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L'espace transnational et la localité : le réseautage et la sédimentation du passage

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Academic year: 2021

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(1)

Claire Roberge

Département de l'histoire de l'art et des études en communication Université McGill, Montréal

5 Février 2007

A thesis submitted to McGill University in partialfulfillment of the requirements of the degree of doctor of philosophy in communication studies.

(2)

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(3)

Remerciements

Mes chaleureux remerciements à la chaire Beaverbrook en éthique, média et communication pour la bourse accordée, en 2006, Beaverbrook Fundfor Media@ Mcgill Dissertation Completion Grant, pour écrire ma thèse.

Le terrain de l'Île Maurice a été possible grâce

à

une subvention de l'agence intergouvernementale de la Francophonie. Je tiens particulièrement à remercier l'INTIF (institut francophone des technologies de l'information et de la formation).

Le processus d'écriture de cette thèse et mes réflexions et questionnements durant le doctorat ont fortement été soutenus par mon directeur de thèse, Professeur William Straw. Je tiens à le remercier très sincèrement de sa disponibilité, de son écoute attentive et de ses commentaires toujours très pertinents.

(4)

Préambule

«As James Clifford (1992) has suggested, the study of traveling cultures

requires traveling researchers.1 »

S'il est vrai que les voyages forment la jeunesse, c'est bien par que les voyageurs gagnent une expérience de la route, de l'inconnu, de l'inattendu. Depuis toujours, j'ai eu un intérêt marqué pour les cultures. Les nombreux voyages que j'ai faits m'ont apporté non seulement une expertise de la relation, mais aussi une curiosité de l'autre et de la différence. Sans nécessairement comprendre chaque situation, l'éveil d'une connaissance nouvelle, autrement dit de quoi se compose notre monde, m'a toujours paru d'une importance primordiale. Aujourd'hui, le thème de la différence apparaît clairement, comme depuis longtemps par ailleurs, à l'avant de nombreux enjeux socio-culturels, économiques et politiques.

1 Guarnizo, Luis Eduardo et Michael Peter Smith, « The Location of Transnationalism », Dans Transnationalismfrom Below, p. 26.

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Table des matières

Résumé/Abstract, p.

5

Introduction, p. 6

CHAPITRE 1, Mise en place d'une étude de cas: le cas du CEARENAD, p. 15-Catégorie 1- Description du cas, p. 21- La dimension collective du travail, p. 30- Les

médiations, les traductions et les médiatisations, p. 37- La transnationalité dans le réseautage, p. 38- Catégorie 2- Position du chercheur, p. 41- L'objet de recherche: « Packing the

World », p. 47- Le texte du chercheur, p. 48- L'objet: texte ou acteur?, p. 49.

CHAPITRE 2, Lectures de la globalisation et de la transnationalité: questionnements et positionnements revisités, p. 52- Première partie, p. 52- Conceptualisation: Appropriation et a-priori, p. 55- Ancrage idéologique? La nation et la « déterritorialisation », p. 60- Hybridité, p. 65- Local ou global ou transnational, p. 67- Interdisciplinarité, p. 71- Le réseau, p. 73-Centre, marges, périphéries, p. 75- Matérialisations d'espaces, p. 81-« What are we aiming at? », p. 82- Deuxième partie, p. 89- Cultures, lieux et pratiques, p. 90- Types de passage, p. 91- Observations, p. 98.

CHAPITRE 3, Exercice de théorisation: la sédimentation du passage, p. 101- Première partie, Les passages au XIXè siècle, p. 104- XXè et XXIè siècle: La mobilité, Le passage revisité au XXè et au XXIè siècle, p. 114- La station-service, p. 121- Deuxième partie, La culture et le parcours, p. 127- Troisième partie, p. 134- Les tableaux, p. 136- Tableau: Le passage au XIXè siècle chez Benjamin et Geist, p. 136- Tableau: Livesey, le passage revisité, p. 138- Tableau: La station-service chez Sompairac, p. 139- Tableau: Glissant. Le parcours, p. 140- Tableau: « Le Politique », p. 142- Observations, p. 142-Premier commentaire, p. 145-Deuxième commentaire, p. 146.

CHAPITRE 4, Actions participatives dans le réseau: la double responsabilité de la localité, p. 147- Étapes organisationnelles dans le temps du CEARENAD ou le temps de réalisation des acquis, p. 147- «Le Politique» : responsabilité et dénationalisation de l'acteur, p. 159- Le rôle des acteurs, p. 166- L'investissement par les altérités ou la médiation, p. 180.

CHAPITRE 5, Médiatisations: matérialités répercutées, p. 193- Répercussions, p. 193- Le fonctionnement et la médiatisation, p. 201- Le filage du CEARENAD, p. 206- L'accès et la technologie, p. 207- Le fonctionnement des technologies, p. 209- Le face-à-face, p. 211-Déplacement ou mobilité ?, p. 212- Mobilité ou circulation ?, p. 214- Au sujet des résultats, p. 218- Traductions: textes et re-lectures, p. 221- La fonction phatique: la circularité de la médiation, p. 225- Les connaissances ou le savoir, p. 227- Participation, p. 229.

Conclusion, p. 231- Commentaires, p. 233. Bibliographie, p. 238.

Annexes, p. 246.

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Résumé

Ce texte est le résultat d'une rigoureuse réflexion au sujet de juxtapositions d'espaces et de temps, au sujet d'intersections entre la localité et un espace transnational. Mes observations du réseau du CEARENAD ont, en fait, servi un exercice de théorisation considérant plusieurs facteurs, entre autres (les principaux), l'investissement par les altérités, la dénationalisation partielle de l'acteur, le transnationalisme mineur de la localité, Le Politique, La Relation. L'aboutissement de cette réflexion répond à mon intérêt marqué pour les investissements par les altérités dans des situations impliquant une prise de position participante de l'acteur. La description de ressources conceptuelles nouvelles résultant de mes observations du réseau, permet de mieux apprécier les études transnationales culturelles en tant qu'objet d'étude et d'analyse interdisciplinaire.

Toute l'analyse considère « What are we aiming at? » à deux niveaux. Le premier, celui de chercheur, exige à la fois de nuancer et de préciser ce qu'il en est, aujourd'hui, de la transnationalité et, plus particulièrement, du réseau transnational par rapport à la localité. Pour ce faire, les conclusions de constructions culturelles, réalisées dans le cadre de cette thèse, ont été réfléchies longuement. La structuration de l'analyse

exploratoire impose, curieusement, une discipline d'autant plus rigoureuse que le chercheur se doit de rendre compte d'une émergence de la contemporanéité dans la nuance. Le deuxième niveau met en évidence le terrain, car sans lui, la théorie ne s'ancre pas. Il faut reconnaître les apports du terrain tout en cherchant à le dépasser, car ce n'est qu'en le dépassant que la théorie tient.

Abstract

Conceptualizing the locality today in the global context me ans to be able to consider a level of denationalisation of the actor (of a locality) participating in a networked situation with actors from other localities. This thesis introduces a new conceptualization of the locality participating in a transnational network. The network, CEARENAD, involved six localities (Brazil, Chili, Costa-Rica, Senegal, Mauritius and Canada) who co-constructed contents for five years. This research is about presenting not a « mode d'emploi» about whether this particular network was successful or not. What truly motivated me, during and about this

research, was to reflect on my observations of this network to build a new conceptualisation about the intertwinments of a locality and another space. This is what this thesis is about. « La sedimentation du passage» renders a rigourous description of the numerous processes which bring the locality to the front line.

This study shows the description (Latour: 1987, 1999) of the participative actions of the actors involved in the network. The sedimentation of the passage reveals the repercussions of the mediations between the localities. This theorization activa tes, in other ways, the

denationalization of actors, and, adds to the cultural construct of the network as weil as to the possibilities of the Politie (Sassen : 2006).

This is an example of a networked knowledge production while, at the same time, and this may be ofmost importance, it is also an example ofhow today's reading of the locality deepens the necessity of participative actions in the mediations and mediatizations

(Darbellay : 2006) ofmaterialities in the contemporary globalization. The sedimentation of the passage allows one to read what circulation( s) are actually chosen to be materialized in and for the locality.

(7)

Introduction

Cette thèse est le résultat de mes réflexions au sujet des intersections entre la localité et un espace extérieur à partir de mes observations du réseau du CEARENAD (Centre d'application, d'étude et de ressources en apprentissage à distance). L'objectif de cette

recherche doctorale est de rendre compte de plusieurs va-et-vient, en tant que chercheure, entre la théorisation et le terrain pour aboutir à la description de ressources conceptuelles nouvelles dans les études transnationales culturelles. Il n'est pas question de préciser le niveau d'efficacité du réseau du CEARENAD, mais bien de présenter une méthodologie analytique de la sédimentation du passage entre la localité et l'espace transnational.

Les analyses des constructions culturelles ont été relues et remises en question, particulièrement depuis les années 90 dans des disciplines concernées par les espaces

culturels, économiques et politiques (voir le chapitre 2). La structuration du monde en territoires nationaux doit actuellement rendre compte de nouvelles configurations spatiales. Celles-ci participent, de plus en plus, de juxtapositions de temps et d'espaces et situent une complexité ajoutée au niveau de la localité que celle-ci soit une nation, une ville ou une région, qu'elle soit institutionnalisée ou non. En fait, la dimension supranationale invite à lire la présence transnationale dans les localités ou dans l'infranational. C'est pourquoi, un intérêt notoire sur cette question relie plusieurs problématiques existantes au sujet des territoires que ce soit la culture, le réseau, la nation, etc.

De plus, ces remises en territorialités ne tiennent plus uniquement de l'international puisque, souvent, elles situent une dénationalisation partielle ou totale de l'espace. L'international devient un des niveaux participant de la globalisation. Très souvent, des décisions sont prises à des niveaux auxquels l'État ne participe pas ou alors indirectement. « Aussi le souhait de réduire le fossé entre pays riches et pays pauvres pour

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faire converger ces deux mondes exige l'invention d'une forme de gouvernance de la mondialisation, prenant en compte trois échelles: le national, le supranational (ou

transnational) et l'infranational (le local). 2» Appréhender les interférences entre deux types d'espace (les espaces locaux et les espaces globaux) selon Ghorra-Gobin, est devenu une nécessité. Pour ma part, ce ne sont pas uniquement les interférences qui portent les agir, mais aussi l'analyse des actions participatives d'acteurs dans des espaces et des temps de la localité et de la transnationalité (voir le chapitre 4).

Ce premier aspect de l'analyse des espaces est indissociable du deuxième. C'est-à-dire la question du développemene déjà énoncée dans le propos de Ghorra-Gobin. Cette difficulté de la conceptualisation de la notion de développement image bien la complexité des lieux et des espaces. Pourquoi concevoir la dichotomie Nord-Sud lorsqu'il semble préférable de saisir les actions participatives d'acteurs? Évidemment, cette dichotomie rend compte des inégalités entre les pays développés et les pays qui le sont beaucoup moins sinon très peu. ~~ Sans croissance, pas de développement.4 » À ce constat large et général s'ajoute la dimension politique, par exemple, la colonisation ou la post-colonisation selon les tensions ou les remises en question des pouvoirs. La notion de

développement durable en écologie pourrait tout aussi bien s'appliquer à celle de l'éducation. C'est-à-dire un consensus de longue durée pour améliorer l'environnement éducatif.

Le concept de développement durable est né de la critique des modèles de développement économique - non respectueux des dimensions sociales des

populations et de l'environnement - et des profondes disparités entre le Nord et le

2 Cynthia Ghorra-Gobin, Introduction, Dictionnaire des mondialisations, Armand Colin, 2006, p. xv.

3 Dauriac, Jean-Michel, « Développement », Dictionnaire des mondialisations, p. 101. Selon

Dauriac, le terme développement ne fait pas consensus. Il présente celui-ci comme une croissance économique auto-entretenue, incluant les changements structurels de la production et le progrès technologique. Il ajoute les propos d'historiens qui incluent la modernisation institutionnelle, le développement politique et social, l'évolution socioculturelle et le mieux-être. Toutefois dans sa présentation, aucune notion participant d'une révision nationale agit dans le sens d'une dénationalisation de l'acteur.

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Sud. Plus précisément, on le définit comme un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.5

Il faut aussi se rappeler que le développement durable met de l'avant la nécessité de travailler en coopération. De plus, même dans des pays où le développement signifie un temps tout à fait autre que celui d'un pays développé, la présence de

sociodigitisationi est notée. C'est dans ce cadre, celui du réseautage au XXIe siècle, plutôt que dans la mise en opposition Nord-Sud, que je propose une analyse de terrain et un exercice de théorisation du passage entre la localité et la globalité.

Ce troisième élément de la présence de la technologie dans la société permet de lire en quoi justement (et dans quels lieux et espaces) ces actions participatives peuvent signifier pertinemment une présence locale dans un espace transnational en co-construisant, selon la situation, des matérialités se répercutant localement. Dans le cadre de cette thèse, je propose de rendre compte des actions participatives d'acteurs de six localités partenaires dans un réseau transnational. Toute la question dominant les discours au sujet de la nécessité d'une présence locale dans la prise de décisions concernant la localité de l'acteur est mise de

l'avant. D'une part, le cas observé est mis en évidence dans la lecture des actions

participatives des acteurs pour rendre compte d'une présence locale pertinente dans l'objet global contemporain. D'autre part, cette perspective, à partir des actions participatives des acteurs, rend possible une théorisation liant la globalité contemporaine et la localité

contemporaine. En observant les deux espaces, la notion de passage émerge obligatoirement.

5 Ibid, p. 103.

6 J'emprunte le terme sociodigitisation à Lathman et Sassen (2005). Des pratiques sociales

rendent compte du fonctionnement de technologies en incluant celui-ci dans des problématiques locales ou transnationales.

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Je propose une analyse de cas incluant un modèle où les acteurs, tout en affirmant une appartenance locale solide, inscrivent des objectifs interlocaux et transnationaux. Un partenariat de six universités? dans six pays construit des connaissances pour la formation à distance. À partir d' observations8 sur le terrain, je signifierai en quoi la transnationalité du partenariat invite la localité à s'inclure ou non dans la globalisation actuelle. Je saisirai aussi, dans le cadre de cette thèse, divers éléments essentiels dans le fonctionnement de ce réseau transnational, par exemple, la mobilité, la circulation et la sédimentation du passage.

Autrement dit comment s'opérationnalisent les investissements par les altérités au sein du réseau et quelles sont les répercussions de ces investissements. Ainsi, j'observe des moments de rencontres pour les situer dans les temps et dans les espaces particuliers des mises en phase du réseau du CEARENAD. Les transferts culturels ne sont pas prédéterminés. De plus, ils sont remis en question pour rendre compte plutôt de répercussions et des éléments

participatifs d'une autonomie nécessaire agissant dans l'investissement par les altérités.

La mise en phases de Le Politiqu/ (voir les chapitres 2 et 4) situe la

revendication d'une prise de décision partagée au nom de localités données. l'ai observé un réseau de six institutions de six pays (Canada, Costa-Rica, Brésil, Chili, Île Maurice et Sénégal). l'ai réalisé plusieurs entrevues avec des acteurs de chacun des pays. La première question posée à chacun d'eux demandait en quoi les obstacles par rapport aux différences culturelles participaient des échanges dans le réseau. Comment ces acteurs usaient-ils de leur droit à communiquer? En quoi celui-ci signifiait des remises en question et des réajustements

? Le partenariat de CEARENAD a été formé à la TÉLUQ (Télé-Université, constituante de l'Université du Québec à Montréal) avec les partenaires extérieurs suivants: L'Instituto de Educaçao de l'Universidade Federal de Mato Grosso, au Brésil, Teleduc de la Pontificia Universidad Catolica, au Chili, L'Universidad Estatal a Distançia au Costa-Rica, L'University of Mauritius à l'Île Maurice, l'Université Cheikh Anta Diop au Sénégal.

8 À partir de données recueillies à l'Île Maurice en octobre 2002 et à Québec au printemps 2002, je fait État de va-et-vient entre la théorie et le terrain.

9 Le Politique, mise en évidence par Sassen se situe dans la participation active d'acteurs dans des réseaux transnationaux. Le Politique sera aussi écrite, dans cette thèse, Le Politique afin de franciser le terme.

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? De plus, j'ai longtemps été interpellée par les mises en dichotomies des termes de localité et de globalité. Il m'a paru important de nuancer celles-ci et de profiter de mes observations pour mieux situer la position locale telle que vécue dans le réseau par rapport à l'espace transnational et vice-versa.

l'espère que les chapitres suivants rendent bien ces éléments, définitivement incontournables, liés sans équivoque, aux juxtapositions de temps et d'espace. Préciser les actions participatives des acteurs dans un réseau jouant de ces possibilités situe autrement une dénationalisation de l'acteur à partir de cadres institutionnalisés de localités. Deux temps, deux espaces, deux mouvements sont identifiés, l'un transnational, l'autre local. La mobilité et la circulation des connaissances sont conduites selon les rythmes culturels et

organisationnels juxtaposés et selon les fonctionnements technologiques.

Ma thèse comporte cinq chapitres. Le premier met en évidence tout le questionnement méthodologique, mais aussi, la position du chercheur vis-à-vis du terrain. Étant donné que ce type de problématique émerge au moment d'une multiplication de réseautages, il est absolument essentiel, à mon avis, de bien cerner cette question

méthodologique par rapport au terrain. Cette remise en question de la dichotomie entre la localité et la globalisation1o n'efface pas des écarts possibles entre deux espaces. Le questionnement disciplinaire et interdisciplinaire rend compte aussi de conceptualisations parfois cloisonnées d'une perception de la culture ou de la médiation ancrée dans des façons de lire et d'analyse. Comment concevoir l'analyse différemment? Comment inclure de

10 Dans le cadre de cette thèse, le terme globalisation équivaut à celui de mondialisation, dans le sens qu'il rend compte des représentations globales par rapport aux locales. Je préfère toutefois « Globalisation », car il me semble inclure aussi la qualité de ce qui est global sans nécessairement être mondial. Plus précisément, la présence globale invite à englober tout espace tandis que une présence mondiale ne totalise que dans des situations précises ce débat de la mise en représentation(s) de la localité. Ainsi, le terme mondialisation pourrait aussi s'avérer exact.

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nouvelles perspectives pour mieux saisir ce qu'il en est d'un terrain? En quoi de nouvelles ressources conceptuelles introduisant une nouvelle théorisation peuvent favoriser une autre lecture de la globalisation ou de la localité? Ces questions restent en arrière-plan. Elles sont déterminantes et exigent une rigueur dans la perspective nouvelle apportée.

Le deuxième chapitre rend compte des discussions sur le thème de la globalisation et de la mise en place des théories depuis les années 90 sur la question de la transnationalité. Depuis les années 90, les postulats de plusieurs chercheurs ont voulu répondre aux cadrages émergents des espaces et des temps, parfois par rapport à l'identité, parfois par rapport aux pouvoirs nationaux ou multinationaux, parfois par rapport aux communautés locales ou virtuelles. De plus, ce chapitre discute de la position très favorable des études en communication et du rôle des chercheurs dans ces problématiques. Ainsi, en utilisant des notions de réseautage, de dénationalisation, de matérialité, la thèse se veut objet de connaissance revisitant les notions d'espace et de temps en mettant en évidence l'apport des études en communication. Les études en communication ont toujours été

interdisciplinaires, en empruntant à la sociologie, aux sciences politiques, à l'archéologie, aux études littéraires, etc. Depuis, les études en communication apportent leur propre contribution théorique et mettent aussi de l'avant des positionnements par rapport aux technologies. Ces analyses sont de plus en plus significatives pour les autres domaines de recherche'l.

Le troisième chapitre est un chapitre particulièrement important en ce qu'il met en évidence la nécessité d'opérationnaliser les données transnationales par rapport à la localité (et vice-versa). J'y complète un exercice de théorisation sur la question de la sédimentation du

" Dans la recherche actuelle, depuis les débats sur les déclarations dans l'affaire Sokal, depuis les remises en question particulièrement dans des disciplines comme la sociologie et

l'archéologie, la structure d'une analyse disciplinaire est discutée que ce soit dans des emprunts, des transferts ou des considérations du terrain imposant une lecture

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passage. Cette thèse est le résultat d'une longue réflexion au sujet de l'existence de

spécificités de cultures et au sujet de l'action participative de la localité. La conceptualisation du passage (entre le réseau dans l'espace transnational et la localité) est mise en évidence dans l'articulation de la sédimentation du passage.

Le quatrième chapitre discute du rôle des acteurs dans le réseau. Je reviens dans ce chapitre sur la question incontournable de Le Politique, c'est-à-dire de cette position à assumer par l'acteur à partir des besoins locaux de la localité et en reconnaissant les variables du réseau. Les co-constructions de savoirs participent des médiations des acteurs des six localités. Ces médiations s'imposent dans les échanges durant tout le projet. Il faut mettre à découvert les mécanismes propres à la médiation qui participent d'une politique locale partagée dans une co-construction de savoirs. Si la globalisation est conçue comme un phénomène inéluctable ou incontournable, celui-ci se distancie-t-il des actions participatives des localités? Il me semble que non. C'est pourquoi, il m'a paru important de présenter un cas, où, malgré les difficultés rencontrées, des répercussions locales sont notées à partir des actions des acteurs locaux dans le réseau.

Enfin, dans le cinquième chapitre, je constate les médiatisations et les traductions observées au sein du réseau. Le volet technologique est ici explicité dans sa complexité et son fonctionnement. Les co-constructions de savoirs sont lues dans les médiations. Celles-ci s'ancrent dans des médiatisations résultant dans des matérialités co-construites au transnational, à partir de besoins locaux initialement décrits par chacune des localités. Ces matérialités co-construites sont répercutées localement puisqu'elles ont été sédimentées dans le passage entre les deux lieux à partir des actions participatives des acteurs et des logiques institutionnelles et organisationnelles présentes au moment du réseau.

(14)

Ce travail met en évidence de nouvelles conceptualisations, le but étant d'identifier de nouvelles lectures non seulement du réseau, de la localité, ou des actions participatives d'acteurs, mais aussi de favoriser une théorisation permettant une lecture plus articulée de ces éléments. Les processus transnationaux peuvent opérer à plusieurs niveaux au même moment. Ils sont portés par des facteurs économiques, politiques et socioculturels. Les dynamiques de co-constructions se révèlent dans des temps et espaces juxtaposées par rapport à une ou des localités qui s'introduisent dans des réseaux ouvrant sur des circulations plus nombreuses de contenus et de savoirs. Constater où se produisent ces processus

transnationaux, c'est-à-dire à partir de quel type de lien local, institutionnel ou non, limitrophe ou non, participe à valider la nécessité de créer des conceptualisations précisant les

dynamiques territoriales et participatives. Rendre compte d'une mise en place et d'une mise en temps d'une transnationalité situe autrement la position locale et les investissements par les altérités. La caractéristique transnationale, décrite ici, inclut souvent une analyse de l'infrastructure technologique du réseau. Cependant, en sus de cette observation technique de la structure, les systèmes de circulation agissent selon les acteurs du réseau. Non pas, selon les usages des acteurs, mais selon leurs actions participatives. Ces actions, voulues initialement pour répondre à des besoins locaux et favoriser une co-construction de savoirs, sont

mobilisées dans la réalité de l'échange et de l'investissement par les altérités.

Pour conclure, j'aimerais ajouter aux études culturelles transnationales en considérant deux volets. Dans un premier temps, décrire le passage (en développant à partir de dimensions spatiale et temporelle) pour aboutir à la sédimentation du passage. Dans un deuxième temps, je veux rendre compte de l'aspect culturel, en présentant et explicitant ce que j'entends par l'investissement par les altérités (c'est-à-dire une action au-delà de rapports d'altérité quotidiens) dans des échanges transnationaux. L'investissement par les altérités

(15)

analysé se situe dans l'espace transnational et peut agir dans la localité (et vice-versa).

À

ce moment-là, des enchaînements de médiations et de médiatisations sont présents. La

construction d'objets de connaissance s'appuie sur l'établissement d'enchaînements de traductions et sur différentes médiations (Kihm : 2002, Latour: 2001). Le processus observé dans le réseau du CEARENAD rend compte du réseautage transnational et des passages entre celui-ci et la localité.

(16)

Chapitre 1

Mise en place d'une étude de cas: Le cas du CEARENAD

Dans ce chapitre, il est question de la mise en place du réseau transnational de six localités différentes (Brésil, Canada, Chili, Costa-Rica, Île Maurice, Sénégal) : le

CEARENAD. La localité, on le verra dans cette thèse, rend compte d'une représentation locale institutionnalisée de chacun des pays impliqués. La transnationalité se définit, au départ, comme le lieu de rencontre des six localités où aucune nation, État ou pays, ne possède ou ne domine l'espace dans lequel les localités se rencontrent. Deux catégories de cette mise en place sont constatées dans ce chapitre. La première rend compte du cas observé dans le cadre de cette thèse, le corpus analysé, les documents lus, etc. en présentant, selon les cas, des réflexions à leur sujet, mais surtout, le chemin parcouru pour rendre compte des choix analytiques inévitables dans le contexte actuel des question de la localité, de la globalisation et de la culture. La deuxième catégorie situe la position et le choix du chercheur dans ce cadrage problématique du réseautage, par rapport au terrain observé. Les deux catégories seront présentées parfois en lien l'une avec l'autre, parfois indépendamment l'une de l'autre.

Une approche pragmatique dans les études en communication se justifie doublement pour l'analyse de ce cas. Premièrement, la notion de communication (voir le chapitre suivant) rend compte de la relation entre des entités (objets, personnages, connaissances, ou autres) matérialisées dans un lieu transnational partagé et dans des répercussions locales. Deuxièmement, comme l'affirme Baert, ce pragmatisme rend plus difficile l'acceptation de « blueprints », mode d'analyse établi ne favorisant pas l'inattendu. Les études en communication intègrent les acquis d'autres disciplines tout en mettant en évidence sa particularité; c'est-à-dire de percevoir en quoi la dimension communicationnelle des situations agit sur les résultats ou contredit ceux-ci. Il est clair que nous nous accordons avec Baert et Popper au sujet de la position à saisir au moment des constats de l'ordre

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académique, c'est-à-dire que «Popper's main concern here was to warn us against utopian blueprint of society [ ... ]. 12». En fait, c'est une lecture « historiciste » (que veut éviter Popper comme moi-même) selon laquelle l'étude du passé non seulement détermine le présent, mais prévoie le futur et coïncide ainsi à l'utopie désirée. Dans l'analyse du cas réseauté dans cette thèse, il n'a jamais été question d'établir une lecture déterminant préalablement la description du réseautage. Aucune utopie n'a été formulée par rapport à ce réseautage. La mise en place du réseau résulte de nombreuses discussions entre plusieurs acteurs impliqués dans sa formation et sa mise en marche. «Toward Pragmatism »est le titre d'un ouvrage récent de Baert qui met en évidence les apports et les limites de plusieurs philosophes par rapport aux sciences sociales. Il cite Popper,

In The Open Universe and other publications Popper develops this argument further. The course of history is dependent on knowledge, but it is not possible

to predict the fruits of the growth of knowledge, because to predict what we will know tomorrow would mean to acquire that knowledge now, and that acquisition would raise new problems and more knowledge for tomorrow. A variation of this argument is the paradox of self-prediction. Assuming that we have perfect knowledge of present and past initial conditions, we will not be able to infer our own future predictions, because to predict our own

predictions is already to affect what will be predicted. 13

Popper situe la plupart des phénomènes sociaux les référant aux individus plutôt qu'à une identité supra-individuelle. De plus, il s'accorde pour dire que ces

phénomènes se concluent, très souvent, autrement que ce qui avait été préalablement prévu. S'il est important d'être critique dans une recherche par rapport aux représentations notées (dans un réseau, par exemple), un besoin évident de la description de « ce qui se passe» agit aussi dans un sens critique. La méthodologie nécessaire pour une lecture acceptable de lieux de localités différentes, tant au niveau socio-culturel qu'au niveau économique ou politique, permet de reconnaître les structures internes et externes du réseautage, les acteurs et les

12 Baert, Patrick, Philosophy of the Social Sciences, Towards Pragmatism, Cambridge, Polit y, 2005, p. 63. Il se réfère à deux ouvrages précis de Popper: The Open Society and its Enemies et The Poverty of Historicism.

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actions participatives au sein d'un projet. Exposer un processus et arrimer les matérialités locales ou globales peuvent permettre de nuancer et de mieux définir les répercussions dans les localités. L'agir local participe d'un ancrage, mais il agit aussi de la possibilité de se prononcer dans un espace transnational. Il s'agit dans cette étude de cas de cerner les possibilités de Le Politique, ce qui signifie une réalisation d'autonomie par rapport aux répercussions des acquis dans la localité.

La critique sociale est appropriée chez de nombreux chercheurs dans plusieurs disciplines, cependant, cette critique varie selon les approches des chercheurs (voir au

chapitre suivant). Pour ma part, cette thèse n'est pas une critique sociale du réseautage dans le sens déterminé de rendre compte de pouvoirs donnés dans des contextes ou conjonctures du réseau. Il est question plutôt de discuter de ce que Baert nomme « Self-Understanding ». « By this I mean that understanding ought to be seen as an encounter, firstly, in which we rely upon our cultural presuppositions to gain access to what is being studied, and, secondly, through which we articulate and rearticulate the very same presuppositions.J4 » Baert situe ce postulat dans une réflexion sur l'interdisciplinarité constatant l'importance de concevoir d'autres avenues (académiques ou autres) que la sienne. Je place la pertinence de son propos dans l'étude de cas de cette thèse. La participation des six localités dans le réseau rend compte de savoirs circulant grâce à la mobilité des acteurs, elle-même possible grâce à

l'investissement par les altérités. « One way fo rwa rd is to conceive of knowledge, not as representational, but as a form of action, as something active.

1\>

Je développerai cette question des investissements par les altérités au chapitre 4. Pour le moment, la circulation

14 Baert, Patrick, Philosophy of the Social Sciences, Towards Pragmatism, Cambridge, Polit y,

2005, p. 155.

15 Ibid, p. 154. Baert constate une limite à la conceptualisation de Habermas. Pour Habermas,

l'action communicative résulte en une compréhension et un consensus. Pour sa part, Baert affirme que si l'action communicative peut résulter en un consensus, elle peut aussi résulter en un désaccord. Le problème, selon lui, est encore plus évident lorsqu'il est question de plusieurs cultures. Pour lui, «force of the better argument» d'Habermas ne jouera pas automatiquement (et dans toutes situations) le rôle d'arbitre que Habermas postule.

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inhérente aux mobilités du réseau est nécessaire pour rendre compte des actions des six localités. Cependant, la question de la diversité culturelle répond d'une problématique complexe se multipliant selon les acteurs impliqués. Ce tournant critique inclut la

connaissance ou le savoir en tant qu'outil politique culturel ou socio-économique à partir de mon intuition initiale de l'importance de l'opérationnalisation de la diversité culturelle dans un réseau aux multiples localités.

Si on se posait toutes les questions de diversité culturelle, on ne ferait jamais de projet. C'est justement, quand tu fais un projet, faut pas que tu te poses ces questions-là. Ça fait douze ans que je roule ma bosse à l'international pour la Télé-Université. Si tu alignes les problèmes de la diversité dans son sens, je dirais même, le plus banal, je l'ai expérimenté dans CEARENAD, qu'est-ce que ça veut dire le mot professeur dans quatre langues différentes et dans six cultures. Juste ça. Tu vas voir que la réalité derrière le mot, et que pour avoir des réalités comparables, c'est pas nécessairement le même mot. Alors, si tu commences, a priori, à te poser toutes ces questions-là, tu vas avoir une telle montagne devant toi, tu vas te dire, « je vais rester chez moi. Cela va être beaucoup plus simple et je pourrai gagner ma vie pareille.» Non, il ne faut pas se poser ces questions-là. Et j'ai l'impression que les gens, qui se lancent là-dedans, ont développé une expérience personnelle de la relation à la diversité. Ils ont survécu. Ceux qui continuent, je pense que c'est parce qu'ils aiment ça. Ils y trouvent un gain personnel. Tu fais pas ça si t'as pas un gain personnel. Et c'est sûr que confronter la différence, c'est là que personnellement, tu fais ton gain. Et à ce moment-là, quand tu prépares un tel projet, tu l'abordes en disant, c'est viable, c'est faisable. Tu ne te poses pas les questions. C'est après, une fois que tu as l'argent, et que le projet est accepté, c'est là que tu commences à ramer et à paniquer. Je pense que c'est la seule façon de réussir. C'est de les prendre, après ça, les problèmes, comme ils arrivent et de trouver des solutions ad hoc/6•

Plusieurs éléments incontournables ressortent de cet extrait d'entrevue, notamment, la difficulté de la rencontre dans la diversité culturelle17 tout en confirmant

16 Cette citation est la réponse du deuxième directeur scientifique du projet du CEARENAD. La première entrevue, dont cette citation est tirée, était un pré-test sur la question de la diversité culturelle, le 24 novembre 2000. La question posée: « Comment considère-t-on les différences culturelles dans une entente partenariale et dans un projet qui réunit plus d'un pays? » était le fil conducteur de ma réflexion initiale au sujet du réseau du CEARENAD. 17 La diversité culturelle est d'intérêt premier chez plusieurs chercheurs. Par exemple, lorsqu'il est question de monopoles dans les médias. La question nationale interpelle aussi la diversité culturelle dans le cadre de politiques du multiculturalisme et de l' interculturel. Enfin, depuis la Seconde Guerre mondiale et ce jusqu'à aujourd'hui (malgré des changements radicaux), cette problématique participe de la dimension du développement nord-sud ou autre co-construction possible. Aucun de ces domaines ne s'impose dans le cas étudié. Au contraire, j'ai voulu m'éloigner de ceux-ci, particulièrement de la question du développement qui me

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l'intérêt de celle-ci. Chacune des localités n'a pas obligatoirement la même lecture, d'un texte ou d'une situation, que les autres localités. De plus, l'écriture d'un texte ajoute à la difficulté de s'entendre sur la terminologie choisie pour exprimer un point commun ou une façon de faire. La dimension du « gain personnel» m'a invitée à situer les répercussions locales de l'agir de la localité. Ainsi, les propos de ce directeur scientifique mettent en évidence la participation des acteurs dans le réseau. Implicitement, ceux-ci rendent compte du parcours de chacune des localités dans l'accomplissement de leur objectif et dans les acquis potentiels par rapport à la différence.

Dès le moment de cette première entrevue, j'ai été saisie de la complexité et de la difficulté de réalisation du projet du CEARENAD. Je reconnaissais que les équipes de chacune des localités rencontraient un défi de taille afin de réaliser des objectifs locaux socio-économiques importants. Ce n'était pas seulement la réalisation des rapports entre des gens de différentes cultures qui m'intéressait, mais aussi le fait que les rencontres se plaçaient dans le cadre d'une mission de travail. La relation institutionnelle que chaque localité représentait mettait en évidence l'intérêt à analyser le rôle des acteurs (voir le chapitre 4). À ce sujet, la question de la représentation de l'institution, de la nation, était mise à jour; c'est-à-dire la double responsabilité de l'acteur et la possible dénationalisation des échanges (voir le chapitre

1 et 4 à ce sujet). l'étais intéressée à observer les difficultés de la rencontre à travers l'obligation (ou non) des investissements par les altérités. Je notais que, dans les projets de partenariats, on discutait souvent des résultats, mais pas beaucoup de la relation dans la diversité culturelle, de ses obstacles et de ses acquis. Cependant, si l'analyse de ce cas pouvait profiter d'une approche culturelle, celle-ci ne suffirait pas à rendre compte de la dimension réseautée et technologique. Déjà, au moment de cette première entrevue, des discours de la

semblait une trappe facilement repérable, dans laquelle je ne voyais aucun intérêt de

m'introduire sinon pour reconnaître son ambiguïté. Le cas de réseautage entre six localités de cette thèse est un cas unique dans sa description.

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globalisation pullulaient, des critiques du rapport Nord-Sud ralentissaient les possibilités d'études pour des partenariats avec des pays dits en développement, des stéréotypes

transparaissaient. J'ai voulu nuancer les propos victimisant les personnes des pays du Sud. Je me disais que, peut-être, dans un réseautage comme celui-ci, ces acteurs agissaient selon leurs besoins et donc, ainsi, un certaine autonomie des localités possiblement émergeait. Il est important de noter que tous les acteurs impliqués jouent un rôle déterminant dans le processus. Leur position officielle tient lieu d'une responsabilité institutionnelle, toutefois, leur position individuelle participe des investissements par les altérités. En plus, les acteurs agissent devant et avec les autres individus du réseau. Il ne faut oublier cela, car il m'est apparu, parfois, que le caractère ou la philosophie personnelle d'un acteur profite à une meilleure compréhension des échanges et à la continuité de ceux-ci. Est-ce que ces acteurs et les localités pouvaient se positionner dans le cadre opérationnel et matériel de la

globalisation?

De plus, la présence de la technologie dans le réseautage du partenariat répondait à une nécessité d'analyse d'un volet technologique, le numérique et son

fonctionnement dans sa perception des acteurs dans le réseau et par rapport aux difficultés ajoutées de traductions nécessaires. Je me suis posée la question des médiations, des traductions et des médiatisations répercutées localement (voir le chapitre 5).

Par la suite, j'ai encadré ma réflexion, et j'ai voulu ajouter aux discours sur la globalisation et la localité (le global et le local). Comment ces acteurs usaient-ils de leur droit à communiquer? En observant les investissements par les altérités, il m'est apparu essentiel de développer une théorie du passage. Ayant été depuis longtemps interpellée par les mises en dichotomies des termes de localité et de globalité, il m'a paru important de nuancer celles-ci et de profiter de mes observations pour mieux situer la position locale telle que vécue dans le

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réseau par rapport à l'espace transnational et vice-versa. Que se passait-il entre chacune des localités et l'espace transnational (lieul8 où se rencontraient les six localités) ? Comment opérationnaliser ces passages (voir le chapitre 3) ?

Catégorie 1 Description du cas

Le réseau décrit ci-dessous est un réseau à distance, c'est-à-dire que les acteurs échangent entre eux au sujet de contenu via des technologies et une fois l'an, ils se

rencontrent en face-à-face dans des Journées CEARENAD. Les six partenaires ont pour mission commune de développer la formation à distance dans leurs six localités respectives. Le partenariat du CEARENAD, a été formé à la TÉLUQ (Télé-Université, constituante de l'Université du Québec à Montréal). Une demande à!' ACDI (Agence Canadienne de Développement International) a été formellement présentée. Des questions précises ont alors émergé. Par exemple, le programme doit se révéler pertinent en regard de la situation à

améliorer ou des besoins à combler dans les pays partenaires (voir en annexe, p. 252, Extrait titré: Annexe B, Grilles des questions-clésI9). Le contexte des localités doit être reconnu.

De plus en plus nombreuses sont les organisations d'aide et de coopération internationale qui, au Canada comme à l'étranger, reconnaissent les

particularités du contexte dans lequel s'inscrivent les efforts déployés en matière de développement. Par définition, celui-ci est complexe puisque

18 Ce lieu de rencontre n'est pas physique. Les acteurs échangent via la technologie. Ils se rencontrent une fois l'an dans des Journées CEARENAD. La description transnationale dans le cadre analytique de cette thèse au sujet de juxtapositions d'espaces et de temps rend compte d'un lieu autre que le lieu local d'une part, et, d'autre part, d'un lieu où chacune des localités agit participativement. De plus, ce lieu n'obéit pas à une structure nationale ou à des

structures locales. En fait, une organisation supra-nationale, ou supra-locale, invite les acteurs à co-construire dans cet espace partagé. Ainsi, dans ce texte, le terme transnational rend compte de cet espace commun aux six localités.

19 Cette grille était présentée dans le document « La gestion axée sur les résultats », Un guide à

l'intention des partenaires du PPUCD (Programme de Partenariats Universitaires en

coopération et développement), Programme des institutions d'éducation, Agence canadienne de développement international, automne 1997.

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tributaire de la conjugaison d'une multitude de facteurs d'ordre autant économique, social, environnemental, culturel et politique20•

Le principe de concertation des partenaires est mis de l'avant. Nous verrons cependant que celui-ci est définitivement complexifié dans ce partenariat réseauté de six cultures, de quatre langues et de six institutions. Le programme du CEARENAD a débuté en 1998 et s'est terminé en 2003. Dans le plan d'exécution 1998-20032\ la finalité et le but de

programme sont introduits ainsi:

Le programme veut contribuer à satisfaire les besoins de formation des populations visées par l'enrichissement des compétences scientifiques et pédagogiques et le partage des ressources et des expertises des partenaires. [ ... ] Ce centre sera un réseau réel et virtuel de savoirs, de compétences et

d'expertises permettant d'exploiter, d'adapter et de développer le savoir en formation à distance et du matériel d'apprentissage pour favoriser le développement durable des organisations et des populations locales et régionales grâce à des échanges multilatéraux entre des établissements partenaires reliés par un système de communication moderne22•

Dans la section 3.1, du plan d'exécution 1998-2003, la conformité aux besoins et objectifs des localités concernées est stipulée ainsi:

Le programme proposé repose entièrement sur les objectifs fixés par les établissements partenaires pour répondre aux besoins de leur pays. En effet qu'il s'agisse de besoins de formation des maîtres (Brésil et Sénégal),

d'éducation à l'environnement (Brésil, Costa-Rica et Sénégal), d'amélioration de l'accès à l'enseignement tertiaire et à la formation continue des travailleurs (Île Maurice, Sénégal, Chili) ou encore de la nécessité de renouveler la

pédagogie par l'intégration des TIC ( Brésil, Chili, Costa-Rica), l'ensemble des partenaires considère la FAD (formation à distance) comme une solution rationnelle et efficace pour permettre à des clientèles nombreuses d'avoir accès à des programmes de formation de base, de perfectionnement ou de formation continue en cours d'emploi. Tous souhaitent également pouvoir, par ce moyen, rejoindre plus de femmes dont les conditions de vie et de travail ne sont pas toujours prises en compte par les systèmes d'enseignement traditionnels. Or, ces établissements ne peuvent pas à eux seuls atteindre leur plein potentiel en matière de FAD, faute de moyens, de ressources, d'expertise ou de matériel23•

20 Ibid, p. 1. L'ACDI choisit cette méthode axée sur les résultats favorisant, selon elle, un moyen plus efficace de démontrer le rendement et l'efficacité d'un programme financé par les deniers publics.

21 Plan d'exécution 1998-2003, CEARENAD, 1998. 22 Ibid, p.

5.

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Au départ, le CEARENAD24 a été réfléchi en considérant sept composantes: la mise en place du CEARENAD, le transfert technologique et pédagogique, l'application des savoirs de la formation à distance, le développement de modèles pédagogiques, le réseau d'aide-conseil, la recherche appliquée et l'éducation au développement. Les technologies de l'information et de la communication ont été utilisées tant pour les échanges entre les

partenaires que pour la mise en place locale chez les partenaires pour soutenir l'application de la formation à distance dans les domaines prioritaires des partenaires étant donné les besoins de chacun, la population à desservir, la réalité des conditions de travai125.

La dernière phase du projet, subventionnée par l'ACDI sur un plan de cinq ans, s'est terminée en novembre 2003. Il n'est pas question dans mon analyse de nommer les intervenants puisque le but de la recherche est de réfléchir sur des situations émergentes dans des échanges entre cultures dans des espaces réseautés précis. Cependant, la position tenue par le participant sera inscrite lorsque nécessaire. Pour ce qui est de l'ACDI, je situe les exigences de l'ACDI (sans toutefois les remettre en question), car ces exigences ont eu un impact sur les choix de sujets de contenus, par exemple la parité des sexes et l'environnement. Il est important toutefois de se rappeler qui si l'ACDI est la membrane financière du projet, c'est surtout parce que les pays impliqués n'ont pas, dans leur structure politique et

économique actuelle, de tels organismes à leur disposition pour des fonds de ce type.

En 1998, durant huit mois, la mise en œuvre du partenariat analysé se

constitue. Auparavant, chacune des universités impliquées avait déjà travaillé en équipe avec

24CEARENAD, Plan d'exécution, 1998-2003.

25 À ce sujet, je n'ai pas vérifié l'organisation locale de chacune des localités. Cette thèse n'est pas de ce type de recherche. De nouveau, la problématique de l'accès y est liée et des analyses approfondies au sein de chacune des localités (terrain extrêmement large et à long terme) seraient à faire.

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la TÉLUQ. En fait, au départ, l'équipe initiale (d'un projet antérieur d'où a découlé celui-ci) avait proposé une douzaine de partenaires. L'ACDI avait exigé que le nombre de partenaires soit diminué et que la sélection se fasse avec comme critère l'expérience antérieure d'une collaboration avec la TÉLUQ. Quatre autres critères complètent les exigences de sélection des partenaires. En sus de la connaissance mutuelle et de l'expérience avec la TÉLUQ, l'expérience particulière et complémentaire en FAD, les intérêts communs pour différents domaines de formation, l'intérêt et la capacité d'absorption démontrés et, l'intérêt à jouer un rôle au niveau régional en FAD.

Les instances du CEARENAD ont été constituées d'un conseil d'orientation, d'un comité de coordination, d'une équipe de programme, d'un comité scientifique et d'un comité d'intégration des femmes au développement. La direction du programme est

constituée d'une directrice du programme, d'un directeur scientifique, d'un chargé de programme (supervisant les chargés de projet), d'un responsable de composante, d'un coordonnateur et d'un comité de gestion26• C'est une dimension importante, car elle rend compte d'un niveau de la construction organisationnelle nécessaire à long terme dans un réseau avant même qu'il soit opérationnel.

Les partenaires extérieurs sont les suivants: L'Instituto de Educaçao de l'Universidade Federal de Mato Grosso au Brésil, Teleduc de la Pontificia Universidad Catolica au Chili, L'Universidad Estatal a Distançia au Costa-Rica, L'University of Mauricius à l'Île Maurice, l'Université Cheikh Anta Diop au Sénégal. Voici des précisions2?

sur chacun des six établissements impliqués:

26 Pour des détails concernant la structure organisationnelle de gestion du CEARENAD, voir, en annexe, p. 253, le point 7, du Plan d'exécution 1998-2003.

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L'Instituto de Educaçao[lE] de l'Universidade Federal de Mato Grosso [UFMT] au Brésil: Au Mato Grosso, la formation de maîtres et le développement sont des priorités. Il est nécessaire de créer des programmes et des modèles pour ajouter à la formation des enseignants dont seulement 17% ont un diplôme d'études supérieures. L'équilibre

environnemental est un sujet important au Brésil particulièrement au Mato Grosso, région près des forêts amazoniennes. L'institut de l'UFMT a été créé il y a une trentaine d'années. Il avait, dès le départ, une préoccupation envers l'école publique, la formation et l'encadrement des maîtres, axe central de l'institut. La FAD est déjà utilisée par le biais de projets de

regroupements brésiliens. L'lE voudrait étendre son utilisation dans la région et ailleurs dans le pays. Au moment de mon entrevue avec le recteur (et quelques jours avant les élections au Brésil où Lula est élu), le recteur me dit avoir rencontré les chefs des différents partis

politiques pour échanger sur les besoins du Brésil en éducation.

TELEDUC de la Pontificia Universidad Catolica au Chili: À partir de 1990, le Chili s'intègre au contexte international. Les demandes de formation liées au contexte économique sont difficiles à rencontrer. Ainsi, des programmes de perfectionnement sont nécessaires, des formations de maîtres pour une formation de base et une formation sur le terrain. Un domaine privilégié par les deux derniers gouvernements, l'éducation exige la modernisation du système. TELEDUC est une unité de formation à distance de l'université s'adressant aux adultes au travail et s'intéressant à la formation technique. Son expertise en F AD date de plus de 20 ans.

L'Universidad Estatal a Distançia [ UNED] au Costa-Rica: Le Costa-Rica doit s'ajuster, comme tous les autres pays partenaires, à la nouvelle économie mondiale. La formation en environnement est là-aussi un facteur majeur, l'écosystème y étant riche, mais fragile. Créée il y a 20 ans, l'université dispose de 29 sites répartis dans le pays. L'UNED

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compte étendre la F AD en environnement aux régions éloignées et aux pays voisins. Elle est la seule université à distance en Amérique centrale.

L'University of Mauricius [UOM] à l'Île Maurice: L'institution veut aUSSI répondre à la concurrence mondiale en élaborant un cadre institutionnel plus souple et plus compétitif. Créée en 1965, juste quelques années avant que le pays déclare son indépendance, l'université veut continuer de répondre à cette nouvelle situation politique.

L'Université Cheikh Anta Diop [UCAD] au Sénégal: Le Sénégal a marqué le pas dans les années 1984-96 en matière de scolarisation et d'alphabétisation. Cependant, le peu de main-d'œuvre qualifiée limite son évolution. La formation des maîtres est nécessaire. L'École Normale Supérieure (ENS) de l'UCAD assure la formation initiale dans le pays.

La Télé-Université, [TÉLUQ] de l'Université du Québec à Montréal: alors constituante de l'Université du Québec (la TÉLUQ n'a plus ses lettres patentes. Elle est maintenant intégrée au sein de l'Université du Québec), elle œuvre dans la FAD depuis 1972.

La question d'accès diffère selon les pratiques et les économies. Il a été dit maintes fois au sujet de la question du Digital Divide : l'accès n'est pas le même selon l'endroit. Toutefois, dans ma recherche, le réseautage via la technologie existe via six différentes institutions à partir d'un projet en formation à distance impliquant des visions sociales précises et rendant compte d'une présence de la technologie. La formation à distance est déjà présente dans chacune des localités (même si c'est de façon inégale ou différente). Par exemple, à l'Île Maurice, ce n'est pas le besoin de combler une distance, mais plutôt la nécessité de multiplier le lieu d'apprentissage qui a été le chaînon manquant et la raison de leur participation au réseautage. Au Sénégal, il est impossible de déplacer l'enseignant, la

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formation doit lui être donnée à distance. Il ne peut quitter son territoire puisque qu'il y a un manque de formateurs et d'enseignants au Sénégal. Il doit être formé dans son territoire et à distance. Il n'est pas question d'accès dans cette étude de cas, mais bien, plutôt, de la prise en charge d'une autonomie dans la disponibilité de l'accès.

Les discours des recteurs peuvent varier d'une université à l'autre. Parfois, c'est le cas du Costa-Rica, le recteur change et amplifie le soutien institutionnel du projet. Pour que le projet fonctionne, il faut absolument le soutien administratif et le soutien organisationnel de l'université locale. Par exemple, au Chili, dans la seule université privée impliquée dans le partenariat réseauté, le soutien du recteur, au début du projet est très fort, mais il diminue peu à peu pour réellement nuire à l'accomplissement de certaines tâches qui ont été attribuées à l'équipe chilienne. Cependant, au Brésil, l'équipe brésilienne est particulièrement impliquée politiquement. Le recteur consulte les membres du gouvernement afin de les sensibiliser à la nécessité de développer des contenus locaux en formation à distance (plutôt que de se faire imposer des contenus par l'Australie ou les États-Unis). Bien sûr, la crainte de se voir imposer des contenus étrangers est toujours présente et motive des actions locales pour tenter de

contrer l'arrivée de ces contenus étrangers et de présenter ses contenus locaux. Le Brésil et l'Île Maurice agissent En ce sens, les recteurs étaient très concernés par la logique marchande discutée par rapport à l'éducation dans des ententes telles celles du Gatt.

Dans le réseautage analysé, des participants de pays aux situations politico-économiques différentes sont impliqués. Le réseau, dans son cadre limité, donne toutefois accès non seulement à la technologie et à la formation, mais aussi à une participation

autonome et décisionnelle. Ceci dit, si, parfois, l'aspect structurel et organisationnel du projet en FAD est mis en évidence dans cette recherche, l'intention n'est pas de discuter le pour ou le contre de la formation à distance. Je suis intéressée, une fois les objectifs établis, par les

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investissements par les altérités: comment ceux-ci participent aux mises en phase du projet dans la forme réseautée. De plus, la problématique des appartenances et des

opérationnalisations de la globalisation et de la localité participe de mon intérêt de chercheure. Mon analyse profite de mes observations du réseautage pour compléter un exercice de théorisation du passage et de sa sédimentation (voir le chapitre 3).

Au sujet de mes observations du cas de réseautage du CEARENAD, plusieurs documents ont été analysés28

• De nombreux documents officiels ont aussi été pris en considération29• L'analyse de ces documents officiels a mis en lumière certaines balises à

28 J'ai analysé des transcriptions d'entrevues que j'ai réalisées à Montréal et à l'Île Maurice, durant différentes mises en phase du projet. La première entrevue était le 24 novembre 2000. J'ai alors rencontré le deuxième directeur scientifique du projet (le premier tombé malade, celui-ci l'a remplacé dans sa fonction). Dans la dernière année du projet, en 2003, il Y aura un nouveau directeur scientifique qui jouera un rôle clé pour motiver tous les participants à livrer les contenus dans les délais entendus. J'ai aussi interviewé ce directeur scientifique à

l'automne 2003. J'ai réalisé des entrevues avec des chargés de programme dans la ville de Québec lors de rencontres en face-à-face au printemps 2002. Les participants avaient des horaires très chargés. J'ai réussi à les interviewer deux à la fois (les chargés de programme de l'Île Maurice et du Sénégal) ou trois à la fois (les chargés de programme des pays de

l'Amérique Latine). J'ai rencontré le chargé de programme du Canada plus tard durant la saison (comme le temps était restreint, j'ai préféré l'utiliser pour rencontrer les participants venant de l'extérieur du Canada sachant que je pourrai facilement le rencontrer, à Québec). Les recteurs des universités étaient aussi présents, mais il m'a été impossible de les rencontrer à ce moment-là. Toutefois, ils ont, à tour de rôle, fait un tour de parole officiel pour présenter leur institution et la relation au projet. J'ai été observatrice de ces présentations. J'ai, lors de cette rencontre, rencontré la directrice du programme qui avait initié le projet à la TÉLUQ. J'ai appris alors qu'il y aurait une autre rencontre, les Journées CEARENAD, avec un plus grand nombre de participants, à l'automne 2002 à l'Île Maurice. Je me suis dit alors que ce serait intéressant que j'y aille pour rencontrer les acteurs. D'abord, je pourrais rencontrer plusieurs participants venant des six pays impliqués dans le projet. Je serais observatrice de présentations des équipes sur le rendu des contenus. De plus, je trouvais important de rencontrer les participants dans un des pays autre que le Canada pour tenter de saisir de nouvelles perceptions du projet, dans une localité qui m'était étrangère et qui, par définition, était en développement. En sus, je voulais situer le lien local avec celui plus global. Observer l'équipe locale recevant les autres localités. Enfin, à Québec et à Montréal, j'ai rencontré et interviewé, à deux autres reprises, la directrice du programme pour préciser des éléments et poser de nouvelles questions. La directrice du programme a été impliquée dès le début du projet jusqu'à la fin de celui-ci.

29 Par exemple: La gestion axée sur les résultats, le guide à l'intention des partenaires du PPUCD de l'ACDI, automne 1997, un autre document de l'ACDI : Partenariats universitaires en coopération et développement, janvier 2000, les plans d'action 1998-2000, les portraits des établissements, 1998-2000, le plan d'exécution 1998-2003, l'évaluation externe du projet

(30)

respecter dans le cadre du projet et a permis d'entrevoir les nombreuses étapes

bureaucratiques nécessaires pour réussir à faire un tel projet. Il serait possible de noter les conditions financières du projet. Toutefois, je ne suis pas intéressée à faire une analyse socio-économique du projet; cependant, ces éléments peuvent ajouter à la compréhension des mises en phases ainsi qu'à la réalisation des multiples facettes organisationnelles telles que décrites par Latour (1999). Deux constats sont éclairants: le premier, la nécessité de rendre compte des résultats tangibles dans une matérialité concrète. Ceux-ci valident (ou non)

l'investissement de fonds publics. Le deuxième tient compte de résultats non tangibles, mais non moins matériels, soit une réalité acquise dans un processus d'opérationnalisation, de répercussions, à partir de l'existence du passage dans les localités. Mon but, en analysant ces textes, est de mettre en évidence des révélations du processus dans le sens de l'investissement par les altérités dans l'exercice de la sédimentation du passage. Comment se construit le réseau? De quelle façon une localité y participe-t-elle ? Avant tout, ma démarche est

exploratoire dans le sens de la description, elle tient compte des interventions des acteurs dans les différentes mises en phase à des moments spécifiques. J'aimerais ajouter aux lectures déjà existantes du réseautage, une perspective culturelle transnationale investie.

CEARENAD, 15 juillet 2003, le rapport defin de programme, février 2004. Dans ce rapport, le directeur scientifique présente le bilan du projet tel que vu par les acteurs impliqués. Les participants des six pays ont été rencontrés via des audioconférences et chacun a fait ses commentaires. J'ai aussi lu le journal informel du réseau, Le monde CEARENAD, invitant les participants à présenter des textes que ce soit des réflexions ou des résumés de rencontres. La mission de ce journal était d'offrir un espace d'expression publique limité au lectorat des acteurs impliqués dans le projet dans le but de provoquer des échanges. Enfin, j'ai reçu, en hiver 2005, les résultats finaux du projet sur disquettes. C'est-à-dire les contenus des

différents thèmes réalisés durant les cinq années d'existence de réseautage de CEARENAD. Cependant, le but de cette recherche n'est pas de faire une lecture des contenus précis de cours ou de programme proposés par les partenaires dans leur localité, mais bien de rendre compte de matérialités tangibles et moins tangibles.

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La Dimension collective du travail

Les conditions de l'analyse et de la construction du réseau dépendent de la dimension collective du travail produieo. Cependant, une dimension individuelle, celle de l'acteur local, participe à l'analyse. L'acteur agira à partir des besoins locaux de son institution dans un espace transnational où collectivement tous les acteurs impliqués discuteront des contenus. L'acteur de la localité fera des va-et-vient entre cet espace/lieu transnational et sa localité. Le passage obligé qu'il traverse chaque fois m'intéresse

particulièrement. Car s'il y a répercussion locale, c'est bien parce qu'il y a eu sédimentation du passage c'est-à-dire reconnaissance de l'expertise acquise au transnational pour pouvoir l'appliquer dans la localité. Cependant, le réseau que j'observe possède aussi une dimension collective opérationnalisée dans plusieurs mises en phase. D'abord, dans le regroupement initial démarrant le projet (les partenaires s'accordent). Par la suite, l'acceptation de l'ACDI a été essentielle pour recevoir les fonds nécessaires à la réalisation du projet. À partir de ce moment, le réseautage se modifie: d'une gestion linéaire (suite aux critiques des participants) à une gestion par projets. Ensuite, les étapes d'appropriation du réseau dans ses nombreuses dimensions et les résultats finaux dans leur matérialité sont constatés, pour noter aussi une valeur ajoutée de l'expertise acquise dans la diversité culturelle à partir de l'expérience réseautée transnationale.

De la dimension collective à celle de communauté des pratiques, la lecture du réseau exige de rendre compte de l'aspect collectif de celui-ci. Différents auteurs tentent de situer les pratiques d'acteurs. Par exemple, pour Barton et Tusting, «The starting point for the idea of a community of practice is that people typically come together in groupings to carry

30 Voir l'ouvrage de Bruno Latour et Steve Woolgar, "La vie de laboratoire", Éditions La Découverte, 1979.

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