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Point de vue des patients sur le médecin généraliste dans ce parcours

II. Comparaison à la littérature

8) Point de vue des patients sur le médecin généraliste dans ce parcours

- En préopératoire :

On a pu constater que le médecin généraliste n’était pas toujours consulté par les patients pour entrer dans le parcours de la chirurgie bariatrique, certaines personnes ayant eu accès à la chirurgie bariatrique sans en avoir informé au préalable leur médecin généraliste. Paradoxalement plusieurs personnes nous ont indiqué que leur médecin généraliste avait eu une place importante en amont de la chirurgie notamment pour les orienter et les informer.

Une étude faite auprès des médecins généralistes de la région de Dijon a également mis en évidence l’absence de consultation systématique du médecin généraliste en amont du parcours, en effet elle indiquait que sur 39 médecins ayant répondu à l’étude 12 n’avaient pas été sollicités par leur patient avant l’opération (61). Une étude de 2005 qui comparait les sources d’information des patients entre deux pays montraient qu’en Australie la source d’information principale était le médecin de soins primaire et que ces résultats pouvaient s’expliquer par le système de santé qui nécessitait le passage obligatoire du patient par le médecin généraliste avant d’être adressé vers le chirurgien bariatrique (43). En France un parcours de santé coordonné est aussi mis en place avec nécessité de passage par le médecin généraliste pour être adressé vers un médecin spécialiste cependant on constate que ceci n’est pas toujours réalisé. Il serait souhaitable que le patient ne puisse pas accéder à la chirurgie bariatrique sans passer par son médecin généraliste afin que ce dernier puisse être impliqué dès le début du parcours.

Fanny Masschelein

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Une réticence des médecins généralistes envers la chirurgie bariatrique a été ressentie par plusieurs personnes. Dans la littérature française on a constaté que l’avis des médecins généralistes concernant la chirurgie bariatrique était souvent mitigé, parmi les médecins les moins favorables à la chirurgie ils évoquaient le manque de recul sur la chirurgie bariatrique mais également un acte qui n’est pas dénué de risque et la peur d’une rupture du suivi après l’opération. Mais on peut constater une évolution le plus souvent favorable de l’opinion des médecins une fois qu’ils avaient eu un de leur patient opéré. Dans ces études, y compris dans les études américaines on constatait également que l’initiative de la chirurgie bariatrique revenait souvent au patient et non au médecin alors que dans une des études les médecins étaient majoritairement d’accord sur le fait que c’était à eux d’orienter le patient vers ce parcours si nécessaire (61,66,67).

Cette réticence est conforté dans une étude où 16% des médecins seulement se feraient opérer s’ils étaient obèses (68).

Les médecins généralistes semblent méfiants vis-à-vis de la chirurgie bariatrique, on peut penser que cette méfiance a un impact dans leur pratique notamment cela peut les dissuader de proposer cette solution thérapeutique chez les patients obèses potentiellement candidats à cette chirurgie. De plus cette réticence est ressentie par les patients de notre étude, qui de ce fait n’osent pas aborder ce sujet avec leur médecin et ne l’intègrent pas dans leur parcours chirurgical. Une meilleure communication auprès des médecins généralistes à propos des bénéfices et des risques de la chirurgie bariatrique pourrait permettre de les rassurer concernant cette chirurgie. De même une meilleure intégration des médecins généralistes dans ce parcours serait favorable

Fanny Masschelein

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Dans notre étude, il a également été ressenti par les personnes une connaissance insuffisante des médecins généralistes sur la chirurgie bariatrique. Certaines études retrouvent également que les médecins jugeaient leurs connaissances limitées dans ce domaine mais selon les études on constate un souhait ou non de la part des médecins d’être informés sur la chirurgie bariatrique. Pour les médecins ne souhaitant pas plus d’information les arguments évoquaient sont un nombre de patients suivi insuffisant pour avoir des connaissances approfondies dans ce domaine ou une thématique de l’ordre de la spécialisation (11,61,66). A noter qu’une étude américaine a montré une augmentation des patients percevant leur praticien de soins primaires comme très bien informé sur la chirurgie bariatrique en 2015 comparativement à 2009 (69). On peut penser que l’évolution des techniques et le plus grand recours à la chirurgie bariatrique entrainent une amélioration des connaissances des médecins généralistes notamment chez les plus jeunes avec la formation initiale. D’autant plus qu’une personne de notre étude expliquait qu’un manque de connaissance dans ce domaine de la part de son médecin n’avait pas été un obstacle en soi au suivi car il s’était renseigné et elle reconnaissait que la prise en charge bariatrique était très spécialisée.

Fanny Masschelein

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Le manque de connaissance sur la chirurgie bariatrique soulevée par les patients ne concernait pas que le médecin généraliste mais aussi d’autres professions comme les gynécologues dans notre étude. Au vu de l’augmentation croissante du nombre d’acte de chirurgie bariatrique, les médecins généralistes seront de plus en plus amenés à avoir des patients opérés ou candidats à une chirurgie bariatrique dans leur patientèle. La formation des médecins généralistes dans ce domaine peut passer pas l’intégration d’un module sur la chirurgie bariatrique lors de la formation initiale ou par le développement de formation médicale continue sur ce sujet. Les équipes hospitalières pourraient également proposer des ateliers dédiés aux médecins généralistes afin de leur transmettre les informations nécessaires pour la prise en charge des patients. Des livrets ont déjà été réalisés pour les médecins généralistes pour la prise en charge des patients en chirurgie bariatrique ainsi que des sites internet comme le site « Bariaclic » (70,71).

- En postopératoire :

On constate que la vision du rôle du médecin généraliste diverge selon les personnes en effet certaines ne voyaient pas le rôle que pouvait avoir leur médecin généraliste dans leur suivi car leur suivi était intégralement réalisé à l’hôpital. Alors que d’autres décrivaient un rôle d’accompagnement, de coordinateur du médecin généraliste dans ce suivi et insistaient sur l’importance de la relation entre le patient et le médecin

Fanny Masschelein

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Le rapport de l’académie nationale de médecine de 2017 avait mis en évidence que les patients n’imaginaient pas un suivi immédiat par leur médecin généraliste, dans les premières années postopératoires ils préféraient un suivi par un spécialiste de la nutrition, à qui ils accordaient plus de confiance car selon eux le médecin manquait de temps et de connaissance pour ce suivi et ne proposait que rarement de les suivre à court terme. Cependant à distance de l’intervention (à partir de 3 ans) les patients citaient le médecin généraliste pour assurer le suivi (11). Il semble nécessaire d’améliorer la confiance des patients envers leur médecin généraliste. Pour cela les patients devraient être informés dès le début du parcours du rôle du médecin généraliste et de la nécessité d’un suivi conjoint, à toutes les étapes du parcours, avec à la fois le médecin généraliste et l’équipe hospitalière.

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