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Le sujet de cette homélie ne se limite pas à indiquer le mystère de la nativité de Logos, mais propose aussi l’approfondissement du mode de manifestation de Logos dans la réalité créée141

et la signification sotériologique de l’Incarnation pour l’homme et pour la création :

« Ô humanité, toi qui as donne l’existence corporelle au verbe eternel de Dieu et qui a été plus honorée en cette part que les puissances célestes et spirituelles ! En effet, le Christ n’a pas jugé bon de prendre la forme des archanges ni l’image immuable des principautés, des puissances et des dominations, mais il a pris ta forme, toi qui étais tombée dans le changement, et assimilée aux êtres privés de raison. C’est qu’en effet, eux qui sont bien portant n’ont pas besoin de médecin, mais (l’humanité) tenue par une longue maladie a eu le bonheur de trouver un médecin si fort et si grand, qu’une fois la maladie chasée, elle a la bonne fortune de jouir d’un salut plus précieux que la sante »142

.

Homélie 2 : Sur la Mère de Dieu, sur Syméon et Anne

La deuxième homélie d’Amphiloque d’Iconium a été écrite en 381. Datema143 , Bonnet144 et Papadopoulos145 regardent cette homélie comme authentique. Sachot146

140 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 1, Notice, p. 172-174.

141 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 1, 1, p. 180-181.

142 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 1, 4, p. 194-195.

143 DATEMA, Introduction, p. 13-14 : « Pourtant il serait faux de mettre en question

l’authenticité de cette homélie. La tradition des manuscrites est unanime en sa faveur…tout en admettant l’authenticité de cette homélie, nous nous refusons à croire qu’à d’époque d’Amphiloque d’Iconium on célébrait déjà la fête d’Hypapantè ».

144

AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, Notice, p. 230.

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et Voicu147 sont loin de cette opinion. Nous sommes plus proche de Datema, Bonnet et Papadopoulos, en leregardant comme authentique, parce que le deuxième donne un argument convaincant en disant que «l’art de camper des personnages, de leur faire

délivrer les messages de pure orthodoxie, rappelle bien la manière d’Amphiloque»148 , eten ajoutant qu’Amphiloque s’habitue à condamner l’arianisme dans ses homélies. Il présente et analyse l’Incarnation de Logos de Dieu pour soutenir sa thèse, et dans cette analyse il souligne souvent l’unité des deux Testaments149, comme il le fait dans d’autres homélies.

Cette homélie célèbrela fête de l’Hypapantè (la rencontre de Syméon et Anne avec Jésus dans le Temple). Pour Datema, Amphiloque est un des premiers témoins de l’existence de cette fête150. C’est un élément important qui montre l’originalité de l’évêque d’Iconium. Amphiloque commence par un éloge de la virginité en général (« Nombre d’hommes éminents admirent la virginité ;…elle est le porte-flambeau de la sainte Église, elle triomphe du monde ; elle piétine les passions, elle bride les désirs…Voilà pourquoi la virginité est admirable…»)151, puis il fait un éloge du mariage (« De sont côté le mariage honorable l’emporte sur tout don terrestre : il est

146 M. SACHOT, « Les homélies de Léonce, prêtre de Constantinople », RevSR 51 (1977), p. 234-245.

147

AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, « Léonce » de Constantinople et les homélies 2 et 3 (S.J. VOICU), p. 231-233.

148 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, Notice, p. 230.

149 L’évêque d’Iconium utilise un grand nombre des allusions de l’Ancien Testament pour montrer que Jésus, Fils de Dieu est l’auteur de la création : « Il est étendu sur le bois lui qui d’une

parole a tendu la voute céleste (Cf. Gn. 1, 6) ; il est ceinturé de liens lui qui a ceinturé de sable la mer

(Cf. Jr. 5, 22) ; il est frappé à la tête d’un roseau (Cf. Mt. 27, 30) celui qui a frappé l’Egypte de dix

plaies et enfoncé la tête du pharaon sous les eaux (Cf. Ex. 14, 28) ; il est ouvert de crachats au visage lui que les chérubins ne supportent pas de regarder (Cf. Is. 6, 2). AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 5, 2, p.

362-363.

150 DATEMA, Introduction, p. 13.

151 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, 1, p. 234-237 : « Nombre d’hommes éminents admirent la

virginité ; admirable, elle l’est en effet : elle appartient à la nature des anges, elle partage l’intimité des puissances d’en haut, elle est la compagne des natures incorporelles, elle est le porte-flambeau de la sainte Église, elle triomphe du monde ; elle piétine les passions, elle bride les désirs…Voilà pourquoi la virginité est admirable : elle est un bien inaliénable, une demeure de liberté, un ornement d’ascèse, elle est supérieure à la condition humaine, libérée des nécessités qu’imposent les passions, elle est entrée avec le Christ son époux dans la chambre nuptiale du royaume des cieux ».

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un arbre qui porte des fruits, une plante très majestueuse…un consolateur de la race, un artisan de l’humanité, un peintre de l’image divine…»)152

, et il continue avec un éloge du veuvage (« le veuvage aussi est admirable, le veuvage réel, celui qui a

remporté la victoire dans la lutte des combats sans souillure…»)153

. Comme Datema le souligne, l’intérêt d’Amphiloque « pour la triade virginité – mariage – veuvage l’a

forcé à laisser de côté les versets de Luc qui concernent Syméon »154

. Finalement l’homélie se conclut avec un bref exposé sur les secondes noces155

et l’analyse de verset de Luc sur Syméon : « Voici celui qui est établi pour la chute et le relèvement

d’un grand nombre en Israël et pour signe contesté ; quant à toi un glaive te transpercera l’âme » (Lc. 2, 34-35)156.

152 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, 1, p. 236-237 : « De son côté le mariage honorable

l’emporte sur tout don terrestre : il est un arbre qui porte des fruits, une plante très majestueuse, une racine de la virginité, un jardinier de rameaux doués de raison et d’âme, une bénédiction de croissance du monde, un consolateur de la race, un artisan de l’humanité, un peintre de l’image divine, il s’est acquis la bénédiction du Maître, il accepte de porter le monde entier, il est le concitoyen de celui qu’il a prié d’habiter parmi les hommes…».

153

AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, 4, p. 242-243 : « Et comme je viens de le dire, le veuvage

aussi est admirable, le veuvage réel, celui qui a remporté la victoire dans la lutte des combats sans souillure. Ainsi en a-t-il été de celle dont la lecture nous a parlé à l’instant, la prophétesse Anne, celle qui a vieilli de belle façon et qui comme l’aigle a été renouvelée...Que les femmes écoutent et cherchent à imiter la glorieuse Anne, qu’elles courent la même course afin de jouir des mêmes couronnes. Que personne n’aille prétexter une absence de protection pour rejeter la pureté d’un mariage unique ».

154 DATEMA, Introduction, p. 13. AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, 3, p. 242-243 : « Voilà

pourquoi la virginité est admirable, la vraie virginité puisque même dans la virginité il y a diversité : il y a d’un côté les vierges qui ont dormi et de l’autre celles qui ont veillé (Lc. 2, 36-37). Le mariage aussi est admirable, le mariage vrai et honorable car beaucoup l’ont gardé, mais beaucoup l’ont ébranlé jusqu’aux fondements. Mais le veuvage aussi est admirable Il est bon de s’être remémoré ces trois ordres ».

155 AMPHILOQUE, t. 1, Hom. 2, 7, p. 250-251 : « Mais si la jeune veuve n’a pas d’enfant, il

est raisonnable qu’elle aille vers un second mariage, aiguillonnée par le désir d’une progéniture. D’ailleurs le bienheureux Paul le conseille…De là, en vue de la procréation cet ajout de deuxième mariage ; en revanche, lorsque la jeune veuve va vers le mariage alors qu’elle a des enfants, une telle semence est désormais superflue puisque les rejetons doués de raison se disputent entre eux ».

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