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L'hyperphagie boulimique et la dépendance alimentaire : comparaison des profils

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Academic year: 2021

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© Andrée-Anne Breault, 2020

L'hyperphagie boulimique et la dépendance

alimentaire: comparaison des profils

Mémoire doctoral

Andrée-Anne Breault

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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L’hyperphagie boulimique et la dépendance alimentaire:

comparaison des profils

Mémoire doctoral

Andrée-Anne Breault

Sous la direction de :

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RÉSUMÉ

La dépendance alimentaire (DA) est un sujet qui attire de plus en plus l’attention de la communauté scientifique. De l’avis de nombreux chercheurs et professionnels, certains des comportements alimentaires reliés à la DA s’apparenteraient étroitement aux comportements observés dans l’hyperphagie boulimique (HB), également nommé trouble d’accès hyperphagique (TAH) dans le DSM 5. Afin de contribuer à la compréhension de cette relation, la présente étude vise à comparer les profils des personnes ayant une DA avec ou sans HB dans le but de mieux comprendre ce qui distingue l’HB de la DA. Pour y parvenir, des participants présentant une DA ont été recrutés dans une population clinique et divisés en deux groupes, soit un groupe de personnes avec de la DA sans HB (groupe DA) et un autre composé de gens présentant de l’HB combinée à de la DA (groupe HB+DA). Les deux groupes ont été comparés sur la sévérité des comportements alimentaires, la satisfaction corporelle, les symptômes de dépression, les symptômes d’anxiété et les traits de personnalité. Les résultats obtenus montrent que le groupe HB+DA présenterait plus de symptômes dépressifs et anxieux. De plus, il est possible d’observer que certains patrons de relations entre les variables mesurées sont différents selon l’appartenance au groupe. En effet, la restriction serait associée positivement avec les symptômes dépressifs, la désinhibition et la susceptibilité à la faim dans le groupe DA, alors qu’elle serait reliée négativement dans le groupe DA+HB. La satisfaction corporelle semble également corréler plus fortement et négativement avec les accès hyperphagiques dans le groupe DA+HB comparativement au groupe DA. Finalement, le sens des relations suggère que le groupe DA présenterait un profil de personnalité plus impulsif et rechercherait davantage le changement et l’excitation. Il serait aussi plus sensible, dépendant affectif et plus persévérant. Ces résultats permettent de mieux saisir les distinctions existantes entre les deux troubles et contribue à la réflexion sur les pistes d’intervention possibles auprès des personnes présentant une DA.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... ii

LISTE DES TABLEAUX ... v

LISTE DES FIGURES ... vi

LISTE DES ABRÉVIATIONS ... vii

REMERCIEMENTS ... viii

INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE 1 : CONTEXTE THÉORIQUE ... 2

La dépendance alimentaire ... 2

Définition 2 Nourriture comme substance addictive 3 Prévalence 5 Profil des individus présentant une DA 5 Personnalité et tempérament 6 Un lien avec l’hyperphagie boulimique? 7 L’hyperphagie boulimique ... 7

Définition 7 Prévalence 8 Évolution 9 Étiologie et facteurs de risques 9 Comportements alimentaires 11 Difficultés associées 12 Ressemblance entre la DA et l’HB ... 13

Différence entre la DA et l’HB... 14

Association entre la DA et l’HB ... 16

CHAPITRE 2 : OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 20

CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE... 21

Participants ... 21

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Instruments ... 23

Analyses statistiques ... 27

CHAPITRE 4 : RÉSULTATS ... 28

Comparaison des groupes DA et HB-DA... 28

Comparaison des patrons de relations ... 30

CHAPITRE 5 : DISCUSSION ... 33

CONCLUSION ... 39

Limites de l’étude ... 39

Implication et pistes de recherche ... 40

BIBLIOGRAPHIE ... 43 TABLEAUX ... 58 ANNEXE A ... 60 ANNEXE B ... 61 ANNEXE C ... 67 ANNEXE D ... 70 ANNEXE E ... 82 ANNEXE F ... 87 ANNEXE G ... 92 ANNEXE H ... 94 ANNEXE I ... 98 ANNEXE J ... 103 ANNEXE K ... 108 ANNEXE L ... 110

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Moyennes et écarts-types des groupes DA et HB+DA pour les scores mesurant les problématiques du poids et de l’alimentation, les symptômes psychopathologiques et les traits de personnalité ... 54 Tableau 2. Corrélations entre les scores mesurant les problématiques du poids et de l’alimentation, les symptômes psychopathologiques et les traits de personnalité pour les groupes DA et HB+DA ... 55

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LISTE DES FIGURES

Figure 1. Représentation graphique des effets modérateurs de l’HB sur le lien entre l’évitement du danger et la recherche de nouveauté ... 29 Figure 2. Représentation graphique des effets modérateurs de l’HB sur le lien entre l’évitement du danger et l’auto-détermination ... 29

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

APA American Psychiatric Association

BDES Estime corporelle pour adolescents et Adultes

BDI-II Beck Depression Inventory-II

BES Binge Eating Scale

CEPIA Centre d’expertise sur le Poids, l’Image et l’Alimentation

DA Dépendance alimentaire

DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition EDE Eating Disorder Examination Interview 12.0

HB Hyperphagie boulimique

IMC Indice de masse corporelle

INAF Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels

MANOVA Analyse de variance multivariée

NEDA National Eating Disorders Association

SCEP Service de consultation de l’École de psychologie

STATE Inventaire d'Anxiété Situationnelle

TCI Temperament and Character Inventory

TDA/H Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

TFEQ Three Factors Eating Questionnaire

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REMERCIEMENTS

Le dépôt de mon mémoire doctoral représente beaucoup plus à mes yeux que la simple complétion d’un long et fastidieux travail de recherche. Ce dépôt représente pour moi rien de moins que le début de la fin de ma formation universitaire en psychologie, soit probablement l’aventure la plus folle et la plus intense que j’ai entreprise de toute ma vie.

Je voudrais tout d’abord remercier ma directrice Catherine Bégin, le point de départ de mon périple doctoral à Québec. Merci de m’avoir fait confiance et m’avoir accueilli dans ta belle et grande famille d’étudiants. Sans cette ouverture et sans ton soutien, je ne serais pas où je suis aujourd’hui.

Merci également à Monsieur Sabourin d’avoir accepté de siéger sur mon comité d’encadrement. Votre expérience et vos encouragements m’auront grandement servi, autant au niveau académique qu’au niveau personnel.

Je tiens aussi à remercier chacun de mes collègues de laboratoire : Audrey, Christopher, Julie, Laurie, Anne-Sophie, Maxime, Marilou et Andrée-Anne. De près ou de loin, vous avez tous contribué au développement de ce mémoire, que ce soit en m’aidant pour une millième fois avec mes analyses statistiques, en prenant du temps avec moi afin de peaufiner mes présentations, en développant la banque de données que j’ai utilisée, en poursuivant ce que j’ai commencé, en m’écoutant, me supportant, m’encourageant… bref, merci! Sachez qu’il y a une bonne partie de vous dans ce travail.

Je ne pourrais pas passer sous silence l’ensemble des amis formidables qui font maintenant partie de ma vie et qui m’ont supporté du début à la fin de ce périple. Merci pour votre patience, votre compréhension en or, votre présence et votre écoute à travers ce tourbillon d’émotions et de remises en question que je vous ai fait traverser avec moi malgré vous! Merci pour tous ces petits moments précieux qui ont souvent fait la différence. Je pense entre autres à Laura et tes visites à l’improviste qui me faisaient tellement plaisir, à Marjorie et nos appels qui n’en finissaient plus de finir, à Maryse et tes courriels remplis d’amour. Merci à tous d’avoir été là pour moi durant toutes ces années!

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Merci à ma sœur et mes parents, même si un simple mot de remerciement me paraît totalement absurde, car ça ne pourra jamais exprimer toute la gratitude que j’ai pour ce que vous avez fait pour moi durant mon long parcours universitaire. Merci pour votre amour inconditionnel et pour toutes les plus petites attentions, tous les plus minuscules détails que vous avez pris en considération, pas seulement pour que je puisse réussir, mais simplement pour que je sois heureuse. Il n’y a pas de mot pour exprimer à quel point je suis reconnaissante de vous avoir dans ma vie.

Finalement, un merci tout spécial à l’homme de ma vie, la personne qui m’a le plus étroitement supporté tout au long de mon doctorat. Celui qui a reçu de plein fouet chacune des perturbations qui ont accompagné mon parcours et qui m’a soutenu avec tout son cœur sans jamais broncher. Merci Jean-François pour ta compréhension et ta patience sans limites, j’ai toute la chance du monde de partager ma vie avec toi. Tu es une personne tout simplement extraordinaire et je ne te remercierai jamais assez pour tout le support auquel j’ai eu droit durant ces dernières années d’étude.

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INTRODUCTION

L’association entre la dépendance et les troubles des conduites alimentaires (TCA) intéresse les milieux scientifique et clinique depuis de nombreuses années (Davis & Claridges, 1998; Pelchat, 2009; Vandereycken, 1990). Notamment, plusieurs ont vu dans la consommation excessive d’aliments des comportements s’apparentant à une dépendance aux substances (Davis, 2013a). Suivant cette logique, certains se sont penchés sur les similitudes et les différences existant entre les deux problématiques afin de mieux saisir la complexité des mécanismes impliqués dans les problématiques liées au poids et à l’alimentation. Ces études ont progressivement contribué à l’élaboration du concept de dépendance alimentaire (DA), un construit s’apparentant à un trouble lié aux substances appliqué à la nourriture.

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CHAPITRE 1 : CONTEXTE THÉORIQUE

La dépendance alimentaire

Définition

C’est en 1956 que le terme « food addiction » (dépendance alimentaire) apparaît pour la première fois dans la littérature scientifique (Randolph, 1956). Malgré l’apparition de quelques articles sur le sujet durant les décennies subséquentes, la définition du construit ne fait pas l’unanimité et varie d’un article à l’autre (Meule, 2015). Tandis qu’on observe une multiplication de publications sur le sujet au début du 20e siècle, c’est grâce au développement du questionnaire auto-rapporté le Yale Food Addiction Scale (YFAS) en 2009 que l’on systématise la définition de la DA en offrant un outil standardisé qui permet de distinguer les individus présentant des symptômes de DA (Gearhardt, Corbin & Brownell, 2009a). Le YFAS est composé de 25 items majoritairement inspirés des sept critères diagnostiques de dépendance aux substances du DSM-IV-TR (American Psychiatric Association [APA], 2000). Pour chacun des critères diagnostiques de dépendance aux substances, on compte de deux à quatre items. Par exemple, l’item « Je continue à consommer certains aliments même si je n’ai plus faim » fait référence au critère diagnostique « La substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévue ». En plus des critères diagnostiques d’une dépendance dans le DSM, les échelles de dépendance comportementale du South Oaks Gambling

Screen (Lesieur & Blime, 1987), de l’Exercise Dependence Scale (Hausenblas & Downs,

2002), et du Carnes’ Sexual Addiction Screening Tool (Carnes, 1989) ont aussi servi au développement de l’outil. Le YFAS comporte également deux questions permettant d’évaluer la détresse et l’altération du fonctionnement en lien avec les symptômes de DA.

Depuis son développement, le YFAS est largement utilisé par la communauté scientifique s’intéressant aux dépendances alimentaires. Le critère du YFAS le plus commun dans la population serait « Un désir persistant ou des efforts infructueux de réduire ou de contrôler sa consommation de nourriture » (Flint et al., 2014). Ce critère est d’ailleurs endossé par approximativement tous les individus souffrant d’obésité (Eichen, Lent, Goldbacher & Foster, 2013; Gearhardt, White, Masheb & Grilo, 2013). Les autres

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critères les plus fréquents seraient « Continuer de manger malgré des conséquences négatives » et « Tolérance », plus particulièrement chez les personnes présentant de l’obésité (Meule & Gearhardt, 2014).

Récemment, une nouvelle version du questionnaire appelé YFAS 2.0 a fait son apparition afin de s’adapter à l’évolution du diagnostic de dépendance à une substance (Gearhardt, Corbin & Brownell, 2016; Schulte & Gearhardt, 2017). À la suite de la parution du 5, les diagnostics de dépendance aux substances et d’abus de substance du DSM-IV ont été combinés en un seul et même diagnostic nommé : troubles liés à une substance (APA, 2013). Cette modification fut accompagnée de l’ajout du critère d’envie impérieuse (craving), fort désir ou besoin pressant d’utiliser la substance, du retrait du critère des problèmes judiciaires répétés et de l’ajout d’un continuum composé des trois niveaux de sévérité suivants: léger (2-3 symptômes), modéré (4-5 symptômes) et sévère (6 symptômes ou plus). En 2016, le YFAS 2.0 a donc été développé afin de refléter les critères du diagnostic de trouble d'utilisation de substance présents dans le DSM-5. Pour assurer une continuité entre les deux mesures du YFAS, une étude a été menée afin de comparer le YFAS 2.0 et le YFAS original sur un ensemble de variables (Gearhardt, Corbin & Brownell, 2016). De façon générale, il a été démontré que le YFAS 2.0 était comparable au YFAS original quant à son association avec l’IMC, les accès hyperphagiques et les variations de poids cycliques. Celui-ci démontrait également une bonne consistance interne, ainsi qu’une bonne validité convergente, discriminante et empirique.

Nourriture comme substance addictive

Par le choix de ses items, le questionnaire YFAS suggère que la définition de la DA serait constituée de symptômes approximativement équivalents aux symptômes d’une dépendance aux substances, mais appliqué à la nourriture. Or, certains chercheurs proposeraient même que la nourriture particulièrement appétissante, contenant une grande quantité de sucre, de sel et de gras, aurait des propriétés addictives et agirait de la même façon qu’une drogue dans le cerveau (Avena, Rada & Hoebel, 2009; Meule & Gearhardt, 2014).

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Au début des années 2000, plusieurs se sont intéressés aux mécanismes neuronaux partagés entre la consommation excessive de nourriture et les troubles liés à une substance. Basées sur un modèle animal, des études menées auprès de rats ont permis de démontrer que les animaux à qui on donnait accès à de la nourriture sucrée, à la suite d’une période de privation, montraient des symptômes s’apparentant à ceux de la dépendance aux substances (Avena, Rada & Hoebel, 2008). Notamment, les rats pouvaient consommer une très grande quantité de nourriture en très peu de temps, de manière similaire à un accès hyperphagique, malgré une conséquence négative impliquant des décharges électriques (Avena et al., 2008; Gearhardt, White & N Potenza, 2011; Johnson & Kenny, 2010). En plus de ces changements comportementaux, il a aussi été possible d’observer chez ces rats des altérations neurologiques au niveau de circuits impliqués dans la dépendance aux substances, dont le circuit dopaminergique et le système opioïde (Hoebel, Rada, Mark & Pothos, 1999; Nieto, Wilson, Cupo, Roques & Noble, 2002). Par exemple, une réduction des récepteurs de dopamine D2 a été observée chez les rats ayant consommé une grande

quantité de nourriture calorique sur une longue période (Johnson & Kenny, 2010).

Bien qu’un grand nombre d’auteurs appuie cette théorie et qu’il existe plusieurs études sur le sujet, la majorité de celles-ci prend assise sur un modèle animal (Davis, 2013a). Par conséquent, aucune étude à ce jour n’a pu évaluer l’ampleur de ce potentiel addictif sur les êtres humains et dans quelle mesure celui-ci pourrait avoir un impact réel sur les comportements alimentaires. De ce fait, d’autres chercheurs se sont opposés à cette théorie (Albayrak, Wölfle & Hebebrand, 2012; Hebebranda et al., 2015; Wilson, 2010; Nolan, 2017) et proposent plutôt de classer la DA dans la catégorie des dépendances comportementales, soit une forme de dépendance impliquant une compulsion à s’engager dans des comportements renforçants qui ne seraient pas causés par une substance psychoactive (Rosenberg & Feder, 2014). Parmi les diagnostics inclus dans la famille des dépendances du DSM-5, seul le jeu pathologique se trouve dans la catégorie des troubles non liés aux substances, les autres dépendances comportementales comme les jeux en ligne, le sexe ou l’exercice n’étant pas encore assez supportées empiriquement (Hebebranda et al., 2015).

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Prévalence

En dépit du débat sur la teneur exacte de la DA, le YFAS demeure l’outil privilégié par une majorité de chercheurs afin de distinguer les individus présentant une DA. Ainsi, d’après une méta-analyse regroupant les recherches ayant eu recours au YFAS (Pursey, Stanwell, Gearhardt, Collins & Burrows, 2014), la prévalence de la DA dans la population adulte serait évaluée à 20%, avec une étendue allant de 5% (Pedram et al., 2013) à 57% (Gearhardt et al., 2012). La prévalence serait de 11% au sein d’une population ayant un poids santé, 25% chez les individus obèses et 57% auprès des personnes présentant un TCA (Pursey et al., 2014).

Profil des individus présentant une DA

La DA est un concept relativement récent en recherche comparativement aux troubles liés à des substances ou aux TCA, il reste donc beaucoup à faire afin de décrire le profil des individus aux prises avec cette dépendance. En revanche, certaines études permettent déjà d’établir des associations entre la DA et d’autres variables d’intérêts.

Conformément aux études portant sur la comorbidité avec la DA, celle-ci serait associée à un plus grand risque de présenter une psychopathologie au courant de la vie (Granero et al., 2014), plus particulièrement la dépression majeure (Davis et al., 2011; Eichen et al., 2013; Flint et al., 2014; Gearhardt et al., 2012; Granero et al., 2014) et en moindre mesure, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H; Davis et al., 2011), le trouble bipolaire, le trouble de stress post-traumatique (Hardy, Fani, Jovanovic & Michopoulos, 2018) et la dermatillomanie (Nunes-Neto et al., 2018).

En ce qui a trait aux comportements alimentaires, la DA serait fortement associée aux TCA (Gearhardt et al., 2012; Gearhardt, Boswell & White, 2014; Imperatori et al., 2014). Elle serait aussi reliée à la consommation de nourriture sous l’effet de l’émotion (Burmeister, Hinman, Koball, Hoffmann & Carels, 2013; Clark & Saules, 2013; Davis et

al., 2011, 2013), à des envies intenses de consommer de la nourriture (Davis et al., 2013;

Meule & Kübler, 2012; Gearhardt, Davis, Kuschner & Brownell, 2011; Pepino, Stein, Eagon & Klein, 2014), à une réponse plus sensible au plaisir relié à la nourriture

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appétissante et une consommation de collations sucrées plus fréquente (Davis et al., 2011, 2013).

Par ailleurs, la DA serait aussi liée à l’obésité (Flint et al., 2014; Gearhardt et al., 2014; Pedram et al., 2013), à l’impulsivité (Bégin et al., 2012; Meule, Lutz, Vögele & Kübler, 2014, 2012), à un manque de régulation émotionnelle et de la réactivité émotionnelle (Gearhardt et al., 2013; Hardy et al., 2018), à des affects négatifs (Gearhardt

et al., 2013; Granero et al., 2014), une faible estime de soi (Gearhardt et al., 2013) et une

qualité de vie réduite (Nunes-Neto et al., 2018).

Personnalité et tempérament

Cloninger définit le tempérament comme étant la portion de la personnalité en partie héritée à la naissance. Celui-ci se manifesterait tôt dans le développement, resterait plutôt stable tout au long de la vie et serait modéré par le fonctionnement des neurotransmetteurs dans le système nerveux central. Quant au caractère, il se définirait plutôt par la somme des traits de personnalité acquis à travers l’expérience (Cloninger, 1987). Selon cette conceptualisation, il y aurait sept dimensions de la personnalité, dont quatre dimensions du tempérament et trois dimensions du caractère. Les dimensions du tempérament sont la recherche de la nouveauté, l’évitement du danger, la dépendance à la récompense et la persistance, alors que les dimensions du caractère sont l’auto-détermination, la coopération et la transcendance. La recherche de la nouveauté correspond à l’impulsivité, le besoin de changement et de sensation forte, l’anticonformisme et le besoin d’agir selon nos envies ou sur le coup de l’émotion. L’évitement du danger correspond à la crainte de l’inconnu, les inquiétudes, la timidité et la fatigabilité. La dépendance à la récompense correspond à la dépendance affective, la sensibilité, la sentimentalité, le besoin d’être écouté et d’avoir du soutien. La persistance correspond à la détermination, la persévérance au travail et l’envie de mettre des efforts. L’auto-détermination correspond au sens des responsabilités, l’impression d’avoir du contrôle sur sa vie, l’acceptation de soi et la capacité de se fixer des objectifs. La coopération correspond à la tolérance sociale, l’empathie, la solidarité, l’éthique et l’indulgence. Enfin, la transcendance correspond au sens du spirituel et au le détachement de soi (Cloninger, 1987; Pelissolo, s.d.).

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Jusqu’à présent, les gens présentant une DA auraient été associés à un plus faible niveau d’auto-détermination (Bégin et al., 2012; Omar et al., 2016; Wolz et al., 2016), à plus de recherche de nouveauté, plus d’évitement du danger, moins de coopération et plus de transcendance (Omar et al., 2016) que les gens qui ne présentent pas de DA.

Un lien avec l’hyperphagie boulimique?

Au fil des années, de plus en plus de chercheurs se sont intéressés à la DA et aux caractéristiques qui lui sont associées et plusieurs ont bien vite constaté qu’elle partageait de nombreuses ressemblances avec un autre trouble déjà existant : l’hyperphagie boulimique (HB).

L’hyperphagie boulimique

Définition

L’HB (ou accès hyperphagiques) est un TCA nouvellement inclus dans la 5e édition

révisée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5; American Psychiatric Association [APA], 2013). Ce trouble est caractérisé par la survenue récurrente d’accès hyperphagique, sans comportement compensatoire inapproprié (annexe A). On définit un accès hyperphagique par l’ingestion, dans un intervalle de temps restreint (généralement moins de deux heures), d’une quantité de nourriture dépassant considérablement ce que la plupart des gens consommeraient dans le même intervalle de temps ou dans le même contexte. Les accès hyperphagiques ne doivent pas être suivies de comportements compensatoires inappropriés visant la perte de poids, comme des vomissements, une prise de laxatif ou de l’exercice excessif. Elles sont marquées par un sentiment de perte de contrôle vis-à-vis la consommation de nourriture durant la crise et sont accompagnées d’une détresse significative, souvent associée à un sentiment de honte face au comportement. Selon le DSM-5, trois des caractéristiques suivantes sont nécessaires pour poser un diagnostic : (1) manger beaucoup plus rapidement que la normale, (2) manger jusqu'à éprouver une sensation pénible de distension abdominale, (3) manger de grandes quantités de nourriture en l'absence d'une sensation physique de faim, (4) manger seul parce que l'on est gêné de la quantité de nourriture que l'on absorbe, (5) se

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sentir dégoûté de soi-même, déprimé ou très coupable après avoir trop mangé. Les accès hyperphagiques doivent être présentes au moins une fois par semaine, et ce, durant une période de trois mois ou plus (APA, 2013).

Avant la sortie du DSM-5, l’HB se situait plutôt dans l’annexe B du DSM-IV-TR : « Critères et axes proposés pour des études supplémentaires » (APA, 2000). Une personne présentant de l’HB se voyait alors attribuer le diagnostic de trouble des conduites alimentaires non spécifié. Depuis, les études sur l’HB ont permis de valider la pertinence de considérer l’HB comme un trouble de santé mentale à part entière (Bulik & Reichborn-Kjennerud, 2003; de Zwaan, 2001; Wilfley, Wilson & Agras, 2003), permettant ainsi de l’inclure dans les diagnostics du DSM-5. D’une version à l’autre du DSM, les critères ont été très peu modifiés. Seules la fréquence et la durée ont été raccourcies dans la dernière version (APA, 2000, 2013). Bien qu’une augmentation du diagnostic d’HB ait été prévue dans les prochaines années (Marek, Ben-Porath, Ashton & Heinberg, 2014; Trace et al., 2012), une étude menée par Hudson et ses collègues conclut que l’augmentation aurait un effet négligeable sur la prévalence de l’HB (Hudson, Coit, Lalonde & Pope, 2012).

Prévalence

La prévalence à vie de l’HB dans la population générale se situe entre 1% et 3% (Alegria et al., 2007; APA, 2013; Hudson, Hiripi, Pope & Kessler, 2007; Kessler et al., 2013; Nicdao, Hong & Takeuchi, 2007; Striegel-Moore, Dohm, Pike, Wilfley & Fairburn, 2002), ce qui est relativement élevé si on la compare aux autres TCA (Hudson et al., 2007). L’HB se distingue également de l’anorexie et la boulimie quant à sa distribution entre les hommes et les femmes. Par exemple, alors que les femmes auraient 9 fois plus de chance de présenter de l’anorexie que les hommes (Castonguay et al., 1995), celles-ci n’auraient que 1.5 à 2 fois plus de chance d’être atteintes de l’HB que les hommes (Alegria et al., 2007; APA, 2013; Castonguay, Eldredge & Agras, 1995; Hudson et al., 2007; Nicdao et

al., 2007). Plusieurs études rapportent aussi que l’HB serait plus commune chez les

personnes obèses ou en surpoids (Hudson et al., 2007). Toutefois, l’estimation de la prévalence de l’HB chez les personnes en surpoids est sujette à débat, puisque les études rapportées sont majoritairement basées sur des questionnaires auto-rapportés (Basdevant

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population clinique plutôt qu’une population générale (Basdevant et al., 1995; Ramacciotti

et al., 2000; Ricca et al., 2000; Spitzer et al., 1992), ce qui risque de surestimer la

prévalence réelle (Ramacciotti et al., 2000; Striegel-Moore et al., 2002). Sans tenir compte de ces limites, on estimerait actuellement la prévalence chez les personnes en surpoids ou obèse entre 3% et 4.5% (Smith, Marcus, Lewis, Fitzgibbon & Schreiner, 1998; Spitzer et

al., 1992) et entre 7,5% et 30% dans une population de personnes obèses inscrites à des

programmes de traitement visant la perte de poids (Basdevant et al., 1995; Ramacciotti et

al., 2000; Ricca et al., 2000; Spitzer et al., 1992).

Évolution

Bien que les TCA commencent généralement à l’enfance ou au début de l’adolescence, l’âge de début de l’HB arriverait un peu plus tard dans le développement (Hudson et al., 2007; Kessler et al., 2013; Striegel-Moore & Franko, 2003). En moyenne, les premières manifestations de l’HB apparaîtraient entre la fin de l’adolescence et le début de la vingtaine, bien qu’il ne soit pas impossible que le trouble fasse surface à l’enfance (Kessler et al., 2013). Un début d’apparition précoce prédirait un trouble plus sévère et un traitement plus complexe (Robinson & Safer, 2012). Or, en moyenne, les individus qui présentent de l’HB sont plus vieux que les individus présentant de l’anorexie ou de la boulimie.

Étiologie et facteurs de risques

Le rôle des facteurs biologiques dans le développement des TCA est supporté depuis de nombreuses années dans la littérature (Fowler & Bulik, 1997; Javaras et al., 2008). Les études de familles effectuées auprès de personnes atteintes d’HB ont démontré que la probabilité de présenter de l’HB est plus élevée lorsqu’un membre de sa famille proche est lui aussi atteint d’HB (Fowler & Bulik, 1997; Hudson, Lalonde & Berry, 2006; Lilenfeld, Ringham, Kalarchian & Marcus, 2008). Selon les études de jumeaux, l’héritabilité serait estimée entre 39% et 45% (Javaras et al., 2008; Mitchell et al., 2010). Au niveau neurologique, des études portant sur les neurotransmetteurs soutiennent qu’il pourrait y avoir un dérèglement en lien avec la sérotonine et le système dopaminergique

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associé avec le système de récompense (Davis et al., 2007; Monteleone, Brambilla, Bortolotti, Ferraro & Maj, 1998).

Les facteurs de risques environnementaux et psychologiques jouent aussi un rôle majeur dans l’apparition des TCA. Parmi les facteurs les plus supportés empiriquement, on compte l’internalisation de l’idéal de minceur, la perception d’une pression à la minceur, l’insatisfaction corporelle, les diètes, les affects négatifs, le perfectionnisme et une faible estime de soi (Jacobi, Hayward, de Zwaan, Kraemer & Agras, 2004; National Eating Disorders Association [NEDA], 2016; Stice, 2016; Stice, Marti & Durant, 2011). Pour l’HB plus spécifiquement, seulement deux études menées par Stice et ses collègues (2011, 2015) portent sur les facteurs de risques pouvant prédire son apparition. L’HB aurait été associée à l’internalisation de l’idéal de minceur, l’insatisfaction corporelle, la pression sociale, les diètes, le déni des conséquences liées à la poursuite de l’idéal de minceur et les affects négatifs (Stice, Rohde, Shaw & Gau, 2015; Stice et al., 2011).

Personnalité et tempérament

La personnalité des individus présentant un TCA ne doit pas être mise de côté, car les traits de personnalité et le tempérament sont considérés comme des variables étiologiques importantes dans le développement des TCA et contribueraient au maintien des comportements alimentaires problématiques (Díaz-Marsá, Luis & Sáiz, 2000; Martin

et al., 2000). Les TCA ont été associés à une variété de traits de personnalité (Atiye,

Miettunen & Raevuori-Helkamaa, 2015), incluant le perfectionnisme (Lilenfeld et al., 2000), le névrosisme (Díaz-Marsá et al., 2000), les traits obsessifs-compulsifs (Anderluh, Tchanturia, Rabe-Hesketh & Treasure, 2003), la recherche de sensations fortes (Rossier, Bolognini, Plancherel & Halfon, 2000), ainsi que l’évitement du danger, l’auto-détermination, la recherche de nouveauté et la persistance (Cassin & von Ranson, 2005). En ce qui a trait aux personnes présentant de l’HB plus spécifiquement, il aurait été suggéré qu’elles rechercheraient davantage la nouveauté, éviteraient le danger et seraient moins déterminées si on les compare à des personnes obèses sans TCA (Dalle Grave et al., 2013; Fassino et al., 2002; Grucza et al., 2007; Leombruni et al., 2014).

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Comportements alimentaires

Vu les prises de nourriture importantes lors des accès hyperphagiques sans comportements compensatoires, il n’est pas surprenant d’observer un taux d’obésité élevé chez les personnes souffrant d’HB (Smith et al., 1998; Spitzer et al., 1992). Or, bien que l’HB se caractérise principalement par la présence d’accès hyperphagiques, les personnes aux prises avec ce trouble présentent souvent d’autres problèmes reliés à leurs habitudes alimentaires favorisant la prise de poids (Alexander, Goldschmidt & Grange, 2013). Il n’est pas rare qu’une personne atteinte d’HB ait des habitudes alimentaires chaotiques, marquées par des prises alimentaires irrégulières et par du grignotage tout au long de la journée, en l’absence de trois repas complets par jour (Masheb, Grilo & White, 2011).

Cependant, si l’HB côtoie fréquemment l’obésité, les personnes obèses présentant de l’HB présenteraient un profil plus sévère que celles sans HB. Ainsi, dû principalement à la présence d’accès hyperphagiques, les personnes obèses avec HB consommaient plus de calorie et d’aliments gras dans une journée que les personnes obèses sans HB (APA, 2013; Engel et al., 2009; Raymond, Neumeyer, Warren, Lee & Peterson, 2003). De plus, elles mangeraient généralement plus que les personnes obèses sans HB dans leur quotidien, même lorsque les accès hyperphagiques ne sont pas pris en considération (Allison, Grilo, Masheb & Stunkard, 2005). Les individus obèses avec HB mangeraient plus de collations, grignoteraient plus souvent, mangeraient plus de repas doubles (par ex., manger deux soupers complets le même soir) et auraient plus de collations nocturnes (c.-à-d. se lever pour aller manger après être allé au lit; Masheb et al., 2011). De surcroît, ils seraient plus à risque de commencer tôt dans leur vie l’utilisation de diètes afin de perdre du poids et présenteraient de nombreuses fluctuations de poids au cours de leur vie (Masheb et al., 2011).

Comparativement aux individus obèses sans HB, les personnes obèses avec de l’HB seraient aussi plus concernées par leur poids et leur alimentation (Grilo & White, 2011; Yiu, Murray, Arlt, Eneva & Chen, 2017). Les personnes avec de l’HB surévalueraient davantage l’importance de leur silhouette et de leur poids dans leur estime de soi, bien que cette surévaluation soit moindre qu’une population anorexique ou boulimique (Grilo et al., 2008; Grilo, Masheb & White, 2010). Les individus présentant de l’HB qui surévaluent

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leur silhouette et leur poids manifesteraient plus de préoccupations par rapport à leur alimentation, leur poids et leur silhouette et présenteraient plus de symptômes dépressifs (Carlos M. Grilo et al., 2008, 2010).

Difficultés associées

Vu l’association entre l’HB et l’obésité, les individus atteints d’HB partagent souvent les mêmes problèmes de santé que les personnes obèses. Ainsi, l’HB est associé au diabète, à l’hypertension, à un taux de cholestérol élevé et à des maladies cardiovasculaires (Bray, 1998; Bulik & Reichborn-Kjennerud, 2003). De surcroît, les personnes avec de l’obésité atteintes d'HB utilisent plus les services de santé que celles qui n’ont pas d’HB (Johnson, Spitzer & Williams, 2001), présentent en moyenne plus de problèmes de santé, rapportent une plus grande insatisfaction vis-à-vis leur santé physique (Bulik & Reichborn-Kjennerud, 2003; Hudson et al., 2007; Johnson et al., 2001) et présenteraient plus de douleurs chroniques (Kessler et al., 2013). Bien que les résultats varient d’une étude à l’autre, une revue de littérature publiée en 2014 a aussi rapporté que la présence d’HB ou d’accès hyperphagiques après une chirurgie bariatrique serait associée à une perte de poids moindre ou plus de prise de poids suivant la chirurgie (Meany et al., 2014).

On dénote aussi une forte comorbidité avec d’autres problèmes psychologiques. Environ 75% des personnes présentant de l’HB souffriraient d’une autre psychopathologie au courant de leur vie (Hudson et al., 2007; Striegel-Moore et al., 2001). Les troubles de l’humeur seraient parmi les psychopathologies les plus fréquentes, plus particulièrement la dépression majeure (APA, 2013; Fowler & Bulik, 1997; Hudson et al., 2007; Striegel-Moore et al., 2001). Dans une moindre mesure, les troubles anxieux et les troubles liés aux substances seraient aussi associés à l’HB (APA, 2013; Hudson et al., 2007; Root et al., 2010; Striegel-Moore et al., 2001). Quant aux troubles de la personnalité, l’HB serait reliée à la personnalité limite, évitante et obsessionnelle compulsive (Cassin & von Ranson, 2005; Telch, Agras & Rossiter, 1988).

De manière générale, l’HB serait aussi associé à la perception d’une moins bonne qualité de vie, à une faible estime de soi (Zwaan et al., 2002), à une peur du rejet plus

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élevée (Nauta, Hospers, Jansen & Kok, 2000), à une faible régulation émotionnelle (Kenny, Singleton & Carter, 2017) et à plus de tentatives de suicide (Grucza et al., 2007).

Selon Colles et ses collègues, la détresse psychologique vécue par les individus atteints d’HB serait étroitement reliée à la perte de contrôle ressentie durant les accès hyperphagiques (Colles, Dixon & O’Brien, 2008). Il semblerait que les individus atteints d’HB qui vivent de fortes perturbations émotionnelles dues à leur perte de contrôle rapportent plus de symptômes dépressifs et une qualité de vie moindre.

Ressemblance entre la DA et l’HB

Une des critiques faites à propos du concept de DA est sa forte ressemblance avec l’HB. Afin de déterminer si l’HB pouvait être considéré comme une dépendance, Cassin et von Ranson (2007) ont administré à des personnes atteintes d’HB une entrevue structurée téléphonique évaluant chacun des critères diagnostiques de la dépendance aux substances du DSM-IV-TR, ainsi que chacun des critères de dépendance de Goodman (critères plus restrictifs que le DSM), mais où le terme « substance » avait été substitué par « binge eating » (accès hyperphagique; APA, 2000; Goodman, 1990). D’après les résultats obtenus, 92% des participants remplissaient les critères du DSM-IV-TR et 40% remplissaient les critères de dépendance de Goodman (Cassin & von Ranson, 2007).

Le chevauchement entre la dépendance et les TCA n’est pas seulement reconnu en recherche. Un sondage auprès de cliniciens a révélé que plus du quart de ceux-ci utilisaient souvent ou toujours des thérapies basées sur la dépendance pour traiter leurs patients présentant un TCA (von Ranson & Robinson, 2006). De même, une organisation basée sur le programme des Alcooliques Anonyme, appelé les Outremangeurs Anonyme, prend aussi assise sur le modèle de dépendance afin d’aider les individus présentant une consommation excessive de nourriture. Le but de ce groupe est de s’abstenir de manger la nourriture identifiée comme addictive (Meule, 2015).

D’ailleurs, la définition même de l’HB semble partager plusieurs caractéristiques avec les troubles liés aux substances. Par exemple, chacun présente des critères correspondant à la perte de contrôle vis-à-vis la consommation, critère central dans l’HB.

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De plus, tout comme dans l’HB, on retrouve dans les troubles liés aux substances des critères reliés aux efforts infructueux de réduire ou de contrôler sa consommation ou encore au maintien de la consommation excessive malgré des conséquences négatives (Davis, 2013a; Gearhardt, Corbin & Brownell, 2009b; Gold, Frost-Pineda & Jacobs, 2003). L’envie intense de consommer de la nourriture, ou « craving », est aussi un aspect particulièrement saillant au sein des deux populations (White & Grilo, 2005). Bien que le craving ne se retrouve pas dans les critères diagnostiques des personnes présentant de l’HB, l’HB serait associé à une envie de manger plus intense et plus fréquente (Van den Eynde

et al., 2012).

L’HB et la DA corrèlent aussi avec plusieurs variables communes, dont l’obésité (Bulik & Reichborn-Kjennerud, 2003; Burmeister et al., 2013), l’impulsivité (Dawe & Loxton, 2004; Masheb & Grilo, 2008) et la dépression (Fowler & Bulik, 1997; Gearhardt

et al., 2012). Les affects négatifs (Gearhardt et al., 2012) et la dérégulation émotionnelle

(Dawe & Loxton, 2004; Masheb & Grilo, 2008) seraient aussi associés aux deux construits. Au niveau neurologique, l'HB et la dépendance impliqueraient tous deux le système opioïde endogène (Grigson, 2002; Volkow & Wise, 2005) ainsi que le système dopaminergique mésocortical (Davis, Strachan & Berkson, 2004; Volkow & Wise, 2005). Une plus faible quantité de récepteurs dopaminergiques D2 aurait été rapportée chez les

individus présentant une dépendance et chez ceux présentant une consommation compulsive de nourriture (Wang et al., 2001). L’HB et la dépendance seraient aussi associés à une augmentation de l’activation du cortex orbitofrontal ainsi qu’à une augmentation de la libération de la dopamine dans le striatum, deux mécanismes impliqués dans le circuit de la récompense (Engelmann et al., 2012; Schienle, Schafer, Hermann & Vaitl, 2009; Weygandt, Schaefer, Schienle & Haynes, 2012; Wang et al. 2001).

Différence entre la DA et l’HB

Sans contredit, la DA et l’HB ont en commun un ensemble considérable de caractéristiques. Or, même si la définition de l’HB et de la DA partage certains critères, ceux-ci ne sont pas pour autant équivalents. Par exemple, même si le critère de perte de

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contrôle est présent dans l’HB et la DA, la définition de cette perte de contrôle diffère entre les accès hyperphagiques et la dépendance (Gearhardt et al., 2011). Dans l’HB, la définition d’un épisode de perte de contrôle est très précise. Un épisode est défini par l’ingestion d’une quantité de nourriture objectivement supérieure à ce que mangerait quelqu’un au cours d’une période déterminée (moins de deux heures), accompagné d’un sentiment subjectif de perte de contrôle. Pour la DA, on parle davantage d’une quantité ou une fréquence dépassant ce qui avait été prévu au départ. Ainsi, certains comportements de consommation excessive pourraient faire partie de la DA, mais ne feraient pas partie de l’HB (Gearhardt et al., 2011).

Selon certains auteurs, les critères de tolérance et de sevrage pourraient aussi servir de distinction entre la DA et l’HB (Gearhardt et al., 2011). Dans la dépendance aux substances, l’ingestion d’une substance addictive sur une longue période est associée à une modification du système dopaminergique, dont une modification du nombre ou de la sensibilité des récepteurs, altérant le système physiologique et donnant lieu à des symptômes de tolérance (besoin d’une plus grande dose pour un effet équivalent) et de sevrage (symptômes ressentis lors de la cessation de la substance; Koob et al., 2004; Robinson & Berridge, 2001). Ces symptômes seraient aussi identifiables dans certaines dépendances comportementales, comme chez les personnes présentant une dépendance au jeu, bien que les mécanismes neuronaux impliqués dans ces manifestations soient encore à l’étude (Blaszczynski, Walker, Sharpe & Nower, 2008; Cunningham-Williams, Gattis, Dore, Shi & Spitznagel, 2009). Quant à la DA, ces critères auraient été observés chez le rat (Avena et al., 2008) et chez l’humain (Gearhardt et al., 2012). Pourtant, des comportements semblables à de la tolérance auraient aussi été observés lors d’accès hyperphagiques (Brown, Spanos & Devlin, 2007). D’après ces observations, plus la maladie évolue, plus la fréquence des crises, la quantité de nourriture, la durée de l’épisode et l’impression de perdre le contrôle augmenteraient. Bien que ceci ait seulement été vérifié empiriquement auprès d’individus présentant de la boulimie et que la DA n’aurait pas été contrôlée, d’autres investigations sur la tolérance et le sevrage sont nécessaires afin de déterminer si ces critères pourraient différencier la DA de l’HB.

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Association entre la DA et l’HB

Avec leurs nombreuses similitudes et leurs particularités respectives, il demeure difficile d’expliquer l’association étroite liant l’HB et la DA. Étant donné la forte cooccurrence des deux construits, soit une prévalence estimée entre 41% et 57% de DA selon l’échelle YFAS chez les individus présentant de l’HB (Gearhardt et al., 2012, 2013), plusieurs hypothèses ont été suggérées afin de dégager le lien existant entre l’HB et la DA. Pour certains auteurs, l’HB et la DA sont considérés comme deux troubles bien distincts, avec des mécanismes reliés à la dépendance pour la DA et d’autres mécanismes reliés aux TCA pour l’HB. Selon eux, la cooccurrence des deux troubles serait due à la présence de facteurs de risques communs (Davis, 2013b). Par exemple, il a été suggéré que les individus atteints d’HB présenteraient des traits de personnalité favorisant le développement de dépendance (von Ranson & Cassin, 2007). Dans l’HB comme dans les dépendances aux substances, des traits liés à la désinhibition et à l’incapacité à contrôler son impulsivité seraient présents, dont la recherche de la nouveauté, la difficulté à considérer les risques et conséquences, ainsi que la sensibilité à la récompense (Davis, Strachan & Berkson, 2004; Lacey, 1993; Sher, Bartholow & Wood, 2000). Ainsi, l’HB et la DA partageraient les mêmes facteurs de risque, ce qui expliquerait la cooccurrence des deux construits, mais ceux-ci ne partageraient pas la même étiologie. En effet, si la DA est conceptualisée en termes de dépendance, l’HB est plutôt conceptualisée en termes de difficultés alimentaires selon le modèle des TCA. Comme il a été abordé précédemment concernant la DA, plusieurs croient que la nourriture agirait de la même façon qu’une substance addictive et que ce serait cette dépendance à la nourriture qui conduirait aux comportements alimentaires problématiques. Les mécanismes derrière l’HB, en contrepartie, appartiendraient à part entière aux modèles des TCA qui mettent davantage l’accent sur les distorsions cognitives, les diètes et les inquiétudes liées au poids et à la silhouette (Howard & Porzelius, 1999; Schulte, Grilo & Gearhardt, 2016). Par exemple, le modèle à double voie de Stice (dual-pathway model; 1994) suggère que ce serait la restriction et les affects négatifs qui augmenteraient la probabilité de faire des accès hyperphagiques.

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Or, une autre théorie soutenue par un nombre grandissant d’études propose que l’HB et la DA seraient les deux côtés d’une même pièce. En d’autres mots, les mécanismes sous-jacents seraient identiques pour les deux concepts, ce qui expliquerait leurs ressemblances comportementales et neurologiques (Brewerton & Baker Dennis, 2014; Davis, 2013a; von Ranson & Cassin, 2007). D’après le modèle de dépendance pour les TCA, les accès hyperphagiques seraient la conséquence d’une dépendance à certains types de nourriture, plus particulièrement aux aliments riches en sucre et en gras (Brewerton & Baker Dennis, 2014; Davis, 2013b; von Ranson & Cassin, 2007). En effet, bien que le type de nourriture consommé pendant un accès hyperphagique soit varié, les aliments ingérés sont en grande partie composés de sucres simples, combinés avec du gras (Yanovski et al., 1992). Selon cette prémisse, l’HB serait alors due à une dépendance à la nourriture au même titre que la DA. Cette hypothèse a toutefois été largement critiquée par certains chercheurs. Entre autres, ce modèle ne parviendrait pas à distinguer les différences existantes entre l’obésité, la DA et les autres troubles alimentaires. Conceptualiser les TCA comme la manifestation d’une dépendance à la nourriture ne parviendrait pas à expliquer pourquoi certaines personnes dépendantes à la nourriture développeraient de l’HB, alors que d’autres n’en développeraient pas. Ce modèle serait vu comme étant trop simple et manquerait de support empirique (von Ranson & Cassin, 2007).

Afin de pallier certaines de ces critiques, Davis et ses collègues ont proposé une théorie suggérant plutôt que la DA serait un sous-type plus sévère et compulsif de l’HB (Davis, 2013c). Plus spécifiquement, la DA ferait partie d'un continuum de sévérité où la consommation excessive de nourriture serait l’extrémité la moins sévère, suivi de présence d’épisodes boulimiques, puis d’HB formel et enfin d’HB avec de la DA. Ce postulat repose sur des études menées auprès de personnes répondant à la fois aux critères d’HB et de la DA, suggérant qu’elles auraient plus de trouble de l’humeur, en particulier de la dépression majeure, plus d’affects négatifs, de dérégulation émotionnelle et une plus faible estime de soi que les personnes présentant de l’HB sans DA (Gearhardt et al., 2012). Le nombre de critères remplis de la DA corrélait aussi positivement avec la fréquence des accès hyperphagiques et des inquiétudes vis-à-vis la silhouette, le poids et la consommation de nourriture (Gearhardt et al., 2012). Ainsi, les personnes présentant de l’HB sans DA auraient un profil moins sévère que ceux présentant de l’HB avec de la DA (Davis, 2013a).

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Bien qu’intéressante, cette hypothèse demeure incomplète, car elle présente la DA comme une manifestation plus sévère de l’HB, alors que celle-ci n’est pas toujours accompagnée d’HB. En effet, plusieurs personnes présentent de la DA sans toutefois faire d’accès hyperphagique ou sans répondre aux critères diagnostiques de l’HB. Une étude a même permis de démontrer que la DA serait associée à la sévérité psychopathologique et que cette relation serait médiée en totalité par la sévérité des accès hyperphagiques (Imperatori et al., 2014). Les auteurs suggèrent sur la base de ce principe que les accès hyperphagiques seraient un phénotype présent dans un sous-groupe plus sévère de personne présentant une DA. Selon les résultats de l’étude, il existerait une forte association entre les accès hyperphagiques et la sévérité des symptômes de DA, ainsi qu’une association positive et modérée entre les deux variables nommées précédemment et la sévérité psychopathologique. À la lumière de ces résultats, en sachant que les gens présentant une HB sont caractérisés par la présence d’accès hyperphagiques de sévérité légère à sévère, on pourrait s’attendre à ce que les gens avec de la DA qui ont de l’HB présentent un profil psychopathologique plus sévère que les gens avec une DA sans HB.

De plus, la majorité des études s’intéressant à la distinction entre la DA et l’HB a comparé des groupes de personnes présentant de l’HB avec et sans DA, mais très peu se sont intéressés aux personnes présentant de la DA avec et sans HB. Une seule étude s’intéressant à la problématique, publiée en 2016 par Ivezaj, White et Grilo, a comparé quatre différents groupes, soit un groupe avec de l’HB sans DA, un groupe avec de la DA sans HB, un groupe avec de la DA combinée à de l’HB et un groupe contrôle sans HB ni DA. Les auteurs concluent que les trois groupes auraient des résultats plus sévères sur la majorité des variables mesurées (contrôle de soi, problème lié aux comportements alimentaires et au poids, impulsivité) comparativement a groupe contrôle et que les deux groupes avec de la DA auraient un score de dépression plus élevé comparativement au groupe contrôle, mais n’auraient pas de différence significative entre eux, mis à part les accès hyperphagiques (Ivezaj, White & Grilo, 2016). Bien que prometteuse, certaines limites à cette étude nous obligent à être prudents à propos des résultats obtenus. Tout d’abord, tous les groupes de l’étude ont été créés sur la base d’échelles auto-rapportées et aucune entrevue n’a été effectuée pour valider le diagnostic d’HB. De plus, il est généralement attendu que des gens souffrant d’HB et de DA se distinguent

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significativement de la population générale sur des variables de comportements alimentaires et de difficultés psychopathologiques. On peut alors se questionner sur la pertinence de comparer plusieurs groupes composés de personne avec de la DA et de l’HB à un groupe contrôle. De surcroît, l’étude ne s’est intéressée qu’aux comparaisons de moyenne entre les groupes et n’a pas comparé les patrons de relations entre les variables, alors que ceux-ci pourraient nous en apprendre davantage sur les éléments qui distinguent les deux troubles.

En somme, malgré les quelques recherches portant sur les associations et les différences entre la DA et l’HB, il reste encore beaucoup à faire afin d’éclaircir le lien qui unit l’HB et la DA. Plus précisément, il n’existe à notre connaissance aucune étude portant spécifiquement sur l’apport de l’HB dans une population clinique de personnes présentant de la DA. Comprendre l’effet de l’HB sur la DA pourrait nous aider à mieux saisir les caractéristiques appartenant à chacun des construits et ainsi nous permettre éventuellement de développer des outils mieux adaptés aux traitements des personnes aux prises avec ces difficultés.

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CHAPITRE 2 : OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES

La présente étude vise à contribuer à la compréhension de la relation entre l’HB et la DA. Pour ce faire, deux groupes composés de personnes en surpoids présentant de la DA et recrutés dans une population clinique seront comparés : un groupe de personnes avec de la DA sans HB (groupe DA) et un autre composé de gens présentant de l’HB combinée à de la DA (groupe HB+DA). Les groupes seront comparés sur la sévérité des comportements alimentaires, la satisfaction corporelle, les symptômes de dépression, les symptômes d’anxiété et les traits de personnalité.

Puisque l’HB est conceptualisé comme un TCA par la majorité de la communauté scientifique, on pourrait s’attendre à ce que les personnes présentant de la DA et de l’HB aient un profil davantage marqué par les inquiétudes corporelles et la restriction, alors que la désinhibition et la susceptibilité à la faim devraient demeurer plus ou moins comparables au groupe DA. Vu les caractéristiques propres à l’HB, on peut aussi s’attendre à ce que le groupe HB+DA présente plus d’accès hyperphagiques que le groupe DA. De plus, dû à la relation qui a déjà été établie entre la perte de contrôle lors des accès hyperphagiques et la détresse psychologique, on peut aussi s’attendre à ce que le groupe HB+DA présente plus de symptômes dépressifs et anxieux que le groupe DA. Finalement, en raison des ressemblances au niveau des traits de personnalité dans chacun des deux troubles, il devient intéressant de vérifier si les personnes avec de la DA et de l’HB se distinguent quant aux traits de personnalité. Il est suggéré qu’une personne présentant de l’HB présentera plus d’évitement du danger qu’une personne avec de la DA. Aucune hypothèse spécifique n’est formulée quant aux différents patrons de relations que nous pourrons retrouver entre les variables selon l’appartenance aux groupes.

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CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE

Participants

L’échantillon de l’étude est composé de 35 femmes ayant un indice de masse corporelle (IMC; rapport du poids en kilogrammes sur la grandeur en mètres au carré) supérieur à 25 kg/m2, ce qui correspond à la limite à partir de laquelle une personne présente de l’embonpoint selon Santé Canada (2003). L’ensemble de l’échantillon se divise en deux groupes cliniques, un groupe avec des gens répondant aux critères de la DA selon le YFAS sans présenter d’HB (groupe DA), et un groupe formé de participants présentant de la DA et répondant au diagnostic de l’HB selon le DSM 5 (groupe HB+DA).

Le groupe DA est composé de 16 femmes présentant de la DA sans HB.L’âge des participantes varie de 23 ans à 70 ans, avec un âge moyen de 41.20 ans (ÉT = 14.57). L’IMC moyen est de 36.36 kg/m2 (ÉT = 7.35). Quatre-vingt-treize pour cent sont

caucasiennes (n = 15), 56% travaillent à temps plein (n = 9), 13% sont travailleuses à temps partiel (n = 2), 6% sont étudiantes à temps plein (n = 1), 19% sont retraitées (n = 3) et 6% n’ont pas répondu (n = 1). Quant à leur niveau de scolarité le plus élevé complété, 13% ont terminé leurs études secondaires (n = 2), 38% ont terminé leurs études collégiales (n = 6) et 50% ont terminé leurs études universitaires (n = 8). Pour ce qui est de leur état matrimonial, 38% sont mariées ou en union libre (n = 6), 13% sont divorcées ou séparées (n = 2), 44% sont célibataires (n = 7) et 6% ont préféré ne pas répondre (n = 1).

Le groupe HB+DA est quant à lui est composé de 19 femmes répondant au diagnostic de DA selon le YFAS (Gearhardt et al., 2009b, Gearhardt et Corbin, 2016) et présentant de l’HB. L’âge des participantes varie de 21 ans à 53 ans, avec un âge moyen de 35.53 ans (ÉT = 9.56). L’IMC moyen est de 38.05 kg/m2 (ÉT = 7.72). Quatre-vingt-dix pour cent sont caucasiennes (n = 17), 74% travaillent à temps plein (n = 14), 5% sont travailleuses à temps partiel (n = 1), 11% sont étudiantes à temps plein (n = 2) et 11% n’ont pas répondu (n = 2). Pour ce qui est de leur niveau de scolarité le plus élevé complété, 11% ont terminé leurs études secondaires (n = 2), 37% ont terminé leurs études collégiales (n = 7), 47% ont terminé leurs études universitaires (n = 9) et 5% ont préféré ne pas répondre

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(n = 1). Relativement à leur état matrimonial, 74% sont mariées ou en union libre (n = 14), 5% sont divorcées ou séparées (n=1), 16% sont célibataires (n = 3) et 5% ont préféré ne pas répondre (n = 1).

Procédure

L’ensemble des participantes a été recruté au sein de la clientèle de l’Unité spécialisée en évaluation et traitement des problématiques du poids du Service de consultation de l’École de psychologie (SCEP) de l’Université Laval, ainsi qu’au sein de la clientèle des groupes psychoéducatifs sur le poids et l’alimentation du Centre d’expertise sur le Poids, l’Image et l’Alimentation (CEPIA) de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF). Toutes les participantes ont donné leur consentement afin de participer à la recherche.

Les personnes consultant en psychothérapie individuelle à l’Unité spécialisée en évaluation et traitement des problématiques du poids du SCEP de l’Université Laval ont été invitées par leur intervenante respective à participer à une étude traitant des difficultés reliées au poids et à l’alimentation. Les participantes ayant accepté ont ensuite été conviées à une entrevue où une doctorante en psychologie ayant reçu une formation préalable leur administrait la version française de l’entrevue structurée Eating Disorder Examination

12.0 (EDE). Durant la rencontre, le poids et la grandeur de la participante ont été mesurés

par la doctorante, puis un protocole incluant différents questionnaires format papier leur a été remis afin qu’il soit complété à la maison.

Les personnes faisant partie des groupes psychoéducatifs sur le poids et l’alimentation du CEPIA de l’INAF souhaitant participer à l’étude ont quant à elles été invitées par leur intervenante à remplir le protocole de questionnaires en version électronique. Celles-ci ont ensuite été conviées à une rencontre où une doctorante en psychologie mesurait leur poids et leur grandeur, puis évaluait la présence de trouble(s) alimentaire(s) à l’aide d’une grille prévue à cet effet (annexe B). Les critères utilisés dans la grille pour établir la présence de trouble des conduites alimentaire sont les mêmes que ceux utilisés dans l’entrevue structurée EDE.

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Afin de suivre l’évolution du YFAS, les femmes ayant participé à la recherche avant novembre 2017 (n = 11) ont rempli la première version de l’outil, alors que les suivantes (n = 24) ont rempli le YFAS 2.0.

Instruments

Questionnaire démographique. Les données sociodémographiques telles que

l’âge, le sexe, l’origine ethnique, l’emploi, le salaire, la situation familiale et le niveau de scolarité ont été recueillies dans un questionnaire démographique maison (annexe C). Comportements alimentaires

Eating Disorder Examination Interview 12.0 (EDE). Le EDE 12.0 (Fairburn &

Cooper, 1993) est une entrevue structurée qui permet d’évaluer la présence d’un trouble des conduites alimentaires tel que l’anorexie mentale, la boulimie mentale et l’HB. L’entrevue est divisée en quatre sous-échelles : (1) la restriction, (2) les préoccupations face au poids, (3) les préoccupations face à la silhouette et (4) les préoccupations face à la nourriture, ainsi que plusieurs items évaluant la fréquence des accès hyperphagiques et les comportements compensatoires inappropriés. Les questions couvrent les trois mois précédents l’entrevue. Le score global mesure la sévérité des troubles alimentaires, alors que les scores aux sous-échelles définissent le profil psychopathologique des patients. Plus le score global obtenu à l’EDE est élevé, plus la sévérité ou la fréquence des symptômes sont considérées comme élevées. L’EDE possède une bonne fidélité, soit une cohérence interne de 0.90 (Byrne, Allen, Lampard, Dove & Fursland, 2010) (annexe D).

Three Factors Eating Questionnaire (TFEQ). Le TFEQ est un questionnaire

auto-rapporté de 51 items développé pour mesurer les variables cognitives et comportementales reliées à l’alimentation (Lluch, 1995). Les items sont divisés en trois échelles: restriction cognitive (21 items), désinhibition (16 items) et susceptible à la faim (14 items). L’échelle de restriction cognitive mesure la restriction liée à la diète dans le but de contrôler sa consommation de nourriture afin d’influencer son poids ou sa silhouette. L’échelle de désinhibition mesure les épisodes de perte de contrôle par rapport à la consommation de nourriture. L’échelle de susceptibilité à la faim évalue les émotions subjectives par rapport

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aux signaux de faim et aux envies intenses de manger. Le questionnaire a été validé et chacune des échelles présente une bonne cohérence interne, soit 0.93 pour la sous-échelle de restriction, 0.91 pour la désinhibition et 0.85 pour la susceptibilité à la faim (Taboada et al., 2015). Dans la présente étude, la cohérence interne est respectivement de 0.73, 0.56 et 0.80 (annexe E).

Binge Eating Scale (BES). Le BES est un questionnaire auto-rapporté qui permet

d’évaluer la présence et la sévérité des accès hyperphagiques (Brunault et al., 2016a). Plus spécifiquement, il est composé de 16 items portant à la fois sur les comportements et les cognitions qui entourent les accès hyperphagiques. Pour chaque item, le répondant doit sélectionner, parmi les quelques énoncés présentés, lequel correspond le plus à ses comportements ou attitudes. Il est par la suite possible d’attribuer un à trois points aux énoncés sélectionnés, selon un système de pointage, et d’additionner ces points. Le BES mène à un score continu, pouvant aller de 0 à 46 : un score de 17 ou moins indique la présence d’aucune ou de peu d’accès hyperphagiques, un score de 18 à 26 indique la présence d’accès hyperphagiques modérées, alors qu’un score de 27 ou plus indique la présence d’accès hyperphagiques sévères et suggère un trouble d’HB. Enfin, le BES montre une cohérence interne de 0.93 dans la littérature (Brunault et al., 2016a) et de 0.70 dans notre échantillon (annexe F).

Satisfaction corporelle

Estime corporelle pour adolescents et Adultes (BDES). Le BDES est un

questionnaire qui permet d’évaluer les attitudes et les sentiments concernant le corps et l’apparence selon trois dimensions de l’estime corporelle : l’apparence, l’attribution et le poids (Rousseau, Valls & Chabrol, 2015). L’échelle d’apparence mesure les sentiments généraux envers l’apparence corporelle, l’échelle d’attribution mesure les croyances concernant la façon dont l’apparence corporelle est perçue par les autres et l’échelle du poids évalue la satisfaction ou l’insatisfaction envers le poids. Les coefficients alpha de Cronbach pour les sous-échelles de l’apparence et du poids étaient respectivement de 0.83 et 0.90 dans l’étude de Rousseau et se collaborateurs (2015). Elle est de 0.93 et 0.86 dans notre étude (annexe G).

(35)

25 Dépendance alimentaire

Yale Food Addiction Scale (YFAS). Le YFAS est un questionnaire auto-rapporté

de 25 items permettant d’évaluer la DA au courant des 12 derniers mois selon sept critères inspirés des critères diagnostiques de dépendance aux substances du DSM-IV-TR (Brunault, Ballon, Gaillard, Réveillère & Courtois, 2014). La plupart des items comportent une échelle de type Likert, allant de zéro (jamais) à quatre (plus de quatre fois par semaine ou tous les jours). Les autres items sont répondus de façon dichotomique, par oui ou par non. Pour attribuer un des critères au participant, au moins 1 des items correspondant au critère doit être endossé. L’addition des critères remplis permet d’évaluer la sévérité de la DA, allant de 0 à 7. Un diagnostic de DA est attribué lorsque le participant remplit au moins trois critères de la DA ainsi que le critère de détresse et/ou d’altération du fonctionnement. L’instrument possède un alpha de Cronbach satisfaisant, avec une valeur de 0.76 (Brunault

et al., 2014). Il est de 0.68 pour l’échantillon de cette étude (annexe H).

Le YFAS a récemment été modifié afin de correspondre aux critères diagnostiques des troubles liés à une substance du DSM-5. Le Yale Food Addiction Scale 2.0 (YFAS 2.0) est un questionnaire auto-rapporté de 35 items permettant d’évaluer la DA au courant des 12 derniers mois selon 11 critères (Brunault et al., 2016b). L’outil se mesure de la même façon que l’YFAS original. Or, compte tenu du nombre de critères plus élevé dans le DSM-5, le score de sévérité varie de 0 à 11. C’est également pour s’adapter au DSM-5 qu’un diagnostic de DA est attribué lorsque le participant remplit au moins deux critères de la DA, comparativement à trois dans la version précédente. Le questionnaire a été validé et possède une bonne cohérence interne de 0.83 (Brunault et al., 2016b), alors que le coefficient de fidélité est de 0.93 dans notre étude (annexe I).

Santé mentale

Beck Depression Inventory-II (BDI-II). Le BDI-II est un questionnaire

auto-rapporté, qui a été conçu pour évaluer la présence de symptômes dépressifs et mesurer la sévérité de ceux-ci (Bourque & Beaudette, 1982). Il comporte 21 items élaborés à partir des critères diagnostiques de la dépression du DSM-IV (APA, 1994) et fait référence aux symptômes ressentis dans les six derniers mois. Tous les items sont cotés sur une échelle

Figure

Figure  1.  Représentation  graphique  des  effets

Références

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