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Evolution du monde associatif de 1978 à 1986

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(1)

Iredoc

Centre de Recherche pour l'Etude et l’Observation des Conditions de Vie

P

V/ CONSOMMATION

ET MODES DE VIE

Chroniques du Crédoc ISSN 0295-9976 N° 34 — Décembre 1988

Evolution du monde associatif

de 1978 à 1986

Laurence Haeusler

ïï Environ 50 000 associations se créent chaque année en France. Mais le monde associatif n’est pas en boulever- Ë-ff sement permanent pour autant ; le « taux de mortalité » des associations estfort, et les adhésions simultanées

M J sont fréquentes. De 1978 à 1986, le nombre de Français qui mènent une vie associative fluctue entre 42 % et

48 %, si l’on ne tient pas compte des associations du troisième âge ; il atteint 49 % en 1986 en les prenant en compte.

Le profil-type de l’adhérent est toujours le même : c’est un homme actif, diplômé, habitant en province.

L’enquête du Crédoc sur les « conditions de vie et les aspirations des Français » montre qu’au-delà de cette relative stabilité du public des associations, l’audience des différentes associations évolue au fil des années ; d’une part, les associations sportives continuent à prendre de l’importance, surtout auprès des jeunes ; d’autre part, les associations

* militantes », syndicats, associations de défense de la nature, associations de femmes, perdent des adhérents, surtout

parmi les jeunes générations.

Les associations « militantes » en perte de vitesse

Une grande part du mouvement associatif est centrée autour des loisirs : associations sportives, associa­ tions culturelles et de loisirs, associations du troi­ sième âge... Les associations que l’on peut qualifier de « militantes », dont on peut penser que leur action influence la vie politique et sociale de notre pays, n’ont jamais été celles qui rassemblaient le plus grand nombre d’adhérents. Les associations de consomma­ teurs, par exemple, parfois redoutées par certaines entreprises, ne rassemblent que 2 % des Français depuis 1978.

Grâce au sport, la prédominance des loisirs dans le monde associatif ne cesse de se renforcer. Les asso­ ciations sportives sont les seules à attirer un nombre croissant d’adhérents : de 15 % des Français de plus de 18 ans en 1978, à 19 % en 1986. A l’inverse, cer­ taines associations « militantes », syndicats, associa­ tions de femmes, associations de défense de la nature, voient leurs effectifs diminuer (seuls les partis politiques échappent à cette baisse d’audience).

Taux d'adhésion ans associations en 1978/1980 et 1984/1986 T a Sportives Cul turellesjoisirs Troisième Age (•) Parents d’élèves Professionnelle Syndicat Bienfaisance.entraid j Quartier, locale Confessionnelle Parti politique Jeunes Familiale Consommateurs « Défense de la nature Etudiants Femmes I Source : Crédoc > 1___ JMoyvnr^i 10/8-1060 SÜ3 Moyonne «084-1060

(*) Introduites dans le questionnaire en 1985 et 1986 Consommation et modes de vie — Publication du Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie

(CREDOC) — Directeur de la publication : Robert Rochefort — Rédacteur en chef : Yvon Rendu — Réalisation : Brigitte Ezvan - 142, rue du Chevaleret, 75013 Paris - Tél. : (1) 40.77.85.00. Diffusion par abonnement uniquement - 140 F par an — Environ 10 numéros.

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La perte d’influence de ces associations (assez limi­ tée tout de même) s’accompagne d’une transforma­ tion de leur public, ainsi que des opinions exprimées par leurs adhérents.

Les syndicats : de moins en moins de sala­ riés du privé

Il ne s’agit pas ici uniquement des syndicats de sala­ riés, mais également des syndicats professionnels. A l’exception des syndicats d’agriculteurs, d’artisans et de commerçants, tous ont perdu une part de leur influence : 10 % des actifs adhéraient à un syndicat en 1984/1986, au lieu de 14 % en 1978/1980. En conséquence, en 1986, la catégorie sociale la plus syndiquée est celle des exploitants agricoles (22 % d’actifs syndiqués), loin devant les cadres supérieurs et les professions libérales (14 %), les cadres moyens (14 %) et les ouvriers (8 %).

Parmi les salariés, les plus syndiqués sont ceux du secteur public et des grandes entreprises nationali­ sées. La baisse d’audience des syndicats a encore accentué cette tendance. Entre 1978/1980 et 1984/ 1986, le taux de syndicalisation a été pratiquement divisé par deux parmi les salariés du privé, tombant de 11 % à 6 %. Dans le secteur public, il est passé de 25 % à 17 %.

Taux d’adhésion aux syndicats selon le statut d'activité %

INDEPENDANT SALARIE PRIVE SALARIE 8EC.NAT. SALARIE ETAT

1...11978-1980 BΠ1984-1986

Le taux de syndicalisation des plus jeunes était, déjà en 1978, beaucoup moins fort que celui des actifs entre 25 et 50 ans. En 1986, les moins de 25 ans ont pratiquement déserté les rangs des syndicats.

Plus important peut-être, les aspirations des syndiqués à des changements profonds se sont émoussées. Ils sont de moins en moins nombreux à vouloir changer la société, à critiquer le fonctionnement de la justice. Ils sont moins inquiets que la moyenne des actifs de l’éventualité du chômage. Cette dernière attitude s ex­ plique évidemment en grande partie par le statut des

syndiqués : beaucoup sont fonctionnaires ou appar­ tiennent à des grandes entreprises nationales. Ceux qui se trouvent actuellement en situation précaire, au chômage ou menacés de chômage, sont très peu syn­ diqués. Cependant, en 1984/1986, les syndiqués s’at­ tendent moins souvent que les autres actifs à une amélioration de leurs conditions de vie d’ici à 5 ans.

Défense de la nature et gestion de l’envi­ ronnement n’intéressent plus les jeunes.

Sous ce label sont regroupées beaucoup d’associa­ tions dont les objectifs sont différents : associations écologistes, associations de chasseurs, ou associa­ tions qui se constituent, à un moment donné, pour la défense d’un site. Beaucoup d’éléments permettent de supposer que ce sont essentiellement les associa­ tions écologistes qui ont subi une forte baisse d’au­ dience.

Taux d’adhésion à une association de défense de la nature selon le niveau de diplôme

*

1.9 1.8

ET.SUP AUCUN

O 1978-1980 1984-1986

Le changement, peut-être le plus important, est le désengagement des jeunes: 6 % des hommes de moins de 25 ans participaient à une association de défense de la nature en 1978/1980 , ils ne sont que 1 % en 1984/1986 (les femmes n’ont jamais beau­ coup participé à ce type d’association). Il y a non seu­ lement désaffection des jeunes générations, mais éga­ lement désintérêt de la part de ceux qui ont le plus fort capital culturel : 11 % des diplômés de l’ensei­ gnement supérieur en 1978/80, contre 4,5 % en 1984/86 adhéraient à ces associations.

Si les associations de défense de la nature demeurent bien informées en matière de politique énergétique, et manifestent une forte opposition au nucléaire, le désir de transformations radicales de la société a dis­ paru, ou plutôt, il n’est pas plus marqué que dans la moyenne de la population française. Les revendica­ tions semblent avoir perdu de leur vigueur.

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Où sont les féministes d’antan ?

Les associations de femmes n’ont jamais rassemblé qu’un petit nombre de Françaises (3 % en 1978/ 1980, 1,5 % en 1984/1986). En 1978, apparaissaient deux populations différentes regroupées sous ce label : d’une part des femmes d’âge moyen, qui parti­ cipaient aussi à une association confessionnelle, d’autre part des femmes jeunes, diplômées, pari­ siennes, qui défendaient une vision « moderniste » de la femme et de la famille. En fin de période, le déclin des associations de femmes est surtout dû au départ des jeunes femmes diplômées. Cette appa­ rente baisse d’audience des organisations féministes, telles qu’elles existaient dans les années 1970, est peut-être due à la fin des luttes pour la légalisation de l’avortement.

Taux d'adhésion à une association de femmes selon l’âge *

60 an» et ♦ 40-59 an»

Femmes 84/86 I ..1 Femmes 78/80

Pourtant, les partis politiques aussi ont changé. Même si les artisans et commerçants y font une entrée en force (7 % sont inscrits à un parti politique en 1984/1986 contre 2 % en 1978/1980), c’est peut- être moins dans leur composition sociale que dans les valeurs auxquelles souscrivent leurs militants que ce changement s’est manifesté :

— ils sont nettement moins nombreux à souhaiter des transformations radicales de la société (34 % d’entre eux en 1984/86, contre 48 % en 1978/1980). — Us critiquent beaucoup moins souvent le fonction­ nement de la justice (28 % pensent qu’elle fonctionne très mal en 1984/1986, contre 49 % en 1978/1980).

Taux d'opinions favorables à des transformations radicales

de la société

ENSEMBLE PARTIS POLITIQUES SYNDIQUES DEFEN8E NATURE

&Msm\

</*»■ •

Les partis politiques ne veulent plus chan­ ger la société.

Les partis politiques n’ont pas connu le déclin des associations militantes précédentes, situées dans la mouvance de 1968. Leurs effectifs fluctuent entre 2 % et 4 % des Français, avec une pointe à 5 % à l’au­ tomne 1981

Taux d'adhésion à un parti politique selon la catégorie sociale (*)

Exp.agricole Comm,art,Chef erit Cad.6up.pr.lib Cadre moyen employé ouvrier Pers.service Ménagères Etudiant 0 2 4 0 8 CH 1978-1980 SB1984-1986

Il est devenu courant de se plaindre de la faiblesse du débat poütique, de la morosité ambiante, de la dispa­ rition des débats idéologiques. Il semble que ce chan­ gement de climat vient moins des Français que de leurs porte-paroles : autant de Français désirent des transformations radicales de la société en 1986 qu’en 1978. Mais les membres des organisations militantes, eux, sont moins persuadés qu’à la fin des années 1970 de la nécessité de ces transformations. Le désintérêt des jeunes pour un certain militantisme explique sans doute en partie le déclin des positions extrémistes. Il est possible également que de nouvelles formes d’as­ sociations, comme SOS-racisme, expriment mieux les désirs des nouvelles générations, et soient mal sai­ sies dans l’enquête.

Il n’est pas question ici de porter un jugement sur les transformations des partis politiques ou des syndi­ cats. Force est simplement de constater qu’en 1986, ils canalisent peut-être moins les mécontentements, qu’ils ne sont plus le Heu privilégié d’expression des besoins de transformations poütiques et sociales.

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Le public des associations

Taux d'adhésion à au moins une association % 60 30 ■Hommes FRANCE Femmes 20 -10 -0I---1--- 1---_■--- 1---1--- *--- 1---'--- L— 1978 1979 1980 1901 1982 1983 1984 1985 1986 Années

Croissance de la part des cadres moyens et cadres supérieurs quand augmente

le nombre d’associations fréquentées

Zero

-B

_2j

Une

-B

J4 J

Oeux ■0 |g 7

Troie ou quatre - 0

Hi°W

Cinq -0

10 20 30

%

40

1 ...1 % de cadres moyen s BD % de cadres sup

Les adhérents sont plus souvents des hommes (56 %), diplômés (27 % ont au moins le bac, contre

19 % dans l’ensemble de la population).

Les multi-adhésions sont fréquentes ; la moitié des adhérents participe à plus d’une association, un quart participe à trois associations ou plus.

La sur-représentation dans la vie associative des catégories sociales aisées n’est vraiment nette que parmi les multi-adhérents. Les proportions de cadres supérieurs et de cadres moyens augmentent avec le nombre d’associations fréquentées. Il en est de même pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

La vie associative attire plus d’hommes (49 % d’en­ tre eux), que de femmes (39 % d’entre elles). Cer­ taines associations comptent une forte majorité masculine : syndicats (72 %), partis politiques (67 %), défense de la nature (63 %), sport (61 %), d’autres sont dominées par les présences fémi­ nines, bienfaisance (55 %), confessionnelles (54 %), parents d’élèves (57 %).

Ce n’est pas le fait de travailler ou non qui a le plus d’influence sur la participation des femmes à la vie associative, mais plutôt leur catégorie sociale : les femmes cadres adhèrent aussi souvent à une asso­ ciation que leurs collègues masculins. A l’opposé, les femmes employées ou ouvrières se distinguent par une participation nettement plus faible que leurs homologues masculins.

POUR EN

SAVOIR PLUS

Les résultats présentés dans ce numéro sont tirés de l’enquête du Crédoc « Conditions de vie et aspi­ rations des Français » réalisée chaque année en automne auprès de 2 000 individus de 18 ans et plus. Depuis 1984, une seconde vague d’enquête a lieu en avril-mai. Les thèmes abordés sont les suivants : Formation. Famille et politique sociale de la famille. Logement et cadre de vie quotidien. Energie.

Emploi. Transports. Education. Santé. Situation économique du foyer, perception des niveaux de vie et des conditions de vie. Epargne, crédit, retraite. Environnement familial et social. Loisirs. Chômage et politique sociale du chômage. Pro­ blèmes généraux : société, progrès, solidarité col­ lective, inquiétudes.

Bibliographie :

• L. Haeusler et F. Gros— Evolution du monde

associatif de 1978 à 1986. Crédoc n° 51, décembre 1988 (150 F TTC + port 15 F).

• F. Gros — « La vie associative ». Consommation et modes de vie, Crédoc, n° 7, décembre 1985. • F. Heran— « Le monde associatif », Economie

et statistique, n° 208, mars 1988.

• M. Forse — « Les créations d’associations : un

indicateur du changement social ». Observations et diagnostics économiques, n° 6, 1984.

L’équipe « Aspirations » dirigée par L. Lebart est composée de : F. Boscher, F. Chateau, C. Duflos, F. Gros, L. Haeusler, L. Laurent, P. Pleuvret.

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