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L’échantillon de l’étude est composé de 35 femmes ayant un indice de masse corporelle (IMC; rapport du poids en kilogrammes sur la grandeur en mètres au carré) supérieur à 25 kg/m2, ce qui correspond à la limite à partir de laquelle une personne présente de l’embonpoint selon Santé Canada (2003). L’ensemble de l’échantillon se divise en deux groupes cliniques, un groupe avec des gens répondant aux critères de la DA selon le YFAS sans présenter d’HB (groupe DA), et un groupe formé de participants présentant de la DA et répondant au diagnostic de l’HB selon le DSM 5 (groupe HB+DA).

Le groupe DA est composé de 16 femmes présentant de la DA sans HB.L’âge des participantes varie de 23 ans à 70 ans, avec un âge moyen de 41.20 ans (ÉT = 14.57). L’IMC moyen est de 36.36 kg/m2 (ÉT = 7.35). Quatre-vingt-treize pour cent sont

caucasiennes (n = 15), 56% travaillent à temps plein (n = 9), 13% sont travailleuses à temps partiel (n = 2), 6% sont étudiantes à temps plein (n = 1), 19% sont retraitées (n = 3) et 6% n’ont pas répondu (n = 1). Quant à leur niveau de scolarité le plus élevé complété, 13% ont terminé leurs études secondaires (n = 2), 38% ont terminé leurs études collégiales (n = 6) et 50% ont terminé leurs études universitaires (n = 8). Pour ce qui est de leur état matrimonial, 38% sont mariées ou en union libre (n = 6), 13% sont divorcées ou séparées (n = 2), 44% sont célibataires (n = 7) et 6% ont préféré ne pas répondre (n = 1).

Le groupe HB+DA est quant à lui est composé de 19 femmes répondant au diagnostic de DA selon le YFAS (Gearhardt et al., 2009b, Gearhardt et Corbin, 2016) et présentant de l’HB. L’âge des participantes varie de 21 ans à 53 ans, avec un âge moyen de 35.53 ans (ÉT = 9.56). L’IMC moyen est de 38.05 kg/m2 (ÉT = 7.72). Quatre-vingt-dix pour cent sont caucasiennes (n = 17), 74% travaillent à temps plein (n = 14), 5% sont travailleuses à temps partiel (n = 1), 11% sont étudiantes à temps plein (n = 2) et 11% n’ont pas répondu (n = 2). Pour ce qui est de leur niveau de scolarité le plus élevé complété, 11% ont terminé leurs études secondaires (n = 2), 37% ont terminé leurs études collégiales (n = 7), 47% ont terminé leurs études universitaires (n = 9) et 5% ont préféré ne pas répondre

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(n = 1). Relativement à leur état matrimonial, 74% sont mariées ou en union libre (n = 14), 5% sont divorcées ou séparées (n=1), 16% sont célibataires (n = 3) et 5% ont préféré ne pas répondre (n = 1).

Procédure

L’ensemble des participantes a été recruté au sein de la clientèle de l’Unité spécialisée en évaluation et traitement des problématiques du poids du Service de consultation de l’École de psychologie (SCEP) de l’Université Laval, ainsi qu’au sein de la clientèle des groupes psychoéducatifs sur le poids et l’alimentation du Centre d’expertise sur le Poids, l’Image et l’Alimentation (CEPIA) de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF). Toutes les participantes ont donné leur consentement afin de participer à la recherche.

Les personnes consultant en psychothérapie individuelle à l’Unité spécialisée en évaluation et traitement des problématiques du poids du SCEP de l’Université Laval ont été invitées par leur intervenante respective à participer à une étude traitant des difficultés reliées au poids et à l’alimentation. Les participantes ayant accepté ont ensuite été conviées à une entrevue où une doctorante en psychologie ayant reçu une formation préalable leur administrait la version française de l’entrevue structurée Eating Disorder Examination

12.0 (EDE). Durant la rencontre, le poids et la grandeur de la participante ont été mesurés

par la doctorante, puis un protocole incluant différents questionnaires format papier leur a été remis afin qu’il soit complété à la maison.

Les personnes faisant partie des groupes psychoéducatifs sur le poids et l’alimentation du CEPIA de l’INAF souhaitant participer à l’étude ont quant à elles été invitées par leur intervenante à remplir le protocole de questionnaires en version électronique. Celles-ci ont ensuite été conviées à une rencontre où une doctorante en psychologie mesurait leur poids et leur grandeur, puis évaluait la présence de trouble(s) alimentaire(s) à l’aide d’une grille prévue à cet effet (annexe B). Les critères utilisés dans la grille pour établir la présence de trouble des conduites alimentaire sont les mêmes que ceux utilisés dans l’entrevue structurée EDE.

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Afin de suivre l’évolution du YFAS, les femmes ayant participé à la recherche avant novembre 2017 (n = 11) ont rempli la première version de l’outil, alors que les suivantes (n = 24) ont rempli le YFAS 2.0.

Instruments

Questionnaire démographique. Les données sociodémographiques telles que

l’âge, le sexe, l’origine ethnique, l’emploi, le salaire, la situation familiale et le niveau de scolarité ont été recueillies dans un questionnaire démographique maison (annexe C). Comportements alimentaires

Eating Disorder Examination Interview 12.0 (EDE). Le EDE 12.0 (Fairburn &

Cooper, 1993) est une entrevue structurée qui permet d’évaluer la présence d’un trouble des conduites alimentaires tel que l’anorexie mentale, la boulimie mentale et l’HB. L’entrevue est divisée en quatre sous-échelles : (1) la restriction, (2) les préoccupations face au poids, (3) les préoccupations face à la silhouette et (4) les préoccupations face à la nourriture, ainsi que plusieurs items évaluant la fréquence des accès hyperphagiques et les comportements compensatoires inappropriés. Les questions couvrent les trois mois précédents l’entrevue. Le score global mesure la sévérité des troubles alimentaires, alors que les scores aux sous-échelles définissent le profil psychopathologique des patients. Plus le score global obtenu à l’EDE est élevé, plus la sévérité ou la fréquence des symptômes sont considérées comme élevées. L’EDE possède une bonne fidélité, soit une cohérence interne de 0.90 (Byrne, Allen, Lampard, Dove & Fursland, 2010) (annexe D).

Three Factors Eating Questionnaire (TFEQ). Le TFEQ est un questionnaire auto-

rapporté de 51 items développé pour mesurer les variables cognitives et comportementales reliées à l’alimentation (Lluch, 1995). Les items sont divisés en trois échelles: restriction cognitive (21 items), désinhibition (16 items) et susceptible à la faim (14 items). L’échelle de restriction cognitive mesure la restriction liée à la diète dans le but de contrôler sa consommation de nourriture afin d’influencer son poids ou sa silhouette. L’échelle de désinhibition mesure les épisodes de perte de contrôle par rapport à la consommation de nourriture. L’échelle de susceptibilité à la faim évalue les émotions subjectives par rapport

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aux signaux de faim et aux envies intenses de manger. Le questionnaire a été validé et chacune des échelles présente une bonne cohérence interne, soit 0.93 pour la sous-échelle de restriction, 0.91 pour la désinhibition et 0.85 pour la susceptibilité à la faim (Taboada et al., 2015). Dans la présente étude, la cohérence interne est respectivement de 0.73, 0.56 et 0.80 (annexe E).

Binge Eating Scale (BES). Le BES est un questionnaire auto-rapporté qui permet

d’évaluer la présence et la sévérité des accès hyperphagiques (Brunault et al., 2016a). Plus spécifiquement, il est composé de 16 items portant à la fois sur les comportements et les cognitions qui entourent les accès hyperphagiques. Pour chaque item, le répondant doit sélectionner, parmi les quelques énoncés présentés, lequel correspond le plus à ses comportements ou attitudes. Il est par la suite possible d’attribuer un à trois points aux énoncés sélectionnés, selon un système de pointage, et d’additionner ces points. Le BES mène à un score continu, pouvant aller de 0 à 46 : un score de 17 ou moins indique la présence d’aucune ou de peu d’accès hyperphagiques, un score de 18 à 26 indique la présence d’accès hyperphagiques modérées, alors qu’un score de 27 ou plus indique la présence d’accès hyperphagiques sévères et suggère un trouble d’HB. Enfin, le BES montre une cohérence interne de 0.93 dans la littérature (Brunault et al., 2016a) et de 0.70 dans notre échantillon (annexe F).

Satisfaction corporelle

Estime corporelle pour adolescents et Adultes (BDES). Le BDES est un

questionnaire qui permet d’évaluer les attitudes et les sentiments concernant le corps et l’apparence selon trois dimensions de l’estime corporelle : l’apparence, l’attribution et le poids (Rousseau, Valls & Chabrol, 2015). L’échelle d’apparence mesure les sentiments généraux envers l’apparence corporelle, l’échelle d’attribution mesure les croyances concernant la façon dont l’apparence corporelle est perçue par les autres et l’échelle du poids évalue la satisfaction ou l’insatisfaction envers le poids. Les coefficients alpha de Cronbach pour les sous-échelles de l’apparence et du poids étaient respectivement de 0.83 et 0.90 dans l’étude de Rousseau et se collaborateurs (2015). Elle est de 0.93 et 0.86 dans notre étude (annexe G).

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Yale Food Addiction Scale (YFAS). Le YFAS est un questionnaire auto-rapporté

de 25 items permettant d’évaluer la DA au courant des 12 derniers mois selon sept critères inspirés des critères diagnostiques de dépendance aux substances du DSM-IV-TR (Brunault, Ballon, Gaillard, Réveillère & Courtois, 2014). La plupart des items comportent une échelle de type Likert, allant de zéro (jamais) à quatre (plus de quatre fois par semaine ou tous les jours). Les autres items sont répondus de façon dichotomique, par oui ou par non. Pour attribuer un des critères au participant, au moins 1 des items correspondant au critère doit être endossé. L’addition des critères remplis permet d’évaluer la sévérité de la DA, allant de 0 à 7. Un diagnostic de DA est attribué lorsque le participant remplit au moins trois critères de la DA ainsi que le critère de détresse et/ou d’altération du fonctionnement. L’instrument possède un alpha de Cronbach satisfaisant, avec une valeur de 0.76 (Brunault

et al., 2014). Il est de 0.68 pour l’échantillon de cette étude (annexe H).

Le YFAS a récemment été modifié afin de correspondre aux critères diagnostiques des troubles liés à une substance du DSM-5. Le Yale Food Addiction Scale 2.0 (YFAS 2.0) est un questionnaire auto-rapporté de 35 items permettant d’évaluer la DA au courant des 12 derniers mois selon 11 critères (Brunault et al., 2016b). L’outil se mesure de la même façon que l’YFAS original. Or, compte tenu du nombre de critères plus élevé dans le DSM- 5, le score de sévérité varie de 0 à 11. C’est également pour s’adapter au DSM-5 qu’un diagnostic de DA est attribué lorsque le participant remplit au moins deux critères de la DA, comparativement à trois dans la version précédente. Le questionnaire a été validé et possède une bonne cohérence interne de 0.83 (Brunault et al., 2016b), alors que le coefficient de fidélité est de 0.93 dans notre étude (annexe I).

Santé mentale

Beck Depression Inventory-II (BDI-II). Le BDI-II est un questionnaire auto-

rapporté, qui a été conçu pour évaluer la présence de symptômes dépressifs et mesurer la sévérité de ceux-ci (Bourque & Beaudette, 1982). Il comporte 21 items élaborés à partir des critères diagnostiques de la dépression du DSM-IV (APA, 1994) et fait référence aux symptômes ressentis dans les six derniers mois. Tous les items sont cotés sur une échelle

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Likert allant de zéro (absence de souffrance engendrée par le symptôme) à trois (souffrance intense engendrée par le symptôme). Ainsi, les réponses notées pour chacun des items sont additionnées pour arriver à un score total. Selon le barème clinique de l’outil, un score de 0 à 13 indique une sévérité des symptômes dépressifs minimes, un score de 14 à 19 indique la présence d’une dépression de sévérité légère, un score de 20 à 28 indique la présence d’une dépression de sévérité modérée et un score de 29 à 63 indique la présence d’une dépression sévère. Il a été démontré que le BDI-II présente une excellente cohérence interne de 0.90 (Storch, Roberti & Roth, 2004), tout comme dans notre échantille (α = 0.91) (annexe J).

Inventaire d'Anxiété Situationnelle (STATE). Le STATE est un instrument qui

évalue l'anxiété à l’âge adulte (Gauthier & Bouchard, 1993). Cet instrument est utilisé afin de mesurer l'anxiété d'état, soit l’anxiété vécue dans le moment présent. L’inventaire comporte 20 items qui se répondent sur une échelle variant de « Pas du tout » (1) à « Beaucoup » (4). Les propriétés psychométriques de validité et de fidélité du STATE se sont révélées excellentes (α =0.90; Gauthier & Bouchard, 1993). La fidélité est de 0.93 dans la présente étude (annexe K).

Traits de personnalité

Le Temperament and Character Inventory (TCI-125). Ce questionnaire auto-

rapporté de 125 items est une version abrégée du TCI de 226 items développé par Cloninger (Chakroun-Vinciguerra, Faytout, Pélissolo & Swendsen, 2005). Il a été développé pour évaluer le tempérament et le caractère des individus selon sept dimensions de la personnalité. De ces sept dimensions, quatre sont des dimensions du tempérament : recherche de la nouveauté, évitement du danger, la dépendance à la récompense et la persistance. Les trois dimensions du caractère sont : l’auto-détermination, la coopération et la transcendance. Le score de chacune des dimensions est calculé en combinant le score des sous-échelles relatives. Le TCI démontre une consistance interne de 0.76 pour la recherche de la nouveauté, 0.87 pour l’évitement du danger, 0.63 pour la dépendance à la récompense, 0.65 pour la persistance et 0.79 pour l’auto-détermination (Chakroun- Vinciguerra et al., 2005). Les cohérences internes des sous-échelles pour notre échantillon sont respectivement de 0.71, 0.91, 0.42, 0.72 et 0.82 (annexe L).

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Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été réalisées à partir du logiciel SPSS 21.0. Dans un premier temps, des analyses descriptives ainsi que l'analyse des patrons de corrélations ont été effectuées pour chacun des groupes relativement à toutes les variables à l’étude afin de brosser un portrait global de l’échantillon et d’identifier les différences de relation entre les groupes. Les tailles d’effet corrélationnelles ont été interprétées en tenant compte des barèmes appropriés : 0.10 = effet de petite taille, 0.30 = effet de taille moyenne et 0.50 et plus = effet de grande taille (Cohen, 1988).

Des analyses de variance multivariées (MANOVA) ont ensuite été effectuées afin de comparer les groupes DA et HB+DA sur la sévérité des comportements alimentaires, la satisfaction corporelle, les symptômes de dépression, les symptômes d’anxiété et les traits de personnalité. Un niveau alpha de 0.05 a été utilisé pour l’ensemble des analyses. Les tailles d’effet η2 ont également été calculées et interprétées selon les barèmes suivants :

0.01 = effet de petite taille, 0.06 = effet de taille moyenne et 0.14 et plus = effet de grande taille (Cohen, 1988).

Par la suite, des analyses de modération ont été réalisées à l’aide du module complémentaire PROCESS macro (modèle 1) développé par Hayes (2013). Ces analyses ont été effectuées dans le but de déterminer si la présence de l’HB chez une personne présentant de la DA modérait les relations entre les variables alimentaires d’une part et la personnalité d’autre part.

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CHAPITRE 4 : RÉSULTATS

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