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La construction sociale d’un marché financier : l’investissement socialement responsable en France

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Academic year: 2021

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1 Elise Penalva-Icher

Doctorante en sociologie, ATER Université de Lille 1, Clersé

Proposition de communication au congrès de l’AFS, RT 12

elise.penalva@wanadoo.fr

Tel : 06 84 79 59 19

La construction sociale d’un marché financier : l’investissement socialement responsable en France.

Résumé :

L’investissement socialement responsable est, en France, un nouveau marché financier, en pleine construction. Des notations d’entreprises intégrant des considérations sociales et environnementales ont vu le jour, notamment, par l’institutionnalisation d’agences de notation, extra-financières, mais aussi par la volonté du législateur. Des critères financiers, apparemment extérieurs à la logique d’action financière, entrent en compte dans les prises de décisions et dans la construction des produits financiers. Cela crée une grande hétérogénéité des acteurs pouvant jouer un rôle dans l’institutionnalisation de ce marché. Cette recherche examine la manière dont ces acteurs multiples et hétérogènes construisent ensemble ce nouveau marché financier. La complexité inhérente à la définition et à l’application de ce qui est socialement responsable ouvre un espace de possibles dans la construction conjointe de ce marché, espace comblé par une discipline sociale spécifique qui s’instaure entre tous les participants à ce marché. Cette discipline incite à la collaboration dans l’intérêt collectif : faire en sorte que ce marché émerge. Mais, elle réussit à préserver une forme de jeu politique protégeant les intérêts individuels dans la concurrence ouverte entre eux. Cet équilibre entre coopération et concurrence est notamment rendu possible par les relations informelles entre acteurs dont on reconstitue et analyse la cartographie.

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Le marché financier de l’investissement socialement responsable, ISR, a connu un développement assez récent en France. Construit sur des logiques différentes de celles de ses homologues anglo-saxons, plus axés sur l’éthique, il fait appel au concept de développement durable dans ses formes de justifications et de légitimations. Il s’agit donc, sur ce marché, de créer des produits financiers, le plus souvent de gestion collective (SICAV, FCP, OPCVM), en sélectionnant les titres sur des critères non exclusivement financiers, mais également sociaux, environnementaux, de bonne gouvernance d’entreprise ou selon des considérations éthiques. Le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises, RSE, représentent les concepts qui favorisent l’élaboration de ces critères extra financiers.

L’utilisation de ces notions rend complexe la démarche d’une gestion sélective attachée à des critères de durabilité. L’information, ressource primordiale en finance, mais, dans le cas présent, relative au domaine extra financier, c’est-à-dire environnemental et /ou social, constitue une question centrale. Si la notion de développement durable peut être définie conceptuellement, comme elle l’a été à Rio, en 19921, il n’en reste pas moins qu’elle doit se révéler actualisable dans une activité économique précise, de plus, culturellement techniciste. En effet, la finance, et particulièrement la gestion pour compte de tiers, a connu des transformations majeures ces dernières années en France, pour devenir une industrie où l’analyse quantitative prime (Godechot, 2001). Par ailleurs, cette volonté de durabilité entraîne des changements pour l’objet économique sur lequel elle s’applique, et dès lors pour les organisations qui le composent ainsi qu’à l’égard des acteurs qui y agissent. La France, depuis 1996 (Kleiner, 2003), s’est dotée d’une véritable industrie de l’asset management à l’anglo-saxonne et les phénomènes d’internationalisation et de diversification des marchés financiers sont la toile de fond du marché de l’ISR, sans oublier l’impact des récentes crises financières et éthiques (éclatement de la bulle Internet, affaires Enron, Parmalat, Worldcom, etc…)

Nous proposons donc d’expliquer l’émergence et la structuration du marché de l’ISR en France, marché encore incertain. Ce dernier tend à se définir comme un marché de producteurs : des acteurs organisent l’offre. Sociétés de gestion, mais également, agences de notation, qui sous-traitent l’information pour ces sociétés, se rencontrent et échangent pour produire un consensus sur ce qu’est l’ISR et comment il doit être pratiqué. D’autres types

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d’acteurs, comme les ONG ou les syndicats, contribuent également à la formalisation de cette offre. Dans cette perspective, le travail d’Harrison White (1981, 1987) est très utile pour comprendre la formation et le fonctionnement d’un marché. En effet, la modélisation du fonctionnement des marchés chez White donne à voir un processus structural aboutissant à un consensus qualitatif autour des produits, grâce à l’interaction des producteurs. Nous proposons ici une vision micro-sociologique et empirique. L’émergence du marché de l’ISR est traitée comme une étude de cas de la formation d’un marché par le positionnement structural entre producteurs. L’objectif de cette organisation est la stabilisation d’un nouveau marché. Au-delà de la loi et de l’activité économique, apparaissent des facteurs sociaux qui soutiennent l’émergence et le fonctionnement de ce marché. Ces facteurs sociaux témoignent d’une construction sociale du marché, par l’instauration d’une discipline sociale (Lazega, 2001, Lazega Mounier 2002) qui permet au marché d’exister. Cette discipline sociale s’incarne dans la dynamique structurale s’instaurant entre les différents acteurs. Les conditions réglementaires ou économiques sont nécessaires mais non suffisantes (Fligstein, 2001). La question est de savoir sur ce marché financier émergent, et qui utilise des critères extra financiers, quelle discipline s’instaure entre les acteurs. Nous verrons qu’une forme de coopération est pratiquée entre ces producteurs. Cependant, des barrières informelles à l’entrée du marché permettent de maintenir une forme de concurrence sociale, malgré l’abandon stabilisateur de la concurrence économique. Cet équilibre entre coopération et concurrence sociale est le phénomène qui soutient le marché, qui permet sa création et sa survie à long-terme. Ce travail s’inscrit dans le mouvement de la sociologie économique, qui a connu d’importants développements ces dernières décennies. Il permet ainsi d’appréhender des problèmes économiques dans une perspective théorique et méthodologique sociologique. Il repose sur une enquête ethnographique et sur la passation d’un questionnaire à la quasi totalité des acteurs du marché. L’analyse des réseaux sociaux vient appuyer cette démarche en permettant de décrire et de mettre en exergue les interdépendances entre les différents acteurs du marché. Interdépendances qui donnent à voir la discipline sociale de coopération et les barrières informelles à l’entrée du marché.

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4 1. L’ISR : une situation d’incertitude

Une situation d’incertitude se définit comme suit : imprécision dans l’estimation des conséquences conditionnelles futures d’une action présente (March, 1994). Elle évoque parallèlement la possibilité de la critique et donc l’existence de plusieurs régimes d’action (Eymard-Duvernay, 2002). Le marché de l’ISR peut être analysé comme une situation d’incertitude et cela pour plusieurs raisons : le pari fait sur son existence à long-terme, l’incertitude liée à ce qu’est un investissement socialement responsable, la difficulté de se procurer de l’information extra financière, avec la question de la valeur de cette information, et enfin la marge de manœuvre dont disposent les acteurs pour le pratiquer.

La situation d’incertitude se révèle donc protéiforme. Elle concerne, tout d’abord, la notion en elle-même : comment définir ce qui est socialement responsable ? Par exemple, le nucléaire est exclu des fonds éthiques américains. Mais, dans la conception française de l’ISR, moins éthique, et plus axée sur le développement durable, cette pratique est davantage problématique. En effet, le nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre et constitue le pilier de notre industrie électrique. Ce n’est qu’un des multiples exemples qui démontre que la qualité socialement responsable ne va pas de soi. Cela nous renvoie à la stabilisation du marché qui a besoin d’un consensus. Ce marché financier est encore minime en terme d’encours. Hormis les Etats-Unis, où il atteindrait 11,3 % des actifs sous gestion, l’ISR ne dépasse pas encore 0,5% à 1,5 % des actifs gérés dans la plupart des pays où il se pratique2. Cependant, il est le fruit de toutes les attentions, car il connaîtrait une croissance structurelle à deux chiffres (De Brito,et al., 2005).

La notion « socialement responsable » se construit dans les interactions entre les différents acteurs du marché et se justifie par des procédés techniques financiers : les process de gestion. On peut qualifier ces process de dispositifs techniques de jugement (Karpik, 1996). Ces pratiques financières ne sont pas davantage exemptes d’incertitude. Si leur technicisme réduit le problème définitionnel de la qualité du socialement responsable, elles sont toutefois

compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ».

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Source : US SIF, 2003 Report on Socially Responsible Investing Trends in the United States, 2003, www.socialinvest.org in, De Brito, Desmartin, Lucas-Leclin, Perrin, 2005

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diverses. En effet, il existe différentes pratiques de l’ISR. L’exclusion, qui écarte des portefeuilles les actions dites « péché », comme aux Etats-Unis, c’est-à-dire les actions non éthiques (la pornographie, l’alcool ou le tabac), repose sur une rationalité axiologique. Le screening positif, qui n’exclut pas les titres, veut sélectionner, pour sa part, les meilleurs. Quand cette pratique fonctionne secteur d’activité par secteur, elle prend le nom de « best-in-class » : on sélectionne littéralement les meilleurs de la best-in-classe. L’activisme actionnarial vise à entretenir d’étroites relations avec les entreprises pour qu’elles rendent des comptes aux gérants. En dernier recours, le vote en assemblée générale d’actionnaires peut représenter une sanction dans cette vision de l’ISR. Enfin, on trouve l’investissement communautaire, qui n’est pas une pratique d’investissement responsable à proprement parler, car, dans ce cas, ce n’est pas la gestion qui est en question : ce sont des fonds où un pourcentage des bénéfices est reversé à des associations caritatives. Ces quatre pratiques ont toutes plus ou moins cours en France, mais, le screening positif est majoritaire : il exprime le mieux une technicisation financière de la notion de développement durable. En définitive, la dernière incertitude porte sur la mise en œuvre de ces pratiques. Le processus de production financier est une boîte noire : il existe un discours venant justifier la politique d’investissement mais, en dernière instance, la main du gérant, qui sélectionne les titres, n’est pas totalement transparente. Même si les processus de sélection sont mathématisés, le gérant est seul décisionnaire, selon sa propre logique. Les justifications à la source des comportements ont donc leur importance.

Ce flou définitionnel est reconnu sur le marché. Il est d’ailleurs davantage comblé par les pratiques plus que par les concepts. Citons le site de l’Association Française de Gestion dans sa rubrique consacré à l’ISR :

Actuellement, il est impossible de donner une définition unique de l'ISR en dehors de ses modalités d'exercice.

Ainsi l’ISR peut prendre trois formes principales :

Les fonds socialement responsables ou de développement durable (…), les fonds d’exclusion (…) l’engagement. 3

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L’investissement solidaire n’intègre pas la définition de l’ISR de l’AFG. Mais, il apparaît bien que ce sont les « modalités d’exercice », c’est-à-dire des processus techniques, qui confèrent à l’ISR ses qualités SR. L’investissement responsable en France ne serait donc éthique que par ses techniques car ce sont elles seules qui le différencie d’un investissement quelconque.4 Cependant, ces méthodes restent très complexes et laissent donc libre cours à une forme d’arbitraire car, de facto, chaque méthode représente davantage une idée de méthode qu’une recette applicable stricto sensu.

L’Etat a joué un rôle dans la régulation du marché de l’ISR. Plusieurs lois ont en effet permis au marché d’émerger. Si ces lois ouvrent un espace de possibles, elles ne règlent pas le problème de l’incertitude. En effet, aucun texte ne propose de définition formelle de l’ISR. Pourtant, plusieurs lois incitent à l’ISR, surtout dans le domaine de l’épargne salariale ou de l’épargne retraite5. L’Etat a donné la possibilité de réguler un marché, sans façonner cette régulation. Les syndicats ont rebondi sur cette législation en créant un Comité Intersyndical d’Epargne Salariale, CIES, qui labellise les gammes de fonds d’épargne salariale, en tenant compte de leurs critères SR.6

Comme stratégie face à son intrinsèque incertitude, l’ISR, en France, regroupe des acteurs appartenant à différents types d’organisations : sociétés de gestion, sociétés de bourse, agences de notation extra financière, associations professionnelles ou environnementales et

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en réalité, l’ISR repose sur les mêmes techniques que la finance classique, filtre, benchmark. Mais, elles sont appliquées à un autre objet : l’information extra financière. Ce qui compte, c’est bien que l’ISR se définisse par une justification technique.

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on peut citer : la loi N° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques dite loi NRE et son décret d'application N° 2002-221 du 20 février 2002. La principale innovation de cette loi, en ce qui concerne notre sujet, est l’obligation qui est imposée aux sociétés cotées de diffuser dans leur rapport annuel des données environnementales et sociales concernant leur activité, c’est ce qu’on appelle le reporting social et environnemental. La loi N° 2001-152 du 19 février 2001 sur l'épargne salariale, dite loi Fabius, qui rend possible l'ISR dans le monde de l'Epargne d'entreprise. C’est notamment l’article 21 de cette loi qui ouvre la possibilité d’ISR. Ainsi, il précise que :

« Avant le dernier alinéa de l’article L 214-39 du code monétaire et financier, il est inséré un alinéa ainsi

rédigé :

Le règlement précise, le cas échéant, les considérations sociales, environnementales ou éthiques, que doit respecter la société de gestion dans l’achat ou la vente des titres, ainsi que dans l’exercice es droits qui lui sont attachés. Le rapport annuel du fond rend compte de leur application, dans des conditions définies par la Commission des Opérations de Bourse »

Enfin, le Fonds de Réserves pour la Retraite est un organisme public ayant pour vocation de gérer une provision de 28 milliards d’€ à long-terme (2020) pour le financement des retraites. Il est institué par la loi N° 2001-624 du

17 juillet 2001 instituant le Fonds de Réserve pour les Retraites, FRR, modifiée par la loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites, codifiée au sein du Code de la Sécurité Sociale, dans le Chapitre 5 bis intitulé Fonds de Réserve pour les Retraites aux articles L. 135-6 à L. 135-15 . Le législateur a tenu à ce que le

FRR soit contraint à une démarche ISR.

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sociales, syndicats et consultants… Se côtoient des acteurs venant de sociétés à but lucratif et associations de loi 1901, acteurs venant de structures dédiées à l’ISR ou au développement durable, ou d’organisations pour lesquelles ce n’est qu’une partie de l’activité. Leurs métiers sont également divers. Chacun de ses acteurs déploie une stratégie de légitimation, un enjeu différent, fonction de leur place sur le marché (Dejean 2004). Les agences de notations extra financières ont joué un rôle structurant lors de la naissance de cette activité économique (Gond, Leca 2004). Définir à la fois ce qu’est un investissement responsable et le rendre possible techniquement nécessite la mise en relation de ces acteurs hétérogènes. Notre travail présente l’analyse de leurs relations, voire de leurs interdépendances, sur ce marché. Nous allons à présent passer en revue les comportements relationnels mis en place par les acteurs pour contrer cette incertitude.

2. La vie sociale du marché réduit cette incertitude : les formations collégiales produisent une forme de consensus

En réponse à cette situation d’incertitude, on constate une vie sociale extrêmement intense sur le marché de l’ISR. Du fait de l’hétérogénéité des acteurs, des activités sociales sont organisées, formelles et informelles. Ces activités peuvent s’effectuer dans des lieux de rencontres improbables, où se côtoient gérants et ONG, analystes extra-financiers et congrégations religieuses... Ces rencontres sont alors l’occasion d’échanges de ressources diminuant l’incertitude. Lors de ces interactions, on peut donc relever différentes formes d’interdépendances des ressources concernant la formation à l’ISR et l’information, ressource primordiale sur ce marché financier. La vie sociale du marché constitue ainsi une forme de réponse à l’incertitude. Nous verrons qu’elle produit également une discipline sociale qui vient soutenir et structurer ce marché par la création de formations collégiales instituant coopération et barrières informelles à l’entrée du marché. L’interaction des producteurs, chère à White, est systématisée dans ces formations collégiales, lieu de production d’un consensus sur l’ISR permettant l’activité du marché.

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Si les analystes financiers rassemblent une majeure partie de leurs ressources en road shows7, ce n’est pas un hasard car la finance s’est construite comme un milieu de sociabilités. Les téléphones des traders, première forme de liant social, se sont concrétisés et poursuivis au travers de rencontres, déjeuners, groupes de travail pour les autres professionnels de la finance. En France, on recense deux principaux road shows extra financiers, le FEDERE, d’une part, forum européen pour le développement durable et une entreprise responsable, et le FAIRE, d’autre part, forum annuel de l’investissement socialement responsable en Europe. On peut y ajouter TBLI, triple bottom line investing conference, conférence internationale8de premier plan. Ce sont des moments uniques pour, à la fois, rencontrer bon nombre d’entreprises, mais également appréhender tout le milieu de l’ISR français. La sociabilité, l’échange de cartes et les discussions de couloir représentent vraisemblablement les moments les plus importants de ces road shows. Le taux de participation à un road show pour les personnes intérrogées est de 85 % pendant l’année de l’enquête, 54 % au FAIRE, 32 % au FEDERE, 22% à TBLI. Tous se joignent donc à ce type de manifestation, particulièrement sur le sol français. C’est un passage obligé pour un analyste, et quasiment une faute professionnelle que de ne pas y être et y être vu. Mais ce type d’événement attire tous les acteurs. C’est un véritable vivier qui rassemble en un lieu et en un temps l’hétérogénéité de l’ISR. En effet, la participation à ces événements ne dépend pas du type de métier que l’on exerce sur le marché. En finance, comme le souligne Orléan et Tadjeddine (1998), non seulement l’information est centrale, mais elle joue un rôle en amont et en aval des mécanismes du marché. « On peut dire que l’information est [dans les marchés financiers] tout à la fois la matière première et l’output final ». Ce sont les prix qui permettraient au marché d’être efficient, en traduisant l’information reçue en une information unique, standardisée.

L’information financière est devenue -je dirais- normative ou normée. Elle s’est organisée au sein des entreprises, qui ont recruté directement des relations institutionnelles, et organisent complètement l’information financière auprès des investisseurs institutionnels. Ils organisent des rendez-vous, on reçoit des coups de fil qui disent voilà le président de tel groupe souhaite vous rencontrer… Un responsable d’analyse SR dans une société de bourse

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Les road shows sont les congrès financiers. Souvent, ce sont des rencontres entre les entreprises et les analystes.

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. Le FEDERE est plus orienté RSE, et donc peut accueillir des collectivités locales, c’est le journal financier

Les Echos qui l’organise tous les ans. Le FAIRE se veut être une rencontre investisseurs-émetteurs, il est

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On reconnaît dans cette tentative normative la démarche de benchmark9, qui, toutefois, peut nuire à l’efficience des marchés car cette technique amène une standardisation des comportements par mimétisme (Orléan 1999). Le lien social se fait donc plus présent, à la fois pour faire circuler l’information, mais également pour la rendre intelligible et digne de confiance. Trois aspects nous permettent de traiter l’information comme un élément relationnel : sa source, sa qualité et son utilité.

Il existe aussi des associations professionnelles, d’information de lobby ou informelles sur le marché de l’ISR. On peut citer, l’ORSE, Observatoire sur la Responsabilité Sociale des Entreprises, le FIR, forum pour l’Investissement Responsable… On peut également noter la présence d’une association confidentielle des amis de l’ISR en France10. Appartenir à une association, en son nom ou en celui de l’entreprise, demande un investissement supérieur à la simple participation à un road show. Cependant, la fréquence d’adhésion à une association est très élevée : 63%. On relève donc une vie associative riche sur le marché. L’instrument principal de cette vie associative se retrouve dans les groupes de travail, organisés par les associations. Les groupes de travail constituent des lieux-charnières, où différents types d’acteurs se rencontrent, travaillent ensemble, ont accès à une information : 64% des personnes interrogées déclarent participer au moins une fois par mois à un groupe de travail.

Les bénéfices des groupes de travail sont l’information sur un domaine en évolution : où l’on en est, quels sont les acteurs, les tendances du marché… Un gérant de fonds SR

Les spécificités du développement durable ou de l’ISR engendrent complexité et évolution. Les groupes de travail sont un moyen de pallier aux formes d’incertitude. On mutualise les coûts d’information et, dès lors, on obtient une information de meilleure qualité. Le marché ne peut vivre sans son aspect social car il serait submergé par son incertitude. Mais ce n’est pas là le seul intérêt des groupes de travail : ils permettent également de pratiquer une forme de networking, c’est-à-dire d’organiser stratégiquement ses relations. Les activités sociales induisent également le lieu de la formation à ce nouveau marché. On note que 73% des

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Le benchmark est une technique de gestion qui suppose de « coller » à un indice, pour pouvoir comparer les performances du fonds à celles de l’indice référence.

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vu la caractère confidentielle de cette association, nous ne dévoilerons pas son nom. Nous pouvons dire qu’elle vise à réunir des acteurs de l’ISR sur un mode amical, lors de soirées ou de week-ends. Elle vise donc à promouvoir l’ISR sur un autre mode que la collaboration.

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personnes interrogées reconnaissent s’être formées à l’ISR à l’occasion de forums, séminaires, colloques, alors que seuls 22% parlent d’une formation en interne. Enfin, les groupes de travail sont l’occasion d’autoréguler le marché. Comme le souligne cet extrait d’entretien :

Je participe à des groupes de travail d’associations sur l’ISR, d’abord pour développer une culture sur l'ISR, c'est un concept nouveau. Ensuite, pour faire partager mes convictions sur l'aspect du développement des droits humains qui doivent être pris en orientation, surtout dans le cercle du DD qui est trop orienté vers l'environnement.Un responsable d’ONG

Cet associatif d’une association de défense des droits humains entend donc faire peser son point de vue plus social qu’environnemental. L’autorégulation des groupes de travail peut aussi être normalisation plus formelle, qui vise à produire un référentiel. L’Eurosif et le FIR ont publié des guides de transparence des fonds ISR, avec l’appui de l’AFG. Ces guides sont le fruit d’un groupe de travail. D’autres initiatives de ce type sont en cours. Ces guides représentent bien des dispositifs permettant de fixer une saillance normative sur le marché. Ils jouent, en quelque sorte, le même rôle que le guide Michelin : structurer les interactions et donc l’acte marchand (Karpick, 2000). La question n’est pas tant d’accéder à des connaissances ou à une compétence spécifique, même si c’est un aspect évident du problème de la formation. Elle consiste à entrer sur le marché, d’y être légitime en tant qu’expert. Cela se passe par un investissement dans la vie relationnelle, par des rencontres, de l’échange.

La forte vie sociale peut être décrite comme une forme de collégialité. En effet, on peut penser ces rencontres improbables, formelles ou non, comme des formations collégiales. On note une définition de la collégialité chez Waters (1989, 1993), cité par Lazega (2001) : des organisations sont collégiales ou « polycratiques » « quand il y a une orientation dominante pour faire aboutir un consensus entre les membres d’un corps d’expertise, qui sont théoriquement égaux dans leur niveau d’expertise, mais qui sont spécialisés dans leur domaine d’expertise »11. Le marché de l’ISR, bien qu’inter-organisationnel, nous donne l’occasion de voir à l’œuvre la rencontre d’expertise financière, environnementale et sociale,

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Traduction par nos soins : « he defines collegial organizations as « those in which there is experts who are

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théoriquement au même niveau dans le débat pour l’émergence du marché et la définition de l’ISR. On peut noter l’existence de formations collégiales sur ce marché au travers de différents indicateurs : l’hétérogénéité, la multiplexité, la diversité des langages, et la manière d’être considérés comme pairs. La multiplexité représente le fait de faire circuler plusieurs ressources entre deux acteurs. Si le but premier de ces rencontres est la collaboration, elle peut être organisée sur un mode informel, comme dans le cas de l’association confidentielle, ou quand les acteurs vont déjeuner ou boire un verre ensemble après une réunion. A la collaboration s’ajoute donc un lien plus informel : l’amitié. Une fois sortis de réunion, on peut parler de choses et d’autres, tout en continuant de parler d’ISR. On peut participer à des activités de loisirs avec ses amis du marché. La multiplexité s’exprime donc bien par la juxtaposition de liens de collaboration et d’amitié. En ce qui concerne la diversité des langages, on peut examiner la préface d’un ouvrage d’acteurs du marché sur l’ISR, préface rédigée par le président du directoire du FRR :

L’investissement socialement responsable est un sujet « à la mode ». Il suscite et c’est heureux le débat entre acteurs de mondes qui n’ont pas l’habitude de se parler et encore moins de se comprendre tant les « langues véhiculaires » sont différentes : acteurs de la finance, bien sûr, mais aussi entreprises, partenaires sociaux, organisations non gouvernementales, congrégations religieuses. Antoine de Salins, Membre du directoire du Fonds de Réserve pour les Retraites, Préface, L’investissement Socialement Responsable, De Brito C., Desmartin J-P., Lucas-Leclin V., Perrin F., 2005, Economica, collection Gestion. (2005)

Cette citation témoigne effectivement de la diversité des langages du milieu social de l’ISR. Les acteurs hétérogènes, s’ils étaient improbables, ont réussi à produire ces occasions de rencontre et donc peuvent exprimer la diversité de leurs langages sur un niveau égalitaire. Enfin, on peut affirmer que, dans ces formations collégiales, ces acteurs hétérogènes agissent en tant que pairs. Nous n’avons pas relevé de discrimination de la part des financiers sur les associatifs. Chaque organisation possède son domaine d’expertise. Ainsi, les financiers sont avides de connaître la position des syndicats ou ONG sur ces sujets, cela fait partie de l’information. Nous pouvons donc affirmer que l’ISR, bien que réunissant des acteurs hétérogènes, est un milieu de pairs. On a donc choisi de cartographier et d’analyser les relations de collaboration et d’amitié pour comprendre comment se structure le marché de

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l’ISR. Les formations collégiales sont les indicateurs systématiques de l’interaction des producteurs.

3. La description de la construction sociale d’un marché par l’analyse des réseaux sociaux.

L’enquête de terrain a été élaborée en deux phases : une première ethnographique, grâce à la réalisation d’entretiens semi-directifs avec les principaux acteurs du marché, d’analyse documentaire et d’observation participante, et une seconde principalement axée autour de la passation d’un questionnaire auprès de la quasi-totalité des acteurs de ce marché12. Le questionnaire était relatif à trois types de variables : d’une part, les variables en amont : les attributs des acteurs ; d’autre part, les variables en aval : leurs pratiques ; et enfin, des questions relationnelles sur leurs liens de collaboration et d’amitié (Lazega, 1998). L’observation a été réalisée au cours d’un stage d’un an et demi dans une association de lobby, réunissant tous les types d’acteurs du marché. Cela a permis à la fois un accès à la totalité du marché et d’être au plus près des pratiques et interactions des acteurs. L’analyse de réseaux porte sur deux réseaux complets : celui de la collaboration et celui de l’amitié sur ce marché. Il a donc fallu construire a priori une liste posant les frontières de ce marché13 pour la proposer aux acteurs lors des réponses aux questions relationnelles.

L’ISR est un marché où il existe une forte vie sociale et une sociabilité assez intense. Des concurrents se rencontrent, échangent. La question est donc de savoir à quoi sert cette sociabilité intense et parfois informelle. Le marché est émergent : il doit donc faire un effort pour se structurer, mais c’est aussi une activité économique concurrentielle. Il existe un phénomène de coopération qui permet à l’activité d’émerger, avec paradoxalement, des barrières informelles à l’entrée pour permettre aux acteurs un minimum de concurrence et les

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Ce marché financier étant émergent et spécifique, on peut limiter le nombre des acteurs qui y prennent part à une centaine de personnes. Ce chiffre provient de l’analyse ethnographique et a été vérifié auprès des acteurs.

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Cette liste se devait d’être construite de manière systématique. Nous avons donc répertorié tous les fonds au moyen de sites Internet (Novethic et ISR-info), pour trouver tous les spécialistes d’ISR dans les sociétés de gestion (gérants et analystes). Ensuite, nous avons ajouté tous les acteurs représentatifs des agences de notations extra-financière, des syndicats, des ONG, des sociétés de bourse, des consultants. L’enquête ethnographique nous a été très utile ici. Dans un second temps nous avons comparer la liste avec tous les acteurs ayant présenter lors de colloques professionnels sur l’ISR. Enfin, nous avons fait vérifier la liste par des acteurs importants du marché, pour vérifier que nous n’avions fait aucun oubli.

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sauvegarder ainsi des passagers clandestins, étant donné les efforts concédés à la stabilisation. Le marché de l’ISR peut se formaliser entre coopération diffuse et ouverte et concurrence informelle : il se construit socialement sous cette forme.

On peut penser qu’un processus de solidarité existe dans le but de conduire au bien commun : l’émergence et la stabilité. La recherche du consensus annule la concurrence économique. Toutefois, l’intérêt général de la construction du marché renie-t-il pour autant tous les intérêts individuels ? A partir de l’analyse des réseaux de collaboration et d’amitié, il se dégage un équilibre entre coopération et concurrence. Grâce à la description compréhensive des deux réseaux et à l’utilisation d’un modèle p214 (Lazega Van Duijn, 1997, Boer, P., Huisman, M., Snijders, T.A.B., Steglich, C.E.G., Wichers, L.H.Y., and Zeggelink, E.P.H., 2006), qui permet de définir les déterminants de la création ou non d’une relation, on peut décrire une « concurrence coopérative » (Zalio, 2003) qui vient soutenir l’émergence et la stabilisation du marché, elle produit de la régulation.

4. Coopération formelle et concurrence informelle

Le réseau de collaboration tel que nous l’avons capté renseigne15 sur une relation de collaboration au sens large, intra, mais surtout inter-organisationnelle. En effet, la question de la construction sociale du marché dépasse les limites des organisations qui y participent, comme en témoigne l’hétérogénéité des types d’acteurs. On travaille sur la base de 78 questionnaires exploitables dans leurs trois parties (attributs, variables dépendantes et analyses de réseaux). Ce réseau de collaboration contient 1 397 liens, dont 447 liens réciproques, c’est-à-dire quand les deux répondants se citent mutuellement. Cela représente un tiers des relations citées, ce qui est important. Ce réseau montre une densité de 23%, ce qui signifie que 23 % des relations possibles sur ce marché se réalise. Ce chiffre est très impressionnant et va dans le sens des déclarations des acteurs qui parleraient d’un milieu où

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Boer, P., Huisman, M., Snijders, T.A.B., Steglich, C.E.G., Wichers, L.H.Y., and Zeggelink, E.P.H. (2006).

StOCNET: An open software system for the advanced statistical analysis of social networks. Version 1.7.

Groningen: ICS/Science Plus. http://stat/gamma.rug.nl/stocnet/.

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tout le monde connaît tout le monde. On relève donc une forme d’interconnection sur ce marché.

Le réseau est construit de manière homogène : il n’y a pas d’exclus de la collaboration. On ne relève pas, a priori, de discrimination à l’entrée, pas d’acteurs n’ayant pas accès à ce phénomène, alors que nous avons insisté sur le fait que ce marché constitue un lieu de rencontres improbables. Ces rencontres sont bien réalisées. Les représentants de congrégations, les syndicalistes, les employés de Greenpeace collaborent réellement avec les financiers et réciproquement. Outre l’hétérogénéité des acteurs, on trouve des concurrents sur ce marché. Nous comptons une trentaine de sociétés de gestion, qui devraient se battre pour emporter le marché. Or, il n’en est rien : on collabore pour faire exister le marché, davantage que l’on entre en concurrence pour emporter le marché. Il est encore trop tôt : le marché de l’ISR a plus intérêt à la collaboration qu’à la concurrence et les acteurs en sont conscients. Ils préfèrent collaborer pour faire exister le marché. La collaboration représente une expression du bien commun de l’ISR. Comme en témoigne cet extrait :

C’est un secteur tellement neuf, neuf, mais vraiment pionnier. Les choses c’est ça : un, neuf ; deux, fragile, il faut être lucide c’est fragile hein. Que le principe sur ce genre de secteur naissant c’est que si les concurrents entre eux, là je te fais un décodeur hein, mais si les concurrents entre eux commencent par se détruire, ça va pas loin. Donc le principe commun à beaucoup d’acteurs, c’est de se dire on développe le sujet, c’est aussi par ce qu’on a un peu de conviction hein, on y croit, donc on fait en sorte de développer le gâteau, on a un gâteau, qui fait un coefficient 1, l’objectif aujourd’hui c’est pas, c’est plutôt de travailler en osmose un petit peu, en biosphère, pour faire que le gâteau soit à 10, et quand le gâteau sera à 10, ben ça sera tellement gros qu’on pourra déjà vivre correctement et là on pourra peut-être commencer à faire de la concurrence. Mais je crois l’idée elle est là, c’est déjà de faire en sorte que le sujet il prenne, et pour que ce soit un vrai marché économique crédible, et donc l’idée c’est aussi de mutualiser les expériences, c’est ça… Maintenant tu as des acteurs qui quand même, tous ne jouent pas à ce jeu-là hein, c’est pas possible, tu as toujours des gens qui jouent, leurs propres cartes, mais bon c’est légitime, mais c’est vrai que c’est une spécificité, lié à ce secteur très neuf… Bon, il y a une volonté, des gens de faire progresser le secteur, pour qu’il se développe. C’est une question économique pure, sauf que par sa nature,

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la concurrence et l’intensité concurrentielle, chère à Michael Porter, et bien là, on est sur un secteur neuf, ce qui fait que l’intensité concurrentielle, elle est vraiment faible.

L’arrêt de la concurrence pour le bien du marché, pour en faire un objet économique, non seulement viable, mais également rentable, est bien exprimé ici comme le bien commun. A la fin de l’extrait, l’interviewé nous met quand même sur la piste d’un jeu politique : certains ne jouent pas le jeu, ils font peser d’autres cartes pour faire valoir leurs intérêts particuliers au détriment du bien commun. Dès lors, comme le montre cet autre extrait, le marché par la densité de son réseau de collaboration, possède les moyens d’arrêter ces anti-joueurs :

A propos d’un acteur du marché : il n’a absolument pas, à mon avis, saisi la solidarité du milieu, c’est-à-dire que tous ces gens là se connaissent hein, en particulier dans l’ISR, et donc il est clair qu’à partir du moment où il prêtait des propos à certains devant d’autres, eh bien immédiatement cette personne allait vérifier les dires chez l’autre !

Si ce marché est interconnecté, ce n’est pas pour faire émerger le processus concurrentiel décrit par la théorie économique standard, mais bien pour faire ressortir une discipline sociale. Cette discipline sociale pose les conditions d’existence du marché. La collaboration, dont on peut penser qu’elle vire à la coopération, représente le lieu d’expression du consensus de l’ISR en France, c’est-à-dire de la régulation.

Le réseau d’amitié16 comporte 441 liens. C’est bien moins important que le réseau de collaboration. Sur ces 441 liens, 108 sont réciproques. Il est assez étonnant de voir que la réciprocité est moins importante dans le réseau d’amitié, lien plus personnel. 24 % des choix sont réciproques, ce qui est moindre que pour le réseau de collaboration, qui comptait un tiers de relations réciproques. Cela démontre qu’il se passe quelque chose de non amical sous les relations d’amitié, quelque chose qui n’est pas de l’ordre de l’amitié, relation généralement plus réciproque par nature. Nous nommerons ces amitiés des amitiés « particulières » car elles sont utiles au marché. La densité est de 7 %. L’amitié est un lien beaucoup plus rare sur le marché que la collaboration. Le réseau est beaucoup moins dense, quoique relativement dense pour une relation, qui, a priori, ne devrait pas forcément apparaître dans un milieu de travail.

16

Avec qui êtes-vous amis, c’est-à-dire que vous avez tissé des liens plus que professionnels ? Quand vous vous voyez, vous pouvez parlez de l’ISR, mais également de choses et d’autres, il vous arrive de partager vos sorties ou vos loisirs. Par exemple, vous pouvez déjeuner ensemble ou aller boire un verre après un groupe de travail.

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Ces relations d’amitié sont donc particulières, car elles sont plus rares et plus spécifiques. Là où le réseau de collaboration formait un tout, le réseau d’amitié peut être séparé en deux groupes : d’une part, un centre, composé de 62 individus, et d’autre part, une périphérie d’exclus, 16 acteurs, qui n’ont par ailleurs pas ou peu de relations entre eux ou avec le centre. Ce réseau n’est donc pas cohérent à l’image de celui de la collaboration, on vient ainsi de mettre à jour une première barrière. Les cliques17 nous offrent la possibilité d’en voir une seconde, elles indiquent un phénomène de solidarité. En effet, le nombre est moins important que dans le réseau de collaboration où elles sont particulièrement nombreuses, même si certains tirent encore leur épingle du jeu. Dans le réseau d’amitié, 47 individus n’appartiennent à aucune clique, soit plus de la moitié des acteurs. 24 acteurs intègrent de 1 à 4 cliques. Et un petit groupe de 8 acteurs peuvent appartenir à 5 cliques ou plus. Un seul acteur possède un nombre record car il appartient à 20 cliques. Le réseau de collaboration a un nombre médian de cliques pour un acteur de 24, une moyenne de 48. Ce réseau d’amitié est donc beaucoup moins cohésif et solidaire que le réseau de collaboration. Il y a moins de cliques, même si pour certains individus -et seulement certains- la cohésion est très forte. Ce sont ces acteurs qui structurent le réseau, on se regroupe autour d’eux, quand on a la possibilité de se regrouper18.

Contrairement à la collaboration, le réseau d’amitié n’est pas un ensemble, il s’y pratique une forme d’exclusion. Il est intéressant de constater que cette discrimination s’effectue sur la ressource la plus éloignée du travail. L’amitié cache son jeu. En fait, le réseau d’amitié est une extraction du réseau de collaboration, une sous-partie. C’est très intéressant, car ces deux relations se juxtaposent, ce qui n’est pas le cas dans des études précédentes du même ordre (Lazega, 2001). En effet, il y a 428 relations qui sont à la fois de l’amitié et de la collaboration, 969 qui ne sont pas de l’amitié, mais qui sont de la collaboration, seulement 13 cas de relations d’amitié sans lien de collaboration. En d’autres termes, pas d’amitié sans collaboration.

Cela nous amène à penser que le réseau d’amitié est un lieu privilégié du réseau de collaboration, une sorte de niche, acquise grâce à un investissement personnel dans une

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Les cliques sont des sous-graphes maximum complets. On y dénombre 3 acteurs reliés mutuellement entre eux, c’est-à-dire A et B se citent mutuellement, B et C se citent mutuellement et A et C se citent mutuellement. Elle représente une forme de solidarité car ce que si A donne à B, il peut recevoir une contrepartie de C.

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relation d’amitié plus informelle que la relation de collaboration. Il devrait donc se passer quelque chose, quand il existe une relation d’amitié, quelque chose qui n’existe pas dans le réseau de collaboration, réseau dense et cohérent. L’amitié serait donc le lieu de discrimination dans un milieu où, sur les relations formelles, la discrimination n’existe pas. Les amitiés sont sélectives. Nous entendons par discrimination l’existence de processus qui n’existe pas ailleurs : avoir une ressource rare, par exemple une information spécifique. L’amitié serait donc le lieu d’expression du politique dans un milieu qui, pour l’instant, ne peut se permettre l’expression des intérêts particuliers au grand jour.

L’utilisation du modèle p219 nous permet de prouver la politisation du lien d’amitié. En effet, en analysant la probabilité d’apparition d’une relation de collaboration et d’une relation d’amitié, ce que prédit ce modèle, on peut décrire le marché de l’ISR comme un lieu de coopération ouverte et diffuse, qui garde pourtant des barrières informelles à l’entrée. L’ISR est comme un vieux parc d’attractions : l’entrée est gratuite et les manèges payants. On peut facilement accéder au marché, mais y être actif demande un investissement personnel important. La probabilité de création ou non d’une relation de collaboration en fonction des attributs des acteurs nous apprend que la collaboration est ouverte et diffuse. Les organisations d’appartenance des acteurs, le sexe, le diplôme ne jouent aucun rôle dans la probabilité d’apparition d’une relation dans ce réseau de collaboration très dense et cohésif. Les hypothèses classiques d’homophilie ne sont donc pas vérifiées dans la structuration de ce réseau. Il en va de même pour la date d’entrée sur le marché ou le fait d’être un primo-accédant. L’histoire du marché ne joue pas de rôle dans la collaboration car les plus anciens ne sont pas avantagés. Paradoxalement, on apprend beaucoup des variables qui n’expliquent pas l’apparition des relations, on peut en déduire que la collaboration est coopérée. L’organisation n’est pas une barrière : on collabore, peu importe qu’on appartienne à une société de gestion ou à une association. Un premier phénomène de coopération aide le marché à exister. Mais, en seconde instance, les caractéristiques des acteurs, qui expliquent l’apparition d’une relation de collaboration, font apparaître une hiérarchisation des relations et une exclusion, notamment sur le fait d’avoir une vie associative.20 Ce sont des investissements extérieurs et plus personnels, que ceux demandés par une relation de

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Le graphique en annexe nous montre ces cliques du réseau d’amitié

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les modèles finaux P2 pour la collaboration et l’amitié se trouvent en annexes

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collaboration qui structurent la collaboration. Il existe aussi une incidence de l’âge et des métiers (dans le sens où l’acteur pratique ou non un métier financier) dans la structure des relations. Certains acteurs sont plus actifs dans la collaboration, ceci est lié à leurs compétences ou à leurs expériences. Une forme de statut, qui s’explique par l’expertise, les compétences et l’investissement personnel sur le marché est mise à jour.

Si la collaboration peut paraître gérée en fonction de l’intérêt général, donc avec des relations coopérée, elle n’en est pas moins un phénomène politisé. Le ticket d’entrée est gratuit, mais il faut s’investir personnellement, en ayant une vie associative, pour être actif dans le milieu, c’est le prix à payer. L’amitié nous donne donc le prix de la concurrence sociale dans ce milieu très coopératif. Les caractéristiques qui expliquent la probabilité d’apparition d’une relation d’amitié, donc la structure du réseau d’amitié sont : l’âge, le métier, le diplôme21. On retrouve le statut mis à jour dans le réseau de collaboration. Les financiers restent amis entre eux et les acteurs non financiers sont, eux aussi, davantage amis entre eux. En d’autres termes, les semblables en termes de métier, d’âge et de diplôme, c’est-à-dire de statut, ont plus de chance d’être amis. L’amitié est donc le fruit d’un statut lié aux compétences, aux expériences. L’amitié est une affaire d’experts. Les barrières informelles à l’entrée du marché de l’ISR sont bien des barrières de statut qui ont l’originalité de s’exprimer sur un lien informel. Formellement égalitaire, les différents domaines d’expertise de l’ISR structurent pourtant sur le marché grâce à l’amitié. C’est à l’occasion de ce lien que peuvent s’exprimer des barrières dans ce marché coopératif : on laisse entrer tout le monde, mais le statut permet d’éliminer du jeu certains acteurs en leur refusant des liens d’amitié.

CONCLUSION : un marché coopéré avec des barrières informelles à l’entrée

La collaboration est influencée par un investissement hors travail, nécessaire au bon fonctionnement du marché. Cet investissement hors travail rentre dans la définition du statut sur le marché. Si le marché est coopérant, ce statut témoigne d’une forme de discrimination, particulièrement en amitié. La particularité de l’information, rare et de mauvaise qualité peut

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19

venir expliquer un investissement hors du travail, nécessaire à l’activité du marché. L’information obtenue se révèle bien meilleure quand on est sûr de sa source. Dans les interactions entre producteurs, l’existence de formations collégiales venant réduire l’incertitude afin de produire un consensus sur la notion d’ISR ont été mises à jour. Ces formations collégiales sont le support structural d’une discipline sociale nécessaire à l’émergence du marché. On coopère pour le bien commun de ce nouveau marché, c’est-à-dire la stabilité. Toutefois, si la concurrence économique est pour l’instant reniée, on observe une forme de concurrence sociale par ce statut, qui s’exprime dans une forme de discrimination d’amitié. On peut qualifier la construction sociale du marché de « concurrence coopérative » (Zalio, 2003). Il est question de savoir quels mécanismes sociaux permettent l’activité économique : il existe des dispositifs sociaux qui permettent aux acteurs de gérer leurs interdépendances et, en même temps, de faire perdurer ou exister le marché. Ces mécanismes sociaux oscillent entre coopération et concurrence sociale, entre bien commun et intérêts particuliers, entre stabilisation et barrières informelles. Le modèle de White prouve que « les structures existent et se reproduisent en partie parce que l’information nécessaire à la maximisation et l’efficience n’est pas disponible22 ». Dans le cas de l’ISR, ces structures sont mises à jour grâce à une enquête ethnographique et à l’analyse des réseaux sociaux. On peut alors dire qu’elles produisent une discipline qui permet au marché d’exister au-delà de la réglementation ou des besoins économiques. Le marché de l’ISR en France représente certains enjeux, les encours d’épargne salariale ou retraite sont des niches d’investissement propices à ces thématiques. Mais l’éthique qui va faire vivre ce marché est une forme d’organisation structurale. Elle équilibre concurrence et coopération, en jouant sur les savoirs et les pouvoirs.

22

« Structures exist and reproduce themselves in part because the information needed to pursue maximizattion and efficiency is not available ». Traduction par nos soins

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21

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ANNEXES

Annexe 1 : le réseau d’amitié

Les deux graphiques qui suivent ont été réalisés avec le logiciel pajek23

Graph 1 : Appartenir à un groupe d’amis, une ressource plus rare et plus chère

23

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23 Graph 2 : une amitié sélective et discriminante24

24

ce graphique n’est pas une description des positions structurales du réseau d’amitié. C’est l’illustration du centre et de la périphérie d’exclus dans ce réseau par l’indication de ses composantes.

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24 Annexe 2 : les modèles P2 :

MODELE FINAL de la collaboration : coopération et concurrence statutaire

Modèle vide25 Modèle final incluant le métier comme

indicateur d’une forme de statut26

Paramètres Ecart-type Paramètres Ecart-type

Emetteur27 1,0920 0,2096 -0,5734 0,155128

Récepteur29 1,7172 0,3218 0,3191 0,2754

Densité30 -2,6691 1,1237 -0,681731 0,0949

Réciprocité32 2,7951 0,1527 0,2772 0,2356

MODELE FINAL de l’amitié : une amitié politisée

Modèle vide Modèle final

Métier incluant le diplôme et l’âge33

Paramètres Ecart-type Paramètres Ecart-type

Emetteur 1,0556 0,2313 0,0232 0,1843 Récepteur 1,0251 0,2565 0,3834 0,1614 Densité -3,8571 0,1542 -0,7710 0,1646 Réciprocité 3,1516 0,2006 0,6336 0,3765 25

Le modèle vide donne la probabilité d’apparition d’une relation sans tenir compte des caractéristiques des acteurs.

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Plusieurs paramètres étaient significatifs : le métier, le fait d’appartenir à une association et l’âge. Le problème est que ces variables sont dépendantes entre elles. Nous avons donc choisi de ne faire figurer dans le modèle final que le métier, comme indicateur d’une forme de statut. Ce statut exprime des compétences, liées aux métiers, du prestige, lié à l’âge et un investissement personnel par le fait d’appartenir à une association. Il est représentatif d’une forme de statut qui structure les relations, en seconde instance, dans ce réseau de

collaboration avant tout coopérant.

27

Teste la probabilité d’apparition d’une relation par choix émis

28

Les chiffres en gras indique une significativité de la probabilité que la relation apparaisse en fonction de la caractéristiques testée. En effet, dans ce cas le paramètre est égal à au moins deux fois l’écart-type.

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Teste la probabilité d’apparition d’une relation par choix reçu

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Teste la probabilité d’apparition d’une relation par choix émis, reçu ou réciproque, versus pas de relation. C’est l’indicateur principal qui explique la structure du réseau en fonction des caractéristiques des acteurs

31

Ce tableau se lit comme suit : le paramètre est négatif, donc les semblables en terme de métier, c’est-à-dire de statut, ont plus de chance d’avoir une relation de collaboration. Le métier séparant les financiers, catégorie de référence, des acteurs non financiers, on peut dire que les financiers collaborent plus entre eux. Les non

financiers ont moins de chance d’émettre une relation, ils choisissent moins que les financiers Il y a donc un effet sélectif de la collaboration, plus facile pour les financiers, ils en sont aussi la cible.

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Teste la probabilité d’apparition d’un surcroît de réciprocité par rapport à la densité

33

Ces trois variables sont dépendantes, nous garderons donc également le métier dans le modèle final comme indicateur d’un statut.

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25 Paramètres du modèle P2 pour la collaboration

Paramètres Emetteur Récepteur Densité Réciprocité

ÂGE JUNIOR 0,2604 ; 0,1622 -0,8257 ; 0,2260 -0,4155 34; 0,1491 0,0002 ; 0,2603 ÂGE JEUNE 0,2196 ; 0,2497 0,4578 ; 0,2226 -0,2047 ; 0,1255 0,1224 ; 0,2186 ÂGE MUR 0,1509 ; 0,1453 0,2889 ; 0,1696 -0,3530 ; 0,1127 0,0966 ; 0,1127 SEXE 0,2110 ; 0,1812 0,2306 ; 0,2111 0,2433 ; 0,1357 -0,3003 ; 0,2717 ORGANISATION 0,3213 ; 0,1685 -0,8619 ; 0,2035 -0,0985 ; 0,1125 0,0821 ; 0,2192 METIER -0,4466 ; 0,1610 0,3191 ; 0,2754 -0,6674 ; 0,1193 0,2772 ; 0,2356 DIPLÔME 0,0048 ; 0,2113 -0,3375 ; 0,2460 -0,1461 ; 0,1054 0,0499 ; 0,2036 ASSOCIATION 0,2715 ; 0,1456 0,8615 ; 0,1995 -0,3451 ; 0,1215 0,5677 ; 0,2416 DATE PIONNIER 0, 5636 ; 0,1892 0,2097 ; 0,2853 0,1440 ; 0,1226 -0,3123 ; 0,2001 DATE DECIDEUR -0.0669 ; 0.2131 0.6429 ; 0.2485 0.0291 ; 0.1148 -0.1022 ; 0.2217 PRIMOACCEDANT -0,3869 ; 0,1605 -1,2692 ; 0,3159 0,1760 ; 0,1157 -0,3357 ; 0,1157

Paramètres du modèle P2 pour l’amitié

Paramètres Emetteur Récepteur Densité Réciprocité

ÂGE JUNIOR -0,0661 ; 0,2773 -0,3780 ; 0,3639 -0,9733 ; 0,2189 1,4011 ; 0,433 ÂGE JEUNE -0,3869 ; 0,3279 0,5525 ; 0,2673 -0,3758 ; 0,1726 0,0051 ; 0,3340 ÂGE MUR 0,7765 ; 0,2451 0,1411 ; 0,2439 -0,3279 ; 0,1541 -0,6271 ; 0,3642 SEXE -0,0751 ; 0,3191 0,2113 ; 0,2855 -0,0047 ; 0,1993 -0,2087 ; 0,3805 ORGANISATION -0,1778 ; 0,2118 -0,8435 ; 0,1930 -0,1896 ; 0,1480 0,1143 ; 0,3413 METIER -0,0232 ; 0,1843 0,3951 ; 0,2095 -0,7464 ; 0,1585 0,6235 ; 0,3766 DIPLÔME -0,1086 ; 0,2046 -0,2474 ; 0,2170 -0,4097 ; 0,1359 0,8437 ; 0,3146 ASSOCIATION 0,4205 ; 0,2193 0,9417 ; 0,2342 -0,1214 ; 0,2026 0,7452 ; 0,3841 DATE PIONNIER 0,3727 ; 0,2845 0,3323 ; 0,2897 0,2779 ; 0,1551 -0,3909 ; 0,3262 DATE DECIDEUR 0,1376 ; 0,1533 0,3208 ; 0,1569 -0,1352 ; 0,1519 0,6580 ; 0,3384 PRIMOACCEDANT -0,3084 ; 0,2125 -0,6424 ; 0,2639 -0,1189 ; 0,1374 -0,1548 ; 0,2975 34

Dans ces tableaux, on examine la significativité de chaque paramètre à la fois. Le premier chiffre correspond à l’estimation du paramètre, le second à l’écart-type. Le paramètre est significatif s’il correspond à au moins deux fois la valeur de l’écart-type. Les paramètres significatifs sont inscrits en gras. La densité est le paramètre qui explique l’activité dans le réseau. C’est le plus important à interpréter. Un exemple de lecture pour la densité est de dire que quand la paramètre est négatif, les semblables ont plus de chance de collaborer ou d’être amis entre eux. Par exemple : les juniors collaborent plus entre eux. L’émetteur est le paramètre qui explique les choix émis : par exemple les non financiers ont moins de chance d’émettre une relation de collaboration. Le Récepteur explique les choix reçus, par exemple les non inscrits dans une association ont moins de chance de recevoir une relation de collaboration.

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