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On ne connait pas la date de cette homélie jugée authentique. L’homélie a été transmise par un seul manuscrit grec (Thessalonique, Moni Vlatadon 6, f. 4v-9v), selon Voicu215. Amphiloque d’Iconium analyse ici « la crainte de Dieu, l’abstinence

de fautes, la course dans la conversion et un comportement de pénitence »216 . La conversion enest le thème. Et son argumentation s’appuie sur les modèles bibliques : D’abord, Amphiloque présente David comme l’exemple de la conversion et de la pénitence. Ensuite, il continue avec les apôtres Pierre et Paul et à la fin Amphiloque présente trois « collecteurs d’impôts » dans les Évangiles : l’évangéliste Matthieu, la personne qui priait en frappant sa poitrine, qui a été justifié (au contraire de pharisien), et enfin Zachée, un chef de collecteurs d’impôts, qui a grimpé sur unarbre

209 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 7, Notice, p. 81. Hom. 7, 5, p. 110-115. DATEMA,

Introduction, p. 15.

210 Dans la 2ème partie au sous-chapitre 6, « Basile de Césarée et Amphiloque d’Iconium ».

211 BASILE DE CÉSARÉE, Contre Eunome 1, 7, 4, livre 1, t. 1, éd. B. Sesboüé – G.-M. de Durand – L. Doutreleau, SC 299, Paris 1982, p. 189. Les autres Cappadociens le font aussi. Cf. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 30, 20-21, Discours 27-31, éd. P. Gallay, SC 250, Paris 1980, p. 267-275, cité par Bonnet. AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 7, Notice, p. 86.

212 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 7, Notice, p. 87-88.

213 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 7, Notice, p. 88. Hom. 7, 5, p. 108-111.

214

DATEMA, Introduction, p. 18.

215

AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 8, Note sur le texte, p. 126.

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pour voir le Christ. Dans cette homélie Amphiloque représente analytiquement la conversion de Zachée217

et il fait un éloge de lui et de sa conversion.

Selon Bonnet, l’homélie sur Zachée présente beaucoup de similitudes avec la quatrième homélie sur la pécheresse. Plus précisément, le monologue de Zachée a des similarités avec le monologue de la pécheresse218. Comme Zachée veut imiter Matthieu219, de même la pécheresse veut imiter Rahab220

par rapport à la conversion. En ce qui concerne les mots grecs, dans le premier, Amphiloque cite le verbe « imiter », en disant : « je veux imiter Matthieu » (« Μιμήσασθαι Ματθαῖον θέλω ») et dans le deuxième il utilise aussi le verbe « imiter », en disant : « J’imiterai Rahab la

prostituée » (« Μιμήσομαι Ῥαὰβ τὴν πόρνην »). La question de l'imitation se trouve

souvent dans l’œuvre d’Amphiloque. Ces homélies se ressemblent aussi par les formulations pour introduire et terminer chaque dialogue221. Ces deux homélies du corpus amphiloquien « ont probablement été prononcées devant le même auditoire

peut-être à Iconium »222. L’homélie ne sera pas utile pour notre thèse.

Homélie 9 : Sur ‘le Fils ne peut rien faire de lui-même’ (Jn. 5, 19)

Tous les spécialistes d’Amphiloque reconnaissent l’authenticité de cette homélie. Datema remarque cependant que dans cette homélie il se trouve quelques lignes de Jean Chrysostome, « mais le reste peut, sans aucun doute, être attribué à

Amphiloque, puisque quelques fragments du texte sont déjà, dans la tradition directe, formellement à Amphiloque »223

.

C’est une homélie polémique d’Amphiloque contre l’arianisme, dont la date est inconnue et dontle début manque, dans laquelle il soutient la divinité du Christ en

217

AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 8, 1, p. 128-131.

218 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 8, Notice, p. 119.

219 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 8, 6, p. 142-143 : « Je veux imiter Matthieu : celui-ci était

aussi un collecteur d’impôts comme moi, mais ce n’est pas de sa propre initiative que Matthieu s’est élancé : il a obéi à un appel ».

220 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 4, 5, p. 326-327 : « J’imiterai Rahab la prostituée, j’adopterai

sans retard de comportement vertueux que doit avoir une femme, car Dieu ne veut rien de notre part si ce n’est un changement de disposition ».

221

DATEMA, Introduction, p. 19-20.

222

AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 8, Notice, p. 123-125.

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utilisant le verset de Jean, qui est le titre de l’homélie224. L’homélie, selon Voicu, est perdue en tradition directe et son texte est connu par des fragments transmis dans les florilèges ou des chaînes exégétiques225

. L’homélie dans les éditions de Datema et Bonnet est constituée de divers fragments. Pour le premier chercheur, les fragments proviennent d’une chaîne sur l’Évangile de Jean : le codex Romanus Vallicellianus

gr. E. 40 (72) et de la Doctrina Patrum226. Pour le deuxième, ils proviennent du livre 2 de l’Eranistes (no

2-3) de Théodoret, ainsi que de la chaîne sur l’Évangile de

Jean et de la Doctrina Patrum227.

L’homélie ne garde pas seulement un caractère pastoral, mais elle est un véritable discours théologique. Pour Amphiloque, le Christ n’est pas un serviteur du Père, comme les ariens le croyaient, pour montrer qu’il est inferieur au Père, « mais

s’il voit le Père faire quelque chose cela le Fils aussi le fait pareillement ». Ce n’est

pas le Père qui commande et le Fils qui exécute, parce que le Fils est semblable, « égal en puissance » et « de même nature divine » avec le Père228

. Il y a une seule nature, une seule volonté, et une réalisation entre le Père et le Fils, et pour cela la volonté du Fils n’est ni éloignée ni séparée de celle du Père229

. Cette homélie sera très utile pour le développement de la christologie d’Amphiloque.

Homélie 10 : L’homélie syriaque sur ‘le Père qui m’envoyé est plus grand que moi’

Cette homélie date de 376, date à laquelle le traité Sur le Saint-Esprit de Basile a été écrit ou dans les années qui ont suivi, selon Bonnet230

. Le texte grec de l’homélie 10 est perdu en tradition directe. L’homélie a été transmise par une traduction syriaque très littérale, d’après Voicu. La traduction française du texte syriaque éditée dans la collection des Sources Chrétiennes, a été préparée par le

224 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 9, Notice, p. 155.

225 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 9, Notice, p. 162.

226 DATEMA, Oratio IX, In illud : Non potest Filius a se facere, Préface, p. 173.

227 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 9, Notice, p. 162-163.

228 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 9, 5.1, p. 172-173. 5.6, p. 182-183 : « je ne réalise pas mon

œuvre en remplissant la fonction de serviteur mais en ayant pleine souveraineté ». 229

AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 9, 5.4, p. 178-179.

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séminaire de syriaque des Sources Chrétiennes, avec quelques remarques et aménagements liés aux témoignages de la tradition indirecte231

.

La dixième homélie, jugée authentique, est une homélie polémique à ranger, selon Bonnet, aux côtés des homélies 6 et 9. Ici « Amphiloque croise le fer avec un

hérétique anonyme qui représente les ariens, comme l’allusion finale à Arius, Eunome et Aèce le révèle »232. Amphiloque interprète le verset de Jean l’évangéliste «le Père qui m’envoyé est plus grand que moi» (Jn. 14, 28), pour réaffirmer l’égalité du Père et du Fils. Selon Amphiloque, le Fils a utilisé cette expression en voulant manifester la grandeur du Père233. Dans cette homélie il y a aussi l’affirmation de la divinité du Saint-Esprit. Ce verset de Jean est très récurrent dans la controverse avec les ariens et eunomiens234.

Les ariens ne pouvaient pas comprendre la distinction entre la théologie et la divine économie de Dieu, c'est-à-dire la Trinité perpétuelle et la Trinité économique. Amphiloque souligne « qu’il y a une même et unique substance », et pour cela nous ne pouvons pas comparer le Fils au Père235. Il n’est pas possible que le Christ, « qui a

fait les temps et les mondes soit soumis aux temps »236, comme les ariens lecroyaient. Seulement « entre les humains, ceux qui engendrent sont plus grands que ceux qui

sont engendrés parce que le temps intervient »237

. On voit aussi clairement le lien fait avec le fragment 6238– signe que cette homélie a été utilisée dans des controverses christologiques postérieures :

« Distingue désormais les natures, celle de Dieu et celle de l’homme ; car ni de Dieu il est devenu homme à la suite d’une chute, ni de l’homme il est devenu Dieu selon une élévation Car je dis Dieu et homme…C’est pourquoi, d’un côté je dis que je suis égal du Père et de l’autre que le Père est plus grand que moi. Je ne suis pas en conflit avec moi-même mais je montre que je suis Dieu et homme »239.

231 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, Notice, p. 190.

232 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, Notice, p. 187.

233 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, 1, p. 193.

234 Voir C. MOSS, «S. Amphilochius of Iconium on John 14, 28: The Father who sent me is

greater than I», Le Muséon 43 (1930), p. 317-364. 235 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, 2, p. 197. 236 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, 2, p. 197. 237 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, 3, p. 199. 238 AMPHILOQUE, t. 2, Hom. 10, 5, p. 203.

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Il est clair que le Père est égal au Fils « selon la divinité », mais « plus grand

selon l’économie ». Le Fils est égal au Père, parce qu’il est « né de lui », mais le Père

est plus grand que lui parce le Fils est « né de la Vierge »240. Pour soutenir la divinité du Saint-Esprit, Amphiloque dit :

« Honte à ceux qui minimisent la gloire du Saint-Esprit ! Là où le Père et le Fils se font une demeure, se trouve aussi l’Esprit »241, « ‘Car l’Esprit du Seigneur remplit la création’, puisque moi, le Père et l’Esprit saint nous tenons le ciel et la terre »242 et « Il vous enseigne ce que je ne vous ai pas dit et vous rappellera ce que je vous ai dit »243.

Cette homélie est très importante pour définir la christologie amphiloquienne ainsi que son enseignement sur le Saint-Esprit.