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Les économies de taille en production laitière en Amérique du Nord

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Les économies de taille en production laitière en

Amérique du Nord

Mémoire

Thomas Brind’Amour

Maîtrise en agroéconomie

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

© Thomas Brind’Amour, 2016

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Résumé

Après une période où la valeur des quotas laitiers a été en forte croissance au Québec, un plafond à cette valeur a été fixé à compter de 2007. Ce plafond a eu pour effet de limiter l'offre de quota sur le marché et la croissance de la taille des entreprises laitières québécoises. Cette situation soulève un questionnement sur l’efficience économique, le blocage de la croissance des entreprises les empêchant de bénéficier d’économies de taille, si bien entendu il en existe. En conséquence, cette étude s'intéresse aux économies de taille en production laitière en Amérique du Nord. Les économies de taille des entreprises ont été mesurées à l’aide d’une régression linéaire multiple à partir de certains indicateurs de coût monétaire et non monétaire. Cette analyse comprend quatre strates de taille formées à partir d’un échantillon non aléatoire de 847 entreprises du Québec, de l’État de New York et de la Californie, ainsi qu’à partir d’un groupe d’entreprises efficientes (groupe de tête). Les résultats démontrent l’existence d’économies de taille principalement au niveau des coûts fixes et plus particulièrement des coûts fixes non monétaires. Ils révèlent aussi que les deux indicateurs où l’effet des économies de taille est le plus important sont le coût du travail non rémunéré et l’amortissement. Par ailleurs, lorsque la taille d’une entreprise augmente, les économies de taille supplémentaires réalisées deviennent de moins en moins importantes. Enfin, les résultats indiquent qu’il existe des déséconomies de taille au niveau des coûts d’alimentation. Les résultats obtenus au niveau du groupe de tête vont dans le même sens. Ils confirment également qu’il est possible pour les grandes entreprises efficientes de réaliser des économies de taille pour la plupart des indicateurs de coût. Toutefois, les économies additionnelles que ces entreprises peuvent réaliser sont moins importantes que celles obtenues par les petites entreprises efficientes.

Mots clés : Agriculture, production laitière, Amérique du Nord, économies de taille, efficience économique, régression linéaire.

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Abstract

After a period during which the value of milk quotas grew significantly in Quebec, a price cap to this value was fixed in 2007. This market constraint limited the quota’s supply and the growth in size of Quebec milk farms. This context and its impact raise questions regarding economic efficiency, the restrained growth of those companies preventing them from benefiting from size economies, if such size economies exist. In this regard, the present study examines the size economies in milk production in North America. The size economies of the concerned companies have been measured using a multiple linear regression (ordinary least squares) from some monetary and non-monetary cost variables. This analysis includes four size strata, established from data of a non aleatory sample of 847 farms from Quebec, the state of New York and California. The same exercise was conducted on a group of efficient farms, named “leading group”. The results demonstrated size economies mainly in fixed costs and particularly in non-monetary fixed costs. It also revealed that the two principal cost variables, regarding the impact of size economies, are non remunerated labor and depreciation cost. Moreover, when the size of a farm increases, the additional size economies realized are gradually less important. Finally, the results revealed important size diseconomies regarding feed costs.

Key words: Agriculture, milk production, North America, size economies, economic efficiency, ordinary least squares.

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Table

des matières

Résumé….………iii  Abstract………….………v  Table des matières ... vii  Liste des tableaux ... ix  Liste des figures ... xi  Remerciements ... xiii  1.  Introduction et problématique ... 1  1.1  Problématique ... 1  1.2  Aperçu des travaux réalisés sur les économies de taille ... 7  1.3  Objectifs de recherche ... 8  1.4  Structure de présentation du mémoire ... 9  2.  Économie d’échelle et économie de taille en agriculture ... 10  2.1  L’économie de taille en agriculture ... 10  2.2  Distinction entre le concept d’économies d’échelle et d’économies de taille ... 12  2.2.1  Expansion de l’entreprise agricole ... 13  2.2.2  Économies d’échelle ... 14  2.2.3  Économies de taille ... 15  2.2.4  Relation entre les deux concepts ... 19  2.3  Comparaison entre les différents systèmes de production ... 20  2.3.1  Au Québec ... 20  2.3.2  Aux États‐Unis ... 21  2.3.3  Les raisons qui expliquent les différences régionales ... 24  2.3.4  Distinction entre les différentes structures de production... 25  2.4  Recherches antérieures sur les économies d’échelle et de taille en production    laitière ... 26  2.4.1  Économies d’échelle ... 26  2.4.2  Économies de taille (moyennes) ... 26  2.4.3  Économies de taille et efficience ... 29  3.  Méthodologie ... 36  3.1  Indicateurs retenus ... 36  3.1.1  Détermination de la taille d’une entreprise ... 37  3.1.2  Critère de sélection ... 38  3.1.3  Les coûts ... 39 

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3.1.3.1  Coûts fixes ... 40  3.1.3.2  Coûts variables ... 42  3.1.3.3  Coût du travail ... 42  3.1.3.4  Coût du capital ... 44  3.1.3.5  Portrait final ... 46  3.2  Provenance, caractéristiques et limites reliées aux banques de données  répertoriées ... 47  3.3  Cadre analytique ... 49  3.3.1  Approche méthodologique ... 49  3.3.2  Structure de l’analyse ... 49  3.4  Organisation des données et échantillon final ... 53  3.4.1  Échantillon ... 53  3.4.1.1  Échantillon de base ... 53  3.4.1.2  Échantillon final ... 53  3.4.2  Traitement et uniformisation des données ... 54  3.4.2.1  Ajustement des données financières ... 54  3.4.2.1  Ajustements des données techniques ... 55  3.4.2.3  Détermination du coût du travail non rémunéré ... 56  3.4.2.4  Détermination de la rémunération du capital ... 57  3.5  Analyse de la conformité de l’échantillon et choix de l’indicateur de taille ... 57  3.6  Interprétation des résultats liée aux économies de taille ... 58  4.  Présentation des résultats et des analyses ... 60  4.1  Résultats de l’analyse des économies de taille ... 60  4.2  Analyse des économies de taille en fonction de l’efficience ... 71  4.2.2.1  Les coûts totaux ... 72  4.2.2.2  Coûts non monétaires ... 73  4.2.2.3  Les coûts monétaires (variables et fixes) ... 78  4.2.3  L’effet régional ... 83  5. Conclusion ... 87  Bibliographie ... 95  Annexe……….103   

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Liste des tableaux

Tableau 1 – Évolution du prix et de la quantité du quota en kg de matière grasse par jour, 2002 à 2014, Québec. ... 4 Tableau 2 – Différences entre les deux systèmes de production, en 2000. ... 22 Tableau 3 – Indicateurs retenus pour l’analyse. ... 46 Tableau 4 – Corrélation entre les indicateurs de taille et le nombre de traite et les

systèmes de traite. ... 51 Tableau 5 – Caractéristiques régionales des entreprises. ... 54 Tableau 6 – Caractéristiques des entreprises selon le groupe de taille et d’efficience. ... 72 Tableau 7 – Comparaison des coûts totaux en $/hl (groupes de taille et groupes

d’efficience). ... 73 Tableau 8 – Comparaison des coûts fixes non monétaires en $/hl (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 74 Tableau 9 – Comparaison des actifs à moyen et à long terme en $/hl (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 75 Tableau 10 – Comparaison des coûts du travail non rémunéré (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 76 Tableau 11 – Comparaison des amortissements en $/hl (groupes de taille et groupes

d’efficience). ... 77 Tableau 12 – Comparaison de la rémunération du capital en $/hl (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 78 Tableau 13 – Comparaison des coûts monétaires par hectolitre (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 79 Tableau 14 – Comparaison des coûts fixes monétaires en hectolitre (groupes de taille et groupes d’efficience). ... 80 Tableau 15 – Comparaison des frais généraux par hectolitre (groupes de taille et groupes

d’efficience). ... 80 Tableau 16 – Comparaison des coûts variables par hectolitre (groupes de taille et groupes

d’efficience). ... 81 Tableau 17 – Comparaison des coûts d’alimentation par hectolitre (groupes de taille et

groupes d’efficience). ... 82 Tableau 18 – Comparaison des coûts de la main-d’œuvre salariée par hectolitre (groupes

de taille et groupes d’efficience). ... 83 Tableau 19 – Différence entre les deux groupes d’entreprises au niveau de la valeur des

actifs MLT par hectolitre. ... 84 Tableau 20 – Différence entre les deux groupes d’entreprises au niveau du coût total par

hectolitre. ... 84 Tableau 21 – Résultats de la régression linéaire au niveau du coût total par hectolitre pour

les entreprises québécoises, américaines et pour toutes les entreprises de

l’échantillon. ... 85  

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Liste des figures

Figure 1 – Évolution du prix unitaire d’une unité de quota laitier, 1977 à 2014, Québec. ... 3

Figure 2 – Évolution de la taille moyenne des entreprises laitières en nombre de vaches, 1980 à 2014, Québec, Canada et États-Unis. ... 5

Figure 3 – Relation entre l’isocoût et l’isoquant. ... 13

Figure 4 – Changement de taille d’une entreprise à court terme. ... 16

Figure 5 – Évolution des courbes de coût moyen à court terme par rapport à une augmentation de la taille à long terme. ... 18

Figure 6 – Fonction de coût et de production à long terme pour la relation duale. ... 19

Figure 7 – Représentation des différents indicateurs de l’analyse ... 60

Figure 8 – Courbe enveloppe représentant la diminution des coûts totaux moyens par rapport à la taille des fermes laitières du Québec, de New York et de la Californie, 2012... 61

Figure 9 – Économies de taille moyenne pour une entreprise de 55 vaches. ... 63

Figure 10 – Économies de taille moyenne pour une entreprise de 124 vaches. ... 65

Figure 11 – Économies de taille moyenne pour une entreprise de 329 vaches. ... 67

Figure 12 – Économies de taille moyenne pour une entreprise de 1020 vaches. ... 68

Figure 13 – Principaux résultats au niveau des économies de taille réalisable pour une entreprise de 55 vaches. ... 88                            

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Remerciements

Plusieurs personnes ont contribué à la réalisation de ce projet et il est temps pour moi de les remercier.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude envers mon directeur de mémoire, Daniel-Mercier Gouin. Sa grande disponibilité, son soutien indéfectible et sa générosité dans le partage de ses nombreuses connaissances m’ont aidé à me dépasser à bien des niveaux.

Je tiens aussi à remercier mon co-directeur de mémoire, Lota Dabio Tamini, qui m’a appuyé tout au long de mon parcours et qui m’a fait bénéficier de ses nombreux et judicieux conseils, notamment dans l’analyse des statistiques et l’interprétation des résultats. Sans son aide attentive, cette partie de mon mémoire n’aurait pas été aussi complète.

J’ai aussi bénéficié de l’indispensable aide technique de nombreuses autres personnes. Je voudrais remercier Jean-Philippe Perrier, qui m’a initié au fonctionnement de la base de données Agritel, Wayne Alan Knoblauch et Cathryn Elizabeth Dymond du Cornell University Dairy Farm Business Summary, qui m’ont fourni des données technico-économiques sur les entreprises laitières de l’État de New York, ainsi que Mike Francesconi du California Department of Food and Agriculture et Madame Annie AcMoody du Western United Dairymen, pour m’avoir aidé à obtenir des données sur les entreprises laitières de l’État de la Californie.

Merci à mes amis agroéconomistes pour leur écoute et leurs nombreux encouragements. Enfin, je voudrais remercier ma famille ainsi que ma conjointe pour leur soutien tout au long de l’élaboration de ce mémoire.

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1. Introduction et problématique

1.1 Problématique

L‘idée de mettre en place un système de gestion de l’offre des produits laitiers au Canada s’est développée progressivement au cours des années 60, à partir de l’initiative des Producteurs Laitiers du Canada (PLC) et de la Commission Canadienne du Lait (CCL). En 1971, les deux principales provinces canadiennes productrices de lait, soit le Québec et l’Ontario, adhèrent au premier accord portant sur un Plan global provisoire de commercialisation du lait. Puis, progressivement jusqu’en en 1974, toutes les provinces se joignent au plan de gestion des approvisionnements qui a pour but de créer un équilibre entre la production et les besoins intérieurs et qui met en place un mode d’attribution des quotas laitiers entre les provinces signataires. Les provinces acceptent d’en confier la coordination au Comité canadien de gestion des approvisionnements de lait (CCGLA). Finalement, en 1983, le Plan national de commercialisation du lait tel qu’on le connaît aujourd’hui entre en vigueur. Ce système de régulation s’exerce dans le cadre d’une mise en marché collective.

Cinq produits sont ainsi réglementés sous le système de gestion de l’offre. Ces produits sont le lait, la volaille (poulet et dindon), les œufs d’incubation et les œufs de consommation. L’encadrement de ces secteurs est basé sur trois piliers fondamentaux, qui sont :

1. Le contrôle des importations de produits et de plusieurs sous-produits; 2. La gestion de la production;

3. Un prix au producteur couvrant les coûts de production.

Pour ce qui est du secteur laitier, les fondements de la politique nationale laitière telle que nous la connaissons aujourd’hui ont pris forme en 1975. Les principes de la gestion de l’offre sont les suivants :

 Ajustement de l’offre de lait aux besoins du marché intérieur exprimés en matière grasse du lait (approvisionnement du marché intérieur seulement et tarifs élevés pour bloquer les importations);

 Responsabilité financière des producteurs de lait quant aux exportations de produits laitiers sur le marché international;

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 Ajustement du prix de soutien du lait à la production en fonction des coûts de production.

Depuis 2002, le soutien aux producteurs est absorbé en totalité par les consommateurs des produits laitiers (Gouin, 2004, p.30). De plus, comme le Canada est auto-suffisant en ce qui a trait à la matière grasse du lait, il génère un surplus de poudre de lait écrémé vendu à rabais et dont les pertes possibles ne sont pas incluses dans le calcul du coût de production (Gouin, 2004, p.31). Pour ce qui est de l’attribution des quotas aux entreprises, il existe un marché des quotas qui est de juridiction provinciale. Enfin, la Commission canadienne du lait (CCL) détermine un prix cible à partir duquel les syndicats agricoles et les industriels laitiers négocient le prix à la production (Gouin, 2004, p.31).

Le deuxième pilier fondamental de la gestion de l’offre, soit la gestion de la production, se réalise donc par un ajustement de l’offre de lait aux besoins du marché intérieur exprimés en matière grasse du lait et reposant sur des quotas de production. Ainsi, « le contrôle de la production nationale au niveau de la ferme se fait grâce aux quotas de mise en marché établis dans le cadre du Plan national de commercialisation du lait » (Commission canadienne du lait, 2010).

Ces quotas sont des droits de produire. Plus précisément, « n quota est l’imposition réglementaire d’une quantité maximale qu’une entreprise est autorisée à produire » (Parking, Bade et al., 2005). Donc, il va sans dire que si une unité de quota de production est un droit de produire, et si une entreprise laitière québécoise veut augmenter sa taille, elle devra faire l’acquisition d’unités de quotas supplémentaires.

Au Canada, le transfert de ces quotas se fait en déboursant une somme d’argent qui permet d’acquérir des quotas d’une autre entreprise via un système de vente. Il existe donc au Québec, un système d’achats et de ventes de ces droits de production. Auparavant, la valeur d’un quota de production pour le secteur laitier n’était pas réglementée. Par conséquent, le prix du quota s’établissait en fonction de l’offre et de la demande mensuelle de quotas. De ce fait, dans une situation où la demande de quotas laitiers s’avérait plus importante que l’offre, le prix du quota connaissait une hausse. Dans la situation inverse, le prix du quota connaissait une baisse.

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Au cours des années, la hausse de la valeur des quotas a posé problème. En effet, « on observait une flambée des prix du quota qui apportait une sortie importante de capitaux de l’agriculture et qui contribuait à la croissance de l’endettement des fermes » (Rainville 2011).

Lorsqu’on observe la valeur des transactions des quotas au Québec, on remarque en effet qu’une tendance se dessinait (Figure 1). Ainsi, à partir de 1990, le prix unitaire du quota a connu une augmentation constante et cette augmentation s’est accélérée à compter de 1998, jusqu’en 2006, année où la valeur moyenne du quota a atteint plus de 30000$ par kilogramme de matière grasse1.

Figure 1 – Évolution du prix unitaire d’une unité de quota laitier, 1977 à 2014, Québec

 

Source : Groupe AGÉCO 2012.

Cette hausse de la valeur du quota ainsi que ses conséquences sur l’endettement accru des fermes laitières ont amené les décideurs politiques à changer les règles au niveau des transactions des quotas de production. Ainsi, après que le quota eut atteint un prix de plus de 33 000$ en octobre 2006, un plafonnement du prix unitaire des quotas à 29 000$ a été établi à compter de décembre 2006. En 2007, les transactions de quotas ont vu leurs prix fluctuer selon les mois tout en respectant le plafond convenu. À compter de janvier 2008, le prix plafond a été fixé à 27 400$ et a diminué de 100$ par mois pour atteindre 25 000$       

1 Un kilogramme de matière grasse de quota correspond à peu près à la production annuelle d’une

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en janvier 2010 et se maintenir jusqu’à aujourd’hui. En moins de trois ans, la valeur du quota transigé a donc baissé d’environ 25%.

L’établissement de ce plafond a également changé les règles au niveau de l’offre et de la demande. En effet, avec un prix plafond, l’offre de quota a diminué de manière importante (Tableau 1). Il faut dire qu’à partir du moment où on impose un plafond au niveau de la valeur du quota, il devient impossible pour un offreur de pouvoir disposer de ses unités de quota à un prix plus élevé que le prix plafond. De ce fait, on peut penser que l’incitatif économique pour un producteur à vendre une unité de quota est sûrement moindre comparé au contexte qui prévalait auparavant.

Tableau 1 – Évolution du prix et de la quantité du quota transigée en kg de matière grasse par jour, 2002 à 2014, Québec

Année Prix/unité de quota Quantité

2002-2003 28,986 10704,8 2003-2004 27,502 9794,1 2004-2005 28,211 10007,6 2005-2006 30,015 10846,3 2006-2007 28,530 10126,8 2007-2008 26,883 8367,4 2008-2009 25,157 8361,7 2009-2010 24,683 5396,5 2010-2011 25,000 3699,8 2011-2012 25,000 4559,7 2012-2013 25,000 4895,4 2013-2014 25,000 3829,9

Source : Compilation Groupe AGÉCO.

La quantité de quotas transigée, qui est calculée par kilogramme de matière grasse par jour, a donc connu une diminution constante depuis l’établissement du prix plafond. En effet, on observe une relation certaine entre la baisse des quantités transigées et la baisse de la valeur des quotas. Ainsi, on peut penser que l’introduction d’un prix plafond pour les transactions de quotas ne fait pas que limiter les quantités offertes sur le marché, il a

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probablement des effets structurels négatifs sur l’expansion de certaines entreprises au Québec.

Si l’achat d’unité de quota est obligatoire pour la croissance de la taille d’une entreprise laitière au Québec, il est pertinent de se demander si cette baisse d’achats de quotas a une influence sur la croissance de la taille moyenne d’une entreprise laitière québécoise. En effet, on notera qu’en 1980, une entreprise laitière moyenne, qu’elle soit située au Québec, au Canada ou aux États-Unis, était de taille comparable, soit 32 vaches (Figure 2). De plus, lorsqu’on observe la réalité de la structure des entreprises laitières québécoises et qu’on compare cette réalité avec celle du Canada et des États-Unis, on constate que la taille moyenne des entreprises laitières du Québec, en matière de nombre de vaches, s’est accrue avec le temps, mais qu’elle est demeurée inférieure à la taille moyenne des entreprises laitières que l’on retrouve ailleurs en Amérique du Nord, que ce soit au Canada ou aux États-Unis. À titre d’exemple, si on compare la taille d’une entreprise laitière moyenne aux États-Unis avec la taille d’une entreprise laitière moyenne au Québec, en 2012, la taille de l’entreprise américaine est presque trois fois plus élevée. Figure 2 – Évolution de la taille moyenne des entreprises laitières en nombre de

vaches, 1980 à 2014, Québec, Canada et États-Unis2

Source : Centre Canadien d’information laitière et USDA/Compilation personnelle.

De plus, l’amplitude de cette croissance n’est pas la même au Québec, au Canada et aux États-Unis. Ainsi, on voit qu’à partir de 1990, l’écart entre les États-Unis par rapport au       

2 Au moment de rédiger ce mémoire, les données américaines n’étaient disponibles que jusqu’en

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Québec et au Canada se creuse. Entre 1990 et 2000, un écart s’est également creusé entre le Canada et le Québec. Toutefois, cet écart semble se stabiliser par la suite. Entre 1990 et 2000, la croissance de la taille de l’entreprise moyenne laitière américaine a été de l’ordre de 66% et entre 2000 et 2006, elle a été de 38%. Au Québec, la croissance a été de 19% entre 1990 et 2000 et de 17% entre 2000 et 2006. Finalement, entre 2006 et 2014, l'année 2006 correspondant à la période d’introduction d’un prix plafond pour le quota laitier, l’entreprise moyenne américaine a vu sa taille progresser de 31% (2012), alors que celle du Québec n’a connu qu’une progression de 11% (2014). Donc, lorsqu’on compare les taux de croissance avant et après l’introduction du prix plafond, on constate que ce règlement a eu une forte influence sur la croissance de la taille moyenne de l’entreprise laitière au Québec, comparativement à l’entreprise laitière américaine.

Ces chiffres semblent démontrer que par le contrôle des volumes de production, le système de gestion de l’offre a favorisé un décalage structurel entre la production laitière québécoise et américaine. En effet, lorsqu’on compare l’entreprise laitière moyenne québécoise avec l’entreprise laitière moyenne américaine, on constate que leur taille moyenne était équivalente au début des années 80 (32 vaches par entreprise).

Toutefois, par la suite, l’amplitude de la croissance ne semble pas avoir connu la même évolution qu’au Québec. Par conséquent, on pourrait penser que contrairement à ce qu’on retrouve aux États-Unis où il n’existe pas de système de contingentement, le système canadien de gestion de l’offre avec son marché des quotas et ses prix garantis a pour effet de limiter en partie la croissance de la taille des entreprises laitières. Il semble même que l’introduction d’un prix plafond a pour effet d’accentuer le phénomène.

Autrement dit, la gestion de l’offre est un système qui protège les revenus des agriculteurs, puisqu’il garantit un prix qui couvre les coûts de production, qui rémunère le capital et qui rémunère les exploitants. De plus, comme les producteurs agricoles ont une aversion pour le risque, c’est un système de régulation qui les rassure, parce qu’il comporte beaucoup moins d’incertitude. Toutefois, ce système n’est favorable à l’expansion des entreprises que dans la mesure où il y a du quota de production qui est disponible.

Cela conduit à nous questionner sur l’impact de cette taille moyenne au niveau de l’efficacité économique des entreprises laitières au Québec. En effet, on associe souvent économies de taille et augmentation de la production. La littérature économique parle

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d’économies de taille lorsque le coût moyen de production à long terme d’un produit diminue à mesure que le niveau de sa production s’accroît.

S’il existe vraiment une relation entre la taille d’une entreprise laitière en Amérique du Nord et le développement d’économies de taille et que ces économies mènent à une plus grande efficacité, on pourrait donc se questionner afin de savoir si le secteur laitier québécois, qui repose en grande partie sur des fermes de petite taille et sur une production contingentée, n’est pas désavantagé par rapport aux autres systèmes.

Autrement dit, l’accroissement de la taille d’une entreprise laitière permet-elle de réaliser des économies de taille pouvant générer une diminution du coût unitaire de production? 1.2 Aperçu des travaux réalisés sur les économies de taille

La question des économies d’échelle dans le secteur laitier a fait l’objet de nombreuses études et analyses au cours des 20 dernières années. Que ce soit au Canada ou aux États-Unis, les changements structurels qui se sont produits dans le secteur agricole et en particulier la disparition d’un nombre important de fermes laitières, ont amené des chercheurs à s’interroger sur la performance des petites, moyennes et grandes fermes et sur leur efficacité au niveau des opérations.

Au Québec, de nombreuses recherches se sont penchées sur ces questions. On peut souligner par exemple, les travaux de Levallois (2003), Romain et Lambert (1995), Nolet (2005) qui se sont demandé si les petites et moyennes entreprises laitières étaient aussi ou moins efficaces que les grandes entreprises et si elles réalisaient le maximum de gains d’efficacité possible au niveau de la production et de la gestion. Ces auteurs se sont aussi interrogés sur la possibilité que la taille des entreprises, mesurée par le volume de production ou par le nombre de vaches en production, puisse influencer l’atteinte d’une meilleure efficacité en favorisant des économies de taille.

Toutefois, ces auteurs ne s’entendent pas sur l’importance relative de ces économies de taille par rapport à d’autres facteurs qui influencent les coûts de production. Ainsi, selon certains chercheurs américains comme Mosheim et Lovell (2009), les économies d’échelles s’expliqueraient en grande partie par le fait que les grandes fermes laitières sont plus efficaces que les petites. D’autres chercheurs comme Tauer et Mishra (2003) ont démontré que s’il y avait des économies de taille, l’inefficacité demeurait la principale

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raison qui expliquait les différences au niveau des coûts de production entre les petites et les grandes entreprises laitières.

Enfin, certains chercheurs plus près de la réalité du secteur laitier québécois comme Levallois et Perrier (2010), Desrosiers (2009) ou encore Lambert et Romain (1995), croient que l’efficacité au niveau de la gestion et de la régie technique des entreprises est déterminante et que les économies de taille sont peu significatives en production laitière, quel que soit la taille des entreprises.

1.3 Objectifs de recherche

À la lumière de cette mise en contexte, nous croyons qu’il serait intéressant de vérifier s’il y a vraiment une relation qui existe entre la taille d’une entreprise laitière et le développement d’économies d’échelle. Pour y arriver, nous allons analyser l’évolution des coûts de production dans le secteur laitier au Québec. Le Québec est la province canadienne qui compte le plus grand nombre d’entreprises laitières au Canada, mais c’est aussi celle où les entreprises sont de plus petite taille. Enfin, pour avoir une meilleure vue d’ensemble, nous allons analyser la situation des entreprises laitières dans certains États américains tels que l’État de New-York et la Californie. Cette analyse devrait nous permettre d’avoir un continuum d’entreprises laitières dans un éventail de taille le plus large possible.

Sur la base de cette analyse, nous tenterons de déterminer quelles sont les strates de taille où l’on retrouve les effets les plus significatifs en matière d’économies de taille. Nous essayerons ensuite d’identifier les postes de coûts de production où les économies de taille ont le plus d’impact. Cette analyse se fera au niveau des coûts monétaires (coûts comptants qui provoquent dans l’immédiat ou à terme un décaissement ou une sortie monétaire) et des coûts non monétaires (coûts imputés qui n’engendrent aucune sortie d’argent ou décaissement, mais plutôt un ajustement de valeur).

Les principaux objectifs poursuivis sont donc les suivants :

 Déterminer s’il y a présence d’économies de taille dans la production laitière en Amérique du Nord;

 Préciser quels sont les postes de coûts où se manifestent des économies d’échelle et déterminer au niveau de quels postes budgétaires et pour quels types de coûts l’incidence sera la plus forte;

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 Observer l’importance des économies de taille au niveau des entreprises laitières efficientes.

1.4 Structure de présentation du mémoire

Le mémoire que nous présentons est composé de cinq différentes parties. Dans la première partie, nous avons exposé la problématique et les objectifs. Dans la deuxième partie, consacrée à la revue de littérature, nous nous penchons sur les facteurs qui sont à l’origine des économies de taille en agriculture et nous apportons une distinction entre les concepts d’économie de taille et d’économie d’échelle. Nous nous penchons aussi sur les différences qui existent entre les systèmes de production des différentes régions qui sont à l’étude (Québec, New York et Californie) et nous analysons les articles qui ont déjà été réalisés sur le concept des économies de taille.

Pour ce qui est de la troisième partie de ce travail, elle porte sur la méthodologie qui a été utilisée pour procéder à l’analyse. Nous présentons les indicateurs qui ont été choisis et les raisons qui ont motivé ce choix, les bases de données qui ont été utilisées, ainsi que le cadre d’analyse.

Dans la quatrième partie de ce travail, nous présentons les résultats de l’analyse. Ces résultats permettent de déterminer s’il existe des économies de taille en production laitière en Amérique du Nord et dans l’affirmative, au niveau de quels postes de coût. Nous procédons aussi à l’analyse des effets de l’efficience sur la structure de coût en comparant des entreprises laitières de différentes tailles et de différentes efficiences.

Enfin, dans la cinquième et dernière partie du mémoire, nous revenons sur les résultats obtenus ainsi que sur les limites de notre étude.

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2. Économie d’échelle et économie de taille en agriculture

Dans le cadre de notre mémoire de maîtrise, nous nous penchons sur l’importance du lien qui existe entre l’accroissement de la taille des entreprises laitières et la possibilité que cet accroissement puisse mener à des économies de taille qui entraînent un coût unitaire de production du lait plus faible pour les entreprises de grande taille.

La notion d’économies de taille fait référence à l’utilisation des facteurs de production. Elle peut se mesurer lorsqu’il y a un accroissement du volume de production d’une entreprise laitière et que cet accroissement est accompagné par une augmentation de la taille de cette même entreprise.

Comme la taille des entreprises laitières au Québec a évolué moins rapidement qu’aux États-Unis au cours des dernières années, cette situation peut devenir problématique du strict point de vue des coûts de production.

De nombreuses recherches ont été réalisées sur les concepts d’économies d’échelle et d’économies de taille. Nous allons donc nous pencher sur le résultat de ces recherches. Nous allons également faire un premier survol général des caractéristiques des systèmes de production dans le secteur laitier de certaines régions de l’Amérique du Nord. Ceci permettra de mieux cerner les similitudes et les différences qui existent entre ces systèmes selon les régions qui font l’objet de notre analyse.

2.1 L’économie de taille en agriculture

Dans la littérature économique, la notion d’économies de taille est abondamment utilisée pour permettre de mesurer les rendements d’une entreprise. Il est donc important de comprendre pourquoi cette question d’économies de taille est progressivement devenue pertinente au niveau du secteur agricole en général.

Plusieurs auteurs identifient la période suivant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale comme étant celle où l’ensemble du secteur agricole a connu d’importants changements structurels. Ces changements ont été observés dans plusieurs pays dont le Canada et les États-Unis. Il faut dire qu’au cours de la période d’après-guerre, la société occidentale a subi de nombreuses transformations, l’urbanisation s’est développée et le secteur agricole n’a pas échappé aux conséquences de ces changements. Tant et si bien que le secteur agricole a dû s’adapter en adoptant des modes de production plus capitalistiques et en

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accroissant la taille des entreprises pour réduire ses coûts de production et pouvoir coexister avec le reste de l’économie (Tavernier et al. 1972).

Selon Gardner et Pope (1978), l’augmentation de la taille des exploitations agricoles est engendrée par deux phénomènes, que sont la réalisation d’économies de taille, au niveau des coûts de production, et l’adoption de nombreuses politiques gouvernementales visant une plus grande efficacité des entreprises.

Parmi les principaux facteurs qui peuvent expliquer ces choix, la disponibilité de la main-d’œuvre en est un de première importance comme l’explique Cronin (1973). En effet, une partie de la main-d’œuvre agricole familiale, qui œuvrait auparavant sur les fermes familiales, s’est peu à peu déplacée vers d’autres secteurs d’activités. Cette migration de la main-d’œuvre rurale vers le milieu urbain s’est aussi accompagnée d’un déplacement de la main-d’œuvre rurale agricole vers la main-d’œuvre rurale non agricole (secteur forestier, minier, etc.). Cette situation a eu un impact important sur les changements structurels de l’agriculture. En effet, pour pallier ce manque de main-d’œuvre, les exploitants se sont dotés d’actifs mécaniques. Cette mécanisation des exploitations a eu un impact sur l’accroissement de la taille des entreprises. À titre d’exemple, lorsqu’un exploitant acquière plus de capitaux mécaniques, il doit les utiliser à pleine capacité s’il veut réussir à rentabiliser ses achats. Par conséquent, il est incité à augmenter la taille de son entreprise afin d’optimiser l’utilisation de ces nouveaux capitaux.

Le besoin d’accéder à un revenu comparable à celui des autres travailleurs de la société industrielle est un autre facteur qui a été déterminant (Boussard 1976). D’année en année, le revenu, ainsi que le niveau de vie par personne, ne cessent d’augmenter dans la population en général et les propriétaires d’entreprises agricoles ont dû augmenter la taille de leur entreprise pour maintenir un niveau de vie et des revenus comparables au reste de la population. La recherche d’économies d’échelle ou de taille prend alors tout son sens. L’augmentation de la taille des entreprises agricoles, si elle conduit à une réduction du coût de production, permet alors d’accroître les revenus des exploitants.

Aux États-Unis, ce virage vers des entreprises de plus grande taille en agriculture est encouragé à la suite d’un rapport sur l’état de l’agriculture américaine publié en 1954 (Duffy 2009). Les conclusions de ce rapport proposent des solutions pour résoudre le problème de diminution des revenus agricoles. Une de ces solutions est de favoriser l’expansion de la productivité en permettant aux entreprises de disposer plus facilement

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des technologies qui ont pour effet de remplacer une partie de la main-d’œuvre. De ce fait, avec ces changements techniques (machinerie), une partie de la main-d’œuvre est remplacée par du capital et l’entreprise agricole peut ainsi augmenter sa capacité de production et sa taille, tout en diminuant son coût moyen de production (Gardner et Pope 1978).

Un autre facteur à considérer est la détermination des institutions publiques à vouloir augmenter la taille des exploitations agricoles. En effet, au cours des dernières décennies, plusieurs types de politiques agricoles ont été mis sur pied pour favoriser la spécialisation et la concentration des entreprises agricoles. « La politique agricole a favorisé la tendance vers l’expansion des unités d’exploitation agricole ainsi que la tendance vers la concentration des ressources de ces fermes entre un nombre de plus en plus restreint d’individus » (Brinkman s.d.).

Par conséquent, les décideurs politiques se sont concentrés sur l’accroissement de la taille des exploitations agricoles en favorisant la mécanisation, la spécialisation des exploitations et l’augmentation du capital (Ghebremedhin 1988). Pour favoriser ces changements structurels en agriculture, le gouvernement américain a élaboré des politiques de stabilisation des prix et des revenus (Ghebremedhin 1988). Ces politiques avaient pour but, à long terme, d’aider à l’adoption de nouvelles technologies et d’accroître la confiance des institutions financières envers les entreprises, autrement dit, de permettre à des exploitations agricoles d’obtenir du crédit plus facilement (Ghebremedhin 1988). Ces politiques ont eu comme effet de «strengthen the competitive position of large over small-scale farms» (Ghebremedhin 1988). Mais, comme nous l’avons déjà mentionné, la présence d’économies de taille en agriculture ne fait pas pour autant l’unanimité.

2.2 Distinction entre le concept d’économies d’échelle et d’économies de taille

Lorsqu’on consulte la littérature économique, on constate que la distinction entre le concept d’économies de taille et d’économies d’échelle est rarement précisée. Ainsi, le concept d’économies d’échelle est souvent défini par défaut comme étant une situation qui se produit lorsque «le coût de production unitaire d’un bien diminue à mesure que le niveau de production augmente» (Parkin et al. 2005). Toutefois, cette définition des économies d’échelles ne correspond pas à celle que l’on retrouve dans la littérature sur ce sujet. Il est donc important de bien différencier ces deux concepts (économie d’échelle et économie de taille) afin de choisir celui qui convient le mieux dans le cadre de notre étude.

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2.2.1 Expansion de l’entreprise agricole

Avant de faire une distinction entre les concepts d’économies de taille et d’économies d’échelle, il faut comprendre d’où vient la relation entre le coût et la production. Ainsi, lorsqu’une entreprise agricole veut augmenter sa production, elle doit toujours faire face à des coûts supplémentaires. Ces coûts peuvent être générés par l’augmentation de la quantité d’intrants ou de facteurs de production utilisés. La théorie sur ce sujet distingue généralement deux facteurs de production, soit le travail (L) et le capital (K). Ainsi, lorsqu’une entreprise veut accroître sa production, elle doit se munir d’une quantité de L et de K supplémentaire (Figure 3). Par conséquent si l’entreprise augmente sa quantité produite, qui passe de Q1 à Q2 ou à Q3, par une augmentation de la combinaison L et K,

elle augmente sa taille. La courbe de la quantité qui est obtenue est l’isoquant. L’entreprise augmentera sa taille en déterminant la combinaison de K et L qui lui offrira le meilleur coût. Ce meilleur coût est représenté au niveau du point de tangence entre l’isoquant et l’isocoût.

Figure 3 – Relation entre l’isocoût et l’isoquant

Source : Rasmussen 2011.

Toutefois, lorsqu’une entreprise augmente sa combinaison de K et de L de façon constante, elle peut obtenir des rendements d’échelle différents. Ces rendements peuvent être constants, croissants ou décroissants. Les concepts d’économies d’échelle et d’économies de taille découlent de ce concept de rendements d’échelle.

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2.2.2 Économies d’échelle

La théorie des économies d’échelle cherche à répondre à la question suivante : lorsqu’une entreprise agricole augmente son échelle de production, est-ce que sa production s’accroît proportionnellement à l’augmentation des intrants utilisés, qu’ils soient fixes ou variables? Madden (1967) et Rasmussen (2011) expliquent également que les déséconomies d’échelle apparaissent lorsque la proportion des ressources évolue dans la même direction et de manière constante. Donc, les économies d'échelle font référence à ce qui se passe au niveau du volume de production lorsque la totalité des intrants augmente de façon proportionnelle. Par exemple, si la totalité des intrants augmente de 25% et que la production augmente de 30%, on assistera à des rendements d’échelle croissants, la quantité produite s’étant accrue dans une proportion plus élevée que celle des intrants. Toutefois, si la totalité des intrants augmente de 25% et que la production n’augmente que de 20%, alors il y aura des rendements décroissants d’échelle. Enfin, si la totalité des intrants augmente de 25% et que la production augmente de 25% elle aussi, on assistera à des rendements d’échelle constants.

Toutefois, ce concept est plus théorique que pratique. En effet, comme le souligne Madden (1967), une firme n’augmente pas toutes les ressources dans des proportions identiques lorsque ses activités augmentent. Ainsi, dans la pratique, il est peu probable que la quantité d’extrants produite augmente proportionnellement à l’accroissement des intrants (Rasmussen 2011) ou encore que tous les intrants augmentent dans les mêmes proportions. Prenons comme exemple une entreprise laitière qui fait l’acquisition de 50 vaches. Il va de soi que les coûts reliés à l’alimentation et aux frais vétérinaires vont s’accroître. Toutefois, ils n’augmenteront pas dans les mêmes proportions. Ainsi, même si le coût de l’alimentation augmente de 25%, il n’y aura pas nécessairement une augmentation comparable pour les frais reliés au vétérinaire. De plus, il n’y aura que peu ou pas d’impact sur les coûts reliés aux frais de téléphone et aux frais de bureau. Finalement, une telle modification de la taille d’une entreprise peut conduire à un changement technologique, par exemple d’une étable attachée à une salle de traite. Ainsi, l’aspect trop rigide du concept des économies d’échelle amène à nous pencher sur le concept des économies de taille.

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2.2.3 Économies de taille

Selon Madden (1967), les économies de taille représentent une réduction des coûts totaux par unité de production. Elles résultent d’un changement dans la quantité d’intrants utilisée par une entreprise. Les observations de Rasmussen (2011) vont aussi dans le même sens. Pour lui, les économies de taille représentent une modification de la fonction de coût à long terme. Ce concept réfère plutôt à l’effet d’une augmentation de la production qui aurait comme but de diminuer les coûts d’une unité de production. Contrairement au concept d’économies d’échelle, qui est basé sur une combinaison constante d’intrants, le concept des économies de taille est basé sur les coûts. Il n’est pas purement technique, mais plutôt technico-économique. Le concept des économies de taille ne tient pas compte, contrairement aux économies d’échelle, des évolutions proportionnelles de la totalité des coûts des intrants avec celle du volume de production. Cet aspect de l’évolution proportionnelle ou pas de la totalité des intrants, qu’ils soient fixes ou variables, est la principale différence entre les deux concepts.

De ce fait, comme nous l’avons précisé précédemment, il y a des économies de taille lorsque le coût total par unité de production diminue lorsque la production d’extrants augmente. Ces économies sont réalisables dans la mesure où les coûts de la totalité des intrants n’évoluent pas proportionnellement avec la production. En effet, l’augmentation de la taille ou du volume de production n’a pas nécessairement le même impact ou la même amplitude sur tous les postes de coûts. Certains postes peuvent augmenter, tandis que d’autres peuvent rester au même niveau. L’acquisition d’un nouvel actif ou une meilleure utilisation de ce même actif en sont deux bons exemples. Le fait de se procurer une nouvelle technologie ou un nouvel actif qui permet de mieux distribuer les charges fixes à un plus grand nombre d’unités produites ou d’utiliser une capacité de production inutilisée auparavant permet d’engendrer un coût unitaire plus faible que précédemment.

Il est important d’identifier deux concepts théoriques au niveau des économies de taille. Ces deux concepts sont l’évolution de la taille d’une entreprise et la relation entre les coûts à court et à long terme. En effet, comme le souligne Madden (1967):

Economies-of-size analysis is usually couched in terms of longrun and shortrun situations. Shortrun economies are viewed as resulting from fuller utilization of a fixed plant, longrun economies as resulting from efficiencies obtained by changing plant size, presumably involving a longer time period.

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Comme l’explique Madden (1967), pour ce qui est de l’évolution de sa taille, une entreprise doit utiliser à court terme la totalité de ses facteurs fixes si elle veut optimiser sa production. Une entreprise a initialement une courbe de coût moyen CM1 au niveau du

point Z (Figure 4). Par conséquent, un producteur rationnel qui veut accroître sa production doit augmenter sa consommation d’intrants variables et pour ce faire, il cherchera une productivité marginale positive des intrants variables. Toutefois, pour que le producteur ait une telle productivité marginale, il faut que ses facteurs fixes soient suffisants pour utiliser tous les intrants variables de manière optimale. En procédant de cette manière, le producteur réalise une productivité marginale jusqu’au seuil de la productivité marginale qui peut être observé au creux de la courbe CM1. Cette

amélioration de sa production est donc possible sans changement dans la combinaison des facteurs de l’entreprise. Au-delà de ce seuil (sur la partie montante de la courbe), la productivité marginale des intrants variables de l’entreprise sera négative et les coûts moyens augmenteront.

Figure 4 – Changement de taille d’une entreprise à court terme

Source : Création personnelle.

Toutefois, comme une entreprise cherche généralement à augmenter sa production, l’entrepreneur voudra accroître la taille de son exploitation afin de diminuer ses coûts moyens. Cette nouvelle taille correspond à CM2 qui peut représenter une combinaison de

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L’entreprise change de taille au cours du passage de A à C, ce qui lui permet de rentabiliser son utilisation d’intrants variables et d’augmenter sa production d’extrants. Ainsi, l’entreprise passe de la production X1 à la production X2. Cette nouvelle taille

indique que l’entreprise a changé de combinaison de facteurs de production.

Ce changement de capacité de production aurait été possible en restant avec la combinaison de facteurs illustrée par la courbe CM1. Cependant, on peut observer l’effet

du changement de combinaison de facteurs de production entre le point C et D. Ce changement a comme effet de diminuer les coûts moyens d’opérations de l’entreprise. L’entreprise opère donc sur CM2 jusqu’au niveau du creux de la courbe.

Cependant, l’illustration représentée à la Figure 4 ne peut à elle seule expliquer le concept d’économies de taille. En effet, comme le précise Rasmussen (2011), les économies de taille sont une évolution de la fonction de coût moyen à long terme. Cette relation est illustrée à la Figure 5. Chaque courbe de coût à court terme représente une taille d’entreprise. À chaque fois que l’entreprise augmente sa taille, la courbe de coût se déplace vers la droite. Comme le souligne Madden (1967), le coût de production pour une unité d’extrant diminue grâce à une augmentation de la quantité produite. Par le fait même, les coûts fixes sont répartis sur un plus grand nombre d’unités produites. Toutefois, les coûts se stabilisent pour ensuite augmenter à mesure que la quantité d’intrants s’accroît, et ce en même temps que les actifs, afin d’atteindre un niveau de production plus important.

Cette évolution des courbes de coûts moyens à court terme forme une courbe de coûts moyens à long terme. Cette même courbe représente l’ensemble de l’industrie et toutes les ressources y sont considérées comme des ressources variables, incluant celles considérées comme fixes à court terme. Comme le précise Madden (1967): « This curve indicates the average total cost of production that would be experienced by firms of different sizes under assumed price relationships and technologies ».

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Figure 5 – Évolution des courbes de coût moyen à court terme par rapport à une augmentation de la taille à long terme

Source : École de management de Normandie.

Ainsi, comme l’expliquent certains auteurs tels Reynold (2005), l’École de management de Normandie (EMC) et MacDonald et al. (2007), lorsque l’entreprise est à CM3, elle a atteint

sa croissance optimale parce qu’elle ne peut plus réaliser de rendements d’échelle croissants ou d’économies de taille. En effet, CM3 est au point EME sur la courbe à long

terme, ce qui correspond à l’Échelle Minimum Efficace. Si l’entreprise dépasse cette taille, il ne lui sera plus possible de réaliser des rendements d’échelle croissants. Ses rendements deviendront alors constants et si elle augmente sa taille de manière trop importante, elle réalisera des rendements d’échelles décroissants ou des déséconomies de taille. Cette situation se produit lorsque les coûts totaux pour une unité produite augmentent à mesure que la production devient plus importante (Rasmussen 2011). Elle est particulièrement présente lorsque le gestionnaire n’arrive plus à avoir une vue d’ensemble des changements au niveau des actifs et que des problèmes liés à ces mêmes changements apparaissent. Comme le souligne Rasmussen (2011), une des raisons qui explique ces déséconomies de taille est que la croissance de la production se fait souvent sans le perfectionnement des compétences de gestion.

Toutefois, une meilleure capacité de production permet également de diminuer le coût des intrants (matières premières). En effet, l’achat d’une plus grande quantité de matières premières peut permettre d’avoir une diminution de prix auprès des fournisseurs. Par conséquent, même s’il y a des coûts au niveau de l’acquisition d’un nouvel actif lié à un plus grand volume de production, l’entreprise pourra quand même faire des économies sur

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d’autres coûts. L’augmentation du volume d’extrants ne veut donc pas nécessairement dire que la totalité des coûts des intrants augmente de manière proportionnelle.

2.2.4 Relation entre les deux concepts

Malgré leurs différences, les concepts d’économies de taille et d’économies d’échelle ont chacun leur importance. Comme le souligne Rasmussen (2011):

First of all, economies of scale is an informative way to describe the (local) properties of a production function. Secondly, the returns to scale concept is appropriate to use in order to identify economies of size, and to identify the long run optimal size of the firm under certain conditions.

En effet, comme on peut l’observer à la Figure 6, les fonctions de coût et de production à long terme ont une relation que l’on pourrait qualifié de duale. Ainsi, avec une fonction de production, il est possible de déterminer une fonction de coût et vice-versa. Toutefois, pour que la théorie de la dualité soit pertinente, il faut que la fonction de production soit homothétique. Comme le précisent Ryuzo et Ramachandran (1998), une fonction de production homothétique est une transformation monotone continue d'une fonction homogène, où Y = g(f(K,L)) est une fonction de production homothétique si f est homogène et g est positif et monotone. Par conséquent, il faut que les fonctions de coût et de production augmentent proportionnellement pour que la fonction soit homothétique. Figure 6 – Fonction de coût et de production à long terme au niveau de la relation

duale

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Si la fonction de production est homothétique, alors il y a une relation duale entre la fonction de coût et la fonction de production. Par conséquent, les rendements d'échelle sont considérés comme des économies de taille et la taille optimale de l'entreprise est l'endroit où la fonction de production atteint des rendements d'échelle constants. Toutefois, si la fonction de production n'est pas homothétique, il se peut qu’il n’existe aucune relation entre les rendements d'échelle et les économies de taille. Toutefois, ce principe s’apparente largement à la définition du concept vue dans la théorie sur les économies d’échelle. C’est ce qui fait que dans la pratique, on retrouve très rarement ce genre de fonction homothétique.

En conclusion, il existe deux concepts pouvant expliquer la relation qui existe entre la taille et les coûts d’une entreprise. Comme l’explique Madden (1967), le concept d’économies d’échelle, qui se réalise au niveau de la production, est trop théorique pour être réaliste. En effet, pour avoir des économies d’échelle, il faudrait que tous les intrants augmentent dans une même proportion lorsque le volume de production s’accroît. Le concept d’économies de taille, qui concerne le niveau des coûts, est plus conforme à la réalité. Madden (1967) explique que pour réaliser des économies de taille, il doit y avoir une réduction des coûts totaux par unité de production à la suite d’un changement de la quantité d’intrants utilisés par l’entreprise. De ce fait, le concept d’économies de taille correspond davantage aux objectifs de notre étude.

2.3 Comparaison entre les différents systèmes de production

Ayant précisé ce qu’on entend par économies d’échelle et de taille, il devient important de bien différencier les différentes structures de production, puisque le système de production dépendra de la région qui sera analysée. En effet, comme le souligne Hallam (1991), le manque d’homogénéité tant des technologies que de l’utilisation des charges fixes au niveau des firmes analysées peut représenter un problème potentiel dans la détermination des économies de taille. Par conséquent, il est important de faire la distinction entre les structures de production des différentes régions identifiées. Une description des systèmes de production qui ont été retenus dans le cadre de notre mémoire (Québec et États-Unis) est présentée dans la partie suivante.

2.3.1 Au Québec

Au Canada, les entreprises laitières sont principalement concentrées au Québec et en Ontario. Toutefois, les entreprises québécoises et ontariennes sont plutôt de petite taille

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lorsqu’on les compare avec celles des États-Unis et de l’Ouest canadien. Les exploitations québécoises et ontariennes comptent en moyenne respectivement 58 et 77 vaches, comparativement aux exploitations de l’Ouest canadien et des États-Unis qui en comptent en moyenne plus de 150. Il est à noter qu’avec le temps, les entreprises agricoles deviennent de plus en plus spécialisées. De plus, au Canada, les agriculteurs doivent composer avec des températures qui varient énormément au cours d’une même année. C’est la raison pour laquelle les étables sont dotées de systèmes de ventilation et d’une isolation performante (Fédération internationale de laiterie 2004).

Au Québec, les étables sont généralement en stabulation entravées. Dans ce type d’installation, les vaches laitières restent attachées et elles sont confinées dans une stalle. Elles ont peu de liberté et toutes les fonctions sont réalisées par un ouvrier à l’intérieur du bâtiment (alimentation, traite, paillage, etc.). « Un peu plus de 92 % des étables québécoises sont à stabulation entravée, alors que le reste est à stabulation libre (salon ou robot de traite) ». Selon Lapointe (2010), trois facteurs sont importants dans le choix de ce type d’installation : les préférences personnelles de l’exploitant, les traditions et la taille de l’exploitation. De plus, dans ces entreprises, la plupart des opérations peuvent être réalisées par la main-d’œuvre familiale. Par conséquent, cette main-d’œuvre est une autre caractéristique qui est importante dans le choix d’un système de production.

2.3.2 Aux États-Unis

Short (2004), Matulich (1978), MacDonald et al. (2007) et Summer et Wolf (2002) se sont penchés sur la question des différentes structures de production laitières présentes aux États-Unis. Deux types de structures de production sont rencontrés dans deux régions différentes. En effet, contrairement à la situation qui prévaut au Canada, les entreprises laitières américaines sont beaucoup plus hétérogènes (Boudreau 2010).

La première de ces deux régions, le Nord-Est des États-Unis, est la région qui a le plus de traditions en matière de production laitière. Elle est divisée en trois territoires plus petits, qui sont le Heartland, le Northern Crescent-East et le Northern Crescent-West (Short 2004). Cette région comporte une structure de production qui est un modèle d’exploitation laitière où le troupeau est de petite taille, où le climat est quelque peu similaire à celui du Canada et où les entreprises sont plus diversifiées. La deuxième région, qui est la région du Sud-Pacifique, est surnommée le Fruitful Rim-West (Short 2004). Elle comporte une structure de production qui est, elle aussi, un modèle d’exploitation laitière et où le

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troupeau est de grande taille, où le climat est chaud et sec et où les entreprises sont plus spécialisées.

La différence entre ces deux régions et par le fait même, entre ces deux structures de production, est facilement observable au Tableau I. En effet, on constate qu’il y a une différence importante au niveau de la taille du troupeau moyen, puisque celui du Sud-Pacifique est six fois plus important que celui de la région du Nord-Est. Plusieurs autres comparaisons sont illustrées dans ce même tableau.

Tableau 2 – Différences entre les deux systèmes de production, en 2000

Nord-Est/Structure de production 1N

Sud-Pacifique/Structure de production 2

Vaches laitières 75 469

Éducation de l'entrepreneur

École secondaire ou moins (%) 77 46

Fréquenté l'université (%) 23 54

Achat d'alimentation (%) 23 52

Alimentation en livre par cwt de lait vendu

Alimentation achetée 72 185

Alimentation produite 181 56

Heures travaillées par cwt de lait vendu

par la main-d'œuvre salariée 0,12 0,07

Heures travaillées par cwt de lait vendu

par la main-d'œuvre non payée 0,35 0,05

Totales des heures de traite 5 12

Unité de système de traite à retrait

automatique (%) 18 71

Vaches par superficie potentiellement cultivée (vaches/acre) ou taux de

concentration 0,41 4,61

Source : Short 2004 (compilation personnelle).

Sur la base de ce tableau, on peut qualifier la structure de production du Nord-Est de diversifiée parce que les entreprises produisent leur propre alimentation et parce qu’elles élèvent leurs propres génisses. Pour ce qui est de la structure de production du Sud-Pacifique, on peut la qualifier de spécialisée, parce que les entreprises achètent leur alimentation, ainsi que leurs génisses. C’est la conclusion à laquelle conduit l’analyse des chiffres sur l’alimentation. En effet, les entreprises du Nord-Est doivent acheter seulement 23% de leur alimentation, comparativement aux entreprises du Sud-Pacifique qui en achètent pour 52%. Ce constat est le même lorsqu’on observe l’alimentation en livre par

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cwt de lait vendu. On voit que l’importance de l’alimentation achetée et produite est différente d’une structure de production à l’autre.

Matulich (1978) insiste sur le fait que les propriétaires de grandes exploitations laitières ont besoin d’un niveau d’expertise managérial et opérationnel important, contrairement à ceux des petites entreprises. Il semble que le niveau d’éducation des entrepreneurs reflète cette problématique. En effet, la proportion d’entrepreneurs qui ont fréquenté l’université est deux fois plus importante pour la structure de production du Sud-Pacifique que pour celle du Nord-Est.

Il y a aussi des différences entre les deux structures de production pour ce qui est de la main-d’œuvre et de la traite. La première différence est que pour ce qui est de la traite des vaches, l’utilisation d’un système de traite à retrait automatique est très répandue dans la structure de production du Sud-Pacifique. En effet, 71% des exploitations de la structure de production du Sud-Pacifique sont dotées d’un système de traite à retrait automatique, comparativement à 18% pour celles de la structure du Nord-Est.

Une autre différence peut être observée au niveau de la main-d’œuvre. Les opérations des entreprises du Nord-Est sont généralement assurées par l’exploitant et sa famille. La situation est totalement différente pour les entreprises du Sud-Pacifique où la main-d’œuvre familiale non rémunérée est moins importante (McDonald et al. 2007). Elles sont donc grandement tributaires de la main-d’œuvre salariée comme le démontre les heures travaillées par la main-d’œuvre salariée et non salariée (familiale). Enfin, on observe que la main-d’œuvre familiale est plus importante au niveau de la structure de production du Nord-Est, tandis que pour celles du Sud-Pacifique, c’est la main-d’œuvre salariée qui est la plus importante.

Finalement, on constate que le taux de concentration de vaches par hectare est très différent entre les deux types de régions. C’est une bonne indication du type de structure utilisée pour loger les vaches. En effet, dans la structure de production du Sud-Pacifique, les vaches sont logées souvent dans des parcours extérieurs (MacDonald et al. 2007) tandis que dans la structure du Nord-Est, les vaches sont confinées dans des étables traditionnelles. Ce taux de concentration fait aussi en sorte que les producteurs de la structure du Nord-Est peuvent laisser leurs vaches pâturer ou bénéficier de leur propre récolte de fourrages pour assurer une partie de l’alimentation du troupeau. Au final, on

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peut affirmer que la structure du Nord-Est est plus extensive, alors que celle du Sud-Pacifique est plus intensive.

2.3.3 Les raisons qui expliquent les différences régionales

Summer et Wolf (2002) se sont penchés sur la question des différences régionales dans les structures de production laitières aux États-Unis. Ils expliquent ces différences par certaines caractéristiques comme les conditions climatiques, les conditions agronomiques, la densité de la population et le prix du lait. Ainsi, lorsqu’on met la question climatique en relation avec la structure de production, on s’intéresse au besoin de logement du troupeau, qui est relié à la température, à l’humidité et aux précipitations. En effet, les conditions climatiques ont une influence considérable sur le stress des animaux et par conséquent, sur la quantité et la qualité de lait produit. Il va de soi que dans les régions plus froides, les enclos à ciel ouvert sont inadéquats.

Au niveau des conditions agronomiques, les interactions entre la température, la structure du sol, la fertilité du sol et le relief influencent également la structure de la production laitière. Ainsi, les conditions agronomiques affectent les modes de culture, ainsi que la quantité et le type de l’alimentation produite à la ferme ou localement. Les conditions agronomiques déterminent également le coût d’opportunité de l’utilisation des terres agricoles. Dépendamment des conditions pédologiques et climatiques, le pâturage peut être la meilleure option pour l’utilisation de la terre. Summer et Wolf (2002) prennent comme exemple la région nord-est, qui est une région froide et humide avec un relief en pente. Dans ce type de région, c’est le pâturage qui est favorisé.

La densité de la population a également un effet sur la structure de production laitière. Son effet peut être perçu de deux manières. Par exemple, dans les régions où la population est plus dense, on observe une plus grande utilisation du lait liquide et par conséquent, de meilleurs prix pour le lait. De plus, on remarque que la production laitière se développe davantage dans certaines régions lorsque la population augmente. C’est ce qui explique la division régionale de la production laitière américaine. Toutefois, selon Summer et Wolf (2002), la densité de la population peut avoir un effet limitant sur le développement du deuxième modèle de production vu précédemment (Sud-Pacifique), notamment à cause des problèmes environnementaux liés à la cohabitation (odeurs, etc.).

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2.3.4 Distinction entre les différentes structures de production

À la lumière de ces caractéristiques, il est possible d’affirmer qu’il y a deux types de structures de production qui peuvent être utilisées dans le cadre de ce mémoire. Pour ce qui est de la première structure, c’est un modèle apparenté à celui qu’on retrouve au Québec et dans le Nord-Est des États-Unis.

En effet, ces trois régions ont des conditions comparables au niveau climatique, agronomique et structurel. Tout d’abord, au niveau climatique, les conditions sont assez similaires pour ce qui est de la température et du climat. Par conséquent, les besoins en logement sont similaires. Il y a également des ressemblances au niveau de la production de l’alimentation (grains), puisque ces régions produisent une partie de leur alimentation. On retrouve aussi beaucoup de similitudes au niveau de la technologie et de la main-d’œuvre. Pour ce qui est de la technologie, des bâtiments sont requis pour confiner les animaux durant la saison hivernale. Pour ce qui est de la main-d’œuvre, les exploitations laitières de ces régions sont grandement dépendantes de la main-d’œuvre familiale non rémunérée. Toutefois, la contrainte quant au logement des vaches peut s’avérer limitant. En effet, dans la région du Nord-Est américain, la taille moyenne d’une entreprise laitière, en 2011, était d’environ 100 vaches par exploitation. C’est une taille moyenne plus importante que celle que l’on retrouve dans les deux provinces canadiennes. Cependant, si on compare ce type d’entreprises avec celles qui sont situées en Californie, la différence est beaucoup plus importante.

Pour ce qui est de la deuxième structure de production (régions du Pacifique et du Sud des États-Unis), la taille moyenne des entreprises était de 891 vaches en 2011 (région du Fruitful Rim). Comme nous l’avons mentionné précédemment, cette structure de production est caractérisée par un grand besoin en main-d’œuvre salariée, une plus grande utilisation d’un salon de traite et une forte spécialisation en production laitière (achat de la totalité des intrants). Il faut comprendre que ce genre de structure d’entreprise est beaucoup plus compatible avec les climats des régions du Pacifique et du Sud. En effet, pour ce qui est du logement, la température est beaucoup moins contraignante que celle qu’on retrouve au Nord.

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2.4 Recherches antérieures sur les économies d’échelle et de taille en production laitière

De nombreuses recherches ont été réalisées sur les économies d’échelle et de taille en Amérique du Nord ainsi qu’ailleurs dans le monde. Ces études, qui utilisent le concept d’économies d’échelles et d’économies de taille, sont effectuées à partir de différents indicateurs et approches méthodologiques.

2.4.1 Économies d’échelle

Kumbhakar (1993) est le seul chercheur à utiliser le concept théorique d’économies d’échelle. En effet, il n’utilise que des variables liées à la production et une fonction de production de type Cobb-Douglas pour son analyse. Il s’est questionné sur la profitabilité des entreprises laitières de l’Utah au niveau des rendements d’échelle et de l’efficience économique. Il a fait une comparaison entre un groupe d’entreprises de petite et de grande taille. Pour ce qui est des économies d’échelle, c’est la technique des rendements d’échelle qui a été privilégiée dans le cadre de cette analyse et les variables retenues sont le capital, le travail et la terre.

Dans son analyse, Kumbhakar (1993) établit un lien entre la taille des entreprises et le rendement d’échelle. Au niveau de l’interprétation, il faut comprendre que des rendements d’échelle élevés signifient qu’une entreprise n’a pas effectué toutes les économies d’échelle qui étaient réalisables. Ainsi, ses résultats démontrent que les entreprises de petite taille ont encore des possibilités d’obtenir des rendements d’échelle plus élevés que les entreprises dont la taille est plus importante. En d’autres mots, les plus grandes entreprises ont déjà réalisé un rendement d’échelle plus important à court terme que les entreprises de plus petite taille.

Dans les sections 1.4.2 et 1.4.3, les études mentionnent fréquemment le terme d’économie d’échelle alors que dans les faits, elles font plutôt référence au concept d’économie de taille, tel que nous l’avons défini précédemment. Par conséquent, afin d’éviter toute forme de confusion, c’est le terme économie de taille qui sera utilisé dans ces mêmes sections.

2.4.2 Économies de taille (moyennes)

Matulich (1978) s’est intéressé aux économies de taille des entreprises laitières de la vallée du Chino en Californie. Il a pris en considération l’ensemble des entreprises

Figure

Figure 1 – Évolution du prix unitaire d’une unité de quota laitier, 1977 à 2014,  Québec
Tableau 1 – Évolution du prix et de la quantité du quota transigée en kg de matière  grasse par jour, 2002 à 2014, Québec
Figure 2 – Évolution de la taille moyenne des entreprises laitières en nombre de  vaches, 1980 à 2014, Québec, Canada et États-Unis 2
Figure 3 – Relation entre l’isocoût et l’isoquant
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