fil de mon doctorat.

(18)

xviii

Par ailleurs, certaines personnes que j’ai côtoyées dans les dernières années ont fait en sorte que mon parcours doctoral a défilé plus rapidement. C’est le cas notamment de mes collègues au sein du Laboratoire NCET, plus particulièrement Alexandra R.-Mercier, ma collègue depuis le baccalauréat, qui est devenue au fil du temps une amie si précieuse. Le doctorat n’aurait pas été le même sans elle. Dans nos découragements, tout comme dans nos bons moments, nous avons su nous soutenir l’une et l’autre. Notre parcours doctoral a été ponctué de découragements, d’efforts acharnés, certes, mais aussi de fous rires et de moments qui resteront gravés dans ma mémoire. Il en ressort une immense fierté de ce que nous avons accompli et je la remercie de m’avoir accompagnée dans ce long et imprévisible parcours.

Je souhaite également remercier mes parents, qui m’ont toujours soutenue et encouragée à me dépasser. Ils ont été des modèles tant sur le plan professionnel que personnel. Dès mon plus jeune âge, ils m’ont encouragée dans tous mes projets, me permettant ainsi de développer diverses habiletés qui m’ont assurément été d’une grande aide pendant mon parcours doctoral. Plus précisément, je tiens à remercier ma mère pour son amour inconditionnel et le support qu’elle m’a offert tout au long de mon doctorat. Elle est réellement une femme inspirante. Je tiens également à remercier mon père, pour qui un nouveau voyage s’est entamé dans la dernière année. Je le remercie pour toutes les valeurs, les connaissances et la force qu’il m’a transmises ainsi que pour tous les beaux moments que j’ai passés avec lui qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Je suis certaine qu’il aurait été très fier de tout ce que j’ai accompli et de la personne que je suis devenue.

Enfin, je tiens à remercier la personne qui me complète si bien, qui est mon partenaire de vie depuis bien des années déjà, mon conjoint Alexandre. Dans les dernières années, il m’a accompagnée, il m’a soutenue, et ce, jusque dans les derniers milles. Son amour et son soutien inconditionnels m’ont été indubitablement d’une grande aide dans ce parcours de longue haleine que sont les études doctorales. Il m’a toujours encouragée à persévérer, à ne pas abandonner. Je le remercie pour sa confiance inébranlable en tout ce que j’entreprends. La fin de mes études doctorales me permettra de tourner la page sur un gros chapitre de ma vie, pour laisser place aux multiples projets et aventures que nous envisageons de vivre ensemble.

(19)

xix

Avant-propos

Le présent ouvrage est une thèse par insertion d’articles qui se compose de quatre chapitres. Le premier chapitre se veut une introduction générale de la thèse et a été rédigé en français. Le Chapitre 2 est une recension de méta-analyses (étude 1) et le Chapitre 3 présente une étude empirique (étude 2). Les chapitres 2 et 3 sont des articles rédigés en anglais. Enfin, le Chapitre 4 constitue une discussion générale, rédigée en français, présentant une intégration des résultats issus des différents travaux effectués dans cette thèse. Seule la mise en page du présent document diffère des versions des articles qui ont été soumises à des revues scientifiques.

Le Chapitre 2 est un manuscrit qui a été soumis à la revue Canadian Psychology. En tant qu’auteure principale de ce manuscrit, j’ai effectué toutes les différentes étapes de la recension des écrits (p. ex., recherche dans les bases de données, sélection des articles, évaluation de la qualité méthodologique des méta-analyses, extraction des données, etc.). Alexandra R.-Mercier, qui est coauteure, a effectué de façon indépendante certaines de ces étapes, soit la sélection des articles, l’évaluation de la qualité méthodologique des méta-analyses et l’extraction des données. Enfin, j’ai effectué la rédaction de ce manuscrit sous la supervision de Caroline Cellard et Danielle Nadeau.

Quant au Chapitre 3, le manuscrit a été soumis au Journal of Clinical and

Experimental Neuropsychology. Cette étude faisait partie d’un projet de recherche de plus

grande envergure dans lequel s’inscrivaient les projets doctoraux de deux autres étudiantes : Alexandra R.-Mercier et Karianne Guay. Les différentes tâches de ce projet ont été réparties entre nous. Ainsi, nous avons participé toutes les trois au recrutement des participants, effectué des rencontres de consentement et réalisé des évaluations psychologiques et cognitives des participants. La double cotation des protocoles d’évaluation a toutefois été réalisée uniquement par Alexandra R.-Mercier et moi-même. De plus, j’ai effectué toutes les analyses statistiques requises dans cette étude, tout en étant guidée par Denis Lacerte et Gaétan Daigle dans le choix des analyses. Quant aux analyses des échantillons salivaires (pour le cortisol), elles ont été effectuées par Yvon Chagnon, qui a été d’une grande aide tout au long de la collecte de données cortisolaires. Enfin, j’ai effectué la rédaction de ce manuscrit sous la supervision de Caroline Cellard et Danielle Nadeau.

(20)

1

Chapitre 1 : Introduction générale

1.1. Problématique

Selon l’approche transdiagnostique, il existerait plusieurs facteurs communs entre les troubles psychiatriques : les facteurs transdiagnostiques (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Ces facteurs peuvent être notamment de nature génétique, biologique ou cognitive (Kozak & Cuthbert, 2016). Ainsi, il pourrait y avoir des déficits cognitifs communs entre certains troubles psychiatriques bien qu’aucune revue des écrits scientifiques ne les ait documentés entièrement à ce jour. Considérant que la comorbidité correspond davantage à la norme qu’à l’exception au sein de la population psychiatrique (Gau et al., 2010; Merikangas et al., 2010), ces déficits cognitifs communs entre les troubles psychiatriques pourraient représenter des cibles d’intervention transdiagnostiques.

Par ailleurs, plusieurs études ont été réalisées dans les dernières années afin de mieux comprendre les facteurs de risque associés au développement d’atteintes cognitives. Sur le plan des facteurs environnementaux, le fait d’avoir vécu des événements de vie adverses serait associé à des atteintes cognitives (Pechtel & Pizzagalli, 2011). Sur le plan neurobiologique, certains indices représentant le fonctionnement de l’axe hypothalamo-pituitaire-surrénalien (HPS) seraient associés à des atteintes cognitives (Franz et al., 2011; Lee et al., 2007). Enfin, sur le plan des facteurs psychologiques, la présence d’un trouble psychiatrique serait également associée à des atteintes cognitives (e.g. Nieto & Castellanos, 2011; Rajji, Ismail, & Mulsant, 2009; Wagner, Müller, Helmreich, Huss, & Tadić, 2015; Willcutt, Doyle, Nigg, Faraone, & Pennington, 2005). De plus, ces atteintes seraient beaucoup plus importantes dans une population psychiatrique ayant un vécu traumatique à l’enfance (p. ex., maltraitance) comparativement à une population psychiatrique n’ayant pas un tel passé traumatique (Aas et al., 2011; Shannon et al., 2011).

Néanmoins, actuellement, peu d’études ont investigué ces facteurs de risque (environnementaux, neurobiologiques et psychologiques) au sein d’une population adolescente. L’adolescence serait pourtant la période où les effets délétères de certains facteurs environnementaux, tels que la maltraitance, auraient le plus de risques de se manifester ou de devenir observables, et ce, notamment sur la cognition et les processus émotionnels (Lee & Hoaken, 2007).

(21)

2

De façon générale, cette thèse doctorale vise donc à identifier les atteintes cognitives transdiagnostiques ainsi que les facteurs neurobiologiques, psychologiques et environnementaux pouvant les influencer. Dans un premier temps, certaines conséquences associées aux troubles psychiatriques seront discutées, de même que les particularités de la population psychiatrique ayant des troubles comorbides. Puis, dans une perspective d’intégrer une nouvelle conceptualisation/vision des troubles psychiatriques, l’approche transdiagnostique sera décrite de même que les différents facteurs transdiagnostiques identifiés sur le plan psychologique, génétique, neurobiologique et cognitif. C’est d’ailleurs dans cette approche que s’inscrivent les deux études de cette thèse, bien que plus particulièrement la première étude qui est dédiée spécifiquement aux facteurs transdiagnostiques de nature cognitive. Par la suite, afin de mieux comprendre les atteintes cognitives et les troubles psychiatriques, un concept clé associé à ceux-ci sera détaillé, soit l’adversité. Certaines perturbations neurobiologiques associées à l’adversité seront également décrites, lesquelles seront mises en relation avec la cognition et les troubles psychiatriques. Puis, l’introduction sera complétée en documentant les déterminants de la cognition. Cette synthèse de plusieurs concepts sera suivie par les objectifs spécifiques visés par cette thèse ainsi que les différentes études la constituant.

1.2. La santé mentale

Les troubles de santé mentale représentent une problématique affectant une proportion considérable de la population mondiale (Kessler et al., 2009). Plusieurs troubles psychiatriques se manifesteraient très tôt dans le développement, dès l’enfance ou l’adolescence, tels que les phobies ou les troubles du contrôle des impulsions. De façon générale, les troubles anxieux se développeraient relativement tôt, soit vers l’âge de 11 ans (Bandelow & Michaelis, 2015). Le développement d’une phobie spécifique surviendrait toutefois plus précocement, vers l’âge de 7-8 ans (Bandelow & Michaelis, 2015; Wardenaar et al., 2017), et précéderait le développement d’autres troubles psychiatriques dans une grande majorité des cas (72,6%) (Wardenaar et al., 2017). En ce qui concerne les troubles de l’humeur et les troubles d’utilisation de substances, ils surviendraient à un âge légèrement plus âgé (âges médians respectifs : 13 et 15 ans) (Merikangas et al., 2010).

(22)

3

Dans les faits, près de la moitié des troubles débuteraient vers le milieu de l’adolescence et près de 75% des troubles se développeraient jusqu’à la mi-vingtaine (Kessler et al., 2007). Selon ces auteurs, les troubles psychiatriques se développant plus tardivement (p. ex., troubles de l’humeur et certains troubles anxieux) représenteraient davantage des conditions secondaires à des problématiques de santé mentale déjà présentes. Par ailleurs, les troubles psychiatriques à l’adolescence seraient grandement prévalents et ils persisteraient davantage dans le temps comparativement à la population adulte (Kessler et al., 2012). De plus, les troubles du comportement à l’adolescence (trouble des conduites, trouble d’opposition avec provocation et trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité [TDAH]) seraient associés à un risque plus élevé de développer des troubles émotionnels sévères, et ce, comparativement aux autres troubles psychiatriques (Kessler et al., 2012). L’adolescence représenterait donc une période critique dans le développement, alors que plusieurs troubles psychiatriques peuvent se développer (Kessler et al., 2007; Larsen & Luna, 2018).

1.2.1. Les conséquences associées aux troubles psychiatriques

De par la souffrance qu’ils engendrent et les manifestations qui en découlent, les troubles psychiatriques peuvent affecter plusieurs sphères de vie. Par exemple, au niveau de la sphère académique, la présence de problématiques de santé mentale serait associée à un niveau de scolarité plus faible (Fayyad et al., 2017; Mojtabai et al., 2015a; Usami, 2016) et serait un prédicteur du décrochage scolaire (Breslau, Lane, Sampson, & Kessler, 2008). Plus particulièrement, les troubles extériorisés, tels que le trouble des conduites ou le trouble d'opposition avec provocation, seraient d’importants prédicteurs du décrochage scolaire (Breslau et al., 2008; Esch et al., 2014). C’est le cas également du TDAH qui serait associé à un moins bon fonctionnement académique notamment en raison des atteintes cognitives et des manifestations comportementales associées à ce trouble (Esch et al., 2014).

La sphère professionnelle se voit également affectée par la présence de troubles psychiatriques. En effet, les taux d’emploi seraient significativement réduits lorsque des troubles psychiatriques sont présents (Mojtabai et al., 2015b; Strassnig et al., 2018). Des absences répétées de même qu’une mauvaise performance au travail seraient plus fréquentes au sein de la population psychiatrique, notamment chez les individus aux prises avec un

(23)

4

trouble dépressif ou anxieux. De plus, la présence de troubles comorbides augmenterait davantage les risques d’absentéisme et diminuerait la performance au travail (Plaisier et al., 2010). Par ailleurs, selon McIntyre et ses collaborateurs (2013), les atteintes cognitives observées chez les personnes aux prises avec un trouble dépressif majeur représenteraient une importante variable médiatrice du fonctionnement professionnel.

Des atteintes au niveau de la sphère sociale/interpersonnelle sont également observées chez les personnes aux prises avec des troubles psychiatriques. Par exemple, un suivi longitudinal sur une période de 20 ans a mis en évidence une diminution drastique du fonctionnement social survenant entre le début de l’adolescence et la première hospitalisation chez bon nombre de patients développant subséquemment un trouble psychotique (Velthorst et al., 2017). Un plus faible réseau social et, par conséquent, un soutien social plus faible seraient également observés chez des personnes présentant un trouble anxieux ou dépressif. De plus, l’atteinte de la sphère sociale serait encore plus marquée lorsque des troubles anxieux et dépressifs sont concomitants (Saris, Aghajani, van der Werff, van der Wee, & Penninx, 2017). Une altération du fonctionnement social aurait également été observée au sein de populations présentant un TDAH, se manifestant entre autres par une plus grande instabilité dans les relations, par un plus grand rejet par les pairs et par des difficultés au niveau des interactions sociales (e.g. Fayyad et al., 2017; Kok, Groen, Fuermaier, & Tucha, 2016; Ros & Graziano, 2018; Sacchetti & Lefler, 2017).

La santé physique se voit également affectée par la présence de troubles psychiatriques. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2013), des taux de mortalité plus importants seraient observés au sein des populations psychiatriques, lesquelles seraient plus à risque de mourir prématurément par suicide ou en raison de problèmes de santé physique non traités (p. ex., diabète, cancer, maladie cardiovasculaire). Certains problèmes de santé physique seraient également plus prévalents au sein de la population psychiatrique, tels que des maladies métaboliques, cardiovasculaires, virales et musculosquelettiques ainsi que des maladies affectant les voies respiratoires (De Hert et al., 2011; Merikangas & Swanson, 2010). De Hert et ses collaborateurs (2011) précisent que le style de vie pourrait expliquer le risque accru de présenter des maladies physiques, tout en soulignant que les personnes aux prises avec une problématique de santé mentale sont moins

(24)

5

susceptibles de recevoir des soins adéquats pour un problème de santé physique notamment en raison d’un accès problématique à des soins de santé.

Enfin, des atteintes au niveau de la sphère cognitive sont également observées au sein de plusieurs populations psychiatriques de tous âges. Par exemple, il a été grandement documenté que des atteintes cognitives importantes étaient présentes au sein d’une population aux prises avec la schizophrénie, et ce, autant chez l’adulte (e.g. Fioravanti, Bianchi, & Cinti, 2012; Schaefer, Giangrande, Weinberger, & Dickinson, 2013) que chez les adolescents (e.g. Nieto & Castellanos, 2011; Rajji et al., 2009). Il en est de même pour plusieurs autres troubles tels que la dépression (Bora, Harrison, Yücel, & Pantelis, 2013; Wagner et al., 2015), le trouble bipolaire (Mann-Wrobel, Carreno, & Dickinson 2011; Nieto & Castellanos, 2011), le TDAH (Bálint et al., 2009; Willcutt et al., 2005), le trouble obsessionnel-compulsif (Abramovitch, Abramowitz, & Mittelman, 2013) et l’état de stress post-traumatique (ESPT) (Malarbi, Abu-Rayya, Muscara, & Stargatt, 2017).

Ces atteintes affectant diverses sphères de fonctionnement soulignent l’importance de mettre en place des stratégies de prévention, de même que des interventions précoces afin de limiter les impacts fonctionnels potentiels chez les personnes aux prises avec une problématique de santé mentale. Il s’agit d’ailleurs d’un des éléments au cœur du plus récent plan d’action en santé mentale du Gouvernement du Québec, lequel cible grandement la clientèle jeunesse ayant des troubles mentaux ou étant à risque d’en développer. Ce plan d’action vise, entre autres, à maximiser les chances de rétablissement de cette jeune clientèle de par une prise en charge précoce (Gouvernement du Québec, 2015). Néanmoins, afin de s’assurer d’offrir un traitement adapté à la clientèle psychiatrique, il importe de considérer un important facteur susceptible d’influencer la réponse au traitement, soit la présence de troubles comorbides.

1.2.2. La comorbidité au sein de la population psychiatrique

Au sein de la population psychiatrique, la présence de troubles comorbides correspond davantage à la norme qu’à l’exception. En effet, il ressort de plusieurs écrits scientifiques qu’il existe une forte comorbidité entre plusieurs troubles psychiatriques (e.g. Garber et Weersing, 2010; Gau et al., 2010; Merikangas et al., 2010; Merikangas & Swanson, 2010; Nel et al., 2018; Osland, Arnold, & Pringsheim, 2018). Par exemple, une comorbidité

(25)

6

fréquente entre le TDAH et les troubles anxieux est rapportée (Fayyad et al., 2017; Larson, Russ, Kahn, & Halfon, 2011; Merikangas & Swanson, 2010) de même qu’entre le TDAH et les troubles d’apprentissage, le trouble des conduites, le trouble dépressif ou le trouble d’opposition avec provocation (Fayyad et al., 2017; Larson et al., 2011). Une importante comorbidité entre les troubles anxieux et la dépression est également rapportée (Garber et Weersing, 2010; Merikangas & Swanson, 2010; Nel et al., 2018; Osland et al., 2018) ainsi qu’entre les troubles anxieux et les troubles d’utilisation de substances (Merikangas & Swanson, 2010; Nel et al., 2018; Osland et al., 2018). Garber et Weersing (2010) soulignent que l’importante comorbidité entre les troubles anxieux et la dépression pourrait s’expliquer de trois façons, soit 1) un chevauchement substantiel entre les symptômes, 2) la présence de facteurs étiologiques communs et/ou 3) un risque accru de développer une dépression en lien avec les conséquences négatives associées à l’anxiété.

Par ailleurs, plusieurs écrits scientifiques font état d’une influence négative de la comorbidité sur les effets des traitements. Par exemple, une plus grande résistance au traitement chez les personnes ayant un trouble dépressif serait associée à la présence de troubles anxieux ou de troubles de personnalité comorbides (Murphy, Sarris, & Byrne, 2017). Dans l’étude de Storch et ses collaborateurs (2008), où il était offert une thérapie cognitive-comportementale (TCC) à des jeunes (7-19 ans) présentant un trouble obsessionnel-compulsif, il a été mis en évidence une réponse au traitement et un taux de rémission plus faibles chez les participants qui avaient un ou plusieurs troubles comorbides comparativement à ceux qui n’avaient pas de trouble comorbide. Parmi les troubles comorbides présents au sein de cet échantillon, certains avaient un effet négatif particulièrement marqué sur la réponse au traitement, soit les troubles de comportement, le trouble dépressif et le TDAH. La présence de tics ou d’un trouble d’anxiété généralisée ne semblait toutefois pas affecter la réponse au traitement (Storch et al., 2008).

Par ailleurs, il est rapporté au sein de la revue des écrits scientifiques d’Ollendick et ses collaborateurs (2008) que le fait de présenter un trouble dépressif en comorbidité avec un autre trouble prédirait de moins bons résultats en post-traitement. Néanmoins, ces auteurs soulèvent que, de façon générale, l’influence de la comorbidité n’est pas tant négative ou problématique lorsque des traitements psychosociaux appuyés empiriquement sont offerts, tels qu’une thérapie de type comportemental ou cognitivo-comportemental, une thérapie

(26)

7

interpersonnelle ou un entraînement parental comportemental. Un autre exemple de l’influence de la comorbidité sur le traitement est discuté au sein de l’étude de Beauchaine et ses collaborateurs (2005) où dans ce cas-ci l’ajout de certaines composantes au traitement s’est avéré pertinent. Dans le cadre de cette étude, un traitement était offert à des enfants présentant un trouble des conduites et/ou un trouble d’opposition avec provocation accompagné de scores élevés de problèmes d’hyperactivité/impulsivité. Alors que le traitement initial offert à ces enfants n’impliquait que leurs parents, de meilleurs résultats à long terme étaient obtenus lorsqu’un entraînement était également offert à leurs professeurs. L’ajout de cette composante au traitement initial s’est donc avéré fort bénéfique pour ces enfants aux prises avec des problématiques comorbides.

Considérant la présence marquée de troubles comorbides au sein de la population psychiatrique (Gau et al., 2010; Merikangas et al., 2010), les particularités associées à la comorbidité se doivent d’être considérées afin de maximiser les effets potentiels des divers traitements offerts. Dans cette optique, des interventions ciblant les facteurs communs à plusieurs troubles psychiatriques pourraient s’avérer pertinentes. En effet, en agissant sur ce qu’il y a de commun à certains troubles comorbides, un traitement pourrait avoir des effets sur tous les troubles ayant ce(s) facteur(s) en commun (Krueger & Eaton, 2015; Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Ces facteurs communs sont qualifiés de « transdiagnostiques », étant présents dans plusieurs troubles psychiatriques à la fois. L’approche transdiagnostique a d’ailleurs pour objectif de documenter les facteurs transdiagnostiques au sein des troubles psychiatriques.

1.3. L’approche transdiagnostique

L’approche catégorielle des troubles psychiatriques est utilisée depuis plusieurs années. Elle a pour objectif de regrouper les troubles selon différentes catégories ayant des propriétés bien précises, soit un ensemble de symptômes (Widakowich, Van Wettere, Jurysta, Linkowski, & Hubain, 2013). Cette approche est largement répandue, notamment en raison de la grande utilisation du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) (Etkin & Cuthbert, 2014). Néanmoins, avec les avancées en neurosciences cognitives, une autre vision des troubles psychiatriques a émergé. En effet, il semblerait que certains troubles psychiatriques présenteraient plus de similitudes que de différences sur le plan

(27)

8

cérébral, faisant alors davantage référence à des symptômes ou des dysfonctionnements communs entre les troubles : les facteurs transdiagnostiques (Etkin & Cuthbert, 2014; Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011).

L’approche transdiagnostique se veut une vision différente de celle prônée par l’approche catégorielle du DSM. En effet, l’approche transdiagnostique vise plutôt à identifier les processus communs entre les troubles (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Cette approche a d’ailleurs été reprise par le National Institute of Mental Health (NIMH) sous la forme d’un projet nommé « Research Domain Criteria » (RDoC). Il s’agit d’une approche qualifiée de « transdiagnostique » visant à identifier plusieurs facteurs communs aux troubles psychiatriques afin de guider la recherche. C’est une approche dimensionnelle qui ne tient pas forcément compte de la catégorisation des troubles psychiatriques. Elle vise plutôt à développer et valider des facteurs dimensionnels de nature biologique ou psychologique qui seraient liés aux atteintes observées dans les troubles psychiatriques. Ainsi, elle vise à mettre en évidence des explications biopsychologiques des problèmes cliniques observés dans les troubles psychiatriques, tels que les atteintes cognitives (Kozak & Cuthbert, 2016).

Au sein de l’approche RDoC, cinq différents domaines de recherche ont été ciblés actuellement à l’issue de discussions entre divers chercheurs : 1) les processus sociaux, 2) la valence négative, 3) la valence positive, 4) l’activation/régulation et 5) la cognition. Chacun de ces domaines inclut différents construits. Ces derniers ont été sélectionnés en s’assurant notamment qu’ils impliquaient un système ou un circuit neuronal et qu’ils étaient associés à des manifestations psychiatriques. De par les différents construits considérés, une opérationnalisation détaillée des cinq domaines de recherche était possible. Premièrement, en ce qui concerne les processus sociaux, ils ont été opérationnalisés en divers processus impliqués dans les réponses interpersonnelles, tels que la perception et l’interprétation des actions des autres, de même que la perception et la compréhension de soi-même. Ils réfèrent également à la communication sociale, laquelle inclut la compréhension et la production de la communication non verbale basée entre autres sur les expressions faciales, la prosodie et la gestuelle. Enfin, le domaine des processus sociaux inclut aussi les phénomènes d’affiliation sociale et d’attachement. Deuxièmement, pour ce qui est du domaine de valence négative, il implique des réponses à une menace aiguë ou soutenue, à un danger potentiel, à

(28)

9

une frustration associée à l’absence de récompense et à une perte ou privation d’un objet ou d’une situation désiré(e). En contrepartie, le domaine de valence positive (troisième domaine de recherche) englobe principalement des réponses à des situations ou des contextes positifs de motivation (p. ex., la recherche de récompenses ou l’apprentissage par récompense). Le quatrième domaine de recherche, soit l’activation/régulation, réfère aux rythmes circadiens, au sommeil/éveil ainsi qu’à l’activation des circuits neuronaux selon le contexte approprié. Enfin, concernant le cinquième domaine de recherche représenté par la cognition, divers construits (processus cognitifs) ont été considérés, soit l’attention, la perception, la mémoire de travail, la mémoire déclarative, le langage ainsi que le contrôle cognitif. Ces construits se sous-divisent eux-mêmes en des processus cognitifs plus spécifiques. Par exemple, les capacités de maintien et de mise à jour de l’information en mémoire sous-tendent en partie le construit de la mémoire de travail, lequel peut également se voir défini par une capacité de traitement limitée et une résistance à l’interférence. La mémoire déclarative, quant à elle, s’opérationnalise par des processus spécifiques tels que l’encodage, le stockage, la consolidation et la récupération, tout en distinguant la mémoire sémantique et la mémoire épisodique. En ce qui a trait à la perception, elle fait référence aux processus traitant les informations sensorielles (p. ex., les informations visuelles, auditives, etc.) afin de construire et de transformer les représentations de l’environnement externe. L’attention englobe également divers processus, soit le niveau de conscience, l’activité motrice et des processus perceptuels de plus haut niveau. L’attention sélective et l’attention divisée sont aussi considérées au sein de ce construit. Quant au langage, il est qualifié par des représentations symboliques communes et universelles de même que par des concepts abstraits qui sous-tendent la pensée et la communication. Enfin, le domaine de contrôle cognitif se voit caractérisé entre autres par la capacité de maintenir une action orientée vers un but ainsi que par les capacités d’inhibition (Kozak & Cuthbert, 2016; NIMH, 2011).

Par le biais de cette opérationnalisation détaillée des divers construits cognitifs, l’approche RDoC s’est assurée de couvrir différents aspects du fonctionnement cognitif. Par ailleurs, lors de la conceptualisation du domaine de la cognition, l’influence exercée par certains construits cognitifs entre eux a été discutée (p. ex., influence des systèmes attentionnels sur les systèmes perceptuels). Il était également spécifié en quoi chaque construit se distinguait des autres (NIMH, 2011). Outre cette influence attendue entre les

(29)

10

construits cognitifs, il n’en demeure pas moins que le domaine de la cognition présentait également plusieurs recoupements avec les autres domaines considérés (p. ex., le domaine des processus sociaux) (Kozak & Cuthbert, 2016).

Par ailleurs, afin que les construits des différents domaines puissent être évalués, l’approche RDoC a ciblé diverses unités d’analyse, telles que les gènes, la physiologie (p. ex., le cortisol), l’auto-évaluation ainsi que les circuits neuronaux. Des unités d’analyse aux niveaux cellulaire, moléculaire et comportemental ont également été prises en compte. L’approche RDoC vise à ce que ces multiples niveaux d’analyse permettent l’élaboration de meilleures explications pour les problèmes cliniques présents au sein des troubles psychiatriques. Différentes interactions et influences entre les divers construits, et ce, à plusieurs niveaux d’analyse, pourraient permettre l’élaboration d’hypothèses sur les relations entre certains problèmes cliniques (Kozak & Cuthbert, 2016).

Plusieurs chercheurs affirment qu’une approche transdiagnostique, telle que l’approche RDoC, pourrait être très bénéfique tant pour le diagnostic que pour le traitement en offrant une meilleure compréhension des troubles psychiatriques (Craddock et al., 2009; Ehrenreich-May & Chu, 2013; Kring, 2010; Sauer-Zavala et al., 2017). Bon nombre d’études ont d’ailleurs été réalisées dans les dernières années afin d’identifier de potentiels facteurs transdiagnostiques sur le plan génétique, neurobiologique, cognitif et psychologique.

1.3.1. Facteurs génétiques transdiagnostiques

Selon un regroupement d’experts en génétique, il existerait une étiologie génétique commune entre la schizophrénie, la dépression majeure et le trouble bipolaire (Cross-Disorder Group of the Psychiatric Genomics Consortium, 2013). Il existerait également une étiologie génétique partagée entre la dépression majeure et le TDAH, de même que, dans une moindre mesure, entre la schizophrénie et les troubles du spectre autistique. Selon ces chercheurs, de telles données pourraient encourager les recherches sur les pathophysiologies communes entre les troubles psychiatriques, de même que sur les mécanismes thérapeutiques communs. Ces données pourraient également contribuer à l’élaboration d’une classification des troubles mentaux reposant sur de solides bases empiriques selon les auteurs.

La pléiotropie, soit le fait qu’un gène puisse influencer plusieurs phénotypes, est également au cœur des intérêts de certains chercheurs. Selon Huang et ses collaborateurs

(30)

11

(2010), plusieurs séquences d’ADN auraient des effets pléiotropiques communs à certains troubles psychiatriques, notamment dans la dépression, la schizophrénie et le trouble bipolaire. Par ailleurs, selon une revue systématique incluant 157 études, il y aurait plus d’une centaine de gènes identifiés comme étant des facteurs de risque associés à la dépression majeure, au trouble bipolaire, aux troubles anxieux, au TDAH et à la schizophrénie (Gatt, Burton, Williams, & Schofield, 2015). Les auteurs ont aussi mis en évidence 13 variantes génétiques partagées entre deux troubles psychiatriques ou plus, démontrant ainsi un effet pléiotropique. Ces variantes génétiques impliqueraient notamment des voies sérotoninergiques, dopaminergiques, glutamatergiques, vasculaires et neurotrophiques.

1.3.2. Facteurs neurobiologiques transdiagnostiques

Plusieurs anomalies ont été décelées au niveau de différents neurotransmetteurs au sein de multiples troubles psychiatriques (Etkin & Pittenger, 2015). En effet, des dysfonctionnements dans la neurotransmission dopaminergique auraient été rapportés dans la schizophrénie, les troubles affectifs et les troubles d’abus de substances, alors que des dysfonctionnements dans la neurotransmission sérotoninergique auraient été documentés dans l’ESPT de même que dans les troubles affectifs et anxieux. Quant aux anomalies noradrénergiques, elles auraient été observées dans les troubles anxieux, l’ESPT ainsi que dans les troubles affectifs et d’abus de substances. Des dysfonctionnements dans la neurotransmission glutamatergique seraient également présents dans plusieurs troubles (dépression, trouble obsessionnel-compulsif, troubles anxieux et dépendance aux drogues). Selon certains auteurs, la présence de ces dysfonctionnements dans autant de troubles psychiatriques pourrait témoigner de substrats neurobiologiques communs (Etkin & Pittenger, 2015).

Des problèmes au plan de la désactivation du circuit par défaut et de l’activation de certains circuits de contrôle cognitif seraient également documentés dans plusieurs troubles psychiatriques. Selon Etkin et ses collaborateurs (2013), ces dysfonctionnements observés au niveau de certains circuits neuronaux pourraient représenter des endophénotypes1

1 Endophénotype = phénotype intermédiaire représentant un trait biologique héritable, étant plus étroitement

associé à la cause principale de la pathologie que le phénotype clinique (Gottesman & Gould, 2003) et composant les liens de causalité entre les gènes et l’expression manifeste des troubles (Cannon & Keller, 2006).

(31)

12

transdiagnostiques. Une méta-analyse récente incluant 251 articles (283 échantillons), soit près de 5500 patients et 5700 contrôles, en est également venue à une conclusion similaire (McTeague et al., 2017). En effet, ces auteurs rapportaient des patrons d’activation altérés au niveau de plusieurs régions cérébrales, patrons qui étaient qualifiés de transdiagnostiques. Des anomalies étaient notamment observées au niveau de l’activation du cortex préfrontal gauche et de l’insula droite jusqu’au cortex préfrontal ventrolatéral.

Par ailleurs, des anomalies quant au fonctionnement de l’axe HPS seraient également observées au sein de divers troubles psychiatriques. L’axe HPS est responsable de la réponse de stress dans l’organisme et implique notamment diverses structures cérébrales (Lupien, Maheu, Tu, Fiocco, & Schramek, 2007). Selon certains auteurs, une altération de l’axe HPS serait considérée comme un facteur de risque notable lié au développement de troubles psychiatriques (Alink, Cicchetti, Kim, & Rogosch, 2012), représentant ainsi un facteur de risque transdiagnostique. Un dysfonctionnement de l’axe HPS a notamment été observé dans la dépression (Lopez-Duran, Kovacs, & George, 2009; Morris, Compas, & Garber, 2012), l’ESPT (Morris et al., 2012), les troubles psychotiques (Read, Bentall, & Fosse, 2009) et le TDAH (Scassellati, Bonvicini, Faraone, & Gennarelli, 2012).

1.3.3. Facteurs cognitifs transdiagnostiques

Alors que les facteurs génétiques et neurobiologiques communs ont fait l’objet de plusieurs études dans les dernières années, les études sur les facteurs cognitifs communs s’avèrent beaucoup moins nombreuses. Dans les faits, dans les dernières décennies, plusieurs méta-analyses ont documenté les atteintes cognitives présentes dans les troubles psychiatriques, en investiguant rarement plus d’un ou de deux troubles psychiatriques à la fois. Il ressort de ces écrits scientifiques que diverses atteintes cognitives sont présentes, autant auprès de la population psychiatrique adulte que chez les enfants ou adolescents aux prises avec une problématique de santé mentale (e.g. Bora et al., 2013; Bora & Pantelis, 2015; Nieto & Castellanos, 2011; Schaefer et al., 2013).

Toutefois, il n’en demeure pas moins que ces méta-analyses investiguent rarement plus d’un seul trouble psychiatrique à la fois ou se concentrent sur certains processus cognitifs sans investiguer intégralement le profil neuropsychologique. Néanmoins, en 2016, Hankin et ses collaborateurs ont fait un travail d’envergure. Ils ont documenté différentes

(32)

13

atteintes cognitives et différents construits cognitifs (p. ex., rumination, stratégies de régulation émotionnelle, style attributionnel) au sein de plusieurs troubles psychiatriques, soit la dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie, le trouble obsessionnel-compulsif, l’ESPT, le trouble d’anxiété généralisée, le trouble d’anxiété sociale, le trouble panique ainsi que le TDAH et le trouble des conduites. Ils ont notamment constaté que plusieurs processus cognitifs étaient atteints au sein de ces troubles psychiatriques, et ce, de façon transdiagnostique. Les fonctions exécutives étaient d’ailleurs des processus cognitifs grandement atteints dans l’ensemble des troubles considérés. Toutefois, cette recension des écrits effectuée par Hankin et ses collaborateurs comporte certaines limites. En effet, certains processus cognitifs n’ont pas été considérés par les auteurs, tels que la vitesse de traitement et les habiletés visuospatiales. Les études qu’ils ont incluses avaient également des devis variés et n’étaient pas uniquement des méta-analyses. De plus, la qualité des études incluses n’a pas été documentée, alors qu’il s’agit d’un aspect fort important et répondant aux standards de qualité des revues systématiques/méta-analyses en permettant notamment de documenter le risque de biais (Hemingway & Brereton, 2009; Perestelo-Pérez, 2013; Schlosser, 2007). Enfin, bien qu’ils rapportaient les groupes d’âge des différentes publications considérées, leur objectif n’était pas de comparer les atteintes cognitives selon ces groupes d’âge. D’autres études sont donc nécessaires afin d’avoir un aperçu global des atteintes cognitives communes, et ce, à différents stades de développement.

1.3.4. Facteurs psychologiques transdiagnostiques

Au-delà de la classification des troubles proposée par le DSM, certains auteurs soulignent la présence de facteurs psychologiques communs entre les troubles psychiatriques. Ces facteurs communs donneraient lieu à des regroupements de troubles partageant des caractéristiques similaires. Initialement, un modèle à deux facteurs avait été proposé par certains auteurs, soit les troubles intériorisés et les troubles extériorisés (Krueger, Caspi, Moffitt, & Silva, 1998). Le premier facteur incluait certains troubles de l’humeur (dépression, dysthymie) et les troubles anxieux, alors que le deuxième facteur incluait les troubles des conduites et les troubles d’utilisation de substances (alcool et marijuana). À l’aide d’analyses factorielles confirmatoires, les auteurs avaient mis en évidence que ce modèle à deux facteurs offrait le meilleur ajustement comparativement aux autres modèles ayant un nombre de facteurs différent. Il permettait ainsi de regrouper des troubles selon des

(33)

14

caractéristiques communes entre eux, selon deux processus psychopathologiques centraux, soit des processus extériorisés et intériorisés.

Quelques années plus tard, encore une fois par le biais d’analyses factorielles confirmatoires, des chercheurs ont proposé un modèle initialement composé de trois styles de psychopathologie (trois facteurs), accompagnés d’une dimension psychopathologique générale, appelée facteur p (Caspi et al., 2014). Ces facteurs étaient tous reliés d’une quelconque façon à certains troubles psychiatriques, représentant donc des caractéristiques communes à certains troubles. Les facteurs extériorisé et intériorisé étaient encore considérés dans ce modèle en tant que styles de psychopathologie, auxquels un troisième style s’ajoutait initialement, soit les troubles de la pensée qui incluaient le trouble obsessionnel-compulsif, la manie ainsi que la schizophrénie. Les troubles regroupés selon ces styles de psychopathologie partageraient des caractéristiques similaires, des processus psychopathologiques communs. Outre ces trois styles de psychopathologie, les auteurs ont proposé la présence d’un facteur général, le facteur p, lequel représenterait la propension/vulnérabilité d’un individu à développer un trouble psychiatrique et serait associé à tous les troubles psychiatriques considérés par les auteurs (dépression majeure, trouble d’anxiété généralisée, phobies, trouble obsessionnel-compulsif, manie, schizophrénie, trouble des conduites et dépendance à certaines substances). En effet, par le biais des analyses factorielles confirmatoires, il a été mis en évidence que ce facteur influençait directement tous ces troubles. Ainsi, lorsque le facteur p était ajouté à un modèle factoriel comprenant initialement les trois styles de psychopathologie (intériorisé, extériorisé et troubles de la pensée), la variance expliquée par ces trois facteurs se voyait diminuée pour certains troubles, étant davantage associée au facteur général. D’ailleurs, pour cette raison, le troisième style de psychopathologie (i.e. troubles de la pensée) a par la suite été retiré du modèle par les auteurs considérant que les troubles inclus dans cette catégorie ne pouvaient former une catégorie indépendante de la dimension psychopathologique générale (facteur p) étant donné qu’ils saturaient fortement sur ce facteur. Toutefois, les auteurs ont tenu à préciser que ce facteur général de psychopathologie ne permettait pas d’expliquer toutes leurs données, les deux styles de psychopathologie et les troubles initialement inclus en tant que troubles de la pensée ayant un apport spécifique au-delà du facteur p.

(34)

15

Par ailleurs, à l’instar du « facteur g » tant documenté dans la conceptualisation de l’intelligence (e.g. Jensen, 1998; Spearman, 1904), où il était proposé qu’il y avait une base commune aux habiletés intellectuelles, Caspi et ses collaborateurs (2014) ont affirmé que le

facteur p pourrait sous-tendre une étiologie commune qui exercerait une influence sur le

développement des troubles psychiatriques ainsi que sur la propension à ce que ceux-ci persistent au fil du développement. Ainsi, alors que les troubles psychiatriques individuels influenceraient un petit ensemble respectif de symptômes auquel ils sont associés, le facteur

p exercerait une influence sur tous les symptômes/diagnostics. Il représenterait donc une

vulnérabilité à développer des troubles psychiatriques comorbides et persistants. De plus, ce facteur aurait des bases neurologiques communes à plusieurs troubles selon les auteurs. Ainsi, selon une hypothèse étiologique formulée par Caspi et ses collaborateurs (2014), le

facteur p pourrait découler de certains gènes ayant des effets pléiotropiques qui

augmenteraient le risque de développer plusieurs troubles psychiatriques, sans qu’il ne soit question d’un trouble en particulier, reflétant le principe de multifinalité.

Outre le facteur p, d’autres études ont été réalisées dans les dernières années afin de mettre en évidence des processus psychopathologiques communs à plusieurs troubles psychiatriques. À ce sujet, certaines études ont souligné la présence de rumination (i.e. pensées négatives répétitives) et d’évitement dans plusieurs troubles psychiatriques tels que la dépression et les troubles anxieux (Aldao, Nolen-Hoeksema, & Schweizer, 2010; Barlow, Sauer-Zavala, Carl, Bullis, & Ellard, 2014; Klemanski, Curtiss, McLaughlin, & Nolen-Hoeksema, 2017; Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011; Schäfer, Naumann, Holmes, Tuschen-Caffier, & Samson, 2017). La rumination aurait d’ailleurs été identifiée comme étant un facteur de risque transdiagnostique au développement de troubles psychiatriques tels que la phobie sociale, l’ESPT, le trouble d’anxiété généralisée, la dépression, l’abus de substances et les troubles alimentaires (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). McLaughlin et ses collaborateurs (2014) ont également soulevé le fait que la rumination représenterait un facteur de risque transdiagnostique sous-tendant la transition de symptômes intériorisés vers des comportements agressifs chez des garçons à l’adolescence.

En somme, plusieurs études ont été réalisées dans les dernières années afin d’identifier des facteurs transdiagnostiques qui pourraient, entre autres, être utilisés dans le cadre d’études de traitement. Selon certains auteurs, un traitement ayant pour objectif de

(35)

16

remédier à un facteur transdiagnostique pourrait avoir des effets sur tous les troubles ayant ce facteur en commun (Krueger & Eaton, 2015; Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011).

1.3.5. Traitements psychologiques transdiagnostiques

Les traitements dits « transdiagnostiques » ciblent des facteurs cognitifs ou comportementaux communs à plusieurs troubles psychiatriques. Certaines méthodes de traitement ou principes d’intervention utilisés pour plusieurs troubles peuvent également être employés dans le cadre de traitements transdiagnostiques, tels que la restructuration cognitive, l’exposition, la psychoéducation et certaines techniques de relaxation (Marchette & Weisz, 2017; McEvoy, Nathan, & Norton, 2009). La prémisse sous-jacente à de tels traitements est que les facteurs communs entre les troubles prévalent sur les différences et que le fait de cibler des relations fonctionnelles communes aux troubles pourrait être bénéfique comparativement au fait d’utiliser des approches orientées vers un diagnostic spécifique (McEvoy et al., 2009).

Les études de traitements transdiagnostiques se sont multipliées dans les dernières années et plusieurs revues des écrits scientifiques soulèvent des résultats fort positifs (e.g. Marchette & Weisz, 2017; McEvoy et al., 2009; Newby, McKinnon, Kuyken, Gilbody, & Dalgleish, 2015; Sloan et al., 2017). Parmi celles-ci, il y a notamment la méta-analyse de Newby et ses collaborateurs (2015) regroupant 50 études, qui s’est penchée sur les effets des interventions transdiagnostiques pour les troubles anxieux et dépressifs auprès d’une population adulte. Elle révèle que les traitements transdiagnostiques ont donné lieu à de meilleurs résultats comparativement à toutes les conditions contrôles (p. ex., absence de traitement, traitement habituel/de base, psychoéducation), et ce, autant pour les symptômes anxieux et dépressifs (tailles d’effet g = 0,65 et 0,802 respectivement) que pour la qualité de

vie (g = 0,46). Par ailleurs, toujours selon cette méta-analyse, il semblerait que les interventions transdiagnostiques basées sur la TCC auraient des effets plus importants sur les symptômes anxieux (g = 0,88) que les interventions basées sur l’acceptation et la pleine conscience (g = 0,61). Nonobstant ces résultats positifs, les auteurs demeurent prudents et soulignent l’hétérogénéité élevée entre les études et, par conséquent, entre les résultats. Ils

Figure

Figure  3.  Effect  sizes  of  the  most  impaired  neurocognitive  functions  among  disorders  in  childhood and adolescence
Figure 4. Effect sizes of the most impaired neurocognitive functions among first-episodes
Figure  5.  Effect  sizes  of  the  most  impaired  neurocognitive  functions  among  disorders  in  adulthood
Figure  6.  Effect  sizes  of  the  most  impaired  neurocognitive  functions  among  disorders  in  elderly

Références

Documents relatifs

Jump cuts When the same character appears in two con- secutive shots (i.e. before and after a cut), there must be suf- ficient change in either its apparent size or its profile angle

The proposed solution includes (i) an optimal selection method for Fast Fourier Transform (FFT) configuration associated with splitting input feature maps, (ii) a

[r]

En effet, ces deux neurobiologistes ont observé que certains neurones du cortex strié du chat et du singe macaque répondaient uniquement à une image de barre orientée suivant

Docteur en psychologie, psychiatre des hôpitaux, Jean Cottraux a dirigé l’unité de traitement de l’anxiété au CHU de Lyon et le Diplôme Universitaire de thérapie

Divers regroupements de chercheurs, mais aussi d'étudiants s'attachent à valoriser la pertinence et la portée de l'interdisciplinarité en sciences cognitives au

« lire, c’est traiter avec les yeux un langage fait pour les yeux. Lire, c’est donner directement du sens à l’écrit, c'est-à-dire sans passer par l’intermédiaire

Neurosciences Neurosciences cognitives Toutes les neurosciences ne sont pas cognitives. Certains chercheurs en neurobiologie consacrent leur carrière à étudier les