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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-01430796

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Submitted on 20 Feb 2017

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Conclusions du colloque

Louis Holtz

To cite this version:

Louis Holtz. Conclusions du colloque. Dossiers d’HEL, SHESL, 2016, Le Liber glossarum (s. VII-VIII) : Composition, sources, réception, pp.339-341. �hal-01430796v2�

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DOSSIERS D’HEL10,2016©SHESL

CONCLUSIONS DU COLLOQUE

Louis Holtz

Chers collègues, la première conclusion qui s'impose, c'est que les organisateurs du colloque, Anne Grondeux et Franck Cinato, ont bien fait les choses, car sur le plan matériel comme sur le plan intellectuel leur accueil était parfait, dans un climat d'amitié, ce qui a établi dès le premier instant la connivence : leur passion de chercheurs s'est révélée communicative, ce qu'attestent les nombreuses discussions qu'ont soulevées les exposés. Bref, nous nous sommes tous sentis comme des membres de l'équipe qu'ils forment avec les collègues de l'université de Milan. Remercions-les chaleureusement.

Ils n'ont pas manqué de courage quand, il y a maintenant un peu plus de cinq ans, ils ont lancé cette grande entreprise, en mettant à profit les ressources que fournit l'informatique et en saisissant l'occasion d'obtenir les crédits nécessaires. L'ampleur du Liber glossarum avait suffi jusque-là à décourager les médiévistes. Il fallait donc une certaine audace pour s'engager dans un tel programme, qui ne peut être qu'à la mesure d'une équipe. Finies les éditions partielles, le texte n'ayant sa vraie valeur que s'il est complet.

Cette équipe s'est conformée tout naturellement aux règles de l'édition critique, avec l'objectif de parvenir à établir un texte qui soit le plus proche possible de l'original sorti des mains de l'auteur et pour cela appliquer la méthode de Lachmann et de Paul Maas : repérer tous les témoins, à commencer par les plus anciens, établir le stemma, choisir en fonction du stemma les mss de base, enfin établir le texte, le munir d'un apparat et des commentaires qui s'imposent.

Aujourd'hui toutes ces étapes ont été franchies avec succès et nous sommes à la veille de la diffusion "on line" du Liber glossarum. Mais pour arriver là, la méthode a dû, comme c'est normal, s'adapter au genre du texte et le travail sur ce texte a fait apparaître des problèmes spécifiques parfois délicats à résoudre.

D'abord il s'agit d'une vaste compilation, genre particulièrement prisé à l'époque carolingienne, une compilation dont le fonctionnement est réglé par l'ordre alphabétique, donc d'une énumération de textes de volume absolument disparate allant de deux mots à quatre pages, chaque lemme relevant d'un sujet indépendant des autres, dans les domaines les plus variés, littérature bien sûr, mais aussi géométrie, métrique, médecine et assemblant de purs éléments lexicographiques à ce que notre collègue David Paniagua nomme à juste titre des éléments encyclopédiques. Il s'agit donc au minimum de l'association de deux types de compilation. Mais les éléments encyclopédiques sont eux-mêmes la plupart du temps des mini-compilations et les éléments marqués comme originaires de glossaires ainsi que les doublets de lemmes supposent aussi l'association de plusieurs recueils.

Les principales questions que pose le LG sont les suivantes : De quelle discipline relève l'ouvrage ?

Quelle est l'origine du LG ?

Quelles sont les sources et comment sont-elles utilisées ? Comment s'est fait le travail ?

Qui a diffusé à l'époque carolingienne le LG ? Qu'apporte à la recherche l'édition du LG ?

Le plan du colloque était conçu pour que tous ces aspects soient abordés, aussi bien sur le plan philologique qu'historique.

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360 LOUIS HOLTZ

DOSSIERS D’HEL10,2016©SHESL

Le point de départ, le lemme, est le nom, et l'illustration du nom est un autre nom. Le contexte est celui du langage, qu'il s'agisse de synonymes, de définition, de notices historiques ou techniques, bref l'ensemble du texte relève de la grammaire, sujet qui a donné lieu à une séance entière. Notons la richesse du vocabulaire qui se déroule ainsi de lettre en lettre : une mine à une époque où le latin tendait partout à s'appauvrir.

En ce qui concerne l'origine l'accord est fait pour désigner la péninsule ibérique comme le berceau du LG. L'omniprésence d'Isidore, dont on a noté que 90% du livre 1 des Etymologies se retrouve dans le texte et dont le nom figure massivement en tête des lemmes, la présence de Julien de Tolède auquel notre colloque a consacré deux communications, les traits wisigothiques dans l'écriture des plus anciens mss même quand ils sont copiés par une main non ibérique, les citations de poètes hispaniques substituées à celles de Mallius Theodorus dans les lemmes consacrés au vocabulaire de la métrique, tout cela va dans le même sens et l'accumulation de tous ces faits fournit une preuve irréfutable. L'importance d'Isidore pour rendre compte de notre texte justifiait bien que plusieurs orateurs aient abordé cet aspect avec brio.

L'Espagne wisigothique, mais où ? La plus grande vraisemblance est Séville. Isidore est mort en 636. Ce grand travail de compilation demande une équipe de philologues, une riche bibliothèque et surtout du temps, de l'organisation. Isidore n'a pas travaillé seul. Lui une fois disparu, son équipe a dû lui survivre. Puis-je risquer une hypothèse? Peut-être le dépouillement des sources que nécessitait le LG avait-il commencé à Séville, avant la mort d'Isidore, ce qui impliquerait que le LG soit un projet d'Isidore, commencé de son temps et poursuivi durant de longues années par son équipe. Il faut insister sur le peut-être, car on a montré qu'il y avait parfois un intermédiaire entre le texte d'Isidore et celui du Liber glossarum.

Quelles sont les sources et comment ont-elles été utilisées ? Un élément commun à ces deux compilations est fourni par la mention de l'origine des lemmes. Il y a les lemmes avec mention d'origine et les lemmes qui en sont dépourvus. Ceux-ci sont de loin les plus nombreux me semble-t-il. On peut donc faire la liste des sources déclarées.

On a insisté, durant ces journées sur le fait que le contenu de nombreux items tombait facilement dans l'anonymat. Les bases de données dont nous disposons, comme Patrologia latina Database, Biblioteca Teubneriana Latina etc. permettent aujourd'hui de combler pour une certaine part les silences du texte sur l'origine de bien des lemmes. Parmi les sources il y a les Pères de l'église d'Occident et en premier lieu Jérôme. Je ne sais pas si les Pères grecs sont présents. S'il en est quelqu'un, ce ne peut être que dans la traduction de Rufin.

Il y a eu dans l'atelier d'où est sortie cette œuvre des lemmes issus du dépouillement direct des textes et d'autres qui sont extraits non des originaux mais de recueils tous faits. Un mot est revenu pendant ces trois jours, concernant les sources, le mot "intermédiaire" qui correspond le plus souvent à un vide puisqu'on ne connaît pas ce qu'est cet intermédiaire. Sur ce point il a sans doute des recherches plus précises à mener.

Comment s'est fait le travail ? Certes, ce qui est remarquable c'est le résultat, la tenue des mss les plus anciens, la régularité de la présentation qui ne peut que reproduire la présentation des archétypes. Mais le problème qui se pose est celui de toute compilation : comment est-on passé du dépouillement des ouvrages à la phase de construction du LG. Par le moyen de fiches ? Faut-il supposer le recours aux fameuses ardoises wisigothiques? Car il n'y a plus de papyrus depuis que la conquête arabe de l'Egypte a mis fin à sa production et à son commerce. Et le parchemin est un produit qui coûte cher.

Comment s'est faite la diffusion du LG hors de l'Espagne? Vous me pardonnerez, j'ai fait un rêve, vous allez peut-être le trouver un peu simpliste. Les premiers mss du LG datent de la fin du VIIIe s., donc du règne de Charlemagne. Bien sûr quand on aborde l'histoire de la diffusion d'un texte, il faut toujours penser à ce qui s'est perdu. Il y a tant de mss qui se sont

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CONCLUSIONS

DOSSIERS D’HEL10,2016©SHESL 361 perdus ! Le roi, rector magnificus piusque princeps ... Karolus, comme dit Florus de Lyon dans ses hendécasyllabes, a pris les moyens de restaurer une certaine forme de culture, ne fût-ce que pour pouvoir administrer d'une façon efficafût-ce son empire : priorité à l'écrit, restauration d'un latin correct pour faire pièce à une langue populaire qui se romanise de plus en plus et surtout qui ne s'écrit pas. Pour mener à bien cette politique culturelle il s'appuie sur l'église dont c'est la langue naturelle et dont les évêchés quadrillent le territoire. Il s'entoure des personnages les plus savants de son temps, Alcuin, Paulin d'Aquilée, Paul Diacre, Pierre de Pise, Théodulphe, en provenance des quatre horizons. Ces savants personnages ne sont pas venus à la cour les mains vides, mais avec des trésors, je veux dire des outils pédagogiques qui ont été mis en commun, et vont être rapidement recopiés et diffusés dans les principaux centres ecclésiaux, les monastères, les évêchés. Alcuin a apporté l'œuvre de Bède, mais aussi la grammaire de Priscien, Pierre de Pise et Paul diacre, leur propre traité. Les irlandais ne manqueront pas d'apporter bientôt leurs manuels, fondés largement sur la grammaire de Donat. Et si c'était Théodulphe qui avait apporté non seulement les Étymologies d'Isidore mais aussi le LG ? Toutefois cette reconstruction a le défaut de ne pouvoir s'appuyer sur des arguments précis, puisque les rapports entre Théodulphe et le LG sont ténus et tardifs.

Quelles que soient les questions que pose notre dictionnaire encyclopédique, on est souvent dans l'embarras pour répondre, car tout est compliqué. C'est ce que nous avons constaté durant ces trois jours. Mais l'essentiel est d'avoir le texte à sa disposition. Ce texte pour ainsi dire redécouvert par l'équipe de l'histoire des théories linguistiques de Paris-VII est d'une très grande richesse. Cela d'abord parce que, vu sa nature même, il est fait de bribes et de morceaux disparates qui nous permettent par la tradition indirecte de remonter aux manuscrits perdus dont ils ont été extraits. Or ces manuscrits perdus sont bien antérieurs à ceux dont nous disposons. Ils peuvent même, je pense au De haeresibus isidorien, être les seuls témoins d'un texte perdu. Mais pour chaque auteur cité il va falloir confronter cette tradition indirecte à la tradition directe, repérer la situation qu'occupe ce nouveau témoin partiel dans le stemma codicum, et cela est vrai aussi dans le cas des Étymologies d'Isidore dont l'édition est en cours. Plusieurs des intervenants se sont déjà mis à la tâche pour tel ou tel auteur, et avec brio. Toutefois l'utilisation de la tradition indirecte a elle-même ses règles et requiert beaucoup de prudence. Il ne faut pas prendre pour agent comptant tout ce qu'elle nous suggère. Car c'est aussi, d'une certaine façon, un saut dans l'inconnu.

Ne nous plaignons pas de l'épaisseur du nouveau document qui s'offre à nous. C'est un de ses avantages. Son exploitation va donner du travail à de nombreux chercheurs : nous ne sommes pas les seuls à attendre sa mise en ligne.

Sur l'un des documents transmis par nos amis de Paris-VII, ces trois jours sont qualifiés de "colloque de clôture". Je proteste : tout au contraire notre colloque international était un colloque d'ouverture parce qu'il ouvre des voies nouvelles à la recherche. Merci aux organisateurs, merci aux orateurs, et tout spécialement parmi eux à nos collègues venus d'Italie, d'Espagne, du Portugal, de Hollande, des États-Unis. Encore une fois à tous merci.

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