PARTIE 1 : E CHELLES TEMPORELLES ET SPATIALES DE VARIATION DE LA TEMPERATURE 17
2.1. Examen critique des données climatologiques
2.1.2. Température minimale, température maximale : des notions parfois ambiguës 57
Les notions de température maximale et de température minimale sont définies
internationalement. Météo-France rapporte les définitions suivantes :
- « La température minimale en un lieu donné est la température atmosphérique
la plus basse atteinte en ce lieu au cours d'un intervalle de temps prédéterminé. Des
intervalles de temps successifs de 24 heures déterminent ainsi en chaque site de mesure
la température minimale quotidienne (abréviation : TN), qui survient le plus souvent
peu après le lever du jour. Afin d'assurer la synchronisation des observations à
l’échelle mondiale, on convient en météorologie que cette dernière grandeur est, pour
un jour J, la température la plus basse qui ait été relevée sur le site entre le jour J - 1 à
18 heures UTC et le jour J à 18 heures UTC. » 25
- « La température maximale en un lieu donné est la température atmosphérique
la plus élevée atteinte en ce lieu au cours d'un intervalle de temps prédéterminé. Des
intervalles de temps successifs de 24 heures déterminent ainsi en chaque site de mesure
la température maximale quotidienne (abréviation : TX), qui survient le plus souvent en
cours d'après-midi. Afin d'assurer la synchronisation des observations à l’échelle
mondiale, on convient en météorologie que cette dernière grandeur est, pour un jour J,
la température la plus élevée qui ait été relevée sur le site entre le jour J à 6 heures
UTC et le jour J + 1 à 6 heures UTC. »26
La différence entre le minimum et le maximum thermique d'une journée constitue
l’amplitude diurne. Celle-ci varie en fonction de la région, de l'altitude, du relief
environnant, du type de temps ou encore de la saison. La température minimale est
25 Source Glossaire Météo-France :
http://www.meteofrance.com/FR/glossaire/designation/473_curieux_view.jsp
26 Source Glossaire Météo-France :
http://www.meteofrance.com/FR/glossaire/designation/470_curieux_view.jsp
°C
heure
généralement plus élevée lorsque la nébulosité est forte, et la maximale au contraire
plus élevée par temps clair. Les nuages ont en effet un rôle de régulateur thermique et
ont donc tendance à atténuer à la fois le refroidissement nocturne et le réchauffement
diurne. L'amplitude est de ce fait normalement plus forte en été qu'en hiver. L'amplitude
est par ailleurs plus forte dans les vallées que sur les sommets, ou dans les régions
continentales par rapport aux zones maritimes.
TX et TN sont des températures instantanées : valeurs extrêmes quotidiennes, elles sont
beaucoup plus complexes à étudier que des valeurs moyennées. La question de la
significativité de ces valeurs doit ainsi être posée : pourquoi s’intéresser aux valeurs
extrêmes, qui ne représentent pas toujours convenablement la température d’une
journée ? Un aspect important des phénomènes thermiques (et plus généralement des
phénomènes climatiques) réside précisément dans l’étude des manifestations
singulières. Un épisode de froid, même éphémère, peut suffire à détruire une production
agricole pour une année entière. Sur une moyenne journalière, cet épisode de gel
n’apparaîtra pas forcément, mais ses conséquences seront, elles, bien visibles sur les
cultures.
Les définitions des températures minimales et maximales qui précèdent indiquent une
TN généralement observée juste avant le lever du soleil et une TX qui se produit en
cours d’après-midi. La réalité est moins simple. La Figure 2-3 présente la température
relevée entre le 22/01/2005 à 18H et le 23/01/2005 à 18H à Echirolles (Isère) et met en
évidence certains phénomènes liés à des passages frontaux. La TX du 22/01 est ainsi
atteinte peu après 18h (redoux après passage d’un front chaud), puis la température
diminue faiblement sous l’effet de la radiation nocturne. La température atteint son
minimum nocturne vers 8 heures du matin le 23/01 avant de croître sous l’effet de
l’évolution diurne. Vers 14 heures, le passage du front froid met un terme à
l’augmentation des valeurs mesurées, qui chutent brutalement (1 degré perdu en moins
de 10 minutes). La courbe s’arrête à 18 heures, mais nous devinons aisément que la
température minimale du 23/01 n’a pas encore été atteinte, le refroidissement étant
encore en cours. On obtient donc :
- le 22/01/1995 : TX vers 18 heures (au lieu des 15 – 16 heures habituelles)
- le 23/01/1995 : TN vers 18 heures (au lieu des 7 – 8 heures habituelles)27
- le 23/01/1995 : TX vers 13-14 heures (au lieu des 15 – 16 heures habituelles)
Fort heureusement, ce genre de situations n’est pas quotidien et, la plupart du temps, les
extrêmes surviennent bien aux heures « ordinaires ». L’exemple du 29/01/2005 (Figure
2-4) illustre une situation anticyclonique avec TX peu après 15 heures (le déclin du
soleil se produit tôt en hiver, d’autant plus en montagne) et TN à 5 heures (TN relatif à
8 heures). La situation de la nuit du 28/01/2005 au 29/01/2005 (nuit claire avec passages
nuageux) explique le décalage de TN absolue (5 heures) qui devrait avoir lieu vers 8
heures (TN relatif). L’évolution chaotique des températures (hausse et baisse des
valeurs se succèdent) permet de distinguer les périodes sans nuage (baisse de
température de 23 heures à minuit trente, de 2 heures à 5 heures, de 7 heures à 8 heures)
des moments plus ennuagés.
27 Par définition, TN est mesurée vers 18 heures, mais la température diminue encore à ce moment précis.
Figure 2-3 : Evolution de la température extérieure relevée entre le 22/01/1995 à 18H et le
23/01/1995 à 18H (station de mesure amateur d’Echirolles28).
Figure 2-4 : Evolution de la température extérieure relevée entre le 28/01/1995 à 23H et le
29/01/1995 à 23H (station de mesure amateur d’Echirolles29).
Une difficulté majeure réside enfin dans le fait que les températures maximales ne sont
pas atteintes dans tous les points d’une région donnée au même instant, sous les effets
d’exposition, d’ombrage du relief ou encore du passage d’un front. La température
minimale connaît une limite identique, si bien que les cartes de température minimale
ou maximale ont une valeur toute théorique : elles ne sont pas une image instantanée de
la température à un moment donné, mais plus un résumé quotidien.
2.1.3. Validation des données
La comparaison des altitudes des stations fournies par Météo-France avec celles
pointées sur le modèle numérique d’altitude concède la qualité relativement fiable des
données qui nous ont été fournies (Figure 2-5). En moyenne, l’altitude donnée par
Météo-France est plus élevée de 1,1 mètre que celle déduite du MNT30. Une différence
minime entre les altitudes s’explique par le fait que les données Météo-France sont
ponctuelles quand celles du modèle de terrain sont surfaciques (un pixel de 50 mètres
par 50 mètres représente une aire de 2500 m²) : les valeurs ne peuvent donc pas être
exactement identiques.
D’autre part, en zone accidentée, les écarts sont plus importants puisqu’une différence
minime en terme de coordonnées peut entraîner une modification de plusieurs mètres
(voire dizaines de mètres) en dénivellation. Cependant, quelques rares stations sont très
28 Les relevés en temps réel sont extraits du site http://www.meteoisere.com
29 Les relevés en temps réel sont extraits du site http://www.meteoisere.com
30 Valeur moyenne (Altitude MNT – Altitude MF) = -1,1 mètre
Valeur modale (Altitude MNT – Altitude MF) = -3 mètres
Ecart type (Altitude MNT – Altitude MF) = 83,2 mètres
éloignées de la valeur d’altitude qui nous était proposée. L’erreur provient soit
directement d’une altitude inexacte dans la base, soit de mauvaises coordonnées (le
point n’étant pas référencé aux bonnes coordonnées, l’altitude s’en trouve faussée).
Citons donc les valeurs les plus fortes (supérieures à 100 mètres) :
- Allemont : 1375 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1270 mètres attendus
- La Mure : 1040 mètres sur le modèle numérique au lieu des 865 mètres attendus
- Saint-Hilaire : 1259 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1700 mètres
attendus
- Saint-Pierre-de-Chartreuse : 1080 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1700
mètres attendus
- Chamrousse : 2118 mètres sur le modèle numérique au lieu des 2250 mètres attendus
- Les Déserts : 1489 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1350 mètres attendus
- Les Déserts : 1516 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1350 mètres attendus
- Hauteluce : 1118 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1228 mètres attendus
- Pralognan : 1675 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1420 mètres attendus
- Saint-Martin-de-Belleville : 2694 mètres sur le modèle numérique au lieu des 2800
mètres attendus
- Valloire : 2718 mètres sur le modèle numérique au lieu des 2450 mètres attendus
- Chamonix-Mont-Blanc : 3699 mètres sur le modèle numérique au lieu des 3845
mètres attendus
- Evian : 547 mètres sur le modèle numérique au lieu des 395 mètres attendus
- Morzine : 1270 mètres sur le modèle numérique au lieu des 1515 mètres attendus
- Enfin, citons Grenoble, dont les coordonnées probablement erronées nous ont poussé
à évincer la station des calculs.
Pour les très hautes altitudes (Chamrousse, Valloire, Saint-Martin-de-Belleville,
Chamonix-Mont-Blanc), la résolution du modèle numérique et les très fortes variations
spatiales d’altitude possibles à l’échelle d’un pixel nous poussent à considérer les
valeurs obtenues comme tout à fait convenables. Pour Saint-Hilaire,
Saint-Pierre-de-Chartreuse et Evian, nous sommes manifestement en présence d’une erreur de
coordonnées. A priori, la transformation des coordonnées des stations fournies par
Météo-France du système degré minute seconde en projection Lambert II étendu31 ne
peut pas être seule responsable de ces erreurs32. Pour plus d’informations, se référer à
l’Annexe 2-2.
31
La projection Lambert II étendu, projection conique conforme, est utilisée pour l’ensemble de la
France Métropolitaine. Elle est basée sur les mêmes paramètres que la projection Lambert Zone II, à
l’exception de la fausse coordonnée en Y qui vaut Y0 = 2200000 m en Lambert II étendu, et Y0 = 200000
m en Lambert Zone II. Sur les cartes IGN Série Bleue, les coordonnées en Lambert II étendu apparaissent
en couleur bleue. Le méridien origine des projections Lambert Zone est le Méridien de Paris (0 grade
Paris). La latitude origine est le parallèle 46°48’ pour les projections Lambert Zone II et Lambert II
étendu.
32 Selon le logiciel utilisé pour la conversion, on note des coordonnées calculées parfois sensiblement
différentes. Les logiciels Geodus (France Telecom CNET), Circé2000 (IGN) et ArcInfo (ESRI) ont été
utilisés pour vérification et leurs résultats comparés (Annexe 2-2).
y = 1,0065x - 5,6095
R2 = 0,9834
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
4000
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000
Altitude Météo France
Al
ti
tude M
N
T
Figure 2-5 : Comparaison des altitudes des stations de mesures fournies par Météo-France et
calculées sur le modèle numérique de terrain. (Lhotellier R., 2005, d’après données
Météo-France et IGN)
Dans le document
Spatialisation des températures en zone de montagne alpine
(Page 59-63)