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xxw Transformation du fonio

Dans le document La transformation des grains (Page 94-98)

Objet du décorticage-blanchiment

Comme pour le riz, la transformation du fonio nécessite la succession de deux opérations (figure 4.11) :

– le décorticage qui permet d’enlever les balles du grain vêtu pour obtenir le caryopse nu ou fonio décortiqué ;

– le blanchiment qui a pour objet d’éliminer le péricarpe et le germe pour obtenir le fonio blanchi.

Dans le cas du riz, l’association des deux opérations est appelée usinage. Dans le cas du fonio, il serait préférable de la qualifier de « mondage » car les opérations sont essentiellement réalisées en milieu domestique ou artisanal.

Pour le calcul des rendements, on utilise les mêmes formules que celles décrites pour le riz (voir chapitre 3, la section « Rendement à l’usinage » page 47). Ainsi, à partir du fonio paddy, les rendements potentiels sont les suivants :

Rendement en fonio décortiqué = 77 % Rendement en fonio blanchi = 68 %

Décorticage manuel du fonio

Le décorticage et le blanchiment du fonio sont des opérations tradi-tionnellement réalisées par les femmes au moyen de mortiers et de pilons en bois (figure 5.2). Pour obtenir un fonio décortiqué destiné

Figure 4.11.

à la vente, les femmes effectuent trois à quatre pilages successifs entrecoupés de vannages. Un dernier pilage permet ensuite d’obtenir le fonio blanchi. Le débit unitaire du décorticage traditionnel reste très faible puisqu’il dépasse rarement 1 à 1,5 kg/h. Les femmes expé-rimentées qui pratiquent le décorticage à titre professionnel sont généralement plus performantes, car elles peuvent transformer 2 à 3 kg à l’heure, mais elles arrêtent souvent l’opération avant que les grains ne soient réellement blanchis.

Partout, le décorticage traditionnel au pilon et mortier est l’objet d’un travail long et harassant réalisé par les femmes, qui nécessite un effort disproportionné en comparaison des faibles quantités obtenues. Il génère de nombreuses poussières (balles, débris végétaux) qui occasionnent de fortes démangeaisons oculaires. La pénibilité de la transformation du fonio a été une des principales raisons de l’abandon de sa culture dans de nombreuses régions. Pour contrecarrer la régression constante et inquiétante du fonio à la fin du siècle dernier et répondre à la demande des transformatrices, il est apparu nécessaire de mécaniser le décorticage qui constituait le principal goulet d’étranglement de la filière.

Mécanisation du décorticage du fonio

Le décortiqueur Sanoussi

L’un des premiers décortiqueurs à fonio a été le décortiqueur Sanoussi conçu et fabriqué au Sénégal au début des années 1990. La machine est constituée d’une chambre métallique tronconique dans laquelle tournent deux palettes recouvertes de caoutchouc pour faciliter la friction des grains et l’usure des couches périphériques (figure 4.12). La machine est entraînée par un moteur électrique de 1,5 kW ou ther-mique de 5 ch. Le matériel fonctionne en discontinu par lot de 2,5 à 3 kg de fonio à transformer. Les essais du décortiqueur Sanoussi réalisés au cours de l’année 2000 par le laboratoire de l’Institut d’Économie rurale (IER) du Mali ont permis d’obtenir un débit voisin de 20 kg/h avec un rendement total de 61,4 % (Cruz et al., 2000). Un autre essai réalisé en 2001 par l’Institut national de Recherche agricole du Bénin (INRAB) a donné un débit voisin de 10 kg/h avec un rendement total de 56,6 % (Houssou et Klotoe, 2001).

Cette machine, de faible capacité, a surtout le mérite d’avoir été pionnière, mais reste peu diffusée, sauf peut-être au Sénégal. De nombreuses transformatrices, qui mettent en doute la qualité du travail réalisé, l’ont aujourd’hui abandonnée car elles la considèrent comme dépassée en raison de ses modestes performances techniques.

Le décortiqueur GMBF

Au début des années 2000, un décortiqueur a été conçu par le Cirad et ses partenaires africains pour permettre la transformation du fonio. Ce matériel a été nommé GMBF pour « Guinée, Mali, Burkina, France » afin de rappeler la collaboration des différents pays.

Le décortiqueur GMBF, de type Engelberg, est constitué d’un cylindre métallique nervuré tournant dans un tube métallique composant la coque de la machine (figure 4.13). La chambre de décorticage est équipée d’une barre métallique réglable qui assure le rôle de frein et, en sortie, d’une trappe de réglage du débit (Marouzé et al., 2005). Le décorticage-blanchiment du fonio est obtenu par friction des grains entre eux. L’intensité du décorticage et du blanchiment est réglée par l’ouverture plus ou moins prononcée de la trappe de sortie. Le décor-tiqueur GMBF est entraîné par un moteur électrique de 5,5 à 7,5 kW pour une utilisation en zone urbaine ou par un moteur thermique de 15 ch pour une utilisation en zone rurale non électrifiée (voir cahier couleur photo 22).

Le matériel est généralement utilisé comme décortiqueur-blanchisseur pour transformer du fonio paddy en fonio blanchi. La transformation peut être réalisée en un seul passage ou en deux passages successifs si

Figure 4.12.

Le décortiqueur Sanoussi (d’après document Sanoussi). Machine ouverte

l’on souhaite récupérer séparément les sous-produits (balles et sons). Pour obtenir un produit propre, on utilise un canal de vannage direc-tement en sortie de la machine. Les sous-produits sont aspirés par le flux d’air et sont récupérés au niveau d’un cyclone alors que les grains tombent par gravité dans un récipient placé sous le canal de vannage. Au début des années 2000, des essais du décortiqueur GMBF ont été réalisés en conditions réelles en zone rurale et en zone urbaine dans des petites entreprises au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Ils ont permis de transformer plusieurs dizaines de tonnes de fonio et les résultats obtenus en termes de débit (100 kg/h), de rendement (> 65 %) et de qualité des produits transformés ont été jugés très satisfaisants par les opérateurs locaux et notamment par les femmes (Cruz, 2004). Les décortiqueurs à fonio GMBF sont actuellement fabriqués au Mali et au Burkina Faso par différents petits constructeurs locaux d’équipements. En raison de la très petite taille des grains de fonio, ces constructeurs doivent disposer de machines-outils performantes (tours notamment) pour réaliser un usinage très précis de la machine afin d’éviter les fuites de grains. Ils doivent également choisir des aciers très résistants à l’usure et assurer une bonne qualité d’exécution pour que les équipements soient conformes aux plans de fabrication (Marouzé et al., 2005).

Figure 4.13.

Le décortiqueur GMBF avec canal de vannage (© Patrice Thaunay, Cirad).

Le décorticage de légumineuses :

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