PARTIE 1 : E CHELLES TEMPORELLES ET SPATIALES DE VARIATION DE LA TEMPERATURE 17
1.6. La zone d’étude et son climat
1.6.2. Zones climatiques définies sur les quatre départements
Il convient, après avoir présenté succinctement chaque département, de regrouper
des régions semblables en faisant abstraction des limites départementales, les influences
climatiques ne se limitant pas aux frontières21… Nous ferons ainsi parfois référence à
des massifs non compris dans notre zone d’étude mais climatiquement similaires à ceux
dont nous disposons22. Partons de l’extrême Ouest, c'est-à-dire la vallée du Rhône, et
cheminons en direction de la frontière italienne, en effectuant quelques détours quand il
le faudra23...
La région constituée de la moyenne Vallée du Rhône (de Vienne à Tournon-sur-Rhône)
et de la basse vallée de l’Isère (en aval de Voiron) profite d’un effet d’abri procuré par
le Massif Central sur les perturbations d’ouest et de nord-ouest. Les précipitations
annuelles sont comprises entre 700 et 900 mm, sauf au pied du Vercors, plus arrosé,
avec des maxima au printemps et en automne. Les températures moyennes de janvier
sont de l’ordre de +3°C, celles de juillet atteignent +22°C. Les vents présentent deux
directions principales (nord et sud), canalisés par l’axe rhodanien.
Le Nord-Ouest du département de l’Isère appartient au Bas Dauphiné. Son relief est
composé de collines (Balmes Viennoises), de bas plateaux (Ile Crémieu, Terres Froides,
Chambaran) qui culminent à 900 mètres au pied des Préalpes, et alternent avec des
plaines limitées (Bièvre). Les précipitations annuelles s’élèvent de 900 mm à 1100 mm
21 Les Cartes 1-1 permettent de replacer la zone d’étude dans le territoire français et, plus largement, dans
le contexte alpin.
22 Pour visualiser les principaux éléments de relief, se reporter à la Carte 1-2
23 Les références climatiques sont tirées de CHASSAGNEUX P., DEBLAERE J-C., THEBAULT E.,
1992, et/ou Météo-France.
d’Ouest en Est et sur le Chambaran (maxima automnal et printanier). Les températures
de janvier sont de l’ordre de +2°C, celles de juillet de +19°C vers 300 mètres.
Légèrement plus au Nord-Est, une région regroupant l’Avant Pays Savoyard, les cluses
préalpines (Annecy, Chambéry) et le pays de Gex s’étend des rives du lac Léman et du
pied oriental du Jura jusqu’à la vallée du Guiers. Les précipitations annuelles dépassent
1000 mm. Les températures moyennes tombent vers 0°C en janvier pour rejoindre
+19°C en juillet vers 400 mètres. Cette région est dans sa grande majorité soumise à la
bise. En hiver, brouillards et nuages bas sont fréquents, surtout près du Léman et dans la
basse vallée de l’Arve.
Nous rejoignons maintenant les premiers remparts montagneux que constituent les
Préalpes du Nord, moyennes montagnes calcaires culminant vers 2000-2500 mètres, qui
dominent brutalement l’avant pays savoyard et dauphinois. Du nord au sud, elles
comprennent le Chablais-Giffre, les Bornes, les Aravis, les Bauges, la Chartreuse et le
Vercors. Généreusement exposées aux flux océaniques, les précipitations y sont
abondantes, de 1500 à 1800 mm (plus de 2000 mm sur les hauts versants de Chartreuse,
qui détient certaines années le record de France), réparties tout au long de l’année, sur
plus de 160 jours par an. Les températures sont relativement fraîches (vers 1000
mètres : -1°C en janvier et +17°C en juillet).
Les Préalpes passées, nous retombons rapidement dans le Sillon Alpin, longue vallée
comprise entre 200 et 550 mètres d’altitude, qui inclut le Val d’Arly, la Combe de
Savoie et le Grésivaudan. Les précipitations, assez bien réparties au cours de l’année,
atteignent 1000 à 1400 mm en bas des pentes. Vers 500 mètres, la moyenne des
températures s’établit à +1°C en janvier, et de +18° à +20°C en juillet du nord au sud.
Plus au sud, la vallée du Grésivaudan s’efface pour laisser place aux Préalpes du Sud
(Dévoluy, Diois, Baronnies). Leur relief tourmenté conditionne un climat aux influences
méditerranéennes de plus en plus marquées vers le sud. Les températures, assez basses
dans le Dévoluy, sont douces au sud (+3°C en janvier vers 500 mètres, +20°C en juillet)
et même chaudes l’été. Les amplitudes journalières sont fortes. Les précipitations sont
de l’ordre de 1000 à 1200 mm dans le Dévoluy. Elles sont ailleurs inférieures à 1000
mm, avec un minimum d’été et un maximum d’automne.
Le pays du Drac (Matheysine, Trièves, Beaumont), fraction méridionale du sillon alpin,
alterne des plateaux à moins de 1000 mètres d’altitude et des vallées pénétrantes. C’est
le début de la zone de transition entre le climat continental et le climat méditerranéen.
Les précipitations varient de 800 à 1000 mm avec un minimum d’été. Les températures
sont voisines de 0°C en janvier et +17°C en juillet vers 900 mètres.
Plus au Nord-Est, les massifs centraux alpins, aux altitudes élevées et aux fortes
dénivellations sont surtout formés de roches cristallines. Du Nord au Sud, se succèdent
le Mont-Blanc, le Beaufortin, le Grand Arc, Belledonne, les Grandes Rousses, les
Ecrins, le Pelvoux. Les précipitations, bien qu’abondantes (1300 mm vers 1000 mètres),
s’amenuisent sur Ecrins et Pelvoux. La diversité des températures est très marquée en
raison des contrastes topographiques. L’hiver est rigoureux (vers 1000 mètres, près de
150 jours de gel), l’été demeure frais (+16°C en juillet).
Vers l’Est, délimitons une région comprenant la vallée de l’Isère en amont d’Albertville
(Tarentaise) et le massif de la Vanoise. Les précipitations sont très modestes ramenées à
l’altitude (totaux annuels de guère plus de 1100 mm avec un maximum hivernal) en
raison de la situation intérieure très abritée des courants d’ouest. Les hivers sont froids
(moyenne de 0°C en janvier vers 800 mètres), les étés assez chauds dans les vallées
(+19°C vers 800 mètres en juillet). La Haute Tarentaise est une région de prédilection
du foëhn.
Tout de suite au sud, la Maurienne, longue vallée dessinée par l’Arc, est célèbre pour
être la région la moins arrosée des Alpes du Nord : la pluviométrie, supérieure à 1000
mm à la confluence avec l’Isère s’abaisse à 750 mm entre Saint-Jean-de-Maurienne et
Lanslebourg (avec maximum hivernal). La Haute-Maurienne connaît des épisodes de
lombarde entraînant des précipitations pluvieuses ou neigeuses très intenses. Les
températures hivernales, relativement douces dans la basse vallée et sur les versants
exposés au sud, sont très rigoureuses en Haute-Maurienne (vers 1500 mètres,
température moyenne de –2°C à –4°C en janvier). Les étés sont assez chauds, mais les
nuits demeurent froides toute l’année dans l’Est.
En direction du Sud-Ouest, la Haute vallée de la Romanche (La Grave) et celles du
Dévoluy ou du Champsaur s’intègrent encore assez bien aux Alpes du Nord. La
pluviométrie annuelle est proche du mètre, atteignant même 1300 mm en Valgaudemar.
Des phénomènes météorologiques rarissimes plus au sud (mer de nuages, brouillard)
peuvent encore être observés. A latitude égale, les températures souffrent de la plus
faible durée d’ensoleillement des Hautes-Alpes.
Le Sud-Ouest de la zone (Gapençais, Buëch, Durance) peut être considéré comme la
limite septentrionale de la Provence. Les précipitations annuelles moyennes (750 à 900
mm) tombent surtout en automne et en mai, sous l’effet du climat méditerranéen. Des
épisodes pluvio-orageux intenses peuvent déverser près de 200 mm d’eau en 24 heures.
Cette région est également soumise au Mistral, même s’il n’atteint pas sa vigueur de la
vallée du Rhône. Gap subit de fortes chaleurs estivales, alors que le froid hivernal reste
modéré, avec des températures minimales en janvier de -3°C à -4°C.
L’Embrunais constitue une zone de transition qui reprend la plupart des caractères des
régions voisines. Sa position méridionale et son altitude modérée (800 à 1100m pour les
zones habitées) lui confèrent un climat plus doux que le Briançonnais, un très bon
ensoleillement et des températures comparables à celles du Gapençais. Les
précipitations sont à peine supérieures à celles du Queyras : 700 à 850 mm.
Les vallées qui convergent vers Briançon, cachées derrières les barrières montagneuses,
sont peu touchées par les perturbations atlantiques. Les pluies sont fréquemment
arrêtées au Lautaret. Les bordures orientales de ces vallées connaissent également les
retours d’est, mais assez modérément. L’ensoleillement est généreux et l’amplitude
thermique importante. Les températures descendent bas l’hiver : ainsi, à Névache
(Haute Vallée de la Clarée), les températures minimales de janvier et février sont en
moyenne inférieures à -10°C. Le brouillard est quasiment inconnu en vallée, mais les
cols (Montgenèvre) sont régulièrement ennuagés. La pluviométrie annuelle varie de 850
mm au Monetier-les-Bains à 660 mm à Cervières. Certains secteurs du Pelvoux sont
bien protégés des vents tandis que les régions frontalières sont soumises à la Lombarde.
En saison chaude, les brises thermiques gouvernent fortement le vent.
Situé à l’est, le Queyras bénéficie d’une protection sous le vent en flux zonal. La
pluviométrie moyenne annuelle atteint seulement 650 à 850 mm dans les vallées. Une à
deux fois par an, un retour d’Est apporte sur le Queyras frontalier des chutes de neige
d’une intensité remarquable (Haut Guil, Viso). L’habitat, présent jusqu’à 2000 mètres
d’altitude à Saint-Véran, un record en Europe, est l’indice principal d’un ensoleillement
très généreux. Les températures moyennes de Saint-Véran sont d’ailleurs comparables à
celles de Saint-Etienne-en-Dévoluy, située 700 mètres plus bas.
Carte 1-2 : Principales unités de relief de la zone d’étude. Projection Lambert 2 étendu. (Lhotellier
R., 2005, d’après données IGN)
Unités de relief
Dans le document
Spatialisation des températures en zone de montagne alpine
(Page 52-56)