• Aucun résultat trouvé

Révision, variabilité, patterns et processus évolutifs des Gassendiceratinae (Hemihoplitidae, Barrémien supérieur)

2. Cadre paléogéographique au Barrémien

4.5. Biochronostratigraphie du Barrémien supérieur du Sud-Est de la France

4.5.4. Zone à Giraudi

Auteur : Eristavi (1955) est l'auteur d'une biozone à Heteroceras leenhardtii et Colchidites

(Imerites) giraudi pour l'ex-URSS méridionale, qui deviendra ensuite la biozone à Imerites giraudi [voir historique dans Kakabadze (1989) et Delanoy (1997a-b)].

Espèce indice : Imerites giraudi (d'Orbigny, 1841).

Coupe de référence : la coupe MEO est désignée comme coupe de référence de la

biochronozone à Giraudi. Elle débute au banc MEO/164 (équivalent latéral du banc LAC/340) et s’arrête au mur du banc MEO/176 qui matérialise l’Horizon à Puzosianum (Sous-zone à Sarasini).

Statut et assemblages fauniques : cette zone est caractérisée par un grand renouvellement

faunique (Fig. 10) associé à une importante phase de transgression marine (Arnaud, 2005). Ce dernier est concrétisé par l'absence totale des Pulchelliidae et des Hemihoplitinae, toutefois les Gassendiceratinae restent temporairement bien présents avec le genre Imerites. Les Peirescinae sont toujours rares avec le genre Spinocrioceras Kemper, 1973. Ce renouvellement faunique est toutefois surtout remarquable par la prolifération des Heteroceratidae qui deviennent prépondérants : on observe la forte présence du genre

Heteroceras, et dans une moindre mesure de Rouchadzeites Delanoy & Bert, 2006, Egoianites

Delanoy & Bert, 2006, et Argvethites Rouchadze, 1933.

Dans les travaux antérieurs sur le Sud-Est de la France (Delanoy, 1994, 1997a-b), et dans la synthèse de Reboulet & Hoedemaeker (2006), la biozone à giraudi était surmontée par la biozone à sarasini caractérisée dans la pratique par l'apparition du genre Martelites Conte, 1989. Or des découvertes très récentes dans plusieurs coupes de la région du stratotype du Barrémien (MEO) montrent la présence de Martelites sp. et Martelites aff. gamkrelidzei Rouchadze, 1933 dans la Zone à Giraudi et déjà au sein de l’Horizon à Emerici, soit bien avant l'apparition du taxon M. sarasini Rouchadze, 1933 avec lequel on faisait habituellement surgir le genre Martelites. Parallèlement le genre Heteroceras est encore représenté par un petit nombre d'espèces dans la Zone à Sarasini (Heteroceras baylei Reynes, 1876,

Heteroceras fuhrae Delanoy, 1997 et Heteroceras sp. in Beaudouin et al., 2012). Ainsi la limite entre les biozones à giraudi et sarasini sensu Reboulet & Hoedemaeker (2006) est très perméable, et leur distinction basée sur un renouvellement faunique est aujourd'hui beaucoup moins fondée. Déjà en 1983 et 1989, Kakabadze avait noté les affinités entre les faunes des biozones à giraudi et à securiformis (sensiblement équivalente à la biozone à sarasini) de

Géorgie. Il avait ainsi proposé de les réunir en sous-zones d'une seule zone. C'est cette position qui a été retenue par la suite (Bert et al., 2008).

4.5.4.1. Sous-zone à Giraudi

Auteur : proposée en tant que sous-zone pour la première fois par Kakabadze (1983) pour le Sud-Est de l'ex-URSS.

Espèce indice : Imerites giraudi (Kilian, 1888). Coupe de référence : comme pour la zone. Statut et assemblages fauniques : cf. supra.

4.5.4.1.1. Horizon à Dichotomus

Auteur : Bert et al., 2011.

Espèce indice : Imerites dichotomus Eristavi, récemment révisé par Bert et al. (2009). En France, cette espèce a une répartition stratigraphique très précise et limitée. Par anagénèse, elle succède à Pseudoshasticrioceras autrani, et est l’ancêtre de Imerites giraudi, toutes deux également espèces indices.

Coupe de référence : la coupe VIG est désignée comme coupe de référence de l’Horizon à

Dichotomus. L’espèce indice est présente dans le VIG/436, équivalent au banc 151 de la coupe DES, et du banc GT/679 [voir aussi Delanoy, 1995, 1998].

Statut : L’Horizon à Dichotomus est défini par la FAD de son espèce indice, Imerites dichotomus qui se trouve dans les couches immédiatement au dessus des gros bancs

carbonatés de l’Horizon à Autrani, au sommet de la Sous-zone à Feraudianus (Zone à Sartousiana), et précède immédiatement les couches de l’Horizon à Giraudi qui contiennent

Imerites giraudi. Imerites dichotomus est présent dans le Sud-Est de la France, mais aussi en

Espagne (cf. Delanoy, 1998, p. 207), en Bulgarie, Roumanie et Géorgie, une large distribution qui permet une utilisation extensive de cet horizon.

Assemblage faunique : l’espèce indice est généralement bien représentée dans les coupes

françaises. Elle est associée à (cf. Delanoy, 1995, 1998; Bert et al., 2008): Macroscaphites

yvani (Puzos) [M & m], Acantholytoceras pseudoaudouli (Thomel) [M & m], Jaubertites collignoni Sarkar, Protetragonites crebrisulcatus (Uhlig), Eulytoceras phestus (Matheron), Silesites seranonis (d'Orbigny), Melchiorites melchioris (Tietze), Barremites difficilis

(d'Orbigny), Barremites strettostoma (Uhlig), Phylloceras ponticuli (Rousseau), et

Heteroceras coulleti Delanoy, Heteroceras baylei Reynes et Spinocrioceras trachyomphalus

(Uhlig).

4.5.4.1.2. Horizon à Giraudi

Auteur : proposé pour la première fois par Delanoy en 1997a-b.

Espèce indice : Imerites giraudi (Kilian, 1888).

Coupe de référence : la coupe VIG. L’espèce indice apparaît dans le banc VIG/439,

équivalent du banc DES/153 et des bancs GT/680-681.

Statut : Horizon défini par la FAD de son espèce indice.

Assemblages fauniques : présence, en plus de l'espèce indice, d'Heteroceras coulleti et Heteroceras baylei, ainsi que de formes plus rares comme Heteroceras rawsonii Delanoy &

Bert, 2006. On notera aussi la présence des Peirescinae avec Spinocrioceras amadei (Uhlig, 1883).

Auteur : proposé pour la première fois par Delanoy en 1997a-b.

Espèce indice : Heteroceras emerici d'Orbigny, 1842.

Coupe de référence : la coupe GT est choisie. L’espèce indice apparaît dans le banc GT/682,

équivalent du banc DES/156, et du banc MEO/166.

Statut et assemblages fauniques : cet Horizon est défini par la FAD de son espèce indice Heteroceras emerici d'Orbigny, 1842 qui correspond à l'explosion morphologique des grands

Heteroceratidae, ainsi que des formes de petite taille du groupe d'Heteroceras moriezense Delanoy, 1997, et Heteroceras baylei. D'autres taxons plus rares appartenant aux genres

Egoianites et Rouchadzeites sont présents, ainsi que les tous premiers Martelites (Martelites

aff. gamkrelidzei). On notera la persistance des Peirescinae avec Spinocrioceras

trachyomphalus (Uhlig, 1883).

4.5.4.2. Sous-zone à Sarasini

Auteur : proposée pour la première fois par Delanoy (1990) en tant que zone.

Espèce indice : Martelites sarasini (Rouchadze, 1933).

Coupe de référence : la coupe MEO, entre les bancs MEO/176 et MEO/193.

Statut et assemblages fauniques : cette sous-zone débute par l’Horizon à Puzosianum et est

donc définie par l'apparition d'Anglesites puzosianum (d'Orbigny, 1842). Elle est concrétisée par la prédominance des Martelites par rapport aux Heteroceras. Le genre Kutatissites Kakabadze, 1970, apparaît dans la partie supérieure de la sous-zone. D'une manière générale, on assiste en milieu de bassin à un appauvrissement progressif qualitatif et quantitatif des faunes d'ammonites.

4.5.4.2.1. Horizon à Puzosianum

Auteur : introduit pour la première fois en tant que biozone par Busnardo (1965).

Espèce indice : Anglesites puzosianum (d'Orbigny, 1842), très récemment révisé (Delanoy & Busnardo, 2007).

Coupe de référence : l’espèce indice est présente dans le banc MEO/176. Dans les coupes

voisines ce niveau correspond aux bancs A/177 et DES/169.

Statut et assemblages fauniques : cet Horizon est défini par la FAD d’Anglesites puzosianum

présent en grand nombre. Ils sont accompagnés de Martelites sarasini et d'Heteroceras baylei.

4.5.4.3. Sous-zone à Pseudocrioceras waagenoides

Auteur : cette unité a été proposée comme biohorizon par Kakabadze & Kotetichvili en 1995.

Espèce indice : Pseudocrioceras waagenoides (Rouchadze, 1938).

Statut : cette unité a été élevée au rang de biozone par Hoedemaeker & Rawson (2000), et plus récemment en tant que sous-zone par Reboulet & Hoedemaeker (2006). Bert et Delanoy avaient proposé à Digne (in Reboulet et al., 2007, inédit) de la ramener à son statut originel pour les raisons suivantes :

- répartition très localisée du genre Pseudocrioceras en liaison avec des contraintes écologiques très fortes (prolifération sur les pourtours du bassin vocontien et quasi-absence en domaine pélagique) ;

- présence conjointe des premiers Pseudocrioceras avec les derniers Martelites (Ropolo et al., 1998).

Toutefois, par consensus avec nos collègues du Kilian Group (Reboulet et al., 2007 inédit), et dans l'attente d'une meilleure connaissance des niveaux terminaux du Barrémien dans le bassin vocontien, le positionnement de cette unité au rang de sous-zone est accepté ici (Fig. 9), même si les Kutatissites présentent de meilleurs marqueurs potentiels. Dans cette attente il n’est pas possible de reconnaître une biochrono-sous-zone à Wagenoides qui reste donc au statut de (bio)sous-zone.

Assemblages fauniques : prolifération sur les pourtours du bassin vocontien du genre Pseudocrioceras Spath, 1924 où il est représenté par de nombreux taxons. Dans le domaine

pélagique les Pseudocrioceras sont quasiment absents, et la sous-zone à waagenoides n'y a jusqu'à présent encore jamais été mise en évidence. Toutefois cette unité pourrait éventuellement être matérialisée en bassin par quelques représentants du genre Kutatissites Kakabadze, 1970, mais ce genre est encore très mal connu tant au plan paléontologique que stratigraphique.

4.6. Conclusions

Le schéma biochronologique proposé dans ce travail s'appuie le plus possible sur les renouvellements fauniques mis en évidence dans le Barrémien supérieur du Sud-Est de la France (Fig. 10), souvent associés avec les variations eustatiques, et surtout sur la connaissance de la position phylétique et de l’évolution des espèces indices qui lui servent de référence. L'extension de ce cadre biochronologique au domaine téthysien devrait en être facilitée ainsi que les corrélations à plus grande distance, même en l'absence des espèces indices. Les renouvellements fauniques peuvent être résumés comme suit :

- Zone à Vandenheckei (base du Barrémien supérieur) : renouvellement et diversification des Ancyloceratoidea ;

- Zone à Sartousiana : forte diversification des Hemihoplitidae au détriment des Pulchellidae au sommet de la zone après l'acmé du genre Gerhardtia ;

- Zone à Giraudi : les Hemihoplitinae et les Pulcheliidae ont disparu, forte diversification des Heteroceratidae notamment dans la partie inférieure de la zone, puis apparition et prolifération locales des genres Kutatissites et Pseudocrioceras dans la partie terminale de la zone.

Ce cadre biochronostratigraphique nécessite encore des recherches pour être affiné. La poursuite de cette démarche devra se faire en relation avec les révisions nécessaires des faunes d'ammonites qui lui servent de support, et en tenant bien entendu compte des données historiques. D'une manière générale, si la recherche d'une meilleure précision dans l'écoulement du temps est une nécessité pour les recherches paléobiologiques (entre autres), elle devrait se faire dans le cadre des horizons fauniques, et non par la multiplication des zones qui doivent rester des unités de références stables, reproductibles et cohérentes.

5. Les coupes étudiées