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Services de garde et victimisation : effet de socialisation?

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Academic year: 2021

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© Alexandra Painchaud, 2019

Services de garde et victimisation : effet de

socialisation?

Mémoire

Alexandra Painchaud

Maîtrise en psychologie - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

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Services de garde et victimisation : effet de socialisation?

Mémoire

Alexandra Painchaud

Sous la direction de :

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iii Résumé

Les études antérieures appuient l’idée d’une association prédictive entre la fréquentation des services de garde et certaines tendances comportementales à l’âge scolaire (timidité, retrait social et agressivité). Ces variations dans le comportement social pourraient aussi expliquer une plus grande susceptibilité à des expériences sociales négatives, dont la victimisation. L’objectif de cette étude est de vérifier s’il y a des associations prédictives entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde (la fréquentation, l’intensité, l’âge d’entrée et le type) à l’âge préscolaire et la victimisation au début et à la fin de l’école primaire, et si ces associations sont en partie médiatisées par les comportements sociaux. Les données utilisées proviennent de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ; N = 1 899). La fréquentation des services de garde de 5 mois à 5 ans a été évaluée par la mère. La victimisation de 6 à 12 ans a été mesurée par l’enfant et l’enseignant et les comportements sociaux, par l’enseignant seulement. Selon une série d’analyses de médiation, la fréquentation des services de garde est associée indirectement à une fréquence plus élevée de victimisation à la maternelle par le biais des comportements sociaux, mais ne l’est plus à la fin de l’école primaire. La fréquentation intensive des services de garde est associée indirectement à une fréquence plus élevée de victimisation à la maternelle, mais cette association devient directe à la fin de l’école primaire. L’âge d’entrée précoce dans les services de garde ne prédit une plus faible fréquence de victimisation qu’à la fin de l’école primaire. À la maternelle, la fréquentation de CPE et de garderies en milieu familial prédit indirectement une fréquence plus élevée de victimisation et la garde par une personne apparentée prédit directement une fréquence plus faible. Comme attendu, les résultats de la présente étude appuient l’hypothèse d’une socialisation adaptative au groupe social.

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iv Abstract

Previous studies support the idea of a predictive association between preschool child-care services and some social behavioral trends at school age (shyness, social withdrawal and aggression). Those variations in social behaviors may also explain a greater susceptibility to negative social experiences, including victimization. The main purpose of this study is to examine, firstly, if there are predictive associations between child-care services features (i.e. its use, the intensity, the age at entry and the type) at preschool age and victimization at the beginning and at the end of elementary school and, secondly, if these associations are partly mediated by social behaviors. The data used in this study come from The Québec Longitudinal Study of Child Development (QLSCD; N = 1 899). The use of child-care services was assessed by the mother's verbal report from 5 months to 5 years. Peer victimization was measured by questionnaires, completed by the child and the teacher, when the child is aged 6 to 12; the same goes for social behaviors, evaluated by the teacher only. According to a series of mediation analyses, the use of child-care services is indirectly associated with higher kindergarten victimization through social behaviors, but not at the end of elementary school. Intensity is associated indirectly with higher kindergarten victimization, but this association becomes direct by the end of elementary school. Early entry into child-care services predicts lower victimization only at the end of elementary school. The type of child-care services is more associated with kindergarten than end of elementary school victimization; attending center-based care and family-based child care indirectly predicts higher victimization, and individual child care by a family member directly predicts lower victimization. As expected, the results of this study support the social group adaptation hypothesis.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des abréviations et des sigles ... ix

Remerciements ... x

Introduction ... 1

1.1. Services de garde et relations interpersonnelles ... 1

1.1.1 Intensité de la fréquentation de services de garde. ... 2

1.1.2 Âge d’entrée dans les services de garde. ... 3

1.2. Victimisation ... 3

1.3. Services de garde et comportements sociaux ... 4

1.4. Victimisation et comportements sociaux ... 5

1.4.1 Victimisation et comportements sociaux : timidité et retrait social. ... 6

1.4.2 Victimisation et comportements sociaux : agressivité et opposition. ... 6

1.5. Services de garde et victimisation ... 7

1.6. Socialisation adaptative au groupe social ... 8

1.7. Objectifs, questions et hypothèses ... 9

2. Méthode ... 11 2.1. Participants ... 11 2.2. Mesures ... 12 2.2.1 Services de garde. ... 12 2.2.2 Victimisation. ... 13 2.2.3 Comportements sociaux. ... 14 2.3. Procédure ... 15 2.4. Analyses ... 15 2.4.1 Analyses de médiation. ... 15 3. Résultats ... 17 3.1. Statistiques descriptives ... 17

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vi

3.2. Observe-t-on des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation à la maternelle et à la fin de l’école primaire? Ces associations

s’expliquent-elles indirectement par les comportements sociaux? ... 17

3.2.1 Prédiction de la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la maternelle. ... 18

3.2.2 Prédiction de la victimisation rapportée par l’enseignant à la maternelle. ... 20

3.2.3 Prédiction de la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la fin de l’école primaire. 21 3.2.4 Prédiction de la victimisation rapportée par l’enseignant à la fin de l’école primaire. 23 4. Discussion ... 26

4.1. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation à la maternelle ... 26

4.2. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation à la fin de l’école primaire ... 29

4.3. Limites et forces ... 31

Conclusion ... 34

Références ... 36

Annexe A : Trajectoires d’intensité de la fréquentation des services de garde ... 41

Annexe B : Corrélations dans le temps entre les variables de victimisation ... 42

Annexe C : Statistiques descriptives ... 43

Annexe D : Corrélations entre la victimisation et les comportements sociaux à la maternelle et à la fin de l’école primaire ... 45

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Liste des tableaux

Tableau 1. Corrélations entre les variables de victimisation (auto-rapportée et rapportée par l’enseignant) dans le temps………42 Tableau 2. Statistiques descriptives de l’ensemble des enfants de l’échantillon de l’ÉLDEQ, des enfants qui ont fréquenté les services de garde et de ceux qui ne les ont pas fréquentés..……43-44 Tableau 3. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation auto-rapportée à la maternelle, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés) ………..….19 Tableau 4. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l’enseignant à la maternelle, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés) ……….…………21 Tableau 5. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation auto-rapportée à la fin de l’école primaire, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés) ………...………23 Tableau 6. Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l’enseignant à la fin de l’école primaire, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés) ………...…...24 Tableau 7. Corrélations entre les comportements sociaux et la victimisation (auto-rapportée et rapportée par l’enseignant) à la maternelle………...45 Tableau 8. Corrélations entre les comportements sociaux et la victimisation (auto-rapportée et rapportée par l’enseignant) à la fin de l’école primaire……….46

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Liste des figures

Figure 1. Plus forte association entre l’agressivité et la victimisation (en gris) et plus forte association entre la timidité, le retrait social et la victimisation (en blanc). ………7 Figure 2. Association entre la fréquentation des services de garde et la victimisation, via la médiation par les comportements sociaux………...8 Figure 3. Trajectoires d’intensité de la fréquentation des services de garde entre 5 mois et 5 ans (Laurin et al., 2015). ………..41 Figure 4. Modèles de médiation des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation, via les comportements sociaux………...………..18

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Liste des abréviations et des sigles CPE Centre de la petite enfance

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Remerciements

J’aimerais remercier l’équipe du GRIP de l’Université Laval, des collaborateurs hors pair. Merci à mon directeur de recherche, Michel Boivin, pour le partage de votre expertise, votre soutien et votre supervision, même transcontinentale. Un merci très spécial à Nadine pour ses précieux conseils et sa grande disponibilité, même via skype lorsque je vivais ma asian life. Merci énormément à Hélène pour son efficacité, sa rapidité et sa grande contribution dans la réalisation de mes analyses de médiation (et nombreuses autres analyses qui se retrouvent maintenant dans les limbes, mais qui demeureront bien gravées dans nos mémoires). Merci également à Ginette Dionne et George Tarabulsy pour leurs précieux commentaires.

Je remercie mes parents d’avoir brisé mon rêve de devenir chanteuse. Je devrais percer davantage dans le milieu de la recherche, merci de m’encourager dans cette voie. Un merci tout spécial à mon modèle, ma petite sœur, ma parfaite. Merci de m’avoir offert le plus beau des cadeaux, celui d’être marraine (Salut Liam, j’espère que ta mère se servira de mon mémoire pour t’apprendre à lire dans quelques années). Grâce à toi, Amélie, je peux encore étudier plusieurs années avant de ressentir le besoin de procréer à mon tour. Merci à Abraham le pug de m’avoir accompagné au tout début de ma rédaction et à Boris le chat d’avoir pris la relève pour la révision (mais arrête de manger mes feuilles s’il-te plaît). Merci à Robin de croire en moi, de m’encourager dans tous mes projets, et de m’aimer tout simplement. Merci à mes précieuses amies (Salut Fabiola) d’exister. Merci au café Morgane du Marais pour le staff incroyable et les overdoses de café.

Enfin, j’aimerais remercier les Fonds de Recherche du Québec – Société et Culture, le Conseil de recherche en sciences humaines et la Caisse Populaire Desjardins de Dolbeau-Mistassini pour vos généreuses bourses.

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Introduction

La fréquentation régulière des services de garde est une nouvelle réalité qui suscite de nombreuses questions quant à ses répercussions possibles sur le développement de l’enfant (Linting & van Ijzendoorn, 2009). Par services de garde, nous entendons ici des soins et une éducation préscolaire dispensés sur une base régulière par une personne autre que le parent (Pingault et al., 2015). Plusieurs chercheurs ont tenté d’identifier les bénéfices et les impacts négatifs de ces services de garde en comparant les enfants qui les ont fréquentés à ceux qui ne les ont pas fréquentés. Les domaines les plus souvent documentés sont ceux de la performance académique (Geoffroy et al., 2010; Laurin et al., 2015), des compétences cognitives (NICHD Early Child Care Research Network, 2005; Votruba-Drzal, Coley, Koury, & Miller, 2013) et des comportements (Côté et al., 2007). Selon ces études, les enfants qui ont fréquenté les services de garde seraient avantagés sur le plan académique (lecture, vocabulaire et mathématiques; Geoffroy et al., 2010; Laurin et al., 2015; Votruba-Drzal et al., 2013), de même qu’en ce qui concerne les ressources attentionnelles et la mémoire (NICHD Early Child Care Research Network, 2005). Ils manifesteraient également moins de problèmes de comportements chroniques (p. ex. agressivité; Côté et al., 2007), quoique les résultats sur ce dernier aspect soient ambivalents (Averdijk, Besemer, Eisner, Bijleveld & Ribeaud, 2011; Belsky, 2002; NICHD Early Child Care Research Network, 2003a; Pingault et al., 2015). Ces études ne couvrent pas tous les aspects du développement, notamment les relations interpersonnelles.

1.1. Services de garde et relations interpersonnelles

L’association entre la fréquentation des services de garde et le fonctionnement social de l’enfant a été examinée sous différents angles : la communication, le respect des directives, la coopération, l’attention, l’enthousiasme, l’implication, la demande d’aide et les relations avec les autres enfants (NICHD Early Child Care Research Network, 2003b). La fréquentation des services de garde a notamment été associée au fonctionnement social de l’enfant à son entrée à l’école (NICHD Early Child Care Research Network, 2003b). Par exemple, les expériences avec d’autres enfants dans les services de garde faciliteraient la maîtrise d’habiletés d’interactions sociales pour

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les enfants de 1 à 3 ans; les enfants qui ont fréquenté les mêmes enfants pendant un an ou plus interagiraient de façon plus positive avec les pairs, seraient plus aimés des autres enfants, et connaîtraient moins de difficultés interpersonnelles (c.-à-d., se fâcher facilement, dominer les autres enfants, pousser, frapper, ne pas partager ou attendre son tour) que ceux qui les ont fréquentés depuis moins d’un an (Howes, Rubin, Ross & French, 1988). De même, les enfants qui ont plus fréquemment interagi avec les autres enfants dans les services de garde se comporteraient, selon l’enseignant, de façon plus prosociale et amicale avec les autres en deuxième année (Howes, 2000). L’expérience sociale avec d’autres enfants avant l’entrée à l’école serait donc positivement associée à la compétence sociale de façon concomitante et prédictive. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde semblent donc bénéficier de ce contexte social qui faciliterait leurs relations interpersonnelles à l’âge préscolaire et à l’âge scolaire. Le lien entre la fréquentation des services de garde et les relations interpersonnelles pourrait toutefois varier en fonction de l’intensité de la fréquentation et de l’âge d’entrée dans les services de garde.

1.1.1 Intensité de la fréquentation de services de garde. L’intensité de la fréquentation fait référence au nombre d’heures par semaine passé dans les services de grande; une forte intensité réfère à un plus grand nombre d’heures. Les enfants à la maternelle qui ont fréquenté les services de garde selon une plus forte intensité, et ce, tôt dans leur développement auraient des relations moins positives avec les autres enfants et seraient moins appréciés par leurs pairs selon l’enseignant (Bates et al., 1994). Selon l’enseignant et les parents, les enfants de troisième année qui ont fréquenté les services de garde dès l’âge de 1 an et pendant plus de 30 heures par semaine auraient de moins bonnes relations avec les pairs comparativement aux enfants qui ont fréquenté les services de garde à temps partiel ou qui ont été gardés à la maison (Vandell & Corasaniti, 1990). Ces enfants ont aussi reçu davantage de nominations négatives de la part de leurs pairs. Toutefois, cette étude mesure simultanément le caractère précoce (c.-à-d., tôt dans le développement) de la fréquentation et son intensité, cet amalgame limitant l’examen de l’association entre l’intensité de la fréquentation et les relations interpersonnelles. Une autre étude observe que la fréquentation plus intensive des services de garde avant l’âge de 5 ans prédit une diminution des compétences sociales en première année (NICHD Early Child Care Research Network, 2003b). En somme, la fréquentation intensive des services de garde semble prédire de moins bonnes relations interpersonnelles au début de la scolarisation, ce qui pourrait également être associé à une fréquentation précoce concomitante. Selon l’étude de Vandell et Corasaniti

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(1990), les bénéfices ou les désavantages d’une entrée précoce pourraient donc se manifester lorsque les enfants entrent dans les services de garde dès l’âge de un an.

1.1.2 Âge d’entrée dans les services de garde. D’autres études se sont intéressées à l’âge d’entrée dans les services de garde, indépendamment de l’intensité de la fréquentation (Andersson, 1992; Creps & Vernon-Feagans, 1999; Schwarz, Krolick & Strickland, 1973). Selon ces études, une entrée précoce dans les services de garde serait bénéfique aux relations entre les enfants d’âge préscolaire. En effet, les enfants qui entrent dans les services de garde après l’âge de 6 mois interagiraient moins, et de manière moins positive, avec les pairs que les enfants qui y sont entrés plus jeunes (Creps & Vernon-Feagans, 1999). Une entrée précoce dans les services de garde serait même associée positivement et de façon persistante à des relations positives entre les enfants. Par exemple, les enfants qui ont fréquenté les services de garde avant l’âge de 1 an ont été évalués par l’enseignant comme plus compétents socialement à 13 ans; ils auraient notamment plus de contacts avec les pairs (Andersson, 1992). Bref, les études précédentes montrent qu’une entrée précoce dans les services de garde prédirait de meilleures relations entre les enfants à l’âge préscolaire et scolaire. Il est donc important de considérer les différentes caractéristiques de la fréquentation des services de garde (p. ex. l’intensité et l’âge d’entrée) pour mieux comprendre son association avec les relations interpersonnelles. Or, l’association entre le type de services de garde fréquenté et les relations interpersonnelles n’a pas encore été explorée dans les études antérieures.

En somme, il n’y a pas d’études récentes portant principalement sur l’association entre la fréquentation des services de garde à l’âge préscolaire et les relations interpersonnelles à l’école primaire. De plus, l’association ciblant spécifiquement la fréquentation des services de garde et la victimisation ultérieure n’a jamais été documentée dans les études antérieures.

1.2. Victimisation

Dès son entrée dans les services de garde, l’enfant est mis en contexte d’un groupe de pairs dans lequel des relations interpersonnelles se forment (Boivin, Vitaro & Poulin, 2005). Au sein de ce groupe, certains enfants peuvent vivre des expériences négatives de façon persistante et ciblée. Typiquement évaluée dans un groupe stable d’enfants, la victimisation par les pairs reflète des actions négatives répétées et persistantes, par un ou plusieurs agresseurs, qui visent un individu spécifique dans un contexte de déséquilibre de pouvoir défavorable à la victime (Boivin, Hymel

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& Hodges, 2001). La victimisation peut donc être considérée comme un phénomène de groupe qui affecte un ou quelques enfant(s) particulier(s) dans ce groupe (Moses & Williford, 2017). À l’école primaire, environ 10% des enfants sont victimes de ce type d’expériences négatives, et ce, souvent pendant plusieurs années (Hodges, Malone & Perry, 1997; Kochenderfer & Ladd, 1996; Olweus, 1978; Perry, Kusel & Perry, 1988). Bien qu’il y ait eu des études sur le lien entre la fréquentation des services de garde et les relations interpersonnelles (Howes, 2000; Howes et al., 1988; NICHD Early Child Care Research Network, 2003b), il n’y a toujours aucune étude portant directement sur l’association longitudinale entre la fréquentation des services de garde et la victimisation.

1.3. Services de garde et comportements sociaux

Pour comprendre la possible association entre la fréquentation des services de garde et la victimisation, une première stratégie consiste à documenter la relation entre la fréquentation des services de garde et les comportements sociaux des enfants, c’est-à-dire des comportements qui sont associés à la présence des autres et qui peuvent jouer un rôle dans la relation qui s’établit entre l’enfant et ses pairs (p. ex. la timidité, le retrait social, l’agressivité et l’opposition). La timidité réfère à la prudence et à la réticence dans les situations sociales, notamment dans le contexte de contacts avec des enfants non familiers (Heiser, Turner & Beidel, 2003). La timidité est associée au retrait social qui, lui, englobe plusieurs formes de comportements solitaires (Rubin, Coplan & Bowker, 2009). De plus, les services de garde sont des lieux propices à l’expression précoce de l’agressivité et de l’opposition (Pingault et al., 2015). Ces quatre formes de comportement social pourraient donc être manifestées plus ou moins fréquemment selon la fréquentation ou non des services de garde, ce qui a été documenté dans les études antérieures.

Le constat général de ces études est que les comportements sociaux des enfants qui ont fréquenté les services de garde diffèrent de ceux des enfants qui ne les ont pas fréquentés. Dans les premières recherches sur les « effets » de la fréquentation des services de garde au cours des années 80, les chercheurs ont émis l’hypothèse d’un effet généralement positif de la socialisation dans les services de garde; les enfants qui ont fréquenté les services de garde bénéficieraient d’une expérience de socialisation positive avec d’autres enfants qui se traduirait par une plus grande fréquence de comportements prosociaux et moins d’agressivité et de retrait social (Field, Masi, Goldstein, Perry & Parl, 1988). Toutefois, les résultats récents sur ces questions sont mitigés. D’une part, les enfants qui ont fréquenté les services de garde ont été évalués comme étant moins

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timides et retirés socialement que les enfants gardés à la maison entre 14 et 18 mois (Guedeney, Foucault, Bougen, Larroque & Mentré, 2008) et à 5 ans (Herba et al., 2013). Par ailleurs, la fréquentation et l’intensité de la fréquentation à l’âge préscolaire ont été associées à de plus hauts niveaux d’agressivité à l’âge préscolaire et à la maternelle (Averdijk et al., 2011; Belsky, 2002; NICHD Early Child Care Research Network, 2003a). La fréquentation des services de garde, particulièrement dans les centres de la petite enfance (CPE) et selon une forte intensité, a été associée à plus d’agressivité à l’école (Coley, Votruba-Drzal, Miller & Koury, 2013). Ainsi, la fréquentation des services de garde pourrait avoir des « conséquences » positives et négatives sur les comportements sociaux.

L’association longitudinale entre la fréquentation des services de garde et les comportements sociaux à l’école primaire a été peu documentée dans les études antérieures. Pingault et ses collaborateurs (2015) se sont démarqués en examinant les associations entre la fréquentation des services de garde et les comportements sociaux pendant l’âge scolaire. Cette étude se distingue en évaluant les comportements sociaux annuellement au cours du primaire. Ils observent que les enfants qui ont fréquenté les services de garde entre 5 mois et 5 ans sont moins timides et retirés socialement à la maternelle, mais manifestent plus d’opposition et de comportements agressifs que les enfants qui ont été gardés dans leur milieu familial. Ces différences seraient plus prononcées lorsque l’intensité de la fréquentation est forte. Toutefois, on observe des changements avec le temps; les différences observées pour la timidité et le retrait social à l’avantage des enfants qui ont fréquenté les services de garde se dissipent progressivement pour disparaître à la fin de la sixième année, alors que celles se rapportant à l’opposition et l’agressivité se résorbent dès l’âge de 8 ans (Pingault et al., 2015). Ces derniers changements semblent principalement dus au fait que ces comportements extériorisés augmentent chez les enfants n’ayant pas fréquenté les services de garde, ce que Pingault et ses collaborateurs (2015) attribuent à un phénomène de socialisation. Cette socialisation pourrait aussi se traduire par des changements conséquents sur le plan des relations entre les enfants et de la victimisation en particulier.

1.4. Victimisation et comportements sociaux

Quelques études ont documenté l’association entre les comportements sociaux (timidité, retrait social et agressivité) et la victimisation (Acquah, Palonen, Lehtinen & Laine, 2014; Boivin,

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Petitclerc, Feng & Barker, 2010; Hanish et al., 2004; Hanish & Guerra, 2000; Perren & Alsaker, 2006; Schwartz, 2000; Snyder, Horsch & Childs, 1997; Younger & Boyko, 1987). La relation entre la timidité, le retrait social et la victimisation varie toutefois selon l’âge, et de manière différente que l’agressivité.

1.4.1 Victimisation et comportements sociaux : timidité et retrait social. Le retrait social serait perçu par les enfants plus âgés comme une déviation de la norme et un signe de vulnérabilité sociale; l’enfant retiré socialement serait donc une cible facile, mais seulement à partir d’un certain âge (Boivin et al., 2010). Ce changement serait dû à une capacité limitée et instable chez les jeunes enfants à noter et reconnaître le retrait social chez les autres enfants. Cette capacité augmenterait entre la première et la cinquième année (Younger & Boyko, 1987); la timidité et le retrait social deviendraient alors des caractéristiques comportementales susceptibles d’être perçues négativement et sanctionnées par le groupe.

L’association entre la timidité, le retrait social, et la victimisation est donc davantage observée chez les enfants plus âgés (voir Figure 1). Par exemple, le retrait social est positivement associé à la victimisation chez les enfants en quatrième année, mais pas à l’âge préscolaire, à la maternelle (Hanish et al., 2004), en première et en deuxième année (Hanish & Guerra, 2000). De même, le retrait social a été progressivement plus associé à la victimisation entre la troisième et la sixième année (Boivin et al., 2010). Ce n’est toutefois pas toujours le cas et d’autres études empiriques indiquent que les enfants victimisés seraient plus fréquemment retirés socialement que les autres enfants dès la maternelle (Perren & Alsaker, 2006) et la première année (Acquah et al., 2014). En bref, bien que certaines études observent un lien dès l’entrée à l’école, l’association entre la timidité, le retrait social et la victimisation s’observe de façon plus claire et constante plus tard dans l’enfance.

1.4.2 Victimisation et comportements sociaux : agressivité et opposition. Avec l’âge, les enfants plus agressifs auraient tendance à davantage s’affilier les uns aux autres, ce qui aurait pour effet de les protéger des expériences négatives avec les pairs; ils seraient alors moins victimisés. En effet, l’affiliation avec des amis agressifs serait associée à une diminution de la victimisation à la fin de l’enfance, ce qui suggère que l’affiliation avec des pairs agressifs serait un facteur de protection contre la victimisation (Hodges & Perry, 1999).

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L’association entre l’agressivité et la victimisation est davantage observée chez les enfants plus jeunes (voir Figure 1). En effet, l’agressivité a été positivement corrélée à la victimisation à l’âge préscolaire (r = .69), à la maternelle (r = .41; Hanish et al., 2004) et en quatrième et sixième année (r = .19; Schwartz, 2000). La victimisation serait progressivement moins associée à l’agressivité entre la troisième et la sixième année (Boivin et al., 2010). Ainsi, l’association entre l’agressivité et la victimisation serait plus forte à l’âge préscolaire et au début de la scolarisation (voir Figure 1), mais diminuerait avec l’âge.

L’association entre l’opposition et la victimisation n’a pas été étudiée directement dans les études antérieures. Toutefois, les enfants qui manifestent des comportements d’opposition à l’entrée à la maternelle seraient plus à risque d’avoir des problèmes avec les pairs jusqu’en quatrième année (Van Lier & Koot, 2010).

Figure 1. Plus forte association entre l’agressivité et la victimisation (en gris) et plus forte association entre la timidité, le retrait social et la victimisation (en blanc).

1.5. Services de garde et victimisation

D’après Pingault et ses collaborateurs (2015) et compte tenu de l’état actuel des connaissances sur les corrélats de la victimisation (Acquah et al., 2014; Boivin et al., 2010; Hanish et al., 2004; Hanish & Guerra, 2000; Perren & Alsaker, 2006; Schwartz, 2000; Snyder et al., 1997; Younger & Boyko, 1987), la fréquentation des services de garde pourrait se traduire par des différences sur le plan de la victimisation à l’école primaire. Cette association pourrait s’expliquer en partie par les différences comportementales (timidité, retrait social, agressivité et opposition) à l’entrée à l’école entre les enfants qui ont fréquenté les services de garde et ceux qui ne les ont pas fréquentés. En effet, la fréquentation des services de garde est associée à des comportements sociaux spécifiques (p. ex. être davantage agressif à la maternelle), qui, eux, sont associés à la victimisation chez les jeunes enfants (voir Figure 2). Ainsi, les enfants qui entrent à la maternelle se distingueraient sur le plan comportemental selon la fréquentation ou non des services de garde,

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ce qui pourrait générer une réaction de la part du groupe d’enfants (victimisation ou non). En contrepartie, la fréquentation des services de garde permet aussi à l’enfant de développer des habiletés sociales (Howes, 2000; Howes et al., 1988; NICHD Early Child Care Research Network, 2003b) et des réseaux sociaux, ce qui pourrait contrebalancer l’ « effet » potentiellement négatif des comportements sociaux. Si tel était le cas, il y aurait un avantage immédiat (dès l’entrée à l’école) sur le plan social pour les enfants qui ont fréquenté les services de garde. Toutefois, s’il y a des différences de victimisation associées à la fréquentation ou non des services de garde, elles devraient progressivement s’effacer jusqu’en sixième année. Ce patron serait alors cohérent avec l’hypothèse de socialisation adaptative au groupe social proposée par Pingault et ses collaborateurs (2015).

Figure 2. Association entre la fréquentation des services de garde et la victimisation, via la médiation par les comportements sociaux.

1.6. Socialisation adaptative au groupe social

Selon Pingault et ses collaborateurs (2015), les différences initiales de comportements sociaux associées à la fréquentation ou non des services de garde se résorberaient progressivement au cours de l’école primaire, ce qui s’expliquerait par un effet de socialisation adaptative. Par socialisation adaptative, ces chercheurs entendent que les enfants qui s’intègrent dans un nouveau groupe vivent une transition qui influence, notamment, leurs comportements sociaux. Cette transition aurait lieu plus tôt chez les enfants qui ont fréquenté les services de garde. Ces derniers auraient donc une avance, ayant déjà vécu une expérience d’adaptation sociale dès l’âge préscolaire (Pingault et al., 2015). Cette expérience serait différente s’il s’agit pour l’enfant d’une première ou non. Ainsi, lors de l’entrée à l’école, les enfants qui n’ont pas fréquenté des services

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de garde doivent pour la première fois s’adapter à un groupe d’enfants dont plusieurs sont déjà expérimentés socialement. Au cours de l’école primaire, ces enfants développeraient leur propre processus d’adaptation au groupe social pour rattraper, éventuellement, les enfants qui avaient fréquenté les services de garde. À la fin de l’école primaire, les enfants qui n’ont pas fréquenté les services de garde seraient alors équivalents aux enfants qui les ont fréquentés en termes de comportements sociaux. Les résultats présentés par Pingault et ses collaborateurs (2015) sont cohérents avec cette hypothèse, mais doivent être confirmés par d’autres études. Pour ce faire, des études longitudinales sont nécessaires pour détecter d’autres manifestations (p. ex. le niveau de victimisation conséquent à la fréquentation ou non des services de garde) de cet effet de socialisation adaptative au groupe social. Or, très peu d’études sur le rôle des services de garde ont suivi les enfants tout au long de l’école primaire (Averdijk et al., 2011). La plupart se concentrent sur les associations ponctuelles, notamment à l’entrée à l’école.

L’objectif principal de cette étude est donc de vérifier cette hypothèse de socialisation adaptative en documentant dans quelle mesure la victimisation par les pairs à l’école primaire varie en fonction de la fréquentation des services de garde à l’âge préscolaire, via les comportements sociaux.

1.7. Objectifs, questions et hypothèses

L’évolution du risque de victimisation au cours de l’école primaire selon la fréquentation des services de garde n’a jamais été documentée. De même, l’hypothèse de socialisation adaptative au groupe social reste à confirmer. Ainsi, à la lumière de la proposition de Pingault et ses collaborateurs (2015), la présente étude vise à examiner si les caractéristiques de fréquentation des services de garde (c.-à-d., la fréquentation ou non, l’intensité, l’âge d’entrée et le type de services de garde) prédisent la victimisation à l’âge scolaire. Plus précisément, il s’agit de répondre aux questions de recherche suivantes :

1. Observe-t-on des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde (la fréquentation ou non, l’intensité, l’âge d’entrée et le type de services de garde fréquenté à l’âge préscolaire) et la victimisation à la maternelle? Ces associations s’expliquent-elles en partie par les comportements sociaux (timidité, retrait social, agressivité et opposition)?

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Notre hypothèse est qu’il y aura un processus d’associations indirectes entre la fréquentation des services de garde et la victimisation à la maternelle. Ces associations seraient en partie expliquées par les comportements sociaux. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde seraient plus agressifs et victimisés à la maternelle. De plus, l’intensité devrait prédire un plus haut niveau de victimisation et l’âge d’entrée, un plus bas.

2. Observe-t-on des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde (la fréquentation ou non, l’intensité, l’âge d’entrée et le type de services de garde fréquenté à l’âge préscolaire) et la victimisation à la fin de l’école primaire? Ces associations s’expliquent-elles en partie par les comportements sociaux (timidité, retrait social, agressivité et opposition)?

Notre hypothèse est qu’il n’y aura plus d’associations entre la fréquentation des services de garde et la victimisation à la fin de l’école primaire, même via la médiation par les comportements sociaux. En effet, à la fin de l’école primaire, les différences de comportements entre les enfants qui ont fréquenté les services de garde et ceux qui ne les ont pas fréquentés disparaissent (Pingault et al., 2015). De même à la fin de l’école primaire, les enfants ayant fréquenté les services de garde ne devraient plus être davantage agressifs et victimisés. Il est toutefois possible que des associations directes soient observées entre certaines caractéristiques des services de garde (c.-à-d., l’intensité, l’âge d’entrée et le type) et la victimisation à la fin de l’école primaire.

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2. Méthode 2.1. Participants

Les données de la présente étude sont issues de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ). Les participants ont été tirés aléatoirement du Registre des naissances du Québec à partir d’une procédure de stratification basée sur la région d’habitation et sur le taux de natalité. Afin d’être admissibles à l’étude, les participants devaient remplir les critères d’inclusion suivants : être un enfant de 59 ou 60 semaines d’âge gestationnel et être né d’une mère qui réside dans la province du Québec au Canada, à l’exception du nord du Québec, du territoire des Cris et des Inuits, et des réserves autochtones (2.2% des naissances). Les familles qui ont pu être localisées (N = 2 675) ont été contactées par courrier et par téléphone. Parmi ces familles, 83.1% ont accepté de participer au premier temps de mesure, ce qui a mené à un échantillon initial de 2 120 familles représentatives de celles ayant eu une naissance simple au Québec entre octobre 1997 et juillet 1998. L’ÉLDEQ a mené des évaluations annuellement ou aux deux ans auprès de ces familles. Le protocole de l’ÉLDEQ a été approuvé par les comités éthiques de Santé Québec (Montréal, Canada), de l’Institut de Statistiques du Québec (Montréal, Canada) et du Centre de Recherche de l’Hôpital Sainte-Justine (Montréal). Le consentement écrit a été obtenu par le principal pourvoyeur de soins, majoritairement la mère, à chaque temps de mesure. Même si l’enfant participait à l’étude, les enseignants pouvaient décider de ne pas y participer.

Le premier temps de mesure a été effectué alors que les singletons étaient âgés de 5 mois. Ils ont ensuite été évalués de manière longitudinale à 17, 29, 41, 45 à 56 mois, puis à 5, 6, 7, 8, 10, 12, 13, 15 et 17 ans. Les études longitudinales sont sensibles à la non-participation d’une vague d’évaluation à l’autre. Entre la première vague d’évaluation (5 mois) et celle en sixième année (12 ans), 33.25% des familles se sont retirées de l’étude (une moyenne de 3% par année).

Les données utilisées dans le cadre de la présente étude sont celles recueillies à l’âge préscolaire, entre 5 mois et 5 ans, et à l’âge scolaire, entre la maternelle et la sixième année. Afin d’être inclus dans la présente étude, les participants devaient avoir minimalement des données pour la fréquentation des services de garde entre 5 mois et 5 ans (N = 1 899).

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12 2.2. Mesures

2.2.1 Services de garde. La personne qui connaît le mieux l’enfant (PCM), soit la mère dans 98% des cas, a répondu à des questions sur la fréquentation régulière ou non des services de garde et sur le type fréquenté par son enfant lorsque celui-ci était âgé de 5 mois à 5 ans.

2.2.1.1 Fréquentation des services de garde. La PCM a répondu à des questions portant sur la fréquentation régulière ou occasionnelle des services de garde. La formulation des questions variait un peu d’une année à l’autre, mais les questions portaient toujours sur la fréquentation des services de garde afin de distinguer une fréquentation régulière d’une fréquentation occasionnelle (p. ex., une gardienne occasionnelle). Les intervieweurs ont reçu une formation pour aider les parents à répondre aux questions portant sur le service de garde fréquenté le plus régulièrement. La variable « fréquentation des services de garde » distingue les enfants qui n’ont jamais fréquenté des services de garde sur une base régulière (N = 102) de ceux qui les ont fréquentés au moins une fois au cours de la période couverte par les 6 temps de mesure, soit entre 5 mois et 5 ans (N = 1 797).

2.2.1.2 Intensité de la fréquentation de services de garde. À chaque temps de mesure, la PCM devait indiquer le nombre d’heures par semaine pendant lesquelles l’enfant avait fréquenté les services de garde. Dans la présente étude, nous avons utilisé trois trajectoires d’intensité estimées, de 5 mois à 5 ans, à partir d’un modèle non paramétrique (voir Figure 3 en annexe). Ce sont les mêmes trajectoires que celles révélées dans l’étude de Laurin et ses collaborateurs (2015) et qui sont fondées sur le nombre d’heures moyen par semaine passé dans les services de garde. Ces trajectoires ont été utilisées dans la présente étude, car elles modélisent les variations dans le temps de cette variable. La trajectoire « forte intensité », soit la plus commune (~38.5% des enfants, N = 458), est caractérisée par une augmentation du nombre d’heures de fréquentation des services de garde au cours de la première année de fréquentation, qui demeure alors stable jusqu’à l’entrée à l’école. La trajectoire « intensité modérée » (~ 29.9% des enfants, N = 356) regroupe des enfants qui présentent une augmentation graduelle du nombre d’heures de fréquentation des services de garde au cours des années. La trajectoire « faible intensité » (~ 31.7% des enfants, N = 377) correspond aux enfants qui ont fréquenté les services de garde un petit nombre d’heures par semaine, et ce, de manière stable dans le temps.

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13

2.2.1.3 Âge d’entrée dans les services de garde. L’âge d’entrée est basé sur la première fréquentation rapportée des services de garde. Par exemple, un enfant qui fréquentait les services de garde à 17 mois, mais pas à 5 mois, a été considéré comme fréquentant les services de garde à partir de 17 mois (bien qu’il soit possible que l’enfant ait commencé à les fréquenter entre 5 et 17 mois). Nous avons ainsi créé trois catégories : ceux qui fréquentaient les services de garde dès le début de l’enquête, soit à 5 mois (N = 164), ceux qui les fréquentaient à 17 mois (N = 579), et ceux qui ont commencé à les fréquenter à n’importe quel autre temps de mesure (29 mois et plus, N = 317).

2.2.1.4 Type de service de garde. À chaque temps de mesure, la PCM devait indiquer quel était le type de services de garde principal, c’est-à-dire celui qui a été fréquenté pendant le plus grand nombre d’heures par semaine, parmi les choix suivants : un CPE (N = 149), une garderie en milieu familial (N = 173) ou la garde individuelle par une personne apparentée autre que le parent (N = 73). Afin d’estimer la contribution spécifique de chaque type de services de garde, les analyses de la présente étude concernant cette variable se sont restreintes aux enfants qui ont fréquenté exclusivement un seul type de services à l’âge préscolaire, excluant ceux qui en ont fréquenté plus d’un. Cette exclusion a réduit de beaucoup la taille d’échantillon; les analyses ont donc été exécutées de manière séparée pour cette variable.

2.2.2 Victimisation. Les données sur la victimisation à l’âge scolaire ont été recueillies à l’entrée à l’école (à 6 ans) et à la fin de l’école primaire (à 10 et 12 ans) sous la forme de questionnaires remplis par les enfants et les enseignants. L’enfant devait répondre si, au cours des mois précédents, il (a) s’est fait crier des noms, (b) s’est fait dire des choses méchantes dans son dos, (c) s’est fait empêcher de jouer dans son groupe, (d) s’est fait frapper/pousser/ donner des coups de pied, (e) a eu un enfant de son école toujours sur son dos, (f) s’est fait prendre ses objets personnels sans qu’on lui demande la permission, et (g) s’est fait briser par exprès quelque chose qui lui appartenait. Les trois derniers items (e, f et g) ont été remplacés aux âges de 10 et 12 ans par : « s’est fait moqué/rit de lui » et « s’est fait forcer à donner quelque chose qui lui appartenait ». L’échelle de réponse était (1) non, (2) une ou deux fois, ou (3) plus souvent. Pour sa part, l’enseignant devait répondre si, au cours des mois précédents, l’enfant (a) a fait rire de lui par les autres enfants, (b) s’est fait frapper/bousculer par les autres enfants, et/ou (c) s’est fait crier des noms par les autres enfants. L’échelle de réponse était (1) jamais, (2) quelques fois, ou (3) souvent.

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Les scores ont été ramenés sur une échelle de 0 à 10. Une analyse factorielle a montré que ces questions présentaient une structure unifactorielle avec des saturations élevées pour la plupart des items, variant entre .25 et .83 pour la victimisation auto-rapportée par l’enfant, et entre .48 et .88 pour la victimisation rapportée par l’enseignant. Les coefficients alpha de Cronbach pour la victimisation auto-rapportée par l’enfant varient de .76 à .81, sauf en maternelle où il est plus faible (.55). Les coefficients alpha de Cronbach pour la victimisation rapportée par l’enseignant varient de .72 à .80, sauf en maternelle (.57) où il signale une plus faible fiabilité. La victimisation auto-rapportée n’est pas suffisamment corrélée avec la victimisation auto-rapportée par l’enseignant pour créer une variable combinée (voir Tableau 1 en annexe).

2.2.3 Comportements sociaux. Pour évaluer les comportements sociaux, la plupart des items utilisés dans l’ÉLDEQ proviennent de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (Statistics Canada, 1995), qui inclue les items de la Liste de contrôle du comportement des enfants (Child Behavior Checklist; Achenbach, Edelbrock & Howell, 1987), de l’Étude sur la santé des enfants de l’Ontario (Offord, Boyle & Racine, 1989), du Questionnaire sur le comportement préscolaire (Tremblay, Desmarais-Gervais, Gagnon & Charlebois, 1987), et du Questionnaire d’inhibition sociale d’Asendorpf (Asendorpf, 1993). Les comportements sociaux ont été évalués par l’enseignant à la maternelle (à 6 ans) et à la fin de l’école primaire (en quatrième et sixième année, à 10 et 12 ans). La timidité a été évaluée à partir des 4 items suivants : l’enfant (a) est timide avec les enfants qu’il ne connaît pas, (b) approche facilement les enfants qu’il ne connaît pas (item inversé), (c) prend beaucoup de temps à s’habituer aux enfants qu’il ne connaît pas, et (d) est excessivement timide. Le retrait social a été évalué à partir de 4 items : l’enfant (a) démontre peu d’intérêt pour les activités impliquant d’autres enfants, (b) préfère jouer seul, (c) a tendance à faire les choses seul, et (d) recherche la compagnie des autres enfants (item inversé). L’opposition a été évaluée à partir de 4 items : l’enfant (a) a été rebelle ou a refusé d’obéir, (b) ne semble pas avoir de remords, (c) n’a pas changé sa conduite après une punition, et (d) a des crises de colère. L’agressivité a été évaluée à partir de 10 items : l’enfant (a) s’est bagarré, (b) a encouragé d’autres enfants à s’en prendre à d’autres, (c) lorsqu’il est taquiné, il réagit de façon agressive, (d) cherche à dominer les autres enfants, (e) lorsqu’il est contredit, il réagit de façon agressive, (f) fait peur aux autres enfants, (g) lorsque quelqu’un lui fait mal, il réagit de façon agressive, (h) attaque physiquement les autres, (i) a frappé/mordu/donné des coups de pied aux autres, et (j) lorsque

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quelqu’un prend ses choses, il réagit de façon agressive. L’échelle de réponse était (0) jamais ou pas vrai, (1) quelquefois ou un peu vrai, et (2) souvent ou très vrai.

Les scores ont été ramenés sur une échelle de 0 à 10. Les coefficients alpha de Cronbach du début du primaire (maternelle) à la fin (quatrième et sixième année) variaient entre .71 et .79 pour la timidité, entre .70 et .74 pour le retrait social, entre .81 et .83 pour l’opposition et entre .90 et .92 pour l’agressivité.

Les scores de comportements sociaux et de victimisation durant la quatrième et la sixième année ont été combinés en deux scores moyens qui représentent la fin de l’école primaire. Lorsque les enfants n’avaient qu’une donnée pour la quatrième ou la sixième année, c’est ce score qui a été retenu.

2.3. Procédure

De 5 mois à 4 ans, la PCM devait répondre par entrevue aux questions sur la fréquentation des services de garde, puis à 5 ans, par téléphone. Les questions sur la victimisation à l’âge scolaire ont été posées à l’enfant en milieu scolaire ou à la maison, selon le choix des parents. Enfin, un questionnaire contenant les questions sur la victimisation et les comportements sociaux a été remis à l’enseignant à la fin de l’hiver ou au printemps de chaque année scolaire, soit entre février et juin. Il lui était remis lors de l’entrevue avec l’enfant en milieu scolaire ou posté lorsque celle-ci a eu lieu à la maison.

Pour répondre aux questions de la présente étude, les enfants ont été divisés en différents groupes en fonction de la fréquentation ou non, de l’intensité, de l’âge d’entrée et du type de services de garde qu’ils ont fréquenté.

2.4. Analyses

Les analyses de la présente étude ont toutes été effectuées avec le logiciel MPlus en retenant un niveau alpha de .05.

2.4.1 Analyses de médiation. L’approche retenue pour les questions de recherche est une série d’analyses de médiation. En effet, il s’agit de vérifier s’il y a des associations, au début et à la fin de l’école primaire, entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde (la

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fréquentation ou non, l’intensité, l’âge d’entrée et le type) et la victimisation, et si ces associations sont en partie expliquées par les comportements sociaux. Pour ce faire, 12 modèles différents ont été testés pour répondre aux questions spécifiques. Dans un premier temps, les associations directes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation ont été calculées. Dans un deuxième temps, les comportements sociaux ont été ajoutés aux modèles comme variables médiatrices. Si les associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation sont expliquées par les comportements sociaux, il s’agit d’associations indirectes. Pour plus de clarté, ces modèles seront décrits dans la section des résultats.

L’ÉLDEQ constitue une banque de données longitudinale sensible à l’attrition, particulièrement à l’âge scolaire. Les données manquantes ont donc été prises en compte, dans la présente étude, avec la méthode du maximum de vraisemblance à données complètes dans le logiciel MPlus.

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3. Résultats 3.1. Statistiques descriptives

Les tableaux 2.1. et 2.2. en annexe présentent les statistiques descriptives des caractéristiques de l’enfant et de la victimisation pour l’ensemble de l’échantillon, pour les enfants qui ont fréquenté les services de garde et pour ceux qui ne les ont jamais fréquentés. Une plus forte proportion d’enfants de l’échantillon a fréquenté les services de garde (1797 versus 102). À chaque temps de mesure, il n’y a pas de différences significatives de victimisation auto-rapportée et rapportée par l’enseignant entre les enfants qui ont fréquenté les services de garde et ceux qui ne les ont pas fréquentés (p > .05 pour les trois temps de mesure et les deux évaluateurs).

3.2. Observe-t-on des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation à la maternelle et à la fin de l’école primaire? Ces associations s’expliquent-elles indirectement par les comportements sociaux? Une série d’analyses de médiation (12 modèles) a permis de tester les associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde (la fréquentation ou non, l’intensité, l’âge d’entrée et le type) et la victimisation à la maternelle et à la fin de l’école primaire, en prenant en compte les comportements sociaux (voir Figure 4 et Tableaux 3, 4, 5 et 6). Les variables médiatrices ont été choisies par souci d’éviter la multicolinéarité entre les comportements sociaux : les comportements sociaux les plus corrélés à la victimisation ont été retenus dans chaque modèle (voir Tableaux 7 et 8 en annexe).

Dans les modèles 1, 4, 7 et 10, portant sur la variable « fréquentation », les enfants qui ont fréquenté les services de garde sont comparés à ceux qui ne les ont pas fréquentés (le groupe de référence). Dans les modèles 2, 5, 8 et 11, portant sur la variable « intensité », les fréquentations selon une intensité modérée ou forte sont comparées à celle selon une faible intensité (le groupe de référence). Dans ces mêmes modèles, incluant également la variable « âge d’entrée », les entrées dans les services de garde à partir de 5 mois ou à partir de 17 mois sont comparées à l’entrée plus tardive (après 17 mois; le groupe de référence). Dans les modèles 3, 6, 9 et 12, portant sur la variable « type », les gardes en CPE, en milieu familial, ou par une personne apparentée sont comparées à la garde à la maison par les parents (non-fréquentation des services de garde; le groupe de référence).

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Les associations directes (c’) et indirectes (a1b1 et a2b2) ont été vérifiées pour les modèles

1 à 12. Toutefois, les associations indirectes de chaque analyse de médiation ont seulement été calculées lorsque les paramètres a et b étaient significatifs. L’association indirecte étant le produit de a*b, si l’un des deux paramètres n’est pas significatif, le produit l’est rarement à moins que l’un des paramètres soit presque significatif et l’autre, significatif (voir Figure 4). Le caractère significatif (ou non) des effets indirects a été testé en utilisant l’intervalle de confiance à 95% obtenue par Bootstrap; lorsque la valeur 0 est incluse dans l’intervalle de confiance, le coefficient n’est pas significatif (Hayes, 2017).

Figure 4. Modèles de médiation des associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation, via les comportements sociaux.

3.2.1 Prédiction de la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la maternelle. Les trois premiers modèles prédisent la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la maternelle, avec modélisation d’effets indirects via l’agressivité et la timidité. Le prédicteur du modèle 1 est la fréquentation des services de garde; les prédicteurs du modèle 2 sont l’intensité et l’âge d’entrée; le prédicteur du modèle 3 est le type de services de garde (voir Tableau 3).

Selon le modèle 1, il n’y a pas d’association directe entre la fréquentation des services de garde et la victimisation, mais il y a de faibles associations indirectes via l’agressivité et la timidité. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde sont plus agressifs, bien que moins timides, et, en retour, rapportent être plus fréquemment victimisés que ceux qui ne les ont pas fréquentés.

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Selon le modèle 2, il n’y a pas d’associations directes entre l’intensité/ l’âge d’entrée et la victimisation, mais il y a de faibles associations indirectes via l’agressivité et la timidité pour l’intensité de la fréquentation seulement. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde selon une intensité modérée ou forte sont plus agressifs, bien que moins timides, et, en retour, rapportent être plus victimisés que ceux qui les ont fréquentés selon une faible intensité.

Selon le modèle 3, il y a une faible association directeentre le type de services de garde et la victimisation; les enfants qui ont été gardés par une personne apparentée à l’âge préscolaire rapportent être moins victimisés à la maternelle que les enfants qui ont été gardés à la maison par les parents. Toujours selon ce modèle, il y a de faibles associations indirectes entre le type de services de garde et la victimisation. Les enfants qui ont fréquenté les CPE ou les garderies en milieu familial sont plus agressifs, bien que moins timides, et, en retour, rapportent être plus victimisés que les enfants qui ont été gardés à la maison par les parents.

En résumé, les enfants qui ont fréquenté les services de garde, plus particulièrement selon une intensité modérée ou forte et les CPE ou les garderies en milieu familial, sont plus agressifs à la maternelle, ce qui se refléterait également par un niveau plus élevé de victimisation. L’agressivité agit donc comme médiateur dans ces associations.

Tableau 3

Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation auto-rapportée à la maternelle, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés) Modèles Prédicteurs Associations Directes Indirectes Agressivité Timidité 1 Fréquentation -.198 .090*a .052*a 2 Intensité modérée .007 .047*a .044*a Forte intensité .054 .040*a .056*a Entrée à 5 mois -.074 Entrée à 17 mois -.142 .008 3 Garderie en milieu familial -.244 .076*a .051*a CPE -.244 .176*a .071*a Personne apparentée -.330*

CPE : Centre de la petite enfance * p < .05

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3.2.2 Prédiction de la victimisation rapportée par l’enseignant à la maternelle. Les modèles 4 à 6 prédisent la victimisation rapportée par l’enseignant à la maternelle, avec modélisation d’effets indirects via l’agressivité et le retrait social. Le prédicteur du modèle 4 est la fréquentation des services de garde; les prédicteurs du modèle 5 sont l’intensité et l’âge d’entrée; le prédicteur du modèle 6 est le type de services de garde (voir Tableau 4).

Selon le modèle 4, il n’y a pas d’associations directes entre la fréquentation des services de garde et la victimisation, mais il y a de faibles associations indirectes via l’agressivité et le retrait social. Ce résultat va dans le même sens que le modèle 1; les enfants qui ont fréquenté les services de garde sont plus agressifs, bien que moins retirés socialement et, en retour, évalués plus victimisés à la maternelle que ceux qui ne les ont pas fréquentés.

Selon le modèle 5, il n’y a pas d’associations directes entre l’intensité/ l’âge d’entrée et la victimisation, mais il y a de faibles associations indirectes via l’agressivité et le retrait social pour l’intensité de la fréquentation seulement. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde selon une intensité modérée sont plus agressifs et, en retour, évalués comme étant plus victimisés que ceux qui les ont fréquentés selon une faible intensité. Ce résultat va dans le même sens que la victimisation auto-rapportée à la maternelle. Toujours selon ce modèle, les enfants qui ont fréquenté les services de garde selon une intensité modérée ou forte sont moins retirés socialement et, en retour, évalués comme étant moins victimisés. L’âge d’entrée dans les services de garde n’est pas associé à la victimisation à la maternelle, évaluée par l’enfant lui-même ou par l’enseignant.

Selon le modèle 6, il n’y a pas d’associations directes entre le type de services de garde et la victimisation, mais il y a des associations indirectes modérées via l’agressivité et faibles via le retrait social. Les enfants qui ont fréquenté les CPE sont plus agressifs et, en retour, évalués plus victimisés que les enfants qui ont été gardés à la maison par les parents. Ce résultat va dans le même sens que la victimisation auto-rapportée à la maternelle. Toutefois, toujours selon ce modèle, les enfants qui ont fréquenté les CPE ou qui ont été gardés par une personne apparentée sont moins retirés socialement et, en retour, évalués comme étant étant moins victimisés.

En résumé, les associations entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation auto-rapportée et rapportée par l’enseignant à la maternelle sont très similaires.

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L’agressivité agit également comme médiateur dans ces associations. Toutefois, la dimension timidité/retrait social semble jouer un rôle médiateur protecteur seulement lorsque la victimisation est évaluée par l’enseignant.

Tableau 4

Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l'enseignant à la maternelle, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés)

Modèles Prédicteurs Associations

Directes Indirectes

Agressivité Retrait social

4 Fréquentation -.123 .172*a -.060*a 5 Intensité modérée -.096 .083*a -.036*a Forte intensité -.081 .072 -.066*a Entrée à 5 mois -.002 .037 Entrée à 17 mois -.033 6 Garderie en milieu familial -.092 .134 -.053 CPE -.069 .303*a -.087*a Personne apparentée -.034 -.094*a

CPE : Centre de la petite enfance * p < .05

*a coefficient significatif selon l'intervalle de confiance 95%

3.2.3 Prédiction de la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la fin de l’école primaire. Les modèles 7 à 9 prédisent la victimisation auto-rapportée par l’enfant à la fin de l’école primaire, avec modélisation d’effets indirects via l’agressivité et le retrait social. Le prédicteur du modèle 7 est la fréquentation des services de garde; les prédicteurs du modèle 8 sont l’intensité et l’âge d’entrée; le prédicteur du modèle 9 est le type de services de garde (voir Tableau 5).

Selon le modèle 7, l’association indirecte qu’il y avait entre la fréquentation des services de garde et la victimisation à la maternelle disparaît à la fin de l’école primaire. Les enfants qui

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ont fréquenté les services de garde ne sont pas plus agressifs et victimisés à la fin de l’école primaire.

Selon le modèle 8, il y a une faible association directeentre l’intensité de la fréquentation des services de garde et la victimisation; les enfants qui ont fréquenté les services de garde selon une intensité modérée ou forte rapportent être plus victimisés que ceux qui les ont fréquentés selon une faible intensité. À la fin de l’école primaire, l’association entre l’intensité de la fréquentation des services de garde et la victimisation ne s’expliquerait plus par les comportements sociaux comme à la maternelle. Aussi, il y a une faible association directe, qui apparaît à la fin de l’école primaire, entre l’âge d’entrée et la victimisation, qui serait toutefois expliquée en partie par l’agressivité (association indirecte). Les enfants qui ont fréquenté les services de garde plus tôt (17 mois et moins) sont moins agressifs à la fin de l’école primaire et, en retour, rapportent être moins victimisés que ceux qui les ont fréquentés plus tard. L’agressivité agit ici à titre de médiateur.

Selon le modèle 9, il n’y a pas d’associations directes entre le type de services de garde et la victimisation, mais il y a une faible association indirecte via l’agressivité. Les enfants qui ont été gardés par une personne apparentée sont moins agressifs et, en retour, rapportent être moins victimisés que les enfants qui ont été gardés à la maison par les parents. Les enfants qui ont été gardés par une personne apparentée rapportaient également être moins victimisés à la maternelle, il s’agissait toutefois d’une association directe.

En résumé, à la fin de l’école primaire, les enfants qui ont fréquenté les services de garde selon une intensité modérée ou forte seraient plus victimisés, mais cette association prédictive ne serait pas liée aux comportements sociaux. De plus, les enfants qui ont fréquenté les services de garde plus tôt et ceux qui ont été gardés par une personne apparentée seraient moins victimisés à la fin de l’école primaire, ce qui s’expliquerait par un niveau d’agressivité moins élevé.

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23 Tableau 5

Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation auto-rapportée à la fin de l'école primaire, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés)

Modèles

Prédicteurs Associations

Directes Indirectes

Agressivité Retrait social

7 Fréquentation -.007 8 Intensité modérée .147* -.039 Forte intensité .264* Entrée à 5 mois -.158 -.068*a Entrée à 17 mois -.217* -.062*a 9 Garderie en milieu familial -.087 CPE .065 Personne apparentée -.076 -.093*a

CPE : Centre de la petite enfance * p < .05

*a coefficient significatif selon l'intervalle de confiance 95%

3.2.4 Prédiction de la victimisation rapportée par l’enseignant à la fin de l’école primaire. Les modèles 10 à 12 prédisent la victimisation rapportée par l’enseignant à la fin de l’école primaire, avec modélisation d’effets indirects via l’agressivité et le retrait social. Le prédicteur du modèle 10 est la fréquentation des services de garde; les prédicteurs du modèle 11 sont l’intensité et l’âge d’entrée; le prédicteur du modèle 12 est le type de services de garde (voir Tableau 6).

Selon le modèle 10, l’association indirecte qu’il y avait entre la fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l’enseignant à la maternelle disparaît également à la fin de l’école primaire. Les enfants qui ont fréquenté les services de garde ne sont pas plus agressifs et victimisés à la fin de l’école primaire.

Selon le modèle 11, il n’y a pas d’associations directes ou indirectes entre l’intensité de la fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l’enseignant contrairement à

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la victimisation auto-rapportée. Or, il y a une faible association directe entre l’âge d’entrée et la victimisation; les enfants qui ont fréquenté les services de garde à partir de 5 mois sont plus victimisés que ceux qui ont commencé à les fréquenter après 17 mois. Toujours selon ce modèle, il y a une faible association indirecte entre l’âge d’entrée et la victimisation via le retrait social; les enfants qui ont fréquenté les services de garde plus tôt sont moins retirés socialement à la fin de l’école primaire et, en retour, évalués comme étant moins victimisés que ceux qui les ont fréquentés après 17 mois. L’association indirecte entre l’âge d’entrée et la victimisation auto-rapportée à la fin de l’école primaire passe plutôt par l’agressivité, mais dans les deux cas, les enfants qui ont fréquenté les services de garde plus tôt seraient moins victimisés à la fin de l’école primaire lorsque les comportements sociaux sont inclus comme médiateurs dans les analyses.

Enfin, selon le modèle 12, il n’y a pas d’associations directes entre le type de services de garde et la victimisation, mais il y a une faible association indirecte via l’agressivité; les enfants qui ont été gardés par une personne apparentée sont moins victimisés à la fin de l’école primaire que les enfants qui ont été gardés à la maison par les parents, ce qui s’expliquerait par un niveau moins élevé d’agressivité. Ce résultat est le même que pour la victimisation auto-rapportée à la fin de l’école primaire.

Tableau 6

Associations directes et indirectes entre les caractéristiques de fréquentation des services de garde et la victimisation rapportée par l'enseignant à la fin de l'école primaire, en passant par les comportements sociaux (coefficients standardisés)

Modèles Prédicteurs Associations

Directes Indirectes Agressivité Retrait social 10 Fréquentation -.054 11 Intensité modérée .084 Forte intensité .030 Entrée à 5 mois .202* -.074*a Entrée à 17 mois -.064 -.067 -.072*a 12 Garderie en milieu familial -.158 CPE .087 Personne apparentée -.122 -.100*a

CPE : Centre de la petite enfance * p < .05

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En somme, la fréquentation des services de garde est associée positivement et indirectement à la victimisation à la maternelle, via les comportements sociaux, mais ne l’est plus à la fin de l’école primaire. L’intensité de la fréquentation des services de garde montre cette même association positive et indirecte à la maternelle, mais celle-ci disparaît à la fin du primaire, remplacée par une association directe. Les associations positives directes et indirectes entre l’âge d’entrée dans les services de garde et la victimisation n’apparaissent qu’à la fin de l’école primaire. Le type de services de garde est associé indirectement à la victimisation à la maternelle et à la fin de l’école primaire; la garde par une personne apparentée prédit une moins grande fréquence de victimisation.

Figure

Figure  1.  Plus  forte  association  entre  l’agressivité  et  la  victimisation  (en  gris)  et  plus  forte  association entre la timidité, le retrait social et la victimisation (en blanc)
Figure  2.  Association  entre  la  fréquentation  des  services  de  garde  et  la  victimisation,  via  la  médiation par les comportements sociaux
Figure 4. Modèles de médiation des associations entre les caractéristiques de fréquentation des  services de garde et la victimisation, via les comportements sociaux
Figure 3. Trajectoires d’intensité de la fréquentation des services de garde entre 5 mois et 5 ans (Laurin et al., 2015)

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